Diabétologie pédiatrique : bilan des années 1994-2014

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En 2015, la guérison du diabète de type 1 n’existe pas et il est impossible de la prédire.
Ce qui est certain, c’est que les complications potentiellement invalidantes peuvent être
prévenues en maintenant une HbA1c < 7%, et c’est possible avec les moyens thérapeutiques
actuels et pas nécessairement les plus chers ou les plus «high-tec. Seul le résultat compte:
bonne HbA1c et bonne qualité de vie. Pas de dogmatisme!
Depuis peu d’années, les pédiatres-diabétologues rencontrent de plus en plus de cas de
diabète de type 2 liés à l’obésité croissante et diagnostiquent plusieurs formes de diabètes
monogéniques (Maturity Onset Diabetes of the Young ou MODY).
Cet article se limite à l’évolution de la diabétologie pédiatrique depuis la naissance de
Percentile. La référence 1 permet de remonter aux années 1950.
P1147F
Diabétologie pédiatrique:
bilan des années 1994-2014
Harry Dorchy
Clinique de Diabétologie, Hôpital Universitaire des Enfants Reine Fabiola, ULB, Bruxelles
Peer-reviewed article
20 ANS
20 ANS
Années 1990-2000: stagnation des
progrès thérapeutiques mais études
sur l’HbA1c
A la fin des années 1990, le traitement des jeunes diabétiques, dans ses
grandes lignes, est le même que 10 ans plus tôt (1).
Centres de diabétologie pédiatrique
En Belgique, depuis 1997 (avec adaptation en 2007), l’INAMI reconnaît
comme centres de diabétologie pédiatrique ceux qui suivent plus de 60
enfants et adolescents de moins de 18 ans, par une équipe pluridiscipli-
naire d’éducation à l’autosurveillance et à l’autotraitement, comprenant
au moins un(e) pédiatre-diabétologue, un(e) infirmièr(e) spécialisé(e),
un(e) diététicien(ne), un(e) psychologue, un(e) assistant(e) social(e), une
secrétaire. De facto, il y en a actuellement 15 pour le pays, ce qui est
sans doute suffisant, mais en 2012, plus de 400 enfants diabétiques de
moins de 18 ans, sur les 2.700 recensés par l’INAMI, étaient encore
suivis dans des centres de diabétologie pour adultes. L’INAMI, par la
convention de diabétologie pédiatrique, permet aux enfants diabétiques
d’avoir le meilleur encadrement (para)médical, en qualité (spécialistes
en pédiatrie et en diabétologie) et en quantité (3 fois plus de personnel
que dans la convention pour adultes pour s’occuper des enfants et des
adolescents diabétiques), sans compter la possibilité de se rendre sur
les lieux de vie, école ou domicile. Les centres pour adultes ne peuvent
plus qu’exceptionnellement suivre un enfant diabétique, après justifica-
tion écrite lors de la demande de convention signée par le patient ou
son représentant légal. Est-ce appliqué ?
Diabetes Control and Complication Trial (DCCT)
Dans les années 1990, les moyens thérapeutiques à disposition pou-
vaient permettre l’obtention d’un bon contrôle glycémique, donc d’une
hémoglobine glyquée la plus proche possible des valeurs normales,
afin d’éviter des complications invalidantes à long terme, mais aussi
les hypoglycémies sévères à court terme. L’étude américaine Diabetes
Control and Complication Trial (DCCT) a prouvé, chez des patients dia-
bétiques insulinodépendants, âgés de 13 à 39 ans au début de l’étude,
qu’en gagnant 2% d’HbA1c sur une durée moyenne de 6,5 ans (7%
versus 9%; limite normale supérieure = 6%), on réduisait le risque
de rétinopathie de 76%, de neuropathie de 60%, de néphropathie de
54% (2). Toutefois, le risque d’hypoglycémies sévères est multiplié par
trois. Dans le groupe des adolescents au traitement dit «intensif» inclus
dans l’étude DCCT, les résultats étaient moins bons en termes d’HbA1c
moyenne, environ 8% (soit 1% de plus que dans la cohorte totale),
alors que le groupe des adolescents sous traitement «conventionnel»
atteignait une HbA1c d’environ 10%.
Hvidoere Study Group on Childhood Diabetes
Dès 1994, nous avions montré qu’on pouvait obtenir une HbA1c proche de
7% aussi bien avec une insulinothérapie à 2 injections quotidiennes d’un
mélange individualisé d’insulines «humaines» dans une seringue qu’avec
une insulinothérapie basale-prandiale (3, 4). En 1994, un groupe d’étude
international (Hvidoere Study Group on Childhood Diabetes) a été créé
pour discuter des stratégies qui pourraient améliorer la qualité des soins
aux enfants et adolescents diabétiques afin d’éviter des complications
qui ne sont manifestes qu’au-delà de l’âge pédiatrique, mais qui se sont
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préparées à bas bruit dès l’enfance en cas de traitement ne diminuant
pas l’hémoglobine glyquée à des valeurs protectrices. Au départ, c’est un
groupe international comprenant 22 centres de diabétologie pédiatrique
de 18 pays industrialisés en Europe, en Amérique du Nord et au Japon.
Dans les années 1990, ce groupe a réalisé deux comparaisons interna-
tionales des taux d’hémoglobine glyquée obtenus dans chaque centre de
diabétologie pédiatrique, la première en 1995 chez tous les enfants dia-
bétiques âgés de 0 à 18 ans, la deuxième fois en 1998 chez tous les ado-
lescents diabétiques âgés de 11 à 18 ans de 21 centres de diabétologie
de 17 pays parmi les 18 de l’étude précédente (5, 6). Le dosage de l’HbA1c
était centralisé au Danemark pour standardiser le dosage (moyenne des
valeurs normales = 5,4%; limite supérieure des valeurs normales = 6,3%,
donc un peu plus haute que dans l’étude américaine DCCT, 6%), et éviter
les «tricheries». Les résultats montrent que le taux moyen d’HbA1c, après
contrôle des variables confondantes, est insuffisant: 8,6% en 1995 et
8,7% en 1998. Les taux les plus bas sont obtenus à Bruxelles à l’HUDERF,
alors que la majorité des patients a une insulinothérapie en 2 injections
d’un mélange individualisé d’insulines dans une seringue. Le nombre
d’injections d’insuline par jour (2 ou ≥ 4 jour) n’induit pas nécessairement
une meilleure HbA1c. Il est inexact d’assimiler une insulinothérapie en 4
injections à un «traitement intensifié» et une insulinothérapie en 2 injec-
tions à un «traitement conventionnel non intensifié». Les centres de dia-
bétologie pédiatriques qui obtiennent les meilleurs résultats glycémiques
sont aussi ceux qui protègent au mieux leurs patients des hypoglycémies
sévères. Une meilleure HbA1c est associée à moins de soucis et à un
meilleur bien-être chez les adolescents. Les résultats obtenus à l’HUDERF
lors de l’étude de 1995 ont été publiés séparément dans la revue améri-
caine Diabetes Care (7).
Années 2000-2010
Analogues de l’insuline
En modifiant la structure de l’insuline humaine (d’où le mot «analogue»),
des chercheurs sont parvenus à créer des insulines monomériques qui
agissent, grosso modo, 2 fois plus vite et 2 fois moins longtemps que
l’insuline humaine à action rapide. Sur le marché belge, on dispose des
analogues ultrarapides lispro ou Humalog® (de Lilly), asparte ou Novo-
Rapid® (de Novo Nordisk), glulisine ou Apidra® (de Sanofi Aventis). Ils
ont une pharmacocinétique et des effets métaboliques similaires, avec
une variabilité intra-individuelle de 10 à 20%, comme pour l’insuline
humaine. Ils maîtrisent mieux l’hyperglycémie postprandiale.
Les chercheurs ont aussi créé des analogues de l’insuline à action retar-
dée pour obtenir une action plus plane et plus reproductible d’un jour à
l’autre. Depuis janvier 2004, on dispose sur le marché belge d’un ana-
logue à longue durée d’action qui est l’insuline glargine ou Lantus® (de
Sanofi Aventis). Novo Nordisk a lancé un autre analogue à action retar-
dée, la detemir ou Levemir®, remboursée par l’INAMI depuis novembre
2005. La durée d’action de la detemir comme de la glargine est proche de
24h. L’action de la Levemir® est significativement plus reproductible que
celle de la Lantus®, qui elle-même a un meilleur coefficient de variation
pharmacocinétique que l’insuline humaine à action retardée NPH (8).
Les voies alternatives de l’administration d’insuline (orale, transder-
mique, nasale) ont échoué. Un système d’inhalation par voie pulmonaire
a donné des résultats intéressants, mais le risque d’altération pulmo-
naire à long terme a conduit l’industrie pharmaceutique à interrompre
les programmes de développement.
Mesure continue de la glycémie et pompes
La technologie des lecteurs de glycémie pour l’autosurveillance à domi-
cile a considérablement évolué avec des «gadgets» non nécessairement
utiles pour tous (Figure 1). C’est au pédiatre-diabétologue de choisir
le modèle le mieux adapté pour chaque patient, et non pas à un quel-
conque administratif directeur des achats, comme certains tentent de le
faire au mépris des conventions de l’INAMI. Il faut aussi être conscient
de ce que l’erreur tolérée dans la mesure glycémique capillaire, en
conformité avec les normes ISO de 2013, obligatoires en 2016, peut
atteindre ± 15mg/dl à des concentrations de glucose < 75mg/dl, et
± 20% au-dessus de 75mg/dl!
Des systèmes de mesure continue du glucose par voie sous-cutanée
sont développés. Un système d’alerte permet de prévoir et de préve-
Figure 1: L’iBGstar® de 2013 se connecte à un
iPhone ou un iPod.
Figure 2: Taux moyens d’HbA1c dans la 4e comparaison internationale du Hvidoere Study
Group chez les enfants diabétiques de moins de 11 ans.
10
9,5
9
8,5
8
7,5
7
HbA1c moyenne (%)
Centres de diabétologie pédiatrique (enfants < 11 ans, 2009)
Belgique (Dorchy)
Allemagne (Neu, Tubingen)
Italie (Chiarelli, Chieti)
USA (Fisher)
Italie (Vanelli, Parma)
Allemagne (Danne, Hannover)
Luxembourg (de Beaufort)
Israel (Philip)
Suisse (Schoenle)
Espagne (Castano)
Danemark (Mortensen)
Australie (Cameron)
Japon (Urakami)
Suède (Aman)
UK (Barrett)
Norvège (Njolstad)
France (Robert)
Macédoine (Kocova)
Finlande (Kaprio)
Irlande (Hoey)
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nir des hypoglycémies sévères. Un problème majeur est que le pic de
concentration de glucose dans le liquide interstitiel se produit jusqu’à
45 minutes après le pic sanguin. Pour développer une mesure continue
de la glycémie de façon non invasive optiquement ou par voie trans-
dermique, une dizaine de technologies sont ou ont été essayées (infra-
rouges, spectroscopie, etc). Toutefois, aucun de ces appareils ne remplit
les critères adéquats pour une utilisation clinique.
Certains capteurs du glucose interstitiel transmettent leur information
par radio-fréquence à un moniteur qui permet de lire la glycémie en
temps réel, disent les fabricants, mais en fait avec un décalage puisque
le glucose n’est pas mesuré directement dans le sang, sans compter
que leur calibration se fait par des mesures capillaires de la glycémie
avec un glucomètre classique dont l’erreur n’est pas négligeable (voir
plus haut). Ils sont chers et toujours non remboursés en 2015 pour les
enfants et adolescents diabétiques de type 1. Le capteur peut aussi
transmettre ses informations à une pompe à insuline. Même s’ils sont
commercialisés, ces systèmes ne peuvent pas fonctionner sans l’inter-
vention intellectuelle et manuelle du patient. Les algorithmes d’adapta-
tion des doses d’insuline injectées par la pompe en fonction des glycé-
mies envoyées par le capteur sont loin d’être totalement satisfaisants.
Quid de l’activité physique ? En plus, la cinétique des bolus d’insuline
est trop lente. Toutefois, un intérêt majeur est de pouvoir stopper auto-
matiquement l’injection d’insuline en cas d’hypoglycémie. Le moniteur
idéal pour la mesure continue du glucose est difficile à atteindre, et la
boucle est loin d’être fermée entre le capteur de glucose et la pompe à
insuline («pancréas artificiel»).
Greffe d’îlots de Langerhans
Depuis la première greffe du pancréas en 1966, près de 25.500 trans-
plantations ont été réalisées dans le monde jusqu’en 2009. Elles se font
quasiment exclusivement chez des patients à qui on doit greffer un rein
pour insuffisance rénale, ce qui ne se produit pas à l’âge pédiatrique.
Le traitement immunosuppresseur à vie provoque beaucoup d’effets
secondaires (hypercholestérolémie, hypertension, infections, cancer,
ulcères des muqueuses, toxicité rénale, etc). La survie du greffon à
1 an atteint 87%, à 5 ans, 72%. Est-ce que la transplantation des îlots
de Langerhans est une option pour les enfants diabétiques? Non répond
J. Shapiro, célèbre pour le «protocole d’Edmonton» qui a obtenu les
meilleurs résultats dans la transplantation d’îlots avec un traitement
immunosuppresseur sans corticoïdes (9), mais la survie de la greffe est
inférieure à 10% après 5 ans. Il écrit que l’insulinothérapie «split mixed
or basal/bolus insulin provides an excellent treatment option».
Les autres essais de guérison du diabète de type 1 n’aboutissent tou-
jours pas: transformation de diverses cellules souches adultes ou em-
bryonnaires en cellules ß, pancréas bio-artificiel (encapsulation d’îlots
de Langerhans), clonage thérapeutique, thérapie génique, etc.
Plusieurs expérimentations s’efforcent de favoriser la rémission au
début du diabète par immunosuppression transitoire avec l’anticorps
monoclonal anti CD3, par immunothérapie avec la Gad65, etc. Aucune
guérison n’est en vue.
Prévention du diabète
La prévention primaire du diabète dépend de l’identification des agents
de l’environnement impliqués dans le déclenchement du mécanisme
auto-immun responsable de la destruction des cellules ß chez les indi-
vidus prédisposés: vaccination contre les virus diabétogènes (rubéole
congénitale, etc.); éviction de certaines protéines du lait de vache (sé-
rum albumine bovine, A1 ß- caséine, etc) en donnant exclusivement le
sein ou des diètes semi-élémentaires (Nutramigen®, Alfaré®) pendant
les premiers mois de vie chez les enfants de mère ou de père diabé-
tique; éviction des nitrites, nitrates et nitrosamines (eau et légumes
contaminés, viandes fumées), etc.; suppléments en vitamine D pour les
femmes enceintes diabétiques et leur nourrisson.
Années 2000-2015
Leçons des 4 comparaisons internationales des taux
d’HbA1c du «Hvidoere Study Group on Childhood
Diabetes»
Une troisième comparaison internationale des taux d’HbA1c chez des
adolescents diabétiques âgés de 11 à 18 ans, a été organisée en 2005
par par le Hvidoere Study Group on Childhood Diabetes dans 21 centres
de diabétologie pédiatrique de 19 pays industrialisés (Allemagne, Aus-
tralie, Belgique, Canada, Danemark, Espagne, Finlande, Grande-Bre-
tagne (2 centres), Irlande, Israël, Italie (2 centres), Japon, Luxembourg,
Macédoine, Norvège, Pays-Bas, Suède, Suisse, USA) (10). A nouveau
le dosage de l’HbA1c a été centralisé au laboratoire du Steno Diabetes
Center au Danemark (limite supérieure normale: 6,3%). La moyenne des
taux d’HbA1c des 2.062 adolescents est de 8,2%, 8,6% en alignant le
dosage sur la DCCT. Pour comparer les résultats des 3 études (1995,
1998, 2005), des méthodes statistiques complexes ont été utilisées.
Il en ressort que l’HbA1c moyenne n’est pas statistiquement différente
à 10 ans d’intervalle: 1995: 8,5%; 1998: 8,7%; 2005: 8,6%. Et ceci
alors qu’en 2005, 44% des patients ont une insulinothérapie basale-
prandiale et 16% une pompe à insuline. En plus, dans les études de
1995 et 1998, les analogues de l’insuline n’existaient pas. L’étude de
2005 montre une fois de plus que les taux d’HbA1c significativement
les plus bas sont obtenus par 2 injections quotidiennes d’un mélange
individualisé d’insulines dans une seringue (HUDERF, Bruxelles), devant
l’insulinothérapie basale-prandiale et les pompes. Les taux d’HbA1c
significativement les plus hauts sont attribués au système à 2 injections
avec des mélanges tout faits d’insuline pour stylo-injecteur.
Une 4e étude, lancée en 2009 et publiée en 2013, a inclus 1.113 enfants
âgés de moins de 11 ans de 18 centres d’Europe, d’Amérique du nord,
d’Australie et du Japon, avec la même méthodologie que dans l’étude
précédente (11). L’HbA1c moyenne (dosage aligné sur la DCCT) est
8,3%. Malgré de grands changements dans le traitement (> 99% des
patients injectent des analogues de l’insuline et 32% sont sous pompe
à insuline), l’HbA1c moyenne a peu diminué. Comme dans l’étude de
2005 chez les adolescents, le meilleur contrôle glycémique (HbA1c =
7,3 ± 0,5%) est atteint par 2 injections quotidiennes d’un mélange indi-
vidualisé d’insulines dans une seringue (HUDERF, Bruxelles) (Figure 2).
En 2013, Cameron et al. (12) ont tiré les leçons des 4 études du Hvidoere
Study Group (1995, 1998, 2005, 2009). Les auteurs notent que «The one
center that has consistently had the lowest HbA1c values from 1995
to 2009» est à Bruxelles (HUDERF). Ils commentent: «The Hvidoere
member in question is highly charismatic and has a very prescriptive,
‘recipe’-based approach to managing diabetes in his clinic. He pres-
cribes mostly twice-daily free mixing injections of insulin and eschews,
a flexible approach to dietary intake. This does not appear to be at the
expense of either hypoglycemia or QOL in his patient group. Although
many aspects of his practice are shared by other Hvidoere members,
it has proved very difficult to translate this total approach into other
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contexts for a variety of reasons. However, this experience is emble-
matic that consistently excellent outcomes can be achieved by simple,
‘non-intensive’ insulin regimens that are underpinned by a strong philo-
sophy of care». Dans leur revue, Cameron et al. concluent: «Therapeutic
strategies in and of themselves are not enough to obtained desired cli-
nical outcomes. While all clinical regimens have some clinical utility, it
is the underlying therapeutic philosophy based on a qualified common
training for all team members delivering diabetes care and education
to the families that drives improvement. The clinical aphorism of ‘Ask
for mediocrity and you will receive’ holds true. Thus, it appears that
the best results will be obtained by physicians who are target-driven
and teams and families that have unanimity of purpose. Perhaps the
conclusions relating the best clinical practice drawn from the entire
body of work of the Hvidoere studies can be best summarized as -be
dogmatic about outcome but flexible in approach.» Ceci signifie que des
traitements coûteux et techniquement sophistiqués n’ont quasiment
pas d’impact sur l’HbA1c. La stratégie à l’HUDERF est publiée (13, 14).
En Belgique (Health Services Research Unit, Scientific Institute of
Public Health) une comparaison des taux d’HbA1c a été réalisée dans 12
centres de diabétologie pédiatrique chez 974 patients avec un diabète
de type 1, âgés de moins de 18 ans (15). L’HbA1c médiane valait 7,7%
(la médiane donne une valeur plus basse que la moyenne qui n’est pas
citée dans cet article), ce qui se compare favorablement aux résultats
internationaux. Les biais majeurs sont que le dosage de l’HbA1c était
local et non centralisé, et que l’étude comportait moins de la moitié des
enfants diabétiques suivis dans les conventions pédiatriques de dia-
bétologie. L’HbA1c médiane était 7,5% avec 2 injections quotidiennes
d’un mélange d’insulines (free mix), 7,7% pour l’insulinothérapie
basale-prandiale, et 7,9% pour les pompes à insuline.
Recherche
Au niveau recherche scientifique, on poursuit les travaux des décennies
précédentes: greffes du pancréas et des îlots de Langerhans, encapsu-
lation des îlots, clonage, traitement immuno-modulateur au début du
diabète (anticorps anti-CD3, anticorps anti-IL1, rituximab, ATG, vaccin
GAD, etc). On essaye de lutter contre l’apoptose des cellules ß, de les
multiplier, de reprogrammer les cellules acinaires, de transformer des
cellules α en cellules ß , de transformer d’autres cellules de l’orga-
nisme en cellules ß par génie génétique, etc. Quelques avancées tech-
nologiques et scientifiques dans le diabète de type 1 ont été récemment
résumées dans Percentile en 2014 (16).
Dans le domaine de la mesure continue du glucose, le FreeStyle Libre®
représente un progrès considérable. Un capteur étanche de la taille
d’une pièce de 2 euros est placé sur le bras pendant 2 semaines. Il
mesure le glucose dans le liquide interstitiel toutes les minutes. Un
appareil de la taille d’un petit «smartphone», tenu à la main, scanne
le capteur, même à travers les vêtements, pour indiquer le taux de glu-
cose et la tendance de son évolution autant de fois qu’on le souhaite
(Figure 3) (Figure 4). Il n’est pas encore accrédité en Belgique en
janvier 2015; espérons qu’il soit remboursé par la sécurité sociale. Le
progrès prévu est de faire communiquer le capteur et le scanner pour
alerter en cas de risque d’hypoglycémie.
Les diabètes et non le diabète
Le diabète de type 1 (DT1) est une maladie auto-immune qui peut être
associée à d’autres attaques auto-immunes: thyroïdite d’Hashimoto
dans 15% des cas, et cœliaquie chez 4% des patients. Celles-ci doivent
être recherchées annuellement (17).
Le diabète de type 2 (DT2) ne peut plus être considéré comme une
maladie affectant uniquement les adultes. Dans certaines régions des
USA, l’incidence du DT2 dépasse celle du DT1 chez les enfants à cause
de l’obésité secondaire à la «malbouffe» et à la diminution d’activité
physique. Ce qui se passe aux USA commence à toucher l’Europe, avec
quelques années de retard. L’insulinorésistance joue un rôle primordial
dans l’intolérance glucidique qui précède le DT2. Il faut la dépister chez
les adolescents et même chez les enfants obèses, en dehors de tout
signe clinique de diabète (18). Un diagnostic différentiel doit parfois
être fait entre le DT2 et les diabètes monogéniques (Maturity Onset
Diabetes of the Young ou MODY) (18). Actuellement, on dénombre
11 gènes différents associés au MODY. En Belgique, les formes les plus
fréquentes sont les MODY 2 (mutation du gène de la glucokinase; 20 à
50% des cas; traitement: généralement régime voire anti-diabétiques
oraux ou insuline), 3 (mutation du gène «hepatocyte nuclear factor-
1-alpha»; 32 à 50% des cas; traitement: généralement, antidiabétiques
oraux voire insuline), 1 (mutation du gène hepatocyte nuclear factor-
4-alpha; 5% des cas; traitement: antidiabétiques oraux voire insuline).
Ce sont des diabètes non insulinodépendants, sans présence d’auto-
anticorps ß-insulaires, à transmission autosomique dominante, sans
insulinorésistance, débutant avant l’âge de 25 ans.
Le diabète néonatal, transitoire (DNT) ou permanent (DNP), est une
pathologie rare. Les mécanismes de la maladie ne sont pas élucidés,
même si de nombreuses anomalies génétiques ont été décrites: les
plus fréquentes sont les anomalies de la région 6q24 lors d’un DNT et
les mutations de gènes codant pour le canal potassique de la cellule ß
(KCNJ11 et ABCC8) lors d’un DNP (19).
Figure 3: Le système FreeStyle®Libre de mesure continue du glucose
interstitiel.
Figure 4: Graphique (FreeStyle®Libre) avec l’évolution de la mesure
du glucose interstitiel pendant 16 jours et l’estimation de l’HbA1c.
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Conclusion: pas de dogmatisme
En 2015, la guérison du diabète de type 1 n’existe pas et il est im-
possible de la prédire. Ce qui est certain, c’est que les complications
potentiellement invalidantes peuvent être prévenues en maintenant
une HbA1c < 7%, et c’est possible avec les moyens thérapeutiques
actuels et pas nécessairement les plus chers ou les plus «high-tech».
Seul le résultat compte: bonne HbA1c et bonne qualité de vie.
Il faut éviter tout dogmatisme et ne pas vénérer les nouvelles «religions»
dont font partie l’utilisation systématique de multiples injections, de
pompes à insuline qui sont des exoprothèses (Figure 5), d’analogues de
l’insuline qui sont plus chers (5x 3ml d’un analogue insulinique à longue
durée d’action coûtent près de 60€). Il ne faut pas non plus revenir à
une alimentation pesée et croire qu’il existe une relation linéaire entre
x unités d’insuline et la métabolisation de y grammes de glucose. Enfin,
il est illogique d’adapter uniquement les doses d’insuline d’après des
algorithmes simplistes basés sur la glycémie qui précède l’injection. Si
on veut connaître le vainqueur de la course du 800 mètres, on le sait à
l’arrivée et non pas au départ…
En Belgique, on peut être fier de l’INAMI qui, via la convention spé-
cifique de diabétologie pédiatrique, offre la possibilité d’une prise en
charge optimale et gratuite des enfants et des adolescents diabétiques.
Toutefois, devant les résultats des études du Hvidoere Study Group on
Childhood Diabetes prouvant que la pompe est loin d’être la panacée,
il est paradoxal que l’INAMI verse mensuellement un supplément,
par rapport au forfait de la convention de diabétologie (183,16€), de
198,63€ par patient sous pompe à insuline, soit, au total 381,79€ par
patient et par mois et donc 4.581,48€ (au lieu de 2.197,92) par an! C’est
du gaspillage financier dans bien des cas si on ne doit pas prouver qu’on
améliore l’HbA1c avec une pompe par rapport à une insulinothérapie
moins coûteuse.
L’économie engendrée permettrait la gratuité de la mesure continue de
la glycémie, ce qui serait bien plus utile dans des cas précis (quel que
soit le type d’insulinothérapie) pour mieux adapter les doses d’insuline
et prévenir les hypoglycémies sévères.
Références
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Figure 5: Pompe à insuline (MiniMed®) et cathéter.
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www.percentile.be
1 / 5 100%