Diagnostic et traitement de l`ostéoporose $$ Définition

CABINET Forum Med Suisse No15 10 avril 2002 348
Définition de l’ostéoporose
L’ostéoporose est une maladie de tout le sque-
lette caractérisée par une faible masse osseuse
et par une perturbation de la micro-architec-
ture du tissu osseux menant à un risque aug-
menté de fractures. Cette définition a été adop-
tée en 1993 par la «Consensus Development
Conference» [1]. L’OMS a défini en 1994
l’ostéoporose en se basant sur la mesure quan-
titative de la densité osseuse de la façon sui-
vante:
T-Score > –1: Densité osseuse normale
T-Score entre –1 et –2,5: Ostéopénie
T-Score < –2,5: Ostéoporose
Ostéoporose sans fracture
Ostéoporose sévère (avec fractures)
On parle d’ostéoporose si la densité osseuse
est inférieure à 2,5 déviations standard de la
densité osseuse moyenne de jeunes femmes en
bonne santé. Le nombre de déviations standard
est exprimé en valeur de T-score: un T-score de
–2,8 p.ex. signifie que la densité osseuse de la
patiente mesurée est de 2,8 déviation standard
inférieure à la valeur moyenne des jeunes
femmes en bonne santé. Cette définition est in-
dépendante de l’âge.
La valeur seuil de –2,5 déviation standard a été
choisie par l’OMS car elle corrèle assez bien
avec la fréquence de fractures ostéoporotiques:
Le risque, pour une femme de 50 ans, de se
fracturer un os durant le restant de sa vie est
d’environ 30% et environ le même nombre de
femmes de plus de 50 ans ont une densité os-
seuse avec un T-score inférieur à –2,5. Le même
seuil est employé pour l’instant chez les
hommes, le T-score se basant par analogie sur
la valeur de densité moyenne des jeunes
hommes en bonne santé. Il n’est cependant pas
encore établi si le risque de fracture chez les
hommes dépend dans la même mesure du
T-score que chez les femmes.
Importance de l’ostéoporose
Une étude récapitulative des hospitalisations en
Suisse durant 1992 a montré que l’ostéoporose
est la cause de 550000 journées d’hospitalisa-
tions annuellement, un nombre plus élevé que
celui dû aux maladies respiratoires chroniques
obstructives, aux accidents vasculaires céré-
braux, aux cancers du sein et aux infarctus du
myocarde. Les coûts annuels directs ont été es-
timés à 1,3 milliard de Francs [2]. Aux USA sur-
viennent chaque année environ 500000 frac-
tures ostéoporotiques de la colonne vertébrale,
300000 fractures du col du fémur, 200000 frac-
tures du radius dont les coûts ont été estimés à
13,8 milliards de dollars [3]. On a enregistré en-
viron 1,7 million de fractures du col du fémur
dans le monde en 1990 et l’on estime le nombre
de fractures du col du fémur qui surviendront
en 2050 à plus de 6 millions en raison de l’aug-
mentation de l’espérance de vie et de l’évolu-
tion démographique [4].
L’ostéoporose n’est pas seulement une grande
charge pour le système de la santé, elle est pour
les patients concernés la cause de grande souf-
france, d’immobilité, d’handicap, de perte de
qualité de vie et de décès précoce. Environ 20%
des patients ayant eu une fracture du col du
fémur décèdent dans l’année suivant leur frac-
ture, environ 50% sont handicapés et tribu-
taires d’une aide externe, et seulement environ
30% des patients se rétablissent grâce à la chi-
rurgie moderne sans séquelles notables. Les
fractures vertébrales sont aussi à l’origine
d’une diminution considérable de la qualité de
vie et le risque de fractures ultérieures aug-
mente avec chaque fracture subie [5].
Ostéoporose: pas seulement
une pathologie de la femme
Environ une femme sur 3 et un homme sur 7
souffriront durant leur existence d’une fracture
ostéoporotique. L’ostéoporose postménopau-
sique est la forme d’ostéoporose la plus fré-
quente chez la femme, et jusqu’à 50% des frac-
tures sont secondaires chez les hommes
d’après la littérature dont il est important
d’identifier et de traiter la pathologie primaire.
Diagnostic et traitement
de l’ostéoporose
1er partie: Définition – Importance – Diagnostic
J. Jeger
Correspondance:
Dr J. Jeger
Rheumaerkrankungen FMH
Obergrundstrasse 88
CH-6005 Luzern
CABINET Forum Med Suisse No15 10 avril 2002 349
Formes d’ostéoporose
Nous distinguons les formes d’ostéoporose sui-
vantes:
Ostéoporose postménopausique
Ostéoporose sénile
Ostéoporose juvénile
Ostéoporose secondaire
L’ostéoporose postménopausique est due avant
tout à une insuffisance hormonale: Baisse de
l’activité œstrogénique augmentation de
diverses cytokines (avant tout Interleukine-6)
stimulation des ostéoclastes catabolisme
osseux accéléré turnover accéléré. Les fac-
teurs suivants sont prédominants lors d’ostéo-
porose sénile: résistance relative à la vitamine
D, déficit en vitamine D, résorption intestinale
du calcium diminuée, malnutrition, mobilité ré-
duite. Environ 20 à 30% des ostéoporoses sont
secondaires chez les femmes, ce taux est encore
bien supérieur chez les hommes (jusqu’à 50%).
Les étiologies primaires les plus fréquentes
entraînant une ostéoporose secondaire sont:
Hypogonadisme (surtout chez les hommes),
traitement stéroïdien au long cours, les néo-
plasies, l’alcoolisme prononcé, les maladies
rhumatismales inflammatoires, les maladies
gastro-intestinales inflammatoires chroniques
et les hyperthyroïdies.
Détecter les patient(e)s à risque
De nombreux facteurs de risques, plus ou
moins étroitement liés avec une fréquence de
fractures ostéoporotiques, ont été identifiés ces
dernières années [6]. La National Osteoporosis
Foundation estime particulièrement important
les 5 facteurs de risque suivants:
Faible densité osseuse
Fractures survenues après 40 ans
Fractures du col du fémur, de la colonne ou
du radius chez les parents du premier degré
Poids corporel dans le quart inférieur (poids
absolu <52 kg ou BMI <19 kg/m2)
Tabagisme actuel
Un des meilleurs paramètres qui prédit pour
la survenue ultérieure de fractures est la faible
densité osseuse, qui ne peut être constatée
qu’avec une ostéo-densitométrie. Les autres
facteurs de risques peuvent être recherchés ou
mesurés facilement par l’anamnèse et l’exa-
men clinique.
D’autres facteurs de risques mentionnés fré-
quemment sont: Une ménopause avant 45 ans,
des longues périodes d’aménorrhée, un traite-
ment stéroïdien prolongé (plus de 7,5 mg
d’équivalent de prednisone sur plus de trois
mois), des maladies rhumatismales inflamma-
toires chroniques, des maladies intestinales
inflammatoires chroniques (colite ulcéreuse,
maladie de Crohn), les syndromes de mal-
absorption, un traitement anti-épileptique pro-
longé, une forte consommation d’alcool.
Ce n’est pas tant un facteur de risque isolé, mais
l’association de plusieurs facteurs de risques
chez la même patiente [7] qui constitue un
risque élevé, comme p.ex. l’accumulation d’une
anamnèse familiale positive (mère avec frac-
ture du col du fémur), une silhouette frêle et un
fort tabagisme. Il faut donc surtout détecter les
femmes avec plusieurs facteurs de risque et me-
surer leur densité osseuse.
L’examen clinique
L’ostéoporose demeure longtemps asymptoma-
tique avant qu’elle n’entraîne des fractures ou
un effondrement de la posture. L’examen cli-
nique (tabl. 1) ne permet malheureusement pas
Tableau 1. L’examen clinique.
Mesurer la taille et le poids
Cyphose thoracique augmentée, posture altérée
(«bosse des veuves»)
Formation de plis de peau en forme de sapins
sur la colonne vertébrale
L’arc des côtes affleure la crête iliaque
(«kissing ribs»)
Examiner le rachis avec le marteau à réflexes
(fractures récentes)
Evaluer le risque de chutes: acuité visuelle,
trouble de la marche, orthostatisme
Figure 1.
Ostéoporose chez un homme:
cyphose thoracique augmen-
tée, plis de la peau en forme
de sapin.
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de diagnostiquer les stades précoces mais seu-
lement les complications d’une ostéoporose. Il
est important lors d’un examen clinique de me-
surer la taille et le poids, et pas seulement de le
demander. C’est une banalité, qui malheureu-
sement ne va pas toujours de soi dans le rythme
hectique quotidien. De nombreux patients
s’étonnent d’apprendre leur valeur de poids et
de taille actuels. Ils ont souvent en tête la valeur
inscrite dans leur passeport et n’ont pas re-
marqué l’insidieuse perte de taille. Une perte de
taille supérieure à 4 cm est suspecte de fracture
vertébrale déjà intervenue, pouvant sans autre
s’être déroulée sans douleurs massives. Seule-
ment 13des fractures vertébrales provoquent
des douleurs aiguës [5]. L’examen clinique met
en évidence la forme de la colonne vertébrale
(fig. 1: cyphose thoracique augmentée, «la
bosse des veuves», avec plissement de la peau
en sapin sur la colonne thoracique), le tronc est
trop court par rapport aux jambes, les côtes frô-
lent la crête iliaque («kissing ribs», souvent à
l’origine de douleurs gênantes du bas ventre),
la musculature cervicale et dorsale est tendue
et douloureuse à la palpation, la mauvaise sta-
tique avec déplacement du centre de gravité
provoque une démarche incertaine et des
chutes fréquentes. Lors de l’examen soigné,
chaque vertèbre est examinée individuellement
(douleur à la pression ou à l’ébranlement) et le
tapotement avec le marteau à réflexe permet de
tester si certaines vertèbres sont particulière-
ment sensibles (indice de fracture récente).
L’examen soigné doit aussi relever les indices
de pathologies associées à un risque de chute
accru: baisse de l’acuité visuelle, trouble de la
marche, réaction orthostatique, trouble de
rythme. Mentionnons dans ce contexte le dan-
ger de la prescription combinée d’antihyper-
tenseurs et de médicaments psychotropes chez
les patients âgés: fréquence de chutes accrues
lorsque les patients vont la nuit aux toilettes
sous l’influence de médicaments sédatifs. Les
médecins de famille doivent saisir l’occasion
lors de visite à domicile de rendre attentifs sur
les dangers potentiels de chutes de certains
détails d’habitation: tapis glissants, câbles pla-
cés en embuscade, chambres insuffisamment
éclairées, sols mouillés dans la cuisine et la salle
de bains.
La place des examens
de laboratoire
Les examens de laboratoire ne sont de pre-
mière utilité pour le diagnostic d’ostéoporose,
mais sont utiles pour exclure d’autres patho-
logies (diagnostic différentiel). L’ostéoporose
primaire ne se traduit pas par des altérations
de valeurs de laboratoire, hormis des valeurs
élevées de métabolisme osseux accéléré et de
phosphatase alcaline lors de fractures récentes.
Les examens de laboratoire donnent des in-
dices sur l’origine d’ostéoporoses secondaires,
sur des maladies métaboliques ou des néopla-
sies. La mesure de paramètres de métabolisme
osseux donne des informations supplémen-
taires sur le risque de fracture. La valeur pré-
dictive sur le risque de fracture ultérieure est
cependant mal établie et demeure controver-
sée.
La mesure de la desoxypyridinoline dans
l’urine du matin est la plus couramment utili-
sée aujourd’hui. (On utilise la deuxième urine
du matin, sans diète préalable, L’urine étant en-
voyée au laboratoire dans un flacon protégeant
de la lumière.) Les pyridinolines sont des
molécules de liaisons («Cross links»), liant les
fibrilles de collagène. Elles sont en partie ex-
crétées dans l’urine lors de catabolisme osseux.
Les télopeptides NTX et CTX sont d’autres
paramètres de catabolisme osseux. Les para-
mètres anaboliques osseux (particulièrement
l’ostéocalcine) sont régulièrement utilisés lors
d’études cliniques, mais ne sont pas d’utilité
essentielle pour la pratique clinique.
La mesure de paramètres de catabolisme osseux
peut avoir sa place pour surveiller un traite-
ment antirésorption (monitoring) et aide pour
motiver et conseiller des patients, lorsqu’on
peut leur montrer après seulement quelques
mois de traitement qu’il a déjà pu freiner effi-
cacement le catabolisme osseux [8]. La mesure
de la desoxypyridinoline est utile avant le début
et après 2–3 mois de traitement.
La place de l’imagerie médicale
Les radiographies conventionnelles ne per-
mettent pas de détecter les stades précoces.
Lorsque nous soupçonnons une déminéralisa-
tion à l’examen d’une radiographie, la perte de
la substance osseuse est estimée à déjà plus de
Tableau 2. Examens de laboratoires.
Bilan de base Bilan extensif lors d’indications
particulières
Vitesse de sédimentation TSH
Formule sanguine avec répartition Parathormone
Calcium Vitamine-D-25-OH
Phosphatase alcaline Electrophorèse des protéines
Créatinine Excrétion de calcium dans les urines
de 24 heures
Protéines totales Ponction de moelle osseuse
Tests hépatiques Biopsie osseuse
Désoxypyridinoline urinaire
Chez les hommes: Testostérone / FSH / LH
CABINET Forum Med Suisse No15 10 avril 2002 351
30%. Les radiographies conventionnelles ne
permettent que de mettre en évidence les com-
plications d’une ostéoporose: des fractures et
des déformations de vertèbres, des fractures
périphériques. Lorsqu’on envisage une ostéo-
porose à l’origine de douleurs vertébrales, il est
utile de faire des clichés antéropostérieurs et la-
téraux de la colonne lombaire et dorsale. L’on
examine la statique, la structure osseuse et les
déformations éventuelles des vertèbres il faut
être attentif à: des impressions des plateaux
vertébraux, des vertèbres thoraciques cunéi-
formes (fig. 2), des vertèbres lombaires en
forme vertèbres de poissons, des fractures
fraîches ou anciennes avec des spondyloses ré-
actives, des érosions des racines des lames ver-
tébrales comme indices de métastases. Les ra-
diographies conventionnelles sont avant tout
indiquées pour éclaircir le cas de patients
symptomatiques et des patients avec une forte
présomption clinique (diminution de taille,
déformation du rachis). Les radiographies
conventionnelles ne sont généralement pas in-
diquées pour évaluer le risque de patientes
asymptomatiques en périménopause.
Une radiographie du bassin à la recherche de
lignes de Looser, fréquemment observées aux
niveaux des branches pubiennes et du col du
fémur, peut être indiquée lors de soupçon d’os-
téomalacie.
Des examens plus poussés de l’imagerie médi-
cale sont indiqués dans certains cas particu-
liers, comme une scintigraphie à trois phases
du squelette par exemple lors de recherches de
néoplasies ou de maladies rhumatismales in-
flammatoires.
La place de la mesure
de la densité osseuse
Une densité osseuse diminuée est l’un des
meilleurs paramètres pronostiques pour la sur-
venue de fractures ultérieures. Une diminution
de la densité osseuse d’environ une déviation
standard correspond à une perte de 10% envi-
ron. Le risque de fracture augmente de 2 à 2,5
fois par diminution d’une unité de déviation
standard de densité osseuse. Il faut se rendre
compte que le seuil de –2,5 déviation standard
est arbitraire et a été choisi par l’OMS en se ba-
sant sur des considérations épidémiologiques.
Une fracture peut sans autre survenir pour des
patients individuels avec des valeurs densito-
métriques ostéopéniques et d’autres patients
individuels avec des valeurs de densitométrie
du domaine d’ostéoporose sévère peuvent
rester sans fractures. La densitométrie osseuse
ne livre pas une valeur absolue et certaine de
risque de fracture, mais représente simplement
une aide pour les décisions thérapeutiques.
La détection précoce d’une ostéoporose est
seulement possible grâce à une mesure de la
densité osseuse (densitométrie osseuse). Une
densitométrie est indiquée en présence de fac-
teurs de risques et non comme instrument de
dépistage généralisé. Ce sont surtout chez les
femmes (et les hommes) avec plusieurs facteurs
de risque qu’une densitométrie osseuse est
fructueuse, à condition que les patients concer-
nés soient d’accord de tirer les conséquences
qui peuvent s’imposer (modification d’un com-
portement à risque, élimination des facteurs
de risque, acceptation d’un traitement) si une
ostéoporose est détectée. Un entretien avec les
patient(e)s avant d’ordonner une densitométrie
doit estimer quelles seraient leurs motivations
le cas échéant. Une densitométrie n’a aucun
sens si elle n’est pas suivie de conséquences! La
mesure de la densité osseuse est tout particu-
lièrement indiquée au début d’un traitement
stéroïdien au long cours. De nombreuses
femmes avec des maladies rhumatismales in-
flammatoires (arthrite rhumatoïde, polymyal-
gia rheumatica) sont déjà exposées à une ostéo-
porose en raison de leur âge et d’autres facteurs
de risque et subissent des fractures ostéoporo-
tiques vertébrales après seulement quelques
mois de traitement stéroïdien. Une mesure de
la densité osseuse devrait être ordonnée de rou-
tine au tout début d’un traitement stéroïdien au
long cours (prestation obligatoire des caisses
d’assurance-maladie) et un vigoureux traite-
ment prophylactique contre l’ostéoporose, et
thérapeutique si nécessaire, devrait être asso-
cié à tout traitement stéroïdien au long cours
(plus de trois mois). On oublie souvent que les
stéroïdes inhalés peuvent aussi favoriser une
ostéoporose, même si ce n’est dans un moindre
Figure 2.
Déformation cunéiforme d’une
vertèbre (fracture vertébrale).
CABINET Forum Med Suisse No15 10 avril 2002 352
mesure qu’avec les traitements stéroïdiens
oraux au long cours.
La mesure de la densité osseuse est aussi utile
pour motiver la prise de substitution hormonale
après la ménopause, surtout chez les femmes
asymptomatiques qui n’accepteraient sinon
pas cette substitution. Quand la mesure de la
densité osseuse est parfaitement normale, il
n’existe pas de raison péremptoire à débuter
une substitution hormonale. Elle le devient par
contre quand les valeurs mesurées avoisinent
le seuil d’ostéoporoses ou sont franchement pa-
thologiques.
Quelles sont les méthodes
utilisées aujourd’hui?
La DEXA (Dual X-ray Absorptiometrie) est l’éta-
lon or universellement accepté de la mesure de
la densité osseuse. Cette méthode a été utilisée
dans la plupart des études cliniques et c’est avec
la méthode DEXA que les valeurs normales ont
été établies de façon la plus extensive. La défi-
nition OMS de l’ostéoporose qui se base sur le
T-score, s’appuie également sur des valeurs ob-
tenues par la méthode DEXA. La méthode DEXA
utilise deux rayons X de fréquences différentes.
On peut calculer la densité du tissu irradié en
mesurant l’absorption des deux rayons et en
la comparant avec l’absorption d’un medium
standardisé. La mesure aux endroits où les frac-
tures sont les plus fréquentes donne les résul-
tats les plus utiles et les plus prédictifs: au ni-
veau de la colonne vertébrale et du col du fémur.
La mesure DEXA n’expose le patient qu’à une
faible dose de rayons (DEXA 2–4 millirem, une
radio du thorax environ 120 millirem), ne dure
que quelques minutes, est indolore et coûte
selon les différents instituts de radiologie envi-
ron 150.– sFr. L’inconvénient principal des ins-
truments pour DEXA est leur coût élevé et qu’ils
ne sont guère transportables.
Les ultrasons gagnent de l’importance, mesu-
rant selon les appareils deux paramètres diffé-
rents: le «Speed of Sound» (SOS) (vitesse du son)
et/ou le «Broadband Ultrasound Attenuation»
(BUA) (atténuation du son). Il existe déjà diffé-
rents appareils sur le marché, pouvant mesu-
rer la densité osseuse au niveau du calcanéum,
du tibia ou des phalanges des doigts. Les ap-
pareils les plus précis et donnant les meilleures
valeurs pronostiques sont ceux mesurant la
densité au niveau du calcanéum. Les autres
types d’appareils sont relativement mal éva-
lués. Plusieurs études ont montrés que les don-
nées de bases SOS et BUA mesurées par appa-
reils ultrason au niveau du calcanéum corrèlent
bien avec la survenue ultérieure de fracture du
col du fémur [9]. Ces études ont en majorité été
effectuées sur des femmes âgées et nous ne dis-
posons encore que de peu d’éléments pour af-
firmer la valeur prédictive des ultrasons chez
les femmes plus jeunes. Il n’existe encore très
peu de données pour savoir si les ultrasons
pourraient être employés pour le suivi du trai-
tement. Les avantages particuliers des ultra-
sons sont l’absence d’irradiation, leurs petites
dimensions, leur facilité de transport, et leur
faible prix par rapport aux appareils DEXA. Les
ultrasons donnent probablement aussi des in-
formations sur la texture des os, qui ne sont pas
obtenues par la mesure de la densité osseuse
DEXA. Un inconvénient majeur est l’impossibi-
lité d’effectuer des mesures au niveau de la co-
lonne et du col du fémur. Les ultrasons et la
DEXA ne mesurent pas exactement la même
chose et la comparaison de leurs résultats est
très limitée. Les ultrasons ne peuvent être re-
commandés pour l’instant comme seul élément
d’aide de décision pour le traitement et son
suivi.
La tomographie quantitative computérisée est
aussi parfois utilisée. La QCT au niveau du
rachis est dépassée, d’une part en raison de la
forte dose d’irradiation et aussi en raison de la
pauvreté relative des données pour établir les
normes de références. La tomographie quanti-
tative computérisée périphérique PQCT (me-
sure à l’avant-bras) reste une modalité diag-
nostique utile pour certaines questions, en
particulier quand l’on désire des informations
sur la morphologie osseuse pour le diagnostic
différentiel. La précision de mesure dépend ce-
pendant fortement du type d’appareil et cette
modalité n’a pu s’établir sur le plan internatio-
nal.
Important: Les mesures de suivi doivent non
seulement être effectuées avec la même mé-
thode de mesure, mais aussi avec le même type
d’appareil.
Quelles sont les critères de
prises en charge des frais de la
densitométrie osseuse par les
caisses maladies en Suisse?
D’après l’annexe du 1.1.1999 de l’OPAS (or-
donnance sur les prestations de l’assurance des
soins), les indications suivantes sont pour l’ins-
tant nécessaires pour la prise en charges de la
densitométrie par les caisses d’assurances ma-
ladie:
Lors d’ostéoporose manifeste ou lors de
fracture par un traumatisme inadéquat.
Lors d’un traitement stéroïdien au long
cours ou lors d’hypogonadisme.
Lors de maladies gastro-intestinales (mal-
absorption, maladie de Crohn, colite
ulcéreuse).
Lors d’hyperparathyroïdie primaire (en
l’absence d’indication opératoire claire).
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