Master de Physique Fondamentale Université Paris Sud 11
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2.2.2 Ordres magnétiques
2.2.2.1 Matériaux ferromagnétiques
Au-dessous d’une température critique (dite température de Curie T
C
), les porteurs de moment magnétique sont
parallèles dans de grandes régions du matériau (appelées domaines de Weiss). L’intensité d’aimantation peut
être très élevée, mais n’est pas une fonction linéaire du champ ; elle tend vers une limite M
S
. Cette intensité
d’aimantation à saturation M
S
varie avec la température et s’annule au dessus de T
C
. On notera qu’au-dessus de
leur température critique ces matériaux présentent un régime linéaire paramagnétique comme en décrit en
2.2.1.2.
Exemples :
Fer (Fe), Cobalt (Co), Nickel (Ni), Gadolinium (Gd)
2.2.2.2 Matériaux anti-ferromagnétiques
En deçà d’une certaine température (dite température de Néel T
N
), les spins sont antiparallèles et l’intensité
d’aimantation M
S
à saturation est nulle. La susceptibilité magnétique
χ
est positive, sensiblement constante au
dessous de la température de Néel et, comme dans le cas ferromagnétique, elle est de type paramagnétique au-
dessus de T
N
.
2.2.2.3 Autres structures magnétiques
Il existe d’autres types de structures magnétiques plus complexes : les matériaux ferri-magnétiques
(superposition d’un ferromagnétique et d’un anti-ferromagnétique), les matériaux hélimagnétiques (les porteurs
de moments sont disposés selon des hélices), etc. Ces dernières années, la recherche dans le domaine du
magnétisme s’est orientée vers des états encore plus exotiques en jouant sur la nature des couplages
microscopiques entre moments pour obtenir des verres, glaces ou encore liquides de spins, analogues
magnétiques des états de la matière.
2.3 Le paramagnétisme
Un composé paramagnétique développe, en présence d’une excitation magnétique H, une aimantation qui lui est
proportionnelle et qui est orienté dans le même sens . Le champ magnétique total s’écrit donc B = µ
0
(1+χ)H,
avec χ positif. La façon classique de décrire le paramagnétisme est de considérer le matériau comme un
ensemble de dipôles magnétiques identiques µ, sans interaction entre eux. Soit N le nombre de dipôles par unité
de volume, on a alors M = N<µ>, où <µ> représente la moyenne de µ selon toutes les directions de l’espace.
Note : Formellement M est une grandeur locale, qui décrit l’aimantation en un point de l’espace. On est donc ici
dans une échelle intermédiaire, où l’aimantation est locale par rapport à la taille de l’échantillon
(macroscopique), mais représente une valeur moyenne par rapport à la distance entre les dipôles (typiquement
une distance inter atomique) : à l’échelle où l’on travaille, le matériau est supposé continu et les détails
atomiques ne sont pas discernables.
En absence de champ magnétique, les dipôles sont orientés de façon aléatoire puisqu’il n’y a aucune interaction :
l’aimantation moyenne M est donc nulle.
L’énergie magnétique d’un dipôle en présence d’un champ magnétique est E = -µ.B = -µBcosϕ , où ϕ est l’angle
entre µ et B. Le champ magnétique va donc avoir pour effet de favoriser la direction ϕ = 0 pour chacun des
dipôles. La température en revanche va favoriser une distribution aléatoire et va être en compétition avec
l’alignement des dipôles. La distribution de l’orientation des dipôles va donc être statistique et suivre la
distribution de Boltzmann. Il va en résulter une aimantation M non nulle, qui aura la même direction que B (par
symétrie) et l’amplitude M de la composante de l’aimantation suivant B, est donnée par :
)d/()d)cos((
//
ΩΩ=
−− TkETkE
BB
eeNM
ϕµ
,
où µcosϕ représente la composante d’un dipôle selon la direction de B, et dΩ l’angle solide élémentaire. La
résolution de ces intégrales donne :
M = NµL(y), avec y = µB/k
B
T et où L(y) est la fonction de Langevin définie par L(y)=coth y – 1/y (voir figure).