Version provisoire le 29/08/02
les offreurs9, où les prix sont criés10 et où il n'y a aucun échange11 tant que les prix annoncés ne permettent
pas d'égaliser l'offre et la demande.
La seconde caractéristique de la procédure est qu'il faut une multiplicité d'offreurs et de demandeurs sur le
marché12. Cette condition n'est pas identique à la condition d'atomicité, puisque l'existence de syndicats
ouvriers, par exemple, na va pas à l'encontre de la libre concurrence.
Enfin, troisième caractéristique de la procédure, les consommateurs cherchent à obtenir la plus grande
utilité possible, et les entrepreneurs le plus grand profit possible.
Cette procédure définit une situation où les différentes libertés qui caractérisent la concurrence et la justice
sont respectées (liberté des entreprises, liberté du fermage, liberté du salaire, liberté de l'intérêt13).
2. La justice procédurale parfaite
Mais en fait la définition de la procédure n’est pas suffisante pour définir le résultat équitable. Le caractère
anonyme de la procédure ne peut suffire à Walras comme définition de la justice. Il lui faut un critère
indépendant. Le critère indépendant qui va permettre de définir le résultat équitable est le suivant :
“Si chacun de nous produisait tout ce qu’il consomme et ne consommait que ce qu’il produit, non seulement sa production
serait réglée en vue de ses besoins de consommation, mais sa consommation aussi serait déterminée par l’étendue de sa
production. Eh bien ! il ne faut pas que, grâce à la spécialité des occupations, certains d’entre nous qui auront produit peu,
consomment beaucoup, tandis que certains autres, qui auront produit beaucoup, consomment peu.”14
Aussi, la concurrence est-elle définie non seulement comme une procédure, mais également comme un état
caractérisé par l’absence de profit et l’unité des prix ; ces deux conditions étant inséparables de l’idée que
chacun reçoit son dû15. La libre concurrence n’est pas une procédure de justice pure mais participe à une
procédure de justice parfaite.
La justice procédurale parfaite est caractérisée par deux traits :
9 Walras L. (1988), p.70.
10 Walras L. (1988), p.200. Sur le rapprochement entre la procédure de libre concurrence et la Bourse, cf. Walker D.A. (2000).
Toutefois Walras précise : “ L’enchère à la criée n’est pas absolument nécessaire, bien qu’elle constitue certainement le degré le
plus parfait du mécanisme. La concurrence économique peut exister sans elle ; elle existe sur le marché aux légumes… ”, in
Walras L. (1996), p.465.
11 cf. Jaffé W. (1967), p.17, Walker D.A. (1987), p.766, Huck E. (1999), p.116. Il est indispensable qu'il n'y ait aucun
échange, car s'il y avait des échanges avant que l'égalité de l'offre et de la demande ne soit atteinte, rien ne garantirait qu'on se
dirige vers un équilibre.
12 Cf . par exemple Walras (1992b), p.188.
13 Walras L. (1996), p.465.
14 Walras L.( 1988), , p.60.
15 Nous ne voulons bien sur pas dire ici que ces deux conditions ne sont pas aussi des conditions nécessaires à la
démonstration de l’équilibre général, et des conséquences du fonctionnement de la procédure. Le modèle positif d’économie
pure, et le modèle normatif d’économie sociale se superposent dans les Eléments d’économie politique pure . Sur cette question
cf. la critique que Walker adresse à l’hypothèse de normativité des Eléments d’économie politique pure présentée par Jaffé.