
Pour  lutter  contre  ce  projet,  les  ophtalmologistes  s’engagent  à  informer 
systématiquement les patients du danger et de la perte de chance que peut comporter 
un  passage  direct  par  l'opticien  lors  d'un  renouvellement  de  lunettes.  
 
 
Le dispositif mis en place par la MAAF constitue une intrusion du commerce et 
de l'assurance dans le domaine de la santé publique. 
En réduisant le passage devant l'ophtalmologiste sans proposer d'alternative acceptable, on 
pose de graves problèmes de santé publique dans un pays où les besoins de soins et de 
dépistage sont loin d'être remplis. 
 
La mesure de la pression intra-oculaire et le fond de l'œil sont réalisés systématiquement par 
l'ophtalmologiste au moment du renouvellement de lunettes, ce qui permet justement de 
dépister un certain nombre de ces pathologies. Lorsque Maaf Santé affirme que l'opticien 
orientera vers un ophtalmologiste au moindre doute, cela n'offre aucune garantie. Pour avoir 
un véritable doute, il faudrait être scientifiquement et médicalement formé à faire un 
diagnostic. Et les actes de dépistages sont essentiels au diagnostic. Un opticien ne peut pas 
mesurer la pression intra-oculaire ou effectuer un fond de l’œil, ou alors il est dans l'exercice 
illégal de la médecine  
 
   
Par ailleurs, les problèmes démographiques de la profession dénoncés par MAAF Santé se 
fondent sur des données de la DREES (Direction de la recherche, des études, de l'évaluation 
et des statistiques) pas tout à fait exactes. Les derniers recensements montrent qu'au contraire 
les effectifs des ophtalmologistes se sont maintenus depuis trois ans aux alentours de 5.300.  
Et la décroissance sera beaucoup moins rapide que le prétend Maaf Santé qui annonce une 
baisse de 40% des effectifs d'ophtalmologistes d'ici 2020.  
 
Maaf Santé ignore surtout complètement les travaux réalisés par Yvon Berland à la demande 
du ministre de la Santé, qui prévoit la délégation de certains actes aux orthoptistes. 
L'Académie de médecine a statué de la même façon dans un rapport publié en mai dernier. 
Seuls  les orthoptistes ont la légitimité pour alléger les ophtalmologistes d'un certain 
nombre d'actes. Ces auxiliaires médicaux sont suffisamment formés mais, surtout, leur 
décret de compétence a été modifié en 2001 pour leur permettre de réaliser ces actes en toute 
légalité  
 
De plus en plus de cabinets d'ophtalmologistes embauchent ces professionnels pour les aider à 
réaliser un certain nombre d'actes et notamment la mesure de la réfraction automatique, la 
mesure de la pression intra-oculaire, l'examen du champ visuel, l'examen des couleurs, 
l'électrophysiologie ou l'angiographie rétinienne.  
Le patient d'abord examiné par l'orthoptiste passe ensuite dans le cabinet de l'ophtalmologiste 
pour les examens médicaux complémentaires nécessaires  
 
C’est pourquoi il  faut renforcer les effectifs d'orthoptistes qui sont actuellement seulement 
2.000 en exercice. Les douze écoles qui sont en train de faire évoluer leur formation devront 
également, en fonction de leurs possibilités, renforcer les flux de formation. On considère 
qu'il faudrait doubler les effectifs formés chaque année. La formation minute qui sera 
dispensée par Maaf Santé aux opticiens ne peut pas se comparer aux trois ans de 
formation universitaire, théorique et pratique, dispensée aux orthoptistes par la Faculté 
de Médecine et par les Services d’ophtalmologie des CHU.