L’Encéphale, 2006 ;
32 :
858-60, cahier 3 Le parcours du médicament, de la recherche clinique à la commercialisation
S 859
L’Autorisation de Mise sur le Marché
La procédure d’obtention de l’AMM a été codifiée au
niveau européen, avec la mise en place d’une procédure
centralisée, obligatoire depuis novembre
2005 pour les
médicaments concernant le SIDA, le cancer, le diabète et
les maladies neurodégénératives, et facultative pour les
autres innovations. Cette procédure centralisée implique
le recours à des procédures de reconnaissance mutuelle
par chacun des États.
La réponse à une demande d’AMM doit être faite dans
les 210
jours suivant le dépôt de la demande ; l’AMM est
valable durant cinq ans. Les comptes rendus de l’Agence
sont accessibles au public. L’AMM est délivrée en France
par l’Afssaps, après avis de la Commission d’AMM. Lors-
que des exigences de santé publique le justifient, certains
produits peuvent obtenir une Autorisation Temporaire
d’Utilisation (ATU) en attendant l’obtention de l’AMM.
Récemment, de nouvelles évolutions sont apparues
concernant l’AMM. Aux évaluations antérieures s’est ajou-
tée l’évaluation de la Valeur Thérapeutique Ajoutée ; le rap-
port bénéfice/risque doit être réévalué au bout de 5
ans ;
il est nécessaire d’établir un plan de gestion des risques ;
la possibilité est donnée de retirer un médicament du mar-
ché si le rapport bénéfice/risque n’est pas favorable.
L’avis de la Commission de la Transparence
L’AMM permet de commercialiser le produit en officine,
mais n’implique pas la possibilité d’un remboursement.
Elle permet également une prescription initiale hospi-
talière ; pour cela, il faut un agrément aux collectivités.
Pour obtenir le remboursement et un prix, la molécule
doit être évaluée par la Commission de la Transparence,
rattachée à la Haute Autorité de Santé. Celle-ci évalue le
Service Médical Rendu (SMR), qui prend en compte le
rapport bénéfice/risque et la place du produit dans la stra-
tégie thérapeutique, en particulier en fonction de la gravité
de la maladie. Ce SMR est évalué selon 4 grades : insuf-
fisant, faible, modéré, important. Il est également
demandé à la Commission de la Transparence une éva-
luation de l’Amélioration du Service Médical Rendu
(ASMR), évaluation comparative, notée de 1 à 5, qui vient
compléter l’évaluation dans l’absolu du SMR.
SMR et ASMR sont délivrés par indication, et peuvent
concerner certaines populations-cible.
Après la Commission de la Transparence
L’avis de la Commission de la Transparence est trans-
mis au Ministre de la Santé qui décide du remboursement,
à l’UNCAM (Union Nationale des Caisses d’Assurance-
Maladie) qui décide du taux de remboursement, au CEPS
(Comité Économique des Produits de Santé) qui fixe le
prix.
Le CEPS est une structure administrative, incluant le
Ministère, les Caisses et l’UNCAM ; il négocie le prix avec
l’entreprise, négocie les volumes de ventes (au-delà des-
quels peuvent survenir des baisses de prix ou des remi-
ses). Ses décisions sont prises en fonction de l’ASMR, du
prix des comparateurs, des volumes de ventes, des prix
européens moyens. Le prix est publié par un avis au Jour-
nal Officiel.
Les délais moyens d’accès au marché, ajoutant les
démarches pour le prix et celles pour le remboursement,
sont très longs, d’environ 180
jours en France, qui se situe
parmi les pays les plus lents.
FIG. 2. —
Phases recherche/développement.
5 à 10 000
molécules
250
5
20 4 6 8 10 12 14
2 à 3
1
médicament
Années
Phase II
Phase III
DÉVELOPPEMENT
RECHERCHE
Dépôt dossier
& AMM
Identification
des cibles
Criblage
Pré-clinique
Phase I
Optimisation
prototype