INTRODUCTION
Depuis près d’une décennie, plusieurs réflexions, rapports et expérimentations ont
milité pour qu’une catégorie de personnels paramédicaux, les orthoptistes, puissent
réaliser par délégation des tâches antérieurement réservées aux médecins
ophtalmologistes.
Fin 2007, une nouvelle rédaction du décret de compétence des orthoptistes est
venue officialiser l’autorisation de nombreuses délégations de tâches dans les
domaines de l’examen de la réfraction (recherche de la correction optique la mieux
adaptée), des examens paracliniques de la fonction visuelle et enfin de l’imagerie
oculaire (en pleine expansion).
Les cours théoriques du diplôme d’orthoptiste ont pris en compte ces nouvelles
possibilités. Parallèlement, dans les services hospitaliers comme le nôtre qui
accueillent des stagiaires élèves orthoptistes, il nous est apparu que la formation à
ces nouvelles taches, en grande partie pratiques, méritait une meilleure organisation
et un encadrement impliquant davantage les médecins aux côtés des orthoptistes
titulaires. Tel a été l’objet de la réflexion exposée dans ce mémoire.
CONTEXTE ET ENJEUX
1- Enjeux démographiques
Le transfert de compétences des ophtalmologistes en direction des orthoptistes a
été envisagé et finalement organisé devant la double perspective :
a. D’une décroissance forte de la population des médecins
ophtalmologistes (démographie en diminution attendue d’un tiers au
cours des 15 prochaines années, en dépit du record d’âge tardif de
départ en retraite de la profession). Les ophtalmologistes sont
actuellement 5300. Le DES en forme 80 par an contre 450 à l’époque du
CES.
b. D’un accroissement attendu de la consommation de consultations et
d’examens ophtalmologiques, lié d’une part au vieillissement de la
population (avec augmentation de l’incidence de la cataracte et de la
dégénérescence maculaire liée à l’âge (pathologie fréquente qui touche
20% de la population après 80 ans) et que l’on sait depuis peu stabiliser
au prix d’un suivi pratiquement mensuel), d’autre part à un resserrement
du suivi des patients glaucomateux (consultations semestrielles avec
examen du champ visuel et examen annuel d’imagerie du nerf optique)
et des malades diabétiques.
A ces perspectives s’ajoute l’engorgement des consultations d’ophtalmologie, tant
libérales qu’hospitalières dans de nombreuses régions, avec des délais de rendez-
vous de près de 6 mois sur la plus grande partie du territoire, voire de 12 mois dans
le nord de la France.