le Bulletin scientique de l’arapi - numéro 21 - printemps 2008 17
Résumés des conférences
ce qui se traduit par le remplacement de personnel blessé
et la perte de productivité des employés blessés par des
troubles du comportement.
Marc Tassé tient à s’arrêter ensuite sur le problème de
stress rencontré par la famille à cause des comportements
problématiques en s’appuyant sur une étude menée par
Lecavalier et ses collègues (2006) auprès d’enfants at-
teints de TED, âgés de 3 à 18 ans. Cette étude a pour
objectif d’évaluer le niveau de stress présent chez les pa-
rents mais aussi chez les enseignants et d’identier les
corrélations de ce stress.
Les chercheurs ont comparé le stress des parents et celui
des enseignants à une grille de comportements problé-
matiques, Grille d’Evaluation Comportementale pour
Enfants Nisonger (GECEN) (Tassé et al., 2000) ; il s’agit
d’une échelle de type check-list qui a deux composan-
tes, l’une, compétences sociales, l’autre, comportements
problématiques. Les chercheurs ont d’abord demandé
aux enseignants quelles étaient leur connaissances sur les
concepts de l’ABA et celles des TED, an de corréler
l’auto-rapport des enseignants à leur niveau de stress.
Il ressort de cette étude que plus l’enfant a un faible ni-
veau de comportement adaptatif, plus le stress parental
est élevé, et inversement. La présence de troubles des
conduites – (forme de troubles du comportement) du sty-
le agression, refus de coopérer – corrèle fortement avec
le stress des parents, ainsi que les rituels, l’anxiété, l’hy-
peractivité, l’automutilation, etc.
Chez les enseignants, on constate sensiblement la même
chose que chez les parents. On remarque également une
corrélation entre les connaissances des enseignants sur
l’ABA et sur les TED et leur stress : mieux l’enseignant
connaît ces concepts, moins le stress est élevé.
3- Evaluation fonctionnelle
des troubles du comportement
L’auteur traite, dans une troisième partie, de l’évaluation
et commence par poser la question de savoir pourquoi les
parents et les enseignants ne sont pas toujours d’accord
sur l’évaluation du comportement. Il précise que cela
n’a rien d’étonnant puisqu’il s’agit de deux contextes
différents, avec des attentes très différentes. Les études
d’Achenbach montrent que ce ne sont pas des informa-
tions qui s’opposent, mais plutôt des informations qui se
complètent. Donc pour obtenir une évaluation globale
des comportements, il faut évaluer les contextes et la sur-
venue des comportements dans ces différents contextes.
Les comportements ont souvent des fréquences et des in-
tensités différentes selon le contexte, ce qui signie que
ces comportements auraient donc des fonctions différen-
tes par rapport au contexte dans lequel ils se manifes-
tent.
Marc Tassé nous présente les résultats d’une étude qui
compare un groupe d’enfants avec autisme et un sans
autisme. Après appariement en âge, en sexe et en QI, il
a été constaté que, au niveau des comportements problé-
matiques et des compétences en terme de différences en-
tre le groupe TED et non TED, le prol des parents et des
enseignants est relativement similaire.
Lorsqu’on tente d’utiliser une méthode d’analyse discri-
minante pour identier un enfant avec ou sans TED, on
remarque que, sur base de l’information fournie par les
parents, la précision est de 81% et que sur celle des en-
seignants, la précision s’élève à 85,5%. Il semble donc
nécessaire d’allier les deux informations qui fournissent
ensemble une information plus précise.
Marc Tassé terminera
son exposé en discutant
de l’évaluation de la
fonction des comporte-
ments problématiques,
il parlera d’évaluation
fonctionnelle complète,
globale, ou « multimo-
dale ». Il est important
de ne pas considérer le
comportement problé-
matique comme étant
uniquement inuencé par des antécédents et des consé-
quences mais comme étant aussi dû à des problèmes de
santé physique, de santé mentale, de médication, etc.
L’auteur insistera, dans cette partie, sur un domaine qui
est souvent sous-évalué et mal compris : la douleur (pro-
blème de dentition, de digestion,...) qui va déclencher ou
maintenir un trouble du comportement, freinant donc le
diagnostic et l’évaluation.
Marc Tassé s’appuie sur une étude de Horner pour expli-
quer que, de nos jours, avant d’intervenir sur un compor-
tement, on va toujours chercher à connaître la fonction
de celui-ci.
L’auteur souligne également l’importance d’intervenir le
plus tôt possible car si ce n’est pas le cas, alors les com-
portements problématiques vont persister à l’âge adulte
et il sera encore plus compliquer de les éviter.
En résumé, Marc Tassé suggère qu’il est nécessaire de
bien dénir ce qu’est un trouble du comportement, an
de pouvoir mieux les identier et donc pouvoir mieux
intervenir.
A la question « C’est quoi l’intervention à recommander
dans telle ou telle situation ? », Marc Tassé répond : « Je
n’en ai aucune idée ». Il explique que c’est comme si
quelqu’un allait chez le docteur et qu’il lui demandait
un traitement sans lui avoir expliqué les symptômes de
sa maladie et sans qu’il l’ait ausculté. Il est donc essen-
tiel de faire une bonne évaluation fonctionnelle globale,
avant d’envisager un plan d’intervention.
Il ne faut pas oublier non plus d’obtenir des informations
de sources multiples : les parents, les intervenants, les en-
seignants, la fratrie, parfois les pairs...
Finalement, il tient à rappeler qu’on parle souvent de
soutien à la personne, mais qu’il ne faut pas oublier le
Les comportements ont
souvent des fréquences et des
intensités différentes selon le
contexte, ce qui signie que
ces comportements auraient
donc des fonctions différentes
par rapport au contexte dans
lequel ils se manifestent.
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