Sevrage de la ventilation 471
2.
ARGUMENTS CLINIQUES DU RECOURS A LA VNI POST-EXTUBATION
2.1. SEVRAGE DE LA VM ET IRA POST-EXTUBATION
La VM est associée à la survenue de multiples complications, en particulier infec-
tieuses nosocomiales, dont l’incidence augmente avec la durée de l’intubation. La
réduction de la durée de VM doit donc constituer l’une des préoccupations quotidien-
nes du médecin réanimateur.
La durée de VM va non seulement dépendre du terrain et de la pathologie aiguë
sous-jacente mais aussi de la conduite du sevrage et des autres procédures associées par
le clinicien. De plus, la prédiction de l’issue du sevrage et de l’extubation peut s’avérer
difficile malgré les nombreux critères dont nous disposons. Ainsi, près de 25 % des
patients ventilés mécaniquement en réanimation peuvent présenter des difficultés de
sevrage [8, 9]. Ce sevrage difficile, fonction de la pathologie sous-jacente (IRC, patho-
logie cardiovasculaire ou neurologique, chirurgie thoracique ou abdominale haute), peut
concerner près de 40 % des patients BPCO [10] et représenter jusqu’à 41 % de la durée
totale de VM [11]. Quel que soit le terrain, la durée de VM semble pouvoir actuelle-
ment être réduite, d’une part en fonction de la technique de sevrage utilisée et de ses
modalités d’application [8, 9], d’autre part par l’application de protocoles standardisés,
non seulement pour le sevrage ventilatoire [12] mais aussi pour les modalités de séda-
tion [13] et de désédation [14]. A l’opposé, un sevrage difficile, des difficultés
d’extubation mal appréhendées ou une extubation trop précoce exposent au risque de
réintubation grevée d’une mortalité non négligeable (30 à 40 %) qui apparaît étroite-
ment liée au délai de réintubation [15]. Le risque d’auto-extubation, volontaire ou
accidentelle, chez 3 à 16 % des patients intubé-ventilés de réanimation peut également
nécessiter une réintubation dans 37 % des cas, mais la non-réintubation observée dans
63 % des cas restants traduit aussi certainement un retard d’appréciation du sevrage et
de l’extubation, et donc une prolongation inutile de la VM [16]. Enfin chez les patients
chirurgicaux, il peut apparaître vital d’éviter une intubation prolongée ou une réintuba-
tion en particulier au décours d’une chirurgie thoracique [17].
L’ensemble de ces éléments, directement ou indirectement liées à la VM, consti-
tuent autant de facteurs à prendre en compte pour améliorer le pronostic clinique des
patients et l’impact médico-économique de la VM dans les services de réanimation. Si
le principal objectif de la VNI est d’assurer une ventilation alvéolaire et une oxygéna-
tion efficaces en l’absence de tout dispositif endotrachéal, ce bénéfice clinique est
maintenant reconnu dans la prise en charge initiale de l’IRA notamment hypercapni-
que [1]. Dans cette indication, la VNI permet effectivement non seulement d’améliorer
les échanges gazeux, mais également d’éviter l’intubation dans 60 à 70 % des cas, de
réduire les complications et la durée de VM, et de diminuer la durée d’hospitalisation
chez des patients BPCO sélectionnés [1]. Il apparaît également de mieux en mieux
établi qu’une stratégie de ventilation incluant la VNI, lorsqu’elle est efficace, permet
non seulement de réduire l’incidence des pneumopathies mais aussi celle des autres
infections nosocomiales ainsi que la mortalité des patients [18]. En dehors de l’IRA des
BPCO, l’efficacité clinique de la VNI a également été démontrée au cours de l’œdème
aigu pulmonaire (OAP) cardiogénique dans sa forme hypercapnique, mais reste encore
discutée dans la prise en charge des IRA hypoxémiques pures [1].
Dans ces conditions, il peut apparaître pertinent et potentiellement bénéfique sur un
plan médico-économique de proposer le recours à la VNI, non plus à la phase initiale
de l’IRA, mais au moment du sevrage lorsque la VM s’est imposée afin de réduire la
durée d’intubation tout en délivrant une assistance ventilatoire efficace, ou afin de pré-
venir ou d’éviter la réintubation en cas d’IRA post-extubation.