TERMINALE ES – STRATAKIS SOCIOLOGIE Thème 1 - CHAPITRE 8 SOCIOLOGIE THEME 1 CLASSES, STRATIFICATION ET MOBILITES SOCIALES Chapitre 8 Comment analyser la structure sociale? Chapitre 9 Comment rendre compte de la mobilité sociale? CHAPITRE 8 COMMENT ANALYSER LA STRUCTURE SOCIALE ? ★ Questions centrales du chapitre 8 : ➡Quelle hiérarchie(s) sociale(s) existe-t-il entre les individus ? La notion de classe sociale est-elle pertinente pour décrire la structure sociale ? Les classes existent-elles réellement ou ne sont-elles qu’un outil de classement du sociologue ? Est-il encore pertinent aujourd’hui de parler de classe sociale ? (I) ➡Quelles sont les critères de construction de l’outil PCS et dans quel objectif a-t-il été conçu ?Pourquoi faut-il parler d’une multiplicité des critères de différenciation sociale ? (II) ★Objectifs du chapitre 8 : ➡ Acquérir des savoirs : - Savoir définir les notions essentielles du programme de terminale : classes sociales, groupes de statut, catégories socioprofessionnelles - Savoir définir la notion de première suivante: groupe social. - Savoir distinguer l’analyse de la structure sociale de K. Marx de celle de M. Weber - Savoir distinguer les différents prolongements contemporains de ces analyses classiques de la structure sociale (analyses de P. Bourdieu, moyennisation,...) - Savoir distinguer les analyses théoriques en termes de classes sociales par exemple des analyses empiriques en termes de catégories socioprofessionnelles(PCS) - Savoir mettre en évidence la multiplicité des critères de différenciation sociale aujourd’hui. ➡ Acquérir des savoir-faire : - Extraire et analyser des informations issues de textes et documents statistiques (séries chronologiques). - Mesurer des inégalités à l’aide de coefficients multiplicateurs. Plan du chapitre I. Les analyses sociologiques de la structure sociale A. Les analyses fondatrices de K. Marx et de M. Weber B. Les prolongements contemporains II. Les outils institutionnels d’analyse de la structure sociale dans les sociétés contemporaines A. Les catégories socioprofessionnelles, un outil utile mais discuté B. La multiplicité des critères de différenciation sociale TERMINALE ES – STRATAKIS SOCIOLOGIE Thème 1 - CHAPITRE 8 ➡Activité de sensibilisation: Q1. Quel événement a eu lieu la nuit du 4 Août 1789 en France? Q2. Que représente la caricature? Document 2: «Les castes en Inde» Q1. D’après ce document 2, comment se structure la société indienne ? Document 3: «Et en France?» Q1. Quelles différences existe-t-il entre les ouvriers du bitume et les cadres? 2 TERMINALE ES – STRATAKIS SOCIOLOGIE Thème 1 - CHAPITRE 8 Rappels de première : Qu’est-ce qu’un groupe social ? I. LES ANALYSES SOCIOLOGIQUES DE LA STRUCTURE SOCIALE A. Les analyses fondatrices de K. Marx et de M. Weber 1. La conception réaliste des classes sociales: K. Marx ➡A savoir: Karl Marx : penseur et économiste allemand (1818-1883) dont la philosophie est fondée sur la lutte des classes (exploitants et exploités) comme moteur de l’histoire. Selon lui, le système capitaliste oppose deux classes principales : la bourgeoisie (les capitalistes) et le prolétariat (les ouvriers), qui est exploité par la première. Le prolétariat doit donc s’organiser afin de s’emparer du pouvoir et d’abolir les classes. Document 4 « Une histoire de lutte des classes» L’histoire de toute société jusqu’à nos jours est l’histoire de la lutte des classes. Homme libre et esclave, patricien (1) et plébéien (2), baron et serf, maître de jurande (3) et compagnon, en un mot oppresseurs et opprimés en perpétuelle opposition, ont mené une lutte ininterrompue, tantôt secrète, tantôt ouverte et qui finissait toujours soit par une transformation révolutionnaire de toute société, soit par la ruine commune des classes en lutte. […] La société bourgeoise moderne, élevée sur les ruines de la société féodale, n’a pas aboli les antagonismes de classes. Elle n’a fait que substituer à celles d’autrefois, de nouvelles classes, de nouvelles conditions d’oppressions, de nouvelles formes de luttes. Notre époque – l’époque de la bourgeoisie – se distingue cependant par la simplification des antagonismes de classes. La société tout entière se divise de plus en plus en deux vastes camps ennemis, en deux grandes classes diamétralement opposées : la bourgeoisie et le prolétariat. […] À mesure que grandit la bourgeoisie, c'est-à-dire le capital, se développe aussi le prolétariat, la classe des ouvriers modernes qui ne vivent qu'à la condition de trouver du travail et qui n'en trouvent que si leur travail accroît le capital. Ces ouvriers, contraints de se vendre au jour le jour, sont un article de commerce comme un autre ; ils sont exposés, par conséquent, à toutes les vicissitudes de la concurrence, à toutes les fluctuations du marché. Le développement du machinisme et la division du travail, en faisant perdre au travail de l'ouvrier tout caractère d'autonomie, lui ont fait perdre tout attrait ; le producteur devient un simple accessoire de la machine, on exige de lui que l'opération la plus simple, la plus monotone, la plus vite apprise. [...] Or le développement de l'industrie, non seulement accroît le nombre des prolétaires, mais les concentre en masses plus considérables ; la force des prolétaires augmente et ils en prennent mieux conscience. [...] Parfois les ouvriers triomphent mais c'est un triomphe éphémère. Le résultat véritable de leur lutte est moins le succès immédiat que l'union grandissante des travailleurs. Karl Marx et Fredrich Engels, Le manifeste du parti communiste, 10/18, 1962 (1848 pour l’édition originale) (1) Citoyens appartenant à la classe aristocratique ans l’Antiquité romaine. (2) Individu libre qui venait de la classe populaire, du bas peuple, chez les romains. (3)Groupement professionnel autonome sous l’Ancien Régime composés de membres égaux, unis par un serment. Q1. Qu’est-ce que le prolétariat ? TERMINALE ES – STRATAKIS SOCIOLOGIE Thème 1 - CHAPITRE 8 Q2. Comment K. Marx distingue-t-il les prolétaires et les bourgeois ? Q3. Quelle conséquence le développement des industries a-t-il sur la conscience de classe des ouvriers ? Q4. Expliquez la phrase soulignée. 2. Weber, une vision multidimensionnelle de la stratification sociale ➡A savoir: Max Weber (1864-1920) : Sociologue Allemand Ses principaux travaux ont porté sur les origines du capitalisme, les relations entre l’économie et la société, l’histoire des religions et les méthodes en sciences humaines. Il est associé à l’individualisme méthodologique. Max Weber cherchait à comprendre le sens que les individus donnent à leurs comportements et à l’action sociale en analysant des formes sociales « pures » (ou idéaux-types), comme les formes de domination ou de rationalité, par exemple. Document 5 : «Analyse de la structure sociale chez Weber» «Max Weber, évoque la « situation de classe », définie par une même situation économique, des chances semblables d’accéder aux biens, des intérêts identiques, sans toutefois que les individus en soient nécessairement conscients. Pour lui, les classes sociales identifiées par cette situation de classe ne sont pas le seul principe de segmentation de la société et, hors de l’ordre économique, on peut distinguer une hiérarchie sociale fondée sur le prestige et le statut, et une hiérarchie politique fondée sur la répartition du pouvoir. Ces trois ordres de segmentation ne se recoupent pas et aucun n’est prédominant.» S.Misset, « Je ne suis pas vraiment un ouvrier », in F.de Singly et alii, Nouveau manuel de sociologie, Armand Colin 2010 Document 6 : « Les groupes de statut» «Si toutes les positions ne sont pas nécessairement liées par une hiérarchie, les sociétés se caractérisent généralement par des classements statutaires dont les fondements dépendent de leur système de valeurs. Les statuts sont ordonnés selon le niveau de privilèges et d’honneur qu’ils confèrent aux individus. S’intéressant aux conséquences sociales de cette distribution, Weber estime que les individus occupant une même position dans le système de prestige d’une société forment des groupes statutaires (status groups) : ils ont en commun sentiment d’appartenance, style de vie et point de vue sur le monde. Les groupes statutaires renvoient ainsi à la dimension culturelle de la stratification sociale aux côtés des classes économiques et des partis politiques.» S.Rui, « Statut », in S.Paugam (ss la dir), Les 100 mots de la sociologie, 2010 Q1. Qu’est-ce qu’une classe sociale au sens de Weber ? Q2. Est-ce un groupe social ? Q3. La dimension économique suffit-elle à rendre compte de la structure sociale ? Pourquoi ? 4 TERMINALE ES – STRATAKIS SOCIOLOGIE Thème 1 - CHAPITRE 8 Q4. Un groupe de statut constitue-t-il un groupe social ? Définissez le groupe de statut. Q5. Situer approximativement les personnages suivants dans chacun des trois ordres retenus par Weber : l’abbé Pierre (A), un chef d’entreprise autodidacte (B), le PDG d’une firme multinationale (C), Zinedine Zidane (D), la reine d’Angleterre (E), le président de la République française (F), un professeur d’université (G). Que remarque-t-on ? ★Synthèse du I.B : Complétez le texte ci-dessous à l’aide de vos acquis de cours. ➡La notion de classe chez .................... s’inscrit dans une vision de la division de la société fondée sur les .................... , c'est-à-dire les modalités selon lesquelles les hommes entrent en relation pour produire, échanger et répartir les richesses. Dans cette analyse, c’est la position dans le .................... qui définit l’appartenance à la classe sociale : dans le cadre du mode de production .................... , il existe un .................... entre les possesseurs des moyens de production (.................... ) et le .................... , qui ne dispose que de sa « force de travail ». Selon l’auteur de cette thèse, le capitalisme aboutit à structure sociale simplifiée, articulée autour de ces deux opposés inégaux, c’est la thèse de la .................... . Dans cette analyse, si la dimension économique est centrale, des éléments extra-économiques permettent de définir une classe sociale : - la.................... est constituée par un rapprochement objectif / subjectif des positions économiques ; - tandis que la .................... nécessite le développement de liens sociaux et d’une conscience de classe (critère subjectif d’appartenance à une classe). Ces liens se prolongent dans.................... pour la défense des intérêts communs à la classe. Le conflit est donc central dans cette conception .................... des classes sociales : il a une origine économique, mais il est aussi la matrice des classes. Il les sépare de façon irréductible, favorise leur fermeture et les confronte pour créer la dynamique de la société. ➡L’analyse de .................... se démarque de la précédente sur plusieurs points. D’abord l’ordre économique dans lequel s’inscrit la notion de classe ne constitue que l’une des .................... dimensions de la stratification sociale. Dans cet ordre économique, Max Weber évoque la notion de .................... qu’il définit comme étant un ensemble d’individus partageant une même situation économique, des chances semblables d’accéder aux biens, des intérêts identiques, sans forcément avoir une conscience collective. L’un des apports essentiels de ce sociologue est l’analyse des .................... : cette notion permet de montrer que la société est structurée par d’autres éléments que le rapport au travail, ici le .................... ou honneur social. Il est lié au .................... , à la naissance, à l’instruction, donc à une distinction symbolique, et il est revendiqué par les autres strates. L’ordre .................... constitue la troisième dimension de la structure sociale, les partis qui s’y forment permettent l’action collective politique qui assoit la domination des groupes de statuts. Ces trois ordres sont donc profondément .................... , bien que distincts. La structure sociale développée par Weber est donc, à la différence de celle de Marx, .................... et moins centrée sur l’ordre économique. TERMINALE ES – STRATAKIS SOCIOLOGIE Thème 1 - CHAPITRE 8 B Les prolongements contemporains 1. Une tentative de synthèse contemporaine : Pierre Bourdieu Document 7: «L’espace social chez Bourdieu: un schéma» Q1.Recherchez dans le lexique du livre ce que signifie la notion de capital chez P. Bourdieu capital économique : capital culturel : capital social. : Q2. Comment est structuré l’espace social selon P. Bourdieu ? Q3. Pourquoi peut-on dire que les travaux de Pierre Bourdieu sont une synthèse de l'approche de Marx et de Weber ? 6 TERMINALE ES – STRATAKIS SOCIOLOGIE Thème 1 - CHAPITRE 8 Approfondissement: Document 8: «L’espace social chez Bourdieu» La société est structurée par la distribution inégale du capital. Ainsi, le volume et la structure de deux types de capitaux (le capital économique qui est l’ensemble des biens économiques tels les titres, moyens de production, épargne… et le capital culturel qui est l’ensemble des ressources culturelles comme par exemple les titres scolaires, la possession de livres ou la capacité à s’exprimer en public) permettent de hiérarchiser l’ensemble des groupes sociaux et de construire un espace social selon une double dimension (cf doc 5). […] Ces classes « virtuelles », construites par le sociologue, peuvent « prendre corps », à condition que s’engage un processus de représentation et de mobilisation, un travail collectif ayant pour objectif de faire exister le groupe en tant que classe « réelle » […]. La classe dominante, dont les membres cumulent souvent les différents types de capitaux, cherche à maintenir sa position par une stratégie de distinction, en définissant et en imposant, pour le reste de la société, le « bon goût », la culture légitime. La petite bourgeoisie occupe une position moyenne dans l’espace social mais fait preuve d’une volonté d’ascension sociale […]. Ils témoignent d’une « bonne volonté culturelle » en « singeant » les pratiques nobles de la classe dominante ou en se livrant à des pratiques de substitution. Enfin, les classes populaires, situées à l’extrémité de l’espace social, sont condamnées au « choix du nécessaire », leur unité se fondant également sur l’acceptation de la domination. […] Selon P.Bourdieu, plus que l’accumulation de capital économique, c’est celle du capital culturel qui devient un enjeu majeur de luttes entre les groupes. Il est au coeur des conflits symboliques ; ceux-ci portent sur l’imposition d’une vision du monde et sur la manière de percevoir tant la position objective des différents groupes dans l’espace social que ses représentations subjectives. P.Bonnewitz, Classes sociales et inégalités, Bréal, 2004 ★Synthèse I.B.1 ➡Selon Pierre Bourdieu, il existe de nombreuses formes de capital. Le capital économique, le plus évident, est l’ensemble des ressources patrimoniales (terres, biens immobiliers, portefeuille financier) et des revenus, qu’ils soient liés au capital (loyers, intérêts, dividendes) ou à un exercice professionnel salarié ou non salarié (honoraires des professions libérales, bénéfices industriels et commerciaux pour les chefs d’entreprise ou les artisans et commerçants). Les individus peuvent aussi disposer d’un capital culturel. C’est l’ensemble des qualifications intellectuelles, soit produites par le système scolaire, soit transmises par la famille. Ce capital peut exister sous trois formes : à l’état incorporé comme disposition durable du corps (par exemple l’aisance d’expression en public) ; à l’état objectif comme bien culturel (la possession de tableaux, d’ouvrages) ; à l’état institutionnalisé c’est-à-dire socialement sanctionné par des institutions (comme les titres scolaires). Il existe un capital social (ensemble des relations « socialement utiles » qui peuvent être mobilisées par les individus ou les groupes dans le cadre de leur trajectoire professionnelle et sociale). ➡Le modèle de représentation de l’espace social de Bourdieu articule deux (ou trois) dimensions, économique culturelle (et social), pour définir les classes sociales et met l’accent sur l’aspect pluridimensionnel des inégalités afin de représenter au mieux la complexité de la structure sociale contemporaine. 3. Des frontières de classes moins nettes Activité de sensibilisation: Document 9: http://www.statapprendre.education.fr/insee/emploi/gsp/gspevolution.htm Q1. Recherchez comment ont évolué les effectifs ouvriers depuis 1982? Q2: répondez au QCM en ligne. TERMINALE ES – STRATAKIS SOCIOLOGIE Thème 1 - CHAPITRE 8 ➡La moyennisation de la société Document 10: Les déclarations d’appartenance de classe par CSP Q1: Faites une phrase avec la donnée entourée : Q2: A l’aide du document, montrez que la classe moyenne est importante en France. Document 11: «L’évolution des inégalités de revenus en France au XX° siècle» Q1. Quelle est la partie de la population comprise dans le décile supérieur ? Q2. Décrivez l’évolution des inégalités de revenus depuis 1934. Qu’en concluez-vous ? 8 TERMINALE ES – STRATAKIS SOCIOLOGIE Thème 1 - CHAPITRE 8 Document 12: « Une société en toupie» Q1. Selon G. Simmel, quelle est la spécificité de la classe moyenne ? Q2. A la lecture de ce texte, pourquoi peut-on parler de «moyennisation» de la société ? Q3. Expliquez pourquoi Henri Mendras conteste l’existence de classes sociales telles que Marx les décrit. ➡Synthèse du I.B.2: Vers une société «moyennisée»? ✦Avec les 30 Glorieuses, la classe ouvrière évolue. Si l’on pouvait parler de condition ouvrière auparavant, ce n’est plus le cas aujourd’hui : les ouvriers sont des citoyens comme les autres: - même consommation - plus de quartiers ouvriers - déclin des effectifs ✦Cette évolution va de paire avec un phénomène de moyennisation de la société. Il s’agit du rapprochement des modes de vie permis par la réduction des inégalités et le processus de constitution d’une vaste classe moyenne. TERMINALE ES – STRATAKIS SOCIOLOGIE Thème 1 - CHAPITRE 8 Ce phénomène est dû à : - la hausse du pouvoir d’achat pendant les 30 Glorieuses - l’essor des emplois de services Avènement d’une société post industrielle - l’homogénéisation progressive des modes de vie et des pratiques sociales La notion de classes (et de lutte des classes) s’atténuerait donc au profit d’une vaste classe moyenne. (cf toupie) 3 Le retour des classes sociales? Document 13: « Le quai de Ouistreham» http://www.youtube.com/watch?v=62OG0yv0lpY (5’207’43) Q1. Quelles sont les caractéristiques de ce nouveau prolétariat ? Q2. En quoi se différencie-t-il de celui des anciens bastions industriels ? Document 14: « Le maintien de la grande bourgeoisie» Q1.Expliquez la phrase soulignée : 10 TERMINALE ES – STRATAKIS SOCIOLOGIE Thème 1 - CHAPITRE 8 Q2. Expliquez le titre de l’ouvrage de Michel Pinçon et de Monique Pinçon-Charlot «Les ghettos du ghota» (2007) : ➡Synthèse du I.B.3: «Le retour des classes sociales?» ★Contrairement aux sociologues de la « moyennisation », L.Chauvel met en évidence le maintien d’une stratification sociale avec une hiérarchie. Certes les inégalités se sont réduites, mais il y a toujours des classes : - le prolétariat a évolué : ouvriers + EMPLOYES et classe d’individus précaires - la haute bourgeoisie : stratégie de reproduction et d’entre-soi Louis Chauvel parle donc de «retour des classes sociales» ( qui s’accompagne d’un retour des inégalités). Par ailleurs, F. Dubet met en évidence le fait qu’expliquer la stratification sociale en dehors de la notion de classes sociales n’est pas pertinent. Il existe encore aujourd’hui des classes sociales mais la conscience de classe s’affaiblit. ★Synthèse du I: Définir le concept de classe sociale ne va pas sans poser de problème. Ainsi de nombreux sociologues ont tenté d’analyser la structure sociale. On peut néanmoins donner une définition contemporaine des classes à partir des travaux de Louis Chauvel. Classes sociales : les classes sociales représentent des catégories qui sont : .d’une part inégalement situées et inégalement dotées dans le système productif .d’autre part marquées par une forte identité de classe. Cette identité comporte trois dimensions : -temporelle (faible mobilité, homogamie sociale) -culturelle (modes de vie communs) -collective (défense de ses intérêts dans la sphère politique). II LES OUTILS INSTITUTIONNELS D’ANALYSE DE LA STRUCTURE SOCIALE DANS LES SOCIETES CONTEMPORAINES A. Les catégories socioprofessionnelles, un outil utile mais discuté Document 15 : «Les critères de classification des PCS» Elaborée en 1954 par l’INSEE, la nomenclature des catégories socioprofessionnelles est devenue nomenclature des professions et catégories socioprofessionnelles (PCS) en 1982, suite aux travaux d’Alain Desrosières et Laurent Thévenot. Les principaux critères permettant de classer les individus dans une PCS sont : - la profession (455 professions) - le statut professionnel (salarié ou indépendant) - la qualification (diplôme) Pour les indépendants, deux critères s’ajoutent : - le secteur d’activité. La nomenclature des PCS distingue ainsi les agriculteurs exploitants (travailleurs indépendants du secteur primaire) des artisans, commerçants et chefs d’entreprise (travailleurs indépendants des secteurs secondaire et tertiaire). - la taille de l’entreprise. Sont classés comme « chef d’entreprise » les employeurs, quelle que soit leur activité, qui emploient dix salariés ou plus. Les autres sont des artisans, des commerçants ou agriculteurs exploitants. Pour les salariés, deux critères s’ajoutent : - la position hiérarchique (combien de salariés a-t-on sous ses ordres ?) - la différence entre fonction publique d’une part et entreprises (publiques et privées) d’autre part. Manuel Magnard, Terminale SES, 2012 TERMINALE ES – STRATAKIS SOCIOLOGIE Thème 1 - CHAPITRE 8 Document 16 «Les PCS» Q1: A l’aide des documents 15 et 16, complétez le schéma suivant avec les termes proposés: Entreprise privée / publique ; Statut ; taille de l’entreprise ; qualification ; position hiérarchique ; secteur d’activité ; indépendant ; fonction publique ; profession. Document 17: doc 1p.194 Q1. Calculez l’évolution de la part des ouvriers dans la population active en points et en pourcentage : Q2. Quelles sont les PCS dont la part dans la population active augmente? Quelles sont celles dont la part diminue? Q3. Quelle est l’utilité des PCS ? B. La multiplicité des critères de différenciation sociale Document 18: «Des clivages multiples qui évoluent» « Quelles sont aujourd’hui les principales lignes de clivage au sein de la population ? Il y a cinquante ou soixante ans, elles séparaient les riches et les pauvres, les hommes et les femmes, les instruits et les non-diplômés, les citadins et les ruraux. Richesse, éducation, sexe, lieu de résidence, constituaient, à l’aube des Trente glorieuses, les principaux champs d’inégalités de la société 12 TERMINALE ES – STRATAKIS SOCIOLOGIE Thème 1 - CHAPITRE 8 française. D’autres clivages venaient s’y ajouter, par exemple celui qui séparait les indépendants des salariés, la part des paysans, artisans et commerçants étant encore très élevée au sein de la population active. Aujourd’hui, le paysage s’est modifié. Certains clivages persistent, d’autres se sont estompés, de nouveaux sont apparus. La richesse et le niveau d’instruction continuent à creuser des écarts substantiels. Loin de se combler, les différences entre hommes et femmes, filles et garçons, se sont néanmoins modifiées, par exemple en matière de taux d’activité et de réussite scolaire. La différence entre les villes et les campagnes s’est accrue sous l’effet conjugué de la « fin des paysans » et de l’urbanisation croissante du territoire. D’une certaine manière, la France des inégalités a connu une remarquable stabilité. Mais de nouvelles lignes de clivages sont apparues : l’âge, le logement, la stabilité professionnelle, l’origine ethnique.» Christian Baudelot (2011), L’âge contre le mérite, in Refaire société, Seuil, Coll. La République des Idées Q1. Comment et pourquoi le système des inégalités s’est-il modifié en France depuis la Seconde guerre mondiale ? Document 19: «Age et vote» Q1: Peut-on parler de vote jeune ? De vote des plus âgés ? Q2: Comment expliquer ces divergences ? Document 20: «Les clivages ethniques» Q1. Après avoir présenté le document, montrez que les classes sociales ne sont pas le seul critère de différenciation sociale. TERMINALE ES – STRATAKIS SOCIOLOGIE Thème 1 - CHAPITRE 8 Synthèse: ★La prise en compte de multiples critères (ethnie, genre, âge…) contribue au brouillage des frontières entre les classes sociales. Elle remet en cause l’homogénéité des classes sociales. Faut-il pour autant abandonner une lecture en termes de classe sociale ? Les classes sociales sont une grille de lecture (un modèle) de la stratification parmi d’autres. Si elles peuvent permettre l’analyse de certains phénomènes sociaux (ex : rapports de domination) elles n’épuisent pas toutes les dimensions de la vie sociale. ➡Remarque: Le sociologue B. Lahire met en évidence le fait que la socialisation passe par une pluralité d’instances de socialisation---> L’individu est pluriel (ex : le cadre qui regarde une émission de téléralité). Par ailleurs, la multiplicité des critères de différenciation sociale pose également la question de la «refonte» des PCS. ➡Schéma de synthèse du chapitre: à compléter 14