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Sommaire
Notre stage d’analyse en criminologie s’est déroulé au sein du Programme des adolescents
de l’Institut Philippe-Pinel de Montréal (IPPM). Notre échantillon est composé de 106
adolescents présentant un trouble des conduites (TDC) en association, ou non, à un trouble
déficitaire de l’attention avec hyperactivité (TDAH) ou une maladie affective bipolaire
(MAB). De plus en plus de recherches s’entendent pour dire que la MAB se présenterait
d’une façon atypique chez une population juvénile, ce qui explique qu’elle soit rarement
identifiée chez les jeunes et qu’elle soit souvent prise pour un TDAH sévère ou un TDC
avec comportements agressifs chez les délinquants irritables, impulsifs et agressifs.
Certains cliniciens vont jusqu’à évoquer la possibilité que ces délinquants puissent
présenter un trouble des conduites dysphorique, c’est-à-dire un type de TDC associé à une
MAB typique (adulte) ou atypique (juvénile).
À travers la réalisation d’une étude rétrospective de huit ans, nous avons visé à évaluer la
prévalence possible de la MAB juvénile en comparant les caractéristiques des jeunes
présentant un TDC avec une MAB diagnostiquée à partir du DSM-IV à celles des jeunes
présentant un TDC avec une MAB juvénile potentielle identifiée à partir du CBCL. Nous
avons aussi évalué la possibilité qu’un TDC dysphorique, soit un TDC associé à une MAB
typique ou atypique, puisse être rencontré chez des délinquants évalués à l’IPPM.
Afin de relever la présence de symptômes de la MAB juvénile, nous avons utilisé le Child
Behavior Checklist (CBCL) d’Achenbach (1991). Une méta-analyse de Mick et coll. (2003)
a établi qu’un score significatif à trois échelles du CBCL – anxio-dépressive, troubles
attentionnels et comportements agressifs – permettrait d’identifier la présence d’une MAB
chez une population juvénile. Nous avons coté ces trois échelles à partir du dossier de
l’adolescent rédigé durant la période d’évaluation de 60 jours à l’IPPM et avons procédé à
un accord inter-juges sur les comportements constituant ces trois échelles.
Dans notre échantillon de délinquants, la prévalence de la MAB officielle (5,7%)
correspond à celle d’un échantillon représentatif de la population, alors que la prévalence
de la MAB-J potentielle (18,9%) correspond à celle rencontrée chez les jeunes délinquants
en centre de détention. Les délinquants classés souffrant d’une MAB (DSM-IV) et ceux
pouvant présenter une MAB-J (CBCL) affichent plusieurs caractéristiques individuelles,
familiales, sociales et psychiatriques généralement rencontrées chez les délinquants
bipolaires juvéniles des recherches cliniques. Presque tous ont reçu un diagnostic de
TDAH, présentent des troubles sévères de comportement depuis leur enfance, rencontrent
des difficultés scolaires et relationnelles importantes et manifestent des comportements
agressifs et impulsifs.
Sans remettre en question les diagnostics posés à l’issue de l’évaluation menée à l’IPPM ou
conclure qu’un TDC dysphorique existe, il semble qu’un groupe de jeunes délinquants
irritables et impulsifs, souffrant souvent d’un TDAH et présentant des comportements
agressifs depuis leur enfance, affichent plusieurs caractéristiques rencontrées chez les
délinquants bipolaires juvéniles des recherches cliniques. Celles-ci sont aussi notées chez
les délinquants diagnostiqués avec un TDAH (DSM-IV), ce qui suggère que la MAB
(typique ou atypique) est sous-diagnostiquée que les perturbations comportementales,
l’agressivité et l’irritabilité sont attribuées à un TDAH et/ou un TDC.
Mots-clés : Adolescent, délinquant juvénile, trouble des conduites, maladie affective
bipolaire juvénile, trouble des conduites dysphorique, TDAH, agressivité, DSM, CBCL.