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Éducation à la durabilité : les élèves montrent la voie
(IBO 2012a : 1) Pour de nombreux observateurs, la prédominance de la perspective selon laquelle
l’humanité est indépendante de la nature est la cause principale de l’état actuel du système
terrestre. Rachel Carson a défendu ce point de vue de façon éloquente en 1963 : « Je suis
profondément convaincue que notre génération doit apprendre à composer avec la nature, et je
crois que l’humanité est confrontée à un défi jamais rencontré auparavant, non pas celui de
maîtriser la nature mais celui de faire preuve de maturité et de se maîtriser elle-même. »
(http://www.nytimes.com – Traduction libre)
Le défi de la transition vers une société durable, parfois appelée « grande transition », peut donc
être considéré comme un cadre fondamental, lié de façon inextricable à la mission de l’IB qui est
de bâtir un monde meilleur et plus paisible.
Émergence du développement durable
Le terme « développement durable » a été introduit en 1987 dans le Rapport Brundtland de la
Commission mondiale sur l’environnement et le développement de l’Organisation des Nations
Unies (CMED), où il est défini comme un développement qui « [satisfait] les besoins de la
génération actuelle sans pour autant remettre en question l’aptitude des générations futures à
satisfaire leurs propres besoins » (CMED 1987, cité dans Organisation du Baccalauréat
International 2012a : 2). L’Assemblée générale des Nations Unies a demandé instamment à la
CMED de « recommander des méthodes pour faire en sorte que l’intérêt porté à l’environnement
se traduise par une coopération plus étroite entre les pays en développement et entre des pays
ayant atteint différents niveaux de développement économique et social, et débouche sur la
réalisation d’objectifs communs s’appuyant mutuellement et tenant compte des relations
réciproques entre la population, les ressources, l’environnement et le développement »
(CMED 1987 : Avant-propos). Le sommet « Planète Terre » des Nations Unies, organisé à Rio
en 1992, a donné lieu à l’officialisation du concept de développement durable et à l’émergence du
concept complémentaire d’éducation au développement durable, tel que détaillé dans Action 21 (le
plan d’action publié à l’issue de la conférence). Le développement durable et l’éducation au
développement durable peuvent être vus comme des preuves de la reconnaissance de
l’interdépendance de la nature, de l’économie et de la société par les Nations Unies, et comme
une acceptation implicite de l’humanité en tant que partie intégrante de la nature.
De l’éducation au développement durable à l’éducation à la durabilité
Sterling (2003) fait valoir que « l’expression “éducation à la durabilité” constitue de l’avis général
une notion plus inclusive que celles d’éducation à l’environnement, d’éducation au développement
durable, d’éducation au service de la durabilité ou d’éducation pour un avenir durable »
(Sterling 2003 : 310 – Traduction libre). Dès le départ, l’éducation au développement durable a été
un terme contesté. Pour Jickling (1992), « l’analyse du terme [développement durable] n’a pas
encore permis de mettre en évidence une signification commune et cohérente » (Jickling 1992 :
6 – Traduction libre). Par ailleurs, « il semble que certains se posent la question de la cohérence
logique de la juxtaposition des termes “durable” et “développement”. Si une telle contradiction est
maintenue, la confusion conceptuelle qui entoure le développement durable se perpétuera »
(Jickling 1992 : 6 – Traduction libre). Engelman (2013) fait observer que « nous vivons aujourd’hui
à l’ère du durable à toutes les sauces : nous faisons un usage excessif et cacophonique du terme
“durable” pour signifier toutes sortes de choses, du registre écologique à celui de la mode » et
semble ainsi confirmer les préoccupations de Jickling.
Nous utiliserons donc le terme « éducation à la durabilité » dans le reste de ce document.
Évolution de l’éducation à la durabilité
Sterling (2003) a fait observer que les orientations en matière d’éducation à la durabilité peuvent
être regroupées en deux tendances principales, à savoir l’approche behavioriste et l’approche