Médecine du Maghreb 1996 n°58
16 H. RHOU, L. BENAMAR, N. OUZEDDOUN, F. EZAITOUNI,
N. HAOUAZINE, R. BAYAHIA, Z. ALHAMANY, L. BALAFREJ
laires. Dans notre série elle objective un épanchement péri-
cardique d’abondance variable dans tous les cas où elle est
pratiquée, dans un seul cas elle met en évidence une myo-
cardite associée.
La ponction péricardique est rarement utile, sauf en cas de
péricardite compressive, c’est le cas de 3 patientes de notre
série. Le drainage péricardique chirurgical par fenêtre
pleuro-péricardique peut être indiqué d’emblée devant une
péricardite compressive mal tolérée menaçant l’état hémo-
dynamique des patientes, ou devant l’échec de la ponction
péricardique. L’analyse du liquide péricardique faite chez 5
patientes montre un liquide citrin exudatif avec la présence
des cellules LE chez 2 patientes. Des auteurs (1,3) rappor-
tent une diminution du complément C1q, C4, C3, C1
inhibiteur et du complément hémolytique total dans le
liquide péricardique ce qui évoque une pathogénie de
consommation par des complexes immuns.
Enfin ces péricardites réagissent bien à la corticothérapie
c’est le cas de toutes nos patientes, mais les rechutes sont
possible comme le cas de 5 malades : Ces rechutes accom-
pagnent les poussées évolutives de la maladie lupique. En
e f fet chez les 5 patientes la rechute péricardique est
toujours associée à une poussée rénale, hématologique,
articulaire et cutanée, elles sont associées à des pertur-
bations immunologiques révélatrices du lupus en particulier
la présence des anticorps antinucléaires, des anticorps
antiDNA et la baisse de la fraction C3 et C4 du complé-
ment. Le diagnostic différentiel essentiellement avec les
péricardites infectieuses en particulier tuberculeuses chez
des malades immunodéprimés et sous corticothérapie est
parfois délicat mais la négativité de l’enquête tuberculeuse,
le contexte clinique, biologique et immunologique permet-
tent de redresser le diagnostic de péricardite lupique. Ces
récidives surviennent dans un délai variable de 1 à 4 ans et
elles peuvent être plus graves que la poussée antérieure.
Elles surviennent au cours de poussées de la maladie lupi-
que et donc leur prévention serait celle de la poussée lupi-
que puisque le fait de maintenir les malades sous faible
dose de prédnisone au long cours réduirait nettement la
fréquence de ces récidives.
La péricardite constrictive reste une complication rarissime
(4,7).
CONCLUSION
La péricardite dans la maladie lupique fait partie des
éléments du diagnostic du LED. Elle est souvent bénigne
parfois asymptomatique d’où l’indication d’une écho-
cardiographie systématique, mais elle peut être grave et se
compliquer d’une tamponnade. Elle évolue favorablement
sous traitement, les récidives ne sont pas rares et elles sont
fonction des poussées évolutives de la maladie lupique.
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