Université de Montréal
Étude utilisant le DSM-IV et le CBCL qui porte sur le trouble des conduites et la maladie
affective bipolaire chez des adolescents admis à l’Institut Philippe-Pinel de Montréal
Par
Isabelle Gauthier
École de Criminologie
Faculté des études supérieures
Rapport de stage présenté à la Faculté des études supérieures
en vue de l’obtention du grade de Maître es sciences (M. Sc.)
en criminologie
option analyse
Mars 2010
© Isabelle Gauthier, 2010
Université de Montréal
Faculté des études supérieures
Ce rapport de stage intitulé :
Étude utilisant le DSM-IV et le CBCL qui porte sur le trouble des conduites et la maladie
affective bipolaire chez des adolescents admis à l’Institut Philippe-Pinel de Montréal
présenté par :
Isabelle Gauthier
a été évalué par un jury composé des personnes suivantes :
Denis Lafortune, Directeur de stage
Cécile Toutant, Superviseure
Marie-Marthe Cousineau, Présidante-rapporteure
i
Sommaire
Notre stage d’analyse en criminologie s’est déroulé au sein du Programme des adolescents
de l’Institut Philippe-Pinel de Montréal (IPPM). Notre échantillon est composé de 106
adolescents présentant un trouble des conduites (TDC) en association, ou non, à un trouble
déficitaire de l’attention avec hyperactivité (TDAH) ou une maladie affective bipolaire
(MAB). De plus en plus de recherches s’entendent pour dire que la MAB se présenterait
d’une façon atypique chez une population juvénile, ce qui explique qu’elle soit rarement
identifiée chez les jeunes et qu’elle soit souvent prise pour un TDAH sévère ou un TDC
avec comportements agressifs chez les délinquants irritables, impulsifs et agressifs.
Certains cliniciens vont jusqu’à évoquer la possibilité que ces délinquants puissent
présenter un trouble des conduites dysphorique, c’est-à-dire un type de TDC associé à une
MAB typique (adulte) ou atypique (juvénile).
À travers la réalisation d’une étude rétrospective de huit ans, nous avons visé à évaluer la
prévalence possible de la MAB juvénile en comparant les caractéristiques des jeunes
présentant un TDC avec une MAB diagnostiquée à partir du DSM-IV à celles des jeunes
présentant un TDC avec une MAB juvénile potentielle identifiée à partir du CBCL. Nous
avons aussi évalué la possibilité qu’un TDC dysphorique, soit un TDC associé à une MAB
typique ou atypique, puisse être rencontré chez des délinquants évalués à l’IPPM.
Afin de relever la présence de symptômes de la MAB juvénile, nous avons utilisé le Child
Behavior Checklist (CBCL) d’Achenbach (1991). Une méta-analyse de Mick et coll. (2003)
a établi qu’un score significatif à trois échelles du CBCL – anxio-dépressive, troubles
attentionnels et comportements agressifs – permettrait d’identifier la présence d’une MAB
chez une population juvénile. Nous avons coté ces trois échelles à partir du dossier de
l’adolescent rédigé durant la période d’évaluation de 60 jours à l’IPPM et avons procédé à
un accord inter-juges sur les comportements constituant ces trois échelles.
Dans notre échantillon de délinquants, la prévalence de la MAB officielle (5,7%)
correspond à celle d’un échantillon représentatif de la population, alors que la prévalence
de la MAB-J potentielle (18,9%) correspond à celle rencontrée chez les jeunes délinquants
en centre de détention. Les délinquants classés souffrant d’une MAB (DSM-IV) et ceux
pouvant présenter une MAB-J (CBCL) affichent plusieurs caractéristiques individuelles,
familiales, sociales et psychiatriques généralement rencontrées chez les délinquants
bipolaires juvéniles des recherches cliniques. Presque tous ont reçu un diagnostic de
TDAH, présentent des troubles sévères de comportement depuis leur enfance, rencontrent
des difficultés scolaires et relationnelles importantes et manifestent des comportements
agressifs et impulsifs.
Sans remettre en question les diagnostics posés à l’issue de l’évaluation menée à l’IPPM ou
conclure qu’un TDC dysphorique existe, il semble qu’un groupe de jeunes délinquants
irritables et impulsifs, souffrant souvent d’un TDAH et présentant des comportements
agressifs depuis leur enfance, affichent plusieurs caractéristiques rencontrées chez les
délinquants bipolaires juvéniles des recherches cliniques. Celles-ci sont aussi notées chez
les délinquants diagnostiqués avec un TDAH (DSM-IV), ce qui suggère que la MAB
(typique ou atypique) est sous-diagnostiquée que les perturbations comportementales,
l’agressivité et l’irritabilité sont attribuées à un TDAH et/ou un TDC.
Mots-clés : Adolescent, délinquant juvénile, trouble des conduites, maladie affective
bipolaire juvénile, trouble des conduites dysphorique, TDAH, agressivité, DSM, CBCL.
ii
Abstract
We conducted our internship in criminology at the Youth Program of the Philippe-Pinel
Institute of Montreal. Our sample consists of 106 adolescents suffering from a conduct
disorder (CD) in association, or not, with an attention deficit hyperactive disorder (ADHD)
or a bipolar disorder (BPD). A rising amount of research agrees that BPD can have an
atypical presentation in a juvenile population, which explains why it is rarely diagnosed in
youths and is often mistaken as a severe ADHD or an aggressive CD in irritable, impulsive
and aggressive juvenile delinquents. Some clinicians evoke the possibility that these
delinquents may suffer from a dysphoric conduct disorder, which is described as a type of
CD associated with a typical (adult) or an atypical (juvenile) BPD.
Through an eight years retrospective study, we evaluated the prevalence of a possible
juvenile BPD in adolescents with a CD. In order to do so, we compared the characteristics
noted in delinquents suffering from a BPD diagnosed from the DSM-IV to the
characteristics of delinquents with a potential juvenile BPD identified on the basis of the
Child Behavior Checklist (CBCL). Furthermore, we evaluated the possibility that a
dysphoric conduct disorder can be identified among juvenile delinquents admitted to the
Institute for evaluation.
To identify symptoms of juvenile bipolar disorder, we used the Child Behavior Checklist
(CBCL) from Achenbach (1991). A meta-analysis conducted by Mick and coll. (2003)
establish that a significant score on three subscales – anxious/depressed, attention
problems, and aggression – would assist in detecting a BPD in a juvenile population. We
rated these three subscales according to the adolescents’ chart recorded during the
evaluation period (60 days) at the Institute before calculating an inter-judges reliability on
the behaviors included into these three subscales.
In our sample of delinquents, the official prevalence of BPD (5,7%) is similar to the one
identified in a representative sample of adolescents, whereas the prevalence of juvenile
BPD (18,9%) is similar to the one identified in juvenile delinquents in detention facilities.
The delinquents diagnosed with a BPD and those suffering from a potential juvenile BPD
present several individual, familial, social, and psychiatric characteristics generally met by
young delinquents with a juvenile BPD in clinical researches. Almost all of them were
diagnosed with an ADHD, presented severe long term conduct problems, school
difficulties, relational issues as well as aggressive and impulsive behaviors.
Without questioning the diagnosis issued at the end of the evaluation or concluding that a
dysphoric CD exists, it seems that a group of irritable, impulsive, and young delinquents
suffering from ADHD and presenting aggressive behaviors since their childhood, present
many characteristics encountered in delinquents suffering from juvenile BPD in clinical
researches. In addition, those characteristics are also often recognized in juvenile
delinquents diagnosed with an ADHD (DSM-IV), suggesting that (typical and atypical)
BPD is under-diagnosed in juveniles and that behavioral disturbances, aggressiveness and
irritability are considered as symptoms of an ADHD and/or a CD.
Key-words: Adolescent, juvenile delinquent, conduct disorder, juvenile bipolar disorder,
dysphoric conduct disorder, ADHD, aggression, DSM, CBCL.
1 / 217 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !