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Syndrome de l’apnée du sommeil, thème principal de la rencontre d’Aila
Le mal de dormir
Bien qu’il soit très mal connu, le syndrome de l’apnée du sommeil aggrave des maladies, déjà naturellement
sévères, comme les affections cardiovasculaires, l’hypertension artérielle et le diabète. Des praticiens attirent
l’attention sur la nécessité d’ouvrir davantage d’unité du sommeil pour diagnostiquer puis traiter ce trouble.
L’Association des internistes libéraux algériens (Aila) s’est penchée sur le syndrome de l’apnée du sommeil, en
y consacrant une journée, samedi dernier à la salle Hassiba-Ben-Bouali de l’EGT Sofitel. Le thème est d’autant
intéressant que beaucoup de gros ronfleurs ne jugent pas utile de consulter. Pourtant, derrière ce syndrome, a
priori anodin, car très courant, peut se tapir une maladie grave, dont les conséquences peuvent conduire à la
mort. “Le syndrome de l’apnée du sommeil est un problème préoccupant, car il expose à des complications
sérieuses, c’est-à-dire des maladies cardiovasculaires et métaboliques. Il représente aussi un facteur de risque
d’accident de la route”, a expliqué Dr Y. Moualek, président d’Aila. La mauvaise qualité du sommeil durant la
nuit produit un retentissement négatif sur la vigilance dans la journée, d’où les risques d’accident encourus par
les gens au volant.
Dr Moualek a précisé que certaines personnes, particulièrement les obèses et celles qui ont une circonférence
du cou importantes ou une anomalie morphologique de la mâchoire, font des suffocations nocturnes, car
pendant qu’elles dorment, les voies aériennes supérieures se ramollissent et se bouchent. “Des réveils plusieurs
fois durant la nuit altèrent la qualité du sommeil. Cela se traduit par une mauvaise forme dans la journée et
davantage par le développement de maladies cardiovasculaires et métaboliques comme le diabète ou
l’hypertension artérielle”, a complété l’interniste. Selon une définition encyclopédique, “le syndrome d'apnées
ou Hypopnée du Sommeil est une pathologie provoquant des diminutions (on parle alors d'hypopnée) ou des
arrêts du flux respiratoire (apnée). Dans certains cas, il peut mener jusqu'à une mort par asphyxie. C'est pour
cette raison qu'il est très important de traiter cette pathologie”. L’impact direct de ces apnées “sont une
diminution du taux d’oxygène dans le sang et l'apparition d'une somnolence diurne excessive due à un
fractionnement du sommeil par de multiples microéveils”. La gravité d’un trouble, quelque peu ignoré dans
notre pays, a incité les animateurs d’Aila à organiser une journée, pour “apporter l’information aux praticiens
sur la réalité de cette pathologie et sa gravité, et, par la même occasion, les amener à la dépister pour la
traiter”, a souligné Dr Moualek.
Il a certifié que le traitement améliore considérablement le pronostic vital du patient, réduit le risque des
maladies métaboliques et supprime carrément le sur-risque cardiovasculaire induit par le syndrome de l’apnée
du sommeil. “Nous souhaitons encourager une collaboration interdisciplinaire entre médecins intervenant dans
la prise en charge de cette maladie, ainsi que le développement de structures spécialisées comme des
laboratoires du sommeil”, a suggéré notre interlocuteur. Jusqu’alors, deux unités de sommeil sont
opérationnelles dans le secteur public (hôpital de Chéraga et CHU Mustapha) et autant dans le privé. Le Pr
Bellamdani, pneumologue, fait partie des libéraux qui ont ouvert des consultations pour des troubles du
sommeil. “Comme les hôpitaux ne voulaient pas faire cela, je me suis lancé dans l’expérience en 2006. Environ
800 malades sont passés par mon cabinet, depuis cette date”, nous a-t-il soutenu. “Dès que je suis sûr que le
mal dont souffre mon malade est lié au sommeil, je l’enregistre (avec un appareil qui montre l’activité cérébrale
durant le sommeil, ndlr) et je cherche l’origine du problème”, a-t-il enchaîné. Une fois le diagnostic établi, le
praticien opte pour un traitement, qui consiste soit en la ventilation en Pression Positive Continue (PPC),
méthode découverte en 1981, soit en placement d’un appareil dentaire à porter pendant la nuit. Lors de son
exposé en salle de conférences, le Pr Bellamdani a donné les résultats d’un travail qu’il a réalisé sur la base de
sa propre expérience professionnelle. “Ce n’est pas une enquête épidémiologique, mais juste un cliché de la
série que je reçois dans mon cabinet”, a-t-il tenu à préciser. Son étude a ciblé 554 patients, enregistrés par
polygraphie ventilatoire. Il a affirmé que ces malades viennent de toutes les villes du pays. Ils sont orientés
majoritairement vers les services ORL dans une proportion de 48%, puis les pneumologues (17%), les
cardiologues (15%) et le reste de spécialités diverses. Dans 53% des cas, ils s’avèrent être de sévérité
importante.
Le tiers des patients présentent des pathologies associées au syndrome de l’apnée du sommeil. Globalement, le
Pr Bellamdani a regretté les contraintes posées par la Caisse nationale de sécurité sociale dans la prise en
charge de cette pathologie, qui n’est pas considérée — à tort assurément —comme une maladie chronique. Le
Dr Abad a réservé naturellement son intervention, en sa qualité d’ORL, aux étroites corrélations existant entre
le syndrome de l’apnée du sommeil et les affections relevant de sa spécialité. Sur l’incidence de ce trouble en
Algérie, le Dr Moualek a répondu qu’il n’existe pas, jusqu’à présent, d’études de prévalence fiables. “Nous
mettons en place les mécanismes pour connaître la réelle incidence de ce syndrome dans le pays”, a-t-il
informé. Dans la population mondiale, la fréquence de la maladie est estimé à environ 5% , avec une
domination nette des pays connus pour le phénomène d’obésité comme les États-Unis.
À ce titre, il semblerait que le syndrome d'apnées obstructives du sommeil affecte quelque 18 millions de NordAméricains, dont seulement 10% seraient diagnostiqués ou traités. La statistique est gonflée à 45% chez les
personnes souffrant d'hypertension artérielle.
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