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Les fabricants de CV et de PVC ont également retardé la publication des
observations d’angiosarcomes hépatiques réalisées à leur demande par l’Italien
Cesare Maltoni sur des rongeurs exposés au CV (Markowitz et Rosner 2002). Vers la
fin de 1972, l’industrie prit connaissance du rapport de Maltoni montrant que des
cancers primitifs du foie et des reins étaient provoqués par des expositions de
250 ppm, deux fois plus faibles que la limite autorisée pour les ouvriers. Cependant,
lors d’une réunion avec des officiels du gouvernement, huit mois plus tard, les
représentants de l’industrie omirent de mentionner ces résultats (Markowitz et
Rosner 2002). Le public n’apprit le risque mortel dû au CV qu’au début de 1974, par
les journaux ; ceux-ci relataient la mort de trois ouvriers de l’usine B.F. Goodrich de
Luisville (Kentucky) (Creech et Johnson 1974). Comme les animaux de Maltoni, ces
ouvriers étaient atteints d’angiosarcomes hépatiques.
D’autres cibles que le foie
Dès les années 1970, les études réalisées par l’industrie elle-même rapportaient un
excès de cancers dans des sites autres que le foie, dont le tractus respiratoire et le
cerveau (Tabershaw et Gaffey 1974). Dans un mémoire interne de 1976,
Mitchell Zavon, un médecin d’Ethyl Corporation, reconnaissait : « A présent, le travail
épidémiologique démontre amplement une association entre une forte exposition au
monomère de CV et l’augmentation des angiosarcomes du foie, des tumeurs du
cerveau et du poumon. » (Zavon 1976)
En 1979, une synthèse scientifique du Centre international de recherche sur la
cancer affirme (CIRC, 1979) : « Le CV est un cancérogène humain. Ses organes
cibles sont le foie, le cerveau , le poumon, et le système hémo-lymphatique. (…) Il
n’y a pas de preuve de l’existence d’un seuil au-dessous duquel il n’y aurait pas
d’augmentation du risque de cancer chez l’homme. »
Un deuxième rapport de l’IARC en 1987 confirme la première évaluation, citant des
résultats plus récents selon lesquels le CV, en plus de son rôle dans les
angiosarcomes du foie, cause des carcinomes hépatocellulaires, des tumeurs du
cerveau, du poumon et des lymphomes et autres hémopathies (IARC 1987).
Après l’évaluation du CIRC, l’industrie missionne l’épidémiologiste britannique
Richard Dole pour revoir les données épidémiologiques concernant le CV. En
combinant les données de quatre études, Doll trouve un excès de risque de cancer
du cerveau (risque agrégé observé de 29 contre 19,54 attendu). Il rapporte ce