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de l'attaque) ainsi que par l'apparition d'un projet se caractérisant par une planification impliquant 
logistique, stratégie, tactique et technique. 
  « Nous  nous  sommes  toujours  efforcés  de  montrer  que,  d'une  certaine  façon,  en 
psychanalyse, la théorie et la pratique sont unies dans une interaction permanente, par l'effet d'un 
processus en spirale dialectique. C'est-à-dire que théorie et pratique vont se fondre dans le champ 
de  l'investigation,  quelle  qu'elle  soit,  dans  le  temps  même  du  travail  opérationnel. »  (PICHON-
RIVIERE, 2004b). 
  En  résumé,  l'aspect  « opératif »  (operativo)  revendiqué  par  Pichon  constitue  la 
caractéristique  la  plus  révolutionnaire  du  SCRO  pour  un  formateur.  Lors  d’un  apprentissage 
opératif, l'apprenant (le groupe) est modifié par ce qu'il a appris et il est capable de modifier son 
environnement.  Mais,  pour  le  formateur,  les  aspects  conceptuels  et  référentiels  sont  tout  aussi 
fondamentaux :  « La  systématisation  conceptuelle  du  SCRO,  sa  construction  logique,  le  rend 
compréhensible et transmissible. Sans une telle systématisation, il ne répondrait pas aux exigences 
de base de toute discipline scientifique. Cette exigence : être fondé et pouvoir être vérifié dans la 
réalité,  E. PICHON-RIVIERE  la  conçoit  comme  un  critère  d'opérativité.  Le  critère  de  vérité  est 
l'opérativité : « nous ne nous intéressons pas seulement au fait que l'interprétation soit exacte, mais 
nous sommes surtout préoccupés par  son adéquation en termes d'action. » (ADAMSON 2). 
  JOSE BLEGER  nous  précise  ce  que  l'on  peut  entendre  par  apprentissage  opératif : 
« L'apprentissage  est  la  modification  des  schémas  plus  ou  moins  stables  des  modèles  de 
comportement,  ce  qui  signifie  tous  les  changements  de  comportement  des  êtres  humains,  en 
entendant par comportement : toutes les modifications de l'être humain, quel que soit le domaine où 
elles  apparaissent.  Dans  ce  sens,  l'apprentissage  peut  se  produire  même  sans  formulation 
intellectuelle  de  celui-ci.  On  peut  également  avoir  une  compréhension  intellectuelle,  comme  une 
formule,  mais  quand  cela  se  réduit  à  cela,  dans  ce  cas,  il  se  produit  une  dissociation  dans 
l'apprentissage,  résultat  très  commun  dans  ce  genre  de  procédures  d'apprentissage.  La  technique 
opérative  implique,  par  conséquent,  une  véritable  conception  de  l'ensemble  du  processus,  cette 
conception est instrumentalisée par la technique qui, à son tour, est enrichie par les résultats de la 
mise  en  œuvre  de  cette  dernière.  Nous  tendons  à  ce  que  toute  information  soit  incorporée  ou 
assimilée comme outil pour changer l'apprentissage, devenir créatif et résoudre  les  problèmes  du 
domaine scientifique que l'on traite. » (BLEGER J., 1986). 
 
 
3. Le SCRO, un système ouvert… ou l'« implacable  
    inter-jeu de l'homme et du monde…» (Pichon-Rivière) 
  « E. PICHON RIVIERE a conçu son SCRO comme un système ouvert qui produit, au travers de 
la praxis, un possible processus de ratification et de rectification du schéma conceptuel. A partir de 
cette  praxis,  il  se  produit,  « une  continuelle  réalimentation  de  la  théorie  au  travers  de  sa 
confrontation  avec  la  pratique ».  Il  nomme  cela  « attitude  autocritique »,  laquelle  implique  une 
possibilité de réflexivité comme attitude scientifique. » (ADAMSON, 2).  Plus, c'est le sujet lui-même 
qui  est,  lorsqu'il  fonctionne  normalement  dans  le  monde,  un  système  ouvert :  « Selon  PICHON 
RIVIERE, le sujet est le résultat de l’interaction entre le monde interne (intrasystémique) et le monde 
extérieur (intersystémique). » (JAITIN,2002). Mais plus encore : « Quand E. PICHON-RIVIERE pense 
le sujet, c'est en termes de « système ouvert » (en toute rigueur, il n'y a rien qui ne soit pensé par lui 
autrement  qu'en  termes  de  système  ouvert :  l'individu,  les  groupes,  les  institutions,  la  société,  le 
SCRO). En ce qui concerne le sujet, il ne le traite pas comme un système autonome en soi, mais 
comme un système incomplet « qui fait système avec le monde.» (ADAMSON, 1). 
  Dans un système ouvert complexe, qu'ADAMSON compare aux structures dissipatives, d'ILLYA 
PRIGOGINE,  tout  changement,  par  exemple  dû  à  un  apprentissage,  se  traduit  par  une  auto-
réorganisation dont le résultat n'est pas ou très difficilement prévisible. Pour le formateur, cela se 
traduit par une grande difficulté à prévoir si les changements apportés au SCRO, à tous les niveaux, 
conscients  ou  inconscients,  rationnels  ou  irrationnels,  sont  bien  ceux  qu'il  prévoyait  y  apporter.