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Analyse de la dynamique de participation et de leadership des médecins pour l’amélioration des services de santé
La manière d’élaborer ces normes de participation constitue un défi. Le présent examen permet de conclure que
les efforts de développement de nouvelles aptitudes et compétences – en donnant aux médecins individuels une
formation pour assumer des rôles de leadership, notamment en les exposant à des expériences
interprofessionnelles, et en favorisant les dyades médecins-gestionnaires responsables d’unités cliniques –
pourraient appuyer la naissance de pareilles normes. L’élargissement de ce concept illustre, selon notre analyse,
l’apparition de nouveaux rôles dans certaines régions où les médecins collaborent avec les décideurs ou
assument des responsabilités politiques, stratégiques et financières sans perdre de vue leur objectif clinique. Une
meilleure reconnaissance des rôles de leadership du médecin en matière d’amélioration du système peut, dans
une certaine mesure, appuyer une reformulation des normes et des relations entre la profession médicale et le
système ou l’organisation. Par exemple, l’utilisation des contrats avec les médecins pour reformuler
les relations entre la profession médicale et l’organisation constituent une stratégie pouvant être
appliquée aux contextes canadien et américain.
Toutefois, l’examen porte à croire qu’une participation accrue des médecins signifie des changements qui ne se
limitent pas uniquement à la profession médicale. Les systèmes de santé sont structurés selon une politique et
une logique de gestion profondément ancrées qui ont alimenté une relation plus ou moins distante et
controversée avec la profession médicale. Au sein des organismes et systèmes de santé, un plus grand
leadership et une plus grande participation des médecins exigent également des changements dans la manière
dont les gestionnaires et responsables de politiques interagissent et collaborent avec les médecins.
L’importance accordée à l’amélioration du système de santé suggère un nouveau mode de fonctionnement entre
le système, l’organisation et la profession. Cette idée se reflète quelque peu dans la notion récemment élaborée
de professionnalisme organisé, qui veut dire que les professions et organisations doivent mutuellement
s’adapter aux changements et à l’évolution des systèmes.
Cette synthèse souligne également les importants dilemmes que vivent les médecins lorsqu’ils assument de
nouveaux rôles de dirigeant ou de gestion dans des organisations et des systèmes. De tels dilemmes peuvent être
partiellement atténués par un travail culturel. Celui-ci suppose de favoriser, au niveau individuel, un nouveau
discours sur l’intégration de la réflexion organisationnelle et systémique comme un élément du « savoir » que les
médecins doivent intégrer à leur « savoir-faire »
professionnel. Bien sûr, une pareille intégration sera
réalisée à des degrés divers en fonction de la participation des médecins et de leur propension à assumer
des rôles de leadership qui dépassent les responsabilités cliniques habituelles. Certains chercheurs ont
suggéré qu’au niveau de l’ensemble du système ou de l’organisme,
le virage culturel, voulant que les
médecins soient considérés des travailleurs au même titre que les autres (i.e. porter une attention plus
grande à leur expérience du travail), pourrait contribuer à l’élaboration de nouvelles normes de
participation et de nouveaux rôles de leadership.
La signification exacte de ce virage culturel, qui est probablement l’un des défis les plus difficiles pour les
systèmes de santé, reste encore à définir et pourra varier d’une organisation à l’autre et d’un système à l’autre.
L’idée qui sous-tend le travail culturel veut que le statut professionnel et l’autonomie doivent, selon toute
vraisemblance, être repensés dans le but de soutenir une plus grande généralisation de la participation et du
leadership de la profession médicale en vue de l’amélioration du système de santé. À nouveau, cela nous
ramène à la notion de « professionnalisme organisé » et à l’importance de la détermination de stratégies qui
favorisent tant l’intégration des médecins à titre de dirigeants dans les organisations que leur participation
effective aux initiatives d’amélioration. Parallèlement, les organisations et systèmes devraient peut-être
accorder plus d’attention aux expériences positives que vivent les médecins dans leur travail quotidien.
La documentation examinée dans la présente synthèse révèle une connaissance grandissante de la dynamique de
la participation et du leadership du médecin dans l’amélioration du système de santé. Dans l’ensemble, notre
étude permet de conclure que, pour renforcer cette participation et ce leadership dans les systèmes de santé au
Canada, on peut élaborer différentes stratégies et initiatives, des stratégies qui doivent cibler le développement
des capacités aux niveaux individuel, organisationnel et systémique. La reconnaissance de l’importance des