1
LES DIFFICULTES LANGAGIERES CHEZ L’ENFANT
Martine BOUNNEAU et Jean-Luc NETTER, colloque « l'oral à l'école » - 25 avril 2001- Auch
Si nous avons choisi de vous parler aujourd’hui des troubles spécifiques du langage
chez l’enfant, c’est, d’une part, une préoccupation de plus en plus pressante de la part des
maîtres , et d’autre part, l’émergence de la volonté d’une approche plus partenariale entre
les personnels de l’Education Nationale et ceux de la Santé comme en témoigne le
dernier rapport sur le sujet de Jean Charles RINGARD (dit rapport Ringard)
Ce rapport souligne la nécessité de se mobiliser autour de ces troubles en concertation
avec tous les personnels concernés, et il demande la création d’une cellule interministérielle
pour suivre l’évolution des dispositifs de repérage.
Il insiste sur la nécessaire reconnaissance des compétences et des identités
professionnelles : enseignants, membres du RASED, médecins scolaires, orthophonistes.
La Fédération Nationale des Orthophonistes communique ses derniers chiffres
concernant les enfants de 2 à 5 ans :
- 72% n’ont aucune difficulté de langage oral,
- 15% ont des difficultés légères apparentées à des immaturités
- 13% ont des difficultés plus importantes nécessitant un repérage plus
précoce
La prévention des troubles du langage passe par un travail partenarial avec les
enseignants, les enseignants spécialisés, et les services de PMI afin d’éviter les échecs
scolaires et l’exclusion sociale.
Trois étapes importantes :
- le repérage : reconnaître l’existence de ces troubles et les nommer
- le dépistage : dévoiler ce qui est caché derrière d’autres troubles,
- le diagnostic : définir les composants du trouble pour orienter vers une
prise en charge appropriée. C’est toujours la conjonction de plusieurs éléments qui
permet de poser le diagnostic
Le repérage est l’affaire de l’enseignant,
Le dépistage est celle des médecins,
Le diagnostic est ensuite posé par les différentes disciplines concernées .
L’évaluation des compétences langagières n’est pas chose facile, car on peut
apprendre à parler en se taisant, chacun d’entre nous ayant des capacités de récepteur et de
producteur avec une prédominance des premières.
Cette évaluation est souvent faite de manière parcellaire :
- sous forme d’un corpus de mots (nombre de mots),
- sous forme d’un discours (organisé, argumenté, engagé),
- sous forme d’un symptôme.
2
Notre intervention présente :
- les différents dysfonctionnements, leur nature et leurs conséquences
- les outils du repérage , du dépistage et du diagnostic,
- les remédiations aux déficiences mises en œuvre par les enseignants et
les techniciens ainsi que leurs outils respectifs.
En conclusion nous présenterons le plan d’action élaboré à la suite du rapport Ringard,
pour une meilleure prise en charge des enfants dyslexiques dysphasiques, ainsi que les aides
que le ré éducateur peut apporter à l’enfant dans les cas de difficultés langagières.
LES DIFFERENTS DYSFONCTIONNEMENTS
leur nature et leurs conséquences
Pour 1% des enfants en âge d’être scolarisés, le développement du langage pose un
problème majeur : ce sont des enfants dysphasiques.
Le trouble entendu comme expression d’une désorganisation d’une fonction se
différencie d’une difficulté par la fréquence des signes, leur durabilité, leur permanence et
leurs résistances aux remédiations .
Les dictionnaires usuels ne définissent pas cette pathologie particulière.
Le préfixe DYS désigne de manière générale des difficultés de mise en place et de
fonctionnement :
- la dysphasie s’il s’agit de langage,
- la dyslexie ,, de lecture,
- la dysgraphie ,, d’écriture ou de dessin,
- la dyspraxie ,, de gestes,
- la dyscalculie ,, de l’apprentissage du calcul
- la dysorthographie ,, de l’apprentissage de l’orthographe
Les troubles du langage oral chez l’enfant :
Nous parlerons de troubles du langage et de la communication lorsque les modalités
normales d’acquisition du langage sont altérées dès les premiers stades du développement .
- difficultés phonétiques d’articulation ou de prononciation, troubles
phonologiques,
- difficultés linguistiques : usage de la syntaxe, construction de phrases
- retards de parole, langage avec altération essentiellement de la
phonologie,
- retards de parole, langage avec altération phonologique et syntaxique,
3
- difficultés de mémoire immédiate rendant malaisée la saisie du langage
des autres,
- difficultés de compréhension.
C’est vers l’âge de 3 ans qu’un enfant ayant plus de deux difficultés précitées doit
faire l’objet d’une démarche diagnostique.
6 à 7% des enfants scolarisés présentent un trouble du langage qui n’est pas
nécessairement une dysphasie de développement .
Les troubles spécifiques du développement de la parole et du langage, sous groupes
des « DYS », sont actuellement bien répertoriés et reconnus en France depuis 1989.
Ils rentrent en effet dans le cadre de l’arrêté du 9 janvier 1989, publié au BO de
l’Education Nationale, qui fixe la nomenclature des déficiences, incapacités et désavantages
dont ces troubles relèvent, sachant que :
- le « désavantage » est la traduction du terme anglo-saxon « handicap »,
- la « déficience » correspond à l’aspect lésionnel du handicap,
- l’ « incapacité » correspond à l’aspect fonctionnel du handicap.
La dysphasie :
- Définition : Troubles durables de l’acquisition du langage parlé chez
des enfants normalement intelligents, sans déficit auditif, et sans trouble
psychopathologique (Cheminal).
On distingue deux groupes de troubles :
Le premier groupe comprend les troubles toujours présents chez les
dysphasiques :
- les troubles langagiers qui touchent à la fois la compréhension et
l’expression verbale, et peuvent affecter la syntaxe, la sémantique, la phonologie, la
pragmatique et le discours.
- les troubles d’abstraction qui se traduisent par une difficulté à dégager
les éléments essentiels d’un ensemble complexe pour intégrer un concept,la
compréhension restant meilleure pour les éléments concrets.
- les troubles de généralisation qui s’expliquent par une difficulté à
appliquer à d’autres situations des notions apprises dans un contexte donné.
- les troubles de perception du temps qui sont des difficultés à
comprendre les notions temporelles et à se repérer dans le temps.
4
- les troubles des activités métalinguistiques qui se manifestent par une
difficulté à évoquer des rimes, à classer par champs sémantiques, à faire l’analyse des
ambiguités, à comprendre le langage au figuré.
Le deuxième groupe porte sur des troubles qui peuvent s’ajouter à des degrés
variables, laissant place à un ensemble de combinaisons possibles :
- les troubles praxiques :ou incapacité à reproduire par imitation un
mouvement volontaire alors que ce même geste peut être effectué normalement au
cours d’activités automatiques ou spontanées, (on distingue encore des apraxies
verbales, apraxies de construction, apraxies idéo-motrices, apraxies de l’habillage)
- les troubles moteurs : concernent les difficultés d’exécution de
mouvement et de conservation de l’équilibre
- les troubles de la parole : ou atteintes variées des différents paramètres
de la parole (articulation, phonation, fluidité, résonance…)
- les troubles de la perception visuelle : ou difficultés à discriminer des
informations visuelles si elles sont présentées à une vitesses rapide
- les troubles d’orientation spatiale : ou difficultés à se repérer et à
s’organiser dans l’espace
- les troubles de la perception auditive : se traduisant par une difficulté
de discrimination des sons et de leurs séquences ,
- certains troubles du comportement : souvent liés à des troubles de
compréhension et d’adaptation à une situation donnée . Ils prennent la forme
d’hyperactivité ou d’hypoactivité, de déficit d’attention ou de concentration,
d’impulsivité exagérée entraînant un plus grand risque, de variation de
performance d’une fois sur l’autre dans des conditions identiques, d’instabilité des
acquisitions, d’un manque d’anticipation de ce qui va se passer, ou de
persévération dans une activité stéréotypée.
Conséquences
On observe dans les classes des enfants qui présentent en même temps plusieurs
troubles cités plus haut.
Pour mieux percevoir et comprendre les difficultés rencontrées par un enfant
dysphasique, on se reportera au tableau joint en annexe.
Ces enfants présentant des troubles spécifiques du langage représenteraient un quart de
l’échec scolaire.
5
REPERAGE DEPISTAGE DIAGNOSTIC
Repérage :
L’activité langagière représente l’ensemble des comportements verbaux et non
verbaux auxquels l’enfant va recourir pour communiquer.
Les langages, qui sont au cœur des apprentissages, constituent la priorité de l’école
maternelle ( Bulletin Officiel N° 8 du 21 octobre 1999 ).
Les enseignants sont très attentifs aux différentes conduites langagières de l’enfant,
ainsi qu’à ses capacités de communication.
On peut repérer les difficultés langagières en aménageant des temps de langage avec
des supports variés : littérature pour la jeunesse, magnétophone, comptines, jeux de locution,
chants.
L’enseignant doit pouvoir être en mesure de nommer les difficultés et de les expliciter,
afin de les exposer à l’équipe éducative et à la famille, et de prendre toute sa place dans la
concertation avec le médecin scolaire, l’orthophoniste ou le centre de soins qui prendront en
charge l’enfant.
Le repérage se fait en recherchant des signes prédictifs, comme les problèmes de
langage oral (retard, dysphasie, déficit durable des performances orales).
Dépistage et Diagnostic :
Le dépistage est actuellement possible grâce à des outils d’évaluation destinés à
l’usage des médecins comme l’ERTL 4 (Epreuve de Repérage des Troubles du Langage) lors
du bilan médical des enfants de 4 ans.
Toute anomalie justifie un bilan orthophonique plus poussé, réalisable chez les enfants
entre 3ans et demi et 5 ans .Ce bilan explore le niveau auditif, les capacités mnésiques,
l’orientation, la structuration dans le temps et dans l’espace, les performances du langage
verbal, les capacités visuelles, le langage spontané et les comportements non verbaux.
Encodage :
- répétition de mots simples (cf : Borel Maisony, EEL de C Chvrier-
Muller),
- dénomination de mots (EEL ou BEPL),
- test de closure grammaticale TCG (Deltour)
- test de langage D Sadek- Khalil,
- test de langage du Caracosta, étalonné de5 à 10 ans
1 / 12 100%