ENVIRONNEMENT Mme Dalila Boudjemaa, ministre de l’Aménagement du territoire et de l’Environnement « L’éducation environnementale est un enjeu du développement durable » L’introduction de l’éducation relative à l’environnement en Algérie s’inscrit dans une stratégie institutionnelle d’éducation à l’Environnement et au développement durable. L’objectif est, d’une part, de diffuser des connaissances et des valeurs pour faire évoluer les mentalités et les comportements vis-à-vis de l’environnement, et, d’autre part, de développer des compétences nécessaires pour participer de façon responsable et efficace à la prévention et à la préservation de la qualité de l’environnement. Par ailleurs, il est question de développer l’esprit critique, d’augmenter la capacité d’attention sur l’environnement tout en privilégiant la pratique du terrain, le travail de groupe, la créativité, l’innovation. Ceci implique une mutualisation, des échanges et une complémentarité entre les différents acteurs à même d’inculquer aux élèves des valeurs pédagogiques et scientifiques pour les faire adhérer aux principes de protection de l’environnement pour un développement durable, condition sine qua non pour améliorer leur cadre de vie. Par Leila BOUKLI Mars 2015 N° 84 El-Djazaïr.com 47 ENVIRONNEMENT El-Djazair.com : L’objectif de la sensibilisation à l’environnement est de favoriser l’émergence de citoyens conscients de leurs responsabilités et actifs dans la conquête d’un développement durable. Quels dispositifs votre département a mis en place? Dalila Boudjemaa : D’abord, ce qu’il faut savoir c’est que l’environnement est surtout une affaire citoyenne, c’est une véritable révolution des mentalités et des comportements. A cet effet, et afin de responsabiliser et de promouvoir les actes écocitoyens, de nombreuses actions de sensibilisation ont déjà été engagées et se poursuivent auprès de tous les publics : décideurs, administrations, structures socio-éducatives, mosquées, associations, mouvement de jeunesse, élus, médias … Chaque petit geste peut être un geste en faveur de la préservation de l’environnement, c’est la raison pour laquelle nous encourageons toutes les initiatives citoyennes et nous les accompagnons au quotidien dans l’optique d’un développement durable et responsable de notre pays. J’insiste sur le fait qu’il est important de convaincre chaque citoyen que l’environnement est l’affaire de tous et que chaque geste compte et pour cela il est nécessaire de sensibiliser, d’informer, d’éduquer l’ensemble des citoyens à la protection de l’environnement. Pour élever le niveau de civisme et développer un comportement éco-citoyen, nous avons impliqué les ONG activant sur le terrain, les médias qui, également, ont un rôle très important à jouer en matière de développement durable notamment la télévision, la radio, acteurs crédibles de l’éducation du grand public à l’environnement dans le cadre d’un développement durable. L’objectif est alors clairement affiché : faire progresser l’esprit de responsabilité afin qu’à la pratique habituelle du chacun pour soi, qui est à la source de toutes les pollutions et nuisances, succède celle, vitale, du chacun pour tous. C’est un «devoir supérieur» pour nous tous afin que nous ne compromettions pas notre droit légitime, et celui des générations futures, à un environnement de qualité. Mais pour réussir, il est aussi nécessaire de changer chaque jour un peu plus nos comportements et tendre ainsi vers l’«écocitoyenneté». 48 El-Djazaïr.com N° 84 Mars 2015 La Sensibilisation à l’environnement pour une écocitoyenneté : une démarche opérationnelle La sensibilisation à l’environnement ne relève pas seulement d’une action centrale : elle doit être concertée, relayée et développée sur le terrain. A cet égard, la mobilisation du plus grand nombre d’acteurs de terrain tout au long de l’année a été pour nous un des éléments déterminants, car, sans une conviction engagée des décideurs, sans une motivation et une implication effective des élus, des responsables locaux et sans une participation active des populations concernées, les objectifs assignés à la stratégie nationale de protection de l’environnement risquent d’être compromis. responsabiliser chaque citoyen vis-à-vis de ces problèmes. Nous sommes tous concernés en tant que citoyens et mis à contribution. L’enjeu est de taille et c’est en cela que l’écocitoyenneté doit faire comprendre aux citoyens les enjeux qui les entourent. El-Djazair.com : Justement, cette grande idée d’«écocitoyenneté» passe par un effort d’éducation et de formation. Qu’avez-vous fait dans ce sens? Dalila Boudjemaa : L’écocitoyenneté n’est pas un concept idéologique ni une simple idée ou encore mieux une simple approche, il s’agit plus d’actions concrètes. Le citoyen a des devoirs envers son environnement, l’environnement dans lequel il vit, il évolue quotidiennement, et de ce fait, il doit se comporter en acteur de la préservation de l’environnement, en effectuant des éco-gestes dans la vie de tous les jours. C’est pourquoi il est impérieux de El-Djazair.com : Lors de vos visites au niveau des wilayas, vous avez toujours fait part de votre attachement à l’Education à l’environnement en milieu scolaire. Pourriez-vous nous expliquer ce qu’elle va apporter et ce qu’elle implique ? ENVIRONNEMENT DalilaBoudjemaa: Effectivement! Je dois tout d’abord souligner que l’éducation à l’environnement en milieu scolaire vise à éveiller les enfants aux enjeux écologiques. Cette dynamique s’inscrit pleinement dans la stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable. En sensibilisant les enfants dès leur plus jeune âge aux écogestes et à la vie en commun, nous leur transmettons des connaissances, une culture qui leur permettront tout au long de leur vie, en tant que citoyens, de comprendre, de décider et d’agir en fonction des enjeux du développement durable, je veux également souligner que l’éducation à l’environnement et au développement durable est par nature émancipatrice, elle développe l’esprit critique, elle est ancrée dans l’environnement réel, et permet d’apprendre le sens des réalités, celui du bien commun. Je crois que donner aujourd’hui davantage d’ampleur à l’éducation à l’environnement, c’est former une nouvelle génération sur les principes et les valeurs de protection de l’environnement et d’amélioration du cadre de vie, et cette mission s’exerce bien entendu dans le cadre d’une démarche partenariale entre notre département ministériel et celui de l’Education nationale. El-Djazair.com : Un mot si vous le permettez sur le processus engagé dans ce domaine ! Dalila Boudjemaa : Le programme du gouvernement a accordé une importance particulière au volet éducation à l’environnement, en tenant compte du caractère stratégique de l’école comme lieu d’apprentissage, pour garantir aux générations futures un développement durable. Pour répondre à votre question, de 2002 à 2005, une phase expérimentale des outils pédagogiques dans les établissements scolaires de El-Djazair.com s’appuie justement l’environnement ? 23 wilayas soit 230 établissements primaires, 115 établissements moyens et 161 établissements secondaires, puis entre 2005-2006, une phase d’extension où 912 établissements scolaires à travers les 48 wilayas du pays ont été dotés en outils pédagogiques. A partir de 2010, l’éducation environnementale a été généralisée à l’ensemble des établissements scolaires (primaire, moyen et secondaire), à travers l’attribution d’outils pédagogiques et la formation des formateurs. La formation a concerné les enseignants et les inspecteurs des trois paliers scolaires (primaire, moyen, secondaire) leur permettant d’acquérir les nouvelles méthodes pédagogiques ; à savoir, la pédagogie de projet, la pédagogie systémique et la pédagogie de résolution des problèmes. Dans ce cadre, des séminaires et des ateliers de formation ont été organisés à travers le pays dont cinq universités d’été qui ont abordé les problématiques relatives à la progression, à la cohérence et à la complémentarité des activités tout au long du cursus scolaire, le rôle de l’éducateur en matière de prise en charge de l’éducation à l’environnement et les outils d’évaluation des comportements acquis. Par ailleurs, des actions de recyclage et de formation ont été lancées concernant les approches pédagogiques de l’éducation environnementale, avec la participation de 200 enseignants. Aujourd’hui, nous voulons former des noyaux durs au niveau de chaque wilaya en vue d’assurer le suivi et l’évaluation du fonctionnement de ce programme au niveau national, ces mesures visent à renforcer les capacités pédagogiques des personnels et à mettre à la disposition des enseignants et des apprenants les instruments didactiques nécessaires pour aborder pleinement la complexité des problèmes environnementaux et envisager des solutions concrètes. : Sur quoi l’éducation à Dalila Boudjemaa : Elle s’appuie sur les activités déjà mises en place par les programmes de l’éducation nationale, des guides ont été élaborés qui offrent une méthodologie innovante et interactive, s’appuyant directement sur les expériences menées et partagées par les enseignants et éducateurs. 101 000 guides de l’éducateur pour les trois paliers de l’éducation nationale, 56 000 mallettes des clubs verts et des livres d’exercices de l’élève ont été mis à la disposition des établissements scolaires. Concernant l’enseignement primaire, le guide suggère une approche pédagogique interactive sensorielle et ludique, basée sur la découverte, un manuel pour l’enseignement moyen qui encourage l’approche collective et proactive et de là, les jeunes apprennent à réaliser un compte rendu ou un exposé à partir des éléments traités et enfin, concernant l’enseignement secondaire, un guide qui expose les lycéens à une réflexion face à la complexité des relations entre les divers acteurs et décideurs des politiques environnementales. Cette nouvelle dimension pédagogique doit permettre de mieux identifier et d’organiser une éducation cohérente et progressive à l’environnement pour un développement durable au bénéfice de tous les élèves, sur l’ensemble de leur parcours de l’école primaire au lycée. Des outils pédagogiques sont également mis à disposition des équipes éducatives impliquées. Les enseignants disposent d’une mallette pédagogique composée de fiches techniques thématiques, d’une charte et d’un livret, il est également fourni aux élèves un cahier complémentaire avec des exercices relatifs aux thématiques traitées. Ces outils favoriseront ainsi une meilleure Mars 2015 N° 84 El-Djazaïr.com 49 ENVIRONNEMENT long du cursus scolaire. Il s’agit bien d’une démarche pédagogique sur le long terme visant à faire évoluer les mentalités et ainsi les comportements vis-à-vis de l’environnement, elle prend également forme lors de moments spécifiques tels que les classes vertes ou clubs verts par exemple. El-Djazair.com : Parlez-nous des clubs verts ? Dalila Boudjemaa : appropriation des connaissances en matière de protection de l’environnement et de l’ouverture de l’école sur la vie. Cette démarche vise à éduquer et à former les jeunes générations à l’écocitoyenneté. El-Djazair.com : Cette expérience s’acquiert, se construit et se pérennise grâce aux projets pédagogiques, et en particulier par les projets des établissements scolaires. L’éducation environnementale pour un développement durable est-elle aujourd’hui ancrée dans toutes les disciplines scolaires ? Dalila Boudjemaa : L’éducation environnementale ne constitue pas une nouvelle discipline, elle est transversale à l’ensemble des disciplines de l’enseignement et cela tout au long de la scolarité, elle est ancrée dans la réalité quotidienne du milieu scolaire, afin d’être vécue par l’ensemble de la communauté éducative qui doit pouvoir y bénéficier par une formation progressive tout au En fait, le club vert est cet espace pédagogique qui permet de faire de l’école, du collège et du lycée, des espaces dans lesquels l’émergence de nouveaux comportements devient une réalité et une culture partagée, il constitue le lieu de découverte de la nature et d’échanges d’informations sur la protection de l’environnement, et justement en vue de généraliser ces initiatives autour de la nature et de la biodiversité, que nous avons créée et renforcé ces «coins nature» dans les établissements scolaires, un noyau de formateurs s’est constitué autour des projets d’action éducative en vue de l’échange de leurs expériences et d’une formalisation des objectifs et des écopratiques. Les sorties scolaires dans la nature constituent des moments forts pour les élèves. Des outils de jardinage, de recyclage des déchets… et autres actions spécifiques sont mis en place, pour permettre aux jeunes une meilleure compréhension des messages sur la protection de l’environnement et pour accompagner leurs enseignants dans la diffusion des connaissances liées à l’écologie. Notre objectif est de développer la conscience des élèves, afin que demain ils puissent avoir conscience des impacts sur leur environnement, mais aussi et surtout leur donner la volonté et la capacité d’agir pour le protéger. El-Djazair.com : Dès lors, doit-on promouvoir et développer l’éducation à l’environnement et au développement durable seulement au niveau des établissements scolaires, ou devonsnous la développer à tous les publics ? Dalila Boudjemaa : D’abord, je me L’Education Environnementale pour un Développement Durable EEDD) : Impulser le changement et la participation 50 El-Djazaïr.com N° 84 Mars 2015 réjouis que l’éducation à l’environnement et au développement durable ait fait son entrée dans l’éducation nationale, mais au-delà d’une démarche éducative limitée à l’école et à un public qu’est l’élève, la société civile a un rôle fondamental à jouer dans cette éducation, la société civile s’implique de plus en plus dans cette politique vitale pour l’avenir du pays et de ses enfants. Pas moins de 400 associations pour la protection de l’environnement ont essaimé à travers le territoire national, cette attention portée aux problématiques de la préservation de l’environnement est louable en soi, certaines d’entre elles font un travail fort efficace sur le terrain et ont mené beaucoup d’actions que nous saluons. Ces associations ont un rôle moteur et majeur dans l’éducation à l’environnement, elles apportent leur contribution pour relever les grands défis environnementaux ; c’est pourquoi, je veillerai à la mise en œuvre la plus complète et la plus large de la feuille de route qui consiste à mobiliser le plus grand nombre d’acteurs de terrain tout au long de l’année qui est l’un des éléments déterminants pour la poursuite de la mise en œuvre des objectifs assignés à la stratégie de protection de l’environnement. Il apparaît clairement aujourd’hui que la notion d’éducation englobe celles d’information, de sensibilisation, de prise de conscience et enfin de changement de comportements de tous les citoyens et c’est sur la base de ce postulat que la dimension environnementale est aujourd’hui inscrite au sein de toutes les politiques publiques et en direction de tous les publics. L. B. ENVIRONNEMENT Une pièce théâtrale pour sensibiliser L a pièce de théâtre, Nimby, takhti rassi qui se veut un plaidoyer en faveur de l’écologie, écrite et mise en scène par Mahfoud Fellous, est un appel pour un nouveau mode de citoyenneté, basé sur l’adoption de comportements respectueux de la nature. La trame de la pièce, alliant l’humour et la science, est basée essentiellement sur la pédagogie pour expliquer les concepts scientifiques liés à la protection de l’environnement. D’une durée de quatre-vingt minutes, elle aborde des aspects liés à l’écologie, à l’utilité des centres d’enfouissement technique, aux changements climatiques. L’auteur a choisi l’humour, un style mêlant comédie et tragédie, pour vulgariser les concepts de protection de l’environnement. La pièce expose le cas d’un citoyen, Merzak, soudainement contrarié dans sa transaction immobilière par un projet environnemental d’utilité publique, en l’occurrence un centre d’enfouissement technique des déchets ménagers. Pris de panique et méconnaissant totalement les voies de recours prévues par le droit algérien, il décide d’en « découdre à sa façon». S’ensuivent alors des quiproquos et rebondissements, jusqu’à l’arrivée de Brahim, un jeune spécialiste des questions environnementales. Le délégué pour l’environnement : sensibilisation dans l’entreprise S a désignation est une obligation par la loi relative à la protection de l’environnement dans le cadre du développement durable. Pour la première fois, chaque exploitant d’une installation classée soumise à autorisation désigne, parmi les cadres de l’entreprise, une personne ressource ayant une compétence en matière de protection de l’environnement qui constitue l’interface entre les autorités, l’entreprise et le citoyen en matière d’information, de sensibilisation, de conseil et de communication sur les questions relatives à l’impact généré sur l’environnement par l’activité de l’entreprise. Le délégué pour l’environnement est chargé : • d’élaborer et de tenir à jour l’inventaire des pollutions de l’établissement concerné (effluents liquides, gazeux, déchets solides, nuisances acoustiques) et de leurs impacts, • de contribuer, pour le compte de l’exploitant, à la mise en œuvre des obligations environnementales de l’établissement classé concerné, prévues par les dispositions législatives et réglementaires en vigueur, • d’assurer la sensibilisation du personnel de l’établissement classé en matière d’environnement Mars 2015 N° 84 El-Djazaïr.com 51 ENVIRONNEMENT Le Train de l’environnement, une méthode inhabituelle pour éveiller l’intérêt du public L e Train de l’environnement est une exposition sur les questions d’environnement et la politique nationale menée dans ce domaine. Installée dans des wagons, cette « galerie » s’est promenée sur l’ensemble du réseau ferroviaire algérien pendant cinq mois ; elle s’est arrêtée dans 23 villes et a touché plus d’un million de personnes. Deux objectifs clairs : • présenter au public algérien quatre questions environnementales : l’environnement urbain, la biodiversité, l’environnement industriel et l’éducation à l’environnement, • informer le public de la politique nationale de l’environnement. Quatre wagons ont été aménagés pour présenter les quatre thèmes retenus. On pouvait y découvrir une exposition, une présentation vidéo ainsi que du matériel d’éducation et d’information, tel que des brochures. A l’extérieur, les wagons étaient décorés de dessins illustrant chaque thème. Mode de transport relativement propre, le train était le moyen de toucher les habitants des villes des quatre coins de l’Algérie, notamment des régions enclavées du sud, sans nuire à l’environnement. Le train restait entre trois et dix jours dans chaque ville et l’entrée était gratuite. Les visiteurs étaient guidés par une équipe de bénévoles dynamiques qui ont contribué à rendre l’exposition vivante et à sensibiliser le public aux problèmes abordés. Des ONG et des municipalités ont profité du lieu idéal offert par les gares pour organiser des événements et des animations en marge de l’exposition. Ces initiatives ont trouvé un large écho dans les Suite aux recommandations des différentes conférences internationales organisées par l’Unesco en collaboration avec le programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) sur l’éducation à l’environnement, particulièrement celle de Tbilissi en 1977, de Rio de Janeiro en 1992 et aux recommandations de la Commission nationale algérienne de la réforme du système éducatif, un protocole d’accord a été signé entre le ministère de l’Aménagement du territoire et de l’Environnement et du ministère de l’Education nationale. Ce protocole d’accord vise l’élaboration et la mise 52 El-Djazaïr.com N° 84 Mars 2015 médias locaux. Le travail de la presse régionale a été complété par une campagne nationale, notamment la télévision indiquant l’itinéraire du train. La campagne a été une réussite à tous les niveaux, un succès auprès du public, notamment des jeunes. Plus d’un million de personnes ont profité de l’exposition, des répercussions au niveau des collectivités locales et dans le secteur privé ont été considérables. en œuvre d’un programme de renforcement de l’éducation environnementale pour le développement durable dans le cursus scolaire et la création d’activités complémentaires à travers les clubs verts des établissements d’enseignement. Sur le plan institutionnel, une commission interministérielle (Education nationale, Aménagement du territoire et Environnement) et des comités pédagogiques veillent pour la conception d’outils pédagogiques qui constituent les supports didactiques à l’éducation environnementale pour le développement durable. ENVIRONNEMENT La modulothèque : espace de sensibilisation et de découverte I nteractive et itinérante, la modulothèque est un espace de sensibilisation et de découverte sur un thème donné. Conçue sous forme d’activités ludiques à réaliser et favorisant le questionnement, elle propose des mises en situation aux utilisateurs ainsi que des explications et des informations sur les sujets traités. Au total, la modulothèque propose 15 activités à réaliser relatives à la terre et le soleil, à l’habitat, au bio, à l’eau, à la pollution, aux énergies renouvelables, au gaz et au pétrole. Elle contient ainsi, le matériel nécessaire pour réaliser des expériences tout en expliquant les thèmes proposés ou choisis. Les modulothèques ont été conçues pour l’itinérance et ne nécessitent pas de logistique lourde – le mobilier est composé de 8 tables qui se montent par emboîtement. Leurs activités sont principalement destinées aux enfants âgés entre 6 et 16 ans en vue d’acquérir des connaissances, entre autres, sur la biodiversité et les changements climatiques. Le but étant d’inculquer aux élèves des trois cycles la culture environnementale et le civisme. Maisons de l’environnement : la mise en réseau pour une écocitoyenneté I nstallées au niveau des 48 wilayas, les maisons de l’environnement bénéficient d’un extraordinaire terrain pédagogique. C’est un lieu vivant d’initiation et d’éducation à l’environnement qui accueille le grand public et les scolaires lors d’animations, conférences, expositions, actions pédagogiques. C’est un espace d’échanges, où se développent des partenariats avec les associations d’éducation à l’environnement, les milieux universitaires et de la recherche, et un pôle d’informations et de conseils sur l’environnement qui répondent aux questions écologiques, proposent des expositions itinérantes, conférences et ateliers pour les enfants, des actions pédagogiques pour les établissemsnts scolaires, des documents pédagogiques, scientifiques, éducatifs… Ses objectifs : • Promouvoir et généraliser une gestion responsable, individuelle et collective des ressources naturelles • Permettre à tous l’accès aux données et informations environnementales • Promouvoir les politiques environnementales de ses adhérents • Faire comprendre en quoi toute activité humaine a un impact sur l’environnement. Mars 2015 N° 84 El-Djazaïr.com 53 ENVIRONNEMENT Le premier jardin thérapeutique en Algérie : lieu de haute thérapie P lacé sous le thème « Le jardin est un lieu de haute thérapie », un projet de réalisation du premier jardin thérapeutique pour les malades, a été lancé au niveau de l’hôpital de Ben Aknoun par le CNFE. Cette nouvelle réalisation qui consiste, entre autre, en la création d’espaces verts protégés destinés essentiellement aux personnes handicapées, aura pour objectif de promouvoir le jardinage sous ses aspects thérapeutiques et humanitaires dans l’ensemble des hôpitaux d’Algérie. Il s’agit de permettre aux malades, malgré leurs handicaps, de se maintenir en activités, grâce à une thérapie basée sur la culture des plantes qui va contribuer à réduire leur stress et à leur rendre l’espoir. Le jardin, qui sera doté d’une capacité d’accueil de 25 à 30 personnes par jour, vise également à aider les malades à affronter les difficultés de la vie ou à recouvrer une santé, grâce à un équilibre intérieur retrouvé avec le contact direct avec la terre. Ce projet consiste à installer des bacs surélevés de culture afin de permettre aux malades de jardiner assis ou debout en hors sol, de mettre en place des allées dallées qui facilitent l’accès en fauteuil roulant vers tous les coins du jardin, d’installer une fontaine d’eau et une pergola, un espace agréable qui accueillera les familles des malades et de mettre en place de bacs surélevés destinés à semer des plantes aromatiques et médicinales utiles pour des infusions et qui seront intercalés par des arbres fruitiers. Les mosquées contribuent à la campagne de sensibilisation La mosquée, considérée comme l’une des institutions vivantes, offre un forum dynamique capable d’atteindre toute la population. Informés, sensibilisés à l’environnement, les imams et morchidate sont à même d’inciter les adeptes de la mosquée à la propreté, un élément qui constitue une branche de la foi liée à l’ensemble des valeurs religieuses et esthétiques citées par le Coran à travers plusieurs versets. Un livret inspiré des textes du Coran qui visent à sauvegarder, à promouvoir et à exploiter l’environnement d’une manière rationnelle et écologique a été élaboré et diffusé. Un plan d’actions mis en œuvre à travers notamment la prière télévisée consacrée à la protection de l’environnement ; au même moment les 15 000 mosquées réparties sur le territoire national prêcheront sur le même sujet. Sur le plan médiatique, toutes les émissions religieuses télévisées et radiophoniques traiteront de la question de l’environnement durant une semaine. 54 El-Djazaïr.com N° 84 Mars 2015 ENVIRONNEMENT La promotion de l’éducation environnementale L ’éducation environnementale est un outil fondamental pour le développement d’une éco-citoyenneté aussi bien chez les jeunes que chez les adultes. Pour se mettre en harmonie avec cet outil, le CNFE organise plusieurs sessions de formation traitant des thèmes relatifs à l’éducation environnementale à savoir : l’éducation environnementale pour un développement durable, les techniques d’installation et d’animation des clubs verts, l’expression théâtrale ainsi que les techniques de jardinages scolaires. Ces formations ont été initiées pour permettre aux animateurs des clubs verts, les animateurs des maisons de la jeunesse et des sports, les scouts musulmans algériens et les associations de renforcer leurs capacités et d’encourager le développement des idées en matière d’éducation environnementale. Il s’agit aussi d’amener les apprenants à adopter de nouveaux comportements pour la préservation de l’environnement et la sauvegarde des ressources naturelles pour la généralisation de l’éducation environnementale. Plusieurs wilayas du territoire national ont bénéficié de ces formations. Il convient de souligner que ces formations ont été encadrées par des experts ayant des compétences et des connaissances avérées dans les domaines de « l’éducation environnementale ». Cette démarche, pour être efficace doit se poursuivre et s’améliorer par les critiques et les observations des apprenants comme des formateurs. Le jardin partagé : quand le jardinage devient un outil privilégié dans les programmes de l’éducation environnementale U n jardin partagé est un jardin qui se conçoit, se construit, et se cultive collectivement dans une démarche écologique. « Le rôle des jardins partagés dans le développement durable en milieu urbain» a été présenté par le Conservatoire national des formations à l’environnement, établissement sous tutelle du ministère de l’Aménagement du territoire et de l’Environnement qui a obtenu le deuxième prix, grâce à ce projet pilote de jardin partagé de la cité AADL de Boumâati, commune d’El Harrach (wilaya d’Alger). Ce projet a permis de mettre en relief le rôle du jardinage pédagogique dans l’éducation à l’environnement, son importance dans le développement de relations sociales entre les différentes catégories d’âges, de métiers, ainsi que le partage des activités dans un environnement convivial et enfin, la réalisation d’expérimentations de production de différentes cultures impliquant des enfants. Mars 2015 N° 84 El-Djazaïr.com 55 ENVIRONNEMENT Le Conservatoire national des formations à l’environnement (CNFE) E tablissement public à caractère industriel et commercial, placé sous la tutelle du ministère de l’Aménagement du territoire et de l’Environnement, créé par décret n°02-263 du 17 août 2002, il dispose de 49 annexes sur tout le territoire national, appelées « Les Maisons de l’environnement ». Les Maisons de l’environnement sont chargées de la mise en œuvre à l’échelle locale des missions attribuées au CNFE. Ce sont des lieux privilégiés de rencontres et d’expression de tous les acteurs de la vie économique, sociale et culturelle de leurs wilayas. Le CNFE a pour missions de former, d’éduquer et de sensibiliser l’ensemble des acteurs sociaux et économiques aux questions de l’environnement. Formation : - Dispenser des formations spécifiques au domaine de l’environnement au profit de tous les intervenants publics ou privés, - Développer des actions spécifiques de formation des formateurs Sensibilisation : -Faire réagir les différentes populations aux problématiques de l’environnement notamment la pollution sous toutes ses formes et la gestion inconsidérée des ressources naturelles. Education à l’Environnement pour un développement durable : Eduquer les plus jeunes aux problématiques de l’environnement puisqu’ils constituent le vecteur principal de transmission des bonnes pratiques aux générations futures en vue de pérenniser l’écocitoyenneté. Formation : 8000 personnes formées dans le domaine de la protection de l’environnement Un effectif de 8000 personnes a été formé dans le domaine de la protection de l’environnement pour la période 2010-2014, par le Centre national des formations à l’environnement (CNFE). Trente thématiques liées à la protection de l’environnement dans le cadre de la mise en œuvre du plan d’action pour le renforcement des capacités nationales en matière de gestion environnementale réparties en 260 sessions de formation et de qualification au profit de toutes les catégories à différents niveaux, visent également à «favoriser le développement et l’émergence des compétences». Ces formations ont touché tous les partenaires et les acteurs clés, à l’instar des gestionnaires des centres d’enfouissement technique, de la police de l’urbanisme et de l’environnement, de la Gendarmerie nationale, des magistrats et des agents communaux chargés des questions environnementales, les fonctionnaires, les inspecteurs de l’environnement. 56 El-Djazaïr.com N° 84 Mars 2015 ENVIRONNEMENT Deux institutions et une association algérienne lauréates du concours organisé par la Ligue arabe sur la gestion environnementale D eux institutions sous tutelle du ministère de l’Aménagement du territoire et de l’Environnement et une association de protection de la nature se sont distinguées lors de la sixième session du concours de la Ligue arabe sur la gestion environnementale en 2014. Ce concours qui a vu la participation de 96 candidats issus de plusieurs pays arabes a été l’occasion pour les candidats algériens de montrer les avancées réalisées en matière de sensibilisation et d’éducation à l’environnement en Algérie. Trois expériences algériennes ont, en effet, obtenues les faveurs du jury : 1. Le rôle des jardins partagés dans le développement durable en milieu urbain présenté par le Conservatoire national des formations à l’environnement, établissement sous tutelle du ministère de l’Aménagement du territoire et de l’Environnement qui a obtenu le deuxième prix, grâce à ce projet pilote de jardin partagé de la cité AADL de Boumâati, commune d’El Harrach (wilaya d’Alger). Ce projet a permis de mettre en relief le rôle du jardinage pédagogique dans l’éducation à l’environnement, son importance dans le développement des relations sociales entre les différentes catégories d’âges, de métiers, ainsi que le partage des activités dans un environnement convivial et enfin, la réalisation d’expérimentations de production de différentes cultures impliquant des enfants. 2. Le troisième prix a été attribué au Centre national des technologies de production propre, un autre organisme sous tutelle du ministère de l’Aménagement du territoire et de l’Environnement, pour « le Guide du délégué de l’environnement » utilisé par les entreprises du secteur industriel, notamment sur le volet gestion et normes environnementales. 3. L’association de bienfaisance « Amidoul » de la wilaya de Ghardaïa, présidée par le Dr. Ahmed Noh Elhadj, a été classée première à ce concours, grâce à une idée originale d’un «Bâtiment socio-environnemental». Ce concours est organisé tous les deux ans, il offre aux lauréats des prix d’encouragement et vise à inculquer et à adopter la gestion environnementale dans le monde arabe, il a pour objectif, également, d’enraciner les principes et les bonnes méthodes de la gestion environnementale. Mars 2015 N° 84 El-Djazaïr.com 57 ENVIRONNEMENT La recherche scientifique dans le domaine de l’environnement P our bien mesurer l’ampleur des problèmes écologiques en Algérie et pouvoir proposer des solutions aussi efficaces que pérennes, il s’est avéré important de placer la problématique environnementale dans le contexte général du modèle de développement économique et social suivi par le pays et de relier la « transition environnementale » ainsi envisagée à la « transition économique » dans laquelle le pays est engagé, et l’un des moyens pour y parvenir est la recherche scientifique. En anticipant les problèmes, en clarifiant les enjeux et en proposant des solutions, elle fournit une matière essentielle et des éclairages irremplaçables aux décisions des acteurs sociaux et des politiques. Le volet recherche constitue un aspect essentiel de la stratégie nationale environnementale. Avec l’installation du Conseil scientifique dans le secteur, la recherche dans le domaine de l’environnement a connu une dynamique toute particulière qui abouti à la mise au point d’un programme de recherche focalisé sur les préoccupations majeures du secteur de l’environnement. Le ministère de l’Aménagement du territoire et de l’Environnement est déterminé à investir dans la recherche dans les domaines liés à l’environnement à renforcer la recherche scientifique dans le domaine de la préservation de l’environnement, pour le développement de connaissances et la production de données scientifiques qui permettront une meilleure connaissance de l’état des lieux et des enjeux environnementaux dans notre pays. C’est dans cet esprit qu’une convention de coopération entre le MERS et le MATE a été signé, à l’effet d’établir ce partenariat entre nos deux institutions et qui vise à densifier les échanges et valoriser le potentiel de recherche dans notre pays pour relever les défis que posent la préservation et la protection de l’environnement et du 58 El-Djazaïr.com N° 84 Mars 2015 patrimoine naturel pour les générations présentes et futures. En effet, la recherche dans le domaine de l’environnement a connu une dynamique toute particulière qui a abouti à la mise au point d’un programme focalisé sur les préoccupations majeures du secteur de l’environnement. C’est ainsi que 145 projets de recherche au service de l’environnement dont 100 projets concernant l’eau, les déchets, le littoral, la dépollution industrielle et l’éducation environnementale et 45 projets concernant les biotechnologies ont été mis au point en relation avec les chercheurs de toutes les universités algériennes. Le Prix national de l’environnement a été attribué à trois chercheurs algériens université de Constantine, l’Institut agronomique d’ElHarrach et l’association de recherche sur les changements climatiques (Oran) La finalité étant de traduire ces recherches dans la réalité et en faire bénéficier le secteur économique et la société algérienne de plus en plus préoccupée par les questions environnementales. Les axes de coopération et de collaboration entre le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique et le ministère de l’Aménagement du territoire sont divers et portent particulièrement des thèmes fédérateurs : les matières premières renouvelables, le recyclage, les matériaux avancés, les changements climatiques, la chimie pour l’énergie, les procédés écoefficients et l’éco-conception. La recherche scientifique devra permettre d’appréhender les conséquences du changement à venir sur les activités humaines, la santé (risque de développement ou de déplacement de certaines pathologies) et sur les milieux naturels (eaux, cultures, forêts, biodiversité) pour permettre la formulation de stratégies d’adaptation, la promotion des technologies à faible teneur en carbone, et mieux positionner l’Algérie dans ce marché en émergence.