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externes à l‟institution) y trouvant un intérêt (et se diffusant et stabilisant au fur et à mesure de
l‟arrivée dans ce mouvement d‟un nombre croissant d‟autres organisations) (Hargadon et
Douglas, 2001 ; ref.) ; ou ceux qui sont provoqués par des évènements perturbateurs et
relativement soudains (Fligstein, 1991 ; Hannigan, 1995 ; Meyer, 1982). Ces évènements
peuvent être : la chute de l‟URSS en 1989 qui a obligé les entreprises cubaines à désormais
opérer sur le marché international et concurrentiel pour pouvoir respecter les objectifs de
production imposés par le gouvernement castriste (de Holan et Phillips, 2002), une nouvelle
réglementation…
Alors que les processus d‟innovation institutionnelle et d‟institutionnalisation du changement
ont été largement étudiés dans la littérature (Arndt et Bigelow, 2000 ; ref.), peu de travaux (de
Holan et Phillips, 2002 ; ref.) ont analysé comment les organisations, considérées
individuellement, répondent et s‟adaptent dans un tel processus de changement, en particulier
dans la phase initiale du changement, quand commence la phase de désinstitutionalisation de
l‟ancien ordre établi (ref.). A contrario, il existe de nombreuses raisons qui amènent les
organisations à ne pas bouger face à un changement : par conformité à l‟ancien ordre établi (et
alors que les ressources et les compétences, mais aussi les modes de pensées sont encore
adaptées à la situation qui prévalait avant le changement), en raison des pressions isomorphes
à ne pas changer (Scott, 1987), en raison de difficulté à comprendre le sens et les
caractéristiques du changement initié, parfois par manque d‟accompagnements
méthodologiques à s‟adapter à la nouvelle donne.
Ainsi en adoptant le point de vue de l‟organisation, nous nous intéressons à l‟adoption par
l‟organisation du changement introduit dans son environnement (Rogers, 1983), et imposé par
des autorités, à un moment elle ne peut imiter d‟autres comportements similaires. L‟analyse
des raisons et de la manière de s‟engager dans l‟innovation peut être conduite en regardant la
facette organisationnelle ou institutionnelle de l‟adoption ou en regardant la facette «
individus » de ces organisations qui sont impliqués dans cette adoption (Choi et Chang,
2009). Ces deux facettes sont inter-reliées, quand, par ex. des facteurs institutionnels peuvent
affecter les conditions et l‟issue de l‟implémentation d‟une innovation institutionnelle au sein
d‟une organisation, en influençant le comportement et les attitudes de ses membres
(Greenhalgh et al., 2005).
Dans notre étude, nous nous proposons d‟articuler ces deux facettes en mobilisant le concept
de mobilisation collective des acteurs d‟une organisation s‟engageant dans un changement
institutionnel (imposé par l‟extérieur), pour les raisons suivantes.
La mobilisation collective est définie comme « une masse critique d’employés qui
accomplissent des actions (faisant partie ou non de leur contrat de travail, rémunérée ou non)
bénéfiques au bien-être des autres, de leur organisations et à l’accomplissement d’une œuvre
collective » (Tremblay et Wils, 2005, p. 45). La finalité de la mobilisation est clairement
d‟amener le personnel (tout ou partie, mais envisagé collectivement) à déployer une énergie
non habituelle dans la réalisation des objectifs de l‟organisation, à s‟impliquer dans un
objectif par « une conduite (collective) qui va au-delà des attentes affichées de
l’organisation » (Bichon, 2005, p. 58). Le premier intérêt à mobiliser ce concept est que ce
dernier est de l‟ordre du comportement, à savoir de l‟observable. Le second intérêt est de
considérer la mobilisation comme un comportement discrétionnaire, à savoir « un
comportement qui est adopté à l’initiative de l’employé » (Bichon, 2005, p. 58). Nous
attachons une grande importance à la nature discrétionnaire de ce comportement, puisque
nous savons que l‟implication à mettre en œuvre une innovation ne peut uniquement résulter