CONDUITE A TENIR DEVANT LES NODULES THYROIDIENS M. FAÏK* I - INTRODUCTION La découverte d’un nodule thyroïdien ou d’un goitre est une situation clinique fréquente. La prévalence des nodules thyroïdiens est de l’ordre de 5 à 7 % dans une population adulte. L’incidence annuelle du cancer de la thyroïde est estimée à 2 pour 100.000. Le but de cet article est de faire le point sur une stratégie d’exploration de cette glande en évaluant les performances de chaque examen (échographie, scintigraphie, cytoponction) afin de définir le meilleur emploi possible. II - L’EXAMEN CLINIQUE La glande thyroïde est palpée sur la région cervicale antérieure en se plaçant derrière le patient assis. Après avoir repéré la position des cartilages cricoïdes et en demandant au malade de faire un geste de déglutition. Il faut apprécier la mobilité, la consistance, le volume, les répercussions sur l’axe aéro-digestif, et la présence d’adénopathies satellites. III - LA SCINTIGRAPHIE Le recours à la scintigraphie thyroïdienne ne poserait pas de discussion. L’iode 131 expose à une irradiation non négligeable de fait de sa période longue et son rayonnement bêta. L’iode 123 dont la période n’est que de 13 heures est idéal mais le coût est élevé et la nécessité d’être proche d’un centre à cyclotron . La TC 99m (99 m TC) utilisé sous forme de pertechnétate a l’avantage d’exposer à une irradiation négligeable, et permettre une exploration rapide 30 minutes après l’injection. Contrairement à l’iode, le TC n’est pas organifié et donc n’explore que le transport actif sans fournir de renseignements sur l’hormono-genèse. Il fournit des contrastes moins importants que l’iode, et peut présenter de rares discordances avec les images obtenues avec l’iode. Son faible coût et sa facilité d’obtention le rendent très utilisé. La scintigraphie établie par une caméra à scintillat i o n donne une meilleure résolution et un meilleur contraste que la scintigraphie à balayage. La scintigraphie donne des renseignements sur la topographie, le volume, la morphologie et l’homogénéité de la thyroïde. Un nodule non fixant ou hypofixant que le parenchyme t hy roïdien est appelé froid et supposé non fonctionnel. Cette notion ne prête pas à discussion lorsque l’image et le nodule palpé se superposent. L’incertitude s’installe lorsque le nodule palpé n’a pas de traduction scintigraphique franche : s’agit-il d’une superposition d’un mur du parenchyme thyroïdien normale qui se projette devant un nodule hypofixant ou iso-fixant ou s’agit-il d’un examen scintigraphique défaillant VI - L’ECHOGRAPHIE Par la situation superficielle de la glande, l’échographie thyroïdienne permet des mesures de l’ordre du millimètre à l’aide des ondes à hautes fréquences. Elle permet de distinguer avec précision les stru c t u re s anormales qui seront hyper, iso, ou hypo-échogène par rapport au parenchyme sous-jacent, les nodules kystiques se présentent comme zone anéchogène . L’ existence d’un halo iso-éch ogène à la péri p h é rie du nodule constitue un argument en faveur de la bénignité. En revanche un nodule unique ayant un caractère solide intégral sans aucune image kystique, avec des contours mal limités mais un effet de masse accentué est hautement suspect de malignité, et ceci d’autant plus qu’il est hypoéchogène ou hétérogène. Les calcifications ne constituent pas un argument de malignité. L’échographie a la supériorité sur la scintigraphie de distinguer dus nodules à cara c t è re liquidien ou solide, et l’appréciation exacte du nombre de nodules. L’échographie est complémentaire à la scintigraphie, facilite son interprétation et augmente ses performances et réduit nettement les indications chirurgicales pour tumeur bénigne. *CHU Ibn-Sina, Hôpital Avicenne (Rabat) Service de chirurgie « C». Médecine du Maghreb 2000 n°80 M. FAÏK 24 V - PLACE DE L’ECHOGRAPHIE ET DE LA SCINTIGRAPHIE VII - LES AUTRES MOYENS DIAGNOSTIQUES L’échographie a bouleversé l’attitude d’explorer chirurgicalement tout nodule froid plein isolé. Elle permet de guider une ponction exploratrice. C’est un examen moins coûteux et moins nocif (sans irradiation) et constitue un outil de surveillance. VI - LA CYTOPONCTION Les résultats des nodules pleins dépendent de la qualité du prélèvement, l’expérience du cytologiste, et de la notion de cancer. En absence du caractère clinique ou échographique de malignité, une cytoponction négative, l’abstention thérapeutique est possible, un contrôle clinique et échographique répété à intervalle de 6 à 12 mois. La T.D.M. apporte globalement les mêmes informations que l’échographie. L’I.R.M. n’apporte pas de renseignements morphologiques très supérieurs. VIII - CONCLUSION En pratique courante, l’échographie thyroïdienne peut être placée en premier pour explorer un nodule de la thyroïde. La scintigraphie n’est préconisée qu’en cas de nodule non kystique anéchogène, en plus la notion de nodule fonctionnel ou non fonctionnel ne paraît pas à même de distinguer le caractère malin ou non. L’échographie réduit le risque d’opérer une lésion bénigne. La cytoponction vient à son secours en particulier en cas de nodule hy p o - é ch og é n e, aspect le plus suspect. La T.D.M. ou I.R.M., leurs rapports réels restent à évaluer sur de grandes séries comportant une exérèse systématique avec étude anatomo-pathologique. BIBLIOGRAPHIE 1 - SCHLIENGER J.L. La scintigraphie est-elle inutile dans l’exploration des nodules thyroïdiens ? Sem. Hôp. Paris, 1991, 67, N°36, 1603-1607. 2 - MAZZAFFERI E.L. Management of a solitary thyroid nodule. N. Engl J. Med 1992 ; 328 : 553-59. 3 - LOS SANTOS E.T. Médecine du Maghreb 2000 n°80 Cystic thyroid nodules. The dilemma of malignant lesions. Arch. Intern. Med. 1990 ; 15 : 1422-1427. 4 - MOLITCH M.E., BECK J.R. The cold thy roid nodule : an analysis of diagnostic and therap e u t i c options. Endocr. Rev. 1994 ; 5 -185-99.