Lycée Naval, Sup 2. Mécanique 1. 2.1. Loi de la quantité de mouvement Le résultat précédent se généralise à un système quelconque de points. Pour la suite, on pourra assimiler un système de points ou un solide à un point matériel s’il suffit d’étudier le mouvement de son centre d’inertie pour comprendre son mouvement. Principes de la dynamique newtonienne 1 1.1 Quantité de mouvement 2 Centre de masse 2.1 Les trois lois de Newton Première loi de Newton : principe d’inertie Définition : on appelle, centre de masse (ou centre d’inertie), le barycentre G des points M1 (masse m1 ) et M2 (masse m2 ) défini par : −−−→ −−−→ −−→ −−→ −−→ m1 OM1 + m2 OM2 ~ m1 GM 1 + m2 GM 2 = 0 ⇔ OG = avec O quelconque. m1 + m2 Dans un référentiel galiléen, un corps soumis à des forces qui se compensent a un mouvement rectiligne et uniforme. X ~ F~i = ~0 ⇔ ~v = cste Le centre de masse se situe entre M1 et M2 sur la droite joignant les deux points, d’autant plus proche de M1 que m1 m2 . Le principe d’inertie formule l’existence de référentiels particuliers, les référentiels galiléens à partir du mouvement d’un corps isolé. Très généralement : i M2 O G Les référentiels galiléens sont en translation rectiligne uniforme les uns par rapport aux autres. M1 1.2 2.2 Quantité de mouvement Les vitesses sont exprimées dans un référentiel R donné. Deuxième loi de Newton : principe fondamental de la dynamique Dans un référentiel galiléen, la dérivée par rapport au temps du vecteur quantité de mouvement du système est égale à la somme des forces extérieures s’exerçant sur le système. Mathématiquement, elle se traduit par la relation : d~ p X~ = Fi dt Définition : on appelle, quantité de mouvement d’une particule de masse m et de vitesse ~v , la grandeur notée p~ telle que : p~ = m~v i Définition : la quantité de mouvement d’un système de points matériels est égale à la somme des quantités de mouvement des points matériels : p~ = p~1 + p~2 = m1~v1 + m2~v2 2.3 Troisième loi de Newton : principe des actions réciproques Si un point matériel A exerce sur un point matériel B une force f~A/B , alors le point B exerce sur le point A une force f~B/A telle que : → f~A/B = −f~B/A ; Propriété : −−→ −−→ −−→ dOM 1 dOM 2 d −−→ p~ = m1 + m2 = m1 OM 1 + m2 OM 2 dt dt dt −−→ d mOG p~ = = m~vG dt Propriété : la quantité de mouvement d’un système de points est la même que celle d’un point matériel confondu avec G et où toute la masse serait concentrée. p~ = m~vG → les forces ont pour direction la droite joignant les points A et B. B A 1 fB/A fA/B 3 Mouvement dans le champ de pesanteur uniforme 3.1 → Une fois le régime permanent atteint, la vitesse tend vers une valeur limite caractérisée par : mf m − mf k ~vlim = 1 − ~g ⇔ ~vlim = ~g m m k Cette expression caractérise le fait que, pour la bille en déplacement inertiel, les forces se compensent. Mouvement de chute libre Dans le référentiel terrestre supposé galiléen, on considère un corps de masse m soumis uniquement à son poids. L’application du principe fondamental de la dynamique conduit à : L’équation différentielle prend alors la forme simplifiée : d~ p = P~ = m~g ⇒ m~a = m~g ⇒ ~a = ~g dt Le mouvement de chute libre se caractérise par un vecteur accélération constant égal à l’accélération de pesanteur terrestre (Cf. chapitre sur la cinématique). Ceci n’est bien sûr exact que si l’on néglige les actions de l’air sur l’objet. 3.2 d~v ~v ~vlim + = , dt τ τ vz vlim dvz + = . dt τ τ Avec une vitesse initiale supposée nulle, la solution de cette équation différentielle du premier ordre à coefficients constants est : vz (t) = vlim 1 − e−t/τ ou tout aussi bien en projection sur la verticale descendante : Chute avec frottements proportionnels à la vitesse On s’intéresse à la chute d’une bille en caoutchouc dans un fluide visqueux, la glycéryne. Les mesures de la position de la bille au cours du temps sont reportées sur la figure de droite. glycérine uz z(t) (m) g Connaissant la vitesse, on en déduit la position au cours du temps par intégration : Z t Z t dz 0 0 0 0 0 −t/τ = z (t) = vlim 1 − e ⇒ z (t )dt = vlim 1 − e−t /τ dt0 dt 0 t0 =0 On en déduit : 0.22 0.20 0.18 0.16 0.14 0.12 0.10 0.08 0.0 0.5 1.0 1.5 2.0 2.5 3.0 3.5 z(t) = z0 + vlim × t + τ vlim e−t/τ − 1 vlim 5τvlim 4τvlim 3τvlim t (s) 2τvlim — le système étudié est la bille ; — l’étude est réalisée dans le référentiel terrestre supposé galiléen ; — la bille, de masse m = 7, 5 g, est soumise à son poids P~ , à la poussée ~ (on note mf = 6, 64 g la masse de fluide déplacée) et à une d’Archimède Π force de frottement proportionnelle à la vitesse f~f = −k~v avec k = 0, 244 S.I. 0 τvlim vz (t) 0 τ 2τ 3τ t 4τ 5τ 6τ 0 z(t)−z0 0 τ 2τ 3τ t 4τ 5τ 6τ La constante de temps étant très faible par rapport à la durée de l’expérience, on n’observe expérimentalement que le régime permanent et un déplacement à vitesse constante. Le principe fondamental de la dynamique s’écrit alors : d~v ~ + f~f = m~g − mf ~g − k~v ⇔ d~v + k ~v = 1 − mf ~g = P~ + Π dt dt m m m → On pose τ = , la constante de temps associée au régime transitoire. k m La valeur de la vitesse limite déduite de l’expression théorique est cohérente avec le résultat des expériences. 2 3.3 Chute avec frottements proportionnels au carré de la vitesse m Cadre de l’étude d~v = m~g − kv~v dt ⇔ d~v k + v × ~v = ~g dt m Une fois le régime permanent atteint, on note l’existence d’une vitesse limite ~vlim qui vérifie : r k mg vlim × ~vlim = ~g ⇒ vlim = avec ~vlim = −vlim ~uy m k Dans le chapitre sur la cinématique, nous avons considéré le mouvement dans le champ de pesanteur terrestre en l’absence de frottements. La trajectoire parabolique obtenue peut s’éloigner significativement du mouvement réel en particulier dans le cas des « grandes » vitesses. Avec les valeurs retenues vlim ' 1, 4×102 m.s−1 ; notons que l’on peut alors définir vlim un temps caractéristique τ = . La vitesse limite n’est pas nécessairement g observée si le boulet touche le sol avant que le régime permanent ne soit atteint. Exemple historique Historiquement cette question était d’importance pour connaître la trajectoire des boulets de canon et la portée du tir. Dans les traités de Diego Ufano (1610) et de François Blondel (1685), les descriptions suivantes sont proposées pour les trajectoires : En projection selon l’horizontale (Ox) et la verticale ascendante (Oy), on obtient le jeu d’équations : dvy dvx kq 2 kq 2 + vx + vy2 × vx = 0 et + vx + vy2 × vy = −g dt m dt m Il s’agit d’équations différentielles non linéaires et couplées. Dans le cas le plus général, il est nécessaire de recourir à une résolution numérique (Cf. cours d’informatique). Résolution numérique Avec un vecteur vitesse initial de norme v0 = 450 m/s et faisant un angle de 45◦ avec l’horizontale, on obtient les courbes suivantes. y [m] Dans la suite, on s’intéresse au cas des boulets de 36 livres (17,6 kg), armant les plus gros vaisseaux de ligne français et les batteries côtières, du XVIIe siècle au milieu du XIXe siècle. Le boulet, de diamètre d = 174, 8 mm, lancé avec une vitesse v0 = 450 m/s pouvait atteindre une distance maximale de 3700 m (source Wikipedia). Système d’équations Dans le cas des « grandes » vitesses, on montre (Cf. cours de seconde année) que les frottements de l’air sont proportionnels au carré de la vitesse : f~ = −kv × ~v , avec k = Cx ρS, avec Cx le coefficient de traînée, de l’ordre de 0, 3 pour une sphère, ρ la masse volumique de l’air et S = πd2 /4 la section frontale de la sphère. 6000 5000 4000 3000 2000 1000 0 0 dans le vide dans l'air 5000 10000 x [m] 15000 20000 25000 On observe une trajectoire qui s’éloigne très fortement du cas parabolique idéalisé, on obtient une portée de l’ordre de 3,0 km comme annoncé. Le modèle proposé semble donc pertinent. Dans le référentiel terrestre, on applique le principe fondamental de la dynamique pour le boulet soumis à son poids, et à la force de frottement (la poussée d’Archimède est négligée). Les deux graphiques suivants présentent l’influence de l’angle initial et de la vitesse initiale sur la trajectoire. 3 y [m] 1400 1200 1000 800 600 400 200 0 0 4 =45o θ0 θ0 =40o θ0 =30o θ0 =20o 500 1000 1500 2000 x [m] 2500 3000 3500 4.1 Le pendule simple Cadre de l’étude On s’intéresse au mouvement d’une masse m assimilée à un point matériel attaché à un fil inextensible et sans masse. On étudie le mouvement dans le référentiel terrestre, on néglige les frottements de l’air. fil, longueur L 4000 g 1500 1000 ur P v0 = vlim v0 =3vlim v0 =10vlim 4.2 Équation du mouvement 1000 Méthode de Résolution : — le système étudié est le solide de masse m ; — l’étude est réalisée dans le référentiel terrestre supposé galiléen ; — le solide est soumis à son poids P~ et à la tension T~ du fil. On applique le principe fondamental de la dynamique au point matériel de masse m: m~a = P~ + T~ = m~g + T~ 1500 On projette dans la base des coordonnées polaires (~ur , ~uθ ) : 500 y [m] uθ M En présence de frottements, on constate que l’angle optimal de tir n’est plus de 45◦ . 2000 T θ 0 500 2000 0 1000 2000 3000 x [m] 4000 5000 −mLθ̇2 = mg cos θ + Tr 6000 (1) et mLθ̈ = −mg sin θ (2) À condition de connaître θ(t), la première équation permet d’obtenir la tension du fil qui est une inconnue. La seconde équation est l’équation du mouvement que l’on peut réécrire : g θ̈ + ω02 sin θ = 0 avec ω02 = L ω0 est la pulsation propre du système. Cette équation différentielle est non linéaire, elle nécessite une résolution de type numérique dans le cas général. Pour ce dernier graphique, il faut considérer que le tir est effectué depuis un plateau en altitude. Pour v0 vlim , le poids est, dans un premier temps, négligeable devant la force de frottements, le mouvement initial est rectiligne freiné. La vitesse diminue, le mobile change de direction pour évoluer verticalement vers le bas et atteindre finalement un mouvement inertiel à la vitesse vlim , les frottements compensant le poids. 4.3 Résolution numérique On résout l’équation différentielle par une méthode numérique avec L = 1, 0 m. La masse est lâchée sans vitesse initiale pour différentes valeurs de l’angle initial, en radian, θ0 = {0, 1; 0, 5; 1, 0}, puis θ0 = {0, 05; 0, 1; 0, 15}. 4 1.0 0.15 0.10 θ (rad) 0.5 0.00 0.05 0.5 0.10 1 2 t (s) 3 4 5 0.15 0 1 2 t (s) 3 4 5 ⇔ Y (rad) → L’évolution est, dans tous les cas, périodique. → Pour les oscillations de « grande amplitude » (courbes de gauche), on constate que la période dépend de l’amplitude des oscillations. → Pour les oscillations de « faible amplitude » (courbes de droite), on constate que la période ne dépend pas de l’amplitude des oscillations. On parle d’isochronisme 2π des petites oscillations, la période étant égale à la période propre T0 = . ω0 4.4 × θ̇ θ̇2 2 ! = −ω02 d dt θ2 2 ⇔ d 2 θ̇ + ω02 θ2 = 0 dt La grandeur θ̇2 + ω02 θ2 , appelée intégrale première du mouvement, est une constante dont la valeur est déterminée à l’aide des conditions initiales ; dans le cas présent avec θ̇(0) = 0 et θ(0) = θ0 : !2 θ̇ + θ2 = θ02 θ̇2 + ω02 θ2 = ω02 θ02 ⇔ ω0 ! θ̇ Pour les grandeurs Y = et X = θ, on constate que la trajectoire de phase ω0 est un cercle centré sur l’origine et de rayon θ0 . Les trajectoires de phase pour θ0 = {0, 1; 0, 2; 0.3} (en rad) sont représentées ci-dessous. 0.05 0.0 1.0 0 θ̈ × θ̇ = −ω02 θ d dt Cas des petites oscillations Linéarisation et résolution algébrique Pour des oscillations de « faible amplitude », θ 1 rad, il est possible d’effectuer l’approximation sin θ ' θ. L’équation différentielle prend alors la forme simplifiée : 0.4 0.3 0.2 0.1 0.0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.4 0.3 0.2 0.10.0 0.1 0.2 0.3 0.4 X (rad) θ̈ + ω02 θ = 0 On reconnaît l’équation de l’oscillateur harmonique ; avec les conditions initiales θ(t = 0) = θ0 et θ̇(t = 0) = 0, on en déduit 5 θ(t) = θ0 cos (ω0 t) Lois de Coulomb. Frottement de glissement On considère un objet en contact avec un support. Pour les oscillations de « faible amplitude r», on retrouve l’isochronisme des petites L oscillations à la période propre T0 = 2π . g RN R RT Portrait de phase support On décompose la force de contact exercée par le support sur l’objet en deux composantes : ~ =R ~N + R ~T R Le portrait de phase consiste à représenter θ̇ en fonction de θ. Pour obtenir la relation entre ces deux grandeurs, on multiplie l’équation différentielle par θ̇ selon : 5 ~ N est la composante normale à la surface du support, elle s’oppose à la → R pénétration de l’objet dans le support, elle est orientée du support vers le système. Approche numérique : Exploiter une équation différentielle sans la résoudre analytiquement : analyse en ordres de grandeur, détermination de la vitesse limite, utilisation des résultats fournis par un logiciel d’intégration numérique. ~ T est la composante tangentielle, tangente à la surface du support. Cette → R composante modélise les forces de frottement solide. → Pendule simple. Établir l’équation du mouvement du pendule simple. Justifier l’analogie avec l’oscillateur harmonique dans le cadre de l’approximation linéaire. Établir l’équation du portrait de phase (intégrale première) dans ce cadre et le tracer. Deux situations sont à distinguer : → En l’absence : de glissement ~ ~ RT < µs RN avec µs le coefficient de frottement statique : → En présence de glissement ~ ~ RT = µg RN avec µg le coefficient de frottement dynamique ~ T opposé au vecteur vitesse et R → Lois de Coulomb du frottement de glissement. Exploiter les lois de Coulomb fournies dans les trois situations : équilibre, mise en mouvement, freinage. Formuler une hypothèse (quant au glissement ou non) et la valider. On effectue généralement l’approximation µs = µg = µ0 . En l’absence de frottements µs = µg = 0, la force de réaction se limite à sa composante normale. Applications directes AD 1. Lancer avec frottement fluide. On lance une balle vers le haut avec une vitesse initiale de norme v0 . On suppose que la balle est soumise en plus de son poids à une force de frottement fluide de la forme f~ = −k~v . Donner l’expression de l’instant t auquel la bille atteint son altitude maximale. *********************************************************** Capacités exigibles → Forces. Principe des actions réciproques. Établir un bilan des forces sur un système, ou plusieurs systèmes en interaction et en rendre compte sur une figure. AD 2. Lancer avec frottement solide. Sur une table horizontale, on lance un palet de masse m = 100 g avec une vitesse initiale de norme v0 = 2, 0 m.s−1 . On suppose que l’interaction table-palet est caractérisée par un coefficient de frottement solide µ = 0, 2. Déterminer l’instant auquel le palet s’arrête ainsi que la distance parcourue. → Quantité de mouvement. Établir l’expression de la quantité de mouvement d’un système restreint au cas de deux points sous la forme p~ = m~vG . → Référentiel galiléen. Principe de l’inertie. Décrire le mouvement relatif de deux référentiels galiléens. AD 3. Détermination d’un coefficient de frottement solide. On considère un plan incliné faisant un angle α avec l’horizontale. Un livre est posé sur le plan incliné. On augmente progressivement la valeur de l’angle α et on constate que le livre commence à glisser pour un angle αc = 20◦ . Donner la valeur numérique du coefficient de frottement µ0 . → Loi de la quantité de mouvement. Déterminer les équations du mouvement d’un point matériel ou du centre d’inertie d’un système fermé. → Mouvement dans le champ de pesanteur uniforme. Mettre en équation le mouvement sans frottement et le caractériser comme un mouvement à vecteur-accélération constant. → Influence de la résistance de l’air. Approche numérique : Prendre en compte la traînée pour modéliser une situation réelle. 6