Cette clarification est indispensable pour évaluer, comme le fait le rapport RINGARD, l'ampleur du
problème. On peut donc admettre qu'environ 1% des enfants présentent des troubles sévères du
langage oral, que de 4 à 5 % présentent de grandes difficultés du langage écrit ( notamment en
lecture) dont moins de 1 % sont des “ non-lecteurs ”. Cette analyse préalable du phénomène
implique d'emblée des règles de conduite fondamentales en matière de repérage et de diagnostic : ces
déficiences, pour être avérées, requièrent une confrontation suffisamment longue de l'enfant avec la
langue orale et écrite. Il est difficile de parler de trouble du langage oral avant 5 ans et de trouble du
langage écrit avant 8 ans. Tout diagnostic précipité peut en effet entraîner une stigmatisation qui
compromettrait l'avenir scolaire et social d'un enfant.
5. Des initiatives nombreuses
Pour répondre à ces phénomènes, les initiatives sont réelles et nombreuses. Le rapport en mentionne
et en décrit précisément un certain nombre : le RASED de Gradignan en Gironde, une classe
spécialisée du Kremlin-Bicêtre, le bilan de santé de l'académie de Grenoble, l'expérimentation d'accès
aux soins du département de l'Oise, la Maison des Lavandes à Orpierre, dans les Hautes-Alpes,
notamment.
Ces initiatives ont souvent pour point commun d'être initiées par le milieu associatif ou par des
individus engagés personnellement dans la prise en charge des enfants atteints de troubles du langage
mais surtout d'être, à chaque fois, très spécifiques et “ sur mesure ” à la fois parce que la nature des
déficiences est variable d'un enfant à un autre mais aussi parce que, faute d'un investissement
général des institutions concernées, les expériences demeurent empiriques.
La priorité accordée, par le ministère de l'Education nationale, depuis plusieurs années, à la maîtrise
du langage, à l'école maternelle et élémentaire, a pourtant amené une réelle sensibilisation à ces
problèmes. La volonté du ministère de la Santé de faire du diagnostic et de la prise en charge des
enfants atteints de troubles sévères du langage un objectif de santé publique a également opéré des
changements.
6. Des insuffisances à combler
Cependant, pour hisser la France au niveau des actions menées dans d'autres pays ( Etats-Unis, Pays-
Bas notamment), des insuffisances doivent être comblées, dans les domaines suivants :
a. La recherche au sens large et pluridisciplinaire, qui devrait privilégier, plus qu'elle ne le fait
aujourd'hui, les approches croisées de la recherche médicale et de la recherche en sciences de
l'éducation.
b. Le dépistage et le diagnostic des troubles qui devraient, par delà les divergences conceptuelles
actuelles, aller vers une plus grande fiabilité et une plus grande harmonisation professionnelle.
c. La nature de la prise en charge qui devrait, plus qu'aujourd'hui, être cohérente, d'une efficacité
régulièrement évaluée et centrée sur l'intérêt de l'enfant. Cet objectif implique une évolution des
pratiques pédagogiques, surtout dans l'apprentissage de la lecture et dans la maîtrise du langage oral,
le développement, par la Santé, de services ou d'établissements spécialisés et capables de mettre en
oeuvre un projet individuel adapté à chaque enfant et, enfin, une plus grande transparence et une
harmonisation des pratiques dans les prises en charge orthophonistes entre les différents
professionnels.
d. Le fonctionnement des commissions spécialisées chargées de l'éducation spéciale : elles devraient
harmoniser leurs pratiques.
e. Un effort de formation des enseignants en première ligne et responsables premiers de
l'apprentissage de tous les enfants qu'ils accueillent devrait être accompli afin qu'ils aient les moyens
de repérer et, pour les cas avérés, d'effectuer un suivi en liaison avec d'autres partenaires. Cet