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Le SCRO d'ENRIQUE PICHON-RIVIERE :
un outil pour la formation
1. Introduction
Utilisant depuis plusieurs années les apports puissants d'E. PICHON-RIVIERE dans le domaine
de la formation (praxis, dialectique, interscience, cône inversé, grupo operativo, etc.), j'ai remarqué
que j'avais longtemps tenu à distance son concept de « SCRO ». Ce sont les membres d'un groupe
de formation qui m'ont permis d'en prendre conscience « mais enfin, comment peux-tu parler du
cône inversé sans utiliser le SCRO !». Pourtant, quand je les interrogeais sur l'évidence du concept
de SCRO dans le modèle pichonien, leurs réponses du style : « le SCRO… ben… c'est le SCRO
quand même !» n'ont pas dissipé mes doutes.
Ces interrogations m'ont conduit à tenter de répondre à deux questions : a) pourquoi cette
mise à distance du SCRO et b) le SCRO, précisément c'est…?
1.1 Représentations, conceptions, Vorstellung, idées,
images mentales, etc…
Ce n'est qu'après avoir répondu à la seconde question que la réponse à la première me parut
évidente. Si je n'ai pas investi immédiatement le SCRO, c'est que je disposais d'un jeu de concepts
proches (représentation, conception, « image » mentale, idée, etc.), lesquels forment le « fond de
commerce » de tout formateur en science de l'éducation. De plus, l'utilisation de ces concepts, loin
de former un ensemble dont la praxis favorise la résolution des problèmes posés par la formation,
constitue en elle même un problème !
Si l'on se penche sur le mot « représentation », on trouve autant de sens que d'auteurs. Sans
même remonter à PLATON et sa caverne, si l'on s'intéresse à SCHOPENHAUER (Le Monde comme
volonté et comme représentation) ou FREUD (aspect « évocation » vs aspect « pulsion ») ou encore
BACHELARD (La formation de l'esprit scientifique) avec sa réinterprétation freudo-jungienne de la
psychanalyse, on voit qu'il est difficile de se faire une idée relativement claire et simple de la notion
de « représentation », sans même envisager les conceptions de J. PIAGET, M. KLEIN, W. R. BION,
etc ! Pour tout arranger, le mot « représentation » n'a qu'un rapport relativement lointain avec
« Vorstellung », utilisé par SCHOPENHAUER et FREUD, ce qui oblige les traducteurs à de multiples
contorsions sémantiques !
Pour tenter de palier ces difficultés, A. GIORDAN a développé la notion de « conception »,
dont le domaine de validité est volontairement limité au cadre scolaire et, en particulier, à
l'enseignement scientifique. Il l'envisage comme une fonction reliant problème cadre de référence
opérations mentales réseau sémantique signifiants, fonction en partie inconsciente
(inconscient cognitif piagétien) (A. GIORDAN, G. DE VECCHI, 1987).
Plus tard, il ajoutera : « La conception d'un apprenant n'est pas « juste » ou « fausse ». Ni
« conforme » ou « inadéquate ». Elle est seulement « opératoire » ou « inefficiente ». Plus loin, il
ajoute que : «…l'idée de conception a besoin d'être relativisée, sous peine de rassir en dogme
stérile. » (A. GIORDAN, 1998).
1.2 Un SCRO complexe
En effet, il est vain de chercher, chez un quelconque de ces auteurs, quelque chose comme :
la (représentation conception etc.) c'est… suivi d'une définition concise, exacte, précise et
définitive. GLADYS ADAMSON dans son article Epistemología del ECRO de Enrique Pichon Riviere
(Epistémologie du SCRO d'Enrique Pichon-Rivière) souligne que le SCRO fait définitivement
partie de ces notions qu'une épistémologie contemporaine qualifie comme appartenant au champ de
la « complexité ». Elle ajoute que «…les épistémologues ne nient pas que le but de toute science
soit une recherche causale et l'obtention de prévisions sur les phénomènes mais à partir d'une
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épistémologie contemporaine qui souligne que la science est avant tout un savoir critique, conscient
de son caractère provisoire et qui doit renoncer à toute idée de certitude.».
Un concept « complexe » est assez semblable à ces belles images de structures fractales qui,
vue de loin, laissent penser qu'il est possible de les décrire facilement, comme le SCRO quand
PICHON le définit en ces quelques mots : « Le SCRO est un ensemble organisé de notions et de
concepts généraux, théoriques, se rapportant à un secteur du réel, à un univers du discours, qui
permet une approche instrumentale de l'objet particulier concret. Ce SCRO, ainsi que la didactique
qui le véhicule, sont fondés sur la méthode dialectique. » (PICHON-RIVIERE, 2004) ou encore plus
simplement : « le schéma référentiel comme ensemble d’expériences, de connaissances et d’affects,
avec lequel l’individu pense et agit » (PICHON-RIVIERE in JAITIN R. (2002)). Dans ce même article,
se basant sur un texte de PICHON (2004) : Une théorie de la maladie, l'auteure en fait même une
base de la pensée scientifique : «…le SCRO devient le système d’idées avec lequel un scientifique
se dispose à affronter une tâche, dans le cadre de sa discipline ou de n’importe quelle autre
discipline. Ainsi, l’accent est mis sur le traitement de la tâche, élément manifeste pour pouvoir
mettre en œuvre un processus l’affectif se lie à ce qui est pensé, puis est verbalisé et mis en
acte. ».
Si l'on « s'approche » du concept, pour l'observer plus précisément, il se produit le
phénomène que l'on peut constater en regardant de près les images de figures « complexes », le
détail contient autant d'information que la vue générale et ceci, sans fin… Cette particularité se
nomme « invariance d'échelle ». Il faut donc renoncer à donner une explication exhaustive d'une
« conception », d'une « représentation » mais aussi bien du SCRO !
Dans Apprendre !, A. GIORDAN, pour surmonter ce dilemme, propose plutôt de dresser le
« portrait » d'une conception. Nous allons donc tenter de dresser le portrait du SCRO pichonien.
2. Portrait du SCRO
2.1 Technique du portrait
Pour aborder un élément complexe comme celui-ci, la technique choisie consiste à choisir
un certain nombre de propositions types sur le SCRO, puis à analyser plus en profondeur, « en
zoom avant », les éléments qui les composent.
2.2 Le S.C.R.O. c'est…
D'abord, en observant l'objet d'assez loin, étudions en simplement la dénomination. Le
S.C.R.O. (ECRO, en espagnol) est l'acronyme de Schéma Conceptuel Référentiel et Opérationnel*.
Que nous dit le dictionnaire Robert® pour les éléments de cet acronyme ?
Schéma : Description ou représentation mentale; structure du déroulement (d'un processus).
Abrégé, canevas, ébauche, esquisse, pattern, schème…
Conceptuel : Qui procède par concepts. Et pour concept : Acte de pensée aboutissant à une
représentation générale et abstraite.
Référentiel : nous choisirons la définition que le Robert® propose pour son usage en didactique :
Système de référence servant de « médiation entre les horizons de la subjectivité et ceux de
l'objectivité » (Gonseth).
Opérationnel : (ou opératif selon les traductions) : qui sont à l'origine des actes.
Cette observation en « grand angle » nous montre quand même le SCRO comme quelque
chose qui part des « représentations mentales », passe par des « actes de pensée », se poursuit par
une sorte de dialectique entre subjectivité et objectivité et, ce qui fait son originalité, se termine par
des actes !
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2.3 Que disent les auteurs pour S.C.R.O. ?
Schéma : « Ainsi que nous l'avons dit, S désigne « schéma », qu'il faut comprendre
comme un ensemble articulé de connaissances. Nous entendons par schéma conceptuel un système
d'idées qui présentent un haut niveau de généralisation. Il s'agit de synthèses plus ou moins
générales, de propositions qui établissent les conditions de relations des phénomènes empiriques.
C'est un ensemble de connaissances qui propose des lignes de travail et d'investigation.
L'investigation psychologique, comme n'importe quel type de tâche scientifique, serait, sans un
système conceptuel adéquat, aveugle et infructueuse.» (PICHON-RIVIERE, 2004). Il ajoute : « Le mot
« schéma » a une fâcheuse connotation, celle d'être rigide, « schématiser » vient de « fixer ». Le
schéma est le produit d'une abstraction, il évoque le squelette d'une connaissance ou d'un modèle de
conduite quelconque. Lorsque ce schéma est mal utilisé, il peut se transformer en quelque chose de
rigide. » (PICHON-RIVIERE, 2004b). Dans le même ouvrage : « Lorsque nous approchons un patient,
nous le faisons avec un schéma de référence au moyen duquel nous essayons de comprendre ce qui
se passe en lui, mais il faut pour cela que ce schéma soit dynamique. ». ROSA JAITIN (2002) ajoute :
« En tant que « squelette de la connaissance », le « schéma » renvoie à l’ensemble des
connaissances utilisées pour une opération déterminée, et les interactions entre les participants au
sein du « groupe de travail » permettent à chacun de prendre conscience des autres schémas
existants pour lire la réalité et modifier le sien. Le « schéma » est aussi une construction commune
aux membres du groupe. ». Donc, il existe un SCRO groupal comme un SCRO individuel.
Conceptuel : Pour PICHON, le schéma «…est conceptuel, au sens il inclut tous les
concepts contenus dans une structure qui présente un aspect conscient et un aspect inconscient, qui
va se modifier avec le cours du temps et avec l'avancée des connaissances et de l'expérience. Nous
devons adjoindre à la théorie de la connaissance une position dialectique, au sens ce qui est
appréhendé à un moment donné par quelqu'un qui a une expérience préalable, va modifier la dite
expérience et s'intégrer ensuite de telle façon que, dans l'expérience suivante, l'expérience antérieure
enrichit l'expérience ultérieure. ». Concernant l'aspect conceptuel du sujet, il ajoute : « Tout schéma
conceptuel, référentiel et opératoire présente un aspect superstructural et un aspect infrastructural.
Le « superstructural » est constitué par les éléments conceptuels et 1'« infrastructural » par les
éléments émotionnels, motivationnels (ce que nous appellerions la « verticalité » du sujet), ces
éléments provenant de sa propre expérience de vie et déterminant sa façon d'aborder la réalité »
(PICHON-RIVIERE, 2004b).
Ce que ROSA JAITIN (2002) complète, concernant l'aspect groupal par : « Le « conceptuel »
désigne l’ensemble des concepts élaborés en groupe pour devenir ensuite des concepts
opérationnels et fonctionnels. ». GLADYS ADAMSON insiste sur l'aspect « interscience » (cf. ci-
dessous) du SCRO : « Le SCRO pichonien s'appuie sur trois grands champs disciplinaires qui sont
les Sciences Sociales, la Psychanalyse et la Psychologie Sociale. Ces trois disciplines en constituent
les fondements macro conceptuels ».
Il est nécessaire de préciser le sens pichonien de « Psychologie Sociale » : « La psychologie
sociale que nous visons s'inscrit dans une critique de la vie quotidienne. Ce que nous abordons c'est
l'homme immergé dans ses relations quotidiennes. Notre conscience de ces relations perd son
caractère trivial dans la mesure l'instrument théorique et sa méthodologie nous permettent de
rechercher la genèse des faits sociaux. » et : « La psychologie sociale, comme discipline et comme
outillage technique, fournit les instruments nécessaires à l'approche, à la recherche, au diagnostic, à
la planification et à l'opération dans les différents domaines se déroulent des processus
d'interaction. Ces domaines - groupal, institutionnel et communautaire - peuvent être abordés à
partir d'un schéma conceptuel commun, mais ils présentent des variables spécifiques qui requièrent
un maniement technique différencié. » (PICHON-RIVIERE, 2004).
ROSA JAITIN, citant PICHON, insiste sur l'aspect « interscience » de sa psychologie sociale :
« Le problème pour lui, c’est la dispersion des sciences de l’homme dans des voies
méthodologiques et conceptuelles les plus diverses. Dans sa préoccupation de faire converger en un
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seul champ ces divergences, il dit : « La psychologie sociale que nous préconisons tend vers une
vision intégrative de l’homme en situation, objet d’une science unique ou interscience, placée dans
un contexte historique et social déterminé. On atteint une telle vision par une épistémologie
convergente dans laquelle toutes les sciences de l’homme fonctionnent comme une unité
opérationnelle, enrichissant autant l’objet de la connaissance que les techniques destinées à
l’aborder. »» (JAITIN, 2002).
La psychologie sociale pichonienne s'est instituée dans la Primera Escuela Privada de
psicologia social fondée par PICHON-RIVIERE et qui existe toujours à Buenos Aires. A ce sujet, on
peut lire avec intérêt le chapitre Contributions à la didactique de la psychologie sociale du
Processus groupal (PICHON-RIVIERE, 2004) ainsi que l'article de ROSA JAITIN (2002).
Référentiel : Le schéma «…est référentiel au sens nous l'utilisons pour faire porter
une discrimination sur quelque chose par rapport au schéma intérieur, en même temps sur le schéma
référentiel lui-même. Nous devons toujours soumettre à discrimination l'objet de connaissance et le
schéma de connaissance antérieur avec lequel nous avons considéré cette connaissance, c'est-à-dire
la connaissance actuelle. Ce serait le processus permanent de la psyché relativement à quelque
problème que ce soit. ». (PICHON-RIVIERE, 2004b). Nous trouvons ici aspect primordial du SCRO
pichonien : la dialectique constante et inévitable entre l'univers des représentations mentales et le
monde réel…
Le caractère référentiel de ce schéma est particulièrement important pour PICHON. Il se
méfie des connaissances acquises, souvent dans le but inconscient de se constituer un rempart de
connaissances théoriques non référentielles et non opératives, pour se protéger du contact avec la
réalité, facilitant ainsi une vigoureuse résistance au changement !
Un des aspects les plus innovants de la pensée de PICHON est constitué par l'utilisation de ce
qu'il nomme une « interscience » concept que nous avons déjà rencontré ci-dessus. Pour aborder un
problème, une situation, il n'hésite pas à faire appel à des approches scientifiques multiples et
parfois contradictoires (psychanalyse, diverses formes de psychologie, sociologie, art militaire,
etc.). Cette approche permet de « débloquer » bien des situations qu'une approche unilatérale
tendrait à montrer comme étant irrésoluble ou incompréhensible. Pour que cette approche se montre
efficace, et ne se dissolve pas en « n'importe quoi », il est nécessaire de savoir, à un instant donné,
la nature exacte du schéma conceptuel utilisé. Imaginons que nous utilisons simultanément une
approche de psychologie expérimentale et une approche de psychologie analytique : « Nous
pouvons appliquer aux […] situations une quantité de connaissances acquises dans les deux
champs. Et faire que ces deux champs, même s'ils présentent des différences, aient aussi des
analogies. Et que les informations recueillies dans l'un puissent être mises à profit dans le champ de
l'autre, en veillant à ce que la réduction d'un champ à l'autre ne soit pas automatique mais
référentielle. Autrement dit, ce qu'un champ nous dit devient comme un contenu manifeste pour le
contenu latent de l'autre, jusqu'à ce que la psychologie expérimentale et la psychologie analytique
soient tellement proches que le langage de l'un et le langage de l'autre ne fassent plus qu'un. ».
(PICHON-RIVIERE, 2004b).
ROSA JAITIN insiste sur l'aspect groupal du « référentiel » : « Le « référentiel » renvoie au
« schéma de référence » de chaque sujet créé par son appartenance à d’autres groupes. » (JAITIN,
2002).
Opérationnel : « L’« opérationnel » correspond à l’ensemble des actes comme moyens
nécessaires pour obtenir un résultat. » (JAITIN, 2002). G. ADAMSON (2) insiste sur l'aspect planifié
de ces actes : « Le critère d'opérativité est conçu comme une production planifiée de changements
en relation avec les objectifs attendus. ».
A ce niveau, nous rencontrons le modèle du cône inversé (spirale dialectique) de PICHON-
RIVIERE que nous ne traiterons pas dans ce texte mais que l'on peut étudier avec profit chez PICHON
(2004, 2004b) ou JAITIN (2002). Dans ce modèle, la fin du processus de changement (apprentissage,
soin, etc.) se remarque par l'existence de craintes fondamentales maximales (peur de la perte et peur
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de l'attaque) ainsi que par l'apparition d'un projet se caractérisant par une planification impliquant
logistique, stratégie, tactique et technique.
« Nous nous sommes toujours efforcés de montrer que, d'une certaine façon, en
psychanalyse, la théorie et la pratique sont unies dans une interaction permanente, par l'effet d'un
processus en spirale dialectique. C'est-à-dire que théorie et pratique vont se fondre dans le champ
de l'investigation, quelle qu'elle soit, dans le temps même du travail opérationnel. » (PICHON-
RIVIERE, 2004b).
En résumé, l'aspect « opératif » (operativo) revendiqué par Pichon constitue la
caractéristique la plus révolutionnaire du SCRO pour un formateur. Lors d’un apprentissage
opératif, l'apprenant (le groupe) est modifié par ce qu'il a appris et il est capable de modifier son
environnement. Mais, pour le formateur, les aspects conceptuels et référentiels sont tout aussi
fondamentaux : « La systématisation conceptuelle du SCRO, sa construction logique, le rend
compréhensible et transmissible. Sans une telle systématisation, il ne répondrait pas aux exigences
de base de toute discipline scientifique. Cette exigence : être fondé et pouvoir être vérifié dans la
réalité, E. PICHON-RIVIERE la conçoit comme un critère d'opérativité. Le critère de vérité est
l'opérativité : « nous ne nous intéressons pas seulement au fait que l'interprétation soit exacte, mais
nous sommes surtout préoccupés par son adéquation en termes d'action. » (ADAMSON 2).
JOSE BLEGER nous précise ce que l'on peut entendre par apprentissage opératif :
« L'apprentissage est la modification des schémas plus ou moins stables des modèles de
comportement, ce qui signifie tous les changements de comportement des êtres humains, en
entendant par comportement : toutes les modifications de l'être humain, quel que soit le domaine
elles apparaissent. Dans ce sens, l'apprentissage peut se produire même sans formulation
intellectuelle de celui-ci. On peut également avoir une compréhension intellectuelle, comme une
formule, mais quand cela se réduit à cela, dans ce cas, il se produit une dissociation dans
l'apprentissage, résultat très commun dans ce genre de procédures d'apprentissage. La technique
opérative implique, par conséquent, une véritable conception de l'ensemble du processus, cette
conception est instrumentalisée par la technique qui, à son tour, est enrichie par les résultats de la
mise en œuvre de cette dernière. Nous tendons à ce que toute information soit incorporée ou
assimilée comme outil pour changer l'apprentissage, devenir créatif et résoudre les problèmes du
domaine scientifique que l'on traite. » (BLEGER J., 1986).
3. Le SCRO, un système ouvert… ou l'« implacable
inter-jeu de l'homme et du monde…» (Pichon-Rivière)
« E. PICHON RIVIERE a conçu son SCRO comme un système ouvert qui produit, au travers de
la praxis, un possible processus de ratification et de rectification du schéma conceptuel. A partir de
cette praxis, il se produit, « une continuelle réalimentation de la théorie au travers de sa
confrontation avec la pratique ». Il nomme cela « attitude autocritique », laquelle implique une
possibilité de réflexivité comme attitude scientifique. » (ADAMSON, 2). Plus, c'est le sujet lui-même
qui est, lorsqu'il fonctionne normalement dans le monde, un système ouvert : « Selon PICHON
RIVIERE, le sujet est le résultat de l’interaction entre le monde interne (intrasystémique) et le monde
extérieur (intersystémique). » (JAITIN,2002). Mais plus encore : « Quand E. PICHON-RIVIERE pense
le sujet, c'est en termes de « système ouvert » (en toute rigueur, il n'y a rien qui ne soit pensé par lui
autrement qu'en termes de système ouvert : l'individu, les groupes, les institutions, la société, le
SCRO). En ce qui concerne le sujet, il ne le traite pas comme un système autonome en soi, mais
comme un système incomplet « qui fait système avec le monde.» (ADAMSON, 1).
Dans un système ouvert complexe, qu'ADAMSON compare aux structures dissipatives, d'ILLYA
PRIGOGINE, tout changement, par exemple à un apprentissage, se traduit par une auto-
réorganisation dont le résultat n'est pas ou très difficilement prévisible. Pour le formateur, cela se
traduit par une grande difficulté à prévoir si les changements apportés au SCRO, à tous les niveaux,
conscients ou inconscients, rationnels ou irrationnels, sont bien ceux qu'il prévoyait y apporter.
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