le Bulletin scientique de l’arapi - numéro 25 - printemps 2010 49
10ème Université d'automne
Dans l’avenir, il serait
important de développer un
système an de pouvoir
différencier et de pouvoir
établir des groupes
en fonction de la capacité
de communication sociale.
de cette façon. Ils peuvent faire des tours avec des cubes
en bois, recopier avec précision un dessin, mais ils ne
jouent pas à faire semblant d'agir comme les autres.
Quel est le trouble fondamental le plus frappant, « patho-
gnomonique » dans l’autisme ?
Peter Tanguay suggère que la communication sociale est
le critère déterminant pour un diagnostic d’autisme. Le
développement du langage est aussi un critère impor-
tant. Néanmoins, il faut aussi prendre en compte d’autres
critères pour le diagnostic même s’ils ne sont pas pré-
valents dans l’autisme comme la capacité intellectuelle,
les hypersensibilités sensorielles (auditives, tactiles et
globales), la motricité ne et globale, ainsi que tous les
troubles co-morbides (TOC, anxiété et dépression). Ces
derniers signes sont importants mais pas des signes abso-
lus pour le diagnostic de l’autisme.
En ce qui concerne le développement du langage, les as-
pects pragmatiques en particuliers devraient représenter
un critère diagnostique. En effet, les items du langage sont
rarement anormaux chez les personnes avec des formes
légères d’autisme (écholalie immédiate 6 %, écholalie
différée et phrases stéréotypées 11 %, inversion pronomi-
nale 3 % et néologismes 4 %). Certains comportements
sont plus fréquemment observables chez les personnes
autistes avec un QI supérieur à 70 comme l’hypersensi-
bilité au bruit (40 %), des anomalies de motricité globale
(38 %), des anomalies de motricité ne (34 %) et de l’hy-
peractivité (28 %). Néanmoins, il ne faut pas prendre en
compte ces comportements pour établir le diagnostic.
Ronald et al. (2006) ont montré qu’il existe peu de liens
entre la génétique et les critères de diagnostic de la triade
autistique du DSM-IV.
Demain
Dans l’avenir, il serait important de développer un sys-
tème an de pouvoir différencier et de pouvoir établir
des groupes en fonction de la capacité de communication
sociale. Le fait de pouvoir établir un score numérique de
gravité de l’autisme montrerait plusieurs avantages. Cela
permettrait d’identier clairement la sévérité de l’autis-
me : en quoi les autistes légers, modérés ou sévères dif-
fèrent. Cela permettrait aussi d’aider la recherche généti-
que et neurobiologique en leur fournissant une meilleure
caractérisation des sujets. Enn, cela permettrait d’avoir
des données plus précises an de mieux dénir les be-
soins d'interventions médicales ou éducatives.
Lorsqu’on étudie l’évolution du syndrome, les études ont
montré que le langage pouvait s’améliorer entre l’enfan-
ce et l’âge adulte. De même, le QI peut progresser de 20-
25 points entre l’âge de 3 et 7 ans. La réciprocité affec-
tive et l’attention émotionnelle conjointe peuvent aussi
s’améliorer surtout chez les sujets légèrement atteints. En
revanche, les aspects pragmatiques de la communication
et de la cognition sociale sont les moins susceptibles de
progresser. Tout au long de leur vie, il reste très difcile
pour les personnes autistes d’avoir une compréhension
intuitive de ce que pensent les autres et de savoir com-
ment se comporter dans les situations sociales. Même
avec un apprentissage explicite de la façon de procéder,
le comportement ne se généralise pas chez ces person-
nes.
On peut se demander s’il existe un lien entre la récipro-
cité affective (l’attention conjointe) et la difculté à ap-
prendre plus tard à mentaliser (comprendre intuitivement
les situations sociales).
On sait qu’il existe
un « cerveau social »
dont on ne sait pas
grand-chose. Les si-
gnaux sociaux que
le cerveau reçoit et
traite deviennent de
plus en plus comple-
xes au fur et à mesure
que l’on accède à une
compréhension sociale complète. On pourrait donc faire
l'hypothèse que ce « cerveau social » ne se développe pas
chez un enfant qui n'a pas dès le plus jeune âge la capa-
cité de percevoir facilement cette multitude de signaux
complexes.
Ainsi il est absolument nécessaire de pouvoir diagnos-
tiquer très précocement les enfants en danger de déve-
lopper un autisme an de trouver les moyens de leur ap-
prendre à percevoir et à émettre des signaux sociaux pour
développer la réciprocité. Il faudrait s’intéresser particu-
lièrement à la neurobiologie et aux aspects génétiques de
la communication sociale an de pouvoir identier très
tôt ces enfants à risque.
Références
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be detected at 18 months? The needle, the haystack, and the
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Baron-Cohen, S., Cox, A., Baird, G., Swettenham, J., Drew,
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population. British Journal of Psychiatry, 168, 158-163.
Ronald, A., Happé, F., Bolton, P., Butcher, L.M., Price, T.S.,
Wheelwright, S., Baron-Cohen, S. & Plomin, R.. (2006). Genetic
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trum: a twin study. Journal of the American Academy of Child
and Adolescent Psychiatry, Jun;45(6):691-9.
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