Contrôle commun de physique décembre 2016
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Etude de document
Turbulences : le nombre de Reynolds et le paradoxe de D’Alembert
Le nombre de Reynolds, du nom d’un grand scientifique anglais, est le rapport UL/ν, où U est une
valeur typique de la vitesse de l’écoulement, L une longueur caractéristique et ν la viscosité cinématique du
fluide. A bas nombre de Reynolds, on a ce que l’on appelle un écoulement laminaire, tel par exemple
l’écoulement autour d’une sphère en translation uniforme dans un fluide au repos à l’infini. Lorsqu’on
augmente ce nombre de Reynolds, l’écoulement devient dépendant du temps, pour atteindre un état de
turbulence développée aux très grandes valeurs. Autour d’une voiture rapide ce nombre de Reynolds vaudra
typiquement 10
4
-10
5
, et bien davantage autour d’un avion de ligne.
R
EYNOLDS
avait montré que deux écoulements de même nombre de Reynolds et dans lesquels les
géométries sont homothétiques sont en fait les mêmes à des transformations d’échelle près. Cette grande et
simple idée est celle qui permet de faire des essais en soufflerie avec des modèles réduits : diminuant la
taille, on a le même nombre de Reynolds en accélérant l’écoulement dans un facteur inverse de la réduction
des longueurs, si le fluide a la même viscosité. […]
Une tentation à laquelle il ne faut pas céder serait de simplement annuler la viscosité si le nombre de
Reynolds est grand. On retrouve alors un des grands paradoxes de l’histoire des sciences, le paradoxe de
d’Alembert. Dans une limite qui peut s’interpréter comme celle d’une viscosité nulle les Principia de
N
EWTON
(1686) montrent qu’un objet se déplaçant dans un fluide est soumis à une résistance proportionnelle
au carré de sa vitesse, une loi qui se vérifie avec une bonne précision. Cette loi fait apparaître le fameux C
x
,
qu’on essaie d’abaisser en profilant les voitures. La traînée est proportionnelle au produit de la surface
frontale par la densité massique du fluide et par le carré de la vitesse relative par rapport au fluide. Le
coefficient de proportionnalité, un nombre sans dimension, est le C
x
(x parce que c’est la force selon l’axe
des x, direction du déplacement).
Cette loi de Newton explique bien pourquoi une voiture consomme bien davantage lorsqu’on passe
d’une vitesse moyenne de 90 km/h à 130 km/h : la traînée augmente comme le carré de la vitesse, de même
que l’énergie dépensée pour un parcours donnée ! Or d’A
LEMBERT
montre que la solution des équations des
fluides parfaits (des équations d’Euler) donne un C
x
exactement nul. Un résultat qui semble en contradiction
à la fois avec l’expérience et avec N
EWTON
, ce qui est beaucoup ! Le lien entre ce paradoxe de d’Alembert et
la réalité physique reste une question mal comprise.
(extrait de P
OMEAU
Y., Chaos et turbulence, Le Bup, juin 2005, n° 875)
Remarque :
5 points seront attribués à la qualité de l’expression, de la syntaxe et de l’orthographe.
Questions :
1- Citer quatre scientifiques qui ont étudié l’écoulement des fluides.
2- De quels paramètres, la traînée F d’un milieu fluide dépend-elle ? Exprimer F par une formule.
3- Parmi les paramètres cités, quels sont ceux qui peuvent être modifiés par la forme de l’objet en
mouvement ?
4- Combien de fois, la traînée augmente-t-elle lorsque la voiture passe d’une vitesse moyenne de 90 km/h à
130 km/h ? Justifier.
Expliquer pourquoi ce résultat permet d’expliquer pourquoi une voiture consomme bien d’avantage à 130
km/h qu’à 90 km/h.
5- Déterminer la dimension (l’unité) du nombre de Reynolds en sachant que la viscosité cinématique
s’exprime en m
2
/s.
6- Comment appelle-t-on un écoulement qui ne dépend pas du temps ? Comment peut on qualifier un
écoulement qui dépend du temps ? Donnez deux exemples où l’on a ce second type d’écoulement.
7- On construit une maquette de voiture à l’échelle 1 : 6. Comment faut-il régler la vitesse de la soufflerie
pour obtenir un écoulement équivalent à celui de la vitesse réelle de 60 km/h ? Justifiez la réponse.
8- En quoi le paradoxe de d’Alembert consiste-t-il ? A-t-on résolu ce paradoxe ?