Leçon 9 91
2. Applications
2.1. Accélérateurs circulaires (B uniforme)
2.1.1. Le cyclotron et le synchrocyclotron
Un cyclotron est constitué de deux demi-cylindres
métalliques creux placés dans le vide, appelés
"dees" (de la même forme que la lettre D) dont les
faces planes sont parallèles. Entre ces plaques, un
champ électrique E accélère linéairement les
particules chargées, injectées au centre de l'appareil
avec de faibles vitesses horizontales. Un champ
magnétique B uniforme et stationnaire, vertical,
régnant dans tout l'espace, donne une trajectoire
circulaire de rayon R, aux particules à l'intérieur des
dees. Après chaque demi-tour, pour accélérer les
particules, le champ E doit changer de sens.
Si les particules ne sont pas relativistes, vc et
1γ. La pulsation cyclotron ne dépend pas de v. Il
suffit alors d'appliquer entre les dees, un champ
électrique E alternatif dont la fréquence est égale à
la fréquence cyclotron :
cqB
2m
ν=π.
Lorsque les particules ont effectué un grand nombre de tour dans le cyclotron, elles atteignent des
vitesses relativistes, v c d'où 1
γ. La pulsation cyclotron dépend de v qui augmente à chaque
demi-tour. Le champ alternatif E ne permet plus de continuer à accélérer les particules. Le cyclotron a
atteint sa limite relativiste. Pour donner plus d'énergie aux particules, il faut synchroniser la variation
du champ électrique E avec l'arrivée des particules entre les dees. L'appareil est alors appelé
synchrocyclotron.
Historiquement, le premier cyclotron fut construit par l'Américain Ernest O. Lawrence en 1930. Son
diamètre est de 11 cm et il permet de communiquer aux protons, une énergie de 80 keV . Pour élever
cette énergie, il suffit d'augmenter la taille du cyclotron puisque pour une valeur de B fixée, le rayon R
est une fonction croissante de la vitesse v. Ainsi dès 1939, un cyclotron de 2 m de diamètre pouvait
communiquer 20 MeV aux protons.
Actuellement, les cyclotrons permettent d'apporter à des protons et des deutons des énergies de 10 à
20 MeV . Ils sont ensuite envoyés sur des cibles pour créer des isotopes d'éléments naturels,
émetteurs de positons, à très courte période. On produit par exemple le radioélément 18 F de période
1,9 h en accélérant des protons à 18MeV sur une cible d'oxygène 18. Ces cyclotrons sont utilisés en
physique nucléaire, en chimie et en médecine. La tomographie par émission de positons (T.E.P.) est
un exemple d'un usage relativement récent du cyclotron dans le domaine médical. Elle consiste à
injecter par voie veineuse chez un patient, un radiotraceur émetteur de positons, porté par une
molécule, puis à enregistrer les positons émis à l'aide d'un capteur et enfin à reconstituer l'image avec
un système informatique. En cancérologie, on utilise le 18 FFDG−, molécule de désoxy-D-glucose
marquée au fluor. Ce sucre analogue au glucose se fixe sur les cellules cancéreuses, grandes
consommatrices de glucose, et permet ainsi de localiser très précisément les tumeurs.
Pour communiquer plus d'énergie aux particules, nous avons vu qu'il est nécessaire de prendre en
compte les effets relativistes et d'utiliser un synchrocyclotron. C'est en 1945 que le Soviétique V.I.
Veksler et les Américains E.M. McMillan et M.L.E. Oliphant, de façon indépendante, proposèrent pour
la première fois de faire varier la fréquence du champ électrique pour l'adapter à la fréquence de
rotation des particules relativistes. Le synchrocyclotron permit alors de communiquer 400 MeV aux
dees
B
E
vide
oussé
trajectoire