Recommandations pour la pratique clinique : Nice, Saint

publicité
ONCOLOG IE
612
Oncologie (2009) 11: 612–793
© Springer 2009
DOI 10.1007/s10269-009-1823-9
RPC NICE SAINT PAUL DE VENCE 2009
Recommandations pour la pratique clinique :
Nice, Saint-Paul de Vence 2009 « cancers du sein »
et « soins de support »
Partie II - Soins de support1
Promoteur
Cours de Saint-Paul-de-Vence
Coordination logistique et scientifique
LOb Conseils
P. Ferran, L. Massa-Auvray, N. Mathivas, J. Tessaire
Comité d’organisation
J. Gligorov, I. Krakowski, E. Luporsi, M. Namer
Correspondance : [email protected] ; [email protected]
Membres du groupe de travail « Cancers du sein »
L. Aimard, radiothérapie, centreClairval, Marseille, France
B. Barreau, radiologie, centre Futura, Anglet, France
F. André, oncologie médicale, institut Gustave-Roussy,
Villejuif, France
C. Bourgier, radiothérapie, institut Gustave-Roussy,
Villejuif, France
M. Antoine, anatomie et cytologie pathologiques,
AP–HP, hôpital Tenon, Paris, France
E. Brain, oncologie médicale, centre René-Huguenin,
Saint-Cloud, France
1
La partie « Cancers du sein » de ces recommandations a fait l’objet d’une publication dans le volume 11 – Numéro 11 –
novembre 2009 de la revue Oncologie.
L. Ceugnart, radiologie, centre Oscar-Lambret, Lille, France
K. Clough, oncologie chirurgicale, institut du sein, Paris,
France
J. Chiras, radiologie, AP–HP, la Pitié-Salpêtrière, Paris,
France
M. Cohen, oncologie chirurgicale, cabinet médical,
Aubagne, France
B. Coudert, oncologie médicale, centre GeorgesFrançois-Leclerc, Dijon, France
B. Cutuli, oncologie radiothérapique, polyclinique de
Courlancy, Reims, France
T. Delozier, oncologie médicale, centre FrançoisBaclesse, Caen, France
S. Delaloge, oncologie médicale, institut GustaveRoussy, Villejuif, France
N. Dohollou, oncologie médicale, polyclinique Nord,
Bordeaux, France
F. Ettore, anatomie et cytologie pathologiques, centre
Antoine-Lacassagne, Nice, France
T. Facchini, oncologie médicale, polyclinique de Courlancy, Reims, France
C. Falandry, oncologie médicale, centre hospitalier
Lyon-Sud, Pierre-Bénite, France
G. Freyer, oncologie médicale, centre hospitalier
Lyon-Sud, Pierre-Bénite, France
G. Ganem, oncologie radiothérapique, centre JeanBernard, Le Mans, France
S. Giard, oncologie chirurgicale, centre Oscar-Lambret,
Lille, France
J.-P. Guastalla, oncologie médicale, centre Léon-Bérard,
Lyon, France
J.-M. Guinebretiere, anatomie et cytologie pathologiques, centre René-Huguenin, Saint-Cloud, France
J. Jacquemier, anatomie et cytologie pathologiques,
institut Paoli-Calmettes, Marseille, France
A. Lesur, oncologie gynécologique, centre AlexisVautrin, Vandœuvre-lès-Nancy, France
P.-M. Martin, biologiste, faculté de médecine, secteur
Nord, Marseille, France
L. Mauriac, oncologie médicale, institut Bergonié,
Bordeaux, France
F. Lokiec, pharmacologie, centre René-Huguenin, SaintCloud, France
S. Ménard, oncologie expérimentale et laboratoire,
Institut national du cancer, Milan, Italie
I. Morel-Soldner, gérontologie, centre hospitalier
Lyon-Sud, Pierre-Bénite, France
L. Ollivier, radiodiagnostic, institut Curie, Paris,
France
T. Petit, oncologie médicale, centre Paul-Strauss, Strasbourg, France
P. Pujol, oncogénétique, hôpital Arnaud-de-Villeneuve,
Montpellier, France
H. Roché, oncologie médicale, institut Claudius-Regaud,
Toulouse, France
G. Romieu, oncologie médicale, centre Val-d’AurellePaul-Lamarque, Montpellier, France
P. Rouanet, chirurgie, centre Val-d’Aurelle-PaulLamarque, Montpellier, France
R. Salmon, oncologie chirurgicale, institut Curie, Paris,
France
J.-P. Spano, oncologie médicale, AP–HP, la PitiéSalpêtrière, Paris, France
M. Spielmann, oncologie médicale, institut GustaveRoussy, Villejuif, France
A. Tardivon, radiologie, institut Curie, Paris, France
G. Houvenaeghel, chirurgie, institut Paoli-Calmette,
Marseille, France
R. Villet, chirurgie, groupe hospitalier DiaconessesCroix-Saint-Simon, Paris, France
M. Hery, oncologie radiothérapique, centre hospitalier
Princesse-Grâce, Monaco, France
L. Zelek, oncologie médicale, AP–HP, Henri-Mondor,
Créteil, France
Membres du groupe de travail « Soins de support »
M. Ackermann, pharmacologie Morges, Suisse
T. Bouillet, oncologie médicale, Paris, France
D. Ammar, médecine de la douleur, Marseille, France
C. Bouleuc, oncologie médicale, institut Curie, Paris,
France
E.-C. Antoine, oncologie médicale, clinique Hartmann,
Neuilly-sur-Seine, France
T. Bachelot, oncologie médicale, centre Léon-Bérard,
Lyon (SFRO), France
P.-A. Brioschi, gynécologie–obstétrique, Genolier,
Suisse
P. Bachmann, nutrition, centre Léon-Bérard, Lyon, France
F. Brocard, oncologie médicale, centre Alexis-Vautrin,
Nancy, France
C. Bagnis, néphrologie, AP–HP, la Pitié-Salpêtrière,
Paris, France
L. Chaigneau, oncologie médicale, CHU Jean-Minjoz,
Besançon, France
F. Barruel, psychologie, CHI Le Raincy, Montfermeil,
France
L. Chassignol, médecine de la douleur, centre hospitalier de Saintonge, Saintes, France
K. Belhadj, hématologie, AP–HP Henry-Mondor, Créteil,
France
F. Chauvin, oncologie médicale et santé publique,
institut de cancérologie, Saint-Priest-en-Jarez, France
CONSEIL SCIENTIFIQUE / SCIENTIFIC BOARD
613
ONCOLOG IE
614
G. Chvetzoff, oncologie médicale, centre Léon-Bérard,
Lyon, France
A.-S. Le Bihan, psychiatrie clinique, AP–HP, SaintAntoine, Paris, France
C. Ciais, soins palliatifs, centre Antoine-Lacassagne,
Nice, France
J.-L. Machavoine, psycho-oncologie, centre FrançoisBaclesse, Caen, France
M.-F. Cosset, Anesthésie–réanimation, institut GustaveRoussy, Villejuif, France
M. Magnet, oncologie médicale, HAD, Lyon, France
S. Dauchy, psychiatrie, institut Gustave-Roussy,
Villejuif, France
F. Debiais, rhumatologie, CHU de la Milétrie, Poitiers,
France
T. Delorme, médecine de la douleur, institut Curie, Paris,
France
S. Mimoun, gynécologie-sexologie, Paris, France
S. Perrot, rhumatologie, AP–HP, Hôtel-Dieu, Paris,
France
P. Poulain, soins palliatifs, polyclinique de l’Ormeau,
Tarbes, France
M. Reich, psychiatrie, centre Oscar-Lambret, Lille
M. Di Palma, oncologie médicale, institut GustaveRoussy, Villejuif, France
P. Saltel, psychiatrie, centre Léon-Bérard, Lyon,
France
M. Dicato, oncologie médicale, centre hospitalier de
Luxembourg, Luxembourg
F. Scotté, oncologie médicale, AP–HP, HEGP, Paris,
France
S. Dolbeault, psychiatrie, institut Curie, Paris, France
P. Sénesse, oncologie médicale, centre Val-d’Aurelle–
Paul-Lamarque, Montpellier, France
J.-P. Durand, oncologie médicale, AP–HP Cochin, Paris,
France
J. Duret, kinésithérapie, Avignon, France
S. Toussaint, soins palliatifs, centre Alexis-Vautrin,
Vandœuvre-lès-Nancy, France
P. Escure, oncologie médicale, AP–HP Avicenne,
Bobigny, France
M. Tubiana, oncologie médicale, centre René-Huguenin,
Saint-Cloud, France
N. Jovenin, oncologie médicale, centre Jean-Godinot,
Reims, France
M.-P. Vasson, pharmacologie, faculté de pharmacie,
Clermont-Ferrand, France
L. Juhel, oncologie médicale, clinique Victor-Hugo,
Le Mans, France
D. Kamioner, oncologie médicale, hôpital privé OuestParisien, Trappes, France
I. Kriegel, anesthésie–réanimation, AP–HP Lariboisière,
Paris, France
F. Laroche, rhumatologie, AP–HP, Saint-Antoine, Paris,
France
C. Villanueva, oncologie médicale, CHU Jean-Minjoz,
Besançon, France
F. Tiberghien, médecine de la douleur, CHU JeanMinjoz, Besançon, France
C. Tournigand, oncologie médicale, AP–HP, SaintAntoine, Paris, France
P. Latino-Martel, Nutrition, Jouy-en-Josas, France
R.-M. Javier, rhumatologie, CHU Hautepierre, Strasbourg, France
D. Mayeur, oncologie médicale, hôpital André-Mignot,
Le Chesnay, France
M. Marty, rhumatologie, AP–HP, Henri-Mondor, Créteil,
France
V. Launay-Vacher, néphrologie, AP–HP, La PitiéSalpêtrière, Paris, France
J. Otto, oncologie médicale, centre Antoine-Lacassagne, Nice, France
Membres du comité d’organisation
J. Gligorov, oncologie médicale, AP–HP Tenon, Paris,
France
I. Krakowski, oncologie médicale, centre Alexis-Vautrin,
Vandœuvre-lès-Nancy, France
E. Luporsi, oncologie médicale, recherche clinique et
biostatistique, méthodologie, centre Alexis-Vautrin,
Vandœuvre-lès-Nancy, France
M. Namer, oncologie médicale, Nice, France
Membres du jury
M. Aapro, Suisse
M. Marty, Paris, France
Y. Belkacemi, Paris, France
F. Mornex, Lyon, France
A. Di Leo, Italie
M. Piccart, Belgique
A. Dicato, Luxembourg
J. Pouyssegur, Nice, France
C. Isamel-Domenge, Brésil
I. Tannock, Canada
D. Khayat, Paris, France
S. Uzan, Paris, France
Membres du groupe de lecture
D. Azria, oncologie radiothérapique, centre Vald’Aurelle-Paul-Lamarque, Montpellier, SFRO, France
C. Meyer, oncologie chirurgicale, hôpitaux civils de
Colmar, Colmar, France
J.-L. Beal, anesthésie–réanimation, Quétigny, France
S. Million Daessle, radiologie, cabinet médical, Colmar,
France
P. Bensa, neurologie, Marseille, France
P. Bertheau, anatomie pathologie, SFP, Paris, France
J. Camerlo, oncologie médicale, institut Paoli-Calmette,
Marseille, France
A. Carbonne, biologie médicale, AP–HP, La PitiéSalpêtrière, Paris, France
E. Carola, oncologie médicale, centre hospitalier de
Senlis, France
J. Carretier, coordinateur des SOR Savoir Patient, Paris,
France
B. Sigal-Zafrani, anatomopathologie, institut Curie,
Paris, France
V. Conri, oncologie chirurgicale, hôpital Saint-André,
Bordeaux, France
A. Courdi, oncologie radiothérapique, centre AntoineLacassagne, Nice, France
H. Cure, oncologie médicale, centre Jean-Godinot,
Reims, GEPOG, France
P. Debourdeau, oncologie médicale, HIA Desgenettes,
Lyon, France
C. Delcambre, oncologie médicale, centre FrançoisBaclesse, Caen, France
V. Doridot, oncologie chirurgicale, centre République,
Clermont-Ferrand, France
A. Dufresne, oncologie médicale, hôpital ÉdouardHerriot, Lyon, France
E. Monpetit, radiothérapie, clinique Océane, Vannes,
France
P. Montcuquet, oncologie médicale, clinique SaintVincent, Besançon, France
L. Moreau, oncologie médicale, clinique des Dômes,
Clermont-Ferrand, France
F. Mousteou, gynécologie médicale, Cagnes-sur-Mer,
FNCGM, France
F. Penault-Llorca, anatomie et cytologie pathologiques,
centre Jean-Perrin, Clermont-Ferrand, France
F. Pinguet, pharmacien, Montpellier, SFPO, France
N. Pinto, oncologie radiothérapique, centre de HauteÉnergie, Nice, France
I. Piollet, psycho-oncologie, SFPO
J. Provencal, oncologie médicale, centre hospitalier,
Annecy, France
K. Prulhiere Corviole, oncologie médicale, polyclinique
de Courlancy, Reims, France
I. Ray-Coquard, oncologie médicale, centre LéonBérard, Lyon, France
D. Serin, oncologie médicale et oncologie radiothérapie, institut Sainte-Catherine, Avignon, France
A. Serrie, médecine de la douleur, AP–HP Lariboisière,
Paris, SFETD, France
C. Sibai-Sere, gynécologie–obstétrique, Bordeaux,
FNCGM, France
M. Espié, oncologie médicale, AP–HP Saint-Louis, Paris,
France
H. Simon Swirsky, oncologie médicale, hôpital Morvan,
Brest, France
R. Fauvet, oncologie chirurgicale, CHU Sud-Amiens,
France
J. Stines, radiologie, centre Alexis-Vautrin, Vandœuvrelès-Nancy, SOFMIS, France
B. Fervers, oncologie médicale méthodologie, centre
Léon-Bérard, Lyon, France
D. Tammam, neurologie, Marseille, France
P. Geniés, anesthésie, Montpellier, France
A. Toledano, oncologie radiothérapique, clinique Hartmann, Neuilly-sur-Seine, France
G. Hirsch, soins palliatifs, centre hospitalier de Blois,
SFAP, France
P. Troufleau, radiologie, centre Alexis-Vautrin, Vandœuvre-lès-Nancy, France
G. Laval, soins palliatifs, hôpital Nord Albert-Michallon,
Grenoble, SFAP, France
N. Tubiana-Mathieu, oncologie médicale, hôpital
Dupuytren, Limoges, France
M. Le Heurteur, oncologie médicale, centre Jean-Perrin,
Clermont-Ferrand, France
M. Untereiner, oncologie radiothérapique, centre
Baclesse, Esch-sur-Alzette, Luxembourg
C. Lévy, oncologie radiothérapique, centre FrançoisBaclesse, Caen, France
L. Vanlemmens, oncologie médicale, centre OscarLambret, Lille, France
N. Mahmoudi, oncologie médicale, centre hospitalier
de Bourganeuf, France
M. Veluire, gynécologie, Athis-Mons, France
P. Marti, oncologie médicale, centre hospitalier Dracénie, Draguignan, France
J.-P. Ziccarelli, Anesthésie–réanimation, clinique Beauregard, Marseille, France
G. Massé, médecine générale, Reims, France
P. Zlatoff, oncologie chirurgicale, centre Léon-Bérard,
Lyon, France
O. Mejjad, rhumatologie, CEDR, France
D. Zarca, chirurgie gynécologique, Paris, France
CONSEIL SCIENTIFIQUE / SCIENTIFIC BOARD
615
616
Sociétés relectrices
ONCOLOG IE
AFSOS : Association francophone pour les soins oncologiques de support
SFCO : Société française d’oncologie chirurgicale
CEDR : Cercle d’étude de la douleur en rhumatologie
SFETD : Société française d’étude et de traitement de la
douleur
FNCGM : Fédération nationale des collèges de gynécologie médicale
SOFMIS : Société française de mastologie et d’imagerie
du sein
GEPOG : Groupe d’échange de pratiques en oncogériatrie
SFP : Société française de pathologie
SFAP : Société française d’accompagnement et de
soins palliatifs
SFPOa : Société française de pharmacie oncologique
SFCP : Société française de cancérologie privée
SFRO : Société française de radiothérapie oncologique
SFPOb : Société française de psycho-oncologie
Patientes
Jeannine, Reine, Sylviane, Corinne, Pascale, Martine, Catherine et Silke
Coordination logistique et scientifique : LOb Conseils
Pierre Ferran
Laurie Massa-Auvray
Nathalie Mathivas
Juliette Tessaire
Méthodologie des recommandations pour la pratique clinique
(RPC) Saint-Paul de Vence 2009
Contexte et organisation
Depuis 22 ans, les experts de la pathologie mammaire
se réunissent à Saint-Paul de Vence pour échanger les
nouvelles données scientifiques dans leur domaine
d’exercice. En 2003, le groupe a souhaité formaliser en
recommandations pour la pratique clinique (RPC) ce
cours pour aider tous les acteurs de soin du cancer du
sein dans leur pratique clinique. La première édition des
RPC, issue du travail du groupe en 2003–2004, a été
publiée en septembre 2005 (Oncologie, 2005 7(5):
342–79). Le projet continue dans une dynamique de
mise à jour biennale en intégrant par ailleurs de
nouvelles questions.
Pour la publication 2007 (Oncologie, 2007 9:
593–644), le projet s’est construit autour d’un comité
d’organisation constitué de Moı̈se Namer, Joseph
Gligorov, Elisabeth Luporsi et Daniel Serin.
Pour 2009, la RPC Nice-Saint-Paul de Vence, en plus
des mises à jour, traite de nouvelles thématiques dans
le cancer du sein et aborde les soins de support en
cancérologie en partenariat avec l’AFSOS (Association
francophone des soins oncologiques de support).
Objectif du document
Ces RPC visent à améliorer la qualité de la prise en
charge des patientes atteintes de cancer du sein en
fournissant aux praticiens une aide à la décision
facilement utilisable et actualisée.
Cible du document
Ces recommandations s’adressent aux acteurs de soin
prenant en charge les patientes atteintes ou à risque de
cancer du sein.
Questions traitées
– Cancers du sein :
cancers des femmes non ménopausées ;
cancers des femmes âgées (hors situation
métastatique) ;
cancers métastatiques ;
surveillance posttraitement locorégional ;
– Soins de support :
abord veineux de longue durée ;
extravasation ;
intérêt de l’activité physique ;
épidémiologie, diagnostic, facteurs de risque et
prévention des douleurs neuropathiques chroniques
séquellaires après traitement locorégional ;
utilisation des facteurs de croissance granulocytaires ;
érythrodysesthésie palmoplantaire (syndrome
palmoplantaire) ;
toxicité unguéale ;
candidoses oropharyngées ;
prise en charge des mucites ;
prise en charge des nausées et vomissements
chimio-induits ;
iatrogénie rénale ;
nutrition ;
atteintes rhumatologiques douloureuses induites par les traitements par antiaromatases ;
ostéoporose ;
dépression ;
interférence du cancer du sein sur la sexualité ;
quand et comment préserver la fertilité ?
dyspnée en phase avancée ;
poursuivre ou non la chimiothérapie palliative
symptomatique.
Tableau 1. Niveaux de preuve et grades des recommandations
d’après Anaes 2000 (adapté du score de Sackett)
Niveau de preuve scientifique
fourni par la littérature
Grade des
recommandations
Niveau 1 :
– essais comparatifs randomisés
de forte puissance ;
– méta-analyse d’essais
comparatifs randomisés ;
– analyse de décision basée
sur des études bien menées.
Niveau 2 :
– essais comparatifs randomisés
de faible puissance ;
– études comparatives non
randomisées bien menées ;
– études de cohorte.
Niveau 3 :
– études cas-témoins ;
– essais comparatifs
avec série historique.
Niveau 4 :
– études comparatives comportant
des biais importants ;
– études rétrospectives ;
– séries de cas ;
– études épidémiologiques descriptives
(transversale, longitudinale).
Grade A
Preuve scientifique
établie
Grade B
Présomption
scientifique
Grade C
Faible niveau de
preuve scientifique
Groupe de travail
L’élaboration des RPC implique un groupe de travail
multidisciplinaire constitué d’une centaine d’experts
praticiens venant de tous les modes d’exercice (service
public, établissements privés et centres de lutte contre
le cancer) répartis géographiquement de façon représentative. Un groupe d’une cinquantaine d’experts,
sélectionnés selon les mêmes critères, a relu le
document. Le groupe de travail a été accompagné
d’une équipe de méthodologistes. Huit patientes ont
participé à la relecture (cf. méthode).
Méthodes
La méthode d’élaboration des RPC de Nice–Saint-Paul
de Vence repose sur l’analyse des données de la
littérature et l’expertise des cliniciens prenant en charge
les patientes atteintes de cancer. Ils ont suivi les étapes
suivantes :
– formulation des questions cliniques par les
experts au cours d’une réunion plénière ;
– recherche des données : les références scientifiques ont été recherchées de façon systématique dans
les banques de données médicales et sur Internet (cf.
résultats de la recherche bibliographique) ;
– sélection des données : les références de haut
niveau de preuve (méta-analyses ou essais randomisés)
ont été retenues en priorité par les experts ;
– analyse et synthèse méthodique des données par
les cliniciens au cours de sept réunions plénières. Les
experts ont évalué le niveau de preuve de chacun des
Nota : le grade de la recommandation qui découle du niveau
de preuve scientifique des articles est indiqué dans le
résumé des recommandations.
articles cités dans la RPC selon le Tableau 1. Une veille
des données scientifiques a été mise en œuvre ;
– rédaction de l’argumentaire et des recommandations par les cliniciens. Des propositions d’études de
recherche clinique ont été formulées pour chaque
question traitée. Les recommandations sont gradées
et accompagnées des niveaux de preuve de la littérature
(cf. ci-après). Les études ont été mises en cohérence
avec les données légales existantes (AMM, ATU).
Lorsqu’il n’y a pas de données légales, le groupe de
travail a estimé que l’usage du produit concerné est
conforme à la qualité requise des soins ;
– présentation de la méthodologie et des résultats
préliminaires à un jury d’experts en janvier 2009 ;
– lecture nationale : 200 acteurs de la prise en charge
du cancer du sein, utilisateurs potentiels de la RPC, ont
été sollicités avec un délai de retour de six semaines, un
tiers d’entre eux a émis un avis. Les commentaires
obtenus ont été analysés par le groupe de travail et
intégrés dans le document final selon leur pertinence ;
– lecture par un groupe de huit patientes avec le
soutien méthodologique de professionnels de l’information délivrée aux patients (méthodologie des SOR).
Les patientes ont complété les recommandations
cliniques de leur point de vue. Ces remarques sont
présentées en préambule des recommandations et en
fin de chaque chapitre ;
CONSEIL SCIENTIFIQUE / SCIENTIFIC BOARD
617
ONCOLOG IE
618
– lecture scientifique des RPC par 18 médecins
exerçant dans l’industrie pharmaceutique, avec comme
objectif de vérifier l’adéquation des recommandations
aux AMM respectives et également aux résultats
publiés ou présentés afin de permettre une diffusion
des recommandations sans modification ni interprétation de celles-ci. Les commentaires proposés ont été
analysés, intégrés si pertinents ou réfutés si considérés
comme non scientifiques ;
– lecture méthodologique à deux reprises par des
méthodologistes indépendants ;
– publication contenant l’argumentaire et les
recommandations. Le rapport intégral est mis à disposition sous forme de diaporama dynamique.
Stratégie de diffusion
– Diffusion électronique par l’intermédiaire d’un site
Internet dédié (www.cours-rpc-nice-saintpaul.fr), du site
de l’AFSOS (www.afsos.org) des sites Internet des
sociétés savantes partenaires (www.sfcp-cancer.com ;
www.fncgm.com ; www.sfco-esso.com ; www.imagemed.org/Sofmis ; www.sfpo.com ; www.sfpo.fr ; www.
sfro.org ; www.rhumatologie.asso.fr). Sur ces sites
seront disponibles tous les types de production ;
diffusion sous format papier dans différentes
revues et sous forme de plaquettes, diffusées mais sous
un format non modifiable.
Perspectives
– La RPC de Saint-Paul de Vence se fixe quatre
objectifs majeurs pour l’édition 2011 :
travail en tant que tel n’est pas en situation de conflit
d’intérêt du fait :
– de l’objectif du document qui vise à améliorer la
qualité de la prise en charge des patientes par la
recherche de la meilleure option thérapeutique pour
elles ;
– du nombre important de cliniciens impliqués dans
le processus (groupe de travail et relecteurs) ;
– de la rigueur de la méthodologie ;
– de la confidentialité du document tant qu’il n’est
pas validé, création de documents labélisés Saint-Paul
de Vence, seuls autorisés à être diffusés et implémentés ;
– de la pluralité du financement et de l’externalisation de sa gestion.
Dans ce contexte, la protection du jugement professionnel est assurée. Le comité d’organisation a veillé
au respect de l’objectivité scientifique des conclusions
et des recommandations selon le protocole méthodologique établi et décrit ci-dessus.
Partenaires financiers
La RPC Saint-Paul de Vence a reçu le soutien financier
des 18 laboratoires pharmaceutiques (liste en annexe),
chacun ayant contribué à valeur équivalente. La gestion
du financement a été réalisée par une interface
indépendante, le cabinet LOb Conseils SA, qui globalise
le financement et assure la logistique du projet. Aucun
financement ne peut être direct entre l’industrie pharmaceutique et les experts, et la comptabilité est
contrôlée par un Commissaire aux comptes (annexe
budget de LOb Conseils pour les RPC).
une mise à jour des thématiques abordées en
fonction de la veille bibliographique mise en place ;
Remerciements
l’exploration de nouveaux thèmes apparaissant
essentiels pour la prise en charge clinique (exemple de
l’évaluation et de la validation méthodologique des
facteurs pronostiques et prédictifs) mais également
l’exploration de thèmes liés au développement des
soins de support ;
Le comité d’organisation des RPC de Saint-Paul de
Vence remercie tous les experts qui ont participé à
l’élaboration de ces recommandations, les patientes et
les acteurs de soin qui en ont fait une relecture et un
commentaire attentifs et les sociétés savantes pour leur
participation active.
l’identification des futurs thèmes de recherche
clinique ;
Résultats de la recherche bibliographique
une ouverture francophone des RPC.
Intérêts compétitifs, propriété intellectuelle,
sources de financement, remerciements
et responsabilité
Intérêts compétitifs
Chaque membre du groupe de travail en tant qu’expert
de son domaine est à la fois un clinicien expérimenté
et un chercheur reconnu. De ce fait, chaque membre
du groupe de travail est en contact, voire en lien, avec
l’industrie pharmaceutique. Toutefois, le groupe de
La recherche bibliographique a été réalisée en collaboration avec Mme Guillemette Utard-Wlérick, conservateur à la bibliothèque interuniversitaire de médecine
de Paris (Paris-Descartes).
Elle a procédé entre juin et août 2008 à l’interrogation
des banques de données Embase, PubMed, Cochrane
Library, Pascal et PsychInfo sur la période 2003–2008, en
intégrant les critères de sélection des études. Les
équations de recherche utilisées sont présentées en
annexe et disponibles sur le site du cours de Saint-Paul
de Vence (www.cours-rpc-nice-saintpaul.fr).
La stratégie de la recherche bibliographique a été
limitée aux publications de langues française et anglaise.
Les études sélectionnées ont été les suivantes :
méta-analyses, synthèses méthodiques ;
essais randomisés ;
études prospectives ou rétrospectives lorsqu’aucun essai randomisé n’était disponible.
Les études qui ne présentaient pas de données
originales ont été exclues de la sélection (doublons de
publications et revues non systématiques notamment).
Les éditoriaux, les lettres à l’éditeur, les nouvelles, les
cas rapportés, les communiqués, les références qui ne
présentaient pas d’abstracts ainsi que les études
conduites spécifiquement chez l’animal ont également
été exclus de la recherche.
Ces références ont été complétées par des articles
issus des bibliothèques personnelles des auteurs.
Finalement, sur 16 300 abstracts proposés et
2 500 articles fournis, 1 000 références ont été retenues
pour être analysées dans l’argumentaire.
Recommandations des patientes
(« ce qu’elles nous disent »)
Principes généraux de la prise en charge
des patientes atteintes de cancer du sein
Les participantes jugent importantes de rappeler aux
cliniciens d’informer les patientes. Une information
adaptée est jugée importante pour pouvoir faire
confiance :
– importance de l’écoute, de s’adresser à la personne, de choisir un vocabulaire adapté ;
– expliquer au patient ce qu’il peut faire pour
participer à sa prise en charge : nutrition, activité
physique ;
– informer le patient sur les possibilités de participer
à la recherche ;
– lieu pour obtenir du support, ERI, possibilité
d’échange avec d’autres malades. Les patientes regrettent que l’information sur ce que sont les ERI ne soit pas
plus diffusée.
Il est important également d’informer–d’éduquer les
patients afin de faciliter une meilleure compréhension
du contexte clinique (comprendre par exemple qu’un
temps d’attente peut être lié au fait que le médecin a pris
du temps pour répondre au besoin d’information ou de
soutien d’un patient) :
– inclure une information à destination des médecins concernant l’information des patientes sur la
consultation d’oncogénétique : devant une possible
forme familiale, les patientes souhaiteraient que la
possibilité d’une consultation d’oncogénétique soit
évoquée dès les premières visites, compte tenu de
l’impact potentiel de l’existence d’une mutation sur le
choix du traitement chirurgical ;
– assurer une meilleure diffusion des informations
relatives à l’oncogénétique aux gynécologues et
médecins généralistes ;
– assurer le lien avec le médecin généraliste et une
meilleure accessibilité au dossier patient ;
– ne pas limiter les recommandations aux médecins, mais intégrer–s’adresser aux infirmières et autres
professionnels de santé, acteurs importants dans la
prise en charge.
Les patientes jugent important que la participation
aux choix thérapeutiques prenne en compte leurs
préférences concernant le degré d’implication souhaité
dans ces choix ;
– rappeler les recommandations 2007 pour les
thèmes non abordés en 2009.
Il manque un chapitre sur la prise en charge
psychologique. Les participantes trouvaient le seul
sujet de la dépression un peu réducteur.
Recommandations pour la prochaine
actualisation des recommandations de
Saint-Paul de Vence en 2011
– Faire participer les patients aux choix des questions à aborder par les recommandations ;
– aborder le sujet de l’oncogénétique dans la
prochaine actualisation ;
– aborder la prise en charge psychologique. Ce
chapitre devrait également aborder la question de la
décision partagée.
Glossaire
ACR5 : American College of Radiology
CLIS : carcinome lobulaire in situ
A-LHRH : analogue de la LH-RH
CO : contraception orale
AMM : autorisation de mise sur marché du médicament
CCIS : carcinome canalaire in situ
DHOS : Direction de l’hospitalisation et de l’organisation des soins
CIC : carcinome intracanalaire
DIU : dispositif intra-utérin
CICE : composante intracanalaire extensive
ECD : extracellular domaine
CISH : chromogenic in situ hybridation
EIC : extensive invasive carcinoma
CLI : carcinome lobulaire infiltrant
EVPT : emboles vasculaires péritumoraux
CONSEIL SCIENTIFIQUE / SCIENTIFIC BOARD
619
ONCOLOG IE
620
FISH : fluorescence in situ hybridation
RH : récepteurs hormonaux
HR : hazard ratio
RL : récidive locale
HT : hormonothérapie
RO : réponse objective
IA : inhibiteurs de l’aromatase
RP : réponse partielle
IHC : immunohistochimie
RPg : récepteur à la progestérone
IRM : imagerie par résonance magnétique
RL : récidive locale
LOH : loss of heterozygity
RT : radiothérapie
MBP : mastectomie bilatérale prophylactique
RTE : radiothérapie externe
NE : non évalué
SBR : grade histopronostique Scarff-Bloom-Richardson
NF : neutropénie fébrile
SG : survie globale
NSSM : non-skin sparing mastectomy (c’est-à-dire,
mastectomie sans conservation de l’étui cutané)
SSM : skin sparing mastectomy (c’est-à-dire, mastectomie avec conservation de l’étui cutané)
OR : odds ratio
SSP : survie sans progression
PCR : polymerase chain reaction
SSR : survie sans récidive
PS : performance status
TD : tumor differentiation
RCP : réunion de concertation pluridisciplinaire
THM : traitement hormonal de la ménopause
RE : récepteur d’estradiol
vs : versus.
Laboratoires pharmaceutiques partenaires2
Amgen
Lilly
AstraZeneca
MSD-Chibret
Bayer Schering Pharma
Novartis
BioAlliance Pharma
Pierre Fabre
Cephalon
Pfizer
Chugaı̈
Roche
GlaxoSmithKline
Sanofi-Aventis
Janssen-Cilag
Schering-Plough
Keocyt
Wyeth
2
Ces recommandations n’auraient pu être réalisées sans le soutien financier de ces laboratoires. Ce financement a été
exclusivement logistique.
L’abord veineux de longue durée dans le cancer
du sein. Dispositifs veineux implantables (DVI) :
indications, pose et complications
Coordonnateur du groupe de travail : D. Kamioner
Groupe de travail : M. Ackermann, M.-F. Cosset-Delaigue, D. Kamioner, I. Kriegel
Introduction
Les dispositifs veineux implantables (DVI) ou chambres
à cathéter implantables sont utilisés depuis le début des
années 1980 [41]. Les cathéters centraux extériorisés
sont actuellement réservés à des situations particulières : chimiothérapie de moins de trois cures et soins
palliatifs terminaux.
Les DVI se sont rapidement imposés comme un outil
essentiel permettant un accès vasculaire fiable et
permanent tout au long de la maladie cancéreuse, en
apportant aux patientes une sécurité et un confort
indéniables. Ils sont particulièrement indispensables
dans le traitement du cancer du sein, où il est
recommandé de ne pas traumatiser le côté opéré.
Cependant, des complications pouvant mettre en jeu
le pronostic fonctionnel, voire vital des patientes, ne sont
pas rares : 6 à 15 % présentent une ou des complications
d’ordre mécanique, infectieux ou thrombotique [52,58]
dont la répercussion économique n’est pas négligeable.
Afin de limiter et/ou de prévenir ces complications, il est
impératif de respecter des règles de bonnes pratiques lors
de la pose, de l’entretien et de la manipulation des DVI.
De plus, l’évolution des techniques et la multiplicité
des professionnels de santé amenés à manipuler ces
dispositifs, notamment dans le cadre d’une prise en
charge en réseau de soins (hospitaliers, libéraux, etc.),
sont à l’origine d’une hétérogénéité des pratiques.
Il est donc impératif d’établir des recommandations
communes, concertées et évaluées afin de garantir la
qualité et la sécurité des soins et d’acquérir la pleine
confiance du patient.
Modalités de la pose
et complications immédiates
septum (membrane) en silicone destiné à recevoir
jusqu’à 1 000 ponctions par centimètre carré de surface
utile en utilisant des aiguilles spécifiques dites de Huber
(à biseau tangentiel).
La capacité de la chambre n’excède pas 1 ml et ne
constitue donc pas un réservoir. Le poids de ce matériel
est particulièrement léger (une dizaine de grammes) ;
– d’un cathéter central en silicone ou en polyuréthane, radio-opaque, dont l’extrémité distale est placée
dans la veine cave supérieure à l’entrée de l’oreillette
droite en cas de pose dans le système cave supérieur.
Les caractéristiques spécifiques des différents produits disponibles sur le marché influencent les performances du dispositif et l’acceptabilité par le patient.
L’objectif est de trouver un DVI « idéal » susceptible
d’entraı̂ner le moins de complications possibles et
convenant aux nombreux utilisateurs.
Toutes les chambres ont un marquage CE et doivent
répondre à la norme ISO 13485.
Le choix peut se porter sur un DVI préconnecté
(moindre risque de déconnexion, mais impossibilité de
ne changer qu’une partie du dispositif en cas de
nécessité) ou sur un DVI connectable (meilleur ajustement de la position distale du cathéter lors de la pose,
mais risque de déconnexion).
Le modèle du boı̂tier doit être adapté à la corpulence
du patient. Les cathéters en polyuréthane sont plus
thrombogènes, mais leur diamètre interne est plus
important, et ils sont donc à moindre risque d’occlusion
que les cathéters en silicone.
Les consignes relatives à la matériovigilance doivent
impérativement être respectées. Les règles de traçabilité régies par les articles R 5212-36 à R 5212-42
du Code de la santé publique doivent s’appliquer au
31 décembre 2008.
Définition du DVI
Décision d’une pose de DVI
Le DVI est un système totalement implanté sous la peau
permettant l’accès transcutané continu ou intermittent
au cathéter. Il peut être utilisé pour des perfusions, des
transfusions, des prélèvements sanguins ainsi que pour
l’administration de médicaments ou de nutrition parentérale exigeant des accès répétés au réseau veineux.
On privilégiera la pose dès le début de la chimiothérapie, sans attendre l’« entame » du capital veineux
périphérique.
Caractéristiques générales du DVI
Information du patient
Le DVI est un dispositif composé :
L’information délivrée au patient est désormais largement inscrite dans la loi. Selon les établissements de
santé, cette information peut être délivrée, lors d’une
– d’une chambre d’injection sous-cutanée en titane
ou en plastique comportant à sa partie supérieure un
Indications de pose : elles font toujours l’objet
d’une réflexion bénéfice/risque
RECOMMANDATIONS / RECOMMENDATIONS
621
622
consultation dédiée par le prescripteur (souvent l’oncologue), l’opérateur (l’anesthésiste, le radiologue ou le
chirurgien) ou par l’utilisateur (l’infirmier). Elle doit être
intégrée dans le dispositif d’annonce.
ONCOLOG IE
L’information porte notamment sur :
– l’intérêt de la pose de ce type de dispositif ;
– le matériel et son lieu d’implantation ;
– le nom de l’opérateur ;
– les conditions de pose (anesthésie générale ou
locale, douche préopératoire) ;
– les complications possibles ;
– l’entretien et les conseils pour la vie quotidienne.
Cette information orale doit être complétée par une
information écrite remise au patient.
Ce temps de consultation permet enfin :
– de définir avec le patient le type d’anesthésie en
fonction de son état clinique, de ses antécédents et de
ses souhaits ;
– d’anticiper la difficulté technique du geste ;
décembre 2000) recommande l’anesthésie locale chez
l’adulte et l’anesthésie générale (AG) chez l’enfant.
Cependant, une AG pourra être proposée à une
patiente particulièrement anxieuse ou qui conserve un
souvenir douloureux d’une pose précédente ou lorsque
des difficultés techniques de pose sont suspectées ou
surviennent. Dans les cas où une AG est décidée, une
consultation préanesthésique s’impose. Le consentement éclairé du patient est requis. Le dossier constitué
comprend l’autorisation d’opérer pour les mineurs.
Choix du côté de l’implantation
Le choix du côté de la pose doit se faire en concertation
avec le patient, l’oncologue, le radiothérapeute et
l’opérateur.
Il est préférable de ne pas poser un DVI en zone
irradiée, infectée ou à proximité de métastases
cutanées.
Il est habituel de poser le DVI du côté opposé à la
tumeur (raisons balistiques en cas de radiothérapie).
– de repérer les indications de doppler préopératoire et/ou de scanner, voire d’IRM en cas d’antécédent
de pose de voie veineuse centrale (recherche de
thrombose asymptomatique) ou d’examen clinique
évocateur d’une thrombose ou d’une compression de
la veine cave supérieure ;
En cas de cancer bilatéral, on tiendra compte de
l’importance de la taille tumorale, du siège de la tumeur
et du plan de traitement pour décider de l’implantation
en système cave supérieur ou inférieur. Lorsque le
choix est possible, le côté droit est privilégié (descente
plus facile du guide et position de l’extrémité distale
plus facile à déterminer).
– d’établir une stratégie en cas de prise d’anticoagulants, d’antiagrégants ou de troubles de l’hémostase.
Choix de la voie veineuse
Examens préopératoires
Le choix de la voie veineuse se fait selon l’expérience
de l’opérateur.
Il n’existe actuellement aucune réglementation ou
recommandation scientifique imposant la pratique
d’examens complémentaires paracliniques préopératoires. Les examens sont prescrits en fonction des
antécédents du patient et de son état clinique. Les
examens couramment préconisés sont une numération
formule sanguine, un bilan d’hémostase et une radiographie thoracique.
Coagulopathies et prises d’anticoagulants
Il est admis que le taux de plaquettes avant la pose doit
être supérieur à 50 000/ml et l’INR inférieur à 1,5 [3]. De
même, la stratégie d’arrêt des antiagrégants plaquettaires nécessite une réflexion bénéfice/risque [49]. On peut
être amené à effectuer une pose sous Aspirine®. Après
discussion collégiale avec le prescripteur de l’anticoagulant, le patient doit être informé des modalités et
des risques de modifications de son traitement. Dans
tous ces cas, la pose devra être réalisée par un
opérateur entraı̂né, souvent sous échographie de
façon à être le plus atraumatique possible [23].
Dans la très grande majorité des cas, le DVI est mis
en place dans le système cave supérieur, dans la veine
sous-clavière ou la veine jugulaire interne. L’implantation dans le système cave inférieur majore le risque
thrombotique et infectieux. Les contre-indications à la
pose en système cave supérieur sont les tumeurs
médiastinales comprimant la veine cave supérieure,
les thromboses jugulo-sous-clavières bilatérales, les
thromboses caves supérieures, les métastases et
lymphangites cutanées étendues et certains cancers
bilatéraux.
Il existe deux techniques d’implantation : la ponction percutanée (le plus souvent par technique de
Sedlinger ou sous fluoroscopie en temps réel) et la
dénudation chirurgicale.
Choix du type d’anesthésie
En cas de ponction percutanée, il est fortement
recommandé d’utiliser une échographie de repérage ou
de guidage de la veine jugulaire [17,24,33,40]. Ces
techniques permettent une diminution du nombre de
tentatives de ponctions veineuses incriminées dans la
genèse de la thrombose, une diminution du temps de
pose moyen et une diminution du taux de complications
immédiates et d’échec de pose :
L’Anaes (évaluation de la qualité de l’utilisation et de la
surveillance des chambres à cathéter implantable :
– la veine jugulaire interne : la tunnellisation peut
être plus difficile que la pose en sous-clavière ;
Mise en place au bloc opératoire
– la veine sous-clavière : la lettre circulaire DH/EM 1
96-2517 du 24 mai 1996 relative à la sécurité des
dispositifs médicaux – utilisation des chambres à
cathéter implantables – recommande de ponctionner
la veine sous-clavière en dehors de la pince costoclaviculaire. Certains auteurs recommandent une approche par voie sus-claviculaire [39] ou une approche
latérale sous-claviculaire sous échographie [8,50] ;
La recommandation no 82 du CNTIN précise que la
mise en place d’un cathéter veineux central doit être
faite par un opérateur entraı̂né à la pose, dans des
conditions d’asepsie chirurgicale :
– la veine jugulaire externe est inesthétique, mais le
risque thrombogène ne semble pas plus élevé
[13,46,48] ;
– préparation de l’opérateur : habillage de l’opérateur (calot, masque, blouse stérile, gants stériles), après
lavage chirurgical des mains et avant-bras ;
– les veines brachiales présentent un avantage en
termes d’accessibilité et de discrétion [1,22,34], mais
s’accompagnent d’un taux de thrombose plus élevé
(11,4 versus 4,8 %) [28] ;
– préparation de la zone d’insertion du cathéter :
– la veine fémorale n’est utilisée qu’en cas de
contre-indications définitives ou temporaires des autres
voies [57]. Le repérage échographique peut être utile ; il
s’accompagne dans la littérature d’un taux plus élevé de
thromboses et d’infections, mais il existe incontestablement un biais de sélection des patients. L’extrémité
distale doit être positionnée au niveau de la jonction
veine cave inférieure–oreillette droite [35], en tout cas,
elle doit être en position sus-rénale. Le boı̂tier est placé
au niveau de la crête iliaque ou de la paroi abdominale
antérieure [12].
Certains cas difficiles devraient être discutés avec le
radiologue : des techniques utilisant des stents peuvent
permettre de reperméabiliser des vaisseaux sténosés
[35].
Réalisation de la pose
Préparation locorégionale
os
Les recommandations n 63 à 66 du Comité national
technique des infections nosocomiales (CNTIN) préconisent que la préparation de l’opéré(e) soit effectuée
selon un protocole précis, sous le contrôle de l’infirmière. Sa réalisation doit être enregistrée dans le
dossier du patient à l’aide, par exemple, d’une fiche
préétablie. La préparation de l’opéré comporte :
– la dépilation de la zone opératoire (tondeuse ou
crème dépilatoire) ;
– une douche antiseptique pratiquée la veille de
l’intervention et renouvelée, si possible, le matin de
l’intervention. Elle concerne la totalité du corps (y
compris les cheveux), en utilisant un savon de la même
gamme que l’antiseptique utilisé au bloc opératoire ;
– la détersion et l’antisepsie de la zone de l’incision
opératoire doivent être réalisées avec un savon et un
antiseptique de même gamme ;
– par ailleurs, un temps de séchage doit être
respecté entre deux applications d’antiseptique. On
peut utiliser les produits à base de chlorhexidine
alcoolique ou de polyvidone iodée alcoolique ;
– en chirurgie ambulatoire, il est nécessaire d’adopter une démarche similaire.
La pose doit s’effectuer au bloc opératoire ou dans une
salle réservée spécifiquement à cet usage.
détersion, rinçage et double antisepsie ;
mise en place de champs stériles débordant
largement la zone de cathétérisation.
Des recommandations analogues existent outreAtlantique [42,47].
Particularités liées à la pose d’une chambre
à cathéter implantable
– La confection d’un seul champ opératoire est à
privilégier de façon à pouvoir convertir facilement une
technique en une autre si la voie d’accès prévue s’avère
impossible à utiliser ;
– la zone d’incision ne doit pas être en regard de la
chambre ;
– l’opérateur doit s’assurer de la bonne connexion
entre la chambre et le cathéter, quels qu’en soient le
type ou la voie utilisés, comme le précise la lettre
circulaire DH/EM 1 96-2517 du 24 mai 1996 relative à la
sécurité des dispositifs médicaux ;
– le nombre de points d’ancrage de la chambre doit
être respecté par l’opérateur lorsqu’il s’agit d’une
dénudation chirurgicale ;
– la mise en place sous fluoroscopie en temps réel
ou le contrôle radioscopique peropératoire avec amplificateur de brillance permet :
de vérifier en peropératoire la position de l’extrémité distale du cathéter ;
d’éliminer de rares malpositions :
une malposition en veine azygos a été retrouvée
dans 1,2 % des poses, en particulier quand elles sont
faites du côté gauche et doivent être reconnues en
raison du risque de rupture [7] ;
la malposition en veine mammaire interne est
facilement reconnue par une radio de profil ;
une veine cave supérieure gauche persistante
existe chez 0,5 % de la population ;
dans 80 % de ces cas de veine cave supérieure
gauche persistante, il existe une veine cave supérieure
droite, et la veine cave supérieure gauche se jette dans
l’oreillette gauche par l’intermédiaire du sinus coronaire. Il existe donc deux risques : troubles du rythme et
thrombose en cas de veine cave supérieure gauche
RECOMMANDATIONS / RECOMMENDATIONS
623
624
ONCOLOG IE
mineure. Un scanner est utile pour préciser le diagnostic
et décider de l’ablation éventuelle du cathéter [4,20,44].
– l’opérateur vérifie l’existence d’un reflux sanguin
et rince par une injection de sérum physiologique afin
de s’assurer de la perméabilité du site. L’infirmière
pourra alors immédiatement utiliser le site ;
– les sutures du plan superficiel sont de plus en plus
souvent résorbables. Dans le cas contraire, leur ablation
a lieu 10 à 12 jours après leur pose. En cas d’utilisation
d’une colle chirurgicale sur la cicatrice, ne pas mettre de
pansement. Prévenir le patient de ne pas chercher à
enlever la colle ;
le grade 1 correspond à un pincement du cathéter
entre la clavicule et la première côte sans rétrécissement de la lumière du cathéter ;
le grade 2 correspond à un rétrécissement de la
lumière du cathéter ;
le grade 3 à une rupture avec embolisation du
cathéter.
Le fragment rompu donne exceptionnellement lieu
à des manifestations cardiorespiratoires graves, mais
doit être enlevé systématiquement par technique radiointerventionnelle au lasso.
– une radiographie pulmonaire doit être réalisée en
fin d’intervention pour :
Le DVI doit être changé dès le grade 1 (pose en
jugulaire interne).
vérifier la bonne position du cathéter à la jonction
oreillette droite–veine cave supérieure (OD–VCS) ;
Précautions après la pose :
éliminer un pneumothorax.
Les paramètres cliniques sont surveillés.
L’absence de douleur thoracique, de dyspnée ou de
saignement suspect est vérifiée ;
la carte d’identification du matériel posé précisant
le numéro du lot sera ensuite remise au patient (un
exemplaire reste dans son dossier et un autre est
transmis à la pharmacie).
ne pas toucher le pansement pendant trois jours
à moins qu’il ne soit souillé, mouillé ou décollé ;
ablation du pansement au quatrième jour ;
autorisation des douches après le troisième jour
en séchant soigneusement la plaie ;
autorisation des bains au dixième jour ;
les fils se résorbent en trois semaines.
Celle-ci doit être exhaustivement renseignée. Un
carnet de surveillance, comportant le nom du patient,
l’hôpital, le modèle et le numéro de lot, les précautions
essentielles à respecter lors de l’utilisation du dispositif
ainsi que les dates de perfusion ou injections réalisées, doit
être remis au patient (lettre circulaire DH/EM 1 96-6225) ;
Certains poseurs utilisent la biocolle permettant les
douches dès le premier jour.
une antibioprophylaxie systématique n’est pas
recommandée, en particulier en raison des résistances
aux antibiotiques qu’elle pourrait entraı̂ner à long terme
[53,56].
Manipulations et entretien
Complications périopératoires
Hématome de la loge opératoire.
Pneumothorax :
il survient dans 1 % des cas et nécessite un
drainage thoracique dans 60 % des cas ;
il peut survenir jusqu’à 48 heures après la pose,
d’où la nécessité d’informer le patient de signaler toute
gêne respiratoire ;
il retarde de quelques jours le traitement prévu
[36].
Hémothorax.
Ponctions artérielles.
Embolie gazeuse : exceptionnelle (15 cas/7 000).
Pinch-off ou syndrome de la pince costoclaviculaire
[25,43,51] :
le débit est positionnel et/ou le reflux est intermittent ;
complication dépistée par une radiographie de face
en position de Sanders (épaules abaissées en arrière) ;
Le DVI peut être utilisé dès la pose ou dans les jours
qui suivent.
Formation, information, protocoles et évaluation
La recommandation no 89 du CNTIN relative à la
prévention des infections liées aux cathéters vasculaires préconise :
l’existence de protocoles écrits, régulièrement
révisés, portés à la connaissance du personnel soignant
qui les appliquent ; leur observance est évaluée ;
la formation du personnel à la pose, la manipulation et l’entretien des cathéters ;
la surveillance continue des infections associées
aux cathéters vasculaires et leur recensement.
Le patient doit être informé sur les mesures
d’hygiène et les procédures d’entretien du dispositif.
La remise d’une fiche conseil ou d’un livret accompagnant l’information orale du professionnel de santé est
fortement recommandée.
Protection du personnel
Il est impératif :
de mettre à la disposition du personnel soignant
des mesures de protection (gants, surblouses, masques, etc.) afin de prévenir la transmission d’agents
infectieux véhiculés par le sang ou les liquides biologiques du patient ;
tre : 0,7 mm (21 ou 22 gauges) pour les injections, les
perfusions et les rinçages ;
– de respecter les précautions générales d’hygiène,
en particulier friction hydroalcoolique des mains avant
tout soin ;
– d’utiliser ce même type d’aiguilles, mais d’un diamètre supérieur : 0,9 mm (19 gauges) pour l’administration de nutrition parentérale et de dérivés sanguins ;
– de mettre à disposition du matériel sécurisé pour
éviter les accidents d’exposition au sang (AES).
Il est également impératif de mettre en place des
mesures de protection du personnel, pour ce qui
concerne la manipulation des agents cytotoxiques [19].
Mesures d’asepsie
Hygiène stricte des mains
Juste avant toute manipulation au niveau du site, le
personnel de santé doit respecter une hygiène stricte et
régulière des mains (friction hydroalcoolique) et ne
porter ni bijou ni manches longues.
Habillage au moment de la manipulation
Il est recommandé que :
– le personnel soignant porte des gants stériles lors
du montage des lignes de perfusion, lors de la pose de
l’aiguille de Huber, lors de la réfection du pansement ;
– le personnel soignant et le patient portent un
masque ;
– si le patient est neutropénique, le personnel
soignant porte une surblouse (ou casaque) sur une
tenue professionnelle propre et une coiffe couvrante.
Réfection du pansement
(en cas de perfusion continue)
– Maintenir l’aiguille de Huber avec des bandelettes
adhésives stériles ;
– appliquer un pansement occlusif et stérile sur la
zone désinfectée sèche.
La visualisation du point de ponction est recommandée.
Le pansement est changé tous les huit jours au
maximum en l’absence de souillure, de décollement ou
de signes inflammatoires au point de ponction.
– de varier le point de ponction ;
– d’orienter le biseau de l’aiguille en direction du
cathéter ;
– de traverser complètement le septum.
L’aiguille est changée tous les huit jours au
maximum.
Ligne de perfusion
Il est recommandé d’assurer le respect du système clos,
en limitant les connexions et les robinets, en regroupant
les manipulations, en ne reconnectant jamais une ligne
de perfusion débranchée :
– utilisation des lignes à l’aide de compresses
stériles imprégnées d’antiseptiques alcooliques et désinfecter avant et après toute utilisation ;
– lors des injections, toujours utiliser des seringues
dont le volume est supérieur ou égal à 10 ml (risque de
surpression et de rupture du cathéter en cas d’utilisation
de seringues inférieures à 10 ml) ;
– ne pas rincer avec la perfusion de base, mais faire
un rinçage obligatoire après toute injection médicamenteuse avec 10 ml de solution NaCl à 0,9 % en
actionnant le piston en trois à coups afin d’améliorer la
qualité du rinçage.
L’efficacité de la protection des rampes et des
robinets n’a, à ce jour, pas été démontrée ; cette
protection est cependant recommandée en pédiatrie
et en réanimation :
– il est recommandé de changer tous les quatre
jours les perfuseurs, connexions (rampes et robinets) et
prolongateurs. Pas de changement en cas de perfusion
continue sur sept jours ! en soins palliatifs, on prépare
des perfuseurs de sept jours ;
– il est recommandé de changer systématiquement,
après chaque administration de produits sanguins et de
dérivés lipidiques, les perfuseurs, les connexions et les
prolongateurs.
Pose de l’aiguille de Huber
– Vérifier l’état cutané et l’absence de signes
inflammatoires ;
– appliquer éventuellement l’EMLA® une heure
avant ;
– effectuer une antisepsie cutanée en respectant les
cinq temps de l’antisepsie et les temps de contact et en
privilégiant les antiseptiques alcooliques.
Retrait de l’aiguille
– Rinçage en trois poussées ;
– rotation de l’aiguille sur 360 durant le rinçage ;
Il est recommandé :
– retrait de l’aiguille tout en injectant pour maintenir
une pression positive et éliminer immédiatement
l’aiguille dans un collecteur en laissant dans le cathéter
une colonne de sérum physiologique ;
– d’utiliser des aiguilles coudées à biseau, de type
Huber, munies d’un prolongateur et d’un petit diamè-
– appliquer un pansement stérile et occlusif pendant une heure.
RECOMMANDATIONS / RECOMMENDATIONS
625
626
Rinçage : héparine ou sérum physiologique ?
ONCOLOG IE
Il n’existe pas de niveau de preuve pour recommander
l’utilisation d’héparine, d’autant qu’il existe un risque
théorique de Thrombopénie induite par l’héparine.
Au regard du risque infectieux lié à la manipulation
d’une voie veineuse centrale, un entretien du DVI en
intercure ou à l’issue du traitement n’est pas préconisé.
Une simple surveillance clinique (signes infectieux et
signes de thrombose) reste nécessaire.
Surveillance et gestion des complications
– si échec, demander un avis médical et faire une
radio de thorax avec ou sans opacification à la
recherche d’une fuite, d’une fissure ou d’une rupture
proximale du cathéter. Ces dysfonctions proximales
sont dues soit à un pinch-off (cf. supra), soit à une
désadaptation du boı̂tier, soit à une usure du matériel ou
à des microtraumatismes lors des mouvements de tous
les jours (en particulier pour les chambres brachiales).
S’il y a rupture du cathéter, un recours à la radiologie
interventionnelle s’impose. S’il y a fuite, il faut changer
le dispositif en étant particulièrement vigilant lors de
la dépose du matériel. Un changement sur guide, en
l’absence de tout signe infectieux peut être envisagé.
Les indicateurs de bon fonctionnement sont :
Absence de reflux, bon débit d’injection,
pas de douleur ni de gonflement
– la présence d’un reflux veineux ;
– l’absence de douleurs à l’injection ;
– Vérifier le bon positionnement de l’aiguille et
demander une radiographie de thorax avec opacification, voire un échodoppler ;
– un bon débit de perfusion libre ;
– une injection à la seringue aisée.
L’absence d’un de ces quatre critères impose un
examen clinique infirmier, voire médical.
Complications mécaniques
Absence de reflux (Fig.1)
– exclure une thrombose, une gaine de fibrine
(changement du dispositif ou mieux ablation de la
gaine par stripping endovasculaire) [9], une malposition
secondaire du cathéter (déplacement en jugulaire
interne d’une pose sous-clavière par exemple).
Absence de reflux, pas de douleur ni de gonflement mais
injection difficile ou impossible : obstruction du cathéter
Absence de reflux, injection possible mais douleurs à
l’injection ± gonflement
– Vérifier le bon positionnement de l’aiguille et le
montage ;
– Vérifier le bon positionnement de l’aiguille :
Absence
de reflux
Reflux antérieurement
connu
NON
OUI
Cliché
simple
+ Sanders
Passage indolore
de 40 ml de sérum
physiologique
+ bon débit
+ pas de gonflement
NON
Suspicion de rupture
OUI
NON
Opacification
OUI
OK
Opacification
Passage indolore
de 40 ml de sérum
physiologique
+ bon débit
+ pas de gonflement
NON
Opacification
Fig. 1.
Absence de reflux
OUI
OK
Anomalie
NON
Conservation
de la CCI
OUI
Discussion
Ablation
CCI
– vérifier sur la radiographie de thorax le bon
positionnement du cathéter ;
– effectuer des manœuvres d’aspiration–injection
douces avec une seringue remplie avec 10 ml de
solution NaCl à 0,9 % durant 10 à 15 minutes. Ne jamais
tenter de désobstruction sous pression (risque de
fissure du cathéter, rupture ou migration) :
si échec, poursuite de la procédure après avis
médical : si cathéter intègre et en place, injecter sans
forcer 1 à 2 ml de solution fibrinolytique en répétant les
manœuvres d’aspiration–injection ;
si échec, laisser en place la solution fibrinolytique
12 à 24 heures.
Protocole de préparation de la solution fibrinolytique
– Reconstituer un flacon d’urokinase (exemple :
Actosolv® 100 000 UI) avec 2 ml d’eau PPI dans une
seringue de 10 ml ;
– prélever 1 ml de cette préparation et ramener à
10 ml avec 9 ml de solution NaCl à 0,9 %. On obtient
ainsi une solution d’urokinase à 5 000 UI/ml ;
– la prévention de l’obstruction par un rinçage
obsessionnel est impérative.
Extériorisation de la chambre,
ulcérations et nécroses cutanées
Elles surviennent en raison de la situation sous-cutanée
du site d’injection.
Elles sont dues à :
– un défaut de cicatrisation après la mise en place
du site (attention à l’Avastin®, bevacizumab) [2].
– une ulcération tardive en regard du boı̂tier :
patient très dénutri, microextravasation passée inaperçue, faute technique de pose, rejet du matériel.
Dans toutes les circonstances, un abord chirurgical
du site est nécessaire pour changer le boı̂tier et/ou le
cathéter.
Extravasation
L’extravasation secondaire à l’injection extravasculaire
de produits cytotoxiques est une complication souvent
grave pouvant être à l’origine de nécroses tissulaires
sévères et d’ulcérations avec lésions nerveuses, articulaires et tendineuses qui entraı̂nent parfois des séquelles majeures (douleurs chroniques, dystrophie, perte de
fonctions, séquelles esthétiques). C’est une urgence
thérapeutique sous-évaluée et sous-traitée qui peut
retarder une prise en charge correcte de la maladie par
l’interruption de la chimiothérapie et entraı̂ner des
procédures médicolégales.
Il est indispensable que le personnel médical et
infirmier soit formé à la prévention et la prise en charge
de l’extravasation.
Vu l’importance du sujet, les extravasations sont
traitées dans un chapitre à part.
Complications infectieuses
L’enjeu du traitement est la conservation ou non du
cathéter tout en assurant la sécurité du patient (Fig. 2).
En oncologie, le taux moyen d’incidence d’infection est
de 0,2/1 000 jours de cathéters (0 à 2,7 /1 000 jours) [10].
Morbidité et mortalité
Les infections sur voie veineuse centrale représentent
une cause majeure d’infections nosocomiales, sources
d’un excès de morbidité et de mortalité. Environ 13 %
des infections nosocomiales sont des bactériémies
nosocomiales [45]. Ces infections allongent la durée
d’hospitalisation, retardent l’administration des traitements spécifiques et risquent d’augmenter les problèmes de résistance aux antibiotiques. Ces complications
génèrent des surcoûts hospitaliers.
Définitions
Il est nécessaire de distinguer :
– la contamination de la VVC (voie veineuse
centrale) : présence d’agents pathogènes en culture
de la VVC liée à la contamination du prélèvement par
des bactéries cutanées (présentes sur le site d’insertion
ou sur les mains du personnel soignant lors de la
manipulation) ;
– la colonisation de la VVC : présence en plus grand
nombre d’agents potentiellement pathogènes, sans
signe associé d’infection ;
– l’infection de l’hôte : septicémie due à une infection du KT (CRBSI – catheter-related blood stream
infection) : hémocultures positives et culture du KT
positive infection locale :
superficielle avec ou sans CRBSI ;
profonde : tunnelite et infection de loge ;
thrombophlébite septique.
Facteurs de risque infectieux liés à l’hôte
La fréquence des infections sur VVC varie suivant
certains paramètres :
– neutropénie (risque infectieux × 11) ;
– maladies hématologiques (risque infectieux × 4) ;
– syndrome immunodéficitaire acquis (risque infectieux × 4) ;
– nombre de jours d’utilisation du cathéter.
Facteurs de risque infectieux liés au cathéter
Le risque infectieux dépend :
– du site d’implantation du dispositif : le risque
est minimum quand le site est implanté par voie
RECOMMANDATIONS / RECOMMENDATIONS
627
ONCOLOG IE
628
sous-clavière ou par voie jugulaire interne, et nettement
augmenté par voie fémorale ;
l’hémoculture périphérique [18] est hautement prédictive d’une bactériémie liée à la VVC.
– du type de matériel : le risque est minimum quand
il s’agit d’une chambre implantable, intermédiaire avec
un cathéter tunnellisé, et nettement augmenté s’il s’agit
d’un cathéter simple ;
Plus récemment a été introduite la notion de temps
différentiel de pousse entre la périphérie et l’hémoculture centrale avec un cut-off à 2 heures en faveur de
l’hémoculture prélevée sur KT central [32]. Cette
méthode n’est interprétable que si on a prélevé
simultanément les hémocultures avant toute antibiothérapie, en prélevant la même quantité de sang dans
les deux hémocultures et à condition de s’assurer d’un
étiquetage fiable des flacons.
– l’utilisation de cathéters imprégnés d’antibiotiques qui paraı̂t prometteuse en réanimation ou en
hémodialyse n’est pas encore évaluée à ce jour en
cancérologie ;
– de ses conditions d’utilisation.
On rappelle l’importance d’une formation spécifique
de tous les soignants du réseau de soins.
Stratégie thérapeutique
Attitude initiale
Microbiologie
Certains germes sécrètent des biofilms avec dépôt de
thrombine à la surface interne ou externe du KT. Ces
biofilms constituent un manchon agissant comme
facteur de résistance aux antibiotiques et augmentent
les difficultés de mise en évidence des germes.
Ce manchon constitue également un environnement préthrombotique expliquant le rôle prophylactique de l’héparine en matière d’infection.
Les germes les plus fréquents restent les staphylocoques, et en particulier Staphylococcus (staph.)
epidermidis, et les Candidas, mais on retrouve de plus
en plus de germes environnementaux et des bacilles
Gram–.
Diagnostic
Diagnostic clinique
Le diagnostic clinique est peu fiable, il repose surtout
sur les signes généraux (fièvre et frissons) apparaissant
en particulier au moment de la manipulation de la VVC.
L’état local est source de peu d’information ; la
purulence ayant une sensibilité très faible chez le patient
neutropénique.
Il est recommandé de rechercher l’existence d’un
autre foyer septique ou d’une thrombophlébite septique ; une étude réalisée sur des patients hospitalisés
en réanimation a montré que 75 à 85 % des KT retirés
n’étaient pas infectés (cf. § morbidité et mortalité).
Si après la réalisation d’hémocultures périphériques et
centrales et éventuellement d’un prélèvement au point
d’entrée du KT (par écouvillonnage), il existe un des
signes suivants :
– choc septique (sans autre foyer infectieux) ;
– infection locale profonde ;
– thrombophlébite septique.
La VVC s’avère inutile.
Il faut pratiquer l’ablation du DVI, et une antibiothérapie adaptée doit être administrée pendant 10 à
14 jours en association avec de l’héparine en cas de
thrombose.
Le traitement sera poursuivi quatre à six semaines
en cas d’endocardite et six à huit semaines en cas
d’ostéomyélite.
S’il n’existe aucun des signes précédents :
– la voie veineuse centrale peut être laissée en
place ;
– une antibiothérapie probabiliste est débutée de
façon quasi systématique ;
– seule une fièvre isolée, bien tolérée, sans porte
d’entrée évidente, et en l’absence de neutropénie et
d’hémoculture positive, peut faire surseoir à la prescription d’une antibiothérapie probabiliste ;
– une surveillance de la température du patient est
instituée, et la chambre implantable peut être utilisée.
Diagnostic bactériologique
Attitude secondaire à 48 heures
La méthode de référence est la culture de l’extrémité
distale du cathéter après son ablation (diagnostic
rétrospectif) par méthode semi-quantitative de Maki
ou de Brun-Buisson (seuil à 10) [11].
Après 48 heures, une évaluation de la situation est
réalisée. Elle tient compte :
La réalisation d’hémocultures quantitatives effectuées simultanément sur voie périphérique et sur voie
centrale améliore la fiabilité du diagnostic d’infection
sur VVC. L’existence de cinq fois plus de germes
poussant sur l’hémoculture sur KT central que sur
– de l’état clinique du patient ;
– des résultats des hémocultures et en particulier
des critères quantitatifs de ces hémocultures ;
– de l’existence d’un autre foyer infectieux ;
– de l’existence de complications : endocardite
(ETO), os (scintigraphie), thrombose (doppler).
En cas d’absence de complication, la décision
thérapeutique est fonction du germe, mais aussi de la
nécessité de conserver la VVC.
Prise en compte de l’antibiogramme
Staphylocoques coagulase-négatifs. Les staphylocoques coagulase-négatifs sont les germes les plus
fréquemment rencontrés :
– on rappelle qu’il est nécessaire d’obtenir deux
hémocultures positives en moins de 48 heures avec les
staphylocoques à coagulase négative pour affirmer la
bactériémie ;
– si le germe est sensible à la méthicilline (méthi S),
la prescription d’oxacilline ou d’une céphalosporine de
première génération est recommandée ;
– en cas de résistance (méthi R), un traitement par
vancomycine est indiqué. Ce traitement sera poursuivi
pendant sept jours si la VVC est retirée. Si elle est laissée
en place, les sept jours d’antibiothérapie seront
complétés par 14 jours de verrou antibiotique. On
observe 20 % de récurrence si le KT est laissé en place
versus 3 % s’il est retiré – en cas de rechute, des
complications septiques doivent être systématiquement recherchées ;
thérapeutique a été menée dans le domaine de
l’alimentation parentérale.
Indications et contre-indications ? Le verrou antibiotique ne constitue pas une alternative à l’ablation de
la VVC si le patient présente des signes de gravité ou
que le germe est très pathogène. Quand le délai entre la
pose et l’infection est inférieur à deux semaines, il s’agit
probablement d’une infection extraluminale, et le
verrou est inutile.
S’il s’agit d’une colonisation de la VVC, et si le
patient n’est pas bactériémique, le verrou antibiotique
est une bonne indication et peut être utilisé seul.
Seul ou en association ? Si le patient est bactériémique, l’antibiothérapie par voie systémique est obligatoire.
Quel médicament et à quelle dose ? Par exemple :
– vancomycine : 10 à 20 mg/3 ml ;
– amikacine : 10 à 20 mg/3 ml ;
– ciprofloxacine : 15 mg/3 ml.
Ces verrous doivent être changés tous les jours de la
durée du traitement, et il est souhaitable que la VVC ne
soit pas utilisée.
On aspire le volume du verrou avant de réutiliser la
chambre implantable.
– attention : les Staphylococcus lugdunensis et
schleiferi sont une indication au retrait.
Staphylococcus aureus. Le standard thérapeutique
en cas d’infection par S. aureus est l’ablation du
cathéter associée à une antibiothérapie de 14 jours :
– s’il s’agit d’un staph. méthi S : oxacilline ;
– s’il s’agit d’un staph. méthi R : vancomycine.
Des études sont en cours pour évaluer la possibilité
de conserver la VVC en utilisant une antibiothérapie
générale et des verrous antibiotiques à base de
rifampicine et de fluoroquinolones.
Bacilles Gram négatifs. En cas d’infection par
bacilles Gram négatifs, l’ablation du dispositif est
recommandée, sauf s’il s’agit d’entérobactéries. L’antibiothérapie sera adaptée au germe et maintenue
14 jours.
Candida. La VVC doit également être retirée en cas
d’infection à Candida, et ce, de façon urgente. Un
traitement antifongique par fluconazole ou amphotéricine B est institué et maintenu 14 jours après la dernière
hémoculture positive et faire systématiquement pratiquer un examen ophtalmologique.
Complications thromboemboliques
La thrombose veineuse sur dispositif intraveineux de
longue durée représente un problème clinique émergent, comme en témoigne une étude prospective sur
registre de Joffe et al. : 11 % des 5 451 patients
présentaient une thrombose du système cave supérieur, 30 % des patients avaient un cancer [26]. La
présence d’un cathéter a été le principal facteur de
risque indépendant de survenue d’une thrombose du
système cave supérieur (5 % des patients).
L’impact médical et économique de ces thromboses
est loin d’être négligeable.
Enfin, il existe un SOR (Standards Options Recommandations) récent : thrombose et cancer [16].
La thrombose veineuse sur dispositif intraveineux
de longue durée se définit comme le développement
d’une obstruction cruorique dans la lumière de la veine
soit à partir du cathéter (thrombus en manchon), soit à
partir de la paroi veineuse (thrombus mural).
Aspects cliniques
Verrou antibiotique
Le verrou antibiotique permet de stériliser la lumière du
KT afin d’éviter une ablation inutile de la VVC.
L’augmentation des concentrations actives d’antibiotiques au site de l’infection entraı̂ne une efficacité accrue
de ceux-ci et diminue leurs effets indésirables. Il est
à noter que la majorité des études portant sur cette
Lorsque la thrombose est complète, la symptomatologie clinique est évidente, associant fébricule à 38 ,
œdème cervical, gros bras douloureux, comblement du
creux sus-claviculaire, circulation collatérale, voire
syndrome cave supérieur. Ailleurs, la thrombose est
suspectée sur un simple mais évocateur dysfonctionnement du cathéter. Les caractéristiques d’un thrombus
cave supérieur sont d’être localisées, non extensives
RECOMMANDATIONS / RECOMMENDATIONS
629
630
ONCOLOG IE
[15], et non occlusives dans 85 % des cas [6], rendant
compte de l’hétérogénéité clinique.
Bien que trop souvent sous-estimé, le risque
embolique existe, et ce, quel que soit le tableau clinique
de la thrombose sur dispositif intraveineux. L’embolie
pulmonaire peut être inaugurale. Elle est souvent de
petite taille, symptomatique dans 6 à 10 % des cas chez
l’adulte, mais retrouvée dans 15 à 30 % des cas quand
elle est recherchée de manière systématique.
Diagnostic
Quel que soit le tableau clinique, une radiographie de
thorax standard doit être réalisée, car elle permet
d’identifier rapidement un cathéter trop court, en boucle
ou en « fausse route », imposant alors son retrait.
L’échodoppler est l’examen de référence et doit être
utilisé dès la suspicion clinique [38]. Si sa spécificité est
de 94 à 100 %, sa sensibilité plus médiocre varie selon la
topographie de la thrombose : près de 100 % en jugulaire, moins de 10 % dans la veine cave supérieure, d’où
l’intérêt de la tomodensitométrie [5]. Cet examen est
indispensable en cas de suspicion de thrombose cave
supérieure ou de pathologie médiastinale préexistante.
Par contre, il existe une très faible sensibilité de
l’ordre de 30 % de l’échodoppler pour le dépistage des
thromboses asymptomatiques. La validation d’autres
examens que la phlébographie quasi abandonnée est
un préalable indispensable à toute étude sur la
thrombose asymptomatique.
L’angiographie par IRM pourrait être dans l’avenir le
gold standard de l’évaluation de l’anatomie des veines
thoraciques.
Données épidémiologiques
Une revue récente de la littérature a colligé les résultats
de 51 études, dont six en pédiatrie sur les thromboses
sur dispositifs intraveineux de longue durée chez les
patients cancéreux [55] : le taux de thrombose symptomatique varie de 0,3 à 28,3 %. Les chiffres les plus
élevés ont été rapportés dans les études les plus
anciennes. Deux de ces études ont étayé les propositions d’anticoagulation systématique préventive rarement mise en œuvre. Des données plus récentes et
l’impression clinique quotidienne suggèrent que l’incidence des thromboses symptomatiques serait plus
faible, de l’ordre de 4 %, soit de 0,2 à 0,3 thrombose
par 1 000 jours de cathétérisme [14,27,29,37,54]. Ces
mêmes études n’arrivent pas à montrer de bénéfice à
l’utilisation en prévention primaire des antivitamines
K (AVK) ou des héparines de bas poids moléculaire
(HBPM).
Facteurs de risque de thrombose
sur cathéter veineux central
La blessure endothéliale au moment de l’insertion, la
stase veineuse due à la présence de matériel intravas-
culaire et l’hypercoagulabilité liée au cancer sont les
principales causes retrouvées.
Facteurs liés à la maladie cancéreuse
La maladie veineuse thromboembolique est une
complication fréquente des tumeurs malignes dont la
prévalence attendue est de 15 %. Les publications sont
abondantes mettant en lumière de nombreux facteurs
de risque : la maladie cancéreuse elle-même, le type de
cancer, le stade de la maladie, le type de chimiothérapie
utilisée, les traitements hormonaux, le traitement
chirurgical, l’hyperplaquettose, l’existence d’une
masse médiastinale gênant le retour veineux, etc.
La maladie thromboembolique chez le patient
cancéreux est l’expression d’un déséquilibre entre les
deux processus : coagulation et fibrinolyse. Ce déséquilibre conduit à une augmentation du fibrinogène et
du catabolisme plaquettaire, à une diminution des taux
de protéines C et S et de l’antithrombine, à une
production directe de thrombine et parfois à une
thrombocytose. Une résistance à la protéine C activée,
la mutation du facteur V de Leiden, homo- ou hétérozygote ou la présence d’une anomalie génétique ou
acquise de la coagulation sont les anomalies les plus
fréquemment rencontrées.
Facteurs liés aux cathéters
Ils sont bien connus ; le facteur principal mis en
évidence est la position de l’extrémité distale du
cathéter qui, idéalement, doit être située à la jonction
oreillette droite–veine cave supérieure [31]. Ainsi, tout
cathéter trop court, en fausse route, en boucle ou à
contre-courant doit être replacé.
La notion de blessure veineuse endothéliale, lors
des ponctions itératives, explique l’intérêt suscité par
les techniques d’abord veineux sous repérage échographique et l’engouement actuel pour les poses en
jugulaire. Ainsi, de très nombreuses études souvent
contradictoires ont cherché à mettre en évidence la
supériorité de la voie jugulaire–voie sous-clavière ou
inversement. La réponse pourrait être : ponction unique
et extrémité OD/VCS, ce qui, pour des raisons anatomiques, est souvent plus facile à réaliser pour les sites
droits.
Les autres facteurs de risque sont le matériau utilisé,
avec abandon des chlorures de polyvinyle et de
polyéthylène au profit de la silicone et du polyuréthane
moins thrombogènes, le nombre de lumières (augmentation du risque avec l’augmentation du nombre de
lumières), le diamètre du cathéter (augmentation du
risque pour les diamètres élevés), l’insertion par voie
fémorale qui multiplie le risque par un facteur 6 et
justifie la mise systématique sous traitement prophylactique [37]. La notion de cathéter antérieur jusque-là
controversée justifie la pratique d’échographie, voire
d’une tomodensitométrie prépose. Une étude récente
de Lee et al. montre une augmentation du risque de
thrombose par un facteur 3,8 en cas de repose sur
cathéter antérieur [29]. Cette même étude insiste sur la
rareté du syndrome postphlébitique clinique.
Ces facteurs de risque rendent compte des deux pics
de fréquence observés dans la survenue des thromboses : 50 % des thromboses surviennent précocement
dans les six semaines qui suivent l’implantation et sont
liées à la blessure veineuse endothéliale, à la position de
l’extrémité distale du cathéter et à des facteurs patients ;
50 % surviennent plus tardivement, sont peu étudiées
dans la littérature, notamment en ce qui concerne les
études de prévention primaire, et sont liées aux facteurs
patients et à l’avancée dans la maladie cancéreuse.
Traitement curatif
Il n’est ni consensuel, ni standardisé.
Il comporte dans tous les cas un traitement anticoagulant d’au moins six mois ou indéfiniment, aussi
longtemps que le cancer est actif et le DVI en place.
Les HBPM présentent des avantages certains en
raison de la simplicité d’administration, de la surveillance, du risque hémorragique et des interactions
médicamenteuses. Il est recommandé d’utiliser l’héparine non fractionnée chez les patients nécessitant une
anticoagulation rapide ou un arrêt rapide de l’effet
anticoagulant, présentant une embolie pulmonaire
massive ou en cas d’insuffisance rénale sévère. Les
AVK sont difficiles à manier avec un risque de
saignement ou de récidive lié à la difficulté d’avoir un
équilibre constant (dénutrition, vomissements, hypoprotidémie, infection, interactions médicamenteuses,
notamment avec la chimiothérapie, altérations de la
fonction hépatique). Les deux HBPM qui ont montré leur
supériorité dans cette indication sont la daltéparine
200 UI/kg par jour d’anti-Xa pendant un mois, puis
150 UI/kg par jour et la tinazaparine 175 UI/kg par jour
d’anti-Xa. Enfin, il est possible que les HBPM réduisent
la mortalité des patients non métastatiques [30]. Il n’y a
pas d’attitude standard concernant la chronologie de la
mise en route d’un traitement anticoagulant par rapport
au retrait. La durée du traitement a fait l’objet d’une
recommandation en option formulée par les experts : le
cathéter est retiré, et le cancer est en progression : il est
recommandé trois à six mois de traitement par HBPM,
suivi par un relais par AVK. Le cathéter est retiré, et le
cancer n’est pas en progression ni en cours de
traitement : il est recommandé six semaines de traitement par HBPM.
Le succès du traitement anticoagulant est indépendant du retrait ou du maintien du cathéter. Il y a
actuellement un consensus entre les équipes préconisant le maintien du dispositif intraveineux, sous réserve
d’une étroite surveillance clinique. Le bénéfice pour le
patient est important, tant en termes de confort
physique que de sécurité. Les bénéfices du traitement
conservateur sont une préservation du capital veineux,
une durée de vie des cathéters thrombosés ou non
comparables et une fréquence des complications
identiques, notamment d’embolie pulmonaire. Ces
protocoles conservateurs ne se conçoivent qu’en cas
de cathéters fonctionnels, de longueur adéquate, en
l’absence de pathologies infectieuses associées et
surtout que si les signes cliniques s’amendent en 48 à
72 heures sous anticoagulants. Cette attitude est
recommandée par la conférence de consensus nordaméricaine sur les traitements antithrombotiques [21].
Dans certains cas, des options thérapeutiques plus
invasives incluant thrombolytiques, thromboaspiration,
dilatation et/ou pose de « stent » ont pu être proposées.
Ainsi, en cas de thrombose massive récente, un
traitement thrombolytique peut être envisagé en première intention par voie générale ou locorégionale au
moyen d’un cathéter monté au contact du thrombus.
Des contre-indications classiques limitent souvent leur
emploi en oncohématologie (chirurgie récente, saignements digestifs, localisations cérébrales, etc.). Ils sont
donc réservés aux patients dont le pronostic à long
terme est bon ou lors de syndromes caves supérieurs
mal tolérés.
Il est nécessaire de poursuivre les études permettant
le ciblage des populations à risque pouvant éventuellement bénéficier d’une prophylaxie primaire, tout en
précisant la place des nouveaux traitements antithrombotiques.
Enfin, l’organisation d’équipes spécialisées dans la
mise en place et l’entretien des dispositifs intraveineux
de longue durée pourraient réduire l’incidence des
thromboses sur cathéter et permettre une évaluation
précise, par centre, de l’incidence des thromboses
symptomatiques ; de même, des référentiels de pose
et d’entretien, comme pour l’infection, seraient utiles.
Ablation du matériel
Si le DVI doit être posé par une équipe spécialisée dans
des conditions d’asepsie chirurgicale, il en est de même
pour la dépose.
Le patient doit donc être informé des motifs du
retrait du DVI : fin du traitement, survenue de
complications ou mauvaise tolérance et des conséquences de cette ablation. Le taux de plaquettes doit
être supérieur à 50 000/ml, et l’INR inférieur à 1,5. Les
complications sont essentiellement une embolisation
d’un fragment distal, plus rarement une impossibilité
d’ablation par fibrose intraveineuse. Le moment idéal
d’ablation à la fin de traitement n’est pas standardisé. Il
semble licite d’enlever rapidement un cathéter qui
n’est plus utilisé.
Recommandations
– L’information du patient, écrite et orale, doit
précéder la pose. Exhaustive, claire et compréhensible, elle porte sur les bénéfices et les risques ainsi
que sur les consignes d’entretien et de gestion des
complications. L’objectif est d’assurer le confort et la
sécurité du patient ;
RECOMMANDATIONS / RECOMMENDATIONS
631
632
– les complications hémorragiques et la gestion
des anticoagulants doivent avoir été anticipées ;
ONCOLOG IE
– l’opérateur doit être entraı̂né à la pose et évalué ;
– la pose doit se faire en conditions d’asepsie
chirurgicale dans un lieu dédié ;
SOR « thrombose et cancer »
Prévention primaire des thromboses veineuses
sur cathéter central chez les patients atteints d’un
cancer
Standards
– la préparation cutanée de la peau respecte les
cinq temps de l’asepsie ;
– L’extrémité distale du cathéter veineux central
doit être située à la jonction de la VCS et de l’OD ;
– le choix de la voie veineuse se fait selon
l’expérience de l’opérateur et en fonction de l’état du
patient ;
– la prévention primaire de la thrombose veineuse
profonde sur KTVC par anticoagulants n’est pas
recommandée chez le patient atteint de cancer.
– il est fortement recommandé d’utiliser une
échographie de repérage ou de guidage ;
– la zone d’incision ne doit pas être en regard de la
chambre et l’opérateur doit s’assurer de la connexion
entre chambre et cathéter ;
– l’opérateur vérifie l’existence d’un reflux sanguin
et effectue la première injection ;
– une radiographie pulmonaire est systématique,
effectuée pour s’assurer de la bonne position du
cathéter et éliminer une malposition ainsi qu’une
complication ;
– un carnet de surveillance avec la carte d’identification du dispositif est remis au patient ;
– une antibioprophylaxie systématique n’est pas
recommandée ;
– des protocoles écrits, évalués ainsi qu’une
formation à l’entretien des cathéters doivent être faits ;
– la protection du personnel doit être assurée
(matériel sécurisé) ;
– les consignes relatives à la matériovigilance
doivent être respectées ;
– changement du pansement et de l’aiguille de
Huber tous les huit jours ;
– changement des lignes de perfusion tous les
quatre jours (sauf sang) ;
– respect du système clos pour les lignes de
perfusion ;
– utilisation d’aiguille de 0,7 mm (sauf sang et
lipides) ;
– pas d’utilisation de seringues de moins de
10 ml ;
– retrait de l’aiguille en pression positive ;
– rinçage au sérum physiologique ;
– pas d’entretien systématique si la chambre n’est
pas utilisée ;
Options
Il faut privilégier l’insertion du KTVC du côté droit,
le repérage échographique de la veine et la pose en
milieu spécialisé.
Traitement curatif des thromboses veineuses sur
cathéter central chez les patients atteints d’un cancer
Standards
– Le traitement curatif des thromboses sur cathéter doit reposer sur l’utilisation prolongée des HBPM ;
– en cas d’insuffisance rénale sévère, le traitement
doit reposer sur l’utilisation d’HNF (héparine non
fractionnée), avec relais précoce (possible dès j1) par
AVK ;
– le maintien du cathéter nécessite qu’il soit
indispensable, fonctionnel, bien positionné et non
infecté, avec une évolution clinique favorable sous
surveillance rapprochée. Dans ce cas, le traitement
anticoagulant doit être poursuivi tant qu’un cathéter
est en place ;
– en cas de retrait du cathéter, il n’y a pas d’attitude
standard concernant la chronologie de la mise en route
d’un traitement anticoagulant par rapport au retrait.
Options
– En cas de nécessité de poser un nouveau
cathéter, il convient d’évaluer au préalable l’état du
réseau veineux cave supérieur par scanner ou échographie doppler ;
– en cas de reflux ou d’impossibilité de traitement
prolongé par HBPM, l’utilisation d’HBPM avec relais
par AVK peut être proposée.
– les fibrinolytiques peuvent être envisagés en
milieu spécialisé en cas de mauvaise tolérance
clinique (syndrome cave supérieur) et en l’absence
de contre-indications ;
– durée du traitement anticoagulant en cas de
retrait du cathéter :
– les indicateurs de bon fonctionnement sont une
chambre indolore, la présence d’un reflux et une
injection aisée ;
le cathéter est retiré, et le cancer est en progression ou en cours de traitement : il est recommandé
trois à six mois de traitement par HBPM suivi par un
relais par AVK (cf. chapitre « MTEV hors cathéter ») ;
– les complications infectieuses doivent être traitées sans tarder avec ou sans conservation du
dispositif.
le cathéter est retiré, et le cancer n’est pas en
progression ni en cours de traitement : il est recommandé six semaines de traitement par HBPM.
Références
1. Allen AW, Megargell JL, Brown DB, et al. (2000) Venous
thrombosis associated with the placement of peripherally
inserted central catheters. J Vasc Interv Radiol 11(10): 1309-14
2. Almhanna K, Pelley RJ, Thomas Budd G, et al. (2008)
Subcutaneous implantable venous access erosion through the
skin in patients treated with antivascular endothelial growth
factor therapy: a case series. Anticancer Drugs 19(2): 217-9
3. Ansell J, Hirsh J, Poller L, et al. (2004) The pharmacology and
management of the vitamin K antagonists: the Seventh ACCP
Conference on antithrombotic and thrombolytic therapy. Chest
126(3 Suppl): 204S–33S [Erratum in: Chest 2005; 127(1): 415-6]
4. Azocar RJ, Narang P, Talmor D, et al. (2002) Persistent left
superior vena cava identified after cannulation of the right
subclavian vein. Anesth Analg 95(2): 305-7
5. Baldt MM, Zontsich T, Stumpflen A, et al. (1996) Deep venous
thrombosis of the lower extremity: efficacy of spiral CT
venography compared with conventional venography in diagnosis. Radiology 200(2): 423-8
6. Balestreri L, De Cicco M, Matovic M, et al. (1995) Central venous
catheter-related thrombosis in clinically asymptomatic oncologic
patients: a phlebographic study. Eur J Radiol 20(2): 108-11
7. Bankier AA, Mallek R, Wiesmayr MN, et al. (1997) Azygos arch
cannulation by central venous catheters: radiographic detection
of malposition and subsequent complications. J Thorac Imaging
12(1): 64-9
8. Bentley SK, Seethala R, Weingart SD (2008) Ultrasound-guided
axillary vein approach to the subclavian vein for central venous
access. Ann Emerg Med 52(4): 475
9. Bessoud B, de Baere T, Kuoch V, et al. (2003) Experience at a
single institution with endovascular treatment of mechanical
complications caused by implanted central venous access
devices in pediatric and adult patients. AJR Am J Roentgenol
180(2): 527-32
10. Bouza E, Burillo A, Muñoz P (2002) Catheter-related infections:
diagnosis and intravascular treatment. Clin Microbiol Infect 8(5):
265-74
11. Brun-Buisson C, Abrouk F, Legrand P, et al. (1987) Diagnosis of
central venous catheter-related sepsis. Critical level of quantitative tip cultures. Arch Intern Med 147(5): 873-7
12. Chen SY, Lin CH, Chang HM, et al. (2008) A safe and effective
method to implant a totally implantable access port in patients
with synchronous bilateral mastectomies: modified femoral vein
approach. J Surg Oncol 98(3): 197-9
13. Cho SK, Shin SW, Do YS, et al. (2006) Use of the right external
jugular vein as the preferred access site when the right internal
jugular vein is not usable. J Vasc Interv Radiol 17(5): 823-9
14. Couban S, Goodyear M, Burnell M, et al. (2005) Randomized
placebo-controlled study of low-dose warfarin for the prevention of central venous catheter-associated thrombosis in
patients with cancer. J Clin Oncol 23(18): 4063-9
15. De Cicco M, Matovic M, Balestreri L, et al. (1997) Central venous
thrombosis: an early and frequent complication in cancer
patients bearing long-term silastic catheter. A prospective
study. Thromb Res 86(2): 101-13
16. Debourdeau P, Farge-Bancel D, Bosquet L, et al. (2008) 2008
Standards, Options: Recommendations for venous thromboembolic
events (VTE) treatment and central venous catheter thrombosis
(CVCT) management in cancer patients. Bull Cancer 95(7): 750-61
17. Denys BG, Uretsky BF, Reddy PS (1993) Ultrasound-assisted
cannulation of the internal jugular vein. A prospective
comparison to the external landmark-guided technique. Circulation 87(5): 1557-62
18. Douard MC, Arlet G, Longuet P, et al. (1999) Diagnosis of venous
access port-related infections. Clin Infect Dis 29(5): 1197-202
19. Dussart C, Favier B, Gilles L, et al. (2008). Continuous training
program for technicians handling antineoplastic drugs and
occupational exposure risk. Bull Cancer 95(9): 821-2
20. Fang CC, Jao YT, Han SC, Wang SP (2007) Persistent left
superior vena cava: multi-slice CT images and report of a case.
Int J Cardiol 121(1): 112-4
21. Geerts WH, Pineo GF, Heit JA, et al. (2004) Prevention of venous
thromboembolism: the Seventh ACCP Conference on antithrombotic and thrombolytic therapy. Chest 126(3 Suppl):
338S–400S
22. Hata Y, Morita S, Morita Y, et al. (1998) Peripheral insertion of a
central venous access device under fluoroscopic guidance
using a peripherally accessed system (PAS) port in the forearm.
Cardiovasc Intervent Radiol 21(3): 230-3
23. Hatfield A, Bodenham A (1999) Portable ultrasound for difficult
central venous access. Br J Anaesth 82(6): 822-6
24. Hind D, Calvert N, McWilliams R, et al. (2003) Ultrasonic locating
devices for central venous cannulation: meta-analysis. BMJ 327
(7411): 361
25. Hinke DH, Zandt-Stastny DA, Goodman LR, et al. (1990) Pinch-off
syndrome: a complication of implantable subclavian venous
access devices. Radiology 177(2): 353-6
26. Joffe HV, Kucher N, Tapson VF, et al. (2004) Upper-extremity
deep vein thrombosis: a prospective registry of 592 patients.
Circulation 110(12): 1605-11
27. Karthaus M, Kretzschmar A, Kroning H, et al. (2006) Dalteparin
for prevention of catheter-related complications in cancer
patients with central venous catheters: final results of a double
blind, placebo-controlled phase III trial. Ann Oncol 17(2): 289-96
28. Kuriakose P, Colon-Otero G, Paz-Fumagalli R (2002) Risk of deep
venous thrombosis associated with chest versus arm central
venous subcutaneous port catheters: a 5-year single-institution
retrospective study. J Vasc Interv Radiol 13(2 Pt 1): 179-84
29. Lee AY, Levine MN, Butler G, et al. (2006) Incidence, risk factors,
and outcomes of catheter-related thrombosis in adult patients
with cancer. J Clin Oncol 24(9): 1404-8
30. Lee AY, Rickles FR, Julian JA, et al. (2005) Randomized
comparison of low molecular weight heparin and coumarin
derivatives on the survival of patients with cancer and venous
thromboembolism. J Clin Oncol 23(10): 2123-9
31. Luciani A, Clement O, Halimi P, et al. (2001) Catheter-related
upper extremity deep venous thrombosis in cancer patients: a
prospective study based on Doppler US. Radiology 220(3): 655-60
32. Malgrange VB, Escande MC, Theobald S (2001) Validity of earlier
positivity of central venous blood cultures in comparison with
peripheral blood cultures for diagnosing catheter-related
bacteremia in cancer patients. J Clin Microbiol 39(1): 274-8
33. Mallory DL, McGee WT, Shawker TH, et al. (1990) Ultrasound
guidance improves the success rate of internal jugular vein
cannulation. A prospective, randomized trial. Chest 98(1): 157-60
34. Marcy PY, Magné N, Castadot P, et al. (2007) Is radiologic placement
of an arm port mandatory in oncology patients? Analysis of a large
bi-institutional experience. Cancer 110(10): 2331-8
35. Marcy PY (2008) Central venous access: techniques and
indications in oncology. Eur Radiol 18(10): 2333-44
36. McGee DC, Gould MK (2003) Preventing complications of central
venous catheterization. N Engl J Med 348(12): 1123-33
37. Morazin F, Kriegel I, Asselain B, Falcou MC (2005) Symptomatic
thrombosis in central venous catheter in oncology: a predictive
score? Rev Med Interne 26(4): 273-9
38. Mustafa BO, Rathbun SW, Whitsett TL, Raskob GE (2002)
Sensitivity and specificity of ultrasonography in the diagnosis of
upper extremity deep vein thrombosis: a systematic review.
Arch Intern Med 162(4): 401-4
39. Nevarre DR, Domingo OH (1997) Supraclavicular approach to
subclavian catheterization: review of the literature and results of
178 attempts by the same operator. J Trauma 42: 305-9
40. NICE (2002) Guidance on the use of ultrasound locating devices
for central venous catheters NICE Technology Appraisal 49.
National Institute for Clinical Excellence, London
41. Niederhuber JE, Ensminger W, Gyves JW, et al. (1982) Totally
implanted venous and arterial access system to replace
external catheters in cancer treatment. Surgery 92(4): 706-12
RECOMMANDATIONS / RECOMMENDATIONS
633
ONCOLOG IE
634
42. O’Grady NP, Alexander M, Dellinger EP et al., (2002) Guidelines
for the prevention of intravascular catheter-related infections.
Infect Control Hosp Epidemiol 23(12): 759-69
43. Ouaknine-Orlando B, Desruennes E, Cosset MF, et al. (1999) The
pinch-off syndrome: main cause of catheter embolism. Ann Fr
Anesth Reanim 18(9): 949-55
44. Ould-Ahmed M, Mas B, Hautbois E, et al. (2000) Unusual course
of a pulmonary artery catheter through a persistent superior
vena cava. Ann Fr Anesth Reanim 19(10): 745-8
45. Pittet D, Harbarth S, Ruef C, et al. (1999) Prevalence and risk
factors for nosocomial infections in four university hospitals in
Switzerland. Infect Control Hosp Epidemiol 20(1): 37-42
46. Povoski SP (2004) External jugular vein cut-down approach for
chronic indwelling central venous access in cancer patients: a
potentially useful alternative. World J Surg Oncol 2: 7
47. Raad II, Hohn DC, Gilbreath BJ, et al. (1994) Prevention of central
venous catheter-related infections by using maximal sterile
barrier precautions during insertion. Infect Control Hosp
Epidemiol 15(4 Pt 1): 231-8
48. Romão RL, Valinetti E, Tannuri AC, Tannuri U (2008) Percutaneous
central venous catheterization through the external jugular vein in
children: improved success rate with body maneuvers and
fluoroscopy assistance. J Pediatr Surg 43(7): 1280-3
49. Samama CM, Bastien O, Forestier F, et al. (2002) Antiplatelet
agents in the perioperative period: expert recommendations of
the French Society of Anesthesiology and Intensive Care (Sfar)
2001-summary statement. Can J Anaesth 49(6): S26–S35
50. Sharma A, Bodenham AR, Mallick A (2004) Ultrasound-guided
infraclavicular axillary vein cannulation for central venous access.
Br J Anaesth 93(2): 188–92 [Erratum in: Br J Anaesth 2004; 93(5): 752]
51. Surov A, Jordan K, Buerke M, et al. (2008) Port catheter
insufficiency: incidence and clinical-radiological correlations.
Onkologie 31(8–9): 455-61
52. Teichgräber UK, Gebauer B, Benter T, Wagner J (2004) Long-term
central venous lines and their complications. Rofo 176(7): 944-52
53. van de Wetering MD, van Woensel JB (2007) Prophylactic antibiotics
for preventing early central venous catheter Gram positive infections
in oncology patients. Cochrane Database Syst Rev (1): CD003295
54. Verso M, Agnelli G, Bertoglio S, et al. (2005) Enoxaparin for the
prevention of venous thromboembolism associated with central
vein catheter: a double blind, placebo-controlled, randomized
study in cancer patients. J Clin Oncol 23(18): 4057-62
55. Verso M, Agnelli G (2003) Venous thromboembolism associated
with long-term use of central venous catheters in cancer
patients. J Clin Oncol 21(19): 3665-75
56. Vescia S, Baumgärtner AK, Jacobs VR, et al. (2008) Management of venous port systems in oncology: a review of current
evidence. Ann Oncol 19(1): 9-15
57. Wolosker N, Yazbek G, Munia MA, et al. (2004) Totally
implantable femoral vein catheters in cancer patients. Eur J
Surg Oncol 30(7): 771-5
58. Yildizeli B, Laçin T, Batirel HF, Yüksel M (2004) Complications
and management of long-term central venous access catheters
and ports. J Vasc Access 5(4): 174-8
Extravasation
Coordonnateur du groupe de travail : D. Kamioner
Groupe de travail : M. Ackermann, M.-F. Cosset-Delaigue, D. Kamioner, I. Kriegel
Généralités
L’extravasation secondaire à l’injection extravasculaire
de produits cytotoxiques est une complication souvent
grave pouvant être à l’origine de nécroses tissulaires
sévères et d’ulcérations avec lésions nerveuses, articulaires et tendineuses avec risque de séquelles majeures
(douleurs chroniques, dystrophie, perte de fonctions,
séquelles esthétiques). Il s’agit d’une urgence thérapeutique qui, si elle est sous-évaluée et non ou mal traitée,
peut retarder une prise en charge correcte de la
maladie, par l’interruption de la chimiothérapie, et
entraı̂ner des procédures médicolégales.
Des recommandations ont été publiées
en 2007 par l’European Oncology
Nursing Society
Le Tableau 1 concerne les principales publications sur la
toxicité cutanée des cytostatiques utilisés en intraveineux en cas d’extravasation dans le cadre du traitement
du cancer du sein. Le pouvoir nécrotique de certains
produits (doxorubicine, épirubicine, vinorelbine) est
reconnu par tous les auteurs, mais pour la majorité
des médicaments cette classification est disparate
(carboplatine, cisplatine, cyclophosphamide, docétaxel,
fluoro-uracile, méthotrexate, paclitaxel) [14].
Il est indispensable que le personnel médical et
infirmier soit formé à la prévention et la prise en charge
de l’extravasation.
Procédure urgente générale
Les recommandations du Comité national
hospitalier d’information sur le médicament
sont les plus couramment utilisées
La procédure urgente générale s’applique à tous les
cytostatiques indépendamment de leur potentiel nécrotique. Elle doit être mise en place le plus rapidement
possible après l’extravasation (idéalement dans les dix
minutes). Après six heures, le traitement n’est plus
curatif, mais vise à limiter les dommages.
Elles distinguent trois niveaux de risque liés à l’extravasation :
médicaments responsables de nécroses sévères
(médicaments dits vésicants) ;
médicaments responsables d’irritations (médicaments dits irritants) ;
médicaments n’entraı̂nant pas de réactions sévères (médicaments dits non irritants) [8].
Mesures spécifiques en fonction de la toxicité
cutanée du médicament
Les mesures spécifiques tiennent compte de la toxicité
cutanée du médicament qui a diffusé. On distingue
deux types d’approches :
Tableau 1. Classification du potentiel nécrotique des cytostatiques par différents auteurs
Drogues
Krämer
et al.
Cytotoxic Handbook
[Stanley 2002]
Mader
et al.
QUAPOS 3
CNHIM
CCO
RPC
Saint-Paul
Année de publication
2002 [22]
2002
2002
2003
2004
2007
2009
Bevacizumab ??
Carboplatine
Cisplatine ≤ 0,4 mg/ml
Cisplatine > 0,4 mg/ml
Cyclophosphamide
Docétaxel
Doxorubicine
Doxorubicine
liposomale ?
Épirubicine
Fluorouracile
Méthotrexate
Paclitaxel
Trastuzumab
Vinorelbine
–
Irritant
Irritant
–
N-Irritant
Vésicant
Vésicant
–
–
Irritant
Exfoliant
–
N-Irritant
Exfoliant
Vésicant
Irritant
–
N-Irritant
Irritant
Vésicant
N-Irritant
Irritant
Vésicant
Irritant
–
N-Irritant
Irritant
Vésicant
N-Irritant
Irritant
Vésicant
Irritant
–
Vésicant
Vésicant
–
Irritant
Irritant
Vésicant
–
N-Irritant
N-Irritant
Irritant
–
N-Irritant
Irritant
Vésicant
Irritant
N-Irritant
Irritant
Irritant
Vésicant
N-Irritant
Irritant
Vésicant
Irritant
Vésicant
Irritant
N-Irritant
Vésicant
–
Vésicant
Vésicant
Inflam. drug
Inflam. drug
Vésicant
–
Vésicant
Vésicant
N-Irritant
N-Irritant
Vésicant
–
Vésicant
Vésicant
N-Irritant
N-Irritant
Vésicant
–
Vésicant
Vésicant
N-Irritant
N-Irritant
Irritant
–
Vésicant
Vésicant
N-Irritant
Irritant-min
Irritant
N-Irritant
Vésicant
Vésicant
Irritant
N-Irritant
Vésicant
N-Irritant
Vésicant
N-irritant : non irritant.
chirurgicale (dilution, rinçage–drainage, lipoaspiration, débridement) ;
pharmacologique (DMSO, hyaluronidase [H] ou
dexrazoxane, combinés ou non avec des applications
de chaud ou de froid).
Approche chirurgicale
Deux techniques précoces sont utilisées [16,20,43]
(Tableau 2) :
le lavage–drainage (LD) consiste à pratiquer
quatre incisions en périphérie de la zone d’extravasation et à effectuer éventuellement une infiltration locale
de l’hyaluronidase, enzyme dégradant l’acide hyaluronique, non disponible en France. Par la suite, du liquide
physiologique sous pression est injecté successivement dans chaque incision, réalisant ainsi une douche
sous-cutanée qui lave le tissu interstitiel, dilue le
toxique et assure son élimination par les incisions non
irriguées ;
la lipoaspiration (LA) est une aspiration chirurgicale, par une petite incision le long de la zone
extravasée, de la graisse sous-cutanée superficielle et/
ou profonde. La zone lipoaspirée est ensuite abondamment irriguée avec du liquide physiologique, et la
canule aspirante est à nouveau utilisée pour éliminer
le liquide stagnant.
Tableau 2. Études ayant utilisé la technique du lavage–drainage et/ou de la lipoaspiration
Références
Technique
Patient N =
Time of referral
Results
Comments
Gault 1993 [16]
Saline flush
out + H, ± LA
44
< 24 h
39 chemotherapy
37 metabolic
10 other agents
52
Late referral
7
1
15
<2h
6h
< 12 h
39 (89 %) no tissue damage
5 (11 %) minor skin necrosis
or delayed healing
8 (15 %) no tissue damage
17 (33 %) minor skin necrosis
or delayed healing
27 (52 %) extensive damage
8 (100 %) no tissue damage
Vanwijck
et al. [42]
Lambert
et al. [24]
LA
Von Heimburg
et al. [43]
Saline flush out
8
24
<8h
mean of 19 days
Khan et
Holmes [20]
Saline flush
out + lidocaı̈ne
17
1
Immediately
late
LD
15 (100 %) no tissue damage
8 (100 %) no tissue damage
18 skin grafting,
6 debridement
17 (94 %) no tissue damage
1 (6 %) needed
split skin graft
8 contrast agents
7 chemotherapy
3 contrast agents
5 other agents
13 chemotherapy
8 metabolic
11 others
16 chemotherapy
2 other agents
RECOMMANDATIONS / RECOMMENDATIONS
635
ONCOLOG IE
636
Efficacité de ces techniques
Traitement conservateur
Elle peut être illustrée lors d’une extravasation d’un
produit radio-opaque, puisque des images peuvent être
prises avant et après l’intervention pour s’assurer qu’il
ne reste plus de produit [24,42]. La facilité et l’efficacité
de ces deux méthodes incitent certains auteurs à
conseiller cette technique comme solution thérapeutique de choix en cas d’extravasation avec les produits de
contraste ou de chimiothérapies [16,24,42].
Il peut être appliqué pendant 72 heures, puis une intervention chirurgicale en cas de persistance des douleurs
ou de lésions cutanées importantes doit être effectuée
[29,30]. Pour certains auteurs, cette attitude attentiste est
préjudiciable et non recommandable [16,24,42], tandis
que d’autres la préconisent toujours [28].
Approche pharmacologique
Débridement
Il reste indiqué pour les patients traités tardivement qui
présentent des ulcérations ou des nécroses notamment
lorsqu’elles sont situées sur le dos de la main ou au pli
du coude. [43]. L’excision comprendra non seulement
toutes les parties ulcérées ou nécrosées, mais également leur pourtour en présence d’un érythème ou d’une
induration [17].
Le Tableau 2 résume le résultat des différentes
études ayant évalué le lavage–drainage et/ou la lipoaspiration.
L’instauration rapide et précoce d’un drainage–aspiration et/ou d’une lipoaspiration en milieu chirurgical est
un facteur essentiel pour prévenir le développement
de lésions irréversibles des tissus mous et/ou des
séquelles cicatricielles invalidantes [16,24,42]. Idéalement, il devrait être instauré dans les quatre à six
heures suivant l’accident [8]. Sans intervention, les
produits lipophiles (ex. : doxorubicine) peuvent persister dans les tissus sous-cutanés jusqu’à cinq mois
après l’accident [6].
Les techniques suivantes sont recommandées :
– lavage–drainage sous pression au liquide physiologique de la zone infiltrée et/ou lipoaspiration, car
ces techniques éliminent le produit. Cette technique
est identique pour tous les produits vésicants, que ce
soit des cytotoxiques, des produits de contraste, des
nutritions parentérales, des solutions d’électrolytes,
etc.) ;
– Débridement secondaire, en cas de nécrose
cutanée ou d’ulcération cutanée.
– Les greffes de peau pourront être nécessaires
dans un second temps.
Ces techniques peuvent nécessiter le sacrifice de
la chambre implantable.
Les techniques suivantes ne sont pas recommandées :
– principe de dilution ;
– larges exérèses tégumentaires précoces à titre
prophylactique ;
– ne rien entreprendre et attendre l’évolution.
Différentes approches pharmacologiques ont été mises
en œuvre en cas d’extravasation.
Anthracyclines : doxorubicine et épirubicine
Différents traitements ont été décrits pour les anthracyclines (Tableau 4) :
DMSO ;
dexrazoxane.
DMSO (diméthylsulfoxyde). Mécanisme d’action. Le
DMSO est un solvant qui a les propriétés suivantes :
pénétration rapide dans la peau, pouvant ainsi
disperser l’agent vésicant ;
contribution à l’inhibition de l’ulcération par
capture des radicaux libres produits par les anthracyclines ;
vasodilatateur ;
légère activité anti-inflammatoire [33].
L’utilisation du DMSO est basée sur l’hypothèse que
certains cytostatiques, dont les anthracyclines lèsent les
tissus par la formation de radicaux libres [4,21].
Des cas cliniques d’extravasation traités avec du
DMSO ont été rapportés [3,10,31], mais seulement deux
études ont inclus 20 patients ou plus. Le Tableau 3
résume ces différentes observations cliniques.
Dans les deux études, incluant 20 patients ou
plus, l’application de DMSO ne provoque pas d’effets
indésirables majeurs, excepté chez certains patients
une brûlure modérée pouvant être associée à un
érythème, un prurit et une légère desquamation
[3,36]. L’apparition de cloques était rare (5 % des
patients), mais un cas s’est avéré sévère, car la
surface traitée avec le DMSO a été recouverte avec
un pansement au lieu de la laisser à l’air libre [36].
Certains patients ont senti une odeur d’ail caractéristique du DMSO [3,4,36].
Différents auteurs recommandent l’utilisation du
DMSO et l’application de froid en cas d’extravasation
aux anthracyclines [8,7,21,23,33,37].
Dexrazoxane. Mécanisme d’action. Le dexrazoxane
(DEX) est associée à deux mécanismes d’action
majeurs :
inhibition de l’ADN topo-isomérase-2 ;
Tableau 3. Cas/cohorte ayant utilisé le DMSO suite à une extravasation
Référence
Type d’étude
(design)
Nombre Médicaments
Traitement
Absence
d’ulcération
Toxicité
Olver
et al. [36]
Report
de cas
Cohorte
20
Doxo 18
Dauno 2
DMSO 99 %
2 applications 6×/j
durant 14 jours
Dose exacte appliquée
en fonction de la surface
traitée non décrite
20 (100 %)
Lawrence
et al. [31]
Report
de cas
4
Dauno 1
Doxo 3
4 (100 %)
Bertelli et al. [3,4]
Report
de cas
127
Doxo 11
Epi 42
Mitomycine 5
Autresa 69
Creus et al. [10]
Report
de cas
1
Dauno 1
Llinares [32]
Report
de cas
pédiatrique
1
Idarubicine 1
DMSO 55-99 %
1 application toutes les
4 heures durant au moins
3 jours + application de
froid, injection de
glucocorticoı̈des
en sous-cutané
DMSO 99 %
2 applications
3 fois/j durant
plus de 7 jours
application de
froid/60 minutes,
3 fois par jour/3 jours
DMSO1 application sur
une surface 2 fois
plus grande que la zone
extravasée
DMSO 99 % 4 fois par
jour durant 5 jours
application de froid
1 heure avant le DMSO
– Sensation réversible
de brûlures légères ;
– démangeaison,
érythème, faible
desquamation
superficielle ;
– cloques 20 % (4/20)
?
57 (98 %)b
1 patient développa
une ulcération suite
à une réaction de
réactivation
Brûlure légère 6 %
(8/127)
1 (100 %)
Réaction
d’hypersensibilité
1 (100 %)
Douleur intense après
chaque application
Érythème
N : nombre de patients ; Doxo : doxorubicine ; Dauno : daunorubicine. a Les produits incriminés furent cisplatine, carboplatine,
fluoro-uracile, ifosfamide, mitoxantrone. b Extravasation d’anthracycline et mitomycine uniquement (n = 58).
Exemple d’application
La recommandation émise est d’appliquer trois à
quatre gouttes de DMSO 99 % par 10 cm2 de surface
de peau traitée trois à quatre fois par jour pendant au
moins 7 à 14 jours. Ce dosage est un compromis pour
éviter l’apparition accrue de toxicité locale.
L’application de froid peut être bénéfique pour
soulager la douleur. En association avec le DMSO, il
peut être utilisé de manière séquentielle due à la
différence du mode d’action (vasoconstriction versus
vasodilatation).
En cas de douleur persistante ou de l’apparition
d’une nécrose, un débridement chirurgical devrait être
envisagé.
chélation du fer : en se liant au fer, il déplace le
complexe Fe3+–anthracycline, prévenant ainsi la formation de radicaux libres.
Des études chez la souris ont démontré que
l’administration de DEX, peu après des injections de
doxorubicine, de daunorubicine ou d’idarubicine en
sous-cutané, diminuait ou prévenait la formation de
lésions cutanées [25,26].
Le dexrazoxane a fait l’objet de deux études
cliniques multicentriques de phases II et III sur la
prévention des lésions tissulaires dues à l’extravasation
d’anthracycline vérifiée par biopsie [35].
Sur 54 patients, un a présenté une nécrose et a dû
avoir recours à la chirurgie (1,8 %).
Une publication de Langer et al. [27] a montré que le
DEX a été utilisé avec succès chez sept patients ayant
une voie centrale.
Indication. Le dexrazoxane (DEX), est indiqué
pour le traitement de l’extravasation d’anthracycline
(doxorubicine, épirubicine, daunorubicine et idarubicine).
Il n’est pas remboursé en France.
Remarques. Lorsque l’extravasation a lieu sur une
voie centrale, il est préconisé d’administrer le dexrazoxane à l’aide d’une voie périphérique.
RECOMMANDATIONS / RECOMMENDATIONS
637
638
ONCOLOG IE
Tableau 4. Résumé des diverses publications ayant utilisé le dexrazoxane suite à une extravasation à une anthracycline
Référence
Type d’étude
(design)
Nombre
de
patients
Médicaments
Traitement
Résultats en terme
d’ulcération uniquement
Langer
et al. [26]
Report
de cas
Brest CA
2 fois
Report
de cas
Brest CA
2
Épirubicine
Doxorubicine
J1 DEX 1 000 mg/m2, dans les 5 heures
J1 DEX 1 000 mg
J2 DEX 500 mg
Pas d’ulcération
1
Épirubicine
Pas d’ulcération
Jensen
et al. [18]
Report
de cas
CA du sein ?
1
Épirubicine
El-Saghir
et al. [13]
Report
de cas
Brest CA
1
Doxorubicine
Actions immédiates ou
dans les 2 heures :
– DMSO 99 %
(stoppé après 20 minutes) ;
– de froid durant 12 heures ;
– hydrocortisone onguent.
Puis :
– DEX 1 000 mg i.v. après 12 heures ;
– hydrocortisone ong. durant 3 semaines
Refroidissement local immédiat, puis :
J1 DEX 1 000 mg/m2, dans les 2 heures
J1 DEX 1 000 mg, après 5 heures
J1 DEX 500 mg, à 24 heures
J1 DEX 1 000 mg/m2, dans 1 heure
J1 DEX 1 000 mg/m2 dans
les 5 heures
J1 DEX 500 mg/m2, à 24 heures
DMSO toutes les 6 heures,
arrêté après 3 doses
Injection de GM-CSF pour
soigner l’ulcération.
Frost
et al. [15]
Report
de cas
1 Brest CA
1 autre
2
Doxorubicine
Mouridsen
et al. [35]
Prospective
54
Épirubicine
Doxorubicine
Daunorubicine
Bos et al. [5]
J1 DEX 1 500 mg,
dans les 4 à 5 heures
J2 DEX 1 500 mg
J3 DEX 750 mg
DMSO pour 5 jours
J1 DEX 1 000 mg/m2,
dans les 6 heures
J2 DEX 1 000 mg/m2
J3 DEX 500 mg/m2
Pas d’ulcération
Après 3 mois, ulcération
au niveau de la zone
extravasée
Après 4 mois, chirurgie,
puis injection de local
de GM-CSF 3 fois par
semaine durant 2 semaines,
puis (greffe de peau
non nécessaire)
Aucun patient n’a présenté
d’ulcération
1 patient a nécessité un
débridement chirurgical
DEX : dexrazoxane ; DMSO : diméthylsulfoxide.
Une étude chez la souris a montré que l’utilisation
concomitante de DMSO en application topique ou
d’hydrocortisone en intralésionnel diminue l’effet du
dexrazoxane [27].
administrée dans les six heures qui suivent l’extravasation. Les perfusions des deuxième et troisième jours
doivent débuter à la même heure (± 3 heures) que celle
du premier jour.
La FDA a pris position par rapport à ce traitement [19].
L’administration se fait par voie intraveineuse
pendant 1 à 2 heures dans une grosse veine située
dans le membre opposé à la diffusion.
Sur la base des expériences cliniques, la posologie
quotidiennea du dexrazoxane est la suivante :
2
J1 : 1 000 mg/m
J2 : 1 000 mg/m2
J3 : 500 mg/m2
a
Pour les patients ayant une surface corporelle supérieure
à 2 m2, la dose unique ne doit pas dépasser 2 000 mg les
jours 1 et 2 et 1 000 mg le jour 3 [14].
Remarques. L’administration du dexrazoxane doit
débuter le plus rapidement possible et doit être
La préparation doit se faire conformément aux
directives quant à la préparation des cytostatiques.
Association non recommandée avec le dexrazoxane. La zone extravasée doit rester à la température
corporelle pour garantir une meilleure vascularisation
de la zone atteinte. Par conséquent, l’application
concomitante de froid n’est pas recommandée. Il faut
retirer tout dispositif de refroidissement local au
minimum 15 minutes avant l’administration de dexrazoxane. En général, le refroidissement n’est pas
conseillé après l’administration de dexrazoxane (en
particulier pendant les quatre premières heures après
son administration).
Niveau de preuve scientifique fourni par la littérature : 4
Force de recommandations : grade C.
L’efficacité de l’hyaluronidase n’est pas formellement
démontrée, car les données publiées ne comprennent
qu’un nombre restreint de patients.
En vue de ces informations, le traitement de choix
en cas d’extravasation avec un vinca-alcaloı̈de est
d’effectuer un rinçage chirurgical.
Avantages :
– produit commercialisé et enregistré en France
pour l’extravasation d’anthracycline ;
Taxanes
Standford et Hardwicke [40], dans une analyse de 13
publications regroupant un total de 39 patients sur
l’extravasation du paclitaxel, arrivent aux conclusions
suivantes :
– méthode non invasive ;
– permet de conserver le DVI.
Désavantages :
– la nature précise des mécanismes d’action n’est
pas connue.
Vinca-alcaloı̈des
le paclitaxel devrait être considéré comme un
produit vésicant indépendamment de la concentration
(variant entre 0,2 et 1,2 mg/ml). L’hyaluronidase n’est
habituellement pas recommandée pour les extravasations de paclitaxel ;
l’application de froid est recommandée ;
Hyaluronidase
Les vinca-alcaloı̈des induisent une forte douleur, un
érythème et une inflammation dans les minutes qui
suivent l’extravasation pouvant conduire à la nécrose
[12].
Une expérience chez la souris a montré que la
vincristine est plus vésicante que la vinblastine ou la
vindésine (la vinorelbine n’a pas été évaluée). Parmi les
substances testées, l’injection intradermique de l’hyaluronidase s’est avérée le traitement pharmacologique
le plus efficace pour diminuer la toxicité cutanée en cas
d’extravasation avec les trois vinca-alcaloı̈des testés.
L’application de chaud limitait les lésions cutanées mais
uniquement pour la vincristine, tandis que l’application
de froid l’aggravait.
Une série de sept observations cliniques a montré
que les patients traités avec l’hyaluronidase ne souffraient d’aucune nécrose tissulaire après une extravasation d’un vinca-alcaloı̈de et que cet antidote était bien
toléré. Le Tableau 5 ci-après résume cette étude [2].
Plusieurs auteurs recommandent l’utilisation de
l’hyaluronidase entre 250 et 1 500 UI avec application
de chaud [8,23,33].
l’application de chaud n’est pas recommandée,
car elle a entraı̂né une aggravation chez un patient.
Tous les avis ne sont pas concordants [23,33,37,41] :
pour certains, le paclitaxel devrait être considéré
comme un produit vésicant [23,33,37] et les extravasations traitées par :
– injection jusqu’à 1 500 UI de l’hyaluronidase en
sous-cutané autour de la zone affectée indépendamment de l’étendue de l’extravasation associée à des
applications de chaud (CH) ou sans application de
compresse (ni chaude, ni froide) [33,37] ;
– application immédiate de froid (sans utilisation
de l’hyaluronidase) [23].
D’après les expériences animales et des recommandations contradictoires au niveau clinique, les bénéfices de l’hyaluronidase ne sont pas formellement
démontrés, et les données publiées ne permettent
pas de la recommander systématiquement.
Le traitement de choix en cas d’extravasation avec
le paclitaxel est d’effectuer un rinçage chirurgical.
Tableau 5. Utilisation de l’hyaluronidase
Référence
Type d’étude
Nombre
Médicaments
Traitement
Absence
d’ulcération
Toxicité
Bertelli et al.
[2–4]a
Report de cas
7
Vinblastine 1
Vincristine 1
Vinorelbine 4
250 UI d’hyaluronidase
en sous-cutané dans
les 10 minutes après
l’extravasation
7 (100 %)
Induration
présente après
3 mois après
extravasation
de vincristine
Vinorelbine 1
250 UI d’hyaluronidase
en sous-cutané 10 jours
après l’extravasation
a
Précise la dose employée dans l’étude de 1994.
RECOMMANDATIONS / RECOMMENDATIONS
639
640
Tableau 6. Récapitulatif pour les produits vésicants utilisés dans le cadre du cancer du sein
ONCOLOG IE
Vésicant
Tableau 7
Procédure spécifique
Conclusion
Classe
Produit
Rinçage
chirurgical
Froid
Chaud
DMSO
DEX
Hyal
Anthracyclines
Doxo
Épirubicine
✓
✓
CI
✓
✓
–
Vinca-alcaloı̈des
Vinorelbine
✓
CI
CI?
–
–
?
Taxanes
Paclitaxel
✓
?
CI
–
–
?
Rinçage chirurgical
ou DMSO + froid
ou DEX (?)
1er choix : rinçage chirurgical
1er choix : rinçage chirurgical
✓: peut être utilisé, correspond à un niveau de preuve de 4, grade C ; ? : évidence insuffisante ; CI : contre-indiqué ; – : pas de
données ; non testé.
Remarque. Voir aussi chapitre concernant la réaction de réactivation (recall reaction).
Les cas cliniques rapportés avec le docétaxel
décrivent des réactions locales de type irritation,
inconfort, cloques, desquamation, pigmentation de la
peau [13,37,41]. A priori, il n’entraı̂ne pas de nécrose
comme le paclitaxel ou la doxorubicine. On peut donc
considérer le docétaxel comme un produit irritant et
non vésicant.
Recall reactions
Une recall reaction est une réactivation de l’ulcère ou la
réapparition des lésions guéries, lors d’une injection
ultérieure dans une autre veine ou lors d’une irradiation.
Ce phénomène est dû à la synergie possible entre
médicament et radiothérapie ou entre médicaments
eux-mêmes [4]. Ce phénomène a été décrit chez des
patients recevant des anthracyclines [3,9,11,36,39] de la
mitomycine C [34], du cisplatine [1] et du paclitaxel
[34,38,40].
Conclusion
Le Tableau 6 ci-après récapitule les différentes mesures
spécifiques à entreprendre en cas d’extravasation en
fonction du produit et du niveau de preuve.
Il n’y a pas de donnée dans la littérature sur la
conservation ou non du DVI.
Il n’y a pas de donnée sur un délai éventuel avant la
reprise d’une chimiothérapie, en particulier pour les
extravasations aux anthracyclines qui peuvent avoir un
effet prolongé dans le temps.
Références
1. Bairey O, Bishara J, Stahl B, Shaklai M (1997) Severe tissue
necrosis after cisplatin extravasation at low concentration:
possible “immediate recall phenomenon”. J Natl Cancer Inst
89: 1233-4
2. Bertelli G, Dini D, Forno GB, et al. (1994) Hyaluronidase as an
antidote to extravasation of vinca-alkaloids: clinical results. J
Cancer Res Clin Oncol 120(8): 505-6
3. Bertelli G, Gozza A, Forno GB, et al. (1995) Topical dimethylsulfoxide for the prevention of soft tissue injury after extravasation of
vesicant cytotoxic drugs: a prospective clinical study. J Clin
Oncol 13: 2851-5
4. Bertelli G (1995) Prevention and management of extravasation of
cytotoxic drugs. Drug Safety 12: 245-55
5. Bos AM, van der Graaf WT, Willemse PH (2001) A new
conservative approach to extravasation of anthracyclines with
dimethylsulfoxide and dexrazoxane. Acta Oncol 40(4): 541-2
6. Casanova D, Aubert JP, Bardot J, et al. (1995) Les accidents de la
chimiothérapie au niveau du membre supérieur. J Chir 132: 13-9
7. CCO, Cancer Care Ontario. Consulté sur : www.cancercare.on.
ca/pdfdrugs/Appendix2.pdf
8. CNHIM, Centre national hospitalier d’information sur le médicament.
Anticancéreux : utilisation pratique. In: Dossier du CNHIM, Revue
d’évaluation sur le médicament. 5e ed., vol 25 CNHIM 2004, Paris, pp. 4-5
9. Cohen SC, Dibella NJ, Michalak JC (1975) Recall injury from
Adriamycin. Ann Intern Med. 83: 232
10. Creus N, Mateu J, Massó J, et al. (2002) Toxicity to topical
dimethylsulfoxide (DMSO) when used as an extravasation
antidote. Pharm World Sci 24: 175-6
11. Donaldson SS, Glick JM, Wildbur JR (1974) Adriamycin
activating a recall phenomenon after radiation therapy. Ann
Intern Med 81: 407-8
12. Dorr RT (1990) Antidotes to vesicant chemotherapy extravasations. Blood Rev 4(1): 41-60
13. El Saghir NS, Otrock ZK (2004) Docetaxel extravasation into the
normal breast during breast cancer treatment. Anticancer Drugs
15: 401-4
14. EONS – Directives 2007 relatives à l’extravasation. Consulté
sur : http://www.cancerworld.org/CancerWorld/getStaticModFile.aspx?id=2338
15. Frost A, Gmehling D, Azemar M, et al. (2006) Treatment of
anthracycline extravasation with dexrazoxane : clinical experience. Onkologie 29(7): 314-8
16. Gault DT (1993) Extravasation injuries. Br J Plast Surg 46: 91-6
17. Heckler FR (1989) Current thoughts on extravasation injuries.
Clin Plast Surg 16: 557-63
18. Jensen JN, Lock-Andersen J, Langer SW, Mejer J (2003)
Dexrazoxane – a promising antidote in the treatment of
accidental extravasation of anthracyclines. Scand J Plast
Reconstr Surg Hand Surg 37(3): 174-5
19. Kane RC, McGuinn WD, Dagher R, et al. (2008) Dexrazoxane
(Totect®): FDA review and approval for the treatment of
accidental extravasation following intravenous anthracycline
chemotherapy. The Oncologist 13: 445-50
20. Khan MA, Holmes JD (2002) Reducing the morbidity from
extravasation injuries. Ann Plast Surg 48: 628-32
21. Kraft A, Weinig S, Edinger M, et al. (2000) AnthrazyklinExtravasate. Behandlungsrichtlinien und Literaturübersicht.
Onkolge 6: 674-86
22. Krämer I, Stützle M (2002) Zytostatika-Paravasation – Wie ist
vorzugehen? Eine Konsensusempfehlung des Stammzellqualitätszirkels Stanley A. Managing complications of chemotherapy. In: The
Cytotoxics Handbook. 4th ed. Radcliffe Medical Press, Oxon, pp. 119-89
23. Krämer I, Stützle M (2002) Zytostatika-Paravasation – Wie ist
vorzugehen? Eine Konsensusempfehlung des Stammzellqualitätszirkels Rheinland-Pfalz. Krankenhauspharmazie 23: 261-8
24. Lambert F, Couturaud B, Arnaud E, et al. (1997) Extravasations
iatrogènes de solutés cytotoxiques ou hyperosmolaires. Intérêt
du traitement chirurgical en urgence par aspiration et lavage.
Ann Chir Plast Esthet 42: 305-13
25. Langer SW, Sehested M, Jensen PB (2001) Dexrazoxane is a
potent and specific inhibitor of anthracycline induced subcutaneous lesions in mice. Ann Oncol 12: 405-10
26. Langer SW, Sehested M, Jensen PB (2000) Treatment of
anthracycline extravasation with dexrazoxane. Clinical Cancer
Research 6: 3680-6
27. Langer SW (2008) Treatment of anthracycline extravasation from
centrally inserted venous catheters. Oncol Rev 2: 114-6
28. Langstein HN, Duman H, Seeling D, et al. (2002) Retrospective
study of the management of chemotherapeutic extravasation
injury. Ann Plast Surg 49: 396-74
29. Larson DL (1982) Treatment of tissue extravasation by antitumors. Cancer 49: 1796-9
30. Larson DL (1985) What is the appropriate management of tissue
extravasation by antitumors agent? Plast Reconstr Surg 75: 397-405
31. Lawrence JH, Walsh D, Zapotowski KA, et al. (1989) Cancer
Chemother Pharmacol 23: 316-8
32. Llinares ME, Bermúdez M, Fuster JL, et al. (2005) Toxicity to
topical dimethylsulfoxide in a pediatric patient with anthracycline extravasation. Pediatr Hematol Oncol 22(1): 49-52
33. Mader I, Fürst-Weger PR, Mader RM, et al. (2003) Extravasation
of cytotoxic agents: compendium for prevention and management. Springer-Verlag, Wien
34. Meehan JL, Sporn JR (1994) Case report of taxol administration
via central vein producing a recall reaction at a site of prior
taxol extravasation. J Natl Cancer Inst 86: 1250-1
35. Mouridsen HT, Langer SW, Buter J, et al. (2007) Treatment of
anthracycline extravasation with dexrazoxane (Savene®): results
from two prospective multicentre studies. Ann Oncol 18(3): 546-50
36. Olver IN, Aisner J, Hament A, et al. (1988). A Prospective study
of topical dimethylsulfoxide for Treating Anthracycline Extravasation. J Clin Oncol 6: 1732-5
37. Quapos 3. www.esop.eu
38. Shapiro J, Richardson GE (1994) Paclitaxel-induced “Recall”
soft tissue injury occurring at the site of previous extravasation
with subsequent intravenous treatment in a different limb. J Clin
Oncol 12: 2237-8
39. Shenaq SM, Abbase EA, Friedman JD (1996) Soft-tissue
reconstruction following extravasation of chemotherapeutic
agents. Surg Oncol Clin North Am 5: 825-45
40. Standford BL, Hardwicke F (2003) A review of clinical
experience wit paclitaxel extravasations. Support Care Cancer
11: 270-7
41. Stanley A (2002) Managing complications of chemotherapy. In:
The cytotoxics handbook. 4th ed. Radcliffe Medical Press, Oxon,
pp. 119-89
42. Vanwijck R, Lengele B (1994) La lipoaspiration au secours des
radiologues. Ann Chir Plast Esthet 39: 744-9
43. Von Heimburg D, Pallua N (1998) Früh- und Spätbehandlung
iatrogener Injektionsschäden. Chirurg 69: 1378-82
Intérêts de l’activité physique dans le cadre
des cancers du sein
Groupe de travail : T. Bouillet, P. Escure
Résumé : Le cancer du sein, comme toute maladie
chronique, modifie progressivement l’état de santé des
patientes. L’activité physique s’intègre dans les soins
de support en améliorant les possibilités fonctionnelles
de l’organisme, en optimisant les fonctions principales,
cardiovasculaires, ostéoarticulaire et neurologique.
Elle améliore l’état de fatigue et la qualité de vie et
semble aussi modifier la survie. Cette activité physique
ne s’accompagne pas de complication si elle est
réalisée de façon médicalement dirigée. Les mécanismes d’action de l’exercice physique sur la maladie
cancéreuse commencent à être compris.
Mots clés : Activité physique adaptée – Fatigue –
Cancer du sein – Survie – Estrogènes – Insuline –
Adipokines
Introduction
L’amélioration de la qualité de vie et la réinsertion des
patients sont des objectifs fondamentaux en cancéro-
logie. Le recours à un exercice physique régulier vise à
améliorer cette qualité de vie en cours ou au décours
des soins et semble également avoir un impact sur la
survie après traitement.
Qu’est-ce que l’activité physique ?
L’activité physique correspond à un mouvement du
corps lié à une contraction musculaire volontaire
accroissant la consommation d’énergie de l’organisme
[33].
L’intensité de cette activité physique est mesurée en
MET-H. Un MET-H correspond à la dépense d’énergie
observée en restant assis sans bouger, soit une
consommation de 3,5 ml d’oxygène par kilogramme
et par minute. La marche normale correspond à une
dépense d’énergie de 3 MET-heures, les activités à
faible dépense énergétique (marche, montée d’escalier,
etc.) correspondent à une dépense inférieure à 6 METheures, celles à haute dépense énergétique sont
supérieures à 6 MET-heures (footing, tennis, natation,
etc.). Les exercices proposés aux patientes sont adaptés
à leur condition médicale définissant une activité
physique adaptée (APA) [7].
RECOMMANDATIONS / RECOMMENDATIONS
641
642
Mesures activite physique
ONCOLOG IE
Dépense énergétique en MET-heure
Metabolic Equivalent Task-h =
dépense énergie assis 1 heure
3.5 ml O2 / Kg / minute
Marche normale = 3 MET
< 6 MET – h : marche, escaliers
> 6 MET – h : footing, tennis, natation...
Population de référence < 3 MET – h par semaine
Fig. 2.
Risque accru de récidive et de mortalité liée à la prise de poids après
traitement du cancer du sein [25]
APA, fatigue et qualité de vie
La fatigue est un symptôme fréquent parmi les
survivants de cancer [10], présent chez 75 à 99 % des
patientes [27]. On distingue, notamment, la fatigue qui
survient pendant les traitements et celle qui persiste
après et qui peut durer plusieurs années. Cette fatigue
peut avoir un retentissement à tous les niveaux de la vie
quotidienne et sociale [4] ; elle n’est pas limitée à la
période du traitement et peut durer très longtemps [15].
La fatigue liée au cancer reste difficile à définir. Une
définition pratique est donnée par le National Comprehensive Cancer Network américain (NCCN) : « la fatigue
liée au cancer est une fatigue persistante, une sensation
subjective de lassitude en rapport avec un antécédent
de cancer ou son traitement et qui interfère avec le bon
déroulement de la vie quotidienne » (NCCN, cancerrelated fatigue and anemia: treatment guidelines for
patients). La fatigue liée au cancer est différente de celle
due à l’exercice physique, elle est plus profonde,
persistante et ne s’améliore pas avec le repos [23,40].
La fatigue liée au cancer est d’origine multifactorielle,
physiologique et psychologique [3].
La fatigue est à la fois indépendante et liée à des
éléments d’ordre psychologique que l’on peut schématiquement appeler dépression. La dépression est un
trouble de l’humeur souvent difficile à discerner de la
fatigue. La prévalence de la dépression en oncologie
est de plus de 50 %. La fatigue est un symptôme lié au
syndrome dépressif dans plus de 70 % chez les femmes
suivies pour cancer de l’utérus ou du sein [3,14]. La
fatigue et la dépression sont les deux plus importants
facteurs prédictifs de fatigue à distance des soins
[40]. La qualité de la prise en charge de la fatigue est
dépendante de la possibilité de différencier la fatigue
des conséquences de la dépression. Dépression et
fatigue ne sont pas synonymes, ainsi à distance du
traitement du cancer du sein, des inhibiteurs de
recapture de la sérotonine ont amélioré la dépression
sans améliorer la fatigue [35]. Inversement, il existe chez
des survivantes de cancer du sein un état de fatigue
persistant sans dépression associée.
La fatigue liée au cancer est donc bien une
entité complexe hétérogène difficile à étiqueter et à
mesurer avec les outils actuels psychologiques ou
physiologiques.
Exercice physique : un traitement
de la fatigue liée au cancer du sein ?
L’exercice physique fait partie des moyens thérapeutiques désormais bien décrits pour améliorer la fatigue,
les publications recouvrent des études dans les différents cancers pendant et après les traitements, et ces
essais tendent à montrer que le type d’exercice
physique et le moment de son application, ainsi que le
type de cancer interviennent sur son efficacité.
La Cochrane Database [8] établit l’efficacité de
l’exercice physique et recommande son utilisation
pendant et après le traitement, mais ne permet pas de
conclure quant au type de l’exercice ou au moment
optimal.
Ces études rapportent une gamme extrêmement
large de méthodes employées : la marche, le vélo, des
exercices contre résistance. L’intensité des exercices
lors des programmes suivis est dans la majorité des cas
de 50 à 90 % de la VO2max ou de la fréquence cardiaque
maximale théorique. Les programmes utilisent des
séances allant de deux par jour à deux par semaine
sur une période de huit semaines à un an.
« Après » un cancer du sein
Plusieurs essais et une méta-analyse [11,32] sont en
faveur d’un effet favorable de l’exercice en aérobie sur
la fatigue et la qualité de vie des patientes après cancer
du sein.
La méthodologie des études varie de façon significative et quatre points méritent d’être soulignés pour
permettre à la recherche sur ce sujet d’avancer :
– un design rigoureux des études différenciant les
types d’exercices selon leur intensité ;
– la prescription de l’exercice doit être bien spécifiée
et détaillée pour évaluer la réponse par rapport à
l’intensité de l’exercice ;
un consensus est nécessaire pour standardiser
les méthodes et comparer les données ;
les études doivent monitorer au mieux les effets
indésirables dont le lymphœdème.
Exercice physique pendant le traitement
du cancer du sein
Dans le cancer du sein en cours de soins, plusieurs
essais et une méta-analyse [5,29,37] retrouvent une
amélioration de la fatigue et de la qualité de vie non
significative, avec plusieurs limites méthodologiques
(petit nombre de patientes incluses, pas d’information
sur les causes de refus, hétérogénéité des protocoles de
chimiothérapie). La Cochrane Database de 2008 [8] fait
la preuve de l’efficacité de l’exercice physique adapté
dans la fatigue liée au cancer « en général » pendant le
traitement en particulier d’un cancer du sein.
Plusieurs études retrouvent un bénéfice sur la
fatigue et la qualité de vie de la pratique d’une activité
physique pendant et après les traitements. Dans ces
deux cadres, per- et postthérapeutique, le yoga semble
pouvoir améliorer la qualité de vie et la fatigue des
patientes [6,34].
Impact de l’APA sur la survie après
traitement d’un cancer mammaire
La réduction du taux de rechute augmente avec le
niveau d’exercice jusque vers 20 MET-heures.
Des biais méthodologiques évidents existent dans
ces études prospectives, entre autres, du fait de
l’absence de randomisation. Mais ce gain de survie en
cas d’activité physique existe en analyse multivariable
intégrant les facteurs pronostiques classiques tels que
l’âge, le stade tumoral TNM, la présence de récepteurs
hormonaux, le lieu de résidence, l’alcoolisme ou le
tabagisme, l’IMC (BMI), le statut hormonal de la
patiente.
Impact de l'activité physique sur le risque
de rechute des cancers du sein
APA
APA
0,63
0,63
Nombre
de patientes
MET-H
RR
IC
p
NHS
WHEL
CWLS
HEAL
2 987
1 490
4 482
933
9
9
8
9
0,63
0,56
0,63
0,33
0,48-0,81
0,31-0,98
0,31-0,88
0,15-0,73
0,004
0,04
0,01
0,046
Dans les différents essais prospectifs d’exercice physique en oncologie mammaire, 30 à 40 % des patientes
éligibles acceptent de participer aux programmes. En
revanche, en cas d’adhésion au projet, plus de 80 % des
patientes vont jusqu’au bout du programme.
Un certain nombre de barrières à l’adhésion existent
[33].
Ces barrières sont de trois niveaux :
– le principal a trait à la maladie et aux soins
(fatigue, nausées et vomissements, douleurs, rendezvous) ;
– le deuxième niveau est lié à la vie personnelle
(vacances, difficultés de transport, garde d’enfants) ;
– le troisième est en rapport avec une absence de
motivation, de temps, d’intérêt, d’information sur la
possibilité d’APA.
La perception de ces différentes barrières par le
médecin facilitera l’adhésion de la patiente aux programmes d’APA.
Exercice physique : effet protecteur
anticancéreux ?
1,0
0,6
Étude
APA et cancer du sein, quelles difficultés ?
L’impact de l’activité physique a été exploré, de façon
prospective, dans quatre cohortes de femmes souffrant
d’un cancer du sein localisé et non évolutif par des
questionnaires réalisés dans les deux ans suivant le
diagnostic [18,19,21,39]. Le maintien d’une activité
physique au-delà de 8 à 9 MET-heures diminue de
près de 50 % le risque de décès par cancer (Tableau 1).
Le bénéfice en termes de survie à cinq ans et à dix ans
est alors de 4 à 6 %.
0,8
Tableau 1. Impact de l’activité physique sur la survie des
cancers du sein
0,56
0,4
0,33
Effet sur le risque de cancer du sein
Pour évaluer l’impact de l’exercice physique sur le
risque de cancer du sein, deux types d’étude ont été
réalisés, des suivis de cohortes [1,12,26,30,31,45] et des
analyses cas-témoins [2,25,38,43] (Tableaux 2 et 3).
0,2
0,0
NHS
WHEL
Pas APA
CWLS
HEAL
APA
Études
NHS
WHEL
CWLS
HEAL
0,63
0,56
0,63
0,33
Ces études retrouvent une association entre réduction du risque de cancer du sein et activité physique
régulière. Il existe une augmentation de ce bénéfice
avec l’intensité de l’exercice physique. Le risque relatif
de cancer du sein chez les femmes déclarant au moins
cinq heures par semaine d’activité physique intense est
voisin de 0,6 par rapport aux femmes sans activité
physique régulière. Ce bénéfice est retrouvé chez la
femme ayant un IMC important mais uniquement alors
en cas d’activité physique intense. Cette diminution de
risque est retrouvée en pré- et en postménopause
[26,30] et aussi bien pour les cancers infiltrants que pour
les formes in situ [12].
RECOMMANDATIONS / RECOMMENDATIONS
643
644
ONCOLOG IE
Tableau 2. Effet prophylactique de l’activité physique sur le risque de cancer du sein – études de cohorte
Étude
Population
Seuil
RR
Perte effet si IMC > 25
WHI
E3N
CTS
EPIC
74 171
90 509
110 599
218 169
20 Met-H
5 H/sem
5 H/sem
52 Met-H
Oui
Non
Oui
Non
IWHS
NHS II
41 836
64 777
Haut/bas
39 Met-H
0,86 (0,7-0,98)
0,62 (0,49-0,78)
0,69 (0,48-0,98)
Pré-MP 0,71 (0,55-0,9)
Post-MP 0,81 (0,7-0,93)
0,86 (0,78-0,96)
Pré-MP 0,77 (0,64-0,93)
Non
Non
H : heure ; sem : semaine ; MP : ménopause.
Tableau 3. Effet prophylactique de l’activité physique sur le cancer du sein – études cas-témoins
Étude
Patients/témoins
Âge
Seuil
RR
IC
P
SPREAGUE
KRUK
PEPLONSKA
WCRES
8 080/7 630
250/301
2 176/2 326
4 538/4 649
20-69
35-75
20-74
35-64
35 Met-H/sem
150 Met-H/sem par an
Quartile haut/bas
15,2 Met-H/sem par an
0,77
0,43
0,74
0,80
0,65-0,91
0,25-0,75
0,62-0,89
0,70-0,92
0,02
0,004
0,001
0,003
Sem : semaine.
Il ne semble pas exister de différence de bénéfice
selon l’intensité de l’exercice, le bénéfice est lié à
l’activité physique totale. Par contre, l’activité physique
entre 12 et 22 ans paraı̂t être la principale pourvoyeuse
de ce bénéfice sous forme de diminution de cancer du
sein en préménopause [30].
La méta-analyse de Friedenreich et Cust a conclu à
une réduction du risque de cancer du sein de 25 à 30 %
en cas d’exercice physique régulier. La réduction la plus
importante est rencontrée dans les populations sans
antécédents familiaux, sans surcharge pondérale, postménopausique et dans les formes RH-négatifs [13].
Actions biologiques de l’APA
L’activité physique modifie plusieurs paramètres biochimiques impliqués dans le métabolisme des cellules
cancéreuses mammaires.
Action sur les estrogènes
L’activité physique modifie le taux d’estrogènes [46]. En
préménopause, il n’existe que peu de variation du taux
d’estrogènes en cas d’activité physique, sauf très
intense. En postménopause, l’activité physique diminue
les estrogènes libres, d’une part, en diminuant la masse
graisseuse réduisant l’activité aromatase et, d’autre
part, en augmentant la synthèse de la Sex Hormone
Binding Globuline. Cette action expliquerait l’impact de
l’activité physique en postménopause et son échec en
cas de surpoids. L’activité physique modifie également
le métabolisme des estrogènes en diminuant la
transformation en 16-alphahydroxyestrone à action
forte estrogénique et en accroissant la formation de
2-hydroxy-estrone à faible rôle estrogénique.
Action de l’activité physique sur l’insuline
et l’IGF-1
L’insuline et l’Insulin-like Growth Factor-1 sont des
facteurs de prolifération cellulaire et des inhibiteurs
de l’apoptose, en particulier pour les cellules RH+.
Ils accroissent la production de V-EGF par les cellules
tumorales et l’activité aromatase dans les tissus
graisseux, et diminuent la sécrétion de la SHBG
[16,30,42,44]. Ces actions expliquent l’augmentation
du taux de cancer dans le diabète de type 2 et dans le
syndrome métabolique ainsi que le mauvais pronostic
d’un taux élevé d’insuline dans les cancers du sein.
L’activité physique réduit les sécrétions d’insuline et
d’IGF-1, ainsi que l’insulinorésistance [28].
Action de l’activité physique sur les sécrétions
issues des tissus graisseux
L’activité physique modifie les sécrétions des adipokines par les adipocytes, (leptine, mitogène, et adiponectine, proapoptotique) [33]. L’activité physique accroı̂t la
sécrétion d’adiponectine et réduit la leptine.
Ces mécanismes sont retrouvés également en
diététique, il semblerait donc que l’exercice physique
et la prise en charge diététique soient deux facettes
complémentaires d’une même prise en charge thérapeutique.
Outre ces actions métaboliques, l’APA module
le système immunitaire avec une augmentation du
taux de lymphocytes T CD4+ CD69+ au décours de
après la séance. Ces séances d’APA doivent être
encadrées par des intervenants formés, éducateurs
médicosportifs ou kinésithérapeutes, ayant reçu une
formation complémentaire pour assurer un bilan initial
et un suivi des progrès des capacités physiques.
APA
MODE D'ACTION
DIMINUE
INSULINE et
IGF 1
AUGMENTE
ADINOPECTINE
REDUIT LEPTINE
APA
INHIBE
LA
CROISSANCE
TUMORALE
REDUIT
ESTROGENE
S LIBRES
chimiothérapies en cas de pratique d’APA sur une
période de six mois [20].
Complications
Les différents essais prospectifs portant sur l’activité
physique ne rapportent pas de complications significatives. En présence de métastases osseuses, l’exercice
physique ne semble majorer ni la douleur, ni le risque
de fractures. Néanmoins, pour éviter ces complications,
le recours à des exercices à l’aide d’une bicyclette
ergométrique permet, d’une part, de contrôler l’effort
physique et, d’autre part, de diminuer la pression du
corps sur le squelette [9]. L’activité physique diminue le
risque de lymphœdème et favorise le fonctionnement
de l’articulation scapulohumérale au décours de chirurgie pour cancer du sein [17,21,24,41].
Précautions : critères d’exclusion
Il s’agit d’exercices réguliers, deux à trois fois par
semaine, débutés dès le début des soins et poursuivis
sur plusieurs mois après la fin des soins. Ces exercices
physiques sont faits à une fréquence cardiaque déterminée en fonction d’un pourcentage de la fréquence
maximale théorique (FMT), soit 220, moins l’âge du
patient. En règle en cancérologie, c’est la fréquence
maximale corrigée qui est utilisée, soit la FMT moins la
fréquence cardiaque de base de la patiente.
En l’absence de structures d’APA au sein de
l’établissement de soins, l’activité recommandée doit
être soit d’une heure trois fois par semaine, soit de
30 minutes cinq fois par semaine, sous forme d’une
activité physique de moyenne intensité type marche ou
gymnastique respectant la FMT corrigée.
Recommandations du groupe APA
Ce qui est sûr : l’activité physique adaptée (APA)
dans le cadre des cancers du sein :
est faisable sans danger significatif (niveau 2,
grade B) ;
améliore la qualité de vie et la fatigue pendant le
traitement (niveau 2, grade B) ;
améliore la qualité de vie et la fatigue après le
traitement (niveau 2, grade B) ;
améliore les survies globale et spécifique
(niveau 2, grade B) ;
réduit le risque de cancer du sein (prophylaxie
primaire) [niveau 2, grade B] ;
les mécanismes biologiques d’action sont
connus.
L’APA doit être adaptée à la situation clinique et ne peut
être proposée à toutes les patientes. Sa mise en place
doit tenir compte de l’état général, de l’âge, des
antécédents de pratique physique, des comorbidités.
L’existence d’une fraction d’éjection inférieure à 40 %,
d’une insuffisance coronarienne ou respiratoire sévère,
d’une hypertension artérielle non contrôlée, de métastases osseuses en particulier sur le rachis ou les fémurs,
d’une dénutrition, d’une ostéoporose sévère sont des
contre-indications.
Quels sont les critères de sélection des patientes,
pour quelle APA ?
Exercice physique : que faire, que conseiller ?
bilan initial : comorbidités, contre-indications,
pratiques sportives antérieures ;
La mise en place d’une APA est précédée d’une
consultation médicale évaluant les aptitudes présentes
et éliminant toute contre-indication. Les principes de
base sont la progressivité des efforts, des séances
encadrées par une période d’échauffement puis de
retour au calme, la contre-indication de tout tabagisme,
l’absence de douche immédiatement au décours de
l’exercice et une hydratation régulière avant, pendant et
Ce qui est à étudier :
existe-t-il une synergie entre l’APA et le
traitement ?
Quelle pratique de l’APA ?
Proposer aux patientes une consultation d’APA
afin de les faire bénéficier de conseils personnalisés
(niveau 2, grade B) ;
recommander un exercice régulier une heure,
trois fois par semaine, avec une dépense de l’ordre de
4 à 6 MET-heure (marche rapide, gymnastique adaptée) par tranche de 15 minutes à 50 à 90 % de la FMT
de 220, moins l’âge (niveau 2, grade B) ;
recommander d’éviter toute prise de poids
supplémentaire (niveau 1, grade A).
RECOMMANDATIONS / RECOMMENDATIONS
645
ONCOLOG IE
646
Conclusions
Recommandation des patientes
L’activité physique s’intègre dans le traitement de la
maladie cancéreuse mammaire, en améliorant la
qualité de vie, l’état psychologique, les capacités
physiques, le maintien de l’indépendance des patients
et en améliorant les chances de guérison. L’activité
physique limite les risques de surcharge pondérale et
d’ostéoporose. Ces bénéfices se font sans effet indésirable ni danger, à condition de ne pas proposer à toutes
les patientes l’APA et de respecter les critères de
sélection, de mise en place et de suivi. L’exercice
physique n’est pas une solution universelle, mais doit
être proposé et facilité pour certaines personnes. De
nombreux exercices physiques ou sports sont possibles chez les patientes cancéreuses et pas seulement
les classiques vélos ou marche.
Sensibiliser les médecins cancérologues et les gynécologues à l’importance de l’activité physique, afin qu’ils
informent la patiente sur le lien avec le bien-être et la
fatigue et le lien possible avec le pronostic de la maladie.
Les patientes souhaitent que les médecins puissent
informer les femmes sur le type de sport et le niveau
d’activité. Des exemples plus précis de sports pourraient
être inclus dans les recommandations. Développer des
brochures d’information (support papier et accessible
sur Internet) que le médecin peut remettre à la femme.
Mettre une fiche dans le dossier médical.
La standardisation des protocoles de recherche doit
permettre de valider cet apport de soins de support de
manière indiscutable afin d’obtenir son application de
manière institutionnelle et pratique.
Ces mesures d’APA doivent s’articuler avec une prise
en charge hygiénodiététique qui s’adresse aux mêmes
problématiques et aux mécanismes biologiques.
Nous conseillons la mise en place de programmes
d’APA au sein des services de cancérologie réalisés en
collaboration avec des éducateurs médicosportifs.
L’intérêt de l’exercice physique dans le domaine de
la cancérologie s’appuie aujourd’hui sur les données de
l’evidence-based medicine tant en phase préventive
que métastatique. L’exercice physique protocolisé,
programmé, institutionnel ou personnel doit maintenant faire partie des soins de support proposés au
même titre que la prise en charge psychologique,
sociale ou nutritionnelle. Les diverses expériences en
Île-de-France (karaté et yoga à Avicenne) ou en
Provence, à Avignon, peuvent servir de point de départ.
Vignette d’information donnée à titre d’exemple
Que faut-il conseiller à nos patients ?
Un exercice régulier, trois fois par semaine, dès le début
du traitement. Il peut s’agir de marche rapide ou de
footing. Idéalement, il s’agit d’un travail des quatre
membres avec une période d’échauffement puis une
période de récupération. La fréquence cardiaque type
est dite maximale théorique corrigée (FMTc) qui
correspond à 220, moins l’âge et moins la fréquence
cardiaque de base. Cette FMTc est maintenue sur une
période de quatre minutes suivie de deux minutes de
repos, l’exercice étant poursuivi par tranche de
20 minutes et accru progressivement au fur et à mesure
de l’entraı̂nement jusqu’à 40 minutes au total par
séance. Ce conseil de soins de support, doit tenir
compte de l’âge, des comorbidités, des effets indésirables des traitements, en particulier sur le plan pulmonaire ou cardiaque (anthracyclines, trastuzumab, etc.) et
de l’éventuelle existence de métastases osseuses.
Afin de favoriser l’activité physique des femmes en
cours de traitement, il est important qu’elles puissent
bénéficier d’une sortie libre pendant leur arrêt maladie.
Références
1. Bardia A, Hartmann LC, Vachon CM, et al. (2006) Recreational
physical activity and risk of postmenopausal breast cancer based
on hormone receptor status. Arch Intern Med 166: 2478-83
2. Bernstein L, Patel AV, Ursin G, et al. (2005) Lifetime recreational
exercise activity and breast cancer risk among black women and
white women. J Nat Cancer Inst 97: 1671-9
3. Bower JE, Ganz PA, Dickerson SS, et al. (2005) Diurnal cortisol
rhythm and fatigue in breast cancer survivors. Psychoneuroendocrinology 30(1): 92-100
4. Bower JE, Ganz PA, Desmond KA, et al. (2006) Fatigue in long-term breast
carcinoma survivors: a longitudinal investigation. Cancer 106(4): 751-8
5. Campbell A, Mutrie N, White F, et al. (2005) A pilot study of a supervised
group exercise program as a rehabilitation for women with breast
cancer receiving adjuvant treatment. Eur J Oncol Nurs 9(1): 56-63
6. Cohen L, Wameke C, Fouladi RT (2004) Psychological adjustments
and sleep quality in randomised trial of the effects of Tibetan yoga
intervention in patients with lymphoma. Cancer 100(10): 2253-60
7. Courneya KS, Segal RJ, Gelmon K (2008) Predictors of supervised
exercise adherence during breast cancer chemotherapy. Med Sci
Sport Exerc 40(6): 1180-7
8. Cramp F, Daniel J (2008) Exercise for the management of cancerrelated fatigue in adults. Cochrane Database Syst Rev 2: CD006145
9. Crevenna R, Schmidinger M, Keilani M, Nuhr M (2003) Aerobic
exercise for patients suffering from metastatic bone disease.
Support Care Cancer 11: 120-2
10. Curt, GA, Breitbat W, Cella D, et al. (2000) Patients, impact of
cancer-related fatigue on the lives of patients: new findings from
the fatigue coalition. Oncologist 5(5): 353-60
11. Daley A, Crank H, Saxton JM, et al. (2007) Randomised trial of
exercise therapy in women treated for breast cancer. J Clin
Oncol 25(13): 1713-21
12. Dallal CM, Sullivan-Halley J, Ross RK, et al. (2007) Long-term
recreational physical activity and risk of invasive and in situ breast
cancer: the California Teachers Study. Arch Intern Med 167: 408-15
13. Friedenreich CM, Cust AE (2008) Physical activity and breast
cancer risk: impact of timing, type and dose of activity and
population, subgroup effects. Br J Sports Med 42: 636-47
14. Given CW, Given B, Azzouz F, et al. (2001) Predictors of pain
fatigue in the years following diagnosis among elderly cancer
patients. J Pain Symptom Manag 21(6): 456-66
15. Glaus A, Crow R, Hammond SA (1996) A qualitative study to explore
the concept of fatigue. Eur J Cancer Care (Engl) 5(2 Suppl): 8-23
16. Goodwin PJ, Ennis M, Pritchard K, et al. (2002) Fasting insulin and
outcome in early-stage breast cancer: results of a prospective
cohort study. J Clin Oncol 20: 42-51
17. Hayes SC, Janda M, Cornish B, et al. (2008) Lymphedema after
breast cancer: incidence, risk factors and effect on upper body
function. J Clin Oncol 21: 3536-42
18. Holick CN, Newcomb PA, Trentham-Dietz A, et al. (2008) Physical
Activity and survival after diagnosis of invasive breast cancer.
Cancer Epidemiol Biomarkers Prev 17: 379-86
19. Holmes MD, Wendy PH, Chen Y, et al. (2005) Physical activity and
survival after breast cancer diagnosis. JAMA 293: 2479-86
20. Hutnick N, Williams N, Kraemer W, et al. (2005) Exercise and
lymphocyte activation following breast cancer. Med Sci Sports
Exerc 37: 1827-35
21. Irwin MI, Wilder Smith A, McTiernan A, et al. (2008) Influence of
pre- and postdiagnosis physical activity on mortality in breast
cancer survivors: the health, eating, activity and lifestyle study.
J Clin Oncol 24: 3958-64
22. Jacobsen PB (2004) Assessment of fatigue in cancer patients.
J Natl Cancer Inst Monogr 32: 93-7
23. Kilgour RD, John DH, Keyserlingk JR (2008) Effectiveness of a selfadministered, home-based exercise rehabilitation program for
women following a modified radical mastectomy and axillary node
dissection: a preliminary study. Breast Cancer Res Treat 109: 285-95
24. Kruk J (2007) Lifetime physical activity and the risk of breast cancer: a
case-control study. Cancer Detection and Prevention 31: 18-28
25. Lahmann PH, Friedenreich C, Schuit AJ, et al. (2007) Physical activity
and breast cancer risk: the European prospective investigation into
cancer and nutrition. Cancer Epidemiol Biomarkers Prev 16: 36-42
26. Lawrence DP, Kupelnick B, Miler K, et al. (2004) Evidence report
on the occurrence, assessment, and treatment of fatigue in
cancer patients. J Natl Cancer Inst Monogr 32: 40-50
27. Ligibel JA, Campbell N, Partridge A, et al. (2008) Impact of mixed
strength and endurance exercise intervention on insulin levels in
breast cancer survivors. J Clin Oncol 26: 907-12
28. Markes M, Brockow T, Resh KL (2006) Exercise for women receiving
adjuvant therapy. Cochrane Database Syst Rev 4: CD005001
29. Maruti SS, Willett WC, Feskanich D, et al. (2008) A prospective
study of age-specific physical activity and premenopausal breast
cancer. J Natl Cancer Inst 100: 728-37
30. McTierman A, Kooperberg C, White E, et al. (2003) Recreational
physical activity and the risk of breast cancer in postmenopausal
women. The women’s health initiative cohort-study. JAMA 290: 1331-6
31. McNeely ML, Campbell KL, Rowe BH, et al. (2006) Effects of
exercise on breast cancer patients and survivors: a systematic
review and meta-analysis. CMAJ 175(1): 34-41
32. Miles L (2007) Physical activity and health. Nutr Bull 32: 314-63
33. Moadel A, Shah C, Sparano JA (2007) Randomised control trial of
yoga among a multiethnic sample of breast cancer patients:
effects of quality of life. J Clin Oncol 25(28): 4387-95
34. Morrow GR, Hickojk JT, Roscoe JA (2003) Differential effects of
paroxetine on fatigue and depression: a randomized double
blinded trial from the Rockester Cancer Center Community
Clinical Oncology Program. J Clin Oncol 21(24): 4635-41
35. Mulligan AM, O’Malley FP, Ennis M, et al. (2007) Insulin receptor
is an independent predictor of a favourable outcome in earlystage breast cancer. Breast Cancer Res Treat 106: 39-47
36. Mutrie N, Campbell AM, Whyte F, et al. (2007) Benefits of
supervised group exercise programme for women being treated
for early-stage breast cancer: pragmatic randomised controlled
trial. BMJ 334(7592): 517
37. Peplonska B, Lissowska J, Hartman TJ, et al. (2008) Adulthood
lifetime physical activity and breast cancer. Epidemiology 19: 226-36
38. Pierce JP, Stefanick ML, Flatt SW, et al. (2007) Greater survival after
breast cancer in physically active women with high vegetable-fruit
intake regardless of obesity. J Clin Oncol 25: 2345-51
39. Piper BF (1993) Fatigue and cancer: inevitable companions?
Support Care Cancer 1(6): 285-6
40. Sagen A, Karesen R, Risberg MA (2008) Influence of physical
activity on the development of arm lymphedema after breast
cancer surgery. A prospective, randomised controlled trial a
2-year follow-up. ASCO 2008; Abstract 9542
41. Sahdev D, Yee D (2007) Disrupting insulin-like growth factor
signalling as a potential cancer therapy. Mol Cancer Ther 6: 1-12
42. Speague BL, Trentham-Dietz A, Newcomb PA, et al. (2007)
Lifetime recreational and occupational physical activity and risk
of in situ and invasive breast cancer. Cancer Epidemiol
Biomarkers Prev 16: 236-43
43. Tao Y, Pinzi V, Bourhis J, Deutsch E (2007) Mechanisms of disease:
signalling of the insulin-like growth factor I receptor pathwaytherapeutic perspectives in cancer. Nat Clin Pract Oncol 4: 591-602
44. Tehard B, Friedenreich CM, Oppert JM, Clavel-Chapelon F (2006)
Effect of physical activity on women at increased risk of breast
cancer: results from E3N cohort study. Cancer Epidemiol
Biomarkers Prev 15: 57-64
45. Tworoger SS, Missmer SA, Eliassen AH, et al. (2007) Physical activity
and inactivity in relation to sex hormone, prolactin, and insulin-like
growth factor concentrations in premenopausal women-exercise
and premenopausal hormones. Cancer Causes Control 18: 743-52
Douleurs neuropathiques chroniques séquellaires
après traitement locorégional d’un cancer du sein
et après taxanes : épidémiologie, diagnostic,
facteurs de risque, prévention et traitements
Coordonnateur du groupe de travail : D. Ammar
Groupe de travail : D. Ammar, F. Brocard, L. Chassignol, G. Chvetzoff, T. Delorme,
J.-P. Durand, N. Jovenin, P. Roussel, F. Tiberghein
Introduction
Vingt-cinq pour cent des douleurs en cancérologie sont
liés au traitement de la maladie [43]. Les douleurs
séquellaires de la chirurgie, de la radiothérapie et des
traitements médicaux chez les patientes en rémission
d’un cancer du sein altèrent indiscutablement la qualité de
vie et compromettent le travail psychologique de rémission et la qualité de la réhabilitation biopsychosociale.
Ces recommandations concernent le diagnostic,
l’épidémiologie, les facteurs de risque, la prévention et
le traitement des douleurs neuropathiques chroniques
iatrogènes après traitement locorégional d’un cancer du
sein et après chimiothérapie par taxanes.
Elles s’adressent à l’ensemble des professionnels de
santé intervenant auprès des patientes atteintes d’un
cancer du sein. Elles précisent les traitements antalgiques de première ligne et les indications de recours à
RECOMMANDATIONS / RECOMMENDATIONS
647
648
une structure spécialisée d’évaluation et de traitement
de la douleur chronique.
ONCOLOG IE
Elles répondent aux questions du groupe de travail :
– quelle est la fréquence des douleurs neuropathiques chroniques séquellaires après traitement locorégional d’un cancer du sein ?
– Existe-t-il des facteurs de risques identifiés de
développer des douleurs séquellaires après un traitement locorégional d’un cancer du sein ?
– Existe-t-il un intervalle libre fortement évocateur
d’une douleur annonçant une récidive ?
– Quels sont les traitements préventifs médicamenteux et non médicamenteux des douleurs neuropathiques chroniques séquellaires après traitement
locorégional d’un cancer du sein ?
– Quelle est la fréquence et l’histoire naturelle des
douleurs de polyneuropathie pendant et après traitement par taxanes ?
– Existe-t-il des facteurs prédictifs d’apparition des
polyneuropathies douloureuses chroniques pendant et
après taxanes ?
– Quels traitements antalgiques médicamenteux et
non médicamenteux sont proposés pour soulager les
douleurs neuropathiques séquellaires des traitements
locorégionaux d’un cancer du sein et des taxanes ?
Sont exclues du domaine de ces recommandations :
– les plexites douloureuses (prises en charge diagnostique et thérapeutique spécifiques) ;
– les douleurs séquellaires non neuropathiques :
douleurs musculosquelettiques, syndrome douloureux
régional complexe, etc ;
– les autres séquelles participant au handicap des
patientes : lymphœdème, atteinte de la mobilité de
l’épaule, troubles de la marche.
Ces recommandations sont construites en trois
parties principales :
– douleurs après traitement locorégional : épidémiologie, diagnostic, facteurs de risque, prévention ;
– douleurs après taxanes : épidémiologie, diagnostic, facteurs de risque, prévention ;
– traitement des douleurs neuropathiques.
Douleurs neuropathiques chroniques
séquellaires après traitement locorégional
d’un cancer du sein : épidémiologie,
diagnostic, facteurs de risque et prévention
Diagnostic, fréquence et histoire naturelle
On distingue cinq types de douleurs neuropathiques
séquellaires des traitements locorégionaux d’un cancer
du sein :
– le syndrome postmastectomie ou névralgie intercostobrachiale (NICB) ;
– les douleurs de la cicatrice et les névromes ;
– les névralgies de la branche médiane ou latérale du
pectoral, du nerf long thoracique, du nerf thoracodorsal ;
– les algohallucinoses du sein ;
– les plexites tumorales ou, exceptionnellement
aujourd’hui, post-radiothérapiques (non abordées
dans les recommandations).
Syndrome postmastectomie ou NICB
Définition
En 1994, l’Association internationale d’étude et de
traitement de la douleur [57] définit le syndrome
postmastectomie comme « une douleur chronique
débutant immédiatement ou précocement après une
mastectomie ou une tumorectomie affectant le thorax
antérieur, l’aisselle et/ou le bras dans sa moitié
supérieure ».
Nosographie
Le « syndrome postmastectomie » est fréquent après
tumorectomie (cf. infra). Il convient donc de proposer
une autre terminologie. Le « syndrome postmastectomie est aussi appelé « douleurs après dissection
axillaire » [73]. Cette terminologie ne permet pas de
distinguer cette douleur des douleurs neuropathiques
de la branche médiane ou latérale du pectoral, du nerf
long thoracique et du nerf thoracodorsal [136]. De plus,
elle désigne la chirurgie comme étiologie exclusive de
ces douleurs neuropathiques, ce qu’il faut encore
démontrer notamment chez les patientes ayant justifié
d’une radiothérapie.
Il est donc recommandé d’appeler ces douleurs
neuropathiques « NICB » (accord d’experts). Cette
terminologie a de plus le mérite de rappeler le territoire
algique pour le clinicien.
Diagnostic
Le diagnostic est posé sur trois critères :
– douleur neuropathique : le diagnostic sémiologique de douleur neuropathique peut-être est facilité
pour les soignants non spécialisés par un score
supérieur à 4/10 à l’échelle DN4 (cf. Annexe 1) ;
– territoire neurologique systématisé du deuxième
nerf intercostobrachial : hémithorax homolatéral et/ou
creux axillaire, et/ou partie antéro-interne de la moitié
supérieure du bras homolatéral (Fig. 1) ;
– absence de récidive tumorale locale : la chronicité
est affirmée si la douleur évolue depuis plus de trois
mois [58].
Fréquence
La NICB est fréquente et persistante : prévalence 23 à
39 % de six mois à neuf ans après la chirurgie.
Une étude prospective exposée/non exposée récente
– et/ou signe de Tinel positif (la percussion du
névrome reproduit la douleur spontanée de la patiente),
et/ou perception d’une tuméfaction à la palpation.
Le diagnostic de douleur neuropathique de la
cicatrice est porté sur deux critères :
– DN4 supérieur à 4/10 ;
– localisation péricicatricielle.
La chronicité est affirmée si la douleur évolue depuis
plus de trois mois.
Prévalence des douleurs de la cicatrice
Fig. 1.
territoire de la névralgie intercostobrachiale
montre une prévalence de la NICB de 23,9 % à 18 mois
[137]. Ce résultat confirme celui d’études antérieures
avec un recul de 6 à 116 mois [19,65,71,126,138]. La
NICB est associée à d’autres douleurs dans 10 à 29 %
des cas [19,118,127]. Deux études de cohorte montrent
des incidences plus élevées de 38 à 57 %, 3 à 33,2 mois
après la chirurgie [52,143], ainsi que trois études
rétrospectives qui montrent une prévalence de 40 à
46 %, de 6 à 54 mois après chirurgie [2,51,119].
Elle est de 22,7 % à un an, de 32 à 40 % à 32 mois et de
30,9 à 40 % à six ans [2,69,119,125]. On ne connaı̂t pas la
prévalence des névromes. Leur recherche n’est pas
systématique dans les travaux étudiés.
Névralgie de la branche médiane ou latérale
du pectoral, du nerf long thoracique,
du nerf thoracodorsal
Diagnostic
Il est posé devant la présence de trois critères :
– DN4 supérieur à 4 ;
– territoire neurologique systématisé (Fig. 2) ;
Intervalle libre
Avant trois mois 48,9 à 65 % des patientes, entre 3 et
12 mois 11,3 à 17 % des patientes, après 12 mois 3,5 à
17 %, de trois à neuf ans 17 % [2,17,82,121]. Après
tumorectomie, la douleur apparaı̂t plus précocement
qu’après mastectomie et mastectomie avec reconstruction (p = 0,03 à trois mois) [17]. Ces études rétrospectives présentent cependant de nombreux biais
méthodologiques, et leurs résultats nécessitent d’être
confirmés par d’autres études bien menées. En
l’absence d’étude de qualité, on ne sait pas s’il existe
un intervalle libre fortement évocateur d’une récidive.
– absence de récidive tumorale.
La chronicité est affirmée si la douleur évolue depuis
plus de trois mois.
On ne connait pas la fréquence de ces douleurs
neuropathiques, car elles ne sont pas recherchées
systématiquement dans les travaux analysés.
Spinal cord
Brachial plexus
C5
C6
Evolution
Trente-huit pour cent des patientes mastectomisées ne
ressentent plus de NICB entre 3 et 12 ans après la
chirurgie, et 52 % des patientes souffrent d’un syndrome postmastectomie persistant entre 3 et 12 ans
après la chirurgie [82]. L’allodynie diminue de 20 % à un
mois et de 3 % à un an [126].
C7
C8
T1
Stellate
ganglion
Medial pectoral nerve to the
pectoralis minor muscle
Douleur de la cicatrice et névrome
Medial pectoral nerve to the
pectoralis major muscle
Diagnostic
Long thoracic nerve to the
serratus anterior muscle
Le diagnostic de névrome est porté sur deux critères :
Thoracodorsal nerve to the
latissimus dorsi muscle
– décharges électriques spontanées ou provoquées
mécaniquement notamment au niveau du deuxième
espace intercostal à la jonction avec la ligne axillaire
antérieure [142] ;
Breast
Fig. 2.
Nerfs de la branche médiane et latérale du pectoral, nerf long
thoracique, nerf thoracodorsal d’après Wallace et al. [136]
RECOMMANDATIONS / RECOMMENDATIONS
649
650
Intensité et impact sur la vie quotidienne
ONCOLOG IE
Intensité
Elles sont intenses pour 3 à 5 % des patientes entre trois
et cinq ans après la chirurgie [12,19,138]. La fréquence
des douleurs d’intensité modérée et moins bien connue,
car les résultats des études sont discordants. Quarantequatre pour cent des patientes souffrent de douleurs
modérées trois ans après la chirurgie [19], alors que
deux autres études rétrospectives utilisant des échelles
d’évaluation de la douleur validées montrent que seules
10 % des patientes souffrent de douleurs d’intensité
modérée entre trois et cinq ans après la chirurgie
[12,138]. Wyatt et Friedman [143] montrent, en 1998,
une fréquence des douleurs d’intensité modérée de
30 % à trois mois et de 17 % à six mois en cas de
traitements adjuvants, de 6 % à trois mois et de 13 % à
six mois sans traitements adjuvants. Cependant,
l’échelle d’évaluation de la douleur utilisée n’était pas
validée (échelle de Likert à quatre niveaux : douleur
absente, faible, modérée ou forte). L’ensemble des
études apportent une indication, mais posent le problème de nombreux biais méthodologiques.
Impact sur la vie quotidienne
Elles diminuent globalement la qualité de vie des
patientes [16,82,99,123,128]. Cet impact est plus important en cas de douleurs continues [17,82] et sur
les dimensions de capacités physiques (p < 0,001), de
bien-être physique (p = 0,001) et de souffrance psychologique (p = 0,01) [17]. Les scores d’anxiété et dépression sont significativement plus élevés chez les
patientes algiques [19,70,71,84,126,127]. Les douleurs
majorent la perte d’autonomie physique [17]. Les
patientes algiques rapportent plus fréquemment des
difficultés à marcher, à conduire, à travailler, à soulever,
à porter, à pousser, à étendre le bras, à réaliser des
activités ménagères et à avoir des relations sexuelles
[2,16,82,121,126–128]. La douleur est plus fréquemment
aggravée par la position allongée, le temps froid, la
fatigue, le frottement des vêtements sur la peau, les
mouvements d’étirement et les émotions [82,121].
Elle est insomniante pour 23 à 47 % des patientes
[71,82,121,126,127] une à deux nuits par semaine pour
18 % des patientes et plus de trois nuits par semaine
pour 17 % d’entre elles [82].
Il n’existe pas de données exploitables dans les
articles analysés, concernant les répercussions professionnelles et financières de ces douleurs séquellaires en
France. Par exemple, huit à quatre-vingt-quatre pour
cent des patientes souffrant de douleurs séquellaires
montrent une incapacité à travailler suivant les études
[30,121]. La moitié d’entre elles rapportent des problèmes financiers liés à cette situation [121].
Peu d’études ont considéré l’accès des patientes à
une prise en charge adaptée. Les données parcellaires
des études analysées montrent que 5 à 45 % des
patientes sont traitées, mais que leur soulagement est
faible à modéré [2,19,82,121,126,138]. Des études
complémentaires sont nécessaires pour étudier l’accès
de ces patientes algiques à une prise en charge adaptée,
tant il est indiscutable que les douleurs neuropathiques
séquellaires en phase de rémission altèrent leur qualité
de vie, leur réhabilitation et les exposent au risque de
passage à un syndrome douloureux chronique.
Algohallucinose du sein
Définition
Perception persistante et douloureuse de la présence
d’une partie ou de l’ensemble du sein mastectomisé.
Diagnostic
La sensation persistante du sein amputé douloureux
(algohallucinose) ou non douloureux (hallucinose) n’est
pas rapportée spontanément par les patientes. Il est
recommandé de rechercher systématiquement à l’interrogatoire une algohallucinose du sein chez toute
patiente mastectomisée (accord d’experts).
La prévalence de l’algohallucinose est de 8 % à
six mois, de 3 à 13 % à 12 mois, et de 17 % à six ans
[107]. Une étude de cohorte prospective récente a
observé la fréquence de l’algohallucinose du sein. Les
pourcentages étaient de 7, 8, 3 et 1 % respectivement
six semaines, six mois, un an et deux ans après
chirurgie [28]. Krøner et al. montrent une prévalence
de 13,3 et 12,7 %, respectivement trois semaines et un
an après chirurgie [69]. Elle est de 17,4 % à six ans [68].
L’analyse de la littérature révèle une diminution d’incidence de 0,13 % par an de l’algohallucinose depuis
1950 [28]. La douleur est localisée au niveau du
mamelon précocement après la chirurgie (87,5 %) et
dans l’ensemble du sein après un an de suivi (42,9 %
des cas) [69].
Évaluation
À chaque consultation, l’interrogatoire et l’examen de la
patiente doivent être attentifs et minutieux. Il comporte
un entretien ouvert et un entretien semi-directif [42].
Il est recommandé de rechercher et d’inscrire sur le
dossier et dans les courriers (accord d’experts) :
– avant la chirurgie : la présence ou l’absence de
douleur du sein, la présence d’autres douleurs et les
antécédents de douleurs chroniques (supérieures à
trois mois) ;
– après la chirurgie et à chaque consultation : la
présence ou l’absence de douleur.
Pour chaque douleur, il est recommandé de préciser
et d’inscrire dans le dossier [42] :
– la topographie de la douleur et de ses irradiations : cette information essentielle pourra être reportée
sur un schéma par la patiente ou le praticien ;
– l’intensité de la douleur continue par échelle
d’évaluation unidimensionnelle : EVA ou EVS ou EN ;
– la fréquence et le rythme (continue, intermittente) ;
– la présence ou l’absence de douleurs insomniantes ;
– le type de douleurs : neuropathiques, nociceptives (mécaniques et/ou inflammatoires), mixtes ;
– intervalle libre de plus de trois mois ;
– modification de la symptomatologie ;
– signes cliniques ou biologiques évocateurs de
récidive tumorale, pour les patientes souffrant d’une
NICB.
– les conditions d’apparition de ces douleurs et leur
intervalle libre ;
Devant un tableau clinique typique, il n’est pas
recommandé de prescrire des examens paracliniques
pour confirmer le diagnostic (accord d’experts).
– le temps d’évolution : supérieur ou inférieur à
trois mois ;
Facteurs de risque
– les traitements utilisés, leur tolérance et leur
efficacité ;
– l’évolution et la modification de chaque douleur ;
– les facteurs aggravants et les facteurs améliorants.
Il est recommandé d’évaluer :
– à quoi la patiente attribue sa douleur : 30 % des
patientes attribuent la douleur à la persistance de la
maladie [19]. Cette signification de la douleur aggrave
indiscutablement les répercussions psychologiques,
sociofamiliales de la douleur et pèse sur le comportement de la patiente et sur la relation soignant–soigné ;
– l’état thymique de la patiente : syndrome anxiodépressif réactionnel, etc. ;
– les répercussions émotionnelles, affectives et
sexuelles ;
– le bras dominant et le handicap perçu pour les
activités de la vie quotidienne ;
– le soutien disponible (famille, amis, proches) et la
nature de la relation ;
– les conditions de vie : type de logement, situation
professionnelle, type de travail (conduite de véhicule,
port de charge), situation sociale et financière.
Il est recommandé d’informer la patiente, avant les
traitements, de la possibilité de survenue de douleurs
(accord d’experts).
Il est recommandé de proposer à la patiente de
signaler toute douleur dès son apparition (accord
d’experts).
Il est recommandé d’expliquer à la patiente l’origine
séquellaire de ses douleurs et leurs mécanismes pour
en améliorer le vécu, la décision sur le comportement à
adopter, les répercussions psychosociales et l’observance des traitements.
Diagnostic différentiel
Il est recommandé d’entreprendre un bilan diagnostic
étiologique si le tableau clinique est « atypique »
(accord d’experts) :
– abolition ROT tricipital (atteinte plexique) ;
– territoire atypique ;
– signes cliniques centraux, déficit moteur associé ;
L’analyse des facteurs de risque a pour objet de définir
des sous-groupes à risque et de développer des
stratégies de prévention. Les données analysées sont
de faibles niveaux de preuve et ne permettent de
conclure pour plusieurs facteurs de risque présumés.
Facteurs de risque sociodémographiques
Âge
Les patientes jeunes présentent plus fréquemment des
douleurs neuropathiques séquellaires dans 12 études
en analyse univariée et multivariée [4,17,51,56,66,82,
98,118,126,127,135,137,138,141]. L’âge de la patiente
n’est pas un facteur de risque d’algohallucinose [68,69].
Niveau socioéducatif
Le niveau socioéducatif est un facteur de risque de
majoration de l’intensité de la douleur pour Tasmuth et
al. [125] et pour Arnaud et al. [6]. Arnaud et al. montrent
en analyse univariée que la douleur est plus forte chez
les patientes ayant arrêté leurs études avant le baccalauréat (p = 0,047).
Situation familiale
On ne sait pas si le soutien émotionnel joue un rôle sur
la survenue de douleurs, car les résultats des études
sont discordants. Une étude montre que la vie en couple
est un facteur de risque de douleur plus intense [6], mais
deux études montrent le contraire, Tasmuth et al.,
et Averill et al. [8,125].
Poids, taille et indice de masse corporelle
Le surpoids apparaı̂t comme facteur de risque [82,118].
La dissection axillaire peut alors être plus difficile. On
ne sait pas si l’indice de masse corporelle est un facteur
de risque, car les deux études l’ayant analysé sont
de mauvaise qualité méthodologique [82,137]. La
grande taille est un facteur de risque dans une étude
rétrospective en analyse univariée [118].
État général
Une seule étude montre en analyse univariée un effet
d’un score ASA II–III (score évaluant le risque anesthésique de l’American Society of Anesthesiologists)
sur l’intensité de la douleur (p = 0,002) [6].
RECOMMANDATIONS / RECOMMENDATIONS
651
ONCOLOG IE
652
Facteurs de risque psychologiques
Nombre de ganglions au curage
On ne sait pas si les facteurs psychologiques préopératoires constituent un facteur de risque, car les études
sont discordantes : l’anxiété préopératoire est associée
à une augmentation de fréquence des douleurs séquellaires dans deux études [11,126] mais ne l’est pas dans
quatre autres [19,52,84,127].
On ne sait pas si le nombre de ganglions enlevés
constitue un facteur de risque, car les données sont
contradictoires. Pour Keramopoulos et al. [67], le risque
de douleurs séquellaires augmentait lorsque plus de 30
ganglions sont retirés. Une autre étude retrouve ce
facteur de risque à partir de dix ganglions [59], alors que
ce facteur de risque n’est pas retrouvé dans deux études
[17,20].
Douleur préopératoire
Dans l’étude de Katz et al. [66], il existe une tendance
non significative pour affirmer un lien entre douleurs
préopératoires et douleurs postopératoires. Poleshuck
et al. [98] montrent qu’une douleur aiguë postopératoire
est un facteur de risque de douleurs chroniques
d’intensité supérieure à 5/10. L’intensité de la douleur
postopératoire et l’utilisation d’antalgique sont des
facteurs de risque de douleur chronique du bras
homolatéral [125,126,128,129].
La présence de douleur du sein avant la chirurgie est
un facteur de risque d’algohallucinose précoce à trois
semaines, mais pas à un an [69]. La présence d’une
douleur est un facteur de risque d’autres douleurs
séquellaires : il existe une association significative entre
douleur de la cicatrice et algohallucinose (OR = 2,6 ; IC
95 % : [1,4–4,6]), douleur de la cicatrice et autres
douleurs postmastectomie (OR = 5 ; IC 95 % :
[2,8–8,9]), algohallucinose et autres douleurs postmastectomie (OR = 5 ; IC 95 % : [2,8–8,9]) [70].
Le niveau de preuve reste cependant faible sur cette
question essentielle aux vues des théories modernes
qui décrivent les mécanismes de neuroplasticité centrale éclairant le risque de passage à la chronicité des
douleurs aiguës non soulagées. Des travaux complémentaires sont indispensables en ce domaine.
Extension tumorale
La taille de la tumeur n’est pas un facteur de risque
[6,20]. La présence de métastases ganglionnaires n’est
pas un facteur de risque de douleurs séquellaires
[20,135].
Mastectomie versus tumorectomie
Les douleurs séquellaires chroniques apparaissent
aussi bien après tumorectomie qu’après mastectomie.
Cependant, on ne sait si la mastectomie constitue un
facteur de risque en comparaison à la tumorectomie,
car les résultats sont discordants. La mastectomie est
un facteur de risque d’apparition de douleurs chroniques séquellaires dans trois études [6,66,67] et un
facteur de risque de douleurs plus intenses dans deux
études [6,98]. Cependant, quatre études ne montrent
pas de différence [17,20,51,135]. Le côté opéré, droit ou
gauche, ne constitue pas un facteur de risque [28]. Des
études complémentaires sont nécessaires.
Reconstruction avec prothèses
Pour Wallace et al. [137], la fréquence d’apparition de
douleurs après mastectomie et reconstruction est plus
importante qu’après mastectomie seule : 49 versus
31 %. La douleur est plus fréquente s’il s’agit d’une
reconstruction avec implant (53 %) que sans implant
(30 %). La fréquence des douleurs est de 50 % pour les
implants sous-musculaires et de 21 % pour les implants
sous-glandulaires. La fréquence des douleurs est de
39 % après une reconstruction immédiate et de 59 %
après une reconstruction secondaire. Mais cette étude
est de mauvaise qualité méthodologique et ne permet
d’affirmer un facteur de risque significatif.
Complications postopératoires
Elles ne constituent pas un facteur de risque dans quatre
études [20,28,51,69].
Type de chirurgie
Expérience du chirurgien
Curage axillaire versus ganglion sentinelle
La faible expérience du chirurgien dans ce type de
chirurgie apparaı̂t comme un facteur de risque dans
deux études [125,137].
Les études qui ont comparé « curage axillaire » versus
« ganglion sentinelle » sont discordantes. Trois études
prospectives et une étude rétrospectives retrouvent une
plus grande fréquence d’apparition des douleurs
séquellaires dans le groupe « curage axillaire »
[6,56,86,106,112], alors que deux études prospectives
(dont une en analyse multivariée) ne retrouvent pas
de différence significative entre les deux groupes
[20,135].
Le curage axillaire n’est pas un facteur de risque
d’algohallucinose [28].
Facteurs de risque médicaux
Radiothérapie
On ne sait pas si la radiothérapie (et quelle type de
radiothérapie) constitue un facteur de risque, car les
études sont discordantes : la fréquence des douleurs
est plus importante après radiothérapie dans cinq
études [51,119,125,128], mais ne l’est pas dans deux
autres études [20,135].
La radiothérapie ne constitue pas un facteur de
risque d’algohallucinose [28,68,69].
manque de puissance [46,110,131]. Des essais de bonne
qualité sont nécessaires pour répondre à cette question.
Chimiothérapie
Anesthésie
La chimiothérapie n’est pas un facteur de risque de
NICB et de douleurs de la cicatrice [6,20]. Elle ne ressort
pas non plus comme facteur de risque d’algohallucinose [28,68,69]. Ces données demandent à être confirmées avec les nouveaux protocoles de chimiothérapies.
Pommade lidocaı̈ne/prilocaı̈ne
Hormonothérapie
L’hormonothérapie n’est pas un facteur de risque de
douleurs neuropathiques séquellaires [20,51,135].
Fassoulaki et al. [35] ont montré que l’application de
pommade lidocaı̈ne/prilocaı̈ne sur la région sternale et
des creux sus-claviculaires et axillaires, cinq minutes
avant la chirurgie et tous les jours pendant quatre jours,
versus placebo diminue la fréquence des douleurs du
sein (p = 0,004), des douleurs axillaires (p = 0,025) et
globalement des douleurs chroniques à trois mois
(p = 0,002).
Prévention
Mexilétine et gabapentine, mexilétine et bloc
du plexus brachial
Chirurgie
Fassoulaki et al. [36] ont comparé mexilétine (600 mg)
et gabapentine 1 200 mg versus placebo. Ils étaient
administrés la veille de l’intervention et tous les jours
jusqu’au dixième jour postopératoire. Aucune différence de fréquence de la douleur n’a été observée après
trois mois de surveillance [34]. De même, l’association
d’un bloc du plexus brachial du cinquième au septième
espace intercostal avec mexilétine (200 mg/j) débutée le
jour précédant la chirurgie et les six jours suivants, dans
un essai mené en plan factoriel 2 × 2, ne diminue pas la
fréquence de la douleur après trois mois.
Ganglion sentinelle versus curage axillaire
La technique du ganglion sentinelle diminue l’incidence
des douleurs neuropathiques chroniques séquellaires,
mais ne permet pas d’éviter leur apparition. Seize
études ont analysé l’apport de cette technique sur
l’incidence et/ou l’intensité de douleurs séquellaires.
Cependant, de nombreuses études présentent un biais
majeur de mesure : l’absence d’évaluation de la douleur
par des échelles validées. Les cinq études prospectives
utilisant une échelle d’évaluation de la douleur validée
montrent une diminution de la fréquence des douleurs
séquellaires dans le groupe « ganglion sentinelle »
[6,95,106,112,124]. L’intensité de la douleur était significativement plus faible dans les groupes « ganglion
sentinelle », mais non significative (différence inférieure à 20/100 sur l’EVA) [6,106]. Les résultats des
études analysant la qualité de vie ne permettent pas de
conclure ; Fleissig et al. [40] notent une amélioration
dans le groupe « ganglion sentinelle » versus curage
axillaire, mais Peintinger et al. [95] n’en montrent
aucune. D’autres références (1,9,23,27,74,105,132,134)
sont disponibles sans modifier les conclusions.
La technique du ganglion sentinelle est recommandée lorsqu’elle est indiquée, mais elle ne permet pas de
prévenir totalement l’apparition des douleurs séquellaires (niveau de preuve 4, grade C).
Préservation du nerf intercostobrachial
On ne sait pas si la préservation du deuxième nerf
intercostobrachial ou de ses branches diminue la
fréquence d’apparition des douleurs neuropathiques
séquellaires. Bien que la lésion chirurgicale du deuxième nerf intercostobrachial constitue une des hypothèses physiopathologiques du développement de la
NICB [73], les essais menés sur la préservation du
deuxième nerf intercostobrachial ne permettent pas de
conclure, du fait de leur mauvaise qualité méthodologique (pas d’échelle de la douleur validée) et de leur
Bloc paravertébral
Kairaluoma et al. [61] ont comparé un bloc paravertébral (troisième thoracique) préopératoire par bupivacaı̈ne avec un bloc avec injection placebo. Ils ont montré
une diminution de la fréquence de la douleur à six mois
(p = 0,02) et à un an (p = 0,003). À un an, ils ont aussi
montré une diminution de l’intensité de la douleur au
repos (p = 0,003) et aux mouvements (p = 0,011) ainsi
qu’une diminution de la consommation d’opioı̈de.
Traitement multimodal préventif
Fassoulaki et al. [37] ont comparé un « traitement
multimodal » associant gabapentine, pommade prilocaı̈ne/lidocaı̈ne et bloc de ropivacaı̈ne versus placebo.
Ils ont montré une diminution de la fréquence de la
douleur à trois mois (p = 0,028) et une diminution non
significative à six mois (p = 0,424). Ils ont aussi montré
une diminution de la consommation d’antalgique à trois
mois (p = 0,048) et une diminution non significative à
six mois (p = 0,107).
Aucune recommandation ne peut être proposée en
ce domaine, car le nombre d’essais randomisés
contrôlés est limité pour chaque proposition de traitement préventif en anesthésie. Des essais complémentaires, notamment pour les stratégies non invasives,
sont à développer pour pouvoir répondre à cette
question essentielle.
RECOMMANDATIONS / RECOMMENDATIONS
653
654
Recommandations
ONCOLOG IE
Fréquence et répercussions
Les douleurs neuropathiques séquellaires sont fréquentes et persistantes après traitement locorégional
du cancer du sein : un tiers de patientes présentent
une NICB et/ou une douleur de la cicatrice six mois à
neuf ans après la chirurgie. Dix pour cent souffrent
d’algohallucinose six ans après le traitement (niveau 3,
grade C).
On ne connaı̂t pas la fréquence des névromes
et des névralgies de la branche médiane ou latérale
du pectoral, du nerf long thoracique, du nerf thoracodorsal.
Ces douleurs apparaissent dans l’année suivant la
chirurgie dans 90 % des cas (niveau 5, grade C).
On ne sait pas s’il existe un intervalle libre
fortement évocateur d’une récidive tumorale (accord
d’experts).
Ces douleurs altèrent la qualité de vie des patientes
et compromettent bien souvent leur réhabilitation
psychosociale et professionnelle (niveau 5, grade C).
Leur identification et leur prise en charge sont
insuffisantes (niveau 5, grade C).
Évaluation (accord d’experts)
À chaque consultation, l’interrogatoire et l’examen de
la patiente doivent être attentifs et minutieux. Ils
comportent un entretien ouvert et semi-directif.
Il est recommandé de rechercher et d’inscrire sur le
dossier et dans les courriers :
– avant la chirurgie : la présence ou l’absence de
douleur du sein, la présence d’autres douleurs et les
antécédents de douleurs chroniques (supérieures à
trois mois) ;
– après la chirurgie et à chaque consultation : la
présence ou l’absence de douleur.
Pour chaque douleur, il est recommandé de
préciser et d’inscrire dans le dossier : la topographie
de la douleur et de ses irradiations, l’intensité de la
douleur continue et des accès transitoires évalués par
EVA ou EVS ou EN, le caractère continu ou intermittent, la présence ou l’absence de douleurs insomniantes, le type de douleur (neuropathique,
nociceptive, fonctionnel, etc.), les conditions et leur
délai d’apparition, le temps d’évolution (supérieur ou
inférieur à trois mois), les traitements utilisés, leur
tolérance et leur efficacité, l’évolution et la modification de chaque douleur, les facteurs aggravants et les
facteurs améliorants.
Il est recommandé d’évaluer :
à quoi la patiente attribue sa douleur (récidive ?),
son état thymique, les répercussions émotionnelles et
sexuelles, son bras dominant, le handicap perçu, le
soutien disponible, les conditions de vie, la situation
professionnelle, sociale et financière.
Il est recommandé d’informer la patiente, avant les
traitements de son cancer, du risque de survenue de
douleurs et de lui demander de les signaler dès leur
apparition.
Il est recommandé d’expliquer à la patiente
l’origine séquellaire de ses douleurs et leurs mécanismes pour en améliorer le vécu, la décision sur le
comportement à adopter, les répercussions psychosociales et l’observance des traitements.
Nosographie et diagnostic (accord d’experts)
Il est recommandé de dénommer le syndrome
postmastectomie : « NICB ».
Il est recommandé de confirmer le diagnostic de
NICB sur trois critères cliniques :
– douleur neuropathique : score DN4 supérieur à
4/10 ;
– territoire neurologique systématisé (deuxième
nerf intercostobrachial) : hémithorax homolatéral et/
ou creux axillaire, et/ou partie antéro-interne de la
moitié supérieure du bras homolatéral ;
– absence de récidive tumorale locale.
Le caractère chronique est affirmé si la douleur
évolue depuis plus de trois mois.
Il est recommandé de rechercher systématiquement à l’interrogatoire une algohallucinose du sein
chez toute patiente mastectomisée.
Il est recommandé de porter le diagnostic de
névrome sur deux critères cliniques :
– décharges électriques spontanées ou provoquées mécaniquement, notamment au niveau du
deuxième espace intercostal à la jonction avec la
ligne axillaire antérieure ;
– et/ou signe de Tinel positif et/ou perception
d’une tuméfaction à la palpation.
Il est recommandé de porter le diagnostic de
douleur neuropathique de la cicatrice sur deux critères
cliniques :
– douleur neuropathique : score DN4 supérieur à
4/10 ;
– localisation péricicatricielle.
Le caractère chronique est affirmé si la douleur
évolue depuis plus de trois mois.
Le diagnostic de névralgie de la branche médiane
ou latérale du pectoral, du nerf long thoracique, du
nerf thoracodorsal chronique séquellaire est porté sur
trois critères :
– DN4 supérieure à 4 ;
– territoire neurologique systématisé ;
– absence de récidive tumorale.
Le caractère chronique est affirmé si la douleur
évolue depuis plus de trois mois.
Diagnostic différentiel (accord d’experts)
– Il est recommandé d’entreprendre un bilan
diagnostique étiologique différentiel si tableau « atypique » : atteinte motrice, abolition ROT tricipital,
territoire atypique, signes cliniques centraux, déficit
moteur associé, intervalle libre de plus de trois mois,
modification de la symptomatologie, signes cliniques
ou biologiques évocateurs de récidive tumorale ;
– devant un tableau clinique typique, il n’est pas
recommandé de prescrire des examens paracliniques
pour confirmer le diagnostic (accord d’experts).
Facteurs de risque
– Oui : le jeune âge (niveau 3, grade C), le niveau
socioéducatif bas, le surpoids et la grande taille, l’état
général, une douleur postopératoire, l’association à
d’autres douleurs séquellaires, la taille de la tumeur, la
mauvaise technique chirurgicale ;
– non : la douleur postopératoire, le curage axillaire ne sont pas des facteurs de risque d’algohallucinose chronique du sein. Les complications
postopératoires, la taille de la tumeur, la chimiothérapie, l’hormonothérapie ne constituent pas un facteur
de risque d’autres douleurs séquellaires chroniques
neuropathiques ;
– on ne sait pas si la situation familiale, l’indice de
masse corporelle, les facteurs psychologiques, la
douleur préopératoire, la technique du ganglion
sentinelle, le nombre de ganglions enlevés, la mastectomie, la reconstruction et la radiothérapie sont des
facteurs de risques. Des travaux complémentaires
sont nécessaires.
Prévention
– Aucune méthode de prévention ne permet
d’éviter la survenue de douleurs neuropathiques
séquellaires (accord d’experts) ;
– la technique du ganglion sentinelle diminue la
fréquence des douleurs neuropathiques séquellaires
(niveau 3, Grade C) ;
– on ne sait pas si la préservation chirurgicale du
deuxième nerf intercostobrachial prévient l’apparition
de douleurs séquellaires. Des études complémentaires sont nécessaires ;
– on ne sait pas si les techniques invasives (bloc
paravertébral, bloc du plexus brachial, etc.), les topiques locaux, les traitements médicamenteux préventifs
et les stratégies d’analgésie multimodales préviennent
l’apparition de douleurs séquellaires. Des essais
complémentaires sont nécessaires (accord d’experts).
Douleurs neuropathiques chroniques séquellaires
après taxanes. Épidémiologie, diagnostic, facteurs
de risque, prévention et traitement
Introduction
Les taxanes sont largement utilisés dans le traitement
du cancer du sein. En situation adjuvante comme en
situation métastatique, le docétaxel et le paclitaxel sont
devenus au cours de la dernière décennie des cytotoxiques incontournables dans le traitement du cancer du
sein.
L’efficacité des taxanes a été montrée maintes fois,
mais elle n’est pas sans cacher une toxicité sévère. Les
toxicités limitantes (celles qui imposent une diminution
des doses de chimiothérapie ou son arrêt) sont avant
tout d’ordre hématologique (neutropénie) et neurologique.
La toxicité neurologique liée aux taxanes la plus
rencontrée est une neuropathie périphérique (NP)
associée ou non à des douleurs neuropathiques.
L’évolution de la NP peut être chronique. La
persistance des troubles sensitifs peut perturber les
activités de la vie quotidienne et les activités professionnelles. Ces incapacités acquises associées à un
syndrome douloureux chronique peuvent conduire au
handicap (selon Wood) et à une altération de qualité de
vie liée à la santé (QDVLS).
En l’absence de prévention primaire et de traitement
efficaces, le diagnostic précoce semble être, pour
l’heure, la seule arme efficace pour lutter contre cette
toxicité et ses conséquences.
Diagnostic
Tableau clinique typique
Le syndrome arthromyalgique survient le plus souvent
dans les 24–72 heures, après injection de taxanes. Il est
caractérisé par des sensations de crampes et de
douleurs diffuses. Il s’amende habituellement en quatre
à cinq jours. Les douleurs sont principalement localisées au niveau du dos, des hanches, des épaules, et des
membres inférieurs. Elles sont irradiantes, à type
d’élancement, lancinantes et pulsatiles [80].
Le tableau clinique de neuropathie périphérique
induite par les taxanes (NPIT) est celui d’une neuropathie périphérique symétrique, distale, ascendante progressive et à prédominance sensitive.
La neuropathie périphérique est d’abord présente
aux extrémités des membres inférieurs (orteils) et
apparaı̂t secondairement aux membres supérieurs
RECOMMANDATIONS / RECOMMENDATIONS
655
656
ONCOLOG IE
(doigts), où l’atteinte peut être simultanée [108].
L’évolution est ascendante en forme de « chaussette »
et de « gant » avec l’aggravation des troubles.
Les premiers signes cliniques sont le plus souvent
une gêne à type de paresthésies ou d’engourdissement,
puis peut s’installer une dysesthésie (questionnaire DN4)
plus ou moins étendue et potentiellement invalidante.
À l’examen clinique, il peut être retrouvé dans les territoires concernés (extrémités distales) : une hypoesthésie, une hypopallesthésie, et/ou une hypothermoalgésie.
Les troubles moteurs sont plus rares (4–8 %), ils sont
le plus souvent minimes, limités à une parésie des
extrémités avec trouble de la flexion dorsale de la
cheville (difficulté à gravir les escaliers) ou de l’extension des doigts. Une aréflexie ostéotendineuse est
observée dans les formes avancées [54,75,91,108].
Histoire naturelle
Les premiers symptômes de toxicité neurologique
apparaissent 24 à 72 heures après injection. Ils peuvent
débuter dès la deuxième injection [85], voire dès la
première injection pour des doses importantes (au-delà
des doses utilisées en pratique clinique). Ils peuvent
persister plusieurs mois après la fin des traitements.
Postma et al. [101] ont observé que seulement 50 % des
neuropathies s’amélioraient en neuf mois dans un
schéma à base de paclitaxel historique (taxol). D’une
manière générale, plus la toxicité initiale est sévère, et
plus les symptômes peuvent persister longtemps et
devenir chroniques [108].
Diagnostic différentiel
La douleur est fréquente chez le patient cancéreux. Il est
souvent difficile de faire la part entre les douleurs liées
au cancer et les douleurs liées aux traitements. Devant
un tableau atypique, signes centraux, atteinte proximale ou atteinte motrice prédominante, un diagnostic
différentiel doit être évoqué, et une consultation
spécialisée neurologique doit être proposée au patient.
Les diagnostics différentiels suivants peuvent être
évoqués (liste non exhaustive) [75] : infiltrations des
tissus nerveux, effets des traitements concomitants
(antiviraux, ATB, antiépileptiques, antiémétiques, corticoı̈des, antidépresseurs ou antalgiques), complications
postradiques, tumeur cérébrale secondaire ou primitive, AVC, thrombophlébites cérébrales, méningite,
syndrome neurologique paranéoplasique, etc.
Cependant, il existe des facteurs augmentant le
risque de développer une NPIT. Ils peuvent être classés
en trois groupes : la molécule et son véhicule pharmacologique, le schéma d’administration, et les facteurs
associés aux patientes.
Molécule et véhicule pharmacologique
L’incidence des NPIT est plus importante avec paclitaxel
qu’avec docétaxel. Dans l’étude de Cassier et al. [21], les
fréquences des NPIT de grade 3 ou 4 (NCI–CTC) étaient
évaluées à 6,8 % avec paclitaxel versus 0,9 % avec
docétaxel (p = 0,03). Cela a été montré à la fois dans un
schéma hebdomadaire et dans un schéma toutes les
trois semaines par Sparano et al. [120]. Cet essai de
phase III, incluant près de 5 000 patientes, a montré que
les NPIT de grades 2, 3 ou 4 (échelle inconnue) étaient
plus fréquentes avec le paclitaxel hebdomadaire (27 %)
versus les trois autres schémas : paclitaxel toutes
les trois semaines (20 %), docétaxel hebdomadaire
ou toutes les trois semaines (16 % pour chacun),
p < 0,001 pour chaque comparaison.
Avec les paclitaxels cremophor-free,
les NPIT sont plus fréquentes
Dans un essai portant sur 454 patients et comparant
nab–paclitaxel et paclitaxel historique, les NPIT de
grades 3 et 4 (NCI–CTC) étaient évaluées à 10 versus
2 % respectivement (p < 0,001) [50].
Avec Genexol–PM (polimeric micelle formalation
without cremophor EL) à la dose de 300 mg/m2 dans un
schéma toutes les trois semaines [76], les auteurs
observent plus de 50 % de NPIT de grade 3 (échelle
inconnue).
Schéma d’administration
Incidence des NPIT plus importante avec
paclitaxel dans un schéma hebdomadaire versus
un schéma toutes les trois semaines
L’essai de Sparano et al. [120] déjà cité a évalué la
fréquence des NPIT de grades 2, 3 ou 4 (échelle inconnue)
à 27 et 20 % pour le paclitaxel hebdomadaire et le
paclitaxel toutes les trois semaines respectivement. Un
autre essai de forte puissance confirme ces données
[114]. La fréquence des NPIT des grades 3 et 4 (NCI–CTC)
était de 24 % pour le paclitaxel hebdomadaire et de 12 %
pour le paclitaxel toutes les trois semaines.
Aucune différence n’a été mise en évidence entre les
deux schémas de docétaxel.
Fréquence et facteurs de risque
Il existe de nombreuses données sur la toxicité des
taxanes depuis leur apparition dans les années 1980. La
toxicité neurologique est une des principales toxicités
limitantes de cette classe thérapeutique. En fonction des
études et de l’échelle de mesure utilisée, la fréquence
des neuropathies périphériques varie de 2 à 32 % pour
le paclitaxel historique et de 0 à 17 % pour docétaxel.
Incidence des NPIT plus importante avec
l’augmentation de la dose par cycle
Un essai de Harvey et al. [53] a comparé trois doses de
docétaxel (60, 75 et 100 mg/m2) en schéma toutes les
trois semaines. Il existait une relation dose-dépendante
de la fréquence des NPIT : respectivement 1,3, 1,6 et
3,8 % de grade 3 ou 4 (NCI–CTC v2).
Nabholtz et al. [90] ont comparé deux doses de
paclitaxel (175 et 135 mg/m2) dans un schéma toutes les
trois semaines. La fréquence des NPIT (grades 3 et 4,
WHO) était respectivement de 7 % et de 3 %. La même
tendance a été observée dans plusieurs essais
[10,79,113].
Incidence des NPIT plus importante
avec l’augmentation de la dose-densité
Deux schémas adjuvants associant épirubicine, paclitaxel et CMF ont été comparés [44]. À dose cumulée égale,
il a été observé plus de NPIT de grade supérieur ou égal
à 3 (échelle inconnue) avec paclitaxel dose-dense à
200 mg/m2 toutes les deux semaines (trois cures)
qu’avec paclitaxel 187 mg/m2 (quatre cures), respectivement 9,5 et 2,1 %. Piedbois et al. [97] ont rapporté les
mêmes résultats dans une étude sur 99 patientes
traitées par docétaxel.
Rôle de la dose cumulée moyenne
Pour l’observation d’une NPIT de grade 2 ou supérieur
dans un schéma toutes les trois semaines, elle était pour
le docétaxel de 371 mg/m2 et pour le paclitaxel de
715 mg/m2 [60].
prédisposition génétique a été rapportée dans une
étude portant sur 22 patients [117].
L’âge ne semble pas être un facteur de risque.
Argyriou et al. [5] ont comparé la fréquence des NPIT
chez les plus et les moins de 65 ans sans trouver de
différence (50 % dans les deux groupes). L’étude portait
sur 35 sujets traités par cisplatine ou paclitaxel.
Prévention
La diminution des doses de taxanes après apparition de
la neurotoxicité permet de diminuer le plus souvent les
symptômes et permet de poursuivre le traitement à
doses diminuées [114] ; mais cela pose le problème de
l’efficacité du traitement à dose plus faible.
Les voies de recherches vont vers la prévention
médicamenteuse des NPIT. De nombreux agents
neuroprotecteurs ont été testés. L’amifostine et
AM424 n’ont pas fait la preuve de leur efficacité. La
glutamine et la vitamine E présentent une efficacité qui
reste à prouver. Plusieurs agents médicamenteux sont
à l’étude : le dimesna (BNP7787) ou la lamotigrine par
exemple, mais d’autres molécules ont été étudiées
(31,64,87,111,115).
Amifostine
Dans un schéma de paclitaxel hebdomadaire, Mielke
et al. [85] n’ont pas montré de différence d’incidence de
NPIT entre une durée de perfusion de trois heures versus
une heure. En revanche, dans un schéma de paclitaxel
toutes les trois semaines, Smith et al. ont rapporté une
diminution de la fréquence des NPIT (grade ≥ 3, échelle
inconnue) avec une durée de perfusion de 24 versus
3 heures, respectivement 13 et 22 % [118].
Trois essais randomisés menés chez des patientes
traitées par taxanes pour un cancer du sein ont
montré qu’il n’y avait pas de différence de neurotoxicité entre les groupes recevant ou non de l’amifostine [47,88,94]. Les essais menés dans le cancer de
l’ovaire ou du poumon avec un schéma paclitaxel–carboplatine ont montré des résultats discordants
[26,55,77,81]. Les récentes guidelines de l’ASCO ne
recommandent pas l’utilisation de l’amifostine dans
la prévention des NPIT [83].
Association avec un sel de platine
Glutamine
Dans une étude de phase III du Hellenic Cooperative
Oncology Group [45], le carboplatine ne s’est pas
montré particulièrement neurotoxique avec 2,5 %
de patientes atteintes (carboplatine-paclitaxel versus
épirubicine-paclitaxel).
Deux essais montreraient une efficacité préventive de la
glutamine orale [122,133]. Il s’agissait d’essais de
petites tailles (45 et 47 patientes) rapportés par la
même équipe du Memorial Sloan-Kettering Cancer
Center (MSKCC), et de qualité méthodologique critiquable (niveau de preuve 4). Cependant, Vahdat et al.
ont observé une réduction importante de l’incidence
des dysesthésies : 8 versus 40 %, avec ou sans
glutamine. Stubblefield et al. [122] ont observé une
réduction de l’incidence des hypoesthésies, un bénéfice
conservé un mois après la fin des traitements dans le
groupe glutamine. Ces résultats doivent être confirmés
par des essais randomisés de bonne qualité et de
puissance suffisante.
Rôle de la diminution de la durée de perfusion
Facteurs liés aux patientes
Les patientes aux antécédents de neuropathie périphérique ou présentant des comorbidités telles que le
diabète ou l’alcoolisme sont plus à risque de développer
une NPIT [49,109], et cela avec des doses moins
importantes de taxanes [22].
Les NPIT ne sont pas plus fréquentes en fonction de
la taille des sujets [93]. Dans une étude d’électrophysiologie, l’effet de la taille de 21 sujets traités par
paclitaxel n’était pas significatif.
Les patients porteurs d’un variant de l’allèle ABCB1
seraient plus à risque de développer une NPIT. Cette
Vitamine E
Elle a été étudiée dans un seul essai de phase II
randomisée de petite taille (n = 40) [4]. Les NPIT étaient
moins fréquentes dans le groupe vitamine E : 18,7
RECOMMANDATIONS / RECOMMENDATIONS
657
658
ONCOLOG IE
versus 62,5 %. L’échantillon était hétérogène (cancers
du poumon, du sein et ovarien), et la mesure des
NPIT était réalisée par un score non validé (niveau de
preuve 4). Un essai du NCCTG devrait publier des
résultats en 2009 [92].
AM424
Dans un essai de phase II randomisé, le recombinant
human leukemia inhibitory factor (rhuLIF–AM242) n’a
pas montré d’efficacité [25].
Évaluation de la douleur
Pour mesurer la toxicité neurologique dans les essais
thérapeutiques, il est habituellement fait appel aux
échelles OMS, NCI–CTC (v1 à v3), ECOG ou Ajani.
L’utilisation de ces échelles pose un problème de
concordance. Dans l’étude de Postma et al. [100], deux
neurologues ont gradé la neurotoxicité (en insu l’un de
l’autre) de patients traités par taxanes. La gradation était
faite à l’aide de trois échelles différentes (WHO, Ajani et
NCI–CTC). Les auteurs ont montré que la concordance
interéchelles et que la concordance interjuge étaient
médiocres. De même, Brundage et al. [15] ont étudié la
concordance des échelles WHO et NCI–CTC. Ils ont
conclu à un manque de reproductibilité interjuge pour
les deux échelles. Au total, le manque de fiabilité de ces
échelles pose le problème de comparabilité entre les
études et de concordance au sein d’une même étude
multicentrique. En outre, ces échelles utilisent le terme
de paresthesia (paresthésie) pour la gradation de la
toxicité neurologique. Le terme « paresthésie » est
défini par l’IASP [58] comme une sensation cutanée
anormale, mais non désagréable, spontanée ou induite
(picotements, engourdissement, etc.). Il est différent du
terme « dysesthésie » qui intègre le caractère désagréable de la sensation et donc la perception douloureuse.
Ainsi, la fréquence des douleurs neuropathiques
liées aux taxanes est mal estimée. Elle est souvent
fréquemment mêlée avec la toxicité neurologique non
douloureuse.
Au total, l’utilisation des échelles habituelles pose
des problèmes de fiabilité en recherche clinique et
des problèmes de diagnostic des phénomènes
neurologiques et douloureux imputables aux taxanes. Le diagnostic précoce repose la recherche à
l’interrogatoire.
sance de la lignée granuleuse (G-CSF). Les troubles sont
fréquemment graves (≥ grade 3) et peuvent persister
plusieurs mois après la dernière injection. Cette
« chronicisation » est d’autant plus fréquente que la
toxicité initiale est importante.
Seul le diagnostic précoce suivi d’un changement de
stratégie thérapeutique (baisse de la dose ou changement de ligne) permet de diminuer la fréquence et/ou
l’intensité de ces troubles. Il n’existe pas en 2009 de
prévention médicamenteuse prouvée, et les traitements
curatifs sont partiellement efficaces et présentent une
forte iatrogénie.
Pour améliorer la prise en charge de la toxicité
neurologique, le diagnostic doit être amélioré en
attendant une chimioprévention efficiente. Un autoquestionnaire, le PNQ (Patient Neurotoxicity Questionnaire) [72] a été développé pour améliorer le diagnostic
de neuropathie induite par les chimiothérapies. Il s’agit
d’un autoquestionnaire qui peut être administré avant
la consultation et permet au clinicien d’estimer la
toxicité de la chimiothérapie d’une manière fiable et
rapide. Ce questionnaire n’est pas validé en français.
Les résultats encourageants observés avec la glutamine et la vitamine E sont à valider dans un essai de
grande envergure.
Recommandations (accord d’experts)
Contexte
La fréquence des neuropathies périphériques
induites (NPIT) par les taxanes varie de 2 à 32 %
pour le paclitaxel historique et de 0 à 17 % pour le
docétaxel. Les facteurs de risque de développer une
NPIT sont de trois ordres : la molécule et son véhicule
pharmacologique, le schéma d’administration et les
facteurs associés aux patientes.
Diagnostic
Il n’est pas recommandé d’utiliser pour le diagnostic les échelles telles que l’échelle WHO, ECOG ou
NCI–CTC.
Il est recommandé avant chaque cure, de rechercher : crampe, gêne, paresthésie, dysesthésie ou
allodynie, d’administrer le questionnaire DN4 et de
réaliser un examen neurologique.
Si le tableau clinique est atypique, il est recommandé de rechercher un diagnostic différentiel et/ou
de proposer une consultation neurologique.
Traitement préventif
Il n’est pas recommandé d’utiliser de traitement
préventif.
Conclusion et futur
La toxicité neurologique est une des principales
toxicités limitantes des taxanes. Sans doute « la
principale » depuis l’utilisation des facteurs de crois-
Adaptation des traitements
Il est recommandé de diminuer la dose de 20 % ou
de changer de projet thérapeutique en cas d’apparition d’une neurotoxicité sévère.
Traitement des douleurs neuropathiques
Traitements médicamenteux
AMM françaises
Le Tableau 10 en annexe rappelle les AMM des
molécules utilisées dans le traitement de douleurs
neuropathiques. Les traitements ayant prouvé leur
efficacité et bénéficiant d’une AMM sont proposés en
première intention (tricycliques, gabapentine, prégabaline, tramadol). Les opioı̈des forts sont proposés en
deuxième intention chez les patientes en rémission et
en première intention chez les patientes en phase
d’évolution tumorale si échec des traitements de palier
II associés aux coantalgiques adaptés [42]. Les traitements n’ayant pas d’AMM pour les douleurs neuropathiques postchirurgicales et qui ont prouvé leur
efficacité dans des essais contrôlés randomisés sont à
utiliser après échec des traitements de première intention par des structures spécialisées dans l’évaluation et
le traitement de la douleur.
Trycicliques. Mécanisme d’action présumé. Inhibition de la recapture de la sérotonine et de la noradrénaline [7].
Preuve d’efficacité dans les douleurs neuropathiques d’étiologie diverse (niveau 1, grade A). Les
tricycliques ont prouvé leur efficacité dans les douleurs
neuropathiques centrales après accident vasculaire, les
douleurs neuropathiques postzostériennes, les polyneuropathies douloureuses diabétiques et non diabétiques et le syndrome postmastectomie [7,39,78]. Les
tricycliques n’ont pas démontré leur efficacité dans les
douleurs neuropathiques de lésions médullaires, les
algohallucinoses après amputation d’un membre, les
douleurs neuropathiques du VIH, les polyneuropathies
douloureuses du cisplatine, les neuropathies tumorales.
NNT et NNH. Finnerup et al. [39] : NNT 2,3 (2,1–2,7),
NNH 14,7 (10–25).
Recommandations canadiennes : Librach et al. [78] :
NNT 2,1 (1,7–2,5) pour l’amitriptyline.
Profil d’efficacité sur les différentes composantes
des douleurs neuropathiques. Action sur la douleur de
fond et la douleur paroxystique dans les polyneuropathies diabétiques et les neuropathies postzostériennes
[6]. Effets contradictoires sur les douleurs provoquées :
effet faible sur l’allodynie par effleurement, mais effet
positif sur la sensation de douleur à l’effleurement [6].
Preuve d’efficacité dans les douleurs neuropathiques postchirurgicales du cancer du sein et dans les
polyneuropathies douloureuses après taxanes. Kalso et
al. [63], en 1995, dans un essai croisé randomisé en
double insu, évaluant sur dix semaines amitriptyline
100 m versus placebo, incluant 20 patientes présentant
des douleurs neuropathiques modérées à sévères
après chirurgie d’un cancer du sein (15 évaluables :
13 douleurs du bras homolatéral, 12 douleurs de la
cicatrice), montrent une efficacité de l’amitriptyline
(p < 0,05) sur la douleur, le sommeil et les activités
quotidiennes. Ils calculent un NNT à 2,5 (1,4–10,6) et un
NNH (2,7–40,5).
Les effets secondaires dans le groupe amitriptyline
sont significativement supérieurs au placebo pour
asthénie (p < 0,05), bouche sèche (p < 0,05), constipation (p < 0,01), sueurs (p < 0,05). Malgré le manque
d’essais cliniques randomisés dans les indications de
douleurs neuropathiques après traitement locorégional
du cancer du sein et dans les polyneuropathies
séquellaires des taxanes, il semble possible de considérer que l’efficacité des tricycliques n’est pas différente
quelle que soit l’étiologie [6].
Posologie et conduite du traitement. Débuter à
10 mg en dose unique et augmenter par paliers de
10 mg tous les cinq à sept jours jusqu’à apparition d’une
efficacité ou d’effets indésirables [6]. La posologie
efficace varie d’un individu à l’autre. En moyenne, elle
est de 35 à 75 mg [6]. L’efficacité est le plus souvent
constatée une à cinq semaines après obtention de la
posologie optimale.
Effets indésirables et comorbidité. Les plus fréquents : effets indésirables anticholinergiques (sécheresse de la bouche, constipation, sueurs, tachycardie,
troubles de l’accommodation, palpitations, trouble de
la miction) et adrénolytiques (hypotension orthostatique, impuissance) et effets sédatifs, asthénie, prise
de poids. La notriptyline est mieux tolérée, avec moins
d’effets cholinergiques et de sédation [29]. Les
tricycliques sont à utiliser avec prudence chez les
patients présentant des pathologies cardiovasculaires, notamment chez les patients âgés, du fait
d’un risque de décès démontré à des posologies
supérieures à 100 mg dans une étude rétrospective de
58 827 patients [103].
Gabapentine et prégabaline. Mécanisme d’action
présumé. Agissent sur la sous-unité alpha-2 delta des
canaux calciques voltages-dépendants et réduisent la
libération présynaptique des neurotransmetteurs [6].
Preuves d’efficacité dans les douleurs neuropathiques d’étiologie diverse (niveau 1, grade A). La
prégabaline et la gabapentine ont prouvé leur efficacité
dans les douleurs neuropathiques postzostériennes, la
polyneuropathie douloureuse diabétique, les douleurs
neuropathiques médullaires [7,39,78].
La gabapentine n’a pas montré son efficacité dans
trois études concernant le membre fantôme, les mononeuropathies du VIH et une étude sur les polyneuropathies toutes causes confondues [7,39,78].
NNT et NNH. Finnerup et al. [39] : gabapentine et
prégabaline NNT 3,9 à 4,3 (3,6–5,4) : NNH 17,8 (12–30).
Recommandations canadiennes : Librach et al. [6] :
NNT 4,3 (3,5–7,5).
Profil d’efficacité sur les différentes composantes
des douleurs neuropathique. La gabapentine et la
RECOMMANDATIONS / RECOMMENDATIONS
659
660
ONCOLOG IE
prégabaline sont efficaces sur la douleur continue de
brûlure et sur les douleurs paroxystiques.
Preuve d’efficacité dans les douleurs neuropathiques postchirurgicales du cancer du sein et dans les
polyneuropathies douloureuses après taxanes. Malgré
le manque d’essais cliniques contrôlés randomisés
dans les indications de douleurs neuropathiques après
traitement locorégional du cancer du sein et dans les
polyneuropathies séquellaires des taxanes, il semble
possible de considérer que l’efficacité de la gabapentine
et de la prégabaline ne soient pas différentes (accord
d’experts). Des travaux complémentaires dans ces
indications sont nécessaires. Il est à noter que dans un
essai randomisé contrôlé parallèle incluant 121 patientes, Caraceni et al., en 2004, [18] montrent une
supériorité d’efficacité (p = 0,025) de la gabapentine à
la posologie de 1 800 mg sur le placebo, sans augmentation significative des effets secondaires, dans les
douleurs neuropathiques tumorales sur dix jours.
Posologie et conduite du traitement. Gabapentine :
commencer à 100 mg trois fois par jour chez le sujet âgé
et à 300 mg en une prise chez l’adulte, puis augmenter
par paliers de quatre à sept jours jusqu’à efficacité ou
effets secondaires. La posologie habituellement efficace est de 1 800 mg par 24 heures. Le délai d’action
varie selon la rapidité de titration et peut être ressenti
dès les premiers jours.
Prégabaline : commencer à 75 mg et augmenter par
paliers de 150 mg par semaine. L’augmentation par
paliers de 150 mg par semaine semble mieux toléré en
termes d’effets secondaires. Les doses efficaces se
situent entre 150 et 600 mg. Le délai d’action est environ
d’une semaine.
Il n’existe pas d’arguments de qualité prouvant la
supériorité d’efficacité d’une molécule par rapport à
l’autre. La prégabaline offre l’intérêt d’un nombre de
prises moindres que la gabapentine (deux prises versus
trois prises quotidiennes), d’un délai d’obtention de la
posologie maximale plus rapide, mais le recul est plus
important avec la gabapentine.
Effets indésirables et comorbidité. La gabapentine et
la prégabaline ont les mêmes effets secondaires :
somnolence, asthénie, impression vertigineuse, troubles gastro-intestinaux, sécheresse de la bouche, céphalées et prise de poids. La prise de poids peut être
particulièrement mal vécue dans le contexte du cancer
du sein et amener la patiente à l’arrêt du traitement.
La fréquence des effets secondaires augmente en
fonction de la posologie. La prégabaline a des effets
bénéfiques sur les troubles anxieux (AMM dans
l’anxiété généralisée de l’adulte), la qualité du sommeil,
certains paramètres de la qualité de vie. La gabapentine
a montré des effets positifs sur les troubles du sommeil
et les troubles de l’humeur.
à long terme dans les douleurs de neuropathies, les
douleurs postzostériennes et les douleurs de cancer
(niveau 1, grade A).
NNT et NNH. Finnerup et al. [39] : NNT 3,9 (2–6,8) ;
NNH 29,3.
Profil d’efficacité sur les différentes composantes
des douleurs neuropathiques. Le tramadol soulage les
douleurs continues, les douleurs paroxystiques et les
douleurs provoquées [6].
Preuve d’efficacité dans les douleurs neuropathiques postchirurgicales du cancer du sein et dans les
polyneuropathies douloureuses après taxanes. Dans un
essai randomisé contrôlé parallèle, incluant 36 patients
souffrant de douleurs neuropathiques tumorales ou
séquellaires, Arbaiza et al., en 2007, [3] (N2) montrent
une efficacité du tramadol (1 mg/kg toutes les six
heures jusqu’à 1,5 mg/kg toutes les six heures) supérieure au placebo (p < 0,001) sans modification de
l’humeur, avec amélioration du score de Karnovsky,
amélioration du sommeil (p < 0,05), augmentation des
activités (p < 0,05). Ils notent plus des effets secondaires
à type de nausée et de constipation.
Posologie et conduite du traitement. Doses efficaces
200 à 400 mg. Augmentation tous les quatre à sept
jours. Commencer à 50 mg, libération immédiate le soir
chez les patientes âgées.
Effets indésirables et comorbidité. Effets indésirables les plus fréquents : nausées, constipation, céphalées, somnolence, bouche sèche, vertiges, troubles
mictionnels. Les formes retards sont mieux tolérées.
Le tramadol a un effet sur l’amélioration de l’autonomie
et sur le sommeil [3]. Il faut prendre en compte le risque
de crise d’épilepsie chez les patients aux antécédents
épileptiques ou recevant d’autres médicaments abaissant le seuil épileptogène. Il est conseillé d’éviter
l’association aux tricycliques et aux antidépresseurs
IRS et IRS–NA, car il existe un risque de syndrome
sérotoninergique.
Oxycodone, morphine. Mécanisme d’action présumé. Agoniste des récepteurs mu [6].
Preuve d’efficacité dans les douleurs neuropathiques (niveau 1, grade A). L’oxycodone et la morphine
ont prouvé leur efficacité dans les douleurs neuropathiques postzostériennes, les polyneuropathies douloureuses du diabète et à doses élevées dans les douleurs
du membre fantôme [39].
Les NNT et le NNH sont dans les douleurs neuropathiques périphériques : Finnerup et al. [38] : NNT 2,7
(2,1–3,6) ; NNH 17,1 (10–66).
Tramadol. Mécanisme d’action présumé. Agoniste
des récepteurs mu et inhibiteur de la recapture de
mononamines [6].
Profil d’efficacité sur les différentes composantes
des douleurs neuropathiques. L’oxycodone et la morphine soulagent les douleurs continues, les douleurs
paroxystiques et les douleurs provoquées [6].
Preuve d’efficacité dans les douleurs neuropathiques d’étiologie diverse. Le tramadol est sûr et efficace
Posologie et conduite du traitement. Titration [43]
per os.
La dose moyenne analgésique sur la douleur
neuropathique est de 10 à 120 mg/j pour l’oxycodone
et 15 à 300 mg/j pour la morphine.
Topiques locaux
Effets indésirables et comorbidité. Somnolence,
nausées, constipation sont la cause de trois quarts des
abandons à un, à deux ans, mais on n’observe pas de
déclin cognitif au long cours contrairement aux tricycliques, sauf à des posologies dépassant 300 mg/j de
morphine ou équivalent.
Mécanisme d’action présumé. Bloquent les canaux
sodiques et inhibent probablement les décharges
ectopiques au niveau périphérique [6].
Le risque de dépendance psychique est exceptionnel ainsi que la tolérance, mais la dépendance physique
est fréquente [43].
Autres molécules. D’autres molécules ont prouvé
leur efficacité ou ont une présomption d’efficacité dans
le traitement des douleurs neuropathiques, mais ils
n’ont pas d’AMM en France pour le traitement des
douleurs séquellaires après traitement locorégional du
cancer du sein et dans les douleurs neuropathiques des
taxanes. Ils ne sont donc pas recommandés en
première intention. Ils peuvent être proposés après
échec des traitements de première ligne par des
consultations spécialisées :
– venlafaxine : dans un essai randomisé contrôlé
incluant 13 patientes, étudiant l’efficacité de la venlafaxine 37,5–75 mg versus placebo sur les douleurs postmastectomie. Tasmuth et al. [130] montrent une
supériorité de la venlafaxine sur la douleur maximale,
mais pas sur la douleur moyenne ;
– duloxétine, inhibiteurs de la recapture de la
sérotonine (fluoxétine, paroxétine, citalopram), antiépileptiques (oxacarbamazépine, lamotrigine, topiramate), mexilétine, antagoniste NMDA (dextrométorphan,
mémamtine, biluzole), antiépileptiques (valproate de
sodium), cannabinoı̈des (dronabinol), carbamazépine,
phénytoı̈ne.
Comparaisons d’efficacité entre molécule
et efficacité des associations
Deux essais ont comparé l’efficacité et la tolérance de la
gabapentine versus amitriptyline dans les neuropathies
diabétiques, une négative sur 19 patientes, mais à faible
dose (gabapentine 1 800 mg et amitriptyline 75 mg) et
de faible puissance (n = 13) [89], l’autre positive sur 13
patientes (soulagement p = 0,026 ; effets secondaires
p = 0,003) pour la gabapentine à 2 400 mg versus
amitriptyline 90 mg [24] :
– association gabapentine et morphine : Gilron
et al. montrent un effet additif dans un essai clinique
randomisé [48] ;
– association gabapentine et venlafaxine : Simpson
et al. montrent un effet supérieur de l’association
gabapentine–venlafaxine versus gabapentine–placebo
dans les polyneuropathies diabétiques [116].
Aucun de ces essais ne concerne les douleurs
postchirurgicales et les douleurs de neuropathique des
taxanes. Des essais complémentaires sont nécessaires.
Anesthésiques en application locale
Preuve d’efficacité toute étiologie de douleurs
neuropathiques (niveau 1, grade A). La lidocaı̈ne en
emplâtre est efficace sur la douleur postzostérienne et
autres lésions périphériques.
Profil d’efficacité sur les différentes composantes
des douleurs neuropathique. La lidocaı̈ne est efficace
sur la douleur spontanée superficielle et profonde,
action inconstante sur l’allodynie mécanique.
Posologie et conduite du traitement. Un à trois
emplâtres locodolenti 12 sur 24 heures. Efficacité
inconstante sur l’allodynie.
Effets indésirables et comorbidité. Réaction cutanée
allergique, effet systémique chez les patients recevant
un analogue de synthèse de la xylocaı̈ne (mexilétine).
Améliore le sommeil.
Capsaı̈cine. Mécanisme d’action présumé. Probable
effet sur les fibres C [6,32].
Preuve d’efficacité (niveau 1, grade A). La capsaı̈cine
a prouvé son efficacité dans les douleurs postzostériennes et postchirurgicales [39]. Les résultats sont négatifs
sur les polyneuropathies.
NNT et NNH : Finnerup et al. [39] : douleurs postzostériennes NNT = 3,2 (2,2–5,9), lésions nerveuses
périphériques 6,5 (3,4–69), NNH : non connu.
Profil d’efficacité sur les différentes composantes
des douleurs neuropathiques. La capsaı̈cine est plus
efficace sur la composante paroxystique et l’allodynie
que sur la composante continue [6].
Posologie et conduite du traitement. Quatre applications par jour sur la zone douloureuse. Efficacité au
bout de deux à quatre semaines.
Effets indésirables et comorbidité. Éviter le contact
avec les muqueuses. La capsaı̈cine peut provoquer une
sensation de brûlures intenses. Cette sensation désagréable peut être diminuée par un mélange avec la
lidocaı̈ne, et diminuer avec le temps.
Traitement non médicamenteux
Neurostimulation transcutanée électrique
Plusieurs travaux démontrent l’efficacité de la neurostimulation transcutanée électrique dans les douleurs
neuropathiques périphériques localisées. Cependant,
elle ne peut être recommandée en première intention,
car sa prescription et son évaluation sont réservées à
des médecins et des équipes spécialisées (Arrêté du
2 août 2000 : Journal officiel no 213 du 14 septembre
2000).
RECOMMANDATIONS / RECOMMENDATIONS
661
662
ONCOLOG IE
Kinésithérapie
Elle n’a pas démontré son efficacité sur les douleurs
neuropathiques séquellaires après traitement locorégional d’un cancer du sein et dans les polyneuropathies
des taxanes. Il est cependant recommandé de l’associer
aux traitements des douleurs neuropathiques dans les
lymphœdèmes, les troubles de la mobilité de l’épaule et
les troubles proprioceptifs et de la marche pour
diminuer le handicap des patientes et améliorer leur
qualité de vie (accord d’experts).
Psychothérapie et traitements psychiatriques
Le bénéfice des psychothérapies a étépeu évaluédans les
douleurs neuropathiques. Cependant, dans le contexte
des douleurs neuropathiques séquellaires, il est recommandé de proposer un espace d’élaboration et/ou de
thérapie (accords d’experts). L’indication d’une psychothérapie et/ou d’un traitement médicamenteux doit être
évaluée au cas par cas en équipe pluridisciplinaire. Il est
recommandé de proposer une consultation avec un
psychiatre et/ou une psychologue en cas de syndrome
dépressif ou de comorbidité psychiatrique associée (cf.
recommandations Saint-Paul : « psycho-oncologie »).
Accompagnement social
Son impact n’a pas été évalué sur les douleurs
neuropathiques. Il est recommandé d’évaluer la situation sociale et financière de la patiente et de proposer
une prise en charge avec une assistante sociale si
nécessaire (accord d’experts).
Algorithme décisionnel (accord d’experts)
– si douleurs neuropathiques sans douleurs non
neuropathiques associées (douleurs neuropathiques
pures) :
si dépression, migraine, céphalée de tension :
amitriptyline ou imipramine ou tofranil ;
si patiente épileptique, âgée, glaucome à angle
fermé, insuffisance cardiaque, bloc auriculoventriculaire de haut grade : prégabaline ou gabapentine ;
si troubles anxieux : prégabaline ;
si patiente obèse ou n’acceptant pas la possible
prise de poids sous tricycliques, gabapentine, prégabaline : tramadol ;
– si efficacité insuffisante du traitement de première ligne : associer un autre traitement de première
ligne en évitant l’association tramadol–tricycliques et
tramadol-antidépresseurs tricycliques et IRS ou
IRS–NA ;
– si inefficacité, contre-indication ou mauvaise
tolérance du traitement de première ligne : arrêt du
traitement et proposer un autre traitement de première
intention ;
– si deuxième traitement prescrit inefficace ou effets
indésirables, ou contre-indications : adresser le patient
à une consultation spécialisée ;
– si douleurs mononeuropathiques et soulagement insuffisant par traitement per os : lidocaı̈ne en
emplâtre (hors AMM). Si inefficace ou mal toléré
et allodynie non soulagée : capsaı̈cine 0,025 à 0,075 %.
Le soulagement, l’inefficacité de soulagement et
l’efficacité partielle sont définis par le groupe de travail
(accords d’experts) :
L’efficacité d’un traitement est définie par :
Cet algorithme tient compte :
– une douleur habituelle d’intensité faible : inférieure à 30/100 (3/10) par EVA, EN, ou 1 sur 4 par EVS ;
– des preuves d’efficacité dans le traitement des
douleurs neuropathiques ;
– et/ou crises douloureuses rares (moins de deux à
trois par jour) ;
– des données concernant l’AMM française ;
– de la sémiologie douleur, du statut tumoral, du
statut de la patiente et de ses comorbidités :
– si syndrome douloureux chronique préexistant,
et/ou névrome, et/ou sémiologie atypique, et/ou indication de neurostimulation, et/ou indication de gestes
interventionnels antalgiques, et/ou contre-indication ou
mauvaise tolérance, ou efficacité insuffisante des
traitements de première intention, et/ou comorbidités
psychiatriques sévères, et/ou abus médicamenteux, et/
ou insuffisance rénale ou hépatique, il est recommandé
d’adresser la patiente à une structure spécialisée dans
l’évaluation et le traitement de la douleur ;
– si douleur neuropathique associée à d’autres douleurs non neuropathiques locorégionales ou générales :
patiente en rémission : tramadol ;
patiente en phase tumorale : tramadol si douleur
justifiant un palier II, ou opioı̈des forts (oxycodone ou
morphine) si douleur nociceptive nécessitant un palier
III [43] ;
– et douleur non insomniante ;
– et/ou un soulagement de plus de 50 % par EN, 50/
100 à l’EVA de soulagement et/ou supérieur à « un peu
amélioré » au CGI patient (cf. Annexe 2) ;
– et un sentiment de soulagement et d’amélioration
par la patiente ;
– et activités quotidiennes ou professionnelles non
limitées par la douleur.
L’inefficacité d’un traitement est définie à posologie
maximale bien tolérée par :
– absence de diminution de l’EVA ou EN de plus de
20/100 patientes (2 sur 10 patientes) ;
– ou diminution de 1 point sur 4 à l’EVS ;
– ou absence de soulagement à l’EVA, l’EN ou l’EVS
de soulagement, ou inférieure ou égale à « absence de
soulagement » au CGI [33] ;
– ou douleur insomniante ;
– ou gênante sur les activités quotidiennes.
L’efficacité partielle est définie par un résultat
intermédiaire entre l’efficacité et l’inefficacité du
traitement.
Recommandations
Conduite du traitement (accord d’experts) : il est
recommandé :
– d’expliquer et de valider avec la patiente et sa
famille des objectifs thérapeutiques réalistes concernant l’intensité de la douleur, l’état thymique, l’activité
physique ;
Conduite du traitement
Il est recommandé (accords d’experts) :
– d’expliquer et de valider avec la patiente (et/ou sa
famille) des objectifs thérapeutiques réalistes concernant l’intensité de la douleur, l’état thymique, l’activité
physique ;
– d’expliquer la nature des traitements et leur
indication pour les douleurs neuropathiques, notamment pour les antidépresseurs et les antiépileptiques ;
– d’expliquer la conduite du traitement et le délai
d’efficacité ;
– d’expliquer les effets secondaires les plus fréquents et de préciser la conduite à tenir en cas de
mauvaise tolérance : modalités d’arrêt, coordonnées
des personnes ressources. D’évaluer régulièrement les
effets secondaires (iatrogénie de types A et B) ;
– de commencer chaque traitement à faibles doses
et d’augmenter la posologie par paliers, en fonction de
l’efficacité et des effets secondaires, notamment chez
les personnes âgées, grabataires, cachectiques, les
patients dénutris, insuffisants rénaux et hépatiques
(cf. recommandations « iatrogénie ») ;
– de contrôler l’efficacité du traitement antalgique
prescrit au bout de sept jours et à 15 jours et une fois
par mois ;
– en cas de disparition totale de la douleur et de
disparition des troubles de la sensibilité d’interrompre
le traitement en le diminuant par palier progressif de
50 % et en surveillant l’apparition d’un rebond algique
ou de syndrome de sevrage pour le tramadol et les
opioı̈des forts.
– d’expliquer la nature des traitements et leur
indication pour les douleurs neuropathiques, notamment pour les antidépresseurs et les antiépileptiques ;
– d’expliquer la conduite du traitement et le délai
d’efficacité ;
– d’expliquer les effets secondaires les plus fréquents et de préciser la conduite à tenir en cas de
mauvaise tolérance : modalités d’arrêt, coordonnées
des personnes ressources ;
– d’évaluer régulièrement les effets secondaires
(iatrogénie de type A et B) ;
– de commencer chaque traitement à faibles
doses et d’augmenter la posologie par paliers, en
fonction de l’efficacité et des effets secondaires,
notamment chez les personnes âgées, grabataires,
cachectiques, les patients dénutris, insuffisants rénaux
et hépatiques (cf. recommandations « iatrogénie ») ;
– de contrôler l’efficacité du traitement antalgique
prescrit au bout de sept jours et à 15 jours et une fois
par mois ;
– de diminuer le traitement par palier progressif de
50 % en surveillant l’apparition d’un rebond algique
ou d’un syndrome de sevrage pour le tramadol et les
opioı̈des forts, en cas de disparition totale de la
douleur et de disparition des troubles de la sensibilité ;
– une monothérapie est recommandée en première intention en prenant en compte l’efficacité de la
molécule, le statut tumoral, le statut du patient et ses
comorbidités.
ARBRE DECISIONNEL : ACCORD D’EXPERTS
SDC préexistant,névrome,
sémiologie atypique, indic de
neurostimulation, indic de gestes
interventionnelles, comorbidité
psychiatriques sévères , abus
médicamenteux
Phase tumorale
justifiant d’un
palier III
Oxycodone ou
morphine
EFFICACE : suivi et réévaluation
Phase de remission
et douleur mixte
ou phase tumorale
justifiant d’un palier II
DOULEUR NEUROPATHIQUE PURE
Problème de
prise de poids
Tramadol
EFFICACE : suivi et réévaluation
Prégabaline ou gabapentine
Tca: amitrypline,
imipramine,tofranil
Rotation du traitement de première intention en monothérapie
PARTIELLEMENT EFFICACE
STRUCTURE SPECIALISEE DE PRISE EN CHARGE DE LA DOULEUR
Arbre décisionnel : accord d’experts
Dépression, migraine,
céphalée de tension
MAL TOLERE OU INNEFICACE A DOSE MAX
PARTIELLEMENT EFFICACE
Bithérapie (sans associer TCA-Tramadol)
Insuffisance cardiaque,
B.A.V, glaucome a angle
fermé, personnes âgées
MAL TOLERE OU INNEFICACE A DOSE MAX
RECOMMANDATIONS / RECOMMENDATIONS
663
664
ONCOLOG IE
Algorithme décisionnel (accord d’experts) :
– si syndrome douloureux chronique préexistant
et/ou névrome, et/ou sémiologie atypique, et/ou
indication de neurostimulation, et/ou indication de
gestes interventionnels antalgiques, et/ou contreindication ou mauvaise tolérance ou efficacité insuffisante des traitements de première intention, et/ou
comorbidités psychiatriques sévères, et/ou abus
médicamenteux, et/ou insuffisance rénale ou hépatique, il est recommandé d’adresser la patiente à une
structure spécialisée dans l’évaluation et le traitement
de la douleur ;
– si douleur neuropathique associée à d’autres
douleurs non neuropathiques locorégionales ou générales :
patiente en rémission : tramadol ;
patiente en phase tumorale : tramadol si douleur
justifiant un palier II ou opioı̈des ;
forts (oxycodone ou morphine) si douleur
nociceptive nécessitant un palier III ;
– si douleurs neuropathiques sans douleurs non
neuropathiques associées (douleurs neuropathiques
pures) :
si dépression, migraine, céphalée de tension :
amitriptyline ou imipramine ou tofranil ;
si patiente épileptique, âgée, glaucome à angle
fermé, insuffisance cardiaque, bloc ;
auriculoventriculaire de haut grade : prégabaline ou gabapentine ;
si troubles anxieux : prégabaline ;
si patiente obèse ou n’acceptant la possible prise
de poids sous tricycliques, gabapentine, prégabaline :
tramadol ;
– si efficacité insuffisante du traitement de première ligne : associer un autre traitement de première
ligne en évitant l’association tramadol–tricycliques et
tramadol–antidépresseurs tricycliques et IRS ou
IRS–NA ;
– si inefficacité, contre-indication ou mauvaise
tolérance du traitement de première ligne : arrêt du
traitement et proposer un autre traitement de première intention ;
– si deuxième traitement prescrit inefficace ou
effets indésirables ou contre-indication : adresser le
patient à une consultation spécialisée ;
– si douleurs mononeuropathiques et soulagement insuffisant par traitement per os : lidocaı̈ne
en emplâtre (hors AMM). Si inefficace ou mal toléré
et allodynie non soulagée : capsaı̈cine 0,025 à
0,075 %.
Le soulagement, l’inefficacité de soulagement et
l’efficacité partielle sont définis par le groupe de
travail en fonction des critères suivants (accords
d’experts) :
– l’efficacité d’un traitement est définie par :
une douleur habituelle d’intensité faible : inférieure
à 30/100 (3/10) par EVA, EN ou 1/4 par EVS et/ou
crises douloureuses rares (moins de deux à trois
par jour) et douleur non insomniante, et/ou un
soulagement de plus de 50 % par EN, 50/100 EVA
de soulagement supérieur à « un peu amélioré »
au CGI patient (cf. Annexe 2), et un sentiment de
soulagement et d’amélioration par la patiente, et
activités quotidiennes ou professionnelles non
limitées par la douleur.
– l’inefficacité d’un traitement est définie à posologie maximale bien tolérée par : absence de diminution
de l’EVA ou EN de plus de 20/100 patientes (deux sur
dix patientes) ou diminution de 1 point sur 4 à l’EVS, ou
absence de soulagement à l’EVA, l’EN ou l’EVS de
soulagement, ou inférieure ou égale à « absence de
soulagement » au CGI ou douleur insomniante, ou
gênante sur les activités quotidiennes ;
– l’efficacité partielle est définie par un résultat
intermédiaire entre l’efficacité et l’inefficacité du
traitement.
Traitement non médicamenteux (accord d’experts) :
– il est recommandé de proposer un espace
de soutien et d’é laboration des difficulté s
ressenties ;
– il est recommandé de proposer une psychothérapie et/ou un traitement médicamenteux au
cas par cas (cf. recommandations « psychooncologie ») ;
– il est recommandé de proposer une rééducation
par kinésithérapeute si lymphœdème du bras, atteinte
de la mobilité de l’épaule, troubles de la marche et
troubles proprioceptives ;
– il est recommandé d’évaluer la situation sociale
et financière de la patiente et de proposer l’aide d’une
assistante sociale en cas de difficultés.
Liste des abréviations : NICB, névralgie intercostobrachiale ; EVA, échelle visuelle analogique ; EVS,
échelle verbale simple ; EN : échelle numérique ; BPI,
Brief Pain Inventory ; ROT, réflexes ostéotendineux ;
NPTI, neuropathie périphérique induite par les taxanes ;
TCA, antidépresseurs tricycliques ; AMM, autorisation
de mise sur le marché ; NNT, number needed to treat
(nombre de patients à traiter pour en soulager de
50 %) ; NNH, number needed to harm (nombre de
patients traités pour un arrêt pour effets indésirables
majeurs) ; IRS : inhibiteur de la recapture de la
sérotonine ; IRS–NA, inhibiteur de la recapture de la
sérotonine et de la noradrénaline ; SDC, syndrome
douloureux chronique
Annexe 2
Annexe 1
Tableau 1. Échelle DN4 : l’échelle DN4 est une échelle
diagnostic des douleurs neuropathiques. Cette échelle a été
validée en français par une étude multicentrique [13]. Elle est
facile à utiliser et de passation rapide. La douleur neuropathique est affirmée si le score est supérieur ou égal à 4/10
Échelle DN4
Oui
1) La douleur présente-t-elle les
caractéristiques suivantes ?
Brûlures
Sensation de froid douloureuse
Décharges électriques
2) La douleur est-elle associée dans la
même région à un ou plusieurs des
symptômes suivants ?
Fourmillements
Picotements
Engourdissements
Démangeaisons
3) La douleur est-elle localisée dans un
territoire où l’examen met en évidence ?
Hypoesthésie au tact
Hypoesthésie à la piqûre
4) La douleur est-elle provoquée ou
augmentée par ?
Le frottement
1
1
1
Non
0
0
0
Tableau 10. AMM des médicaments proposés dans le
traitement des douleurs neuropathiques (d’après Vidal en
ligne 2009)
DCI
AMM (source Vidal en ligne 17 avril 2009)
Amitriptyline
Douleur neuropathique périphérique de
l’adulte
Douleur neuropathique de l’adulte
Douleur neuropathique de l’adulte
Douleur neuropathique diabétique
périphérique chez l’adulte
Douleur neuropathique périphérique
Douleur neuropathique périphérique
et centrale
Douleur neuropathique de l’adulte,
douleur de la névralgie du trijumeau
et du glossopharyngien
Douleurs persistantes intenses ou
rebelles aux autres analgésiques, en
particulier douleurs d’origine cancéreuse
Douleurs chroniques d’origine
cancéreuse, intenses ou rebelles aux
antalgiques de niveau plus faible, chez
l’adulte (à partir de 18 ans)
Traitement des douleurs modérées
à intense de l’adulte
Traitement symptomatique des douleurs
neuropathiques postzostériennes (DPZ)
Douleurs articulaires mineures
Imipramine
Clomipramine
Duloxétine
Gabapentine
Prégabaline
Carbamazépine
1
1
1
1
0
0
0
0
Sulfate de
morphine
Oxycodone
1
1
0
0
Tramadol
1
0
Coter 1 si l’item est présent et 0 s’il est absent.
Tableau 2. Sensibilité et spécificité de l’échelle DN4
Bouhassira et al. [14]
Score
Sensibilité (%)
Spécificité (%)
0
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
100
98,8
95,1
90,3
82,9
69,5
56,1
35,4
15,8
8,5
2,4
0
37,7
59,4
76,8
89,9
92,7
98,5
98,6
100
100
100
La spécificité s’accroı̂t si le score augmente (cf. Tableau 2). Il
est nécessaire en cas de douleurs multiples de coter chaque
douleur séparément. Bien que le score DN4 n’ait pas été
validé spécifiquement chez des patientes présentant une
NICB, les douleurs les plus fréquentes dans ces douleurs
correspondent aux items du DN4 [20,82]. L’hypoesthésie est
fréquente dans la région tricipitale [140]. L’allodynie mécanique du creux axillaire est un des critères principaux dans la
définition de Watson et al. [139].
Emplâtre
xylocaı̈ne
Capsaı̈cine
Venlafaxine
Maprotiline
Valproate sodium
Clonazépam
Topiramate
Oxacarbazépine
Lamotrigine
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Non
Annexe 3
Échelle CGI – patient
Coter avec le patient à propos de sa douleur : énormément améliorée, beaucoup améliorée, un peu améliorée, aucun changement, un peu aggravée, beaucoup
aggravée, énormément aggravée [33].
Références
1. Abdullah TI, Iddon J, Barr L, et al. (1998) Prospective randomized
controlled trial of preservation of the intercostobrachial nerve
during axillary node clearance for breast cancer. Br J Surg 85(10):
1443-5
2. Amichetti M, Caffo O (2003) Pain after quadrantectomy and
radiotherapy for early-stage breast cancer: incidence, characteristics
RECOMMANDATIONS / RECOMMENDATIONS
665
ONCOLOG IE
666
and influence on quality of life. Results from a retrospective study.
Oncology 65(1): 23-8
3. Arbaiza D, Vidal O (2007) Tramadol in the treatment of neuropathic
cancer pain: a double blind, placebo-controlled study. Clin Drug
Investig 27(1): 75-83
4. Argyriou AA, Chroni E, Koutras A, et al. (2005) Vitamin E for
prophylaxis against chemotherapy-induced neuropathy: a randomized controlled trial. Neurology 64(1): 26-31
5. Argyriou AA, Polychronopoulos P, Koutras A, et al. (2006) Is
advanced age associated with increased incidence and severity
of chemotherapy-induced peripheral neuropathy? Support Care
Cancer 14(3): 223-9
6. Arnaud S, Houvenaeghel G, Moutardier V, et al. (2004) Patients’
and surgeons’ perspectives on axillary surgery for breast cancer.
Eur J Surg Oncol 30(7): 735-43
7. Attal N, Cruccu G, Haanpää M, et al. (2006) EFNS guidelines on
pharmacological treatment of neuropathic pain. Eur J Neurol
13(11): 1153-69
8. Averill PM, Novy DM, Nelson DV, Berry LA (1996) Correlates of
depression in chronic pain patients: a comprehensive examination. Pain 65(1): 93-100
9. Barranger E, Dubernard G, Fleurence J, et al. (2005) Subjective
morbidity and quality of life after sentinel node biopsy and axillary
lymph node dissection for breast cancer. J Surg Oncol 92(1): 17-22
10. Blum JL, Dees EC, Vukelja SJ, et al. (2007) Phase II trial of
capecitabine and weekly paclitaxel in patients with metastatic
breast cancer previously treated with every 3-week taxane
therapy. Clin Breast Cancer 7(6): 465-70
11. Bonnaud A, Chabrol H, Doron J, et al. (2002) Réactions
anxiodépressives face au syndrome douloureux postmastectomie. Bull Psychol 55: 373-9
12. Bosompra K, Ashikaga T, O’Brien PJ, et al. (2002) Swelling,
numbness, pain and their relationship to arm function among
breast cancer survivors: a disablement process model perspective. Breast J 8(6): 338-48
13. Bouhassira D, Attal N, Alchaar H, et al. (2005) Comparison of pain
syndromes associated with nervous or somatic lesions and
development of a new neuropathic pain diagnostic questionnaire
(DN4). Pain 114(1-2): 29-36
14. Bouhassira D, Attal N, Fermanian J, et al. (2004) Development and
validation of the Neuropathic Pain Symptom Inventory. Pain 108
(3): 248-57
15. Brundage MD, Pater JL, Zee B (1993) Assessing the reliability of
two toxicity scales: implications for interpreting toxicity data.
J Natl Cancer Inst 85(14): 1138-48
16. Burckhardt CS, Jones KD (2005) Effects of chronic widespread
pain on the health status and quality of life of women after breast
cancer surgery. Health Qual Life Outcomes 3: 30
17. Caffo O, Amichetti M, Ferro A, et al. (2003) Pain and quality of life
after surgery for breast cancer. Breast Cancer Res Treat 80(1):
39-48
18. Caraceni A, Zecca E, Bonezzi C, et al. (2004) Gabapentin for
neuropathic cancer pain: a randomized controlled trial from the
Gabapentin Cancer Pain Study Group. J Clin Oncol 22(14): 2909-17
19. Carpenter JS, Andrykowski MA, Sloan P, et al. (1998) Postmastectomy-postlumpectomy pain in breast cancer survivors.
J Clin Epidemiol 51(12): 1285-92
20. Carpenter JS, Sloan P, Andrykowski MA, et al. (1999) Risk factors
for pain after mastectomy-lumpectomy. Cancer Pract 7(2): 66-70
21. Cassier PA, Chabaud S, Trillet-Lenoir V, et al. (2008) A phase III
trial of doxorubicin and docetaxel versus doxorubicin and
paclitaxel in metastatic breast cancer: results of the ERASME 3
Study. Breast Cancer Res Treat 109(2): 343-50
22. Chaudhry V, Rowinsky EK, Sartorius SE, et al. (1994) Peripheral
neuropathy from taxol and cisplatin combination chemotherapy:
clinical and electrophysiological studies. Ann Neurol 35(3): 304-11
23. Crane-Okada R, Wascher RA, Elashoff D, Giuliano AE (2008) Longterm morbidity of sentinel node biopsy versus complete axillary
dissection for unilateral breast cancer. Ann Surg Oncol 15(7):
1996-2005
24. Dallocchio C, Buffa C, Mazzarello P, Chiroli S (2000) Gabapentin
versus amitriptyline in painful diabetic neuropathy: an open-label
pilot study. J Pain Symptom Manage 20(4): 280-5
25. Davis ID, Kiers L, McGregor L, et al. (2005) A randomized, double
blinded, placebo-controlled phase II trial of recombinant human
leukemia inhibitory factor (rhuLIF, emfilermin, AM424) to prevent
chemotherapy-induced peripheral neuropathy. Clin Cancer Res
11(5): 1890-8
26. De Vos FY, Bos AM, Schaapveld M, et al. (2005) A randomized phase
II study of paclitaxel with carboplatin ± amifostine as first-line
treatment in advanced ovarian carcinoma. Gynecol Oncol 97(1): 60-7
27. Del Bianco P, Zavagno G, Burelli P, et al. (2008) Morbidity
comparison of sentinel lymph node biopsy versus conventional
axillary lymph node dissection for breast cancer patients: results
of the sentinella-GIVOM Italian randomized clinical trial. Eur
J Surg Oncol 34(5): 508-13
28. Dijkstra PU, Rietman JS, Geertzen JH (2007) Phantom breast
sensations and phantom breast pain: a 2-year prospective study
and a methodological analysis of literature. Eur J Pain 11(1): 99-108
29. Dworkin RH, Turk DC, Farrar JT, et al. (2005) Core outcome
measures for chronic pain clinical trials: IMPACT recommendations. Pain 113(1-2): 9-19
30. Edwards RR, Raja S (2006) The laterality of long-term pain
following mastectomy. J Pain Symptom Manage 31(2): 98-9
31. Eisenberg E, Pud D, Koltun L, Loven D (2007) Effect of early
administration of the N-methyl-d-aspartate receptor antagonist
amantadine on the development of postmastectomy pain
syndrome: a prospective pilot study. J Pain 8(3): 223-9
32. Ellison N, Loprinzi CL, Kugler J, et al. (1997) Phase III placebocontrolled trial of capsaicin cream in the management of surgical
neuropathic pain in cancer patients. J Clin Oncol 15(8): 2974-80
33. Farrar JT, Young JP Jr, LaMoreaux L, et al. (2001) Clinical
importance of changes in chronic pain intensity measured on 11points numerical pain rating scale. Pain 94: 149-58
34. Fassoulaki A, Patris K, Sarantopoulos C, Hogan Q (2002) The
analgesic effect of gabapentin and mexiletine after breast
surgery for cancer. Anesth Analg 95(4): 985-91 (table of contents)
35. Fassoulaki A, Sarantopoulos C, Melemeni A, Hogan Q (2000)
EMLA® reduces acute and chronic pain after breast surgery for
cancer. Reg Anesth Pain Med 25(4): 350-5
36. Fassoulaki A, Sarantopoulos C, Melemeni A, Hogan Q (2001)
Regional block and mexiletine: the effect on pain after cancer
breast surgery. Reg Anesth Pain Med 26(3): 223-8
37. Fassoulaki A, Triga A, Melemeni A, Sarantopoulos C (2005)
Multimodal analgesia with gabapentin and local anesthetics
prevents acute and chronic pain after breast surgery for cancer.
Anesth Analg 101(5): 1427-32
38. Finnerup NB, Jensen TS (2006) Mechanisms of disease:
mechanism-based classification of neuropathic pain; a critical
analysis. Nat Clin Pract Neurol 2(2): 107-15
39. Finnerup NB, Otto M, McQuay HJ, et al. (2005) Algorithm for
neuropathic pain treatment: an evidence-based proposal. Pain
118(3): 289-305
40. Fleissig A, Fallowfield LJ, Langridge CI, et al. (2006) Postoperative
arm morbidity and quality of life. Results of the ALMANAC
randomised trial comparing sentinel node biopsy with standard
axillary treatment in the management of patients with early breast
cancer. Breast Cancer Res Treat 95(3): 279-93
41. FNCLCC. Krakowski I, Theobald S, Balp L, et al. (2006)
Recommandations pour une bonne pratique dans la prise en
charge de la douleur du cancer chez l’adulte et l’enfant. Bull
Cancer 96: 83
42. FNCLCC. Delorme T, Wood C, Bataillard A, et al. (2003) Recommandations pour la pratique clinique : Standards, Options et Recommandations pour l’évaluation de la douleur chez l’adulte et l’enfant atteints
d’un cancer (mise à jour) – rapport abrégé
43. FNCLCC. Krakowski I, Theobald S, Collin E, et al. Standards, Options
et Recommandations (2002) Traitements antalgiques médicamenteux
des douleurs cancéreuses par excès de nociception chez l’adulte,
mise à jour 2002. Rapport intégral
44. Fountzilas G, Dafni U, Dimopoulos MA, et al. (2008) A randomized
phase III study comparing three anthracycline-free taxane-based
regimens, as first line chemotherapy, in metastatic breast cancer:
a Hellenic Cooperative Oncology Group study. Breast Cancer Res
Treat
45. Fountzilas G, Kalofonos HP, Dafni U, et al. (2004) Paclitaxel and
epirubicin versus paclitaxel and carboplatin as first-line chemotherapy in patients with advanced breast cancer: a phase III
study conducted by the Hellenic Cooperative Oncology Group.
Ann Oncol 15(10): 1517-26
46. Freeman SR, Washington SJ, Pritchard T, et al. (2003) Long-term
results of a randomized prospective study of preservation of the
intercostobrachial nerve. Eur J Surg Oncol 29(3): 213-5
47. Gelmon K, Eisenhauer E, Bryce C, et al. (1999) Randomized phase II
study of high-dose paclitaxel with or without amifostine in patients
with metastatic breast cancer. J Clin Oncol 17(10): 3038-47
48. Gilron I, Bailey JM, Tu D, et al. (2005) Morphine, gabapentin or
their combination for neuropathic pain. N Engl J Med 352(13):
1324-34
49. Gogas H, Shapiro F, Aghajanian C, et al. (1996) The impact of
diabetes mellitus on the toxicity of therapy for advanced ovarian
cancer. Gynecol Oncol 61(1): 22-6
50. Gradishar WJ (2006) Albumin-bound paclitaxel: a next-generation
taxane. Expert Opin Pharmacother 7(8): 1041-53
51. Gulluoglu BM, Cingi A, Cakir T, et al. (2006) Factors related to
post-treatment chronic pain in breast cancer survivors: the
interference of pain with life functions. Int J Fertil Womens Med
51(2): 75-82
52. Hack TF, Cohen L, Katz J, et al. (1999) Physical and psychological
morbidity after axillary lymph node dissection for breast cancer.
J Clin Oncol 17(1): 143-9
53. Harvey V, Mouridsen H, Semiglazov V, et al. (2006) Phase III trial
comparing three doses of docetaxel for second-line treatment of
advanced breast cancer. J Clin Oncol 24(31): 4963-70
54. Hausheer FH, Schilsky RL, Bain S, et al. (2006) Diagnosis,
management and evaluation of chemotherapy-induced peripheral
neuropathy. Semin Oncol 33(1): 15-49
55. Hilpert F, Stahle A, Tome O, et al. (2005) Neuroprotection with
amifostine in the first-line treatment of advanced ovarian cancer
with carboplatin-paclitaxel-based chemotherapy: a double blind,
placebo-controlled, randomized phase II study from the Arbeitsgemeinschaft Gynakologische Onkologoie (AGO) Ovarian Cancer
Study Group. Support Care Cancer 13(10): 797-805
56. Husen M, Paaschburg B, Flyger HL (2006) Two-step axillary
operation increases risk of arm morbidity in breast cancer
patients. Breast 15(5): 620-8
57. IASP, International Association for the Study of Pain (1994a)
Classification of chronic pain: descriptions of chronic pain syndromes
and definitions of pain terms. 2nd ed. IASP Press, Seattle (USA)
58. IASP, International Association for the Study of Pain (1994b) Task
force on taxonomy. Classification of chronic pain: descriptions of
chronic pain syndromes and definitions of pain terms. 2nd ed.
IASP Press, Seattle
59. Johansen J, Overgaard J, Blichert-Toft M, Overgaard M (2000)
Treatment of morbidity associated with the management of the
axilla in breast-conserving therapy. Acta Oncol 39(3): 349-54
60. Jones SE, Erban J, Overmoyer B, et al. (2005) Randomized phase
III study of docetaxel compared with paclitaxel in metastatic
breast cancer. J Clin Oncol 23(24): 5542-51
61. Kairaluoma PM, Bachmann MS, Korpinen AK, et al. (2004) Singleinjection paravertebral block before general anesthesia enhances analgesia after breast cancer surgery with and without
associated lymph node biopsy. Anesth Analg 99(6): 1837-43 (table
of contents)
62. Kairaluoma PM, Bachmann MS, Rosenberg PH, Pere PJ (2006)
Pre-incisional paravertebral block reduces the prevalence of
chronic pain after breast surgery. Anesth Analg 103(3): 703-8
63. Kalso E, Tasmuth T, Neuvonen PJ (1995) Amitriptyline effectively
relieves neuropathic pain following treatment of breast cancer.
Pain 64(2): 293-302
64. Kampe S, Warm M, Kaufmann J, et al. (2004) Clinical efficacy of
controlled-release oxycodone 20 mg administered on a 12-hour
dosing schedule on the management of postoperative pain after
breast surgery for cancer. Curr Med Res Opin 20(2): 199-202
65. Kärki A, Simonen R, Mälkiä E, Selfe J (2005) Impairments, activity
limitations and participation restrictions 6 and 12 months after
breast cancer operation. J Rehabil Med 37(3): 180-8
66. Katz J, Poleshuck EL, Andrus CH, et al. (2005) Risk factors for
acute pain and its persistence following breast cancer surgery.
Pain 119(1-3): 16-25
67. Keramopoulos A, Tsionou C, Minaretzis D, et al. (1993) Arm
morbidity following treatment of breast cancer with total axillary
dissection: a multivariated approach. Oncology 50(6): 445-9
68. Krøner K, Knudsen UB, Lundby L, Hvid H (1992) Long-term phantom
breast syndrome after mastectomy. Clin J Pain 8(4): 346-50
69. Krøner K, Krebs B, Skov J, Jørgensen HS (1989) Immediate and
long-term phantom breast syndrome after mastectomy: incidence, clinical characteristics and relationship to pre-mastectomy breast pain. Pain 36(3): 327-34
70. Kudel I, Edwards RR, Kozachik S, et al. (2007) Predictors and
consequences of multiple persistent postmastectomy pains.
J Pain Symptom Manage 34(6): 619-27
71. Kuehn T, Klauss W, Darsow M, et al. (2000) Long-term morbidity
following axillary dissection in breast cancer patients: clinical
assessment, significance for life quality and the impact of
demographic, oncologic and therapeutic factors. Breast Cancer
Res Treat 64(3): 275-86
72. Kuroi K, Shimozuma K, Ohashi Y, et al. (2008) A questionnaire
survey of physicians’ perspectives regarding the assessment of
chemotherapy-induced peripheral neuropathy in patients with
breast cancer. Jpn J Clin Oncol 38(11): 748-54
73. Labrèze L, Dixmérias-Iskandar F, Monnin D, et al. (2007)
Postmastectomy pain syndrome evidence based guidelines and
decision trees. Bull Cancer 94(3): 275-85
74. Langer I, Guller U, Berclaz G, et al. (2007) Morbidity of sentinel lymph
node biopsy (SLN) alone versus SLN and completion axillary lymph
node dissection after breast cancer surgery: a prospective Swiss
Multicenter Study on 659 patients. Ann Surg 245(3): 452-61
75. Lebrun C, Bourg V, Frénay M (2007) Chimiothérapies cytostatiques et cytotoxiques : une neurotoxicité fréquente. Neurologies
10(96): 111-22
76. Lee KS, Chung HC, Im SA, et al. (2008) Multicenter phase II trial of
Genexol-PM, a cremophor-free, polymeric micelle formulation of
paclitaxel, in patients with metastatic breast cancer. Breast
Cancer Res Treat 108(2): 241-50
77. Leong SS, Tan EH, Fong KW, et al. (2003) Randomized double
blind trial of combined modality treatment with or without
amifostine in unresectable stage III non-small cell lung cancer.
J Clin Oncol 21(9): 1767-74
78. Librach L, Lloyd N, Jarvis V, et al. (2006) The Use of gabapentin
and tricyclic antidepressants in the treatment of neuropathic pain
in cancer patients: a clinical practice guideline. a quality initiative
of the based care (PEBC), Cancer Care Ontario (CCO). Report
Date: October 11, 2006
79. Lluch A, Ojeda B, Colomer R, et al. (2000) Doxorubicin and
paclitaxel in advanced breast carcinoma: importance of prior
adjuvant anthracycline therapy. Cancer 89(11): 2169-75
80. Loprinzi CL, Maddocks-Christianson K, Wolf SL, et al. (2007) The
paclitaxel acute pain syndrome: sensitization of nociceptors as
the putative mechanism. Cancer J 13(6): 399-403
81. Lorusso D, Ferrandina G, Greggi S, et al. (2003) Phase III
multicenter randomized trial of amifostine as cytoprotectant
in first-line chemotherapy in ovarian cancer patients. Ann Oncol
14(7): 1086-93
82. Macdonald L, Bruce J, Scott NW, et al. (2005) Long-term followup of breast cancer survivors with postmastectomy pain
syndrome. Br J Cancer 92(2): 225-30
83. Martee L, Hensley KL, Hagerty T, et al. (2009) American Society of
Clinical Oncology 2008 Clinical Practice Guideline. Update: use of
chemotherapy and radiation therapy protectants. JCO 127-145
RECOMMANDATIONS / RECOMMENDATIONS
667
ONCOLOG IE
668
84. Maunsell E, Brisson J, Deschênes L (1993) Arm problems and
psychological distress after surgery for breast cancer. Can
J Surg 36(4): 315-20
85. Mielke S, Mross K, Gerds TA, et al. (2003) Comparative
neurotoxicity of weekly non-break paclitaxel infusions over
1 versus 3 hours. Anticancer Drugs 14(10): 785-92
86. Miguel R, Kuhn AM, Shons AR, et al. (2001) The effect of sentinel
node selective axillary lymphadenectomy on the incidence of
postmastectomy pain syndrome. Cancer Control 8(5): 427-30
87. Moller JF, Nikolajsen L, Rodt SA, et al. (2007) Thoracic paravertebral
block for breast cancer surgery: a randomized double blind study.
Anesth Analg 105(6): 1848-51 (table of contents)
88. Moore DH, Donnelly J, McGuire WP, et al. (2003) Limited access
trial using amifostine for protection against cisplatin- and threehour paclitaxel-induced neurotoxicity: a phase II study of the
Gynecologic Oncology Group. J Clin Oncol 21(22): 4207-13
89. Morello CM, Leckband SG, Stoner CP, et al. (1999) Randomized
double blind study comparing the efficacy of gabapentin with
amitriptyline on diabetic peripheral neuropathy pain. Arch Intern
Med 159(16): 1931-7
90. Nabholtz JM, Gelmon K, Bontenbal M, et al. (1996) Multicenter,
randomized comparative study of two doses of paclitaxel in
patients with metastatic breast cancer. J Clin Oncol 14(6): 1858-67
91. New PZ, Jackson CE, Rinaldi D, et al. (1996) Peripheral neuropathy
secondary to docetaxel (Taxotere®). Neurology 46(1): 108-11
92. North Central Cancer Treatment Group (2009) Vitamin E in
preventing neuropathy caused by chemotherapy in patients
receiving chemotherapy for cancer. [Cited March 2009] Available
from: http://clinicaltrials.gov/ct2/show/NCT00363129
93. Openshaw H, Beamon K, Longmate J, et al. (2005) The effect of
height on paclitaxel nerve damage. J Neurooncol 74(2): 207-10
94. Openshaw H, Beamon K, Synold TW, et al. (2004) Neurophysiological study of peripheral neuropathy after high-dose paclitaxel:
lack of neuroprotective effect of amifostine. Clin Cancer Res
10(2): 461-7
95. Peintinger F, Reitsamer R, Stranzl H, Ralph G (2003) Comparison of
quality of life and arm complaints after axillary lymph node
dissection versus sentinel lymph node biopsy in breast cancer
patients. Br J Cancer 89(4): 648-52
96. Pettersson N, Perbeck L, Hahn RG (2001) Efficacy of subcutaneous and topical local anaesthesia for pain relief after resection
of malignant breast tumors. Eur J Surg 167(11): 825-30
97. Piedbois P, Serin D, Priou F, et al. (2007) Dose-dense adjuvant
chemotherapy in node-positive breast cancer: docetaxel followed
by epirubicin-cyclophosphamide (T-EC), or the reverse sequence
(EC-T), every 2 weeks, versus docetaxel, epirubicin and cyclophosphamide (TEC) every 3 weeks. AERO B03 randomized phase
II study. Ann Oncol 18(1): 52-7
98. Poleshuck EL, Katz J, Andrus CH, et al. (2006) Risk factors for
chronic pain following breast cancer surgery: a prospective
study. J Pain 7(9): 626-34
99. Polinsky ML (1994) Functional status of long-term breast cancer
survivors: demonstrating chronicity. Health Soc Work 19(3): 16573 (erratum in: Health Soc Work 1994 19(4): 297)
100. Postma TJ, Heimans JJ, Muller MJ, et al. (1998) Pitfalls in
grading severity of chemotherapy-induced peripheral neuropathy. Ann Oncol 9(7): 739-44
101. Postma TJ, Vermorken JB, Liefting AJ, et al. (1995) Paclitaxelinduced neuropathy. Ann Oncol 6(5): 489-94
102. Priya V, Divatia JV, Sareen R, Upadhye S (2002) Efficacy of
intravenous ketoprofen for pre-emptive analgesia. J Postgrad
Med 48(2): 109-12
103. Ray WA, Meredith S, Thapa PB, et al. (2004) Cyclic antidepressants and the risk of sudden cardiac death. Clin
Pharmacol Ther 75(3): 234-41
104. Recommandations SFETD (à paraı̂tre). Les douleurs neuropathiques : diagnostic, évaluation, traitement en médecine ambulatoire, recommandations pour la pratique clinique
105. Rica MA, Norlia A, Rohaizak M, Naqiyah I (2007) Preemptive
ropivacaine local anaesthetic infiltration versus postoperative
106.
107.
108.
109.
110.
111.
112.
113.
114.
115.
116.
117.
118.
119.
120.
121.
122.
123.
124.
125.
ropivacaine wound infiltration in mastectomy: postoperative
pain and drain outputs. Asian J Surg 30(1): 34-9
Rietman JS, Geertzen JH, Hoekstra HJ, et al. (2006) Long-term
treatment related upper limb morbidity and quality of life after
sentinel lymph node biopsy for stage I or II breast cancer. Eur
J Surg Oncol 32(2): 148-52
Rothemund Y, Grüsser SM, Liebeskind U, et al. (2004) Phantom
phenomena in mastectomized patients and their relation to
chronic and acute pre-mastectomy pain. Pain 107(1-2): 140-6
Rowinsky EK, Eisenhauer EA, Chaudhry V, et al. (1993) Clinical
toxicities encountered with paclitaxel (Taxol®). Semin Oncol
20(4 Suppl 3): 1-15
Rowinsky EK (1993) Clinical pharmacology of taxol. J Natl
Cancer Inst Monogr 15: 25-37
Salmon RJ, Ansquer Y, Asselain B (1998) Preservation versus
section of intercostal-brachial nerve (IBN) in axillary dissection
for breast cancer: a prospective randomized trial. Eur J Surg
Oncol 24(3): 158-61
Schell SR (2006) Patient outcomes after axillary lymph node
dissection for breast cancer: use of postoperative continuous
local anesthesia infusion. J Surg Res 134(1): 124-32
Schrenk P, Rieger R, Shamiyeh A, Wayand W (2000) Morbidity
following sentinel lymph node biopsy versus axillary lymph node
dissection for patients with breast carcinoma. Cancer 88(3):
608-14
Seidman AD, Berry D, Cirrincione C, et al. (2008) Randomized
phase III trial of weekly compared with every 3-week paclitaxel
for metastatic breast cancer, with trastuzumab for all HER-2
overexpressors and random assignment to trastuzumab or not in
HER-2 non-overexpressors: final results of Cancer and Leukemia
Group B protocol 9840. J Clin Oncol 26(10): 1642-9
Seidman AD, Hudis CA, Albanell J, et al. (1998) Dose-dense
therapy with weekly 1-hour paclitaxel infusions in the treatment
of metastatic breast cancer. J Clin Oncol 16(10): 3353-61
Sidiropoulou T, Buonomo O, Fabbi E, et al. (2008) A prospective
comparison of continuous wound infiltration with ropivacaine
versus single-injection paravertebral block after modified
radical mastectomy. Anesth Analg 106(3): 997-1001 (table of
contents)
Simpson DA (2001) Gabapentin and venlafaxine for the treatment of
painful diabetic neuropathy. J Clin Neuromuscul Dis 3(2): 53-62
Sissung TM, Mross K, Steinberg SM, et al. (2006) Association of
ABCB1 genotypes with paclitaxel-mediated peripheral neuropathy and neutropenia. Eur J Cancer 42(17): 2893-6
Smith RE, Brown AM, Mamounas EP, et al. (1999) Randomized
trial of 3-hour versus 24-hour infusion of high-dose paclitaxel in
patients with metastatic or locally advanced breast cancer:
National Surgical Adjuvant Breast and Bowel Project Protocol
B-26. J Clin Oncol 17(11): 3403-11
Smith WC, Bourne D, Squair J, et al. (1999) A retrospective
cohort study of postmastectomy pain syndrome. Pain 83(1): 91-5
Sparano JA, Wang M, Martino S, et al. (2008) Weekly paclitaxel
in the adjuvant treatment of breast cancer. N Engl J Med
358(16): 1663-71
Stevens PE, Dibble SL, Miaskowski C (1995) Prevalence,
characteristics and impact of postmastectomy pain syndrome:
an investigation of women’s experiences. Pain 61(1): 61-8
Stubblefield MD, Vahdat LT, Balmaceda CM, et al. (2005)
Glutamine as a neuroprotective agent in high-dose paclitaxelinduced peripheral neuropathy: a clinical and electrophysiologic
study. Clin Oncol (R Coll Radiol) 17(4): 271-6
Swenson KK, Mahipal A, Nissen MJ, et al. (2005) Axillary
disease recurrence after sentinel lymph node dissection for
breast carcinoma. Cancer 104(9): 1834-9
Swenson KK, Nissen MJ, Ceronsky C, et al. (2002) Comparison of
side effects between sentinel lymph node and axillary lymph
node dissection for breast cancer. Ann Surg Oncol 9(8): 745-53
Tasmuth T, von Smitten K, Hietanen P, et al. (1995) Pain and
other symptoms after different treatment modalities of breast
cancer. Ann Oncol 6(5): 453-9
126. Tasmuth T, Estlanderb AM, Kalso E (1996a) Effect of present
pain and mood on the memory of past postoperative pain in women
treated surgically for breast cancer. Pain 68(2-3): 343-7
127. Tasmuth T, von Smitten K, Kalso E (1996b) Pain and other
symptoms during the first year after radical and conservative
surgery for breast cancer. Br J Cancer 74(12): 2024-31
128. Tasmuth T, Kataja M, Blomqvist C, et al. (1997) Treatmentrelated factors predisposing to chronic pain in patients with breast
cancer: a multivariate approach. Acta Oncol 36(6): 625-30
129. Tasmuth T, Blomqvist C, Kalso E (1999) Chronic post-treatment
symptoms in patients with breast cancer operated in different
surgical units. Eur J Surg Oncol 25(1): 38-43
130. Tasmuth T, Härtel B, Kalso E (2002) Venlafaxine in neuropathic
pain following treatment of breast cancer. Eur J Pain 6(1): 17-24
131. Taylor KO (2004) Morbidity associated with axillary surgery for
breast cancer. ANZ J Surg 74(5): 314-7
132. Temple WJ, Ketcham AS (1985) Preservation of the intercostobrachial nerve during axillary dissection for breast cancer. Am J
Surg 150(5): 585-8
133. Vahdat L, Papadopoulos K, Lange D, et al. (2001) Reduction of
paclitaxel-induced peripheral neuropathy with glutamine. Clin
Cancer Res 7(5): 1192-7
134. Veronesi U, Paganelli G, Viale G, et al. (2003) A randomized
comparison of sentinel-node biopsy with routine axillary
dissection in breast cancer. N Engl J Med 349(6): 546-53
135. Vilholm OJ, Cold S, Rasmussen L, Sindrup SH (2008) The
postmastectomy pain syndrome: an epidemiological study on the
prevalence of chronic pain after surgery for breast cancer. Br J
Cancer 99(4): 604-10
136. Wallace AM, Wallace MS (1997) Postmastectomy and postthoracotomy pain. Anesthesiol Clin North Am 15(2): 353-70
137. Wallace MS, Wallace AM, Lee J, Dobke MK (1996) Pain after
breast surgery: a survey of 282 women. Pain 66(2-3): 195-205
138. Warmuth MA, Bowen G, Prosnitz LR (1998) Complications of
axillary lymph node dissection for carcinoma of the breast: a
report based on a patient survey. Cancer 83(7): 1362-8
139. Watson CP, Evans RJ, Watt VR (1989) The postmastectomy
pain syndrome and the effect of topical capsaicin. Pain 38(2):
177-86
140. Watson CP, Evans RJ (1992) The postmastectomy pain syndrome
and topical capsaicin: a randomized trial. Pain 51(3): 375-9
141. Wilke LG, McCall LM, Posther KE, et al. (2006) Surgical
complications associated with sentinel lymph node biopsy:
results from a prospective International Cooperative Group Trial.
Ann Surg Oncol 13(4): 491-500
142. Wong L (2001) Intercostal neuromas: a treatable cause of
postoperative breast surgery pain. Ann Plast Surg 46(5): 481-4
143. Wyatt GK, Friedman LL (1998) Physical and psychosocial outcomes
of midlife and older women following surgery and adjuvant therapy
for breast cancer. Oncol Nurs Forum 25(4): 761-8
Recommandations pour l’utilisation
des facteurs de croissance granulocytaires
dans le cancer du sein
Coordonnateur du groupe de travail : D. Kamioner
Groupe de travail : M. Aapro, M. Di Palma, M. Dicato, D. Kamioner, D. Mayeur, F. Scotté
Résumé : Les facteurs de croissance granulocytaires
(G-CSF) apportent une aide importante à la prévention
des neutropénies chimio-induites. Neutropénie et neutropénie fébrile (NF) peuvent entraı̂ner un retard d’administration et/ou une réduction de dose de chimiothérapie,
et donc influer sur l’évolution de la maladie. La NF est
associée à un accroissement de la mortalité, puisque l’on
constate jusqu’à 9,5 % de décès dans les suites d’une
hospitalisation pour NF. La prophylaxie par G-CSF est
maintenant recommandée, lorsque le risque global de
NF est supérieur ou égal à 20 %, en raison de la posologie
du traitement et de facteurs liés au patient (pt).
Cependant, des effets indésirables, voire délétères,
peuvent apparaı̂tre dans certains cas. En prenant la
décision d’utiliser une prévention par G-CSF, les oncologues doivent prendre en compte non seulement le
schéma optimal de chimiothérapie, mais aussi les
facteurs de risque individuels des pts et le but du
traitement : curatif, palliatif, préventif ou symptomatique. C’est pourquoi, les grandes sociétés savantes
internationales ont émis des recommandations sur leur
utilisation.
RECOMMANDATIONS / RECOMMENDATIONS
669
670
Mots clés : Neutropénie fébrile – Toxicité des
chimiothérapies – G-CSF
reconnus sont les suivants (d’après le dictionnaire
Vidal 2009).
Filgrastim
ONCOLOG IE
Introduction
La neutropénie fébrile (NF) est associée à une morbidité
et à une mortalité importantes, et à un coût élevé pour la
société. La NF est encore une menace majeure chez les
patients (pts) sous chimiothérapie entraı̂nant une perte
de la qualité de vie. Un accroissement de la mortalité
pouvant atteindre 9,5 % est constaté dans les suites
d’une hospitalisation pour NF.
Plusieurs facteurs de risque ont été identifiés afin de
prévoir le risque individuel de NF. Ces facteurs de risque
sont liés au pt : âge, état général, mais aussi à la maladie
sous-jacente (extension, comorbidités), ainsi qu’au
protocole de chimiothérapie utilisé (Tableau 1).
Neutropénie et NF peuvent entraı̂ner un retard
d’administration et/ou une réduction de dose de la
chimiothérapie, et donc influer sur l’évolution de la
maladie.
Pour Kuderer et al., la mortalité globale hospitalière
est de 9,5 % ; les pts sans comorbidité majeure ont un
risque de mortalité de 2,6 %, alors qu’un facteur de
comorbidité majeure est associé à un risque de 10,3 %,
et plus d’une comorbidité majeure entraı̂ne un risque de
mortalité d’au moins 21,4 % [13].
Le coût pour la société est élevé [1,2,13,15,18,20] : en
effet, la durée de séjour moyenne était de 11,5 jours et le
coût moyen de 19 110 $ par épisode de NF, les pts
hospitalisés plus de dix jours (35 % des pts) représentant 78 % du coût total.
Les facteurs de risque majeurs de mortalité chez les
pts hospitalisés sont les infections fungiques, les
infections à BG–, pneumonies et autres pathologies
pulmonaires, et les affections cérébrales, rénales et
hépatiques.
État des lieux
Trois produits sont actuellement disponibles en
France : le filgrastim, le lénograstim et le pegfilgrastim
(peg), dont les modes d’action et les indications
Le filgrastim, r-metHuG-CSF, facteur recombinant
humain, est une glycoprotéine qui régule la production
et la libération des polynucléaires neutrophiles fonctionnels à partir de la moelle osseuse. Il est indiqué dans
la réduction de la durée des neutropénies et de
l’incidence des NF chez les pts traités par une chimiothérapie cytotoxique pour une pathologie maligne (à
l’exception des leucémies myéloı̈des chroniques et des
syndromes myélodysplasiques), et dans la réduction de
la durée des neutropénies chez les pts recevant une
thérapie myélosuppressive suivie de greffe de moelle et
présentant un risque accru de neutropénie sévère
prolongée et dans la mobilisation de cellules souches
progénitrices (CSP) dans le sang circulant.
Pharmacocinétique
Il existe une corrélation linéaire positive entre la dose de
filgrastim administrée par voie sous-cutanée ou par
voie intraveineuse et la concentration sérique. Après
administration sous-cutanée aux doses recommandées, les concentrations sériques de filgrastim
sont maintenues au-dessus de 10 ng/ml pendant 8 à
16 heures.
Lénograstim
Le lénograstim, rHu G-CSF, est une glycoprotéine
recombinante équivalente au granulocyte stimulating
factor humain, isolé de CHU-2 une lignée cellulaire
humaine.
Il est produit par la technique de l’ADN recombinant
sur des cellules d’ovaire de hamster chinois.
Il est indiqué pour la réduction de la durée des
neutropénies chez les pts (avec néoplasie non myéloı̈de) recevant une thérapie myélosuppressive suivie
de greffe de moelle et présentant un risque accru de
neutropénies sévères et prolongées, dans la réduction
de la durée des neutropénies sévères et des complications associées chez les pts au cours des chimiothérapies établies, connues pour être associées à une
Tableau 1. Toxicité des chimiothérapies utilisées dans le cancer du sein, protocoles de chimiothérapie associés à un risque de
NF supérieur à 20 % (d’après Zielinski et al.) [26]
Protocole de chimiothérapie situation de traitement
Doses (mg/m2)
Taux de NF (%)
TAC-adjuvant
ET (T = doc)-adjuvant
AT (T = doc)-métastatique 1re ligne
AT (T = pac)-métastatique 1re ligne
A > T (T = doc)-métastatique 1re ligne
Vino/F (FUN)-métastatique 2e ligne
75-50-500 q3sem
75-75 q3sem
50-75 q3sem
60-175 q3sem
75 q3sem > 100 q3sem
25 (j1 + j5)-750 (j1-j5) q3sem
25
31
33-48
32
29
22
A = doxorubicine ; C = cyclophosphamide ; doc = docétaxel ; E = épirubicine ; F = 5-fluoro-uracile ; pac = paclitaxel ;
vino = vinorelbine.
incidence significative de NF et dans la mobilisation
des cellules souches hématopoı̈étiques dans le sang
périphérique.
Pharmacocinétique
Le lénograstim est un facteur qui stimule les progéniteurs des polynucléaires neutrophiles, comme cela a été
démontré par l’augmentation dans le sang périphérique
du nombre de CFU-S et CFU-GM. Il entraı̂ne une
augmentation notable du nombre des polynucléaires
neutrophiles du sang périphérique dans les 24 heures
suivant son administration. Cette élévation des polynucléaires neutrophiles est dose-dépendante entre 1 et
10 mg/kg par jour. L’utilisation du lénograstim chez les
pts qui reçoivent une greffe de moelle ou qui sont traités
par chimiothérapie cytotoxique entraı̂ne une réduction
significative de la durée de la neutropénie et de ses
complications associées.
Peg
Il est produit par la technique de l’ADN recombinant, à
partir d’une souche d’Escherichia coli (K-12).
Il est indiqué dans la réduction de la durée des
neutropénies et de l’incidence des NF chez les pts traités
par une chimiothérapie cytotoxique pour une pathologie maligne (à l’exception des leucémies myéloı̈des
chroniques et des syndromes myélodysplasiques).
Pharmacocinétique
Après administration sous-cutanée unique de peg, le
pic de concentration sérique apparaı̂t entre 16 et
120 heures après l’injection, et les concentrations
sériques se maintiennent pendant la période de neutropénie qui suit la chimiothérapie myélosuppressive.
L’élimination de peg n’est pas linéaire en fonction de la
dose ; la clairance sérique de peg diminue lorsque
les doses augmentent. La clairance étant autorégulée,
la concentration sérique de peg diminue rapidement
dès le début de la récupération en polynucléaires
neutrophiles.
Des données limitées montrent que les paramètres
pharmacocinétiques du peg ne sont pas modifiés chez
les sujets âgés (> 65 ans).
Rappel des recommandations émises par
les sociétés savantes, EORTC, ASCO, NCCN
Trois études importantes – celles de Timmer-Bonte
et al., de Vogel et al. et de Citron et al. – ont été
notamment à l’origine d’une mise à jour des recommandations sur l’utilisation des facteurs de croissance
granulocytaires (G-CSF) en oncologie [5,22,23]
(Tableaux 2 et 3).
En 2005 et en 2006, le comité de mise à jour de
l’ASCO [20] a considéré que la diminution de la NF est
Recommandation EORTC et ASCO pour l'utilisation des G-CSF dans la prise en charge de la NF
Tableau 1 Prévisibilité du risque de NF selon les protocoles de chimiothérapie planifiés
- Le risque de NF devrait être évalué avant chaque cycle de chimiothérapie
- Les protocoles de CT dose-dense devrait toujours être considérés comme à haut risque de NF (risque ≥ 20 %)1
- Les patients > 65 ans recevant une chimiothérapie curative pour LMNH doivent être considérés à haut risque de NF2
NF risque ≥ 20 %
NF risque 10-20 %
NF risque < 10 %
Facteur individuel de NF
Prophylaxie
par G-CSF
recommandée
- Age ≥ 65 ans1,2
- Mauvais état général2
- Maladie avancées2
- Co-morbidités importantes2
- Cytopénies par envahissement
tumoral médulaire
- Sexe fémini
Risque majeur de NF ≥ 20 %
- Hémoglobine < 12 g/dL1
- Mauvais état nutritionnel1,2
- Pas d'antibio prophylaxie1
- Association radio chimio2
- Antécédant de NF1,2
- Bessures ouvertes ou infections
actives2
G-CSF
pas d'indication
Risque majeur de NF < 20 %
Cet algorithme représente une interprétation combinée des recommandation ASCO et EORTC 2006 sur les G-CSF.
Les facteurs ci-dessus ont une évidence de niveau I/II selon l'EORTC.
1. Aapro MS et al. Eur J Cancer 2006;42:2433-2453
2. Smith TJ et al. J Clin Oncol 2006;24:3187-3205
LMNH : Lymphomes Malins Non-Hodgkiniens
RECOMMANDATIONS / RECOMMENDATIONS
671
672
ONCOLOG IE
Tableau 3. Comparaison des recommandations des sociétés savantes
Résumé des recommandations
EORTCb
ASCOc
NCCNd
Risque NF supérieur ou égal à 20 %, prévention primaire par G-CSF
Évaluation des facteurs individuels de risque de NF
G-CSF pour maintenir la dose-intensité si la diminution ou d’autres alternatives
sont péjoratives sur le bénéfice attendu
Protocoles de CT dose-dense, lorsque leur bénéfice est validé ou dans le cadre
d’essais thérapeutiques
G-CSF en traitement curatif des NF, patients à haut risque
G-CSF, présentation et dosage
Prévention secondaire par G-CSF
V
V
V
V
V
V
V
V
X
V
V
X
V
V
Xa
V
V
V
V
V
V
a
b
c
d
Antécédent de NF = facteur de risque d’un nouvel épisode de NF : prévention secondaire à envisager.
Aapro et al. [1].
Smith et al. [20].
NCCN [15].
un objectif important qui justifie l’utilisation des G-CSF,
lorsque le risque de NF est d’environ 20 % et qu’il
n’existe pas d’alternative thérapeutique permettant de
s’abstenir de G-CSF. La prévention primaire est recommandée chez les pts à risque en fonction de l’âge, des
antécédents médicaux, des caractéristiques de la
maladie et de la myélotoxicité de la chimiothérapie.
Les G-CSF permettent une augmentation modeste ou
modérée de la dose-densité ou de la dose-intensité des
protocoles de CT. Des protocoles dose-dense ne
doivent être effectués que selon des essais cliniques
bien conduits ou si des données sur leur efficacité sont
prouvées.
Chez les pts âgés de 65 ans ou plus, traités pour des
lymphomes diffus agressifs de façon curative par CHOP
ou protocoles plus agressifs, un traitement préventif par
G-CSF est recommandé pour réduire l’incidence des
NF et des infections.
Dans leur méta-analyse, Kuderer et al. confirment le
bénéfice de la prophylaxie primaire par G-CSF (diminution du risque relatif [RR] de NF de 46 % [p < 0,001],
diminution du RR de mortalité infectieuse de 45 %
[p = 0,018]) [14].
L’EORTC [1,18], en 2006, a présenté ses recommandations générales sur l’utilisation des G-CSF et une
publication, en 2008 [26], dans le cadre du traitement du
cancer du sein.
Les facteurs de risque liés au pt, augmentant l’incidence de la NF, doivent être pris en compte dans
l’évaluation globale du risque de NF avant chaque
cycle de chimiothérapie :
âge supérieur à 65 ans, stade avancé de la
maladie, antécédents de NF et absence d’utilisation
de G-CSF et d’antibioprophylaxie : recommandation
de grade B ;
il convient de considérer le risque élevé de NF
lors de l’utilisation de certains protocoles de chimiothérapie par exemple : CHOP-21, TAC : recommandation de grades A–B (en fonction de la preuve apportée
pour chaque protocole de chimiothérapie).
L’EORTC ajoute que l’utilisation sans discernement
d’une antibioprophylaxie n’est pas recommandée et
propose les recommandations suivantes.
Un traitement préventif par G-CSF devrait être utilisé
en support de la chimiothérapie dans les circonstances
où les stratégies de dose-densité ou de dose-intensité
de chimiothérapie apportent des gains de survie, et si
les réductions de dose-intensité ou de dose-densité sont
des facteurs de mauvais pronostic. Par exemple :
traitement adjuvant ou potentiellement curatif ou
quand l’objectif du traitement est de prolonger la survie.
Dans le cas où ce n’est pas indispensable, l’utilisation
d’une chimiothérapie moins myélosuppressive ou
d’une modification de la dose, ou du schéma thérapeutique doivent être envisagées (recommandation
de grade A).
Le traitement préventif par G-CSF est recommandé
si le pt présente un risque global de NF supérieur ou
égal à 20 %. Lors de l’utilisation de protocoles de
chimiothérapie s’accompagnant d’un risque de NF de
10 à 20 %, une attention particulière sera donnée à
l’évaluation des caractéristiques du pt, susceptibles
d’augmenter le risque global de NF (recommandation
de grade A).
Le traitement par G-CSF chez les sujets présentant
une NF confirmée n’est indiqué que dans des
circonstances particulières, lorsque les pts ne répondent pas à un traitement antibiotique bien conduit et
dans le cas d’infections engageant le pronostic vital
(septicémie sévère ou choc septique par exemple).
L’utilisation est à envisager chez des pts présentant
un risque plus important de complications infectieuses et ayant des facteurs pronostiques prédictifs d’une
évolution clinique défavorable (recommandation de
grade A).
Qui doit recevoir un traitement par G-CSF ?
Les différentes recommandations officielles conviennent que la prophylaxie primaire par G-CSF devrait être
proposée lorsque le risque global de NF, en raison du
schéma thérapeutique et des facteurs liés au pt, est
supérieur ou égal à 20 %. Avant 2006, la prophylaxie
primaire par G-CSF était recommandée pour des
protocoles de chimiothérapie associés à un niveau de
NF supérieur ou égal à 40 %.
La National Comprehensive Cancer Network
(NCCN), en janvier 2009, recommande l’utilisation de
G-GSF chez les pts âgés, notamment de plus de 65 ans,
en cas d’antécédent de chimiothérapie ou de radiothérapie, de neutropénie préexistante, d’envahissement
médullaire ou de conditions préexistantes : infection/
blessure ouvertes, chirurgie récente, altération de l’état
général, insuffisance rénale, bilan hépatique perturbé,
en particulier élévation de la bilirubine.
Beaucoup de ces facteurs sont, bien sûr, communs
aux trois sociétés, comme l’âge supérieur ou égal à
65 ans, un mauvais état général, un antécédent de NF, la
présence de comorbidités sérieuses (maladie hépatique, rénale ou cardiovasculaire), le stade avancé de la
maladie, un mauvais état nutritionnel, un antécédent de
traitement intensif, dont une radiothérapie étendue,
l’envahissement médullaire, la présence de plaies
ouvertes ou d’infections non contrôlées, le sexe
féminin.
Modalités d’administration
Pour l’ASCO, les G-CSF doivent être administrés 24 à
72 heures après l’administration de la chimiothérapie
cytotoxique et poursuivis jusqu’à ce que le taux de
polynucléaires neutrophiles atteigne 2 à 3 × 109/l [20].
Le peg doit être administré en dose unique, 24 heures
après la fin de la chimiothérapie.
Chez l’adulte, les doses de G-CSF sont de 5 mg/kg par
jour (filgrastim, lénograstim) et de 6 mg en une seule
injection s.c. par cycle pour le peg.
Quel G-CSF choisir ?
Pour l’EORTC, le filgrastim, le lénograstim et le peg
sont cliniquement efficaces, et leur utilisation est
recommandée, lorsqu’elle est indiquée, afin de prévenir
la NF et ses éventuelles complications [1,18].
Certaines études suggèrent que le taux de NF
pourrait être plus faible chez les pts traités par peg
en comparaison à ceux traités par filgrastim
[7,8,11,12,24,25].
Rappelons l’étude princeps de Vogel et al. sur le
cancer du sein avec le peg, dont l’objectif était la
réduction de l’incidence de la NF chez des ptes atteintes
de cancer du sein (stades II à IV), les résultats ont montré
une diminution de 94 % de l’incidence de la NF sur
l’ensemble des cycles, moins d’hospitalisations liées à
la NF (14 % sous placebo vs 1 % sous peg [p < 0,001]) et
un moindre recours aux anti-infectieux, 10 % sous
placebo vs 2 % sous peg (p < 0,001) [23].
Athar et al. ont étudié l’incidence de la NF selon le
jour de l’administration du peg [3]. Basées sur quelques
petites études dans le cancer du sein, et le lymphome
non hodgkinien montrant qu’il existe un risque accru de
NF si le peg est utilisé le même jour que la chimiothérapie plutôt que 24 heures après, 64 injections ont
été réalisées au cours de 212 cycles de chimiothérapie.
Le sex-ratio était de 97 % d’hommes pour 3 % de
femmes, l’âge moyen étant de 70 ans. Les pathologies
dont étaient porteurs les pts consistaient en lymphomes
malins non hodgkinien, 42 % ; en carcinomes bronchiques à petites cellules, 18 % ; en cancers bronchiques non à petites cellules, 14 % et en maladie de
Hodgkin, en adénocarcinomes d’origine indéterminée
et en myélomes multiples, 4 % chacun. Dix-sept pts
(27 %) avaient été traités par radiothérapie antérieure
ou concomitante. Le pegfilgrastim a été administré le j1
de la chimiothérapie dans 112 cycles, soit 53 % et après
le j1 pour 100 cycles, soit 47 %. L’incidence de la NF a
été de 5 sur 112, soit 4,5 % lorsque le peg a été
administré à j1 et 5 % lorsqu’il a été administré
ultérieurement.
Conclusion : pas de différence significative selon le
jour d’administration.
Hartmann et al. ont présenté une étude randomisée
concernant l’utilisation du peg au j4 de la chimiothérapie chez des pts traités pour lymphome malin non
hodgkinien diffus à larges cellules par R–CHOP comparée à l’administration à j2 (pts âgés) qui a montré, chez
103 pts évaluables, 51 pts recevant le peg en j2 et 52 en
j4, qu’il y avait moins de neutropénies, moins d’infections et moins de décès associés au traitement chez les
pts recevant le traitement à j4 au lieu de j2 [9]. Cela reste
à démontrer dans le cancer du sein.
Le filgrastim, le lénograstim et le peg sont cliniquement efficaces, et l’EORTC recommande l’utilisation de
l’un ou l’autre de ces trois produits, lorsqu’elle est
indiquée, afin de prévenir la NF et ses éventuelles
complications.
Il existe peu de différences d’importance clinique
entre les trois produits (recommandation de grade A).
La NCCN (myeloid growth factors) a mis à jour ses
recommandations en janvier 2009. Les indications sont
sensiblement les mêmes que pour les deux autres
sociétés.Tableau 2. Cet algorithme représente une
interprétation combinée des recommandations de
l’ASCO et de l’EORTC de 2006. Les facteurs les plus
importants ont une évidence de niveau I/II selon l’EORTC.
Limites et risques
Hémopathies induites
Les facteurs de croissance donnés avec les chimiothérapies seraient associés à un risque accru
d’hémopathies.
Un article paru dans le JNCI et relayé par la grande
presse américaine a été à l’origine d’une polémique
[10].
Les femmes traitées par chimiothérapie pour un
cancer du sein, qui reçoivent des facteurs de croissance,
RECOMMANDATIONS / RECOMMENDATIONS
673
674
ONCOLOG IE
présenteraient un risque accru de développer
une leucémie myéloblastique aiguë ou un syndrome
myélodysplasique.
Selon les auteurs, le risque absolu est faible, mais il
doit être pris en considération lors des décisions
thérapeutiques.
Comme le nombre de femmes traitées pour un
cancer du sein par chimiothérapie adjuvante avec
prévention par G-CSF augmente, Hershman et al. ont
cherché à déterminer l’association entre ces facteurs
de croissance et le risque de leucémie myéloblastique
aiguë et de syndrome myélodysplasique chez les
femmes traitées pour un cancer du sein de stade
précoce par chimiothérapie [10].
En utilisant les données du programme SEER
(surveillance, epidemiology and end results), ils ont
identifié 5 510 femmes, âgées de 65 ans et plus, traitées
par chimiothérapie, entre 1991 et 1999. Au total, 906
ptes (16 %) avaient été traitées par au moins une cure
de G-CSF (832), de GM-CSF (29) ou des deux (49).
Parmi elles, 16 ptes (1,77 %) ont développé une
leucémie myéloblastique aiguë ou un syndrome myélodysplasique contre 48 (1,04 %) des 4 604 femmes
n’en ayant pas reçu.
Le risque était donc doublé en cas de prise de
GM-CSF ou de G-CSF.
« Notre étude démontre que le surrisque de leucémie myéloblastique aiguë ou de syndrome myélodysplasique associé à la chimiothérapie adjuvante pourrait
être encore augmenté par l’utilisation concomitante de
ces facteurs de croissance » ajoutent les auteurs.
Toutefois, ils notent que le risque absolu reste faible.
« Même si cette association est confirmée, les bénéfices
des facteurs de croissance sont bien supérieurs aux
risques. Ils concluent que les facteurs de croissance ne
doivent pas être considérés comme dénués de tout
risque ».
Douleurs osseuses
Elles sont fréquentes après administration de G-CSF,
souvent modérées, elles sont en général bien contrôlées par administration de paracétamol ou d’antalgiques de niveau 2. Cependant, parfois, on doit changer
de produit lors du cycle suivant.
Pour Papaldo et al., lorsque l’on compare l’injection
d’une dose standard de G-CSF avec des schémas
d’administration moins fréquents, on peut également
prévenir la survenue de la NF et des retards d’administration de la CT et diminuer ainsi les douleurs osseuses
et la fièvre [16]. Cet essai n’était pas randomisé, il s’agit
d’une étude basée sur des observations, dont les
résultats devraient donc être considérés comme générateurs d’hypothèses. Comme souligné par Djulbegovic
et al., comme l’incertitude préjudice/bénéfice des
options de traitement alternatives est élevée, s’ils sont
prouvés aussi efficaces, des injections de G-CSF moins
fréquentes pourraient avoir un impact significatif sur le
coût de traitement [6].
G-CSF et augmentation du CA-15/3
Plusieurs publications ont rapporté l’élévation du CA
15/3 associée à l’administration de G-CSF.
Le CA-15/3 est un marqueur tumoral régulièrement
utilisé dans la surveillance des ptes traitées pour cancer
du sein, en particulier en phase avancée ou métastatique. Il est un épitope de la mucine MUC1. Ces ptes sont
souvent traitées par chimiothérapie et susceptibles de
recevoir en soutien du G-CSF. Briasoulis et al. ont suivi
57 ptes opérées d’un cancer du sein de stades II à III,
traitées par chimiothérapie adjuvante densifiée avec
administration de G-CSF [4]. La valeur limite supérieure
de la normale avec le test utilisé est de 31,3 U/ml. Il a été
observé une augmentation de plus de 100 % du taux de
Ca-15/3, statistiquement significative, par rapport à la
valeur préchimiothérapique chez toutes les ptes. Le taux
retombe ensuite au niveau préthérapeutique dans les
deux mois suivant la chimiothérapie administrée avec
le G-CSF. Après un suivi médian de 32 mois, dix ptes
ont rechuté : leur valeur moyenne de CA-15/3 avant
traitement est de 17 U/ml, avec une augmentation
maximale de 142 % sous traitement avec G-CSF et un
retour à une moyenne de 17 U/ml dans les deux mois
suivant la fin de l’administration du G-CSF. Le taux de
CA-15/3 de ces ptes, lors du traitement adjuvant, n’est
pas statistiquement différent de celui des ptes vivantes
sans rechute lors de ce même traitement adjuvant. Cette
augmentation du CA-15/3, lors d’un traitement par
G-CSF, est liée à une augmentation de l’expression de
MUC1 par les neutrophiles [17].
Saura et al. ont étudié 74 ptes traitées selon un
schéma dose-dense pour cancer du sein avec ou sans
G-CSF : 4 × AC suivis de 4 × paclitaxel toutes les deux
semaines avec G-CSF (cohorte A = pegfilgrastim,
cohorte B = filgrastim) ou bien suivant un schéma
toutes les trois semaines sans G-CSF (cohorte C) [19].
Les taux de CA-15/3 posttraitement ont été comparés. Ils
constatent une différence significative dans les taux de
CA-15/3 entre les bras A et C, mais pas de différence
entre les bras A et B. Les auteurs suggèrent que ces
élévations du CA-15/3 pourraient être dues à une
augmentation de l’expression du gène MUC1 par les
neutrophiles dans les groupes recevant du G-CSF. Cette
élévation est transitoire et ne devrait pas entraı̂ner
d’inquiétude chez le médecin et la pte.
Qualité de vie
L’impact des G-CSF sur la qualité de vie a été moins bien
étudié.
Thatcher et al. ont montré que la palliation des
symptômes et la qualité de vie étaient identiques chez
des pts traités pour cancer bronchique à petites cellules
selon un schéma conventionnel toutes les trois semaines ou selon un protocole dose-intense tous les
15 jours avec support par G-CSF [21]. Des études
complémentaires sont, bien sûr, nécessaires.
Conclusion
La NF est une complication fréquente des chimiothérapies. Elle est responsable d’une morbimortalité
importante.
Le bénéfice de l’utilisation des G-CSF semble acquis.
Il est vrai que, depuis dix ans, les G-CSF ont permis
une réduction importante de la survenue de neutropénies chimio-induites et, surtout, de la mortalité liée aux
infections. Les grandes sociétés internationales ont
émis des recommandations permettant de rationaliser
leur utilisation.
Références
1. Aapro MS, Cameron DA, Pettengell R, et al. (2006) EORTC
guidelines for the use of granulocyte-colony stimulating factor to
reduce the incidence of chemotherapy-induced febrile neutropenia in adult patients with lymphomas and solid tumors. Eur J
Cancer 42(15): 2433-53
2. Adams JR, Angelotta C, Bennett CL (2006) When the risk of febrile
neutropenia is 20%, prophylactic colony-stimulating factor use is
clinically effective, but is it cost-effective? J Clin Oncol 24(19):
2975-7
3. Athar U, Rajan A, Gajra A, Lynch TP (2007) Incidence of febrile
neutropenia (FN) is not altered by the day of administration of
pegfilgrastim (peg). J Clin Oncol ASCO Ann Meet Proc 25(18S):
19636
4. Briasoulis E, Andreopoulou E, Tolis CF, et al. (2001) G-CSF induces
elevation of circulating CA 15-3 in breast carcinoma patients
treated in an adjuvant setting. Cancer 91(5): 909-17
5. Citron ML, Berry DA, Cirrincione C, et al. (2003) Randomised trial of
dose-dense vs conventionally scheduled and sequential vs
concurrent combination chemotherapy as postoperative adjuvant
treatment of node-positive primary breast cancer: first report of
Intergroup Trial C9741/Cancer and Leukemia Group B Trial 9741.
J Clin Oncol 21(8): 1431-9
6. Djulbegovic B, Frohlich A, Bennett CL (2005) Acting on imperfect
evidence: how much regret are we ready to accept? J Clin Oncol
23(28): 6822-5
7. Green MD, Koelbl H, Baselga J, et al. (2003) A randomised double
blind multicenter phase III study of fixed-dose single-administration pegfilgrastim vs daily filgrastim in patients receiving
myelosuppressive chemotherapy. Ann Oncol 14(1): 29-35
8. Grigg A, Solal-Celigny P, Hoskin P, et al. (2003) Open-label,
randomised study of pegfilgrastim vs daily filgrastim as an adjunct
to chemotherapy in elderly patients with non-Hodgkin’s lymphoma.
Leuk Lymphoma 44(9): 1503-8
9. Hartmann F, Zeynalova S, Nickenig C, et al. Peg-filgrastim (Peg-F)
on day 4 of (R-)CHOP-14 chemotherapy compared to day 2 in
elderly patients with diffuse large B-cell lymphoma (DLBCL):
results of a randomised trial of the German high-grade nonHodgkin’s lymphoma study group (DSHNHL). ASCO 2007
(abstract 19511)
10. Hershman D, Neugut AI, Jacobson JS, et al. (2007) Acute myeloid
leukemia or myelodysplastic syndrome following use of granulocyte colony-stimulating factors during breast cancer adjuvant
chemotherapy. JNCI 99(3): 196-205
11. Holmes FA, Jones SE, O’Shaughnessy J, et al. (2002a)
Comparable efficacy and safety profiles of once-per-cycle
pegfilgrastim and daily injection filgrastim in chemotherapyinduced neutropenia: a multicenter dose-finding study in women
with breast cancer. Ann Oncol 13(6): 903-9
12. Holmes FA, O’Shaughnessy JA, Vukelja S, et al. (2002b) Blinded,
randomised, multicenter study to evaluate single administration
pegfilgrastim once per cycle vs daily filgrastim as an adjunct to
chemotherapy in patients with high-risk stage II or stage III–IV
breast cancer. J Clin Oncol 20(3): 727-31
13. Kuderer NM, Dale DC, Crawford J, et al. (2006) Mortality,
morbidity and cost associated with febrile neutropenia in adult
cancer patients. Cancer 106(10): 2258-66
14. Kuderer NM, Dale DC, Crawford J, Lyman GH (2007) Impact of
primary prophylaxis with granulocyte colony-stimulating factor on
febrile neutropenia and mortality in adult cancer patients
receiving chemotherapy: a systematic review. J Clin Oncol
25(21): 3158-67
15. NCCN (2009) Practice guidelines in oncology. Myeloid growth
factors v1
16. Papaldo P, Lopez M, Marolla P, et al. (2005) Impact of five
prophylactic filgrastim schedules on hematologic toxicity in early
breast cancer patients treated with epirubicin and cyclophosphamide. J Clin Oncol 23(28): 6908-18
17. Pentheroudakis G, Malamou-Mitsi V, Briasoulis E, et al. (2004) The
neutrophil, not the tumor: serum CA 15-3 elevation as a result of
granulocyte: colony-stimulating factor-induced neutrophil MU1C
overexpression and neutrophilia in patients with breast carcinoma receiving adjuvant chemotherapy. Cancer 101(8): 1767-75
18. Repetto L, Biganzoli L, Koehne CH, et al. (2003) EORTC cancer in the
elderly task force guidelines for the use of colony-stimulating factors
in elderly patients with cancer. Eur J Cancer 39(16): 2264-72
19. Saura C, Vilar E, Cortes J, et al. (2006) Pegfilgrastim induces
elevation of serum CA-15/3 in breast carcinoma patients after
receiving dose-dense adjuvant chemotherapy. J Clin Oncol ASCO
Ann Meet Proc 24(18S): 8595
20. Smith TJ, Khatcheressian J, Lyman GH, et al. (2006) 2006 update
of recommendations for the use of white blood cell growth
factors: an evidence-based clinical practice guideline. J Clin
Oncol 24(19): 3187-205
21. Thatcher N, Girling DJ, Hopwood P, et al. (2000) Improving survival
without reducing quality of life in small-cell lung cancer patients by
increasing the dose-intensity of chemotherapy with granulocytecolony-stimulating factor support: results of a British Medical Research
Council Multicenter Randomised Trial – Medical Research Council
Lung Cancer Working Party. J Clin Oncol 18(2): 395-404
22. Timmer-Bonte JN, de Boo TM, Smit HJ, et al. (2005) Prevention of
chemotherapy-induced febrile neutropenia by prophylactic antibiotics plus or minus granulocyte colony-stimulating factor in
small-cell lung cancer: a Dutch Randomised Phase III Study.
J Clin Oncol 23(31): 7974-84
23. Vogel CL, Mackey R, Martin M (2004) The role of growth factor
support following neutropenic events in early stage breast cancer
(BC) patients treated with adjuvant docetaxel, doxorubicin and
cyclophosphamide (TAC): a sub-analysis of BCIRG 001. J Clin Oncol
ASCO Ann Meet Proc (Post-Meeting Edition) 22(14S): 677
24. von Minckwitz G, Kümmel S, du Bois A, et al. (2008)
Pegfilgrastim ± ciprofloxacin for primary prophylaxis with TAC
(docetaxel–doxorubicin–cyclophosphamide) chemotherapy for
breast cancer. Results from the GEPARTRIO Study. Ann Oncol
19(2): 292-8
25. Vose JM, Crump M, Lazarus H, et al. (2003) Randomised,
multicenter, open-label study of pegfilgrastim compared with
daily filgrastim after chemotherapy for lymphoma. J Clin Oncol 21
(3): 514-9
26. Zielinski CC, Awada A, Cameron DA, et al. (2008) The impact of
new European Organisation for Research and Treatment of
Cancer guidelines on the use of granulocyte colony-stimulating
factor on the management of breast cancer patients. Eur
J Cancer 44(3): 353-65
RECOMMANDATIONS / RECOMMENDATIONS
675
676
Érythrodysesthésie palmoplantaire
(syndrome palmoplantaire)
ONCOLOG IE
Groupe de travail : D. Mayeur, F. Scotté
Introduction
Le syndrome palmoplantaire est une toxicité de nombreux traitements utilisés dans le cadre du cancer du
sein. De nombreuses propositions existent pour soulager cet effet indésirable, bien que les données validées
manquent. Il a semblé important de faire une revue de la
littérature et de proposer ces recommandations de
prise en charge afin de soulager les patientes de façon
optimale. L’impact fonctionnel du syndrome palmoplantaire (appelé également érythrodysesthésie palmoplantaire [PPE]) est majeur et peut entraı̂ner, pour le
patient, une perte complète d’autonomie lors des gestes
de la vie courante aussi simples que marcher ou
prendre un verre. Au-delà des chimiothérapies telles
que les taxanes, le 5-FU ou les anthracyclines, les
thérapies ciblées sont d’importantes pourvoyeuses de
cette toxicité qui reste toujours d’actualité.
Épidémiologie
Substances en cause
Chimiothérapies
Trois grandes classes de chimiothérapies sont à l’origine
d’une PPE. Les deux formes galéniques du 5-FU, orale ou
intraveineuse, peuvent causer cet effet indésirable. La
capécitabine notamment, dont le schéma initial était
une administration 14 sur 21 jours à la posologie de
2 500 mg/m2 par jour, avait une incidence de grades 3 et 4
évaluée de 8 à 24 % [1,28]. Cette incidence importante de
grades sévères de toxicité a amené les équipes à modifier
très rapidement leurs schémas d’administration du produit. Le tégafur occasionne plus rarement ce syndrome.
Le docétaxel est également en cause dans la
survenue d’un syndrome palmoplantaire avec une
incidence là encore dose-dépendante. À la posologie
de 100 mg/m2, l’incidence d’une PPE est élevée (56 %
des patients), avec 6 % de grades 3 et 4. À la dose de
75 mg/m2, l’incidence est plus faible, évaluée à 15 %
dont 1 % de grades 3 et 4.
La troisième grande classe de chimiothérapie
employée dans la lutte contre le cancer du sein, et
occasionnant un syndrome palmoplantaire, est celle de
la doxorubicine liposomale pégylée [32]. La fréquence
d’une PPE avec cette molécule est évaluée à 45 % dont
moins d’1 % de grade 4. Là encore, peut-être en raison
de l’expérience de la capécitabine, les équipes ont très
rapidement réévalué les doses à administrer.
Traitements ciblés
Le lapatinib est reconnu pour entraı̂ner une atteinte
cutanée comme les autres traitements ciblés. Autorisé
en premier lieu dans le traitement du cancer du sein, il
présente une toxicité importante à type de PPE,
notamment. Cette toxicité propre, évaluée à 40 % des
patients, est importante à connaı̂tre, puisque sa prescription est associée à la capécitabine [2,13].
Certains facteurs de risque sont connus pour majorer
le risque de survenue d’une PPE [15,19,28]. La prescription associée de plusieurs substances anticancéreuses
majore le risque de survenue d’un syndrome palmoplantaire, notamment pour le docétaxel et la capécitabine. La vinorelbine majore également le risque de PPE
lié à la capécitabine. L’âge et la posologie sont les autres
facteurs de risque retrouvés pour cette chimiothérapie
orale. La dose et les traumatismes majorent la toxicité
liée à la doxorubicine liposomale pégylée [22].
Classification des toxicités
Deux classifications sont proposées pour évaluer et
donner un grade de toxicité au syndrome palmoplantaire. La première est celle du National Cancer Institute,
largement utilisée avec une description clinique associée à l’évaluation du retentissement sur l’activité
quotidienne. La seconde, publiée par l’Organisation
mondiale de la santé, s’attache beaucoup plus à une
description précise de la présentation clinique et de
l’impact douloureux du syndrome. Ces toxicités sont
présentées dans le Tableau 1.
Diagnostic
Clinique
La description clinique correspond à la définition de la
PPE ou syndrome palmoplantaire. Il s’agit d’un érythème évolutif et extensif sur les paumes des mains et
les plantes des pieds. Cette rougeur s’accompagne de
douleurs à type de brûlures, de l’apparition de phlyctènes pouvant évoluer en bulles avec desquamation. La
limitation fonctionnelle est classique dans ce syndrome
avec un risque de perte d’autonomie et un retentissement social majeur pour les patients touchés.
Hypothèses physiopathologiques
L’hypothèse principale proposée de niveau 4C est une
hyperexpression de la thymidine phosphorylase dans la
couche basale de l’épiderme [10,16]. La faible expression palmaire de la dihydropyrimidine-déshydrogénase
expliquerait également la prévalence palmaire de ce
syndrome.
L’histologie des tissus atteints a été évaluée sur un
faible nombre de patients, limitant à un grade 4B le
Tableau 1. Classification NCI et OMS (WHO) du syndrome palmoplantaire
AE
1
2
3
4
NCI
Minimal skin changes of
dermatitis (erythema, peeling)
with altered sensations
(numbness, tingling, burning)
that do not interfere with ADL
Dysesthesia/paraesthesia
tingling of hands and feet
Skin changes present with
accompanying pain interfering little with ADL; skin surface remains intact
Ulcerative dermatitis or skin
changes with severe pain
interfering with ADL; tissue
breakdown is evident (peeling,
blisters, bleeding, edema
Painfull erythema and swelling
of palms and soles, periungual
erythema and swelling
–
WHO
Discomfort in holding objects
and upon walking, painless
swelling or erythema
Desquamation,
ulceration,
blistering,
severe pain
AE = Adverse event; NCI = National Cancer Institute; WHO = World Health Organisation.
niveau de preuve scientifique [12,26,31,32]. On retrouve
lors de l’analyse tissulaire :
pégylée est prescrite à 10 mg/m2 par semaine sans
impact sur le bénéfice attendu.
– une dégénérescence vacuolaire de la couche
basale de l’épithélium ;
Les règles hygiéniques sont largement retrouvées
dans la pratique courante sans qu’il n’y ait de littérature
abondante pour valider ces attitudes [11,19,21,32]. En
raison du bon sens clinique et de l’expérience des
produits, un accord de professionnels est proposé pour
l’utilisation de ces règles.
– une nécrose des kératinocytes ;
– un œdème du derme papillaire ;
– une infiltration lymphohystiocytaire ;
– une infiltration périvasculaire de lymphocytes et
d’éosinophiles ;
– une syringométaplasie eccrine ;
– un transport des substances par les glandes
sudoripares palmoplantaires.
Approche thérapeutique
Pratique courante, niveaux de preuve
De nombreuses propositions de traitements ont été
testées depuis plusieurs années. Certaines ont été
généralisées dans la pratique courante, d’autres font
partie de conduites à tenir propres à certains services,
quelques principes actifs, enfin, sont testés au travers
d’études cliniques.
L’adaptation de dose est largement retrouvée dans
la littérature avec un niveau de preuve 2 (grade B)
[3,7,8,14,21,27,29,32]. La modification de posologie
consiste le plus souvent en une diminution de 25 % de
la dose dès l’initiation du traitement, tel que l’a proposé
l’équipe du MD Anderson [14]. La capécitabine est ainsi
prescrite à 2 000 mg/m2 14 sur 21 jours au lieu des
2 500 mg/m2 initiaux, et la doxorubicine liposomale
L’utilisation du froid, en prévention de la survenue
d’une PPE, a été testée au cours d’études randomisées avec un niveau de preuve 2, recommandation de
grade B [23,24,30]. L’effectif de ces études était
malheureusement limité. Les moufles ont apporté
un bénéfice lors des perfusions de docétaxel (effet
non retrouvé pour les chaussons en raison d’une
puissance trop faible de l’étude). L’utilisation d’un
bandeau de poignet réfrigérant a été proposée avec
bénéfice lors des traitements par doxorubicine liposomale pégylée.
Les prises de corticoı̈des oraux ont un intérêt curatif,
en limitant l’inflammation et le retentissement douloureux et fonctionnel d’une PPE [4,6,32]. Si le niveau de
preuve est coté à 2 (grade B) pour la corticothérapie
orale, elle n’a pas de validation pour leur application
locale, classant la recommandation en grade C (niveau
de preuve 4) [9].
L’utilisation de pommades appliquées localement,
le plus souvent à base d’émollients, obtient un niveau
de preuve 4, recommandation C. On retrouve l’utilisation de crèmes à la diphénhydramine ou des préparations à base de Petroleum®–lanoline et du sulfate
d’hydroxyquinoline qui pourraient avoir un intérêt. Les
préparations à base d’urée sont également proposées
Tableau 2. Adaptation de dose de capécitabine, d’après Hennessy et al. [14]
Toxicité
Grade 2
Grade 3
1re
Stop jusqu’à résolution (g 0/1)
Reprise avec mesures symptomatiques et prévention
Stop jusqu’à résolution (g 0/1)
Reprise à 75 % de dose
Stop jusqu’à résolution (g 0/1)
Reprise à 50 % de dose
Stop
Stop jusqu’à
Reprise à 75
Stop jusqu’à
Reprise à 50
Stop
2e
3e
4e
Grade 4
résolution (g 0/1)
% de dose
résolution (g 0/1)
% de dose
Si poursuite, 50 % de dose
Stop
RECOMMANDATIONS / RECOMMENDATIONS
677
678
Tableau 3. Adaptation de dose de la doxorubicine liposomale pégylée d’après Von Moos R et al. [32]
ONCOLOG IE
Grade de tox
1 et 2
3
4
Mesures
Première fois
Seconde fois
Stop jusqu’à résolution (G 0/1)
Reprise avec mesures symptomatiques et évaluation
de réduction de dose pour les cycles suivants
Stop jusqu’à résolution (G 0/1)
Reprise à 75 % de dose
Stop jusqu’à résolution (G 0/1)
Reprise à 50 % de dose
Stop jusqu’à résolution (G 0/1)
Reprise à 75 % de dose
Stop jusqu’à résolution (G 0/1)
Reprise à 50 % de dose
Stop
G : grade.
avec un niveau de preuve 4 (recommandation de grade
C) au regard de la littérature.
L’utilisation de la pyridoxine (vitamine B6) est
également répandue. Elle permettrait une réparation
de la barrière cutanée et une prévention de l’hyperplasie
épithéliale [5,25]. La pyridoxine peut être appliquée
localement sous forme de pommade ou administrée
par voie orale avec des doses habituelles de 100 à
300 mg/j. Le niveau de preuve est de 4, en raison
d’études cas-témoins, mais avec une évaluation scientifique de qualité.
D’autres principes actifs ont été proposés sans
validation scientifique et sont classés en niveau de
preuve 4 (grade C). On retrouve les patchs nicotiniques
pour leur effet vasoconstricteur [18] (recommandation
de grade C), la vitamine E à 300 mg/j [17], avec le même
niveau de preuve corroborant son impact très contesté
sur l’évolution tumorale. Le célécoxib pour son effet
anti-inflammatoire a connu un début de développement
rapidement stoppé en raison de la toxicité cardiovasculaire de sa classe thérapeutique [20].
D’autres produits sont en cours d’évaluation malgré
un développement commercial déjà actif. Ces produits
ne sont pas recommandés en attendant les résultats des
études cliniques.
Recommandations
Dans tous les cas, il est recommandé une éducation thérapeutique du patient aux règles hygiéniques
et à la surveillance de la symptomatologie spécifique.
Ces règles sont les suivantes :
application régulière de crèmes émollientes sur
les pieds et les mains ;
porter des chaussettes et des gants en coton la
nuit afin d’améliorer l’absorption de la crème ;
en dehors de ces périodes, garder la
peau découverte au maximum afin de limiter la
transpiration ;
éviter tout contact avec des irritants cutanés
(parfums, alcool, détergents) ;
éviter de porter des vêtements et des chaussures
étroits, serrés et irritants ;
éviter l’utilisation de bandages adhésifs ;
éviter les activités manuelles répétitives et la
station prolongée dans la même position ;
éviter les travaux manuels traumatisants ;
porter des gants de caoutchouc lors des tâches
ménagères ;
ne pas frotter la peau pour la sécher ;
éviter au maximum les températures extrêmes,
les pressions et les frictions ;
limiter l’exposition directe au soleil ;
surélever les membres atteints.
En prévention de la survenue du syndrome
palmoplantaire, il est recommandé de suivre ces
règles hygiéniques et de proposer une adaptation
de dose des substances utilisées.
Une application réfrigérante lors des perfusions
de chimiothérapie est également recommandée.
En curatif des syndromes palmoplantaires avérés,
il est proposé de suivre les schémas d’adaptation
de dose présentés dans les Tableaux 2 et 3. Il est
également recommandé l’utilisation d’antalgiques et
d’anti-inflammatoires oraux par corticoı̈des afin de
limiter le retentissement fonctionnel d’une PPE.
On proposera également en ce sens de poursuivre
les mesures de prévention, d’immerger régulièrement
les pieds et les mains dans des bains d’eau tiède, et
d’appliquer des compresses froides pour soulager la
symptomatologie.
Références
1. Blum JL, Jones SE, Buzdar AU, et al. (1999) Multicenter phase II
study of capecitabine in paclitaxel refractory metastatic breast
cancer. JCO 17: 485-93
2. Chu QSC, Schwartz G, De Bono J, et al. (2007) Phase I and
pharmacokinetic study of lapatinib in combination with capecitabine in patients with advanced solid malignancies. JCO 25: 3753-58
3. Coleman RE, Biganzoli L, Canney P, et al. (2006) A randomized phase II
study of two different schedules of pegylated liposomal doxorubicin in
metastatic breast cancer (EORTC-0993). Eur J Cancer 42: 882-7
4. Coleman RL, Lin WM, Miller DS, et al. (2001) Oral dexamethasone
(DMS) attenuates doxil induced palmar plantar erythema (PPE) in
patients with recurrent gynecologic malignancies. Proc Am Soc
Clin Oncol 20: 883
5. Denda M, Inoue K, Fuziwara S, et al. (2002) P2X purigenic receptor
antagonist accelerates skin barrier repair and prevents epidermal
hyperplasia induced by skin barrier disruption. J Invest Dermatol
119: 1034-40
6. Drake RD, Lin WM, King M, et al. (2004) Oral desamethasone attenuates
doxil induced palmar plantar erythrodysesthesias (PPE) in patients with
recurrent gynecologic malignancies. Gynecol Oncol 94: 320-4
7. El-Helw L, Coleman RE (2005) Reduced dose capecitabine is an
effective and well tolerated treatment in patients with metastatic
breast cancer. Breast 14: 368-74
8. Ershler WB (2006) Capecitabine monotherapy safe and effective
treatment for metastatic breast cancer. Oncologist 11: 325-35
9. Esteve E, Schillio Y, Vaillant L, et al. (1995) Efficacité de la corticothérapie
séquentielle dans un cas d’érythème acral douloureux secondaire
au 5-fluoro-uracile à fortes doses. Ann Med Intern (Paris) 146: 192-3
10. Ferrero JM, Lassalle S, Mari M, et al. (2006) Hand foot syndrome
(HFS) in patients receiving capecitabine: a pharmacological
explanation. JCO 24: 2019
11. Gerbrecht BM (2003) Current Canadian experience with capecitabine:
partnering with patients to optimize therapy. Cancer Nurs 26: 161-7
12. Gressett SM, Stanford BL, Hardwicke F (2006) Management of hand foot
syndrome induced by capecitabine. J Oncol Pharm Pract 12: 131-41
13. Heidary N, Naik H, Burgin S (2008) Chemotherapeutic agents and
the skin: an update. J Am Acad Dermatol 58: 545-70
14. Hennessy BT, Gauthier AM, Michaud LP, et al. (2005) Lower dose
capecitabine has a more favorable therapeutic index in
metastatic breast cancer. Retrospective analysis of patients
treated at MD Anderson Cancer Center and review of
capecitabine toxicity in the literature. Ann Oncol 16: 1289-96
15. Heo YS, Chang HM, Kim TW, et al. (2004) Hand foot syndrome in
patients treated with capecitabine containing combination
chemotherapy. J Clin Pharmacol 44: 1166-72
16. Juneja V, Black G, Thornton J, et al. (2006) Hand foot syndrome
(HFS) in patients treated with capecitabine (CAP) and the role of
thymidine phosphorylase (TP) and dihydropyrimidine dehydrogenase (DPD). JCO 24: S615
17. Kara IO, Sahin B, Erkisi M (2006) Palmar plantar erythrodysesthesia due to docetaxel capecitabine therapy is treated with
vitamin E without dose reduction. The Breast 15: 414-24
18. Kingsley EC (1994) Fluoro-uracil dermatitis prophylaxis with a
nicotine patch. Ann Intern Med 120: 813
19. Lassere Y, Hoff P (2004) Management of hand-foot syndrome in
patients treated with capecitabine (Xeloda®). Eur J Oncol
Nursing 8: S31–S40
20. Lin E (2002) Effect of celecoxib on capecitabine induced hand foot
syndrome and antitumor activity. Oncology 16: 31-7
21. Lorusso D, Di Stefano A, Carone V, et al. (2007) Pegylated
liposomal doxorubicin related palmar plantar erythrodysesthesia
(hand-foot syndrome). Ann Oncol 18: 1159-64
22. Lyass O, Uziely B, Ben-Yocef R, et al. (2000) Correlation of
toxicity with pharmacokinetics of pegylated liposomal doxorubicin (Doxil®) in metastatic breast carcinoma. Cancer 89:
1037-47
23. Mangili G, Petrone M, Gentile C, et al. (2008) Prevention strategies
in palmar plantar erythrodysesthesia onset: the role of regional
cooling. Gynecol Oncol 108(2): 332-5
24. Molpus KL, Anderson LB, Craig CL, et al. (2004) The effect of
regional cooling on toxicity associated with intravenous infusion
of pegylated liposomal doxorubicin in recurrent ovarian cancer.
Gynecol Oncol 93: 513-6
25. Mortimer JE, Lauman MK, Tan B, et al. (2003) Pyridoxine
treatment and prevention of hand foot syndrome in patients
receiving capecitabine. J Oncol Pharma Pract 9: 161-6
26. Rongioletti F, Balletrero A, Bogliolo F, et al. (1991) Necrotizing
eccrine squamous syringometaplasia presenting as acral erythema. J Cutan Pathol 18: 453-6
27. Rossi D, Alessandroni P, Catalano V, et al. (2007) Safety profile
and activity of lower capecitabine dose in patient s with
metastatic breast cancer. Clin Breast Cancer 7: 857-60
28. Saif MW, Elfiky AA (2007) Identifying and treating fluoropyrimidineassociated hand and foot syndrome in white and non-white patients.
J Support Oncol 5: 337-43
29. Scheithauer W, Blum J (2004) Coming to grips with hand foot
syndrome: insights from clinical trials evaluating capecitabine.
Oncology 18: 1161-8
30. Scotté F, Tourani JM, Banu E, et al. (2005) Multicenter study of a
frozen glove to prevent docetaxel-induced onycholysis and
cutaneous toxicity of the hand. JCO 23(19): 4424-29
31. Valks R, Fraga J, Porras-Luque J, et al. (1997) Chemotherapy
induced eccrine squamous syringometaplasia: a distinctive
eruption in patients receiving hematopoietic progenitor cells.
Arch Dermatol 133: 873-8
32. Von Moos R, Thuerlimann BJK, Aapro M, et al. (2008) Pegylated
liposomal doxorubicin associated hand foot syndrome: recommendations of an international panel of experts. Eur J Cancer 44: 781-90
Toxicité unguéale
Groupe de travail : D. Mayeur, F. Scotté
Introduction
La toxicité unguéale liée aux traitements dans le cancer
du sein est décrite depuis longtemps, mais n’a vraiment
été mise en avant que depuis le traitement par
docétaxel, pourvoyeur de choix de ce type d’effet
indésirable. Cette toxicité est importante par ailleurs
en raison de sa fréquence et de l’impact sur la poursuite
ou non des traitements, mais également en raison de la
gêne occasionnée pour les patientes et du retentissement sur l’activité quotidienne, l’image corporelle et la
resocialisation des patientes après traitement. L’essor
actuel des thérapies ciblées fait apparaı̂tre de nouvelles
toxicités dont l’atteinte unguéale qui est également
décrite. L’objectif de ces recommandations est de faire
un état des lieux épidémiologique, physiopathologique
de cette toxicité, d’évaluer les pratiques courantes et les
traitements validés pour proposer une démarche
thérapeutique de qualité.
Épidémiologie
Incidence
Les seules données statistiques disponibles sur
l’atteinte unguéale sont celles décrites pour le docétaxel
RECOMMANDATIONS / RECOMMENDATIONS
679
ONCOLOG IE
680
[8,9,11]. On retrouve une évaluation chiffrée pour le
paclitaxel [8] et pour les inhibiteurs d’EGFR [3]. Des
données de cas ont été publiées avec les anthracyclines,
le 5-FU et ses prodrogues (capécitabine), ainsi qu’avec
la bléomycine et le méthotrexate.
l’ongle ou une chute partielle, mais entraı̂nant un
retentissement sur l’activité quotidienne des patients.
La classification est présentée dans le Tableau 1.
L’incidence de la toxicité unguéale s’élève jusqu’à
51 %, dont 22 % d’onycholyse au niveau des mains [9],
et 21 % dont 6 % d’onycholyse pour les pieds [8].
Diagnostic
On retrouve un impact dose-dépendant avec une
incidence des symptômes qui se majore après le
cinquième cycle jusqu’à 85,7 % pour les mains (dont
31,4 % de grade 2) et 68,6 % pour les pieds (dont 25,7 %
de grade 2) [11]. L’importance et la fréquence de cette
toxicité doivent imposer aux équipes une vigilance
particulière et une prise en charge adaptée, notamment
en cas de traitement prolongé avec le docétaxel.
Le diagnostic de toxicité unguéale se fait par examen
clinique simple des mains et des pieds des patients. Il
est donc indispensable de s’imposer un regard avant
chaque cycle de traitement ou à chaque consultation.
Les lignes de Beau sont classiques avec les chimiothérapies toxiques sur les phanères et correspondent à
un arrêt de synthèse par la matrice unguéale à chaque
administration de la chimiothérapie. Le grade 1 de
toxicité correspondant à la dyschromie résulte d’un
effet toxique sur la matrice avec activation des mélanocytes donnant cette teinte foncée au lit de l’ongle. On
peut également expliquer cette coloration par la toxicité
vasculaire de certaines chimiothérapies qui entraı̂nent
des hémorragies et hématomes sous-unguéaux.
Clinique
L’incidence avec le paclitaxel s’élève à 20 % dans
une publication en administration hebdomadaire. Cette
fréquence, bien que plus réduite, doit également
amener un regard attentif sur les extrémités des
membres [7].
L’incidence de l’atteinte unguéale par les inhibiteurs
d’EGFR s’élève à 10–15 %, essentiellement décrite avec
le cetuximab, non recommandé en routine dans les
cancers du sein [3]. Ce chiffre est la seule donnée
retrouvée avec les thérapies ciblées, mais doit imposer
une attention particulière lors de l’utilisation de plus en
plus large de ces médicaments, dont les effets indésirables commencent à être analysés.
L’onycholyse est définie comme la destruction
partielle ou complète de l’ongle. Elle résulte des
différentes altérations et agressions subies par l’ongle
et sa matrice [2,4,10].
Les paronychies sont décrites notamment avec les
thérapies ciblées et sont des inflammations des murs
latéraux de l’ongle éventuellement surinfectées [3].
Elles sont douloureuses et représentent une des
principales plaintes des patients lors des périodes de
traitement.
Aucune donnée d’incidence n’est à ce jour disponible ou analysable quant aux associations de traitements. Au regard de l’incidence retrouvée avec les
taxanes et le risque identifié d’atteinte unguéale avec les
anthracyclines et le 5-FU, on s’attend à une majoration
du risque de toxicité lors des traitements associés ou
séquentiels.
Prélèvements microbiologiques
Classification
Si l’examen clinique reste la base indispensable au
diagnostic, mais également au suivi des toxicités
unguéales, il reste une interrogation quant aux prélèvements à pratiquer.
La classification de la toxicité unguéale proposée par
le NCI (National Cancer Institute) et utilisée dans les
publications a été modifiée entre la version 2.0 et la
version 3.0. La version 3.0 intègre la notion d’impact sur
l’activité quotidienne et sépare en grade 2 la chute
partielle de l’ongle, sans interférence avec l’activité,
avec le grade 3, correspondant à une perte complète de
La pratique de prélèvements fongiques est recommandée en cas de surinfection clinique avec un grade
de recommandation B (niveau de preuve 2) [11]. Il s’agit
alors de gratter toute lésion suspecte unguéale ou subunguéale avec examen en microscopie directe et
culture sur milieu de Sabouraud. La confirmation
d’onychomycose a été évaluée à 7,4 % par Winter
Tableau 1. Grade de toxicité NCI versions 2.0 et 3.0
Adverse Event
0
1
2
3
Nail changes
version 2.0
Nail changes
version 3.0
Normal
Discoloration or ridging
or pitting
Discoloration or ridging
or pitting
Partial or complete loss of nail
or pain in nail beds
Partial loss of nail or pain in
nail beds not interfering with
function
–
Normal
Partial loss of nail or
pain in nail beds
interfering with
function or complete
loss of nail
4
–
et al. [11]. Les germes retrouvés sont Trichophyton
rubrum, mentagrophyte et Candida albicans. Ces prélèvements ne sont recommandés qu’en cas de doute
sur une surinfection fongique (accord d’experts).
Les infections bactériennes sont peu fréquentes et
se retrouvent essentiellement en cours de traitement
ciblé [1,3,4,6]. Le germe le plus en cause dans ce cas est
le Staphylococcus aureus. Il n’est pas recommandé de
pratiquer des prélèvements bactériologiques, excepté
en cas de surinfection évidente pour adapter le
traitement antibiotique (recommandation de grade C).
Aucune donnée n’a été retrouvée dans la littérature
concernant les surinfections virales. Les prélèvements
avec culture de virus ne sont donc pas recommandés.
Approche thérapeutique
mise en place de sous-gants et sous-chaussons en
papier tissé, afin d’éviter tout risque de gelure. Le
nombre limité de patients inclus (50 patients par
étude) limite le niveau de preuve à 2, mais l’impact
statistique largement significatif des résultats en fait
un grade de recommandation A pour les experts, tant
pour la protection au niveau des mains (moufles)
qu’au niveau des pieds (chaussons).
La question des traitements séquentiels par
anthracyclines–docétaxel s’est posée pour cette protection. Aucune étude n’a été menée à ce jour pour
voir l’impact d’une protection réfrigérante menée dès
le premier cycle d’anthracycline 5-FU, toutes deux
chimiothérapies pouvant causer une toxicité
unguéale. Dans l’attente d’études publiées, un accord
de professionnels est proposé pour cette utilisation, au
regard des risques impliqués par l’association séquentielle.
Pratique courante
L’utilisation de vernis protecteurs est largement répandue. Il s’agit le plus souvent de vernis durcisseurs à la
silice. L’application de crèmes nutritives à la vitamine A
est également proposée. Aucune étude n’a, à ce jour,
été publiée, mais au regard de l’expérience d’utilisation
de ces procédés, un accord de professionnels est
proposé.
Un accord de professionnels a également été
proposé pour les règles hygiéniques simples telles
que le port de chaussures confortables, l’éviction de
tout traumatisme des extrémités, une hygiène locale
rigoureuse avec soins de pédicure et de manucure. Une
désinfection régulière et attentive est également proposée dans les cas de surinfection.
Il est également proposé, dans les habitudes
courantes, une protection spécifique de la photosensibilité. Une seule étude traite de ce risque avec le
docétaxel. Il s’agit alors d’appliquer un vernis opaque et
de porter des gants également opaques afin d’éviter
toute exposition aux rayonnements UV [5]. Un grade de
recommandation bas (C) est retenu pour cette pratique.
Recommandations en traitement préventif
Les seules études, avec contrôle, publiées concernant la protection contre la toxicité unguéale utilisent
les enveloppes réfrigérantes [9,8]. Ces deux études
multicentriques case-control ont été menées auprès
de patients traités par docétaxel, en monothérapie ou
en association, aux posologies de 70 à 100 mg/m2. Le
principe consiste en l’application de moufles et de
chaussons remplis d’un gel bactériostatique placé au
congélateur à –20 C, en suivant le principe du casque
réfrigérant. L’enveloppe est placée 15 minutes avant
de démarrer la perfusion de docétaxel, changée à la
moitié de la perfusion (ou au réchauffement du gel),
jusqu’à 15 minutes après la perfusion de chimiothérapie. La protection doit débuter dès le premier cycle
de chimiothérapie par docétaxel. Le contact direct
entre l’enveloppe froide et la peau doit être évité par la
Recommandations en traitement curatif
Aucune étude publiée n’a retrouvé de traitement
curatif efficace en cas de toxicité unguéale. Un grade
de recommandation B est proposé pour l’utilisation
d’antifongiques et/ou d’antibiotiques en cas de
surinfection diagnostiquée, bien que les études
menées soient d’un niveau de preuve scientifique 4.
La doxycycline à la posologie de 100 mg/m2 est
notamment mise en avant en cas de traitement ciblé.
Non-recommandations
En raison de l’absence d’étude publiée, tout autre
produit proposé en application locale sur l’ongle, en
traitement curatif ou préventif, n’est pas recommandé.
En l’absence de publication, mais au regard du bon
sens clinique, un accord de professionnels est proposé
pour un traitement local antiseptique et la poursuite de
règles hygiéniques (soins manucure, pédicure, hygiène
locale rigoureuse, chaussures confortables, etc.).
Remarques des patientes
Le document parle beaucoup des pieds, mais peu des
mains, alors que les problèmes sont équivalents.
Références
1. Boucher KW, Davidson K, Mirakhur B, et al. (2002) Paronychie
induced by cetuximab, an antiepidermal growth factor receptor
antibody. J Am Acad Dermatol 47: 632-3
2. Correia O, Azevedo C, Pinto-Ferreira E, et al. (1999) Nail changes
secondary to docetaxel (Taxotere®). Dermatology 198: 288-90
3. Galimont-Cohen AFS, Vos LE, Lavrijsen APM, et al. (2007)
Classification and management of skin, hair, nail and mucosal
side-effect of epidermal growth factor receptor (EGFR) inhibitors.
European J of Cancer 43: 845-51
4. Heidary N, Naik H, Burgin S (2008) Chemotherapeutic agents and
the skin: an update. J Am Acad Dermatol 58: 545-70
RECOMMANDATIONS / RECOMMENDATIONS
681
ONCOLOG IE
682
5. Hussain S, Anderson DN, Salvatti ME, et al. (2000) Onycholysis as a complication of systemic chemotherapy. Cancer 88:
2367-71
6. Monti M, Mancini LL, Ferrari B, et al. (2003) Complications of
therapy and a diagnostic dilemma. Case 2. Cutaneous toxicity
induced by cetuximab. JCO 21: 4651-3
7. Perez EA, Vogel CL, Irwin DH, et al. (2001) Multicenter phase II trial
of weekly paclitaxel in women with metastatic breast cancer. JCO
19: 4216-23
8. Scotté F, Banu E, Medioni J, et al. (2008) Matched case control
phase 2 study to evaluate the use of a frozen sock to prevent
docetaxel-induced onycholysis and cutaneous toxicity of the foot.
Cancer 112(7): 1625-31
9. Scotté F, Tourani JM, Banu E, et al. (2005) Multicenter study of a
frozen glove to prevent docetaxel-induced onycholysis and
cutaneous toxicity of the hand. JCO 23(19): 4424-29
10. Spazzapon S, Crivellari D, Lombardi D, et al. (2002) Nail toxicity
related to weekly taxanes: an important issue requiring a change
in Common Toxicity Criteria Grading? JCO 21: 4404-05
11. Winther D, Saunte DM, Knap M (2007) Nail changes due to
docetaxel – a neglected side effect and nuisance for the patient.
Supportive care in cancer 15: 1191-97
Candidoses oropharyngées
Coordonnateur du groupe de travail : F. Scotté
Groupe de travail : M. Di Palma, J.-P. Durand, L. Juhel, F. Scotté
Introduction
La candidose oropharyngée (COP) complique fréquemment la mucite qui est l’inflammation de la sphère
buccale. C’est un effet indésirable habituel des traitements anticancéreux. Le retentissement fonctionnel est
important, puisqu’il altère les fonctions de la bouche, à
savoir les capacités d’élocution et les apports alimentaires oraux. Le patient sera donc gêné dans ses
relations sociales mais également dans ses apports
nutritionnels avec risque d’amaigrissement rapide. Elle
peut évoluer avec une extension œsophagienne et
devenir invasive par candidémie, après passage de la
barrière hématique. Le pronostic vital est alors engagé ;
il est donc important d’éviter tout retard de diagnostic et
de traitement adapté spécifique. Si la littérature est peu
abondante dans le cadre du traitement de cette infection
dans le domaine carcinologique, il est possible de
s’appuyer sur les travaux menés par les équipes dans le
domaine du VIH qui proposent des référentiels de prise
en charge très documentés.
en 1998 à 62 % en 2003. On retrouve alors l’émergence
de souches de candida non albicans, telles que Candida
krusei et Candida glabrata, plus résistantes au traitement habituel par fluconazole [2,12].
Les facteurs de risque impliqués dans la COP sont la
localisation primitive du cancer et/ou une maladie sousjacente, les facteurs iatrogènes et des facteurs environnementaux [4,9,13].
Facteurs liés à une pathologie
– Localisation primitive du cancer (ORL, digestif
d’incidence supérieure au cancer du sein) ;
– hémopathies, par atteintes des lignées granuleuses ;
– altérations immunohématologiques, par neutropénie et fragilisation des muqueuses ;
– infections bactériennes et virales par fragilisation
des tissus (immunodépression du VIH) et par le
traitement reçu (antibiotiques) ;
– endocrinopathies (diabète, etc.) ;
Épidémiologie
La COP toucherait 66 % des patients atteints de cancer à
un stade avancé de la maladie, selon une étude menée
par Davies et al. [6]. Les patientes traitées pour un
cancer du sein seraient peu touchées par cette complication, avec seulement 12 % de candidoses retrouvées
dans cette localisation primitive, alors que 56 à 75 % des
patients traités pour un cancer ORL souffriraient d’une
COP [13]. Le type de candida le plus fréquemment
retrouvé est encore le Candida albicans, avec apparition de souches devenant résistantes au fluconazole
[6,10]. Néanmoins, il apparaı̂t que 83 % de patients
serait infectés par candida à une phase évoluée de leur
maladie néoplasique, quelle que soit la localisation
primitive de leur cancer.
L’écologie fongique lors des candidoses invasives,
évaluée dans le cadre du programme de surveillance
ARTEMIS, retrouve 17 espèces différentes de candidas
avec une proportion majoritaire de Candida albicans
[8]. Cette proportion est en régression et passe de 73 %
– affections dermatologiques.
Facteurs iatrogènes
– Chimiothérapies : aucune donnée d’incidence
propre à la candidose n’a été retrouvée dans la
littérature, on retrouve toutefois des incidences de
mucites, premières étapes du processus d’infection
fongique. Dans le cadre du cancer du sein, les
principales substances en cause sont :
– taxanes ;
– anthracyclines (standard et pégylées) ;
– 5-FU intraveineux et oral ;
– cyclophosphamide [7].
L’utilisation du protocole TAC entraı̂ne près de 60 % de
mucites (IC 95 % = 57–63), avec 5 % de grades 3 et 4. Le
protocole AC a un risque évalué à 13,64 % de mucites
de grades 3–4 (IC 95 % = 2,27–27,27), le protocole AT
8,33 % de grades 3–4 (IC 95 % = 1,39–19,44), les taxanes
seuls 2,87 % de grades 3–4 (IC 95 % = 1,15–6,90).
Globalement, le risque de mucite rapporté aux
chimiothérapies classiques dans le cancer du sein
(hors doxorubicine liposomale pégylée) est évalué à
2,3 %
– Radiothérapie, par modification des tissus irradiés
et disparition des défenses locales ;
– chirurgie par agression muqueuse et stress
traumatique ;
– voies d’abord centrales ;
– alimentation parentérale par altération de la
barrière intestinale ;
– greffes de moelle, limitées dans le cancer du sein,
elles représentent néanmoins un risque important
d’infection fongique.
Facteurs environnementaux
– Contamination notamment nosocomiale ;
– âge jeune ;
– périodontopathies ;
– statut nutritionnel (dénutrition).
Diagnostic
Le diagnostic est essentiellement clinique et repose sur
la simple ouverture de la bouche en consultation. Il
conviendra bien entendu de regarder la muqueuse une
fois la bouche ouverte. Cet examen clinique devrait être
répété à chaque consultation pour suivre et anticiper
correctement une COP.
Les signes cliniques sont classiquement :
– un enduit blanc sur un fond de muqueuse
érythémateuse ;
– une perlèche ;
– une modification de la couleur de la langue
(rouge, noire, etc.).
Quel traitement pour la COP ?
subissant une allogreffe de cellules souches hématopoı̈étiques ».
Plusieurs études au nombre limité de patients
sont en accord avec cet intérêt du traitement préventif
par azolés des candidoses localisées, mais mettent en
avant l’émergence de nombreuses souches de Candida
albicans et non albicans résistantes à cette famille
d’antifongiques [2,11,12] (niveau de preuve 2, recommandation de grade B).
La principale action préventive de la survenue d’une
COP est de prévenir l’apparition d’une mucite avec des
soins rigoureux et répétés buccodentaires [9]. Il convient
de proposer des bains de bouche au bicarbonate sans
addition d’antifongiques ou d’antiseptiques [1,13].
L’ensemble des mesures utilisant des antiseptiques
locaux, des anesthésiques et analgésiques ou encore
des pansements digestifs ne sont pas recommandées
par le groupe « mucite » de la MASCC (MultiNational
Association for Supportive Care in Cancer) [niveau de
preuve 2, recommandation de grade B].
Au total, au regard de l’évolution de l’écologie
fongique et des résistances, il ne semble pas recommandable de traiter massivement, de manière préventive par antifongique, l’ensemble des patients traités
pour une maladie cancéreuse. On évaluera chaque
situation au cas par cas en fonction de l’anamnèse du
patient, des facteurs de risque et des déroulements des
précédents cycles de traitements (accord d’experts).
Traitement curatif ?
Les dernières recommandations en la matière sont celle
de la Fédération des centres de lutte contre le cancer
(FNCLCC) dans le cadre des SOR 1999. Dans le milieu
oncologique, la MASCC publierégulièrement des mises à
jour de recommandations, sans qu’il y ait de consensus
évident dans la littérature. C’est dans le milieu infectiologue dans le cadre de la lutte contre la maladie VIH
que les recommandations ont été le plus récemment
validées.
Les recommandations de Yeni et al. dans le contexte
viral (VIH) sont d’utiliser un topique local dans les
formes simples de COP [14] (niveau de preuve 1,
recommandation de grade A).
Plusieurs formulations sont alors disponibles :
Traitement préventif ?
La méta-analyse Cochrane, publiée en 2008, a regroupé
28 études randomisées de 4 226 patients traités préventivement contre la candidose lors de traitements par
radio et/ou chimiothérapie dans le cadre d’un cancer [5]
(niveau de preuve 1, recommandation de grade A).
Cette étude a permis de retrouver un intérêt des
antifongiques absorbés par le tube digestif en prévention des COP. L’autorisation de mise sur le marché
(AMM) a été donnée au fluconazole, gélules 100 et
200 mg pour l’indication suivante : « Prévention des
infections à Candida sensibles chez l’adulte exposé à
une neutropénie sévère et prolongée lors du traitement
d’induction et de consolidation des leucémies aiguës et
– les bains de bouche à l’amphotéricine B sont le
plus couramment utilisés sans association à un antiseptique ;
– le miconazole présente un intérêt supplémentaire
car actuellement sans souche résistante. Deux formulations équivalentes existent [3] (niveau de preuve 1,
recommandation de grade A) :
le gel buccal qui peut être gênant en raison de sa
texture et de son goût ;
le comprimé mucoadhésif qui a l’avantage
de diffuser dans le temps sans passer la barrière
hématogène et conférant au traitement une utilisation
purement locale avec passage limité de principe actif
dans la circulation.
RECOMMANDATIONS / RECOMMENDATIONS
683
684
ONCOLOG IE
Le traitement de la candidose invasive reste un
traitement systémique oral ou intraveineux. Il est
proposé d’utiliser du fluconazole, (en suspension
buvable, comprimés oraux ou voie injectable) ou de
l’itraconazole jusqu’à disparition des signes cliniques
(durée habituelle de huit à dix jours).
Recommandations
Les recommandations du groupe digestif de SaintPaul sont donc pour la prise en charge curative d’une
COP (niveau de preuve 1, recommandation de grade
A) (Tableau 1) :
– utiliser en première intention un antifongique en
topique local ;
– préférer des topiques ayant le moins possible
d’interactions médicamenteuses ;
– préférer un topique ayant le moins possible de
résistances ;
– réserver les formes systémiques d’antifongiques
aux candidoses invasives et/ou sévères.
Tableau 1. Recommandations en curatif
Traitement curatif Candidose Oropharyngée
Forme Localisées
absence de signe
d’oesophagite
Forme étendue
Présence de signes
de dissémination :
fièvre, douleurs
rétrosternales
Traitements antifongiques
locaux / topiques
Traitements antifongiques
systémiques
Cp gingival mucoadhésif ou gel
ou suspension buvable
Suspension buvable
(bain de bouche à avaler)
ou comprimé / gélule ou IV
La première attitude à avoir restera, dans tous les cas,
d’être attentif aux symptômes exprimés par le patient et
de savoir faire ouvrir la bouche lors de chaque
consultation afin de dépister toute modification de
l’épithélium muqueux et de détecter toute infection.
Références
1. Barasch A, Elad S, Altman A, et al. (2006) Antimicrobials, mucosal
coating agents, anesthesics, analgesics, and nutritional supplements for alimentary tract mucositis. Support Care Cancer 14:
528-32
2. Bassetti M, Righi E, Costa A, et al. (2006) Epidemiological trends
in nosocomial candidemia in intensive care. BMC Infect Dis 6:
21-6
3. Bensadoun RJ, Daoud J, El Gueddari B, et al. (2008) Comparison of
the efficacy and safety of miconazole 50 mg mucoadhesive buccal
tablets with miconazole 500 mg gel in the treatment of oropharyngeal candidiasis. A prospective randomized, single blind,
multicenter, comparative: phase III trial in patients treated with
radiotherapy for head and neck cancer. Cancer 112: 204-11
4. Blanc-Vincent MP, Senet JM, Herbrecht R, et al. (1999) SOR
candidoses. FNCLCC
5. Clarkson JE, Worthington HV, Eden OB (2007) Interventions for
preventing oral candidiasis for patients with cancer receiving
treatment. Cochrane Database Syst Rev (1): CD003807
6. Davies AN, Brailsford SR, Beighton D (2006) Oral candidosis in
patients with advanced cancer. Oral Oncol 42(7): 698-702
7. Jones JA, Avritscher EBC, Cooksley CD, et al. (2006) Epidemiology
of treatment associated mucosal injury after treatment with newer
regimens for lymphoma, breast, lung or colorectal cancer. Support
Care Cancer 14: 505-15
8. Pfaller MA, Diekema DJ (2005) Unusual fungal and pseudofungal
infections of humans. J Clin Microbiol 43(4): 1495-504
9. Pico JL, Avila-Garavito A, Naccache P (1998) Mucositis: its
occurrence, consequences, and treatment in the oncology setting.
Oncologist 3: 446-51
10. Ramirez-Amador V, Silverman S, Mayer P, et al. (1997) Candidal
colonization and oral candidiasis in patients undergoing oral and
pharyngeal radiation therapy. Oral Surg Oral Med Oral Pathol Oral
Radiol Endod 84: 149-53
11. Redding S, Zellars RC, Kirkpatrick WR, et al. (1999) Epidemiology
of oropharyngeal candida colonization and infection in patients
receiving radiation for head and neck cancer. J Clin Microbiology
37: 3896-900
12. Ruhnke M (2006) Epidemiology of Candida albicans infections
and role of non-Candida albicans yeasts. Current Drug Targets 7:
495-504
13. Soysa NS, Samaranayake LP, Ellepola AN (2004) Cytotoxic
drugs, radiotherapy and oral candidiasis. Oral Oncol 40(10):
971-8
14. Yeni P, Barbier F, Blanche S, et al. (2006) Prise en charge
médicale des personnes infectées par le VIH. Rapport 2006.
Recommandations du groupe d’experts. Sous la direction du
professeur Patrick Yeni. Flammarion SA. Consultable sur www.
sante.gouv.fr
Prise en charge des mucites chez les patientes
traitées pour un cancer du sein
Coordonnateur du groupe de travail : M. Di Palma
Groupe de travail : M. Di Palma, J.-P. Durand, L. Juhel, F. Scotté, C. Villanueva
Données épidémiologiques
Il existe globalement une sous-estimation de l’incidence
des mucites, surtout si l’on considère les mucites de bas
grade.
Dans les protocoles dits « doses denses », on évalue
l’incidence des mucites de grades 1–2 entre 25 et 60 %,
et des grades 3–4 entre 3 et 5 %. Cette incidence des
mucites graves est bien sûr faible en comparaison avec
celle observée dans les protocoles d’intensification
thérapeutique en hématologie par exemple, mais
même de bas grade, la survenue d’une mucite n’en
altère pas moins la qualité de vie des patientes
concernées.
Il faut évaluer systématiquement les mucites chimioinduites, et pour cela utiliser une échelle validée.
La plupart du temps, les mucites survenant chez les
patientes traitées pour un cancer du sein sont transitoires, et c’est typiquement un effet indésirable qui ne
sera pas pris en compte si on ne pense pas à interroger
correctement les patientes.
L’évaluation repose sur un examen clinique minutieux et à une évaluation fonctionnelle qui correspond
au retentissement de la mucite en particulier sur
l’alimentation, et une évaluation de la douleur éventuellement induite.
Recommandation no 1 (grade C)
L’échelle la plus simple d’évaluation des mucites
est l’échelle de l’OMS :
Conséquences de la mucite
Elles sont bien connues :
– douleur buccale ;
– difficulté à l’alimentation solide, voire liquide ;
– difficulté à parler ;
– risque de surinfection ;
– et dans les cas des mucites graves, baisse des
doses de chimiothérapie, diminution de la dose d’intensité et coûts induits par une éventuelle hospitalisation
de ces patientes.
Facteurs influençant la survenue
d’une mucite
Ils sont les suivants :
– la chimiothérapie d’abord : la nature de la chimiothérapie bien sûr (les molécules les plus souvent
concernées sont le 5-fluoro-uracile [5-FU], la capécitabine, les anthracyclines), les doses utilisées, et les
modalités d’administration ;
– d’autres éléments concernent la patiente ellemême : il existe une susceptibilité individuelle, en partie
liée à l’âge, au poids, mais surtout à l’état buccodentaire ; l’existence d’une sécheresse buccale favorise la
survenue d’une mucite, cette sécheresse buccale
pouvant être éventuellement d’origine iatrogène chez
les patientes recevant un traitement antidépresseur ou
opioı̈de.
Recommandations
Il existe actuellement peu de recommandations
pour la prise en charge préventive et curative des
mucites chez des patientes traitées pour un cancer
du sein.
La première étape consiste certainement à informer les patientes et leur entourage de cet effet
indésirable possible, de sa gravité potentielle, de la
nécessité de venir consulter en cas de difficulté à
s’alimenter.
Il convient également de sensibiliser les équipes
soignantes et de les former à l’évaluation correcte des
mucites [2,4].
grade 1 : douleurs modérées et un simple
érythème ;
grade 2 : ulcérations sans conséquence sur
l’alimentation ;
grade 3 : l’alimentation solide devient impossible, seule l’alimentation liquide est possible ;
grade 4 : toute alimentation solide ou liquide est
impossible.
Recommandation no 2 (grade C)
Un bilan dentaire est indispensable avant toute
chimiothérapie, et des conseils d’hygiène buccale
doivent être donnés aux patientes : réalisation systématique de bains de bouche (voir ci-dessous), utilisation d’une brosse souple régulièrement pendant la
durée du traitement, y compris en cas de mucite
modérée, consultation en cas de mucite interférant
avec l’alimentation.
Recommandation no 3 (accord d’experts)
Des protocoles écrits de prise en charge des
mucites sont indispensables et leur application doit
être régulièrement vérifiée.
Prévention des mucites
Peu de choses, en fait, sont validées [1] :
l’utilisation de glace (le fait de sucer des glaçons)
pendant une perfusion de 5-FU diminue l’incidence
des mucites (grade C) ;
le KGF (palifermine) est validé pour la prévention
des mucites chez des patientes traitées pour des
maladies hématologiques mais n’a pas son autorisation de mise sur le marché pour les tumeurs
solides, même s’il existe quelques données dans la
littérature montrant l’efficacité du KGF chez des
patientes traitées par des chimiothérapies à base de
5-FU pour des tumeurs digestives (grades A et B) ;
en ce qui concerne les bains de bouche préventifs, la recommandation est d’utiliser du bicarbonate de sodium à 14/1 000 (accord d’experts) ;
les antiseptiques (type chlorexidine) préventifs
ne sont pas recommandés, de même qu’il n’est pas
recommandé d’utiliser un traitement anti-infectieux
systématique préventif, que ce soit un traitement
antibactérien, antifongique ou antiviral (accord
d’experts).
RECOMMANDATIONS / RECOMMENDATIONS
685
686
Traitement des mucites (accord d’experts)
ONCOLOG IE
Le traitement doit s’adapter à la clinique [3].
L’objectif de la prise en charge des patientes
souffrant d’une mucite est de maintenir un bon état
d’hydratation et des apports caloriques suffisants. Le
maintien d’une hygiène buccale satisfaisante et donc
de soins locaux réalisés, soit par la patiente à son
domicile, soit par l’équipe soignante si la patiente est
hospitalisée, est indispensable :
en cas de mucite de grade 1 ou 2, recommandation de bains de bouche simples avec du bicarbonate
de sodium, pas de traitement anti-infectieux, sauf si
infection avérée ;
intérêt éventuellement d’utiliser des anesthésiques locaux type lidocaı̈ne en gel ponctuellement, en
prévenant les patientes que ce type de médicament
gêne le réflexe de déglutition, à ne pas utiliser avant de
s’alimenter ;
intérêt éventuellement des agents dits « couvrants » qui améliorent les symptômes locaux ;
le laser baisse d’intensité pourrait avoir un
intérêt mais les données pour l’instant disponibles
ne permettent pas de le recommander ;
le traitement antalgique doit être adapté en
fonction de l’intensité de la douleur : en cas de mucite
sévère le recours à une PCA de morphine doit être
envisagé.
Références
1. Keefe DM, Schubert MM, Elting LS, et al. (2007) Updated clinical
practice guidelines for the prevention and treatment of mucositis.
American Cancer Society 109(5): 820-30
2. Mc Guire DB, Correa P, Johnson J, Wienandts P (2006) The role of
basic oral care and good clinical practice principles in the
management of oral mucositis. Support Care Cancer 14: 541-7
3. Peterson DE, Bensadoun RJ, Roila F (2008) Management of oral
and gastrointestinal mucositis: ESMO clinical recommendations.
Annals of Oncology 19(Suppl 2): 122-5
4. Quinn B, Potting C, Stone R, et al. (2008) Guidelines for the assessment
of oral mucositis in adult chemotherapy, radiotherapy and haematopoietic stem cell transplant patients. Eur J Cancer 44: 61-72
Prise en charge des nausées et vomissements
chimio-induits chez les patientes traitées
pour un cancer du sein
Coordonnateur du groupe de travail : J.-P. Durand
Groupe de travail : M. Di Palma, J.-P. Durand, L. Juhel, F. Scotté, C. Villanueva
Physiopathologie
Le réflexe de vomissement est un mécanisme
complexe de protection de l’organisme contre un
poison ingéré. Au concept de centre unique du
vomissement, anatomiquement identifiable, on préfère aujourd’hui celui d’une organisation de différentes zones neuronales interconnectées, au niveau
du rhombencéphale, pour déclencher le réflexe
émétique ; on parle maintenant de central pattern
generator (CPG).
Ce CPG est stimulé par deux voies principales : une,
d’origine périphérique constituée des neurones vagaux
abdominaux et une, d’origine centrale issue de l’area
postrema, située dans le plancher du quatrième
ventricule, appelée également « zone gâchette » (chemoreceptive trigger zone, CTZ).
Au niveau périphérique, on trouve sur les extrémités terminales des voies vagales afférentes, différents récepteurs, en particulier : les récepteurs de
type 3 à la sérotonine (ou 5-hydroxytryptophane –
5-HT), de type 1 aux neurokinines (NK1) et à la
cholécystokinine. Les agents antitumoraux, par des
mécanismes muqueux directs et d’origine sanguine,
stimulent la libération de médiateurs par les cellules
entérochromaffines de l’intestin grêle supérieur,
qui se lient à leurs récepteurs respectifs sur les
terminaisons vagales à proximité. Cela provoque un
stimulus afférent qui se termine dans le tronc cérébral
dorsal, essentiellement dans le noyau du tractus
solitaire (NTS), et active alors le CPG. Parmi les
différents médiateurs locaux, la sérotonine (5-HT)
joue le rôle le plus important. Ce mécanisme dépendant des voies vagales est considéré comme prédominant à la phase aiguë, et l’inhibition périphérique
de la liaison de la 5-HT aux récepteurs 5-HT3 sur les
fibres vagales afférentes constitue le principal mécanisme par lequel les anti-5-HT3 exercent leur effet
antiémétique.
Au niveau de l’area postrema, la barrière hématoméningée est poreuse et les antitumoraux ou leurs
métabolites peuvent donc stimuler directement les
neurones de la CTZ. Les neuromédiateurs impliqués à
ce niveau sont notamment : la sérotonine, la dopamine
(qui active les récepteurs de type 2) et la substance
P. Cette dernière active les récepteurs NK1, présents
également dans le NTS. Même si les antagonistes des
récepteurs NK1 peuvent avoir un site d’action périphérique, leur efficacité clinique repose uniquement sur
leur action centrale.
Les autres sources de stimuli à l’origine des nausées
et vomissements chimio-induits (NVCI) sont des centres
de la partie supérieure du système nerveux central
situés dans des structures limbiques.
Facteurs de risque
Les facteurs de risque de NVCI sont de deux ordres :
– individuels : le risque est plus élevé chez la
femme [8], chez les patientes de moins de 55 ans [9],
anxieuses ou qui pensent être à haut risque de NVCI
[11], chez les patientes aux antécédents de mal des
transports [6] ou de nausées gravidiques [5] ; l’intoxication alcoolique est un facteur protecteur [6].
– liés au traitement, fonction du potentiel émétogène des antitumoraux et la dose de chimiothérapie.
Le potentiel émétogène intrinsèque des antitumoraux est le facteur déterminant du potentiel émétogène
d’un protocole de chimiothérapie [1,2,4]. Hesketh [3]
puis la conférence de consensus de la Multinational
Association for Supportive Care in Cancer (MASCC) [10]
et les dernières recommandations du National Comprehensive Cancer Network [7] ont classé les médicaments
antitumoraux en quatre niveaux d’émétogénicité : très
faiblement, faiblement, moyennement et hautement
émétisant (Tableau 1).
Le médicament antitumoral le plus émétogène
d’une association d’antitumoraux définit le niveau
émétogène global du protocole de chimiothérapie.
Pour les chimiothérapies fractionnées sur plusieurs jours, le médicament antitumoral le plus
émétogène, administré à un jour donné, définit le
niveau émétogène de l’association administrée ce
jour-là.
Tableau 1. Émétogénicité des médicaments antitumoraux, en l’absence de prophylaxie antiémétique
Très faiblement
Faiblement
Moyennement
Risque de NVCI < 10 %
Risque de NVCI entre 10 et 30 %
Risque de NVCI entre 31 et 90 %
Alemtuzumab
Interféron alpha
L-Asparaginase
Bevacizumab
Bléomycine
Bortézomib
Busulfan
Cetuximab
Chlorambucil
Cladribine
Dasatinib
Décitabine
Denileukin
Diftitox
Erlotinib
Fludarabine i.v.
Gefitinib
Gemtuzumab
Ozogamycine
Hydroxyurée
Lapatinib
Lénalidomide
Melphalan p.o.
Méthotrexate < 50 mg/m2
Nélarabine
Panitumumab
Pentostatine
Rituximab
Sorafenib
Sunitinib
Temsirolimus
Thalidomide
Thioguanine
Trastuzumab
Vinblastine
Vincristine
Vinorelbine i.v.
Hautement
b
2
Bexarotène
Capécitabine
Cytarabine 100–200 mg/m2a
Docétaxel
Doxorubicine Liposomale
Étoposide i.v.
Fludarabine p.o.
5-fluoro-uracile
Gemcitabine
Ixabépilone
Méthotrexate 50–250 mg/m2a
Mitomycine C
Mitoxantrone
Aldesleukine > 12–15 MU /m
Azacitidine
Bendamustine
Busulfan > 4 mg/j
Carboplatine
Carmustine ≤ 250 mg/m2a
Cisplatine ≤ 50 mg/m2a
Cyclophosphamide ≤ 1,5 g/m2a
Cyclophosphamide p.o.
Cytarabine > 1 g/m2a
Dactinomycine
Daunorubicine
Doxorubicine
Nilotinib
Paclitaxel
Pemétrexed
Topotécan
i.v. et p.o.
Vorinostat
Épirubicine
Étoposide p.o.
Idarubicine i.v. et p.o.
Ifosfamide
NVCI : nausées et vomissement chimio-induits.
a
Mètre carré de surface corporelle.
b
Millions d’unités.
Irinotécan
Imatinib
Lomustine
Melphalan i.v. > 50 mg/m2a
Méthotrexate 250–1 000 mg/m2a
Oxaliplatine > 75 mg/m2a
Temozolomide
Trioxyde d’arsenic
Vinorelbine p.o.
Risque de NVCI > 90 %
Altrétamine
Carmustine > 250 mg/m2a
Cisplatine ≥ 50 mg/m2a
Cyclophosphamide > 1,5 g/m2a
Dacarbazine
Méchloréthamine
Procarbazine
Streptozocine
RECOMMANDATIONS / RECOMMENDATIONS
687
688
Présentation clinique
ONCOLOG IE
Les NVCI se divisent en trois phases cliniques
distinctes :
– les NVCI anticipés qui surviennent dans les
24-48 heures qui précèdent l’administration de la
chimiothérapie. Ils correspondent à une réponse conditionnée, fonction du niveau d’anxiété de la patiente et de
la sévérité des NVCI vécus lors des précédentes cures,
en particulier la première ;
– les NVCI aigus qui surviennent pendant les
24 premières heures de la chimiothérapie ;
– les NVCI retardés qui surviennent au-delà des
24 premières heures.
Recommandations méthodologiques
pour optimiser la prise en charge des NVCI
(accord d’experts)
– associer à chaque niveau émétisant un protocole
antiémétique clairement défini, respectant les recommandations internationales et d’emblée optimal. Ce
protocole doit préciser : les antiémétiques qui doivent
être administrés systématiquement avant et après la
chimiothérapie (traitement prophylactique), les antiémétiques à administrer en cas de nausées et/ou de
vomissements pendant la chimiothérapie et après
la chimiothérapie (traitement de secours). En cas de
prescription informatisée, le protocole antiémétique
ainsi défini doit être incorporé au protocole de
chimiothérapie. À ce protocole sont associées des
ordonnances d’antiémétiques pour la prise en charge
au domicile (Tableau 3).
Recommandations pour la prophylaxie
primaire des NVCI dans le cancer du sein
(grade A)
Chimiothérapie hautement émétisante
– Définir le niveau émétisant de chaque protocole
de chimiothérapie administré dans le service. Pour
mémoire, le niveau émétisant d’un protocole associant plusieurs antitumoraux est déterminé par le
niveau émétogène du médicament le plus émétisant.
Le niveau émétisant doit apparaı̂tre clairement sur la
feuille de prescription et d’administration de la
chimiothérapie ;
– classer l’ensemble des protocoles de chimiothérapie utilisés dans le service, dans un tableau à
quatre colonnes, selon leur niveau émétisant : très
faiblement, faiblement, moyennement, hautement
émétisant. Ce document sert de référence à
l’ensemble des soignants (exemple du Tableau 2) ;
Phase aiguë, avant l’administration de la chimiothérapie : association d’un anti-5-HT3, d’un corticoı̈de et
d’aprépitant ou de fosaprépitant.
Phase retardée : association d’un corticoı̈de de j2 à
j4 et d’aprépitant à j2 et j3.
Chimiothérapie moyennement émétisante
Phase aiguë, avant l’administration de la chimiothérapie : association d’un antagoniste 5-HT3, d’un corticoı̈de et d’aprépitant ou de fosaprépitant.
Phase retardée : aprépitant à j2 et j3.
Tableau 2. Émétogénicité des principaux protocoles de chimiothérapie dans le cancer du sein, en l’absence de prophylaxie
antiémétique
Très faiblement
Risque de NVCI < 10 %
Faiblement
Risque de NVCI entre 10 et 30 %
Moyennement
Risque de NVCI entre 31 et 90 %
Hautement
Risque de NVCI > 90 %
Lapatinib
Vinorelbine i.v.
Tout schéma de 5-FU
5-FU-vinorelbine
Gemcitabine-vinorelbine
Trastuzumab
Vinorelbine-trastuzumab
Vinorelbine-paclitaxel
Vinorelbine-capécitabine
Paclitaxel
Paclitaxel-Avastin®
Paclitaxel-gemcitabine
Paclitaxel-trastuzumab
Paclitaxel
Paclitaxel-trastuzumab
Paclitaxel-capécitabine
Capécitabine
Capécitabine-Avastin®
AC ou EC, ou ElipoC
CMF
Épirubicine-trastuzumab
FAC ou FEC
FEC-paclitaxel
Gemcitabine-oxaliplatine
Ifosfamide
Méthotrexate HD
Paclitaxel-AC
Paclitaxel-adriamycine
Paclitaxel-carboplatine
Paclitaxel-épirubicine
TAC ou TEC
Théprubicine
Toute chimiothérapie avec
cisplatine
Chimiothérapie faiblement émétisante
Phase aiguë, avant l’administration de la chimiothérapie : corticoı̈de seul.
Phase retardée : rien.
Chimiothérapie très faiblement émétisante
Phase aiguë, avant l’administration de la chimiothérapie : rien.
Phase retardée : rien.
Situations particulières
(grade B et accord d’experts)
Prophylaxie primaire pour les chimiothérapies
sur plusieurs jours
Pour mémoire, le médicament antitumoral le plus
émétogène administré à un jour donné définit le niveau
émétogène de l’association administrée ce jour-là.
Chaque jour, le patient doit recevoir l’association
d’antiémétiques prophylactiques de la phase aiguë,
adaptée au risque émétogène de la chimiothérapie
administrée ce jour-là. Si la prophylaxie comprend de
l’aprépitant, la posologie de la première prise est de
125 mg puis, les jours suivants, de 80 mg par prise, à
poursuivre deux jours après la fin de la chimiothérapie.
Prophylaxie primaire pour
les chimiothérapies continues
Pour les chimiothérapies en continu sur plusieurs
semaines, souvent faiblement émétisantes, il ne
semble pas judicieux d’administrer chaque jour un
corticoı̈de au long cours. Un traitement systématique
par anti-D2 est recommandé (métoclopramide : 30 mg
par voie orale, une heure avant chaque administration
ou prise de l’antitumoral). En cas d’échec, on choisira
un sétron en une prise unique journalière, par voie
orale, une heure avant l’antitumoral.
Recommandations pour la prophylaxie
secondaire des NVCI (grade C)
Vomissements ou nausées pendant l’administration
de la chimiothérapie ou à la phase aiguë
Cela incitera à reconsidérer le protocole antiémétique
pour la cure suivante. On s’assurera dans un premier
temps que le niveau émétisant de la chimiothérapie a
été correctement établi, et que le traitement antiémétique prophylactique correspondait au bon niveau
émétisant. Si tel était le cas, on recommande :
– en cas de chimiothérapie hautement émétisante
ou moyennement émétisante : ajouter, lors de la
prochaine cure, soit une prise de benzodiazépine une
heure avant le début de la chimiothérapie (par
exemple alprazolam 0,5 mg), soit un anti-D2 en
perfusion continue pendant la chimiothérapie (métoclopramide – 60 mg – ou alizapride – 600 mg) ;
– en cas de chimiothérapie faiblement émétisante : ajouter, lors de la prochaine cure, un sétron
en une prise unique par voie orale, une heure avant le
début de la chimiothérapie ;
– en cas de chimiothérapie très faiblement émétisante : donner, une heure avant le début de la
chimiothérapie, un anti-D2 par voie orale (métoclopramide : 30 à 40 mg).
Vomissements ou nausées à la phase retardée
Cela incitera également à reconsidérer le protocole
antiémétique pour la cure suivante, en s’assurant dans
un premier temps que niveau émétisant et traitement
antiémétique prophylactique étaient corrects. Si tel est
le cas, on recommande :
– en cas de chimiothérapie hautement émétisante : ajouter, lors de la prochaine cure, une prise
de benzodiazépine, matin et soir, de j1 à j4 ;
– en cas de chimiothérapie moyennement émétisante : ajouter, lors de la prochaine cure, une prise de
corticoı̈des à j2 et j3.
Recommandations pour les traitements
de secours en cas de NVCI malgré une
prophylaxie bien conduite (accord d’experts)
Pendant la chimiothérapie : il est inutile d’administrer
à nouveau un sétron ou un bolus de corticoı̈des. Il est
préférable de recourir à un anti-D2, en bolus :
métoclopramide 30 mg ou alizapride 300 mg, en
perfusion i.v. de 10–15 minutes. Ces injections sont
renouvelables deux fois. En cas d’échec des anti-D2 ou
d’emblée si le patient est manifestement angoissé, on
choisira une benzodiazépine : triazolam ou alprazolam
par voie orale, diazépam par voie intraveineuse.
Pendant les 24 premières heures : le traitement de
secours est classiquement un anti-D2. Il est toutefois
possible d’administrer un sétron, 12 heures après la
première prise de sétron. En cas d’état nauséeux
persistant, on aura recours à une benzodiazépine.
À la phase retardée : le traitement de secours est
classiquement un anti-D2. En cas d’état nauséeux
persistant, on aura recours à une benzodiazépine.
Conclusion
Les recommandations pour la prophylaxie antiémétique des NVCI sont aujourd’hui validées par plusieurs
sociétés savantes ; elles font partie intégrante des soins
oncologiques de support permettant une prise en
charge de qualité des patients atteints de cancer. La
RECOMMANDATIONS / RECOMMENDATIONS
689
690
Tableau 3. Doses et schémas d’administration des agents antiémétiques en prévention systématique pour une chimiothérapie
administrée sur un jour
Médicament
Dose
ONCOLOG IE
Avant la chimiothérapie (j1)
En cas de nausées
et vomissements
Après la chimiothérapie
Chimiothérapie hautement émétisante
Aprépitant (voie
orale)
Fosaprépitant
(voie)
Granisétron
Ondansétron
Dexaméthasone
Voie orale : 125 mg, 1 heure avant
Voie i.v. : 115 mg, 30 minutes avant
Ajouter à la prochaine cure
Voie orale uniquement :
80 mg le matin de j2 et j3
Voie i.v. : 3 mg, 30 minutes avant
Voie orale : 2 mg, 1 heure avant
Voie
Voie
Voie
Voie
i.v. : 8 à 16 mg, 30 minutes avant
orale : 16 mg, 1 heure avant
i.v. : 12 mg, 30 minutes avant
orale : 12 mg, 1 heure avant
Soit une benzodiazépine la veille
au soir de j1, le matin et le soir de
j1 à j4
Soit un anti-D2 en perfusion
continue pendant la chimiothérapie
Voie i.v. : 8 mg de j2 à j4
Voie orale : 8 mg de j2 à j4
Chimiothérapie moyennement émétisante avec aprépitant/fosaprépitant
Aprépitant
Fosaprépitant
Granisétron
Ondansétron
Dexaméthasone
Voie orale : 125 mg, 1 heure avant
Voie i.v. : 115 mg, 30 minutes avant
Voie i.v. : 3 mg, 30 minutes avant
Voie orale : 2 mg, 1 heure avant
Voie i.v. : 8 à 16 mg, 30 minutes avant
Voie orale : 8 mg, 1 heure avant et
12 heures après
Voie i.v. : 12 mg, 30 minutes avant
Voie orale : 12 mg, 1 heure avant
Voie orale uniquement :
80 mg le matin de j2 et j3
Voie i.v. : 8 mg à j2 et j3
Voie orale : 8 mg à j2 et j3
Chimiothérapie moyennement émétisante sans aprépitant/fosaprépitant
Aprépitant
Fosaprépitant
Granisétron
Ondansétron
Dexaméthasone
Voie orale : 125 mg, 1 heure
avant à j1
Voie orale uniquement : 80 mg le
matin de j2 et j3
Voie i.v. : 3 mg, 30 minutes avant
Voie orale : 2 mg, 1 heure avant
Voie i.v. : 8 mg, 30 minutes avant
Voie orale : 8 mg, 1 heure avant et
12 heures après
Voie i.v. : 12 mg, 30 minutes avant
Voie orale : 12 mg, 1 heure avant
Voie i.v. : 8 mg à j2 et j3
Voie orale : 8 mg à j2 et j3
Chimiothérapie faiblement émétisante
Dexaméthasone
Voie i.v. : 12 mg, 30 minutes avant
Voie orale : 12 mg, 1 heure avant
diffusion de ces référentiels de bonne pratique doit
permettre, à l’avenir, de réduire au maximum l’incidence des NVCI chez les femmes traitées pour un
cancer du sein.
Références
1. Ettinger DS, Bierman PJ, Bradbury B, et al. (2007) Antiemesis.
J Natl Compr Canc Netw 5: 12-33
2. Herrstedt J (2007) Chemotherapy-induced nausea and vomiting:
ESMO clinical recommendations for prophylaxis. Ann Oncol 18
(Suppl 2): ii83–ii5
3. Hesketh PJ (1999) Defining the emetogenicity of cancer chemotherapy regimens: relevance to clinical practice. Oncologist
4: 191-6
Soit un anti-5-HT3, soit un anti-D2
4. Kris MG, Hesketh PJ, Somerfield MR, et al. (2006) American
Society of Clinical Oncology guideline for antiemetics in oncology:
update 2006. J Clin Oncol 24: 2932-47
5. Martin M, Diaz-Rubio E (1990) Emesis during past pregnancy: a
new prognostic factor in chemotherapy-induced emesis. Ann
Oncol 1(2): 152-3
6. Morrow GR (1985) The effect of a susceptibility to motion
sickness on the side effects of cancer chemotherapy. Cancer 55
(12): 2766-70
7. NCCN (2009) National Comprehensive Cancer Network Clinical
Practice Guidelines in Oncology Antiemesis VI. http://www.nccn.
org/professionals/physician_gls/PDF/antiemesis.pdf
8. Osoba D, Zee B, Pater J, et al. (1997) Determinants of postchemotherapy nausea and vomiting in patients with cancer. J Clin
Oncol 15: 116-23
9. Pollera CF, Giannarelli D (1989) Prognostic factors influencing
cisplatin-induced emesis: definition and validation of a predictive
logistic model. Cancer 64: 1117-22
10. Roila F, Hesketh PJ, Herrstedt J (2006) Antiemetic Subcommittee
of the Multinational Association of Supportive Care in Cancer.
Prevention of chemotherapy – and radiotherapy – induced
emesis: results of the 2004 Perugia International Antiemetic
Consensus Conference. Ann Oncol 17: 20-8
11. Roscoe JA, Bushunow P, Morrow GR, et al. (2004) Patient
experience is a strong predictor of severe nausea after
chemotherapy: a University of Rochester Community Clinical
Oncology Program study of patients with breast carcinoma.
Cancer 101: 2701-8
Iatrogénie rénale
Coordonnateur du groupe de travail : V. Launay-Vacher
Groupe de travail : C. Bagnis, F. Brocard, V. Launay-Vacher
L’insuffisance rénale est une comorbidité fréquemment
rencontrée chez les patients atteints de cancer. La
recherche d’une insuffisance rénale doit être réalisée
chez tous ces patients, systématiquement. La créatininémie n’étant pas un index fiable, les différentes méthodes
d’évaluation de la fonction rénale utilisables en pratique
clinique seront développées dans ce chapitre. La
présence d’une insuffisance rénale expose, notamment,
à un risque de surdosage médicamenteux pour un
certain nombre de traitements nécessitant une réduction
des doses en cas de diminution de la fonction rénale. Ces
adaptations posologiques doivent être réalisées avec
soin, afin d’optimiser la tolérance au traitement sans
perdre en efficacité thérapeutique. De plus, certains
traitements récents, comme les antiangiogéniques qui
ont démontré leur intérêt dans la prise en charge de ces
patients, présentent un profil de tolérance rapportant des
effets indésirables rénovasculaires qu’il faut connaı̂tre
afin de mieux les gérer en pratique.
Méthodes d’évaluation de la fonction rénale
La définition de la maladie rénale chronique repose sur
l’évaluation du débit de filtration glomérulaire (DFG)
et/ou la recherche d’une anomalie morphologique
rénale, et/ou d’une anomalie du sédiment urinaire ou
d’une protéinurie. La méthode de mesure de référence
du DFG étant réalisée en hôpital de jour suivant une
technique de clairance isotopique (coût élevé, personnel
formé et entraı̂né), des méthodes alternatives utilisables
au quotidien sont utilisées en routine : créatininémie,
clairance de la créatinine, formules d’estimation de la
clairance de la créatinine telle que Cockcroft-Gault ou du
DFG telle que la formule abrégée de l’étude Modification
of Diet in Renal Disease (aMDRD).
Créatinine
La créatinine est utilisée comme reflet de la filtration
glomérulaire, paramètre essentiel de la mesure de la
fonction rénale lié au fonctionnement glomérulaire et à
la création de l’urine primitive. Malheureusement, le
taux plasmatique de la créatinine est intimement lié à la
masse musculaire, puisqu’il s’agit d’une protéine
dérivée du métabolisme de la créatine, protéine du
muscle. Elle est donc également très dépendante de
l’âge et du sexe, qui font varier considérablement la
masse musculaire. Toutes les situations dans lesquelles
la masse musculaire ne correspond pas à celle attendue
pour l’âge et le sexe exposent à de mauvaises
interprétations du DFG sur la base de la créatinine. Par
ailleurs, le calcul de la clairance de la créatinine comme
mesure du DFG est rendu imprécis par l’existence d’une
réabsorption partielle de la créatinine et surtout d’une
sécrétion tubulaire surtout importante lorsque la fonction rénale diminue.
Clairance de créatinine, formules d’estimation
L’utilisation d’une technique de clairance pour la
mesure du DFG repose sur le fait que le marqueur
utilisé n’est ni réabsorbé ni sécrété par le tubule. La
créatininémie n’est pas non plus un marqueur optimal
pour la mesure de la clairance de la créatinine. Enfin, la
clairance de la créatinine mesurée est rarement exacte,
étant sous la dépendance du recueil des urines de
24 heures exceptionnellement complet.
Des formules mathématiques d’estimation du DFG,
prenant en compte certains paramètres de variabilité de
la fonction rénale, ont été élaborées à partir de la
créatinine, dont celle de Cockcroft-Gault [20] et celle,
abrégée, de l’étude aMDRD [63]. La formule de
Cockcroft-Gault inclut la créatininémie, l’âge, le sexe et
la masse pondérale dans son calcul. Elle a été
déterminée dans une population masculine de 249
patients hospitalisés dont la fonction rénale était
normale. Elle a été ensuite extrapolée à la population
féminine. Elle surestime le DFG globalement d’environ
2 ml/min et doit être théoriquement ajustée à la surface
corporelle. La formule aMDRD tient compte de l’âge et
du sexe et introduit un facteur de correction pour les
patients d’origine afro-américaine. Elle est ajustée à la
surface corporelle. Elle sous-estime globalement le
DFG, surtout chez les patients à fonction rénale
normale, et ne devrait en théorie pas être utilisée si le
DFG attendu est supérieur à 60 ml/min par 1,73 m2. Elle
a d’ailleurs été validée initialement dans une population
de patients de DFG inférieur à 60 ml/min par 1,73 m2.
Elle a ensuite été réévaluée en utilisant une technique de
dosage de la créatinine calibrée par rapport à l’IDMS. La
formule MDRD, réexprimée après utilisation de techniques de dosage de la créatinine, utilisables en routine et
calibrées par rapport à la technique de référence, est
désormais recommandée pour améliorer la pratique.
Formule de Cockcroft-Gault [20] :
ClCr (ml/min) = k × ([140–âge] × poids [kg])/SCR
(mmol/l)
RECOMMANDATIONS / RECOMMENDATIONS
691
692
k = 1,23 (homme) ou 1,04 (femme) ; ClCr = clairance
de la créatinine ; SCR = créatininémie.
Formule aMDRD [63] :
DFG (ml/min par 1,73 m2) = k × 186 × (SCR [mg/
dl])
× (âge)–0,203
ONCOLOG IE
–1,154
k = 1 (homme) ou 0,742 (femme) ; DFG = débit de
filtration glomérulaire ; SCR = créatininémie.
Recommandation
La fonction rénale doit être évaluée à l’aide de la
formule de Cockcroft-Gault ou de la formule aMDRD
(préférentiellement) [niveau 3, grade C].
Cystatine C
La cystatine C, polypeptide basique de 13 kDa (faible
poids), est librement filtrée par le glomérule grâce à sa
taille et sa charge positive. Elle est exprimée par toutes
les cellules nucléées de l’organisme. Elle est réabsorbée
par les cellules tubulaires proximales et totalement
catabolisée. Sa clairance est intimement corrélée au
DFG mesuré par la clairance du chrome EDTA (l’une des
méthodes de référence). Elle appartient à la superfamille des cystatines et est synthétisée et sécrétée par
toutes les cellules nucléées humaines. Elle n’est pas
significativement influencée par l’âge et le sexe ou
l’inflammation. Son taux sérique augmente considérablement dans l’insuffisance rénale, et elle a été
proposée comme marqueur endogène du DFG. L’un
de ses avantages est qu’une diminution modérée du
DFG est associée à une augmentation importante de
son taux sérique. Sa sensibilité est donc plus importante
que celle du dosage de la créatinine chez le patient
atteint de cancer, mais sa performance diagnostique
semble inférieure à celle de la formule de CockcroftGault. Son intérêt a été documenté chez le sujet âgé,
diabétique, transplanté ainsi que chez le patient atteint
de cancer à la fois chez l’adulte et chez l’enfant
[5,9,89,94].
Il faut noter qu’une étude a mis en évidence le fait
que les variations de la masse musculaire peuvent
influencer le dosage de la cystatine C. Par ailleurs,
plusieurs formules d’estimation du DFG à partir de la
cystatine C ont été publiées [28,59,84], mais aucune n’a
été validée chez des patients atteints de cancer.
Mesure isotopique du DFG
La clairance des radiotraceurs d’extraction rénale
élevée (EDTA, DTPA, OIH, MAG 3) peut être déterminée
selon la méthode de clairance urinaire, qui nécessite
des prélèvements plasmatiques et des recueils urinaires minutés ou selon la méthode de clairance plasmatique, qui ne nécessite que des prélèvements
plasmatiques multiples. La clairance plasmatique n’est
valide (c’est-à-dire égale à la clairance urinaire) que
lorsque le patient n’a ni ascite ni œdème et qu’il n’est
pas atteint d’insuffisance rénale sévère (DFG ≤ à 30 ml/
min). En pratique clinique habituelle, la méthode la plus
utilisée en médecine nucléaire est la clairance plasmatique, en ayant recours à des méthodes « simplifiées »
qui ne nécessitent que quelques prélèvements effectués
à des temps précis, après l’injection d’une dose
déterminée avec précision.
La détermination de la clairance urinaire peut se
faire après injection intraveineuse (IV) unique (pour le
DFG) ou lors d’une perfusion continue du radiotraceur
(pour le DFG ou pour l’ERPF). Ces méthodes, plus
contraignantes et lourdes à mettre en œuvre, sont, en
revanche, valides quels que soient la fonction rénale
et le volume extracellulaire. Elles imposent, en
revanche, une vidange vésicale correcte (problématique chez le diabétique et l’homme âgé, par exemple)
et un contrôle sphinctérien (impossible chez le jeune
enfant).
Ces méthodes permettent de déterminer la fonction
rénale globale et, couplées à la scintigraphie, permettent de connaı̂tre la fonction rénale de chacun des reins
en valeur absolue. En revanche, les méthodes scintigraphiques, destinées à déterminer la fonction de
chacun des reins sans prélèvement plasmatique, ne
sont pas suffisamment fiables, leur imprécision étant du
même ordre de grandeur que celle de la clairance de la
créatinine.
Dépistage et mesure de la protéinurie
La protéinurie est la manifestation la plus fréquente
des maladies rénales. Lorsque la protéinurie est
importante, les patients décrivent souvent leurs
urines comme troubles et remarquent la présence
de mousse, secondaire à la présence de protéines
dénaturées. Les bandelettes urinaires permettent de
dépister facilement la protéinurie, mais l’examen de
référence pour la quantification était jusqu’à présent
la protéinurie des 24 heures. La découverte d’une
protéinurie des 24 heures positive, associée à un
dépistage à la bandelette négatif, doit faire évoquer
une protéinurie constituée de chaı̂nes légères
d’immunoglobulines.
Compte tenu de la difficulté de réalisation et du
caractère contraignant du recueil des urines de 24 heures, il devient de plus en plus accepté dans la
communauté néphrologique d’utiliser le rapport protéine/créatinine ou albumine/créatinine comme équivalent de la protéinurie des 24 heures. Dans les urines
collectées sur 24 heures, la quantité de protéines est
normalement inférieure à 100 mg/j (Tableau 1).
ECBU
L’examen cytobactériologique doit être réalisé sur des
urines fraı̂ches. Normalement, les urines ne contiennent
qu’un nombre très limité de globules rouges et de
leucocytes. Le dépistage de l’hématurie et de la
leucocyturie peut également être réalisé à la bandelette,
mais il faut garder à l’esprit la grande fréquence des
faux-positifs pour l’hématurie. Enfin, le compte d’Addis
Tableau 1. Valeurs normales et pathologiques de la protéinurie des 24 heures suivant la méthode de dosage
Normale
Microalbuminurie
Protéinurie
Échantillon urinaire :
protéinurie (mg/l)/
créatininurie (g/l)
Échantillon urinaire :
protéinurie (mg/l)/
créatininurie (mmol/l)
Urines des 24 heures :
(mg/24 heures)
< 30 mg/g
30-300 (albuminurie)
≥ 300 mg/g
< 2 mg/mmol
2-22 (albuminurie)
≥ 22 mg/mmol
< 30
30-300
≥ 300
ou HLM ne doit plus être utilisé. Les valeurs normales
sont :
Hématurie pathologique : GR > 10/mm3 ou 10 000/ml
Leucocyturie pathologique : GB > 10/mm 3 ou
10 000/ml
Prévalence de l’insuffisance rénale
chronique (IRC) chez les patients
présentant un cancer du sein
Définition de l’IRC
L’IRC est définie par une diminution permanente du
DFG. Ses méthodes de mesure sont de réalisation
complexe et nécessitent une infrastructure spécifique.
Leur utilisation en pratique clinique courante en est
limitée, d’où le recours à des méthodes d’estimation du
DFG et, plus particulièrement, la mesure de la créatininémie et les formules d’estimation de la fonction rénale
telles que Cockcroft-Gault [20] qui tient compte de l’âge,
du sexe et du poids du malade ou la formule aMDRD
[63] qui nécessite l’âge, le sexe et la créatininémie du
patient.
Ces dix dernières années, une définition internationale de l’insuffisance rénale ou maladie rénale a été
élaborée. Ces travaux ont débuté aux États-Unis, menés
par le groupe de travail KDOQI (Kidney Disease Outcomes Quality Initiative) de la National Kidney Foundation,
et ont été ensuite repris et validés à l’international par le
groupe de travail des KDIGO (Kidney Disease: Improving
Global Outcomes) [64,73] (Tableau 2).
Un DFG inférieur à 60 ml/min par 1,73 m2 signe une
insuffisance rénale, que la réduction du DFG soit ou non
accompagnée d’autres signes biologiques ou cliniques.
L’insuffisance rénale est dite chronique lorsqu’elle est
présente depuis au moins trois mois et est irréversible.
On parle d’insuffisance rénale terminale lorsque le DFG
est inférieur à 15 ml/min par 1,73 m2.
Prévalence dans la population générale,
principales causes et facteurs de risque
L’IRC touche entre 1,74 et 2,5 millions de personnes en
France selon les estimations, et l’insuffisance rénale
chronique terminale (IRCT) environ 45 000. Environ
deux tiers des patients ayant une IRCT sont actuellement traités par dialyse, et un tiers a un greffon rénal
fonctionnel. Cette population augmente d’environ
7 000 nouveaux cas par an, soit une incidence de
112 par million d’habitants. La prévalence de l’IRC non
terminale est difficile à estimer, en France, en l’absence
d’étude d’envergure. Aux États-Unis, les résultats de
deux campagnes de l’étude NHANES (National Health
and Nutrition Examination Survey) montrent, d’une
part, la forte prévalence de l’insuffisance rénale non
terminale (stades 1 à 4) et, d’autre part, l’augmentation
de cette prévalence. Ce programme porte sur un
échantillon représentatif de la population générale
américaine, âgée de 20 ans et plus, et portant sur
15 488 sujets pour la période d’étude 1988–1994 et
13 233 sujets pour la période 1999–2004. La prévalence
de l’IRC non terminale avait augmenté de 10,0 % sur la
période 1988–1994 à 13,1 % sur la période 1999–2004,
avec une forte augmentation de la prévalence de stade 3
(Tableau 3) [21].
Prévalence de l’insuffisance rénale dans le cancer
et dans le cancer du sein en particulier
La fréquence de l’IRC chez les patients atteints de cancer
est mal connue, alors que c’est une pathologie
fréquente dans la population générale. C’est pourquoi,
l’étude IRMA (insuffisance rénale et médicaments anti-
Tableau 2. Définition et stratification de la maladie rénale chronique
Stade
Description
Fonction rénale
(ml/min par 1,73 m2)
Risque élevé
Existence de facteurs de risque de maladie rénale
(diabète, hypertension, antécédents familiaux, sujet âgé, etc.)
Atteinte rénale (protéinurie, taille des reins, etc.) et DFG normal
Atteinte rénale et réduction « légère » du DFG
Réduction « modérée » du DFG
Réduction sévère du DFG
Insuffisance rénale terminale (dialyse ou transplantation nécessaires)
≥ 90
1
2
3
4
5
≥ 90
60 à 89
30 à 59
15 à 29
< 15
RECOMMANDATIONS / RECOMMENDATIONS
693
694
Tableau 3. Prévalence de l’IRC aux États-Unis [21]
ONCOLOG IE
Fonction rénale
(ml/min par
1,73 m2)
≥ 90
89–60
59–30
29–15
Stade
1
2
3
4
Total
Prévalence de l’IRC aux
États-Unis (population
générale) [%]
NHANES
1988–1994
NHANES
1999–2004
1,7
2,7
5,4
0,21
10,01
1,8
3,2
7,7
0,35
13,05
cancéreux) a été réalisée en 2005 [55]. Les objectifs de
cette étude observationnelle étaient de :
– déterminer la prévalence de l’insuffisance rénale
chez les patients atteints de cancer en France ;
– décrire le profil des médicaments anticancéreux, y
compris soins de support, utilisés chez ces patients, à
savoir, d’une part, la nécessité ou non d’adapter leur
posologie chez le patient insuffisant rénal et, d’autre
part, leur potentielle toxicité rénale chez ces patients à
risque.
Cette étude rétrospective a été menée dans 15
centres d’oncologie, en France, en février et en octobre
2004, chez un total de 4 684 patients souffrant de
tumeurs solides, ayant consulté dans l’un des centres
de l’étude et ne présentant pas d’IRCT, l’étude n’ayant
pas inclus les patients dialysés. À partir des données
recueillies, la fonction rénale des patients était évaluée à
l’aide des deux formules recommandées à l’heure
actuelle, celle de Cockcroft-Gault [20] et la formule
abrégée MDRD (aMDRD) de Levey et al. [63].
Parmi les 4 684 patients analysés, 64,4 % étaient des
femmes, l’âge moyen dans l’ensemble de la population
était de 58,1 ans, et les cinq types de cancer les
plus fréquemment retrouvés étaient un cancer du sein
(1 898 patients), un cancer colorectal (573 patients), un
cancer du poumon (445 patients) un cancer de l’ovaire
(270 patients) et un cancer de la prostate (222 patients).
Parmi les patients, 7,2 % présentaient un taux sanguin
élevé de créatinine supérieur à 110 mmol/l. Cependant,
la créatininémie est un mauvais index de la fonction
rénale, et celle-ci doit être estimée à l’aide de l’une des
deux formules recommandées. Ainsi, en appliquant la
formule de Cockcroft-Gault, 57,4 % avaient une fonction
rénale anormale (< 90 ml/min) et 52,9 % selon l’équation aMDRD. La prévalence d’une IRC de stades 3 et plus
était importante, avec 19,8 et 12,02 % des patients
concernés, lorsque la fonction rénale était estimée,
respectivement, à l’aide de la formule de CockcroftGault et de la formule aMDRD. Cette étude souligne
également la faible puissance de la créatininémie
en tant qu’index de la fonction rénale : 60,3 et 54,7 %
des 3 903 patients présentant une créatininémie
« normale » (< 110 mmol/l) avaient en réalité une fonction rénale anormale, que ce soit avec la formule de
Cockcroft-Gault ou avec la formule aMDRD.
Tableau 4. Prévalence de l’IRC chez les patients présentant
un cancer du sein dans l’étude IRMA [48,49,56]
Fonction rénale
(ml/min par
1,73 m2)
89–60
59–30
29–15
< 15
Total
Stade
2
3
4
5
Prévalence de l’IRC en France
dans l’étude IRMA (population
cancer du sein) [%]
CockcroftGault
aMDRD
37,6
13,7
0,4
0,1
51,8
43,0
7,4
0,3
0,1
50,8
Les analyses portant sur le sous-groupe de 1 898
patients présentant un cancer du sein rapportent des
chiffres similaires, avec 1,63 % des patients présentant
une créatininémie élevée, mais 51,8 et 50,8 % ayant une
fonction rénale anormale (< 90 ml/min) (Tableau 4) [48].
La prévalence de l’IRC était significativement plus
importante chez les patients présentant une maladie
métastatique (métastases osseuses), lorsque la fonction rénale était estimée à l’aide de la formule de
Cockcroft-Gault (p = 0,0381), et pas significativement
différente lorsque celle-ci était estimée à l’aide de la
formule aMDRD (p = 0,05).
Plus de la moitié des patients atteints de cancer en
France, et en particulier les patients présentant un
cancer du sein, présentent une fonction rénale anormale (< 90 ml/min), et 10 à 20 % d’entre eux ont une IRC
de stade 3 ou plus, alors même que leur créatininémie
est, dans la plupart des cas, dite « normale ». Il est
crucial d’estimer la fonction rénale de ces patients,
systématiquement à chaque visite, à l’aide de l’une des
deux formules recommandées, la formule de CockcroftGault ou la formule aMDRD.
Adaptation posologique chez
l’insuffisant rénal
Rationnel de l’adaptation
La pharmacocinétique des médicaments est modifiée
chez les patients insuffisants rénaux. La pharmacocinétique consiste en l’étude du devenir des médicaments
dans l’organisme. Ainsi, un médicament, une fois
administré dans un organisme, va subir quatre phases :
l’absorption du médicament dans le compartiment
central (le sang) ou phase d’entrée, après administration par une voie autre que la voie IV en bolus : voie
orale, percutanée, intramusculaire, sous-cutanée, ou en
perfusion IV. Ensuite viennent la distribution, le métabolisme (spontané, cellulaire, hépatique, enzymatique
ou non) et l’excrétion du médicament sous forme
inchangée ou de métabolites vers l’extérieur de l’organisme (urines, bile, fèces). Ces quatre phases sont
appelées phases ADME (absorption, distribution,
métabolisme, excrétion) de la pharmacocinétique. Si
l’insuffisance rénale entraı̂ne d’évidence une réduction
de l’excrétion urinaire des médicaments et/ou de leurs
métabolites, celle-ci est également à l’origine de
modifications de l’absorption, de la distribution et du
métabolisme des médicaments [58].
Ainsi, l’absorption, et en particulier l’absorption
orale, des médicaments peut être modifiée chez le
patient insuffisant rénal. Il existe de nombreuses
variations physiopathologiques comme, par exemple,
les modifications du pH gastrique, qui peuvent modifier
l’absorption de certains médicaments administrés par
voie orale en modifiant leur état d’ionisation. De plus, au
niveau intestinal, des modifications de l’intégrité de la
paroi intestinale chez les patients insuffisants rénaux
ont été rapportées, du fait d’une inflammation intestinale asymptomatique observée chez ces patients. Cet
état inflammatoire entraı̂ne une augmentation de la
perméabilité intestinale et donc, potentiellement, de
l’absorption des médicaments [38,85]. Par ailleurs, une
diminution de l’activité et de l’expression des enzymes
intestinales et hépatiques responsables du métabolisme des médicaments ont été rapportées chez les
patients insuffisants rénaux, induisant ainsi une diminution des effets de premier passage intestinal et
hépatique [60,61,92]. L’ensemble de ces modifications
conduit à une augmentation de la fraction de médicament inchangé qui atteint la circulation systémique chez
les patients insuffisants rénaux par rapport aux patients
ayant une fonction rénale normale.
Les modifications les plus évidentes de la phase de
distribution sont celles portant sur la fixation aux
protéines plasmatiques. En effet, l’albuminémie des
patients insuffisants rénaux est souvent inférieure à
celle des sujets sains. Ainsi, les médicaments acidesfaibles seront moins fixés. La fraction libre de
médicament dans le compartiment sanguin se trouve
ainsi augmentée, et une quantité plus importante de
produit est donc disponible pour atteindre le site
d’action et/ou pour diffuser dans des compartiments
plus profonds de l’organisme. De plus, certaines
substances qui s’accumulent chez les patients urémiques vont entrer en compétition avec les médicaments
au niveau des sites de fixation aux protéines [16],
entraı̂nant ainsi également une réduction de la fixation
des médicaments basiques, liés à l’alpha-1 glycoprotéine acide en général présente à des concentrations
normales, même chez les patients dont la fonction
rénale est altérée.
Il a été longtemps considéré que la pharmacocinétique des médicaments, dont la clairance métabolique
était très supérieure à la clairance rénale, n’était pas
modifiée chez le patient insuffisant rénal. Toutefois,
chez certains patients insuffisants rénaux, des modifications majeures du métabolisme peuvent se produire
du fait du ralentissement de certaines réactions enzymatiques hépatiques comme les réductions, les acétylations et les oxydations [60,61,92], notamment via les
enzymes du cytochrome p450, comme nous l’avons
abordé au sujet des effets de premier passage de la
phase d’absorption.
L’excrétion rénale des médicaments est soumise à
trois mécanismes distincts : la filtration glomérulaire, la
sécrétion tubulaire et la réabsorption tubulaire. Sont
éliminés par filtration glomérulaire les médicaments
non liés aux protéines et dont la taille est suffisamment
faible pour traverser la membrane glomérulaire. La
sécrétion et la réabsorption tubulaires sont des mécanismes de transport actif impliquant des transporteurs
différents selon la nature des médicaments. On distingue essentiellement trois types de transporteurs
tubulaires rénaux : les transporteurs des anions organiques (OATs, organic anion transporters), les transporteurs des cations organiques (OCTs, organic cation
transporters) et les transporteurs qui s’apparentent à la
glycoprotéine P [50]. En cas d’insuffisance rénale, ces
trois mécanismes d’excrétion peuvent être plus ou
moins altérés en fonction de la nature de l’atteinte
rénale. Ainsi, des modifications de l’expression et de
l’activité de ces transporteurs ont également été
rapportées chez des patients insuffisants rénaux, induisant donc des modifications de l’excrétion rénale de
différentes substances, dont les médicaments [47,71].
Il existe de plus chez le patient insuffisant rénal un
certain nombre de molécules qui s’accumulent du fait
de la diminution de la fonction rénale. Ces composés
sont appelés « toxines urémiques ». Celles-ci peuvent
également induire des modifications de la pharmacocinétique des médicaments en interagissant à différents
stades. Ces toxines peuvent, par exemple, entrer en
compétition avec les médicaments au niveau de leur
site de fixation sur les protéines plasmatiques et, ainsi,
entraı̂ner des modifications de leur fraction libre. De
plus, elles sont souvent substrats des mêmes transporteurs rénaux, biliaires et hépatiques que ceux qui
permettent l’excrétion dans l’urine ou dans la bile ou le
captage hépatique des médicaments. Ainsi, ces interactions de transport peuvent induire une diminution de
l’excrétion urinaire ou biliaire ou du métabolisme
hépatique des médicaments.
Les médicaments dont l’excrétion s’effectue par voie
urinaire sous forme active, inchangée ou de métabolites, auront les pharmacocinétiques les plus modifiées,
avec le plus souvent des conséquences cliniques
significatives en termes d’efficacité et de tolérance. En
ce qui concerne les médicaments métabolisés par le
foie se pose la question de l’altération éventuelle de leur
métabolisme, difficile à envisager a priori, mais également celle de l’excrétion secondaire de leur(s) métabolite(s) et de l’activité pharmacologique et/ou de la
toxicité éventuelle de ces derniers. En effet, l’élimination
des métabolites peut être ralentie et, de ce fait, conduire
à une accumulation de ces produits de dégradation
induisant un prolongement de l’activité pharmacologique et/ou l’apparition ou l’aggravation de phénomènes toxiques.
Les modifications du profil pharmacocinétique des
médicaments chez le patient insuffisant rénal résultent
de modifications multiples portant sur l’ensemble des
phases et pas seulement sur l’excrétion urinaire. Ainsi,
RECOMMANDATIONS / RECOMMENDATIONS
695
ONCOLOG IE
696
du fait de la complexité et de la multiplicité des
mécanismes concernés, il est impossible d’établir des
règles générales en matière d’adaptation posologique,
car celles-ci devront être élaborées pour chaque
médicament en fonction de son profil pharmacocinétique chez le patient insuffisant rénal, réalisé au cours
d’études spécifiques.
Dans l’attente de chapitres spécifiques bien faits
dans les résumés des caractéristiques du produit (RCP)
des médicaments commercialisés, il est indispensable
de faire appel à la littérature, afin de savoir si la
posologie d’un médicament doit ou non être adaptée
chez un patient insuffisant rénal et de connaı̂tre les
modalités de ces adaptations.
Il existe trois méthodes différentes pour adapter la
posologie d’un médicament chez le patient insuffisant
rénal. Le rationnel en est simple, dès lors que l’on a intégré
la notion qu’administrer une dose normale de médicament chez un patient insuffisant rénal peut, en réalité,
correspondre à un surdosage, du fait des modifications
de sa pharmacocinétique liées à l’IRC. L’on peut, tout
d’abord, utiliser la « méthode de la dose » qui consiste à
administrer le médicament au même rythme, mais à une
dose plus faible. La « méthode de l’intervalle » s’applique
en augmentant l’intervalle d’administration, tout en
conservant la même dose unitaire. La troisième méthode
est dite « mixte » et combine les deux premières. Le choix
d’une méthode plutôt que d’une autre ne peut être
recommandé de manière systématique, car les médicaments présentent des comportements différents chez le
patient insuffisant rénal, y compris au sein d’une même
classe thérapeutique. Les sels de platine en sont un bon
exemple en cancérologie pour ce qui est des chimiothérapies, et les bisphosphonates en sont un autre pour
les traitements de support. En effet, au sein de ces deux
classes thérapeutiques comportant chacune trois médicaments différents, deux médicaments nécessitent une
adaptation posologique chez le patient insuffisant rénal,
selon des modalités qui diffèrent (carboplatine et cisplatine ; pamidronate et zolédronate), alors que le
troisième ne nécessite pas d’adaptation posologique ou
exceptionnellement pour les stades 4 et 5 (oxaliplatine,
ibandronate).
Pour un médicament donné, la méthode d’adaptation posologique appropriée dépendra donc des caractéristiques pharmacocinétiques du médicament et de
son mécanisme d’action (molécule-mère active, métabolites actifs, prodrogue, etc.).
Recommandations d’adaptation posologique
L’adaptation de la posologie des médicaments est une
question cruciale en oncologie, car la majorité des
médicaments utilisés est concernée, du fait de leur
néphrotoxicité potentielle chez ces patients à haut
risque d’insuffisance rénale aiguë (IRA) iatrogène du
fait de l’IRC préexistante ou bien parce qu’il est
nécessaire d’adapter la posologie de ces médicaments
anticancéreux, afin d’éviter un surdosage secondaire
à un défaut d’élimination du médicament et les effets
toxiques, souvent sévères, qui en découlent. Dans
l’étude IRMA [55], les médicaments anticancéreux
prescrits étaient relevés et ensuite classés suivant
deux critères : la néphrotoxicité potentielle du médicament (« oui » ou « non ») et la nécessité ou non
d’adapter la posologie de ce médicament chez les
patients insuffisants rénaux (« oui », « non » ou « ND »
pour les médicaments pour lesquels aucune donnée
n’était disponible dans la littérature internationale sur ce
thème). Les résultats pour le groupe de patients
présentant un cancer du sein rapportent que la majorité
des médicaments utilisés, des prescriptions et des
patients traités étaient concernés par cette question
(Tableau 5).
Ainsi, du fait de la prévalence importante de l’IRC
chez les patients présentant un cancer du sein et de la
forte proportion de médicaments anticancéreux utilisés
qui interagissent avec le rein, que ce soit en termes
d’adaptation posologique ou de toxicité rénale potentielle, il est indispensable de recourir à des sources
d’informations fiables pour prescrire ces traitements à
leur juste posologie chez ces patients.
Dans une étude de Launay-Vacher et al. [57], la
disponibilité et la qualité des informations disponibles
dans les RCP ont été évaluées. Cette étude comparait,
pour dix médicaments anticancéreux, les informations
proposées dans le dictionnaire Vidal® 2002, le Physician’s Desk Reference® (PDR) 2002, américain et un
ouvrage synthétisant les données disponibles dans la
littérature internationale, le GPR® anticancéreux, Guide
de prescription et rein [52].
La classification utilisée était la suivante, et les
résultats de l’étude sont présentés dans le Tableau 6.
Cette étude met l’accent sur le manque d’informations facilement accessibles sur ce thème de l’adaptation posologique des médicaments anticancéreux chez
le patient IRC. Récemment, toutefois, plusieurs travaux
Tableau 5. Médicaments anticancéreux prescrits chez les patients présentant un cancer du sein dans l’étude IRMA [48,49,56]
Médicaments (en DCI) [n = 40]
Prescriptions (lignes de prescription) [n = 3 465]
Patients traités recevant au moins 1 médicament de ce type (n = 1 702)
DCI : dénomination commune internationale ; NC : non connue.
Adaptation posologique
Oui ou NC (%)
Néphrotoxicité
Oui ou NC (%)
65
53,2
80,2
65
41,7
76,9
Tableau 6. Disponibilité et qualité des informations disponibles sur l’adaptation posologique de dix médicaments anticancéreux
dans le Vidal®, le PDR® et la littérature internationale (GPR® anticancéreux) [57]
DCI
Classification
Vidal®
PDR®
Littérature internationale (GPR® anticancéreux)
Docétaxel
D
D
Cisplatine
D
D
5-FU
B
D
Paclitaxel
C
D
Ifosfamide
C
C
Carboplatine
A
A
Vinorelbine
C
A
Doxorubicine
D
D
Épirubicine
C
C
Gemcitabine
B
C
A/B
Pas d’adaptation posologique jusqu’à 10 ml/min de fonction rénale, pas de données
chez le patient hémodialysé
A
Il est nécessaire d’adapter la posologie. Les modalités sont connues
A
Il n’est pas nécessaire d’adapter la posologie, quelle que soit la sévérité de l’insuffisance
rénale
A
Il n’est pas nécessaire d’adapter la posologie, quelle que soit la sévérité de l’insuffisance
rénale
A
Il est nécessaire d’adapter la posologie. Les modalités sont connues
A
Il est nécessaire d’adapter la posologie. Les modalités sont connues
A
Il n’est pas nécessaire d’adapter la posologie, quelle que soit la sévérité de l’insuffisance
rénale
A
Il n’est pas nécessaire d’adapter la posologie, quelle que soit la sévérité de l’insuffisance
rénale
A/B
Pas d’adaptation de la posologie jusqu’à 10 ml/min de fonction rénale, pas de données
chez le patient hémodialysé
B
Aucune donnée chez les patients dont la fonction rénale est inférieure à 30 ml/min
A : médicaments pour lesquels une information complète et pratique était donnée dans le RCP, expliquant leur utilisation chez les
patients souffrant d’insuffisance rénale ; B : médicaments pour lesquels l’information était moins claire et/ou pour lesquels aucun
conseil clair sur leur utilisation chez ces patients n’était donné ; C : médicaments pour lesquels l’information se résumait à une
simple phrase telle que « utiliser avec précaution » ou « utiliser des doses plus faibles » ; D : quand aucune indication relative à
l’utilisation des médicaments chez les patients insuffisants rénaux n’était donnée, résultant en une absence totale des mots
« insuffisance rénale » du RCP ou en une simple phrase telle que « il n’y a pas de données/d’études sur la pharmacocinétique/
l’utilisation chez les patients présentant une altération de la fonction rénale ».
ont été réalisés en ce sens, et des recommandations de
sociétés savantes (Société internationale d’oncologie
gériatrique, SIOG) [66] ou des synthèses de la littérature
bien faites sont disponibles [51,65]. Même si celles-ci
ne portent pas spécifiquement sur le patient présentant
un cancer du sein, ces recommandations peuvent être
transposées dans ce contexte. Invariablement, les
adaptations posologiques sont présentées dans ces
sources par médicament. Dans le cadre des Recommandations pour la pratique clinique de Saint-Paul de
Vence 2009, les recommandations d’adaptation posologique sont présentées par protocole de chimiothérapie dans l’objectif d’adapter ces recommandations à la
pratique clinique quotidienne.
Traitements spécifiques :
tableaux par protocoles
Les recommandations d’adaptation posologique des
traitements spécifiques sont présentées en plusieurs
tableaux : l’hormonothérapie (Tableau 7), les théra-
Recommandations (niveau 2, grade B)
L’IRC est fréquente chez les patients atteints d’un
cancer du sein.
Les traitements spécifiques et les traitements de
support :
– nécessitent une adaptation posologique chez les
patients IRC pour éviter un surdosage et une toxicité ;
– peuvent être toxiques pour le rein et nécessiter la
mise en place de mesures de prévention spécifiques.
Les patients atteints de cancer et d’IRC nécessitent
une prise en charge pluridisciplinaire (oncologues,
néphrologues, infirmières, etc.).
pies ciblées (Tableau 8) et les protocoles de chimiothérapie impliquant des combinaisons de trois
produits (Tableau 9). Les protocoles de chimiothérapie incluant des combinaisons de deux produits sont
présentés sous la forme de deux tableaux distincts
RECOMMANDATIONS / RECOMMENDATIONS
697
698
Tableau 7. Recommandations d’adaptation posologique pour l’hormonothérapie
DCI
Posologies recommandées selon la fonction rénale en ml/min
ONCOLOG IE
≥ 90
89–60
59–30
Tamoxifène
Anastrozole
Exemestane
Létrozole
Fulvestrant
29–15
< 15 et dialyse
20 à 40 mg/j
1 mg/j
25 mg/j
2,5 mg/j
ND
Recommandations (niveau 2, grade B)
Aucune adaptation posologique n’est nécessaire pour l’hormonothérapie chez le patient insuffisant rénal.
Les traitements hormonaux peuvent être prescrits à leur posologie usuelle, quel que soit le niveau de fonction rénale.
Tableau 8. Recommandations d’adaptation posologique pour les thérapies ciblées
DCI
Posologies recommandées selon la fonction rénale en ml/min
≥ 90
Bevacizumab
Lapatinib
Trastuzumab
89–60
Schéma 1
Schéma 2
59–30
29–15
< 15 et dialyse
10 mg/kg par 2 semaines
15 mg/kg par 3 semaines
1 250 mg/j
4 mg/kg, puis 2 mg/kg par semaine
8 mg/kg, puis 6 mg/kg par 3 semaines
Hebdo
3 semaines
ND
Hebdo : Hebdomadaire.
Recommandations
Bevacizumab (Avastin®)
– Aucune adaptation posologique nécessaire ;
– prescription à la posologie usuelle quel que soit le niveau de fonction rénale (niveau 2, grade B).
Trastuzumab (Herceptin®)
– Aucune adaptation posologique nécessaire ;
– prescription à la posologie usuelle quel que soit le niveau de fonction rénale (niveau 2, grade B).
Lapatinib (Tyverb®)
Aucune étude chez le patient insuffisant rénal ;
pas de recommandation possible lorsque la fonction rénale est inférieure à 60 ml/min par 1,73 m2.
Tableau 9. Recommandations d’adaptation posologique pour les protocoles de chimiothérapie combinant trois produits
DCI
Posologies recommandées selon la fonction rénale en ml/min
≥ 90
Protocole CMF
Cyclophosphamide
Méthotrexate
5-fluoro-uracile
Protocole FAC
5-fluoro-uracile
Adriamycine
Cyclophosphamide
Protocole FEC 100 (ou 50 ou 75)
5-fluoro-uracile
Épirubicine
Cyclophosphamide
Protocole TAC
Docétaxel
Adriamycine
Cyclophosphamide
600 mg/m2
40 mg/m2
600 mg/m2
500 mg/m2
50 mg/m2
500 mg/m2
500 mg/m2
100 mg/m2 (ou 50 ou 75)
500 mg/m2
75 mg/m2
50 mg/m2
500 mg/m2
89–60
59–30
29–15
< 15 et dialyse
600 mg/m2
32 mg/m2
600 mg/m2
600 mg/m2
20 mg/m2
600 mg/m2
ND
(Tableaux 10 et 11), pour les patients dont la fonction
rénale est comprise entre 30 et 59 ml/min et ceux dont
la fonction rénale est comprise entre 15 et 29 ml/min.
Recommandations
Protocoles FAC, FEC (100, 75 et 50) et TAC
Aucune adaptation posologique nécessaire ;
prescription à la posologie usuelle quel que soit
le niveau de fonction rénale (niveau 2, grade B)
Protocole CMF
globalement les mêmes risques en termes de toxicité
rénale que les AINS, et leur prescription doit s’entourer
des mêmes précautions [23].
Recommandations
Recommandations pour les protocoles associant
deux produits
Une adaptation posologique est recommandée
pour la plupart des traitements utilisés à visée
antalgique dans la prise en charge de la douleur
neuropathique (niveau 2, grade B)
Une adaptation posologique est recommandée sur
la dose de méthotrexate (niveau 2, grade B)
Bisphosphonates
Recommandations
Recommandations pour les protocoles associant
deux produits (niveau 2, grade B)
Traitements de support
Antalgiques
Le maniement des antalgiques chez le patient
insuffisant rénal peut être délicat, en particulier
dans le cas des opioı̈des ou dans le rationnel de
choix des médicaments des différents paliers, pour
lesquels il est important de considérer également la
disponibilité des informations sur leur maniement,
en cas d’IRC, comme un critère de choix [54]. En
accord avec le groupe de travail sur la prise en
charge de la douleur de ces Recommandations
pour la pratique clinique de Saint-Paul de Vence
2009, il a été décidé, pour cette édition, de centrer le
propos sur les traitements de la douleur neuropathique. Les recommandations issues du GPR® antalgiques et anti-inflammatoires [42], du GPR ®
antidépresseurs et anxiolytiques [43], du GPR ®
médecine générale [53], du GPR® neurologie [100]
et celles de la littérature internationale sont présentées dans le Tableau 12.
Il est toutefois important de préciser que les antiinflammatoires non stéroı̈diens (AINS) présentent une
potentielle néphrotoxicité qu’il est nécessaire d’avoir en
mémoire. Ces médicaments doivent être utilisés avec
précaution chez les patients présentant une IRC et
doivent être probablement évités, dès lors que la
fonction rénale est inférieure à 60 ml/min, voire
contre-indiqués lorsque celle-ci est inférieure à 30 ml/
min. Ces médicaments étant très largement utilisés
dans le cadre d’une automédication, que ce soit chez les
patients atteints de cancer ou dans la population
générale, une information claire et une sensibilisation
des patients à ces potentiels effets délétères sur la
fonction rénale doivent être délivrées. De même, les
anti-inflammatoires spécifiques de la cyclo-oxygénase
de type 2 (les COX-2), comme le célécoxib, présentent
Les bisphosphonates étant quasi exclusivement excrétés dans les urines sous forme inchangée, leur pharmacocinétique est modifiée chez les patients dont la
fonction rénale est anormale, et il est ainsi nécessaire
d’adapter la posologie de ces médicaments chez le
patient insuffisant rénal. Le clodronate administré per
os est en règle générale bien toléré, même lorsqu’il est
administré à sa posologie usuelle chez des patients
présentant une IRCT. Toutefois, il est recommandé
d’initier le traitement à une posologie réduite chez les
patients dont la fonction rénale est inférieure à 30 ml/
min [52]. Dans le cas des bisphosphonates administrés
par voie IV, le pamidronate et l’ibandronate peuvent être
administrés à leur posologie usuelle chez les patients
dont la clairance de la créatinine (estimée par la formule
de Cockcroft-Gault ou la formule aMDRD) est supérieure à 30 ml/min. En revanche, le zolédronate nécessite
une adaptation posologique dès 60 ml/min de clairance
de la créatinine, avec une réduction de la posologie pour
chaque diminution de 10 jusqu’à 30 ml/min. Pour les
patients dont la clairance de la créatinine est inférieure à
30 ml/min, le zolédronate ne doit pas être utilisé. Le
pamidronate et l’ibandronate peuvent être utilisés à une
posologie adaptée au niveau de l’insuffisance rénale, y
compris chez les patients dialysés. Il est intéressant de
noter que la posologie de l’ibandronate doit être
adaptée chez les patients dont la fonction rénale est
inférieure à 30 ml/min, car il a été démontré qu’à la
posologie recommandée de 2 mg, la charge de médicament délivrée à l’os était similaire à celle observée
après l’administration d’une dose usuelle chez des
patients présentant une fonction rénale normale. Ainsi,
cette adaptation posologique est-elle recommandée,
car cette dose est suffisante et non pas en raison d’une
toxicité éventuelle [12–14] (Tableau 13).
Le denosumab est un anticorps monoclonal antiRANK ligand, qui présente des propriétés intéressantes
dans la prise en charge des métastases osseuses du
cancer. Il n’existe aucune donnée sur sa pharmacocinétique ou son adaptation posologique éventuelle chez
les patients présentant une IRC. Toutefois, ce médicament étant un anticorps monoclonal, il est métabolisé
par les cellules du lit vasculaire, et l’insuffisance rénale
n’a, en théorie, pas d’influence sur son élimination.
RECOMMANDATIONS / RECOMMENDATIONS
699
30
60 à 80
37,5
75
30
60 à 80
250
15
250
30
25
175
175
25
150
150
Vinorelbine
90
100
135
100
100
90
100
135
75
75
80
50
50
80
30
30
Cyclophosphamide
CDDP
Paclitaxel
Docétaxel
Dose
monothérapie
adaptée
Dose adaptée à AUC
(formule de Calvert et al.)
600
600
Carbo
Platine
Dose usuelle
Dose monothérapie
adaptée
Taxane
Dose
usuelle
50
75
50
50
60
600
60
175
60
60
Adriamycine
(doxorubicine)
75
175
75
75
90
25
90
90
Épirubicine
Anthracycline
50
50
75
600
75
75
Caelyx
500
500
5-FU
600
80
600
600
750
80
750
750
1237.5
80
1 650
1 237,5
1 500
60 à 80
1 500
25
1 500
75
1 500
100
2 000
1 500
Capécitabine
5-fluoro-uracile
2 500
1 875
750
15
750
750
1250
175
1 250
1 250
1 500
50
1 500
1 500
Gemcitabine
2 000
150
2 000
2 000
Tableau 10. Recommandations d’adaptation posologique pour les protocoles de chimiothérapie combinant deux produits pour une fonction rénale comprise entre 30 et 59 ml/min
ONCOLOG IE
600
75
600
600
Cyclophosphamide
25
37,5
25
25
25
30
135
30
30
30
30
Vinorelbine
700
Cyclophosphamide
Vinorelbine
Platine
Dose usuelle
Dose monothérapie adaptée
Taxane
Carbo
CDDP
Placitaxel
Docétaxel
150
175
250
15
37.5
150
175
250
30
75
25
30
60 à 80
25
30
60 à 80
Dose adaptée à AUC
(formule de Calvert et al.)
600
600
90
100
135
100
100
90
100
135
75
75
80
50
50
80
30
Dose monothérapie adaptée
30
Dose
usuelle
50
75
50
50
60
600
60
175
60
60
Adriamycine
(doxorubicine)
75
175
75
75
90
25
90
90
Épirubicine
Anthracycline
50
50
Caelyxé
75
600
75
75
500
500
5-FU
600
80
600
600
750
80
750
750
1 650
2 000
Contre-indiquée
Capécitabine
5-fluoro-uracile
750
15
750
750
1 250
175
1 250
1 250
1 500
50
1 500
1 500
2 000
150
2 000
2 000
600
75
600
600
Cyclophosphamide
25
37,5
25
25
30
135
30
30
30
30
Vinorelbine
RECOMMANDATIONS / RECOMMENDATIONS
2 500
Gemcitabine
Tableau 11. Recommandations d’adaptation posologique pour les protocoles de chimiothérapie combinant deux produits pour une fonction rénale comprise entre 15 et 29 ml/min
701
702
Tableau 12. Recommandations d’adaptation posologique pour les antalgiques utilisés dans la prise en charge de la douleur
neuropathique
DCI (nom commercial)
Posologies recommandées selon la fonction rénale en ml/min
ONCOLOG IE
≥ 90
Gabapentine
(Neurontin®)
Paroxétine
(Déroxat®)
Prégabaline (Lyrica®)
Tramadol p.o.
(Topalgic®)
Venlafaxine
(Effexor®)
Amitryptilline
(Laroxyl®)
Carbamazépine
(Tégrétol®)
Citalopram p.o.
et i.v. (Séropram®)
Clomipramine p.o.
et i.v. (Anafranil®)
Clonazépam p.o.
(Rivotril®)
Clonazépam i.m./i.v.
(Rivotril®)
89–60
900 à 1 200 mg/j
59–30
29–15
< 15 et dialyse
300 mg toutes
les 12 heures
300 mg toutes
les 24 heures
Débuter à 10 mg/j
300 mg toutes les
48 heures
Débuter à 75 mg/
j par paliers de
25 mg
Dose maximale
300 mg/j
50 à 200
Débuter à 25 à
50 mg/j par
paliers de 25 mg
Dose maximale
150 mg/j
mg/j
Débuter à 25 mg/j
par paliers de
25 mg
Dose maximale
75 mg/j
50 à 100 mg/j
10 à 50 mg/j
150 mg/jn puis 300 mg/j
Dose maximale 600 mg/j
40 à 100 mg toutes les 4 à 6 heures
75 à 375 mg/j
25 à 175 mg/j
75 à 150 mg/j p.o. 25 à 100 mg/j par voie i.v. ou i.m.
400 à 1 200 mg/j
10 à 60 mg/j
Débuter à 10 mg/j
50 à 150 mg/j
Débuter à 25 mg/j
50 à 150 mg/j
Débuter à 0,05 mg/kg par jour
50 à 150 mg/j
Débuter à 0,25 à 1 mg toutes les 4 à 6 heures
Tableau 13. Recommandations d’adaptation posologique pour la prise en charge médicamenteuse des métastases osseuses :
bisphosphonates [52]
DCI (nom commercial)
Posologies recommandées selon la fonction rénale (ml/min)
≥ 90
Clodronate p.o.
Pamidronate (Aredia®)
Zolédronate (Zometa®)
Ibandronate (Bondronat®)
Clastoban
Lytos®
®
89–60
59–30
1 600 à 3 200 mg/j
1 040 à 2 080 mg/j
90 mg
60–90 mg
4 mg
59–50 ml/min : 3,5 mg
49–40 ml/min : 3,3 mg
39–30 ml/min : 3,0 mg
6 mg
Recommandations
Une adaptation posologique est recommandée
pour les bisphosphonates dans la prise en charge des
métastases osseuses.
Clodronate et pamidronate (niveau 2, grade B)
Ibandronate et zolédronate (niveau 1, grade A)
Antiémétiques
De nombreuses chimiothérapies émétisantes nécessitent le recours à la prescription de médicaments
antiémétiques pour lutter contre les nausées et les
vomissements qui sont un facteur majeur d’intolérance
29–15
< 15 et dialyse
800 à 1 600 mg/j
520 à 1 040 mg/j
60 mg
Non recommandé
2 mg
au traitement. Chez le patient insuffisant rénal, de la
même façon que pour n’importe quel autre médicament, il est nécessaire de se poser la question d’une
adaptation posologique éventuelle, ces médicaments
n’étant pas dénués d’effets indésirables s’ils sont
surdosés. Les recommandations disponibles dans la
littérature sont présentées dans le Tableau 14 ci-après. Il
est important de noter que la prescription de ces
médicaments peut permettre d’éviter une déshydratation en prévenant les vomissements, déshydratation
qui peut, lorsqu’elle se manifeste, entraı̂ner une IRA
fonctionnelle et/ou majorer la néphrotoxicité des médicaments que le patient a reçus, sels de platine par
exemple. Ainsi, prévenir les vomissements peut avoir
également un intérêt dans un objectif de prévention
d’une néphrotoxicité médicamenteuse.
Tableau 14. Recommandations d’adaptation posologique pour les antiémétiques utilisés dans la prise en charge des nausées et
des vomissements
DCI (nom
commercial)
Source
Posologies recommandées selon la fonction rénale en ml/min
≥ 90
Aprépitant
(Emend®)
Dompéridone
(Motilium®)
Granisétron
(Kytril®)
Métoclopramide
(Primpéran®)
Métopimazine
(Vogalène®)
Ondansétron
(Zophren®)
89–60
59–30
29–15
Bergman et al. [11]
125 mg à j1 et 80 mg à j2 et j3
Brogden et al. [17]
10 à 20 mg, 3 à 4 fois/jour
Li et al. [65], Aapro et al.
[1], Albares et al. [2]
Bateman et al. [10],
Lehmann et al. [62]
ND
Balaskas et al. [7],
Deshpande et al. [24]
2 à 3 mg/j, i.v. ou p.o.
2 à 10 mg/kg par jour
15 à 30 mg/j
8 mg toutes les 12 heures
1 à 5 mg/kg par jour
< 15 et dialyse
Débuter à 1 mg/j
0,6 à 3 mg/kg par jour
En l’absence de données, débuter à la plus faible
dose
Débuter à 4 mg toutes les 12 heures
Recommandations
Recommandations pour les antiémétiques
Une adaptation posologique est recommandée pour la plupart des traitements antiémétiques (niveau 2, grade B)
Toxicité rénale des médicaments
Recommandations pour la prévention
Rationnel de la toxicité rénale et de sa prévention
Traitements spécifiques
L’incidence de la toxicité rénale secondaire à l’administration d’un médicament est en augmentation. Il
s’agit d’un événement grave qui s’associe à une
morbidité et à une mortalité importante. Celle-ci est
liée principalement au terrain sur lequel la défaillance
rénale survient, mais également à l’altération de la
filtration glomérulaire en elle-même, qui met la vie
du patient en danger en l’exposant à de multiples
complications.
Le rein est un organe particulièrement sensible à
la toxicité des médicaments circulant dans l’organisme, car il reçoit chaque minute 25 % du débit
cardiaque dans un réseau capillaire qui représente
une très importante surface endothéliale. De plus,
l’existence d’un gradient osmotique corticomédullaire favorise l’accumulation interstitielle de toxiques
au niveau de la papille et de la médullaire. Enfin, le
rôle fondamental du tubule rénal dans la réabsorption des solutés l’expose à une concentration particulièrement élevée des molécules de médicaments
dans la lumière tubulaire mais aussi dans la cellule
tubulaire.
Le diagnostic de toxicité rénale d’un médicament est
le plus souvent posé devant une altération aiguë de la
filtration glomérulaire, une des présentations cliniques
les plus fréquentes, les autres (atteinte tubulaire isolée,
syndrome néphrotique, syndrome hémolytique et
urémique) étant largement sous-estimées, car moins
bien repérées par les cliniciens. La gravité du problème
est soulignée par la possibilité d’évolution vers l’IRC et
la dialyse.
Sels de platines
Cisplatine
L’IRA aux platines est dose-dépendante et principalement observée pour des doses supérieures à 50 mg/m2.
Son incidence augmente avec le nombre de cures
réalisées. Elle est très nettement favorisée par l’usage
concomitant d’autres traitements néphrotoxiques. Les
facteurs de risque de l’IRA au cisplatine sont essentiellement la déshydratation, l’association aux produits
de contrastes iodés ou à d’autres traitements néphrotoxiques, le mode d’administration (mieux toléré en
perfusion continue que sous forme de bolus IV) ou un
traitement antérieur par le cisplatine. Elle est largement
favorisée par l’administration de cisplatine en hôpital de
jour chez les patients qui, s’ils bénéficient d’une
hydratation satisfaisante avant et durant la perfusion
du cisplatine, présentent souvent des troubles digestifs
24 ou 48 heures après leur sortie, alors qu’ils sont dans
l’impossibilité de maintenir une hydratation satisfaisante par voie orale du fait des nausées et des
vomissements. L’atteinte rénale secondaire au cisplatine se présente habituellement comme une IRA à
diurèse conservée, de profil tubulo-interstitiel et en
règle réversible. L’apparition d’une atteinte tubulaire
attestée par l’existence d’une enzymurie et d’une
hypomagnésémie sévère qu’il faut systématiquement
rechercher et compenser, d’une faible protéinurie de
type tubulaire et/ou d’un trouble de la concentration des
urines précèdent l’altération de la filtration glomérulaire. Dans les premières études, plus de 70 % des
RECOMMANDATIONS / RECOMMENDATIONS
703
ONCOLOG IE
704
patients traités par le cisplatine développaient une IRA.
L’hydratation agressive par du sérum physiologique a
permis de réduire cette néphrotoxicité d’environ 50 %.
En effet, actuellement il est rapporté que seuls 42 % des
patients traités par de fortes doses de cisplatine
développent une néphrotoxicité [22]. Il faut noter que
l’atteinte rénale liée au cisplatine peut être irréversible
même en l’absence d’insuffisance rénale préalable, et
ce, malgré une hydratation correcte. La posologie du
cisplatine doit être adaptée à la fonction rénale.
L’hydratation par le sérum physiologique reste la
base du traitement préventif de la néphrotoxicité lors de
l’utilisation du cisplatine. Selon le poids du patient et
l’état des fonctions cardiaques et rénales, une perfusion
de deux litres de sérum physiologique, toutes les 12 à
24 heures avant le traitement et au moins 24 heures
après le traitement, permet de minimiser les lésions
rénales au cours de l’usage du cisplatine. L’objectif de
l’hydratation est de maintenir au moins une diurèse de
125 ml/heure (1,7 l/m2 par 24 heures). Cette hydratation
doit être réalisée sans avoir recours aux diurétiques. En
effet, chez l’homme, il n’existe aucune preuve de leur
efficacité dans la prévention de la toxicité rénale du
cisplatine. Ainsi, dans une étude randomisée portant
sur un groupe de patients recevant du cisplatine associé
à une hydratation avec ou sans mannitol, les auteurs
n’ont observé aucun effet bénéfique de l’ajout du
mannitol sur la fonction rénale des patients après
plusieurs cures [4]. De plus, dans une autre étude, un
protocole d’hydratation à base de sérum salé isotonique
était associé à une moindre diminution de la fonction
rénale après administration de cisplatine que le même
protocole d’hydratation auquel on ajoutait du furosémide ou du mannitol [86]. Il n’existe, par conséquent,
aucune preuve aujourd’hui de l’intérêt des diurétiques,
furosémide et mannitol, dans la prévention de la toxicité
rénale du cisplatine, ces derniers pouvant même être
délétères par rapport à une hydratation seule. Le groupe
de travail sur le cancer de la Société européenne de
pharmacie clinique a récemment publié des recommandations en ce sens [56]. En parallèle, un traitement
antiémétique efficace doit être administré concomitamment pour minimiser la déplétion hydrique. L’hydratation IV par du sérum physiologique devrait dans l’idéal
être maintenue au moins trois jours après l’arrêt du
cisplatine. Cependant, chez certains patients, malgré
l’hydratation salée agressive et la supplémentation
magnésique, le risque d’insuffisance rénale persiste
(Tableau 15).
Carboplatine. Le carboplatine est moins néphrotoxique que le cisplatine. Néanmoins, il a été rapporté des
cas de toxicité rénale au carboplatine, notamment à
fortes doses supérieures à 1 500, à 2 000 mg/m2, où
l’incidence peut atteindre 29 %, avec 8 % de patients
hémodialysés [15,80]. Les mesures de prévention sont
donc absolument indispensables avant l’utilisation de
cette thérapeutique. Les formules de Calvert et al. et de
Chatelut et al. permettent de déterminer la dose totale
de carboplatine à administrer à un patient en fonction
de l’aire sous la courbe désirée (AUCcible) qui représente
l’efficacité attendue et de la clairance du platine, rénale
(DFG) et extrarénale. Calculer la dose de carboplatine
avec l’une ou l’autre de ces formules permet d’adapter
la posologie du carboplatine à la fonction rénale du
patient traité.
Formule de Calvert et al. [18] :
Dose (mg) = AUCcible × (DFG + 25)
AUCcible = aire sous la courbe « cible » de carboplatine désirée ; DFG = débit de filtration glomérulaire,
estimé en pratique par la formule de Cockcroft-Gault
(DFG = 0 ml/min chez l’hémodialysé).
Formule de Chatelut et al. [19] :
Dose (mg) = AUC cible × (0,134 × poids + 218 ×
poids (1–0,00457 × âge) × (1–0,314 × sexe)/Scr
Avec le poids en kg, l’âge en années, le sexe = 0
pour les hommes et 1 pour les femmes et la créatininémie (Scr) en mmol/l.
Chez le patient IRC, une hydratation par sérum
physiologique doit également être assurée, surtout audelà d’une dose de 800 mg/m2. Le carboplatine est
Tableau 15. Recommandations pour la prévention de la toxicité rénale des sels de platine et du cisplatine en particulier [49]
Mesures générales
Avant la chimiothérapie
Pendant la chimiothérapie
Après la chimiothérapie
Avant la cure suivante
– Évaluation de la fonction rénale (Cockcroft-Gault, aMDRD, bandelette urinaire confirmée par ECBU
et protéinurie avant le début du traitement) ;
– vérification de l’état d’hydratation (examen clinique, ionogramme urinaire, pression artérielle).
– Hydratation (sérum physiologique 250 ml/h 6 à 8 heures avant la chimiothérapie) sans
diurétiques ;
– prévention des complications digestives (antiémétiques) ;
– contrôle biologique de la créatininémie, de l’ionogramme ;
– magnésémie, kaliémie si cisplatine ;
– surveillance de la diurèse, pression artérielle ;
– éviter les médicaments néphrotoxiques associés (aminosides, AINS, produits de contraste iodés,
bisphosphonates et en particulier le zolédronate).
– Si traitement ambulatoire, prescrire un contrôle biologique à distance (5 à 8 jours après).
– Vérifier que la fonction rénale est restée normale ou redevenue normale ;
– noter l’augmentation de créatinine induite par la cure antérieure pour éventuellement adapter la
dose suivante.
moins émétisant que le cisplatine, ce qui doit probablement contribuer à sa moindre toxicité.
Oxaliplatine. L’oxaliplatine est un autre dérivé du
platine, pour lequel il n’existe pas de données dans la
littérature permettant de préciser clairement sa
néphrotoxicité. Il a été cependant rapporté deux cas
de nécrose tubulaire aiguë secondaire à l’utilisation
de l’oxaliplatine [46,78]. Les rares données disponibles dans la littérature suggèrent qu’il n’est pas
nécessaire d’adapter la posologie de l’oxaliplatine
chez le patient IRC [52].
Recommandations
Recommandations pour la prévention de la toxicité
rénale des sels de platine et du cisplatine en particulier
(niveau 1, grade A)
Une adaptation posologique est recommandée
pour le cisplatine et le carboplatine.
Gemcitabine
La microangiopathie thrombotique (MAT) associée à la
gemcitabine est un événement rare mais grave.
L’incidence de la MAT imputable à la gemcitabine,
d’après les données de pharmacovigilance du laboratoire, est estimée à 0,015 % pour 78 800 patients
exposés et à 0,072 % sur la période de janvier 1998 à
avril 2003 (sur 13 854 patients traités) [31]. Entre 1987 et
1997, 12 observations de syndrome hémolytique et
urémique ont été rapportées, atteignant également
l’homme et la femme chez des patients dont l’âge
moyen était de 55,5 ans (37 à 73). Dans une étude
récente, l’incidence (rétrospective d’après l’analyse de
706 dossiers de patients d’une seule institution) était
évaluée à 0,4 % [41]. Le délai d’apparition de la MAT
s’étend de quelques jours à plusieurs mois après la fin
du traitement [33,72]. La dose cumulée de traitement est
également très variable (de 2 450 à 48 000 mg/m2), et
seuls certains auteurs considèrent la MAT comme dosedépendante [87,98].
La physiopathologie de la MAT, secondaire aux
chimiothérapies et, en particulier à la gemcitabine, n’est
pas formellement élucidée, mais l’augmentation du
facteur Von Willebrand et la diminution d’une métalloprotéase, l’ADAMTS 13, capable de cliver les multimères du facteur Von Willebrand, ont été associées à
ces pathologies.
Les signes cliniques et biologiques associés à la
MAT n’ont rien de spécifique, mais il faut noter la
fréquence des formes biologiques discrètes nécessitant
une surveillance de la présence de schizocytes et de
l’haptoglobine, en plus du taux d’hémoglobine et du
taux de plaquettes régulièrement surveillés, pour
assurer le diagnostic chez les patients à risque.
L’hypertension artérielle est fréquemment associée et
peut, même si elle apparaı̂t de novo, être un signe
devant faire suspecter le diagnostic de MAT.
L’atteinte rénale est variable, parfois limitée à une
altération modérée de la fonction rénale précédée d’une
faible protéinurie et d’une hématurie. Le tableau peut
être plus grave avec une IRA oligurique nécessitant la
dialyse. Plus d’un patient sur deux présentent une
protéinurie et une hématurie, les essais de phase II
ayant montré qu’une protéinurie, une hématurie, une
augmentation de l’urée ou de la créatine de grade 1/2
étaient retrouvés chez 58, 41, 17 et 8 % des patients
respectivement [34,35]. Ces données suggèrent soit des
formes mineures transitoires, soit une sous-documentation de ces épisodes qui passeraient inaperçus. Le
diagnostic de l’atteinte rénale repose sur la biopsie
rénale, parfois impossible à réaliser chez un patient
anémique et thrombopénique. Lorsqu’elle est réalisée,
elle retrouve des caractéristiques histologiques typiques d’un syndrome hémolytique et urémique classique, avec parfois des lésions irréversibles, et permet
de mieux préciser le pronostic rénal. Les facteurs de
risque mis en évidence sont essentiellement l’association au cisplatine avec deux observations d’IRA ayant
entraı̂né le décès chez des patients traités par cette
combinaison d’anticancéreux.
Le pronostic semble plus grave que pour les MAT
apparaissant dans d’autres contextes (40 à 90 % vs 10 à
20 % [67,75,87,91], d’autant que les MAT sont souvent
observées chez des patients présentant une maladie
métastatique.
L’aspirine et le dipyridamole sont parfois utilisés
pour le traitement de la MAT, mais aucune étude ne
documente l’intérêt de ces stratégies. Il a été proposé
d’utiliser les stéroı̈des en association aux perfusions de
plasma et aux échanges plasmatiques [45,74]. L’intérêt
de ces traitements n’est documenté que pour les MAT
dans le cadre du purpura thrombopénique thrombocytopénique dans d’autres contextes cliniques, avec un
effet sur la mortalité. Dans tous les cas, l’effet du
traitement est surtout observé sur la mortalité mais peu
sur la fonction rénale, les patients dialysés d’emblée ne
récupérant qu’exceptionnellement leur autonomie
rénale.
La majorité des patients atteints de MAT présentent
des formes métastatiques de cancer ou à forte masse
tumorale, situation qui peut également être associée à
une MAT, indépendamment du traitement. Dans la
littérature, les taux d’incidence de la MAT chez le patient
souffrant de cancer (indépendamment du traitement)
sont compris entre 2,6 et 13 % [29,33,77,88,90].
Antiangiogéniques
Les médicaments antiangiogéniques agissent sur
l’angiogenèse et la néoangiogenèse tumorales, en les
inhibant, par leur mode d’action sur la voie du vascular
endothelial growth factor (VEGF). Il existe plusieurs
molécules disponibles aujourd’hui agissant soit
directement sur le VEGF circulant pour le bevacizumab,
anticorps monoclonal anti-VEGF, et l’aflibercept,
« récepteur soluble » au VEGF, soit en bloquant la
RECOMMANDATIONS / RECOMMENDATIONS
705
ONCOLOG IE
706
propagation du signal à partir des récepteurs au VEGF
en inhibant les tyrosines-kinases de ces récepteurs
(sunitinib, sorafenib, axitinib). D’autres molécules de la
même classe sont en cours de développement et
devraient faire leur apparition dans les années futures.
Aujourd’hui, seul le bevacizumab est indiqué dans le
traitement des patientes atteintes d’un cancer du sein.
Ce médicament a été le premier développé et commercialisé et est le chef de file de la classe des « antiangiogéniques ». Néanmoins, il est important de
considérer l’ensemble de la classe thérapeutique, les
effets indésirables rénovasculaires, à type d’hypertension artérielle, de protéinurie et, dans de rares cas,
d’insuffisances rénales, étant communs à toutes les
molécules de la classe.
Les effets rénovasculaires du bevacizumab ont été
observés dès les études de développement de ce
médicament, et une méta-analyse publiée en 2007
précise l’incidence de ces derniers [101]. Ainsi, le risque
relatif (RR) de développer une protéinurie était de 1,4
pour le bevacizumab à faible dose (3,5 ou 7,5 mg/kg par
dose) et de 2,2 pour les fortes doses (10 ou 15 mg/kg par
dose). Le RR pour l’hypertension artérielle était plus
important : 3,0 et 7,5, respectivement pour les faibles et
les fortes doses. Il n’existe pas de données sur
l’apparition d’une insuffisance rénale ou l’aggravation
d’une insuffisance rénale préexistante chez un patient
présentant une IRC avant l’introduction du bevacizumab. Des cas de MAT sous bevacizumab ont été
également rapportés [26], de même qu’avec le sunitinib.
Le sunitinib est également connu pour entraı̂ner
l’apparition d’une hypertension artérielle ou l’aggravation d’une hypertension artérielle préexistante. Dans
les essais de développement, 30 vs 4 % des patients
présentant un cancer du rein métastatique et 15 vs 11 %
des patients présentant des tumeurs stromales gastrointestinales avaient présenté un effet indésirable de ce
type [95]. Dans une autre publication plus récente, les
auteurs rapportent sept cas de protéinurie et d’hypertension artérielle chez des patients ayant reçu le
sunitinib seul (quatre patients) ou le sorafenib suivi
par le sunitinib (deux patients). Le septième patient
avait été traité par sorafenib seul et avait présenté une
protéinurie sans hypertension artérielle [76].
Une synthèse des effets rénovasculaires observés
sous bevacizumab utilisé dans le traitement d’un cancer
du sein est présentée dans le Tableau 16. Ce médicament étant le seul à ce jour à disposer d’une AMM dans
cette indication, aucune donnée fiable n’est disponible
pour les autres médicaments de cette classe. Il est,
néanmoins, particulièrement important de considérer
ces effets rénovasculaires comme un effet classe des
médicaments antiangiogéniques, anticorps monoclonaux ou inhibiteurs de tyrosines-kinases.
La prise en charge des patients présentant un effet
rénovasculaire sous traitement antiangiogénique a
été détaillée récemment dans le cadre de recommandations pour la pratique clinique élaborées conjointement par la Société de néphrologie, la Société
française d’hypertension artérielle, l’Association
nationale des enseignants de thérapeutique et la
Fédération francophone de cancérologie digestive
[36]. Sont présentées ci-après les quelques situations
pour lesquelles la poursuite d’un traitement par
médicament antiangiogénique doit être considérée
comme contre-indiquée. Des données complémentaires sont disponibles, pour les autres anti-angiogéniques et d’autres types de tumeurs [6,8,25,27,30,32,
40,44,79,82,83,97,99].
Ces situations sont rares et doivent conduire à l’arrêt
du traitement antiangiogénique :
– hypertension maligne ;
– leucoencéphalopathie postérieure ;
– MAT ;
– syndrome néphrotique sévère mal toléré cliniquement (hypotension sévère, patient confiné au lit
[avis néphrologique déterminant]) ;
– insuffisance rénale rapidement progressive
sévère (avis néphrologique déterminant) ;
– poussée d’insuffisance cardiaque non contrôlée
(avis cardiologique déterminant) ;
– accident vasculaire cérébral ;
– infarctus du myocarde (avis cardiologique déterminant).
Tableau 16. Effets rénovasculaires des antiangiogéniques
Bevacizumab + paclitaxel
Bevacizumab + docétaxel
Dose 1 : 7,5 mg/kg par 3 semaines
Dose 2 : 15 mg/kg par 3 semaines
Bevacizumab + chimiothérapie
à base de taxanes
Bevacizumab + chimiothérapie
Protéinurie (tous
grades)
Protéinurie
(> 3,5 g) [%]
Hypertension
(tous grades)
[%]
Hypertension
(grades 3–4)
[%]
Références
–
Dose 1 : 0,4 %
3,5
0
–
17,8
14,8
0,4
Miller et al. [70]
Miles et al. [69]
Dose 2 : 3,2 %
–
0,4
0,9
13,6
–
3,2
3,2
Smith et al. [93]
1,9–3,4
–
8,9–10
Robert et al. [81]
Recommandations
La survenue d’une hypertension artérielle, d’une
protéinurie, d’une insuffisance rénale n’est pas systématiquement une contre-indication à la poursuite d’un
traitement par médicament antiangiogénique (avis
néphrologique recommandé).
L’existence d’une hypertension artérielle, d’une
protéinurie, d’une insuffisance rénale n’est pas systématiquement une contre-indication à l’initiation d’un
traitement par médicament antiangiogénique (avis
néphrologique recommandé).
Un certain nombre de situations cliniques nécessitent, néanmoins, l’interruption du traitement par
médicament antiangiogénique (avis néphrologique
impératif).
Accord d’experts
ayant une meilleure longévité et un faible taux de
complications [3]. Pour toutes ces raisons, les fistules
sont préférables aux greffes, et les greffons sont
préférables aux cathéters. Cependant, elles nécessitent
un minimum de maturation d’un mois (idéalement trois
à quatre mois) avant leur première utilisation.
La cartographie préopératoire évalue le réseau
veineux et artériel augmentant les possibilités de
construction d’AVF chez 70 % des patients. Moins de
10 % de l’hémodialyse chronique devrait être alors
maintenue sur les cathéters permanents. Les cathéters
restent la méthode de choix pour les accès temporaires
de moins de trois semaines.
Recommandations pratiques
Les lignes directrices sont les suivantes [37] :
Insuffisance rénale et cancer :
préservation du capital veineux
Complications des abords vasculaires utilisés
en cancérologie
L’utilisation de dispositifs d’accès veineux est omniprésente dans la médecine moderne. La mise en place et le
maintien de l’accès par voie IV pour les patients avec
une IRC nécessitent des considérations spéciales propres à cette population de patients. La préservation du
capital veineux (réseaux périphérique et central) est
d’une importance vitale pour l’avenir de l’accès
d’hémodialyse [96]. La mise en place de cathéter
veineux a un risque de blesser les veines, de nuire à la
circulation veineuse en provoquant sclérose, sténose
ou thrombose [68]. La création d’une fistule artérioveineuse (AVF) devient alors difficile, voire impossible,
suite à des blessures veineuses répétées. En outre, le
bon fonctionnement à long terme de l’accès vasculaire
est un facteur influant sur la morbidité et la mortalité des
patients d’hémodialyse.
Dans ce contexte sont nées des directives internationales de la National Kidney Foundation–Kidney
Disease Outcomes Quality Initiative (NKF–KDOQI)
[39] dont l’objectif est, dans un premier temps,
d’identifier précocement les patients susceptibles
d’avoir besoin d’un accès veineux et, dans un second
temps, de fournir un algorithme clair dans la prise
en charge optimale de l’accès vasculaire. Cela
implique l’approche d’une équipe pluridisciplinaire
(néphrologue, infirmière de soins, chirurgien vasculaire et radiologue) et un temps suffisant pour la
planification, la création et la maturation des accès
vasculaires.
La perméabilité vasculaire et l’accès adéquat
d’hémodialyse sont essentiels pour une gestion optimale des hémodialyses chez les patients avec IRC.
L’AVF est la méthode la plus appropriée pour répondre
aux critères de prestation adéquate de dialyse, tout en
– identifier les patients IRC qui devront nécessiter
d’un traitement d’hémodialyse :
– une clairance de la créatinine estimée (formule
de Cockcroft-Gault ou de aMDRD) inférieure à 30 ml/
min par 1,73 m2 (stade 4) [ou plutôt en cas de
néphropathie rapidement progressive ou de conditions cliniques spécifiques telles que le diabète ou
graves telles que les maladies vasculaires périphériques] doit conduire à un avis néphrologique. L’éducation de la préservation du capital veineux peut, d’ores
et déjà, débuter dès le stade 3 ;
– chez ces patients, le capital veineux devra être
préservé. Chaque patient avec IRC doit avoir un plan
détaillé sur la préservation de l’accès vasculaire et leur
potentiel d’accès :
– les veines dorsales de la main, de préférence
dans la main dominante, seront privilégiées pour les
prélèvements et les poses de cathéters périphériques ;
– les veines du bras, en particulier les veines
céphaliques du bras non dominant, ne doivent pas
être utilisées pour les ponctions veineuses ou les
cathéters IV ;
– les veines jugulaires internes sont les veines à
privilégier pour l’accès veineux central, y compris les
chambres implantables, de préférence du côté controlatéral de l’AVF ;
– les veines jugulaires externes sont une alternative acceptable pour l’accès veineux ;
– les veines sous-clavières ne doivent pas être
utilisées pour l’accès veineux central.
Recommandations
Recommandations pour la préservation du capital
veineux (niveau 3, grade C)
RECOMMANDATIONS / RECOMMENDATIONS
707
ONCOLOG IE
708
Aucune étude scientifique n’a démontré l’augmentation du risque vasculaire et du risque d’endommagement du réseau veineux, suite à la mise en place d’une
chambre implantable en jugulaire interne, comparée
aux autres cathéters. La mise en place de tout cathéter
en sous-clavier comporte un haut risque de sténose
vasculaire (entre 25 et 50 %) sur tout le réseau des
membres supérieurs et compromet fortement la réussite d’une AVF.
Références
1. Aapro M, Granisetron (2004) An update on its clinical use in the
management of nausea and vomiting. Oncologist 9(6): 673-86
2. Albares MP, Betlloch I, Guijarro J, et al. (2003) Severe pruritus in a
haemodialysed patient: dramatic improvement with granisetron. Br
J Dermatol 148(2): 376-7
3. Allon M (2007) Current management of vascular access. Clin J Am
Soc Nephrol 2(4): 786-800
4. Al-Sarraf M, Fletcher W, Oishi N, et al. (1982) Cisplatin hydration
with and without mannitol diuresis in refractory disseminated
malignant melanoma: a Southwest Oncology Group Study. Cancer
Treat Rep 66(1): 31-5
5. Al-Tonbary YA, Hammad AM, Zaghloul HM, et al. (2004)
Pretreatment cystatin C in children with malignancy: can it predict
chemotherapy-induced glomerular filtration rate reduction during
the induction phase? J Pediatr Hematol Oncol 26(6): 336-41
6. Azizi M, Chedid A, Oudard S (2008) Home blood pressure monitoring
in patients receiving sunitinib. N Engl J Med 358(1): 95-7
7. Balaskas EV, Bamihas GI, Karamouzis M, et al. (1998) Histamine
and serotonin in uremic pruritus: effect of ondansetron in CAPDpruritic patients. Nephron 78(4): 395-402
8. Barakat RK, Singh N, Lal R, et al. (2007) Interstitial nephritis
secondary to bevacizumab treatment in metastatic leiomyosarcoma. Ann Pharmacother 41(4): 707-10
9. Bardi E, Bobok I, Olah AV, et al. (2004) Cystatin C is a suitable
marker of glomerular function in children with cancer. Pediatr
Nephrol 19(10): 1145-7
10. Bateman DN, Gokal R, Dodd TR, Blain PG (1981) The pharmacokinetics of single doses of metoclopramide in renal failure. Eur
J Clin Pharmacol 19(6): 437-41
11. Bergman AJ, Marbury T, Fosbinder T, et al. (2005) Effect of
impaired renal function and haemodialysis on the pharmacokinetics of aprepitant. Clin Pharmacokinet 44(6): 637-47
12. Bergner R, Henrich D, Hoffmann M, et al. (2005) High bonebinding capacity of ibandronate in hemodialysis patients. Int
J Clin Pharmacol Res 25(3): 123-31
13. Bergner R, Henrich D, Hoffmann M, et al. (2008) Treatment of
reduced bone density with ibandronate in dialysis patients. J
Nephrol 21(4): 510-6
14. Bergner R, Henrich DM, Hoffmann M, et al. (2007) Renal safety
and pharmacokinetics of ibandronate in multiple myeloma
patients with or without impaired renal function. J Clin Pharmacol
47(8): 942-50
15. Beyer J, Rick O, Weinknecht S, et al. (1997) Nephrotoxicity after
high-dose carboplatin, etoposide and ifosfamide in germ-cell
tumors: incidence and implications for hematologic recovery and
clinical outcome. Bone Marrow Transplant 20(10): 813-9
16. Bowmer CJ, Lindup WE (1982) Decreased drug binding in
uraemia: effect of indoxyl sulphate and other endogenous
substances on the binding of drugs and dyes to human albumin.
Biochem Pharmacol 31(3): 319-23
17. Brogden RN, Carmine AA, Heel RC, et al. (1982) Domperidone.
A review of its pharmacological activity, pharmacokinetics and
therapeutic efficacy in the symptomatic treatment of chronic
dyspepsia and as an antiemetic. Drugs 24(5): 360-400
18. Calvert AH, Newell DR, Gumbrell LA, et al. (1989) Carboplatin
dosage: prospective evaluation of a simple formula based on
renal function. J Clin Oncol 7(11): 1748-56
19. Chatelut E, Canal P, Brunner V, et al. (1995) Prediction of
carboplatin clearance from standard morphological and biological patient characteristics. J Natl Cancer Inst 87(8): 573-80
20. Cockcroft DW, Gault MH (1976) Prediction of creatinine clearance
from serum creatinine. Nephron 16(1): 31-41
21. Coresh J, Selvin E, Stevens LA, et al. (2007) Prevalence of chronic
kidney disease in the United States. JAMA 298(17): 2038-47
22. de Jongh FE, van Veen RN, Veltman SJ, et al. (2003) Weekly highdose cisplatin is a feasible treatment option: analysis on prognostic
factors for toxicity in 400 patients. Br J Cancer 88(8): 1199-206
23. Deray G (2004) Renal and cardiovascular effects of non-steroidal antiinflammatory and selective COX-2 inhibitors. Presse Med 33(7): 483-9
24. Deshpande PV (2004) Ondansetron for paediatric uraemic
pruritus: a case report. Pediatr Nephrol 19(6): 694-6
25. Dincer M, Altundag K (2006) Angiotensin-converting enzyme
inhibitors for bevacizumab-induced hypertension. Ann Pharmacother 40(12): 2278-9
26. Eremina V, Jefferson JA, Kowalewska J, et al. (2008) VEGF
inhibition and renal thrombotic microangiopathy. N Engl J Med
358(11): 1129-36
27. Faivre S, Delbaldo C, Vera K, et al. (2006) Safety, pharmacokinetic
and antitumor activity of SU11248, a novel oral multitarget
tyrosine-kinase inhibitor, in patients with cancer. J Clin Oncol
24(1): 25-35
28. Filler G, Lepage N (2003) Should the Schwartz formula for
estimation of GFR be replaced by cystatin C formula? Pediatr
Nephrol 18(10): 981-5
29. Fisher DC, Sherrill GB, Hussein A, et al. (1996) Thrombotic
microangiopathy as a complication of high-dose chemotherapy
for breast cancer. Bone Marrow Transplant 18(1): 193-8
30. Frangie C, Lefaucheur C, Medioni J, et al. (2007) Renal thrombotic
microangiopathy caused by anti-VEGF-antibody treatment for
metastatic renal-cell carcinoma. Lancet Oncol 8(2): 177-8
31. Fung MC, Storniolo AM, Nguyen B, et al. (1999) A review of
hemolytic uremic syndrome in patients treated with gemcitabine
therapy. Cancer 85(9): 2023-32
32. George BA, Zhou XJ, Toto R (2007) Nephrotic syndrome after
bevacizumab: case report and literature review. Am J Kidney Dis
49(2): e23–e9
33. Gordon LI, Kwaan HC (1997) Cancer- and drug-associated
thrombotic thrombocytopenic purpura and hemolytic uremic
syndrome. Semin Hematol 34(2): 140-7
34. Green MR (1996a) Gemcitabine safety overview. Semin Oncol
23(5 Suppl 10): 32-5
35. Green MR (1996b) Gemcitabine: we’ve reached the end of the
beginning. Semin Oncol 23(5 Suppl 10): 99-100
36. Halimi JM, Azizi M, Bobrie G, et al. (2008) Effets vasculaires et
rénaux des médicaments antiangiogéniques : recommandations
françaises pour la pratique. Accessed 11/05/2008 at http://www.
soc-nephrologie.org/esociete/groupes/angiogeniques/antiangio1.
htm. http://www.soc-nephrologie.org/PDF/esociete/groupes/antiangiogeniques.pdf
37. Hoggard J, Saad T, Schon D, et al. (2008) Guidelines for venous
access in patients with chronic kidney disease. A position
statement from the American Society of Diagnostic and
Interventional Nephrology, Clinical Practice Committee and the
Association for Vascular Access. Semin Dial 21(2): 186-91
38. Hollander D (1999) Intestinal permeability, leaky gut and intestinal
disorders. Curr Gastroenterol Rep 1(5): 410-6
39. III. NKF–K/DOQI (2001) Clinical practice guidelines for vascular
access: update 2000. Am J Kidney Dis 37(1 Suppl 1): S137–S81
40. Izzedine H, Brocheriou I, Deray G, Rixe O (2007) Thrombotic
microangiopathy and anti-VEGF agents. Nephrol Dial Transplant
22(5): 1481-2
41. Izzedine H, Isnard-Bagnis C, Launay-Vacher V, et al. (2006)
Gemcitabine-induced thrombotic microangiopathy: a systematic
review. Nephrol Dial Transplant 21(11): 3038-45
42. Izzedine H, Launay-Vacher V, Deray G (2004) GPR antalgiques
et anti-inflammatoires. 1re édition. Guide de prescription des
médicaments chez le patient insuffisant rénal. Méditions International, Paris
43. Izzedine H, Launay-Vacher V, Deray G (2005) GPR® antidépresseurs
et anxiolytiques. 1re édition. Guide de prescription des médicaments
chez le patient insuffisant rénal. Méditions International, Paris
44. Johnson DH, Fehrenbacher L, Novotny WF, et al. (2004)
Randomised phase II trial comparing bevacizumab plus carboplatin and paclitaxel with carboplatin and paclitaxel alone in
previously untreated locally advanced or metastatic non-small
cell lung cancer. J Clin Oncol 22(11): 2184-91
45. Kwaan HC, Soff GA (1997) Management of thrombotic thrombocytopenic purpura and hemolytic uremic syndrome. Semin
Hematol 34(2): 159-66
46. Labaye J, Sarret D, Duvic C, et al. (2005) Renal toxicity of
oxaliplatin. Nephrol Dial Transplant 20(6): 1275-6
47. Laouari D, Yang R, Veau C, et al. (2001) Two apical multidrug
transporters, P-gp and MRP2, are differently altered in chronic
renal failure. Am J Physiol Renal Physiol 280(4): F636–F45
48. Launay-Vacher V, Gligorov J, Le Tourneau C, et al. (2008a)
Prevalence of renal insufficiency in breast cancer patients and
related pharmacological issues. Breast Cancer Res Treat Aug 15
[Epub ahead of print]
49. Launay-Vacher V, Isnard-Bagnis C, Janus N, et al. (2008c)
Chemotherapy and renal toxicity. Bull Cancer 95(Suppl FMC):
F96–F103
50. Launay-Vacher V, Izzedine H, Karie S, et al. (2006a) Renal tubular
drug transporters. Nephron Physiol 103(3): 97-106
51. Launay-Vacher V, Janus N, Karie S, Deray G (2007b) Letter.
Systemic anticancer therapy in gynecological cancer patients
with renal dysfunction. Int J Gynecol Cancer 17(6): 1340–1 (author
reply 1342)
52. Launay-Vacher V, Karie S, Deray G (2006b) GPR® anticancéreux.
3e édition. Guide de prescription des médicaments chez le patient
insuffisant rénal. Méditions International, Paris
53. Launay-Vacher V, Karie S, Deray G (2007c) GPR® médecine
générale. 1re édition. Guide de prescription des médicaments
chez le patient insuffisant rénal. Méditions International, Paris
54. Launay-Vacher V, Karie S, Fau JB, et al. (2005) Treatment of pain
in patients with renal insufficiency: the World Health Organization
three-step ladder adapted. J Pain 6(3): 137-48
55. Launay-Vacher V, Oudard S, Janus N, et al. (2007a) Prevalence of
renal insufficiency in cancer patients and implications for
anticancer drug management: the Renal Insufficiency and
Anticancer Medications (IRMA) Study. Cancer 110(6): 1376-84
56. Launay-Vacher V, Rey JB, Isnard-Bagnis C, et al. (2008b)
Prevention of cisplatin nephrotoxicity: state of the art and
recommendations from the European Society of Clinical Pharmacy Special Interest Group on Cancer Care. Cancer Chemother
Pharmacol 61(6): 903-9
57. Launay-Vacher V, Rey JB, Izzedine H, Deray G (2004) Prescription des
médicaments anticancéreux chez le patient insuffisant rénal.
Problématique et informations disponibles. Oncologie 6: 275-8
58. Launay-Vacher V, Storme T, Izzedine H, Deray G (2001)
Pharmacokinetic changes in renal failure. Presse Med 30(12):
597-604
59. Le Bricon T, Leblanc I, Benlakehal M, et al. (2005) Evaluation of
renal function in intensive care: plasma cystatin C vs creatinine
and derived-glomerular filtration rate estimates. Clin Chem Lab
Med 43(9): 953-7
60. Leblond F, Guevin C, Demers C, et al. (2001) Down regulation of
hepatic cytochrome p450 in chronic renal failure. J Am Soc
Nephrol 12(2): 326-32
61. Leblond FA, Petrucci M, Dube P, et al. (2002) Down regulation of
intestinal cytochrome p450 in chronic renal failure. J Am Soc
Nephrol 13(6): 1579-85
62. Lehmann CR, Heironimus JD, Collins CB, et al. (1985) Metoclopramide kinetics in patients with impaired renal function and
clearance by hemodialysis. Clin Pharmacol Ther 37(3): 284-9
63. Levey AS, Bosch JP, Lewis JB, et al. (1999) A more accurate
method to estimate glomerular filtration rate from serum
creatinine: a new prediction equation. Modification of diet in
Renal Disease Study Group. Ann Intern Med 130(6): 461-70
64. Levey AS, Eckardt KU, Tsukamoto Y, et al. (2005) Definition and
classification of chronic kidney disease: a position statement
from Kidney Disease: Improving Global Outcomes (KDIGO). Kidney
Int 67(6): 2089-100
65. Li YF, Fu S, Hu W, et al. (2007) Systemic anticancer therapy in
gynecological cancer patients with renal dysfunction. Int J
Gynecol Cancer 17(4): 739-63
66. Lichtman SM, Wildiers H, Launay-Vacher V, et al. (2007)
International Society of Geriatric Oncology (SIOG) recommendations for the adjustment of dosing in elderly cancer patients with
renal insufficiency. Eur J Cancer 43(1): 14-34
67. Melnyk AM, Solez K, Kjellstrand CM (1995) Adult hemolytic-uremic
syndrome. A review of 37 cases. Arch Intern Med 155(19): 2077-84
68. Mickley V (2006) Central vein obstruction in vascular access. Eur
J Vasc Endovasc Surg 32(4): 439-44
69. Miles D, Chan A, Romieu CG, et al. (2008) Randomised, double
blind, placebo-controlled, phase III study of bevacizumab with
docetaxel or docetaxel with placebo as first-line therapy for
patients with locally recurrent or metastatic breast cancer
(MBC): AVADO. J Clin Oncol (May 20 Suppl, abstr LBA1011)
70. Miller K, Wang M, Gralow J, et al. (2007) Paclitaxel plus
bevacizumab vs paclitaxel alone for metastatic breast cancer. N
Engl J Med 357(26): 2666-76
71. Mónica Torres A, Mac Laughlin M, Muller A, et al. (2005) Altered
renal elimination of organic anions in rats with chronic renal
failure. Biochim Biophys Acta 1740(1): 29-37
72. Murgo AJ (1987) Thrombotic microangiopathy in the cancer
patient including those induced by chemotherapeutic agents.
Semin Hematol 24(3): 161-77
73. National Kidney Foundation (2002) K/DOQI clinical practice
guidelines for chronic kidney disease: evaluation, classification
and stratification. Am J Kidney Dis 39(2 Suppl 1): S1–S266
74. Neild GH (1998) Hemolytic uremic syndrome/thrombotic thrombocytopenic purpura: pathophysiology and treatment. Kidney Int
Suppl 64: S45–S9
75. Palmisano J, Agraharkar M, Kaplan AA (1998) Successful
treatment of cisplatin-induced hemolytic uremic syndrome with
therapeutic plasma exchange. Am J Kidney Dis 32(2): 314-7
76. Patel TV, Morgan JA, Demetri GD, et al. (2008) A pre-eclampsialike syndrome characterized by reversible hypertension and
proteinuria induced by the multi-targeted kinase inhibitors
sunitinib and sorafenib. J Natl Cancer Inst 100(4): 282-4
77. Pettitt AR, Clark RE (1994) Thrombotic microangiopathy following bone
marrow transplantation. Bone Marrow Transplant 14(4): 495-504
78. Pinotti G, Martinelli B (2002) A case of acute tubular necrosis due
to oxaliplatin. Ann Oncol 13(12): 1951-2
79. Ratain MJ, Eisen T, Stadler WM, et al. (2006) Phase II placebocontrolled randomised discontinuation trial of sorafenib in patients
with metastatic renal cell carcinoma. J Clin Oncol 24(16): 2505-12
80. Reed E, Jacob J (1989) Carboplatin and renal dysfunction. Ann
Intern Med 110(5): 409
81. Robert NJ, Dieras V, Glaspy J, et al. (2009) RIBBON-1:
randomised, double blind, placebo-controlled, phase III trial of
chemotherapy with or without bevacizumab (B) for first-line
treatment of HER2-negative locally recurrent or metastatic breast
cancer (MBC). J Clin Oncol (Suppl): abstr 1005
82. Roncone D, Satoskar A, Nadasdy T, et al. (2007) Proteinuria in a
patient receiving anti-VEGF therapy for metastatic renal cell
carcinoma. Nat Clin Pract Nephrol 3(5): 287-93
83. Rugo HS, Herbst RS, Liu G, et al. (2005) Phase I trial of the oral
antiangiogenesis agent AG-013736 in patients with advanced
solid tumors: pharmacokinetic and clinical results. J Clin Oncol
23(24): 5474-83
84. Rule AD, Bergstralh EJ, Slezak JM, et al. (2006) Glomerular
filtration rate estimated by cystatin C among different clinical
presentations. Kidney Int 69(2): 399-405
RECOMMANDATIONS / RECOMMENDATIONS
709
®
ONCOLOG IE
710
85. Ryss ES, Lutoshkin MB (1996) Changes in the large intestine in
patients with chronic kidney failure. Ter Arkh 68(6): 33-7
86. Santoso JT, Lucci JA 3rd, Coleman RL, et al. (2003) Saline, mannitol
and furosemide hydration in acute cisplatin nephrotoxicity: a
randomised trial. Cancer Chemother Pharmacol 52(1): 13-8
87. Schieppati A, Ruggenenti P, Cornejo RP, et al. (1992) Renal
function at hospital admission as a prognostic factor in adult
hemolytic uremic syndrome. The Italian Registry of Haemolytic
Uremic Syndrome. J Am Soc Nephrol 2(11): 1640-4
88. Sedlacek SM (1993) First-line and salvage therapy of metastatic
breast cancer with mitomycin–vinblastine. Oncology 50(Suppl):
16-21
89. Seronie-Vivien S, Toullec S, Malard L, et al. (2006) Contribution of
the MDRD equation and of cystatin C for renal function estimates
in cancer patients. Med Oncol 23(1): 63-73
90. Sheldon R, Slaughter D (1986) A syndrome of microangiopathic
hemolytic anemia, renal impairment and pulmonary edema in
chemotherapy-treated patients with adenocarcinoma. Cancer
58(7): 1428-36
91. Siegler RL (1995) The hemolytic uremic syndrome. Pediatr Clin
North Am 42(6): 1505-29
92. Simard E, Naud J, Michaud J, et al. (2008) Down regulation of
hepatic acetylation of drugs in chronic renal failure. J Am Soc
Nephrol 19(7): 1352-9
93. Smith IE, Biganzoli L, Cortes-Funes H, et al. (2008) Primary
analysis of study MO19391, an open-label safety study of
bevacizumab (B) plus taxane-based therapy as first-line treatment of patients with locally recurrent (LR) or metastatic breast
cancer (mBC). San Antonio Breast Cancer Symposium Abstr 4118
94. Stabuc B, Vrhovec L, Stabuc-Silih M, Cizej TE (2000) Improved
prediction of decreased creatinine clearance by serum cystatin
C: use in cancer patients before and during chemotherapy. Clin
Chem 46(2): 193-7
95. Sutent®, sunitinib malate oral capsules (2007) Full prescribing
information. Pfizer Inc., New York, NY, 2007. Accessed 03/18/2008
at http://www.fda.gov/cder/foi/label/2007/021968s005lbl.pdf.
96. Tordoir J, Canaud B, Haage P, et al. (2007) EBPG on vascular
access. Nephrol Dial Transplant 22(Suppl 2): ii88–ii117
97. Veronese ML, Mosenkis A, Flaherty KT, et al. (2006) Mechanisms of
hypertension associated with BAY 43-9006. J Clin Oncol 24(9): 1363-9
98. Walter RB, Joerger M, Pestalozzi BC (2002) Gemcitabine-associated
hemolytic-uremic syndrome. Am J Kidney Dis 40(4): E16
99. Yang JC, Haworth L, Sherry RM, et al. (2003) A randomised trial of
bevacizumab, an antivascular endothelial growth factor antibody,
for metastatic renal cancer. N Engl J Med 349(5): 427-34
100. Zahiri K, Launay-Vacher V, Deray G (2002) GPR® neurologie. 1re
édition. Guide de prescription des médicaments chez le patient
insuffisant rénal. Méditions International, Paris
101. Zhu X, Wu S, Dahut WL, Parikh CR (2007) Risks of proteinuria and
hypertension with bevacizumab, an antibody against vascular
endothelial growth factor: systematic review and meta-analysis.
Am J Kidney Dis 49(2): 186-93
Nutrition
Coordonnateur du groupe de travail : P. Martel
Groupe de travail : P. Bachmann, F. Chauvin, P. Martel, P. Sénesse, M.-P. Vasson, L. Zelek
Introduction
Que l’on soit jeune ou âgé, que l’on soit bien portant,
atteint d’un cancer ou en rémission, on est inévitablement exposé aux facteurs nutritionnels. Les apports
alimentaires (quantité et qualité) et les dépenses
énergétiques (métabolisme de base, activité physique)
déterminent le statut nutritionnel (satisfaisant ou dénutri, avec ou sans surcharge pondérale, etc.), qui a une
influence majeure sur l’état de santé.
La nutrition dans toutes ses composantes est l’un
des déterminants du risque de cancer primaire, de
récidive et de seconds cancers. C’est aussi un facteur
important à prendre en compte au cours du traitement
des cancers, étant donné son impact sur la réussite du
traitement, le pronostic vital et la qualité de vie des
patients.
En effet, l’allongement de la survie des cancers du
sein localisés nous oblige à reconsidérer certains
aspects de la prise en charge globale des patientes :
cette population semble avoir un risque majoré de
survenue de pathologies chroniques, par exemple
seconds cancers ou maladies cardiovasculaires. La
prise de poids survenant pendant ou au décours
du traitement adjuvant est un problème largement
sous-évalué avec des conséquences multiples :
dyslipidémies associées, stéatose hépatique, majoration de douleurs d’origine dégénérative, risque de
lymphœdème, pour ne citer que les plus fréquentes.
Alors que la prise de poids a un retentissement négatif
sur la qualité de vie des patientes, et augmente le risque
de comorbidités, le contrôle du poids, où diverses
interventions sur le mode de vie sont susceptibles
d’après certains essais récents demandant à être
confirmés, de réduire le risque de récidive. Il y a donc
matière à développer des stratégies de prévention
tertiaire portant sur la nutrition et le mode de vie après
traitement des cancers du sein localisés. Le bénéfice
attendu pourrait concerner la morbidité liée au traitement et à la qualité de vie globale, mais un effet sur la
survie spécifique est peut-être envisageable. En tout
état de cause, cette prise en charge répondrait à une
demande des patientes, désireuses de modifier leur
mode de vie, et qui, faute d’interlocuteurs, se tournent
souvent vers une automédication avec des substances
potentiellement néfastes (antioxydants à doses supraphysiologiques, vitaminothérapies, phytoestrogènes).
De nombreux aspects nutritionnels méritent donc
d’être évalués et d’être pris en compte dans le cadre de la
prise en charge des femmes atteintes de cancer du sein.
En 2008–2009, le groupe de travail s’est focalisé sur
la prise de poids liée aux traitements et sur l’alimentation après la maladie. D’autres aspects importants, tels
que la dénutrition ou les recommandations nutritionnelles pour les femmes à haut risque de cancer du sein,
pourront être abordés ultérieurement.
La bibliographie de ce rapport inclut les articles
publiés jusqu’au 16 octobre 2008.
Prise de poids liée aux traitements
L’indice de masse corporelle (IMC = poids en kg/taille
en mètre carré) est considéré comme normal dans la
fourchette 18,5–24,9 pour la population générale. Le
surpoids (25 IMC ≤ 29,9) et l’obésité (IMC ≥ 30) ont
connu au cours des dernières décennies une augmentation majeure de leur prévalence dans les pays
occidentaux.
L’obésité et le surpoids sont des facteurs associés
à un risque accru de cancer pour de nombreuses
localisations et en particulier le cancer du sein [23,127].
La prise de poids est un facteur de risque de cancer du
sein en phase postménopausique (en absence de
traitement hormonal substitutif) dans la cohorte européenne EPIC [85].
La prévalence du surpoids et de l’obésité chez les
femmes atteintes de cancer du sein est importante. En
Amérique du Nord, comme en témoignent des essais
randomisés ou d’intervention nutritionnelle, 50 à 57 %
des patientes ont un IMC supérieur ou égal à 25, et 20 à
27 % sont obèses [29,45,106]. En France, parmi 14 709
patientes atteintes de cancer du sein incluses entre 1981
et 1999, plus de 22,4 % sont en surpoids et 8 % sont
obèses, mais la prévalence de l’obésité a augmenté de
façon dramatique, passant de 4,5 % en 1981 à 11 % en
1999 [91]. Seulement, 4,5 % des femmes ont un IMC
inférieur à 18,5 dans cette cohorte française.
L’obésité et le gain de poids en cas de cancer du sein
sont probablement des facteurs de moindre qualité de
vie [28], mais les données cliniques manquent pour
étayer ce point. L’obésité et le surpoids pourraient aussi
être associés à une sévérité plus marquée des bouffées
de chaleur chez les femmes récemment traitées pour le
cancer du sein [55]. L’obésité et le surpoids majorent le
lymphœdème postchirurgical [98].
Prise de poids en cours de traitement :
incidence et facteurs de risque
L’incidence de la prise de poids en cours de traitement
adjuvant est mal évaluée par les grands essais randomisés d’hormonothérapie [57,31] ou de chimiothérapie
[68,93,94,95,112]. Seul, l’essai ATAC (Arimidex, Tamoxifen Alone or in Combination) [8] évalue la prise de
poids qui semble moins importante sous antiaromatase
que sous tamoxifène.
RECOMMANDATIONS / RECOMMENDATIONS
711
712
ONCOLOG IE
La majorité des données provient donc des études
de cohorte incluant des patientes en rémission prolongée après traitement local [22,28,84,118]. Ces études
sont pour l’essentiel américaines, mais des données
européennes commencent à être disponibles [67].
Il est difficile d’avoir une idée précise de la prise de
poids moyenne, car les chiffres diffèrent d’une étude
à l’autre, qui plus est, le gain est souvent exprimé
en pourcentage du poids initial. Néanmoins, on peut
considérer que la prise de poids moyenne après
traitement est de l’ordre de 3 kg (pouvant atteindre
une dizaine de kilogrammes dans certains cas), et
qu’elle concerne 40 à 50 % des patientes [28,67].
Les données de la littérature ne permettent pas de
mettre en évidence de façon indiscutable des facteurs
de risque de prise de poids. Cependant, les données
disponibles suggèrent que :
– la chimiothérapie est le facteur le plus souvent
retrouvé dans la littérature [43] ;
– le rôle de l’hormonothérapie est retrouvé dans
certaines études, mais les données sont discordantes et
la prise de poids semble moins importante que celle liée
à la chimiothérapie [43] ;
– dans certaines études, les femmes jeunes ont un
risque accru [92], mais ce point demeure débattu ;
– la période ménopausique dans l’année suivant le
traitement serait un facteur de risque (mais il existe un
lien entre administration de chimiothérapie et survenue
de la ménopause) [56].
Nous n’avons pas de données fiables sur le risque
en fonction du type de chimiothérapie, notamment
avec les schémas les plus modernes contenant des
taxanes. Le risque lié aux traitements associés à
la chimiothérapie, et en particulier aux corticoı̈des
n’est pas connu avec précision, faute d’études en
nombre suffisant, mais il est possible que ceux-ci
majorent la prise de poids. Le fait qu’une plus
grande durée du traitement, ainsi que l’association de
plus de cytotoxiques, soit un risque supplémentaire
plaide dans ce sens [43]. Enfin, la radiothérapie
locorégionale ne paraı̂t pas avoir d’effet sur le risque
de prise de poids.
Au total, les données actuellement disponibles ne
permettent pas d’individualiser une sous-population
de femmes atteintes de cancer du sein dont le risque
de prise de poids serait majoré.
Enfin, les mécanismes de la prise de poids sous
traitement demeurent mal connus. Cette prise de poids
ne semble pas résulter d’une hyperphagie des patientes
[42]. Par contre, elle est associée à une diminution de la
dépense énergétique, du fait de la réduction de la masse
maigre, et de l’activité physique, et cette diminution
n’est pas compensée par une réduction de la prise
alimentaire [41,63,78]. Le rôle de la ménopause chimioinduite ne peut être exclu comme facteur aggravant de
la prise de poids. L’association entre l’obésité, des
manifestations dépressives ou des perturbations du
comportement alimentaire chez les patientes à risque
de récidive reste à confirmer [114].
Au total, la prise de poids après traitement du cancer
du sein est un phénomène dont l’ampleur a longtemps
été méconnue, et qui commence à peine à être pris en
compte. Ses conséquences à terme restent à évaluer.
La prise de poids en cours de traitement concerne
près d’une femme sur deux (niveau de preuve 2). La
physiopathologie de cette prise de poids reste largement méconnue, et les données actuellement disponibles ne permettent pas d’individualiser les populations
à risque même si les patientes recevant une chimiothérapie semblent les plus concernées.
Recommandations pour la prévention
de la prise de poids pendant les traitements
Il n’est pas possible de proposer des recommandations
adaptées à des profils particuliers de patientes, car nous
ne sommes pour l’instant pas en mesure de les définir
avec précision.
Néanmoins, les propositions suivantes paraissent
légitimes :
1. Surveiller la courbe pondérale en cours de
traitement : mesurer le poids (et calculer l’IMC) dès le
diagnostic et à chaque hospitalisation ou consultation
et le porter chaque fois dans le dossier du patient
(accord d’experts).
2. Inciter les patientes à maintenir le poids pendant
le traitement et après le traitement : cela passe
notamment par une activité physique adaptée (cf.
recommandations du groupe activité physique), une
prise en charge diététique paraissant d’une façon
générale souhaitable. Cela passe donc par :
– une activité physique adaptée ;
– des conseils pour suivre les recommandations
nutritionnelles pour la population générale du Programme national nutrition–santé (PNNS) ;
– une consultation diététique en cas de surpoids, d’obésité, de variations de poids ou de
perturbations de la prise alimentaire ;
– le suivi des recommandations sur l’alimentation après la maladie (niveau 2, grade B).
3. Limiter l’usage des corticoı̈des au minimum
nécessaire : préférer les autres classes d’antiémétiques (accord d’experts).
4. Développer la recherche : dans la mesure où la
prise de poids reste mal évaluée, tant en ce qui
concerne son incidence chez les patientes françaises
que sa physiopathologie et ses conséquences à long
terme, le groupe recommande fortement le développement de programmes de recherche clinique sur
cette question, passant notamment par la constitution
de grandes cohortes de patientes traitées pour cancers
localisés dont le suivi devra être prolongé (accord
d’experts).
Alimentation après la maladie
La nutrition est l’un des déterminants des risques de
cancer primaire, de récidive et de seconds cancers.
Pour la prévention primaire des cancers en général,
les recommandations nutritionnelles sont d’éviter la
consommation régulière de boissons alcoolisées, de
maintenir un poids normal et d’avoir une alimentation
équilibrée et diversifiée et une activité physique régulière. La brochure PNNS, destinée aux professionnels
de santé « nutrition et prévention des cancers : des
connaissances scientifiques aux recommandations »
[44], regroupe les recommandations nutritionnelles
actuelles, établies à partir des conclusions du panel
d’experts internationaux publiées dans le rapport
WCRF/AICR [127] en tenant compte du contexte français
(cf. Fig. 1).
Pour le cancer du sein, par rapport à d’autres
facteurs de risque (âge, non-fécondité ou fécondité
tardive, etc.), l’inactivité physique, l’obésité postménopausique et la consommation d’alcool apparaissent
comme les principaux facteurs de risque évitables.
Après le cancer du sein, le risque de développer un
autre cancer persiste et justifie de mettre en place une
prévention tertiaire. En effet, d’après une étude de
survie portant sur 335 191 femmes américaines ayant
eu un diagnostic de cancer du sein entre 1973 et 2000, le
risque de développer un second cancer primaire, après
un cancer du sein, a été estimé à 12 %. Le temps moyen
d’apparition est de 6,2 ans. Les principales localisations
de seconds cancers concernés sont : le sein (52 %), le
côlon–rectum (10 %), le poumon (8 %), l’endomètre
(5 %) et l’ovaire (3 %) [110]. Dans l’analyse de 525 527
femmes ayant présenté un premier cancer du sein
(15 % en préménopause, 61 % en postménopause) de
13 registres d’Europe, de Singapore, du Canada et
d’Australie, après 7,2 ans de suivi, le risque de seconds
cancers est de 1,25 (IC 95 % : [1,24–1,26]) ; ce risque
augmente avec le temps passant de 1,04 à un an (IC
95 % : [1,01–1,08]) à 1,42 à dix ans (IC 95 % : [1,39–1,44])
[99]. Dans la série française de l’institut Curie, le risque est
de même ordre après un suivi médian de huit ans [91].
Pour les personnes atteintes d’un cancer, le rapport
WCRF/AICR [127] indique que l’état des connaissances
est encore limité et ne permet pas de faire des
recommandations spécifiques, autres que celles de la
prévention primaire des cancers. Les personnes ayant
eu un diagnostic de cancer doivent bénéficier des
conseils d’un professionnel de la nutrition. Si possible,
Fig. 1.
Principales recommandations nutritionnelles pour la prévention primaire des cancers [44]
RECOMMANDATIONS / RECOMMENDATIONS
713
714
ONCOLOG IE
et sauf avis contraire (lié au traitement, à l’état
physiologique ou nutritionnel, au stade de la maladie),
il convient de suivre les recommandations concernant
l’alimentation, le poids optimal et l’activité physique.
Surpoids et obésité
La situation de surpoids ou d’obésité constatée après la
maladie est selon les cas, soit présente dès le diagnostic,
soit apparue en cours de traitement. Ces deux circonstances sont donc examinées séparément, ci-après.
Obésité au diagnostic de cancer du sein
et évolution clinique
Risque accru de mortalité (niveau de preuve 2)
Au diagnostic de la pathologie, l’effet péjoratif de
l’obésité–surpoids (poids, IMC) sur le pronostic de
cancer du sein est largement démontré, aussi bien en
préménopause qu’en postménopause [30,91,120], par
de multiples grandes cohortes [26,28].
En comparaison avec les patientes de poids normal,
les patientes obèses présentent un risque accru de
mortalité toutes causes confondues : HR = 1,31 ; IC
95 % : [1,12–1,54] [45] ; HR = 1,56 ; IC 95 % : [1,01–2,4]
[90] ; HR = 1,6 ; IC 95 % : [1,1–2,3] [22]. L’étude prospective (n = 1 692) de Caan et al. [22] retrouve un risque
accru de mortalité par cancer du sein (HR = 1,6 ; IC
95 % : [0,9–2,7]).
Risque accru de récidives (locale, régionale ou à distance)
(niveau de preuve 2)
De nombreuses études mettent en évidence un risque
accru de récidives associé à l’obésité présente au
diagnostic de cancer mammaire [26,38,66].
Dans une étude prospective [90] conduite sur une
cohorte australienne (n = 1 360 dont 25 % de surpoids
et 12 % d’obésité), l’obésité est associée, quel que soit
l’âge des patientes, à un risque accru de récidives de
cancer du sein (HR = 1,57 ; IC 95 % : [1,11–2,22] ;
p = 0,02), après ajustement sur le nombre de ganglions
axillaires, l’âge au diagnostic, les critères tumoraux
(taille, grade, récepteurs hormonaux). Le risque ajusté
est évalué, en préménopause à 1,50 (IC 95 % :
[1,00–2,26] ; p = 0,06) et en postménopause à 2,03 (IC
95 % : [0,99–4,21] ; p = 0,07).
Majed et al. [91], à partir d’une large cohorte
française (n = 14 709 dont 8 % de patientes obèses),
déterminent que l’obésité est un facteur pronostique
négatif sur le risque de récidive métastatique
(HR = 1,32 ; IC 95 % : [1,19–1,48] ; p < 0,0001) et de
survie sans récidive (HR = 1,20 ; IC 95 % : [1,08–1,32] ;
p = 0,002).
Risque accru de seconds cancers (niveau de preuve 2)
Dignam et al. [45] montrent que le risque de cancer du
sein controlatéral est plus élevé chez les femmes obèses
que chez les femmes présentant un poids normal ou
réduit (HR = 1,58 ; IC 95 % : [1,10–2,25]).
Chez 1 508 femmes, après un suivi moyen de
5,6 ans, (198 décès dont 128 par cancer), Cleveland
et al. [30] montrent également que parmi les femmes
préménopausées, celles qui ont une prise de poids
supérieure à 16 kg entre l’âge de 20 ans et l’année qui
précède le diagnostic de cancer du sein, ont un risque
deux fois plus élevé de mortalité toutes causes
confondues (HR = 2,45 ; IC 95 % : [0,96–6,27]) ou
spécifique au cancer initial (HR = 2,09 ; IC 95 % :
[0,80–5,48]), par rapport aux patientes de poids stable
[30]. Ce risque de mortalité est également majoré
(de deux à trois fois) chez les patientes postménopausées qui ont un gain de poids supérieur à 12,7 kg
entre l’âge de 50 ans et l’année précédant le diagnostic
de cancer, en comparaison avec les patientes de poids
stable : risque de mortalité toutes causes confondues
(HR = 2,69 ; IC 95 % : [1,63–4,43]) et risque de mortalité
liée au cancer du sein (HR = 2,95 ; IC 95 % : [1,36–6,43]).
Il en est de même pour le risque de seconds
cancers :
L’étude d’Abrahamson et al. [1], sur une cohorte de
femmes jeunes (n = 1 254), retrouve une augmentation
importante de la mortalité toutes causes confondues
chez les femmes obèses à l’âge de 20 ans par
comparaison aux femmes de poids idéal (HR = 2,49 ;
IC 95 % : [1,45–3,40]).
Le retour au poids d’avant traitement est rarement
observé [92,97].
Récemment, une étude rétrospective de patientes
présentant un cancer du sein local avancé (n = 602) a
évalué le temps moyen de survie à 7,1 ans pour les
patientes obèses versus 12,7 ans pour les patientes de
poids normal (p < 0,001) [38].
– HR = 1,62 ; IC 95 % : [1,16–2,24] [45] ;
– HR = 1,57 ; IC 95 % : [1,19–2,07] ; p < 0,0001 [91] ;
– HR = 3,16 ; IC 95 % : [1,23–8,15] [117].
Parmi ces seconds cancers, les plus fréquents sont
les cancers gynécologiques et digestifs, respectivement
38,2 et 23,2 % [91].
Prise de poids après traitement et évolution clinique
Prise de poids fréquente et durable
(niveau de preuve 2)
La prise de poids après le diagnostic de cancer du sein
est fréquemment rapportée notamment chez les femmes recevant une chimiothérapie adjuvante.
Dans l’étude WHEL, 45 % des patientes ont un gain
pondéral supérieur ou égal à 5 % du poids initial, et
10 % seulement retrouvent leur poids initial [118].
Risque de récidive : résultats contradictoires
Les études visant à évaluer l’impact de la prise de poids
sur le pronostic de la maladie donnent des résultats
contradictoires.
En effet, certains auteurs l’associent à une augmentation du risque de récidive ou de limitation de la survie,
notamment pour les cancers du sein de diagnostic
précoce [88]. Camoriano et al. [25] évaluent que le
risque de récidive est majoré de 1,5 fois pour les
patientes en préménopause dont la prise de poids est
supérieure à la moyenne (> 5,9 kg) (durée moyenne du
suivi : 6,6 ans) (cf. Fig. 2). Dans la Nurses’ Health Study
(NHS), le gain de poids est associé à une augmentation
de récidive chez les femmes n’ayant jamais fumé [83].
D’autres auteurs n’identifient aucun effet de la prise
de poids après traitement sur le risque de récidive [21],
quelle que soit l’importance de cette prise de poids
(durée moyenne du suivi : six ans) : HR = 0,8 (IC 95 % :
[0,6–1,1]) pour une prise de poids modérée de 5 à 10 %
et HR = 0,9 (IC 95 % : [0,7–1,2]) pour une prise de poids
supérieure à 10 %.
Risque accru de mortalité (niveau de preuve 2)
Le risque de mortalité est majoré de 1,6 fois (covariable
p = 0,04) pour les patientes en préménopause dont la
prise de poids est supérieure à la moyenne (> 5,9 kg)
(durée moyenne du suivi : 6,6 ans) [25] (cf. Fig. 2).
En revanche, le risque de mortalité n’est pas
significativement majoré pour les patientes postménopausées [25].
Ce risque accru de mortalité associée à la prise de
poids après diagnostic du cancer est retrouvé dans
l’étude récente NHS avec un risque relatif de 1,64
(IC 95 % : [1,07–2,51]) pour une augmentation de l’IMC
de 2 kg/m2 [83].
Études d’intervention chez les patientes
après traitement
Intervention nutritionnelle
Dans l’étude prospective randomisée WINS, réalisée à
partir d’une cohorte de patientes (n = 2 437) traitées
pour un cancer du sein de stade précoce, le groupe
d’intervention (n = 975) a bénéficié d’un régime appauvri en lipides de 33 g/j en moyenne sur 12 mois versus
51,3 g pour le groupe témoins (n = 1 462). La réduction
significative du risque de récidive observé pour le
groupe d’intervention en comparaison avec le groupe
témoins (HR = 0,76 ; IC 95 % : [0,60–0,98]), lors de
l’analyse intermédiaire à cinq ans, n’a pas été retrouvée
dans l’analyse suivante [29]. D’après les résultats
communiqués plus récemment lors du congrès de
l’ASCO 2008 et non encore publiés, le gain persiste
uniquement chez les femmes dont les tumeurs n’expriment pas de récepteurs hormonaux.
Dans l’étude prospective randomisée WHEL sur
une cohorte de patientes après traitement d’un cancer
du sein de stade précoce, le groupe d’intervention
(n = 1 537) a été inclus dans un programme de prévention nutritionnelle basé sur un régime enrichi en fruits
(+25 %) et en légumes (+65 %), en fibres (+30 %) et
appauvri en lipides (–13 %). Le groupe témoins
(n = 1 551) a reçu les recommandations nutritionnelles
émises pour la population générale : cinq fruits et
légumes par jour, fibres supérieures à 20 g/j, lipides
inférieurs à 30 % de l’apport énergétique total (AET).
Aucune différence en termes de risque de récidive ou de
mortalité n’a été observée durant les 7,3 années de suivi
entre le groupe intervention et le groupe témoins [106].
Cependant, malgré un apport calorique plus faible, les
patientes présentent une prise de poids, ce qui fait
suspecter soit une erreur de mesure de l’apport
nutritionnel, soit une baisse de l’activité physique.
Approche combinée : régime alimentaire et activité physique
Dans l’étude prospective randomisée WHEL, les patientes privilégiant un mode de vie associant une consommation quotidienne de cinq (ou plus) portions de fruits
et de légumes et une activité physique modérée
100
100
80
80
Gain ≤ median
60
Survival, %
Relapse-free survival, %
Des études observationnelles de cohortes de patientes
atteintes de cancer du sein ont recherché les liens entre
la consommation alimentaire et l’évolution clinique
après traitement. Il a été ainsi identifié des facteurs
augmentant le risque de récidive (consommation de
matières grasses et de viande rouge) [66] et d’autres
facteurs réduisant le risque de nouveaux cancers du
sein (consommation importante de fruits et de légumes)
[113]. Partant de ces observations, de grandes études
d’intervention nutritionnelle, associées ou non à un
programme d’activité physique, ont été initiées (niveau
de preuve 2).
40
Gain > median
20
0
0
2
4
6
8
Years from completion of adjuvant therapy
Gain ≤ median
60
Gain > median
40
20
10
0
0
2
4
6
8
Years from completion of adjuvant therapy
Fig. 2.
Risque accru de récidive et de mortalité liée à la prise de poids après traitement du cancer du sein [25]
10
RECOMMANDATIONS / RECOMMENDATIONS
715
716
Survival
ONCOLOG IE
1.00
0.98
0.96
0.94
0.92
Lifestyle
Low VF/low PA
High VF/low PA
Low VF/high PA
High VF/hign PA
0.90
0.88
0.86
0.84
0
1
2
3
4
5
6
Time (years)
7
8
9
Fig. 3.
Survie dans les quatre bras de l’étude WHEL [107]
(marche de 30 min, 6 j/sem) présentent un meilleur taux
de survie (HR = 0,56 ; IC 95 % : [0,31–0,98]) au cours des
dix années de suivi (cf. Fig. 3). Cet effet protecteur voisin
de 50 % est retrouvé aussi bien chez les femmes de
poids normal que chez les patientes obèses [107]
(niveau de preuve 1).
Les nombreuses données disponibles à ce jour
mettent en lumière le rôle du mode de vie et en
particulier, des facteurs nutritionnels et de l’activité
physique, dans la survenue des récidives après traitement d’un cancer du sein, même si la qualité des études
disponibles est hétérogène.
Recommandations pour les patientes en situation
de surpoids ou d’obésité après la maladie
Dans l’objectif d’améliorer le bien-être des patientes et
de limiter les effets indésirables des traitements, la prise
en charge optimale doit intégrer une nutrition adaptée
de l’activité physique un soutien psychologique et un
suivi régulier.
1. Proposer aux patientes une consultation de
diététique afin de les faire bénéficier de conseils
alimentaires personnalisés (niveau 1, grade A).
2. Leur recommander d’éviter toute prise de poids
supplémentaire (niveau 1, grade A).
3. Leur recommander d’adapter l’alimentation en
privilégiant les aliments à faible densité énergétique
(fruits et légumes) et en limitant les aliments gras et les
aliments sucrés (niveau 1, grade A).
4. Leur recommander d’augmenter de façon
progressive l’activité physique (suivre au moins les
recommandations émises pour la population générale) [niveau 1, grade A].
5. En cas d’obésité, les orienter vers un programme de réduction pondérale (niveau 1, grade A).
Dyslipidémies et risque cardiovasculaire
Le risque cardiovasculaire augmente avec l’âge, quel
que soit le sexe, mais la femme en période postménopausique présente un risque inférieur à l’homme
du fait de son exposition prolongée aux estrogènes et
de l’effet bénéfique de cette dernière sur le profil
lipidique, le métabolisme glucidique et la répartition
des graisses. La ménopause s’accompagne d’une
modification de la répartition des graisses, mais aussi
d’une augmentation fréquente du poids liée à l’avancée
en âge [47]. Les estrogènes sont à l’origine de la
répartition prédominante des graisses au niveau des
cuisses et des hanches alors que chez l’homme celle-ci
est périviscérale, intra-abdominale ; la ménopause et la
suppression estrogéniques résultent en une transformation androı̈de de la répartition des graisses et sont
des facteurs de risque reconnus d’affections cardiovasculaires [122].
L’augmentation du poids à la ménopause résulte
généralement d’une diminution des dépenses énergétiques (baisse de l’activité physique, réduction de la
masse musculaire liée à l’âge) mais aussi à de
changements éventuels du comportement alimentaire.
On note également une modification du profil lipidique
avec une élévation du cholestérol total et de la LDL
(facteur de risque d’athérosclérose), et dans certaines
études une baisse du HDL-cholestérol. La ménopause
se traduit donc par une augmentation du risque
cardiovasculaire liée à de multiples facteurs.
La prise de tamoxifène s’accompagne par contre
d’une hypocholestérolémie relative (versus témoin),
effet qui n’est pas retrouvé sous-antiaromatase.
Prévalence des accidents vasculaires
et cardiovasculaires sous traitement hormonal
du cancer du sein (niveau de preuve 1)
Le tamoxifène possède des effets estrogéniques se
traduisant par une réduction significative du risque de
décès par infarctus du myocarde (RR = 0,62 ; IC 95 % :
[0,41–0,93] ; 27 790 patientes) sans que l’incidence
globale de ces accidents soit significativement plus
faible (RR = 0,90 ; IC 95 % : [0,66–1,23]) [16]. L’effet de
réduction semble d’autant plus marqué que la population étudiée présente un risque cardiovasculaire important (antécédents de coronaropathie ou population avec
prévalence élevée de dyslipidémie).
Pour le tamoxifène, le risque d’accident vasculaire
cérébral est par contre accru (RR = 1,49 ; IC 95 % :
[1,16–1,90] ; 38 992 patientes), ainsi que celui d’embolie
pulmonaire (RR = 1,88 ; IC 95 % : [1,77–3,01] ; 36 604
patientes) d’un niveau comparable à celui des thromboses veineuses profondes (RR = 1,87 ; IC 95 % :
[1,33–2,64] ; 35 817 patientes) [16].
Les antiaromatases ont été comparés au traitement
standard antérieur, le tamoxifène. La très récente métaanalyse de Cupponne et al. [36] portant sur les sept
essais randomisés principaux (19 818 patients) objective un risque significativement accru d’événements
cardiovasculaires de grade 3 ou 4 (RR = 1,31 ; IC 95 % :
[1,07–1,60] ; p = 0,007) signant une différence absolue
de risque de 0,52 % avec un nombre de 189 patients
nécessaires pour observer un de ces événements.
Si l’on considère seulement les antiaromatases de
troisième génération (anastrazole, exemestane, létrozole), la différence (0,57 %) est toujours significative
(RR = 1,34 ; IC 95 % [1,09–1,63] ; p = 0,0038) avec 165
patients nécessaires pour observer un effet. Ce risque
accru existe qu’il s’agisse de traitement d’attaque ou de
switch précoce tamoxifène–antiaromatase [36].
Il semble que le risque ait été surestimé lors des
premières publications du fait d’un suivi d’événements
plus précoce. Ce risque pourrait dépendre du temps
d’exposition, d’autant plus élevé que l’exposition aux
antiaromatases est plus longue contrairement à l’effet
du tamoxifène. D’après ces auteurs, il est possible
que ce faible risque disparaisse si l’on adopte une
surveillance correcte du profil lipidique. Un essai
comparant létrozole versus placebo après cinq ans de
tamoxifène ne montre, en tout cas, pas de majoration
du risque cardiovasculaire par rapport à une population
témoin [57,102].
Concernant les accidents thromboemboliques
veineux, les antiaromatases comparés au tamoxifène
présentent un risque moindre d’accidents (RR = 0,53 ;
IC 95 % : [0,42–0,65] ; p < 0,0001). Ce risque correspond
à une différence absolue de 1,17 %, soit un nombre de
85 patients pour observer un événement. Ce risque
persiste qu’il s’agisse d’une stratégie de traitement
d’attaque ou de switch précoce. Le risque des accidents
thromboemboliques et vasculaires cérébraux est probablement identique à celui de la population témoin
[57,102].
Prise en charge des dyslipidémies
La prévention cardiovasculaire a des effets démontrés
chez les femmes ménopausées [3]. La recherche d’une
dyslipidémie repose sur l’exploration d’une anomalie
lipidique (EAL), qui détermine les concentrations de
cholestérol total, triglycérides, HDL-cholestérol et LDLcholestérol. Le diagnostic de cancer du sein et son traitement par hormonothérapie imposent ce bilan. Le bilan
lipidique est considéré comme normal pour des taux
de LDL-cholestérol inférieurs à 1,60 g/l (4,1 mmol/l),
triglycérides inférieurs à 1,50 g/l (1,7 mmol/l) et HDLcholestérol supérieurs 0,40 g/l (1 mmol/l). La prise en
charge médicamenteuse d’une éventuelle anomalie ne
se distingue pas de celle des autres patients à risque [3].
Les facteurs de risque cardiovasculaire à prendre en
compte en cas de dyslipidémies sont représentés par :
– l’âge, 60 ans pour la femme habituellement, mais
dans le cas du cancer du sein, la ménopause induite
prend la même valeur ;
– les antécédents familiaux de maladie coronaire
précoce, soit infarctus du myocarde, soit mort subite :
avant 55 ans chez le père ou chez un parent du
premier degré de sexe masculin ;
avant 65 ans chez la mère ou chez un parent
du premier degré de sexe féminin.
– un tabagisme actuel ou arrêté depuis moins de
trois ans ;
– une hypertension artérielle permanente traitée
ou non ;
– un diabète de type 2 traité ou non ;
– un taux de HDL-cholestérol inférieur à 0,40 g/l
(1,0 mmol/l).
À l’opposé, un taux sanguin de HDL-cholestérol
supérieur à 0,60 g/l (1,5 mmol/l) est considéré comme
un facteur protecteur que l’on soustrait au score de
niveau de risque cardiovasculaire.
Une intervention thérapeutique est indiquée en
fonction du taux de LDL-cholestérol dans chaque
situation (un, deux ou trois facteurs de risque). La
prescription d’hypolipémiant est fonction de l’état
cardiovasculaire, des facteurs de risques individuels et
des anomalies constatées du taux de LDL-cholestérol.
Une hypertriglycéridémie supérieure ou égale à 4 g/l
(4,6 mmol/l), quel que soit le niveau du cholestérol
total doit également être traitée. En cas d’anomalie
de l’EAL, une mesure de la glycémie à jeun doit être
réalisée de façon systématique à la recherche d’un
diabète de type 2. En absence de changement des
habitudes alimentaires d’un événement cardiovasculaire ou d’une augmentation du poids, il n’y a pas lieu de
répéter le bilan lipidique avant cinq ans s’il est normal.
L’objectif thérapeutique dépend ensuite du niveau
de risque et détermine le taux cible de LDL-cholestérol.
L’âge et la ménopause constituant deux facteurs de
risque, la concentration de LDL-cholestérol doit être
inférieure à 1,90 g/l (4,90 mmol/l). L’abaissement de la
LDL-cholestérolémie est le meilleur indicateur d’efficacité de la prévention cardiovasculaire par les mesures
diététiques et les hypolipémiants. Le bilan doit être
contrôlé trois mois après institution du traitement.
Eu égard au risque éventuel de prise de poids liée au
traitement, et aux données épidémiologiques entre
nutrition et risque de cancers ou de maladies cardiovasculaires, le conseil diététique s’avère primordial. La
réduction de la consommation de graisses totales (à
moins de 35 % de l’AET en France ; 20 à 30 % pour
certaines recommandations nord-américaines [46]), en
particulier des graisses saturées (si possible s 10 %) et
l’augmentation de la consommation d’acides gras polyinsaturés, en particulier de la série n-3, sont souhaitables. Une limitation du cholestérol alimentaire, voire
l’utilisation d’aliments enrichis en stérols végétaux, est
conseillée en cas d’anomalies du bilan lipidique. La
réduction de la consommation de glucides à index
glycémique rapide et la préférence pour des aliments à
index glycémique bas tels que les produits céréaliers
riches en fibres et micronutriments doivent être
conseillées. L’augmentation de la consommation de
fruits et de légumes est un facteur de protection
cardiovasculaire ; des méta-analyses de cohortes portant sur la relation entre le risque cardiovasculaire
(coronarien et accidents vasculaires cérébraux) et la consommation de fruits et de légumes ont montré des résultats convergents et des relations doses-dépendantes
[37,65]. Un effet bénéfique de cette consommation sur la
RECOMMANDATIONS / RECOMMENDATIONS
717
ONCOLOG IE
718
pression artérielle est également observé [4]. Cependant,
les essais d’intervention chez des hommes coronariens
sont pour l’instant sans effet clinique [20]. C’est aussi le
cas du “Women’s Health Initiative Randomized Controlled Dietary Modification Trial” qui vise à mesurer l’effet
sur la survenue de maladies cardiovasculaires de
conseils diététiques pour augmenter la consommation
de fruits et de légumes à cinq portions par jour et réduire
les apports lipidiques chez des femmes ménopausées
[76]. La limitation de la consommation d’alcool est
également recommandée [3].
Ainsi, le tamoxifène améliore le profil lipidique et
réduit le risque d’événements cardiaques graves liés à
l’âge et à la ménopause, et cet effet n’est pas constaté
avec les antiaromatases. Bien qu’il n’ait pas été montré
que les inhibiteurs de l’aromatase affectaient de
manière importante le profil lipidique ou la survenue
d’événements cardiovasculaires par rapport à une
population témoin, il paraı̂t prudent de suivre les taux
de lipides sanguins et de prévenir les risques cardiovasculaires au même titre que dans la population
générale [109].
– une limitation de l’apport en acides gras saturés
(graisses d’origine animale), au profit des acides gras
mono- ou polyinsaturés ;
– une augmentation de la consommation en
acides gras polyinsaturés oméga-3 (poissons) ;
– une augmentation de la consommation de fibres
et de micronutriments naturellement présents dans
les fruits, les légumes et les produits céréaliers ;
– une limitation du cholestérol alimentaire, voire
l’utilisation d’aliments enrichis en stérols végétaux.
À ces recommandations, s’ajoute la nécessité de :
– limiter la consommation d’alcool ;
– contrôler le poids ;
– corriger une sédentarité excessive.
En dehors des formes familiales de dyslipidémies,
pour les patients avec zéro ou un facteur de risque
cardiovasculaire associé, les mesures nutritionnelles
et l’activité physique doivent, le plus souvent, permettre à elles seules d’atteindre les objectifs thérapeutiques (niveau 1, grade A).
Du fait du risque augmenté d’accidents cardiovasculaires et de dyslipidémies habituellement contemporains de la ménopause, une EAL et une prévention des
pathologies cardiovasculaires selon les recommandations applicables à la population générale s’imposent.
Il est impératif de réaliser l’EAL avant la mise en route
de l’hormonothérapie.
Le traitement hypolipémiant est justifié en cas de
facteur de risque cardiovasculaire supplémentaire et
d’anomalies du bilan lipidique (Tableau 1).
Les mesures diététiques (alimentation et activité
physique) visant à réduire le risque cardiovasculaire
sont de particulière importance, et doivent être conseillées à toutes les patientes atteintes de cancer du sein.
Vitamines D, calcium et prévention de
l’ostéoporose
Recommandations pour la prise en charge des
dyslipidémies et la prévention des maladies
cardiovasculaires
L’âge et la ménopause constituant un facteur de risque,
les concentrations de LDL-cholestérol doivent être
inférieures à 1,90 g/l (4,9 mmol/l).
1. Dépister les dyslipidémies (niveau 1, grade A).
2. Aider les patientes à suivre les recommandations
diététiques [3]
Il est recommandé, en raison de la concordance
des données et des impacts multiples d’un bon
équilibre alimentaire, qu’une prise en charge nutritionnelle rigoureuse et adaptée soit mise en place pour
chaque patient.
Un traitement diététique adapté, visant à modifier
le comportement nutritionnel, et associé à la pratique
d’exercices physiques réguliers, permet d’éviter l’instauration d’un traitement médicamenteux dans de
nombreux cas. Il doit, pour cela, être instauré avec la
conviction du prescripteur et celle du patient.
Les modifications du régime alimentaire comprennent quatre catégories de mesures :
L’ostéoporose est une diminution de la solidité de l’os
susceptible d’entraı̂ner des fractures. Elle consiste en
une altération de la densité osseuse et de la qualité
de l’os [104]. Le risque cumulé pour une femme de
présenter une fracture (lifetime risk) liée à l’ostéoporose
est estimé entre 30 et 40 % [104]. Il existe des facteurs
de risque qui ont été établis par un groupe de travail de
l’OMS et qui augmentent ce risque cumulé de fracture
[82]. Le risque de fracture est lié à la présence d’une
ostéoporose mise en évidence par ostéodensitométrie,
cette mesure permettant d’évaluer le risque individuel.
Risque osseux chez les femmes traitées
pour cancer du sein
Chez les femmes ménopausées traitées pour un cancer
du sein, les inhibiteurs des aromatases ont augmenté
les risques de perte osseuse et de fracture par rapport à
celui qui était observé avec les antiestrogènes comme le
tamoxifène. Ce risque est encore augmenté lorsque les
femmes sont traitées par ces molécules avant la
ménopause, après suppression ovarienne quelle que
soit la méthode utilisée [33] (Fig. 4). De la même façon, la
suppression de la fonction ovarienne liée à la chimiothérapie est responsable d’une augmentation du risque.
Cette augmentation du risque pose donc la question
Tableau 1. Indication d’un traitement hypolipémiant chez les patientes avec cancer du sein
Patientes ayant une élévation de LDL-cholestérol
Valeur d’instauration du traitement
médicamenteux g/l (mmol/l)
Valeur cible de
LDL-cholestérol
g/l (mmol/l)
Prévention primaire des patientes avec cancer du sein
> 1,90 (4,9) malgré une prise en charge
diététique suivie pendant six mois
> 1,60 (4,1)
< 1,60 (4,1)
> 1,30 (3,4)
< 1,00 (2,6)
Prévention primaire des patientes avec cancer du sein
ayant au moins un autre facteur de risque
Prévention secondaire des patientes ayant une maladie
coronaire patente
< 1,30 (3,4)
10.0
Naturally occurring
bone loss
CTIBL
Bone loss at 1 year, %
8.0
6.0
4.0
2.0
0
Premenopausal
womena
Postmenopausal
womena
Menopausal
womenb
Ovarian failure
secondary to
chemotherapyd
Al therapy in
postmenopausal
womenc
Al therapy
plus GnRH agonist in
postmenopausal
womene
Fig. 4.
Comparaison de la perte osseuse au niveau de la colonne lombaire selon le vieillissement, et les thérapeutiques utilisées dans le cancer du
sein [33]
de la conduite diagnostique à tenir et de la prévention à
mettre en œuvre [58].
Tamoxifène et risque osseux
Le risque lié au traitement antiestrogénique semble
limiter et ne représente pas un problème clinique. En
préménopause et en association avec les agonistes de
LH-RH, le traitement est responsable d’une perte limitée
de la densité osseuse. En postménopause, le tamoxifène
est au contraire responsable d’une augmentation de la
densité osseuse dans les différentes parties du squelette
en raison de son action agoniste des estrogènes. Des
effets similaires ont été observés avec le raloxifène.
exemestane). La perte de densité osseuse est de l’ordre
de 1 à 2 % par an et de 7 à 8 % sur cinq ans de
traitement. Elle est associée à une modification des
marqueurs de la résorption osseuse. Les trois principaux inhibiteurs des aromatases sont associés à un
risque augmenté de fracture comparé à celui observé
sous tamoxifène : létrozole (3,6 %) versus placebo
(2,9 %) dans l’essai MA-17 ; exemestane (3,1 %) versus
tamoxifène (2,3 %), dans l’essai EIS ; anastrozole
(7,1 %) versus tamoxifène (4,4 %), p < 001, dans
l’essai ATAC). Les effets de l’exemestane non stéroı̈dien
pourraient être moins importants [8,7,34,32] (Fig. 5).
Prévention du risque osseux par les bisphosphonates
Inhibiteurs des aromatases et risque osseux
Le risque lié à la prescription des inhibiteurs des
aromatases est différent. L’essai ATAC a confirmé
l’intérêt de ces molécules dans le cancer du sein en
situation adjuvante (anastrozole). Il en va de même des
essais BIG et IES avec d’autres molécules (létrozole et
Plusieurs essais thérapeutiques randomisés ont
confirmé le rôle protecteur des bisphosphonates sur la
perte osseuse, soit après ménopause induite [40,14] soit
donnés simultanément aux inhibiteurs des aromatases
[54,18,116,19,48,87,60]. L’efficacité de ceux-ci est probablement conditionnée à l’absence de déficit en calcium
et de vitamine D. Plus récemment, l’acide zolédronique a
RECOMMANDATIONS / RECOMMENDATIONS
719
720
vitamine D et mortalité par cancer notamment colorectal [59,50,53]. La dose efficace en prévention devrait être
supérieure à 700 UI/jour chez les personnes ayant un
taux de base inférieur à 44 nmol/l [11,100]. En revanche,
une récente méta-analyse de sept essais thérapeutiques
et portant sur plus de 170 000 patients ne montre pas
d’effet de la supplémentation en calcium sur le risque de
fracture [10]. Au total l’effet réel de la supplémentation
est encore discuté [35].
4
Change from baseline BMD, %
ONCOLOG IE
3
2
1
0
-1
-2
-3
-4
Recommandations existantes
-5
Des recommandations ont été formulées concernant la
prévention de la perte osseuse et des fractures chez les
femmes traitées pour cancer du sein. Le problème
particulier est, en effet, celui de la balance bénéfices–
risques.
-6
-7
0
1
2
3
4
Time, years
Tamoxifen (ATAC)
Anastrozole (ATAC)
Pacebo (MA-17)
5
6
7
Letrozole (MA-17)
Tamoxifen (IES)
Exemestane (IES)
Fig. 5.
Changement estimé de la densité osseuse au niveau de la colonne
lombaire observée lors des essais des inhibiteurs des aromatases [32]
montré une efficacité dans la prévention de la perte de
densité osseuse observée chez les femmes préménopausées traitées par chimiothérapie [69].
Diagnostic de l’ostéoporose
L’US Preventive Services Task Force (USPSTF) a
recommandé le dépistage systématique de l’ostéoporose des femmes à partir de 60 ans dès lors qu’elles
ont des facteurs de risque, la mesure de la densité
osseuse permettant de prédire un risque élevé de
fracture [124]. Cette recommandation ne comporte
pas de limite supérieure d’âge à laquelle la surveillance
pourrait être arrêtée.
Prévention de l’ostéoporose
Déficit en calcium, vitamine D et supplémentation
Un déficit en vitamine D est largement constaté chez les
femmes après la ménopause, en France comme dans
d’autres pays, et est responsable d’une augmentation
du risque de fracture [27,89,79,73]. Chez les femmes
ayant eu un cancer du sein, un déficit est aussi retrouvé
pour 38 % d’entre elles [24]. Un apport journalier
suffisant de vitamine D et de calcium est considéré
comme une composante essentielle de la prévention de
l’ostéoporose (http://consensus.nih.gov/cons/111/
111_statement.htm). Aux États-Unis, l’apport recommandé de vitamine D est de 400 IU pour les individus de
51 à 70 ans et de 600 IU pour ceux âgés de 70 ans et
plus. En Europe, 400 IU sont recommandés pour les
personnes de plus de 75 ans. Par ailleurs, il existe une
diminution de la synthèse cutanée de vitamine D
rendant les personnes plus âgées dépendantes de
l’apport alimentaire [71]. Cette déplétion est aussi
constatée chez les patientes traitées pour ostéoporose
ne recevant pas des doses suffisantes de vitamine D [72].
L’intérêt de cette supplémentation est confirmé
par les résultats de plusieurs études randomisées ou
méta-analyses [12,39,123]. Récemment, l’essai
“Women Health Initiative Calcium-Vitamine D trial” a
montré un effet sur la densité osseuse mais non sur le
risque de fracture, alors que le risque de calcul rénal est
augmenté [80]. Une explication pourrait être un apport
limité en vitamine D utilisé dans cet essai. Enfin,
plusieurs études épidémiologiques comme la Health
Nurses Study ont montré un lien entre déplétion en
Recommandations américaines. L’American Society of
Clinical Oncology (ASCO) a proposé un algorithme pour
l’utilisation des inhibiteurs des aromatases dans la prise
en charge des cancers du sein hormonodépendants
[128]. Les patientes traitées par inhibiteurs des aromatases sont considérées comme étant à haut risque
d’ostéoporose liée au traitement chez lesquelles le
diagnostic doit être fait ainsi qu’une prise en charge
adaptée [70]. Les recommandations sont :
– un bilan osseux permettant d’établir un T-score ;
– un apport quotidien de 400 à 800 UI de vitamine D
et de 1 200 mg de calcium ;
– en cas de T-score inférieur à 2,5, un traitement
associant l’apport de calcium et de vitamine D ainsi
qu’un traitement par bisphosphonates et un bilan
systématique annuel.
Les patientes traitées pour cancer du sein soit par
chimiothérapie en préménopause, soit par chimiothérapie et/ou hormonothérapie doivent être considérées
comme étant à risque de perte osseuse et donc faire
l’objet d’un dépistage systématique [62].
Recommandations anglaises. Plus récemment, un
groupe d’experts anglais a complété les algorithmes de
décision en fonction du risque individuel d’ostéoporose
[111].
Le premier algorithme concerne les femmes ayant un
traitement suppresseur de la fonction ovarienne avant
45 ans. Un bilan osseux doit être systématiquement
réalisé dans l’année suivant la suppression ovarienne.
Ce bilan doit être renouvelé si des inhibiteurs des aromatases sont associés. Toute patiente présentant une
fragilité osseuse doit recevoir un traitement de bisphosphonates. Trois sous-groupes de patientes doivent être
considérés :
– les patientes à haut risque : chez ces femmes
présentant des signes d’ostéoporose une autre cause
d’ostéoporose doit être recherchée. Un traitement par
biphophonates doit être prescrit associé à une supplémentation systématique par calcium et par vitamine
D. Le bilan doit être fait tous les deux ans avec une
évaluation de l’efficacité du traitement, par la détermination de marqueurs biologiques de la résorption
osseuse.
– chez les patientes à risque moyen : un dosage de
calcium et de vitamine D permettra la mise en route
d’un traitement par supplémentation en cas de déficit.
– pour les femmes à risque faible : il n’y a pas
d’indication particulière.
Chez les patientes ménopausées, un traitement par
inhibiteurs des aromatases est une indication d’ostéodensitométrie. Le risque doit être évalué en fonction de
l’âge et des facteurs de risque suivants :
– fragilité osseuse avec fracture avant 50 ans ;
– ménopause précoce ;
– IMC inférieur ou égal à 22 ;
– maladies rhumatismales ;
– maladie de Crohn ;
– utilisation de corticoı̈des pendant plus de six
mois ;
– consommation importante d’alcool.
Au-delà de 75 ans la présence d’un au moins de ces
facteurs de risque est une indication de bisphosphonates. Chez les femmes à haut risque (ostéodensitométrie) et à risque moyen il n’y a pas d’indication
systématique de bisphosphonates. Une supplémentation systématique de calcium et de vitamine D est
donnée en cas de déficit constaté. Un bilan osseux doit
être réalisé à 24 mois.
En cas de progression importante de la perte
osseuse annuelle (> 4 %), les bisphosphonates doivent
être prescrits, associés avec une supplémentation
systématique de calcium (> 1 g/j) et de vitamine D
(> 800 UI).
Ces recommandations concordent avec les autres
recommandations d’experts récemment publiées
[61,64].
dans certaines indications en raison de leur efficacité
prouvée est un facteur de risque supplémentaire ;
ce risque doit être apprécié en fonction du risque
de la patiente avant traitement.
Recommandations pour la prévention
de l’ostéoporose
1. Évaluer chez toutes les femmes le risque
d’ostéoporose en fonction des facteurs de risque
connus (cf. groupe de travail de l’OMS ; Kanis [82],
recommandations Afssaps 2006) :
– l’existence d’antécédents personnels ou familiaux d’ostéoporose ou de fracture ;
– la survenue d’une ménopause précoce ;
– un IMC inférieur ou égal à 19 ;
– l’existence de pathologie associée à une
ostéoporose ;
– la consommation d’alcool ou de tabac ;
– la prise de corticoı̈des (niveau 1, grade A).
2. Réaliser un bilan osseux de type ostéodensitométrie ainsi qu’un dosage de calcium et de vitamine D
permettant de définir le risque individuel en dehors
de facteurs de risque (niveau 1, grade A).
3. Attirer régulièrement l’attention des patientes
sur l’importance d’apports journaliers alimentaires
suffisants en calcium et en vitamine D (recommandations PNNS) [niveau 2, grade B].
4. Adapter la prise en charge en fonction du risque
(niveau 1, grade A).
a) Pour les femmes à haut risque (ostéoporose
constatée) recevant ou non des inhibiteurs des
aromatases :
– associer un traitement par bisphosphonates et
une supplémentation systématique de calcium et de
vitamine D à des doses suffisantes (1 g/j de Ca,
> 800 UI/j de vitamine D) ;
– réaliser un bilan osseux régulier permettant
de s’assurer de l’efficacité du traitement.
b) Pour les femmes à risque individuel moyen ou
faible :
b1) Pour les femmes recevant des inhibiteurs des
aromatases :
– corriger systématiquement les déficits en
calcium et en vitamine D et maintenir un apport
alimentaire suffisant ;
– réaliser un bilan osseux au bout d’un an, puis
tous les deux ans ;
– Le traitement du cancer du sein est un facteur
augmentant le risque d’ostéoporose chez la femme
préménopausique (chimiothérapie et hormonothérapie) et chez la femme ménopausée (hormonothérapie) ;
– mettre en route un traitement par bisphosphonates en cas de progression rapide de l’ostéoporose.
– la prescription de plus en plus fréquente des
inhibiteurs des aromatases qui constituent un standard
– effectuer une surveillance selon les recommandations en cours en fonction de l’âge.
b2) Pour les autres femmes :
RECOMMANDATIONS / RECOMMENDATIONS
721
722
Compléments alimentaires
Recommandations à l’égard de la prise
de compléments alimentaires
ONCOLOG IE
Exposition
De nombreuses études ont examiné la prévalence de
consommation des compléments alimentaires. Celle-ci
est élevée chez les femmes ayant un cancer du sein, et
atteint 80 % aux États-Unis [103,126]. Dans la majorité
des cas, il s’agit de compléments de vitamines et/ou de
minéraux (68 % au Canada) [6]. Une étude européenne
observe une consommation de vitamines multipliée par
trois chez les femmes après le diagnostic d’un cancer du
sein [101].
Risque de mortalité par cancer du sein,
de récidive ou de seconds cancers
Très peu d’études spécifiques au cancer du sein ont
évalué l’association entre la consommation de compléments alimentaires et le risque de mortalité, de récidive
ou de seconds cancers. Une étude cas-témoin portant
sur 385 femmes ménopausées ayant eu un diagnostic
de cancer du sein rapporte une absence d’association :
OR = 0,54 (IC 95 % : [0,27–1,04]) entre supplémentation
en antioxydants et risque de récidive de cancer du sein
ou de mortalité par cancer du sein [51]. Une étude
prospective a examiné l’impact de la prescription de
mégadoses de vitamines et de minéraux sur le
traitement du cancer du sein non métastatique, après
un suivi moyen de 68 mois, et n’a pas observé d’effet
significatif sur la survie (HR = 1,75 ; IC 95 % :
[0,83–2,69]) après ajustement sur les variables relatives
au diagnostic et au traitement [86].
En revanche, les données obtenues en population
incitent à la prudence. Ainsi, l’évaluation faite par le
rapport WCRF/AICR indique que la supplémentation en
bêtacarotène à forte dose augmente le risque de cancer
du poumon chez les individus exposés à des facteurs de
risque (tabac ou amiante) [niveau de preuve 1].
De plus, une méta-analyse récente (180 938 participants en population générale), incluant 47 essais de
supplémentation avec des antioxydants (bêtacarotène,
vitamines A, C, E et sélénium seuls ou combinés) et
présentant un faible risque de biais, observe une
augmentation du risque de mortalité (RR = 1,05 ; IC
95 % : [1,02–1,11]) [13] (niveau de preuve 1).
Les études sont trop peu nombreuses pour évaluer
l’effet spécifique des compléments alimentaires dans le
cas du cancer du sein. Il convient donc de s’appuyer sur
les recommandations pour la population générale.
Soja
Exposition
Le terme de « phytoestrogène » regroupe plusieurs
molécules issues du monde végétal et présentant une
similarité avec la structure de l’estradiol. Parmi les six
familles de phytoestrogènes, la famille des isoflavones
est la plus étudiée.
1. Ne pas prescrire de compléments alimentaires,
sauf en cas de déficience avérée (niveau 1, grade A
pour la population générale/accord d’experts pour les
patientes avec cancer du sein).
2. Informer les patientes qu’il est conseillé de
satisfaire les besoins nutritionnels par une alimentation équilibrée et diversifiée sans recourir aux compléments alimentaires (niveau 1, grade A).
Dans un régime occidental traditionnel, les isoflavones sont essentiellement présents dans les légumes,
les fruits et les céréales. D’après les données du rapport
Afssa–Afssaps [2], les apports observés dans un régime
traditionnel de la population française sont cohérents
avec ceux observés dans d’autres populations européennes comparables (toujours inférieurs à 1 mg). Les
populations asiatiques (Japon notamment) ont des
apports moyens en isoflavones aglycones de 45 mg/j
(valeurs variant entre 8 et 118 mg/j).
L’apport en isoflavones par les compléments alimentaires est plus difficile à apprécier mais reste le plus
souvent assez proche des apports des populations
asiatiques.
Depuis les recommandations publiées par l’Afssa et
l’Afssaps en 2005, peu de publications sont disponibles.
Prévention primaire
Une méta-analyse a été publiée en 2006 avec inclusion
de 12 études cas-témoins et six cohortes [17]. Les
résultats ont objectivé une réduction de risque de
cancer du sein, mais l’hétérogénéité des études, de
l’origine du soja (tofu en Asie et additifs de soja dans les
pays occidentaux), ne permettent pas de conclure
(Fig. 6).
Deux études de cohortes ont été publiées ultérieurement [105,129]. La première a été conduite auprès de
35 303 femmes chinoises (629 cas de cancer du sein
incidents). Les résultats ont objectivé un effet protecteur
par des apports de soja à partir de tofu [105]. La seconde
a été réalisée au Japon auprès de 30 454 femmes, avec
un suivi de 7,6 ans, et 145 cas de cancer du sein
documentés. Aucune association n’a été observée entre
consommation de soja et risque de cancer du sein [129].
Prévention tertiaire
Concernant la prévention tertiaire, seule une étude de
cohorte est publiée [15]. Il s’agit d’une étude prospective
réalisée à Shanghai auprès de 1 459 personnes atteintes de cancer du sein. Sur une période de cinq ans,
240 décès sont survenus. Aucune association n’a été
trouvée entre apport de protéines de soja ou d’isoflavones et risque de mortalité par cancer du sein. Par
ailleurs, il existe aucune association entre apport de
soja et statut des récepteurs hormonaux, IMC, âge et
Association Between Soy and Breast Cancer Risk
All
Studies
Lee (postmeno) 1992
Lee (premeno) 1992
Hirose (postmeno) 1995
Hirose (premeno) 1995
Yuan (Tianjin) 1995
Yuan (Shanghai) 1995
Wu 1996
Greenstein (postmeno) 1996
Ingram 1997
Witte (premeno) 1997
Chie 1997
Key 1999
Dai 2001
Horn-Ross 2001
Dan Tonkelaar (postmeno) 2001
Wu 2002
Horn-Ross 2002
Yamamoto 2003
Linseinsen (premeno) 2004
Grace 2004
All Studies
0.0 0.5 1.0 1.5 2.0 2.5 3.0 3.5 4.0 4.5
Association Between Soy and Breast Cancer Risk,
by Population Subgroups
Asian Women
Lee (postmeno) 1992
Lee (premeno) 1992
Hirose (postmeno) 1995
Hirose (premeno) 1995
Yuan (Tianjin) 1995
Yuan (Shanghai) 1995
Chie 1997
Key (all women) 1999
Dai 2001
Yamamoto 2003
All Asian studies
Postmenopausal
Lee 1992
Hirose 1995
Wu 1996
Greenstein 1996
Key 1999
Shu 2001
Horn-Ross 2001
Dan Tonkelaar 2001
Wu 2002
Yamamoto 2003
All postmenopausal studies
Premenopausal
Lee 1992
Hirose 1995
Wu 1996
Witte 1997
Key 1999
Shu 2001
Horn-Ross 2001
Wu 2002
Yamamoto
Linseisen 2004
All premenopausal studies
0.0 0.5 1.0 1.5 2.0 2.5 3.0 3.5 4.0 4.5
OR or RR for high vs. low soy or isoflavone levels
OR or RR for high vs. low soy or isoflavone levels
*Premeno=premenopausal women, postmeno=postmenopausal women
Fig. 6.
Association entre soja et risque de cancer du sein d’après la méta-analyse de Bruce et al. [17]
ménopause. L’analyse a été complétée sur le statut ER+
(63 % des femmes). Aucune différence n’a été observée.
Wu et al. ont publié une étude sur 380 femmes
atteintes de cancer du sein sous tamoxifène [130].
L’objectif de ce travail a été d’étudier l’association entre
apports de soja et métabolites circulants du tamoxifène.
Aucune association n’a été mise en évidence, alors que
les taux circulants de tamoxifène ont été modifiés
significativement par l’âge, le statut de la ménopause,
l’IMC et les traitements hypertenseurs.
De même que cela a été mentionné dans le rapport
du WCRF 2007, et celui de l’Afssa–Affsaps, les études
sont insuffisantes pour apporter une conclusion que ce
soit en phase pré- ou postménopausique. Nous proposons donc de garder les recommandations de
l’Afssa–Afssaps qui n’ont pas lieu d’être modifiées en
l’absence de données suffisantes.
Recommandations à l’égard
de la consommation de soja [2]
1. Informer les patientes que les aliments à base de
soja peuvent être consommés sans excès par les
adultes, dans le cadre d’une alimentation équilibrée et
diversifiée (niveau 2, grade B).
2. Informer les patientes qu’un apport élevé en
phytoestrogènes (supérieur 1 mg/kg par jour) à partir
d’aliments à base de soja ou de compléments
alimentaires n’est pas recommandé (accord
d’experts).
Alcool
Il est important de rappeler que l’alcool est la deuxième
cause évitable de mortalité par cancer, après le tabac.
Les boissons alcoolisées sont actuellement classées
parmi les facteurs cancérogènes pour l’homme par le
Centre international de recherche contre le cancer [5].
La consommation de boissons alcoolisées augmente le
risque de cancer de la bouche, du pharynx, du larynx, de
l’œsophage, du côlon–rectum, du sein et du foie. Le
risque augmente avec la quantité d’alcool consommée,
quel que soit le type de boisson alcoolisée. Dans le cas
du cancer du sein, le risque augmente de 10 % par verre
d’alcool consommé par jour [44,127].
Exposition des femmes ayant eu un cancer du sein
Dans une étude transversale américaine, parmi
1 528 femmes ayant eu un diagnostic de cancer du
sein entre 1998 et 2001, environ un tiers des patientes
consomment des boissons alcoolisées (10 % en
consomment plus de sept verres par semaine) [9].
Échec du traitement
Une étude prospective, portant sur 240 femmes
suédoises opérées d’un cancer du sein aux stades I et
II, rapporte une absence d’association entre la consommation d’alcool au cours de l’année précédant le
diagnostic (exprimée en pourcentage de l’énergie
totale) et l’échec du traitement à quatre ans (30 événements se caractérisant par un cancer contralatéral, une
RECOMMANDATIONS / RECOMMENDATIONS
723
724
récidive locorégionale, des métastases distantes ou un
décès) [74].
ONCOLOG IE
Risque de mortalité par cancer du sein
Peu d’études ont évalué l’association entre consommation d’alcool et mortalité chez les femmes ayant eu un
cancer du sein. Cinq études prospectives relativement
anciennes, n’étudiant pas spécifiquement la consommation d’alcool, ont rapporté une absence de relation
significative entre la consommation d’alcool et la survie
de patientes américaines, australiennes ou suédoises,
dans les 5 à 18 ans suivant le diagnostic d’un cancer du
sein [49,75,115,119,131]. Cependant, la plupart de ces
études présentent plusieurs limites : manque de puissance en raison du faible nombre d’événements (26, 40,
112, 241 à 326 décès selon l’étude), catégories de
consommation d’alcool imprécises, absence d’ajustement sur le stade au diagnostic, le traitement et le
tabagisme. En revanche, une étude prospective plus
récente ayant pour objectif principal la consommation
d’alcool a été ajustée sur le stade au diagnostic,
la radiothérapie et le tabagisme : conduite chez
125 femmes afroaméricaines ménopausées atteintes
de cancer du sein invasif, elle rapporte un RR de 2,7 (IC
95 % : [1,3–5,8]) associé à la consommation d’alcool (au
moins un verre par semaine) [96].
Trois études prospectives en population générale, et
rapportant un plus grand nombre d’événements (223,
350 et 691), observent une augmentation de la mortalité
par cancer du sein associée à la consommation
d’alcool :
– dans la Nurses’ Health Study, étude prospective
conduite sur 85 705 femmes américaines, la consommation de plus de 30 g d’alcool par jour a été associée à
une augmentation du risque de décès par cancer du
sein (RR = 1,67 ; IC 95 % : [1,1–2,5]), selon une analyse
multivariée ajustant sur de nombreux facteurs [52].
Risque de récidive
Seulement deux études sur la relation entre la consommation d’alcool et le risque de récidive de cancer du sein
sont disponibles :
– une étude prospective portant sur 149 femmes
américaines ayant eu un diagnostic de cancer du sein
rapporte une absence d’association entre la consommation d’alcool (deux verres par jour) et le risque de
récidive (HR = 0,82 ; IC 95 % : [0,54–1,25]) après ajustement sur l’énergie [119]. Cependant, cette étude a une
faible puissance (28 récidives).
– dans une étude prospective avec un plus grand
effectif (472 femmes américaines ayant eu un diagnostic de cancer du sein), la consommation de bière est
associée à une augmentation du risque de récidive de
cancer du sein (RR = 1,41 ; p = 0,04), qui se maintient
après ajustement sur le statut socioéconomique [66].
Risque de seconds cancers primaires
D’après une étude cas-témoin (27 cas, 70 témoins),
menée aux Pays-Bas, chez des patientes ayant été
traitées pour un cancer du sein (30 %), du poumon ou
d’un lymphome, le risque relatif de seconds cancers de
l’œsophage a été estimé selon une analyse univariée à
3,3 (p = 0,01) chez les consommatrices d’alcool et chez
les consommatrices d’au moins de trois verres par jour
par rapport aux non-consommatrices [125]. L’interaction avec le tabac n’a pas été examinée.
Le rôle cancérogène de l’alcool est clairement établi.
Les études sur la relation entre alcool et risque de
mortalité par cancer du sein, récidive de cancer du sein
ou de seconds cancers sont peu nombreuses. Alors que
quelques études de faible puissance et/ou mal contrôlées sur les facteurs de confusion rapportent une
absence de relation, plusieurs études de meilleure
qualité rapportent un risque accru.
– dans la Cancer Prevention Study II, étude prospective incluant 251 420 femmes américaines, le risque
relatif de décès par cancer du sein était de 1,3 (IC 95 % :
[1,1–1,6]), selon une analyse multivariée, chez les
femmes consommant au moins un verre de boisson
alcoolisée par jour [121].
Il convient donc de s’appuyer sur les connaissances
actuelles concernant la relation entre consommation
d’alcool et risque de cancer et les recommandations de
prévention des cancers destinées à la population
générale [44,77].
– l’étude prospective multicentrique canadienne,
The National Breast Screening Study (NBSS), incluant
58 926 femmes, rapporte que la consommation d’alcool
est associée à une augmentation faible mais significative du risque de décès par cancer du sein : 1,04 (IC
95 % : [1,01–1,07]) pour 10–20 g d’alcool par jour et 1,06
(IC 95 % : [1,03–1,10]) pour une consommation supérieure à 20 g/j [81]. Dans cette étude, les données sont
ajustées sur de nombreux facteurs de confusion : âge à
l’inclusion, âge aux premières règles, nombre de
naissances viables, statut ménopausique, histoire familiale de cancer du sein au premier degré, autoexamen
des seins, tabagisme, usage de contraceptifs oraux,
éducation, mammographie, centre de l’étude, IMC et
apport énergétique.
Recommandations des patients
– Assurer le lien avec le médecin généraliste pour le
suivi du poids et la prise en charge nutritionnelle ainsi
que pour le suivi des dyslipidémies ;
– être plus spécifique sur les apports des fruits et de
légumes ;
– proposer aux personnes malades des consultations diététiques afin de s’assurer d’une alimentation
adaptée et éviter ainsi les prises ou pertes de poids liées
à la chimiothérapie ;
– renforcer l’information sur les manières de contourner les altérations du goût liées aux protocoles de chimiothérapie (accès à des recettes on line par exemple).
Recommandations à l’égard de la consommation
d’alcool
1. Informer les patientes que la consommation
d’alcool est déconseillée, quel que soit le type de
boisson (vin, bière, spiritueux) [niveau 1, grade A].
2. Ne pas inciter les patientes abstinentes à une
consommation régulière, même modérée, car toute
consommation d’alcool régulière est à risque (niveau
1, grade A).
3. En cas de consommation d’alcool, afin de réduire
le risque de cancers, inciter les patientes à limiter la
consommation autant que possible, tant en termes de
quantité consommée que de fréquence de consommation (niveau 1, grade A).
4. En cas de difficulté à limiter la consommation
d’alcool, envisager un accompagnement et éventuellement une prise en charge (accord d’experts).
Références
1. Abrahamson PE, Gammon MD, Lund MJ, et al. (2006) General and
abdominal obesity and survival among young women with breast
cancer. Cancer Epidemiol Biomarkers Prev 15(10): 1871-7
2. Afssa, Afssaps (2005) Sécurité et bénéfices des phytoestrogènes
apportés par l’alimentation. Recommandations Afssa Consulté
sur: http://afssa.fr
3. Afssaps. (2005) Prise en charge thérapeutique du patient
dyslipidémique. Recommandations à consulter sur : http://afssaps.sante.fr/pdf/5/rbp/dysreco.pdf
4. Appel LJ, Moore TJ, Obarzanek E, et al. (1997) A clinical trial of
the effects of dietary patterns on blood pressure. DASH
Collaborative Research Group. N Engl J Med 336(16): 1117-24
5. Baan R, Straif K, Grosse Y, et al. (2007) Carcinogenicity of
alcoholic beverages. Lancet Oncol 8: 292-3
6. Balneaves LG, Bottorff, JL, Hislop TG, Herbert C (2006) Levels of
commitment: exploring complemntary therapy use by women
with breast cancer. J Altern Complement Med 12(5): 459-66
7. Baum M, Buzdar A, Cuzick J, et al. (2003) Anastrozole alone or in
combination with tamoxifen versus tamoxifen alone for adjuvant
treatment of postmenopausal women with early-stage breast
cancer: results of the ATAC (arimidex, tamoxifen alone or in
combination) trial efficacy and safety update analyses. Cancer
98: 1802-10
8. Baum M, Buzdar AU, Cuzick J, et al. (2002) Anastrozole alone or
in combination with tamoxifen versus tamoxifen alone for
adjuvant treatment of postmenopausal women with early breast
cancer: first results of the ATAC randomised trial. Lancet 359:
2131-9
9. Bellizzi KM, Rowland JH, Jeffery DD, McNeel T (2005) Health
behaviours of cancer survivors: examining opportunities for
cancer control intervention. J Clin Oncol 23(34): 8884-93
10. Bischoff-Ferrari HA, Dawson-Hughes B, Baron JA, et al. (2007)
Calcium intake and hip fracture risk in men and women: a metaanalysis of prospective cohort studies and randomized controlled trials. Am J Clin Nutr 86(6): 1780-90
11. Bischoff-Ferrari HA, Rees JR, Grau MV, et al. (2008) Effect of
calcium supplementation on fracture risk: a double blind
randomized controlled trial. Am J Clin Nutr 87(6): 1945-51
12. Bischoff-Ferrari HA, Willett WC, Wong JB, et al. (2005) Fracture
prevention with vitamin D supplementation: a meta-analysis of
randomized controlled trials. JAMA 293: 2257-64
13. Bjelakovic G, Nikolova D, Gluud LL, et al. (2004) Mortality in
randomized trials of antioxidant supplements for primary and
secondary prevention: systematic review and meta-analysis.
JAMA 297(8): 842-57
14. Black DM, Delmas PD, Eastell R, et al. (2007) Once-yearly
zoledronic acid for treatment of postmenopausal osteoporosis.
N Engl J Med 356: 1809-22
15. Boyapati SM, Shu XO, Ruan ZX, et al. (2005) Soyfood intake and
breast cancer survival: a follow-up of the Shanghai Breast
Cancer Study. Breast Cancer Res Treat 92: 11-7
16. Braithwaite RS, Chlebowski RT, Lau J et al. (2003) Meta-analysis
of vascular and neoplastic events associated with tamoxifen.
J Gen Intern Med 18: 937-47
17. Bruce JT, Hilakivi-Clarke L, Clarke R (2006) Meta-analysis of soy
intake and breast cancer risk. J Natl Cancer Inst 98: 459-571
18. Brufsky A, Harker WG, Beck JT, et al. (2007) Zoledronic acid
inhibits adjuvant letrozole-induced bone loss in postmenopausal
women with early breast cancer. J Clin Oncol 25: 829-36
19. Bundred N, Campbell I, Davidson N, et al. (2008) Zoledronic acid
in the prevention of cancer treatment induced bone loss in
postmenopausal women receiving letrozole as adjuvant therapy
for early breast cancer. Cancer 112: 1001-10
20. Burr ML, Ashfield-Watt PA, Dunstan FD, et al. (2003) Lack of
benefit of dietary advice to men with angina: results of a
controlled trial. Eur J Clin Nutr 57(2): 193-200
21. Caan BJ, Emond JA, Natarajan L, et al. (2006) Postdiagnosis
weight gain and breast cancer recurrence in women with early
stage breast cancer. Breast Cancer Res Treat 99: 47-57
22. Caan BJ, Kwan ML, Hartzell G, et al. (2008) Prediagnosis body
mass index, postdiagnosis weight change, and prognosis among
women with early stage breast cancer. Cancer Causes Control
19(10): 1319-28
23. Calle EE, Rodriguez C, Walker-Thurmond K, Thun MJ (2003)
Overweight, obesity, and mortality from cancer in a prospectively studied cohort of US adults. N Engl J Med 348(17): 1625-38
24. Camacho PM, Dayal AS, Diaz JL, et al. (2008) Prevalence of
secondary causes of bone loss among breast cancer patients
with osteopenia and osteoporosis. J Clin Oncol 26(33): 5380-5
25. Camoriano JK, Loprinzi CL, Ingle JN, et al. (1990) Weight change in
women treated with adjuvant therapy or observed following
mastectomy for node-positive breast cancer. J Clin Oncol 8(8): 1327-34
26. Carmichael AR (2006) Obesity and prognosis of breast cancer.
Obes Rev 7(4): 333-40
27. Chapuy MC, Schott AM, Garnero P, et al. (1996) Healthy elderly
French women living at home have secondary hyperparathyroidism and high bone turnover in winter. EPIDOS Study Group.
J Clin Endocrinol Metab 81: 1129-33
28. Chlebowski RT, Aiello E, McTieman A (2002) Weight loss in
breast cancer patient management. J Clin Oncol 20(4): 1128-43
29. Chlebowski RT, Blackburn GL, Thomson CA, et al. (2006) Dietary
fat reduction and breast cancer outcome: interim efficacy
results from the Women’s Intervention Nutrition Study. J Natl
Cancer Inst 98(24): 1767-76
30. Cleveland RJ, Eng SM, Abrahamson PE, et al. (2007) Weight gain
prior to diagnosis and survival from breast cancer. Cancer
Epidemiol Biomarkers Prev 16(9): 1803-11
31. Coates AS, Keshaviah A, Thürlimann B, et al. (2007) Five-years of
letrozole compared with tamoxifen as initial adjuvant therapy for
postmenopausal women with endocrine-responsive early breast
cancer. J Clin Oncol 25(5): 486-92
32. Coleman RE, Banks LM, Girgis SI, et al. (2007) Skeletal effects of
exemestane on bone-mineral density, bone biomarkers, and
fracture incidence in postmenopausal women with early breast
cancer participating in the Intergroup Exemestane Study (IES): a
randomised controlled study. Lancet Oncol 8: 119-27
33. Coleman RE, Body JJ, Gralow JR (2008) Lipton a bone loss
in patients with breast cancer receiving aromatase inhibitors and
associated treatment strategies. Cancer Treat Rev 34(l1): S31-42
34. Coombes RC, Hall E, Gibson LJ, et al. (2004) A randomized trial of
exemestane after two to three years of tamoxifen therapy in
RECOMMANDATIONS / RECOMMENDATIONS
725
726
35.
ONCOLOG IE
36.
37.
38.
39.
40.
41.
42.
43.
44.
45.
46.
47.
48.
49.
50.
51.
52.
53.
54.
postmenopausal women with primary breast cancer. N Engl J
Med 350: 1081-92
Cranney A, Weiler HA, O’Donnell S, Puil L (2008) Summary of
evidence-based review on vitamin D efficacy and safety in
relation to bone health. Am J Clin Nutr 88(2): 513S–9S
Cuppone F, Bria E, Verma S, et al. (2008) Do adjuvant aromatase
inhibitors increase the cardiovascular risk in postmenopausal
women with early breast cancer? Meta-analysis of randomized
trials. Cancer 112: 260-7
Dauchet L, Amouyel P, Hercberg S, Dallongeville J (2006) Fruit
and vegetable consumption and risk of coronary heart disease:
a meta-analysis of cohort studies. J Nutr 136(10): 2588-93
Dawood S, Broglio K, Gonzalez-Angulo AM, et al. (2008)
Prognosis value of body mass index in locally advanced breast
cancer. Clin Cancer Res 14(6): 1718-25
Dawson-Hugues B, Harris SS, Krall EA, Dallal GE (1997) Effect of
calcium and vitamine D supplementation on bone density on
bone density in men and women 65 years of age and older. N
Engl J Med 337: 670-6
Delmas PD, Balena R, Confravreux E, et al. (1997) Bisphosphonate risedronate prevents bone loss in women with artificial
menopause due to chemotherapy of breast cancer: a double
blind, placebo-controlled study. J Clin Oncol 15: 955-62
Demark-Wahnefried W, Hars V, Conaway MR, et al. (1997)
Reduced rates of metabolism and decreased physical activity in
breast cancer patients receiving adjuvant chemotherapy. Am J
Clin Nutr 65(5): 1495-501
Demark-Wahnefried W, Peterson BL, Winer EP, et al. (2001)
Changes in weight, body composition, and factors influencing
energy balance among premenopausal breast cancer patients
receiving adjuvant chemotherapy. J Clin Oncol 19(9): 2381-9
Demark-Wahnefried W, Winer EP, Rimer BK (1993) Why women
gain weight with adjuvant chemotherapy for breast cancer.
J Clin Oncol 11(7): 1418-29
DGS/NACRe/INCa (2009) Nutrition et prévention des cancers :
des connaissances scientifiques aux recomandations. Synthèse
du PNNS 50p
Dignam JJ, Wieand K, Johnson KA, et al. (2003) Obesity, tamoxifen
use, and outcomes in women with estrogen receptor positive
early-stage breast cancer. J Natl Cancer Inst 95(19): 1467-76
Doyle C, Kushi LH, Byers T, et al. (2006) Nutrition and physical
activity during and after cnacer treatment: an American Cancer
Society guide for informed choices. CA Cancer J Clin 56: 323-53
Elia D (1993) Le poids féminin et les hormones : à propos de
l’enquête CERIS. Reproduction humaine et hormones 6: 307-12
Ellis GK, Bone HG, Chlebowski R, et al. (2008) Randomized trial of
denosumab in patients receiving adjuvant aromatase inhibitors
for non-metastatic breast cancer. J Clin Oncol 26(30): 4875-82
Ewertz M, Gillanders S, Meyer L, Zedeler K (1991) Survival of
breast cancer patients in relation to factors, which affect the
risk of developing breast cancer. Int J Cancer 49: 526-30
Feskanich D, Ma J, Fuchs CS, et al. (2004) Plasma vitamin D
metabolites and risk of colorectal cancer in women. Cancer
Epidemiol Biomarkers Prev 13: 1502-08
Fleischauer AT, Simonsen N, Arab L (2003) Antioxidant
supplements and risk of breast cancer recurrence and breast
cancer-related mortality among postmenopausal women. Nutr
Cancer 46(1): 15-22
Fuchs CS, Stampfer MJ, Colditz GA, et al. (1995) Alcohol
consumption and mortality among women. New Engl J Med
332(19): 1245-50
Giovannucci E, Liu Y, Rimm EB, et al. (2006) Prospective study of
predictors of vitamin D status and cancer incidence and
mortality in men. J Natl Cancer Inst 98: 451-9
Gnant MF, Mlineritsch B, Luschin-Ebengreuth G, et al. (2007)
Zoledronic acid prevents cancer treatment-induced bone loss in
premenopausal women receiving adjuvant endocrine therapy
for hormone-responsive breast cancer: a report from the
Austrian Breast and Colorectal Cancer Study Group. J Clin
Oncol 25: 820-8
55. Gold EB, Flatt SW, Pierce JP, et al. (2006) Dietary factors and
vasomotor symptoms in breast cancer survivors: the WHEL
Study. Menopause 13(3): 423-33
56. Goodwin PJ, Ennis M, Pritchard KI, et al. (1999) Adjuvant
treatment and onset of menopause predict weight gain after
breast cancer diagnosis. J Clin Oncol 17(1): 120-9
57. Goss PE, Ingle, Martino S, et al. (2005) Randomized trial of
letrozole following tamoxifen as extend adjuvant therapy in
receptor-positive breast cancer: Update findings from NCIC CTG
MA.17. J Natl Cancer Inst 97: 1262-71
58. Gralow JR (2007) Bone density in breast cancer: when to
intervene? J Clin Oncol 25(22): 3194-7
59. Grant WB (2002) An estimate of premature cancer mortality in
the US due to inadequate doses of solar ultraviolet-B radiation.
Cancer 94: 1867-75
60. Greenspan SL, Brufsky A, Lembersky BC, et al. (2008)
Risedronate prevents bone loss in breast cancer survivors: a
2-year randomized, double blind, placebo-controlled clinical
trial. J Clin Oncol 26(16): 2644-52
61. Hadji P, Body JJ, Aapro MS, et al. (2008) Practical guidance for
the management of aromatase inhibitor-associated bone loss.
Ann Oncol 19(8): 1407-16
62. Hadji P (2008) Menopausal symptoms and adjuvant therapyassociated adverse events. Endocr Relat Cancer 15(1): 73-90
63. Harvie MN, Campbell IT, Baildam A, Howell A (2004) Energy
balance in early breast cancer patients receiving adjuvant
chemotherapy. Breast Cancer Res Treat 83(3): 201-10
64. Hayes DF (2007) Clinical practice. Follow-up of patients with
early breast cancer. N Engl J Med 356(24): 2505-13
65. He FJ, Nowson CA, MacGregor GA (2006) Fruit and vegetable
consumption and stroke: meta-analysis of cohort studies. Lancet
367(9507): 320-6
66. Hebert JR, Hurley TG, Ma Y (1998) The effect of dietary
exposures on recurrence and mortality in early-stage breast
cancer. Breast Cancer Res Treat 51: 17-28
67. Heideman WH, Russell NS, Gundy C, et al. (2009) The frequency,
magnitude and timing of post-diagnosis body weight gain in
Dutch breast cancer survivors. Eur J Cancer 45(1): 119-26
68. Henderson IC, Berry DA, Demetri GD, et al. (2003) Improved
outcomes from adding sequential paclitaxel but not from
escalating doxorubicin dose in an adjuvant chemotherapy
regimen for patients with node-positive primary breast cancer.
J Clin Oncol 21(6): 976-83
69. Hershman DL, McMahon DJ, Crew KD, et al. (2008) Zoledronic
acid prevents bone loss in premenopausal women undergoing
adjuvant chemotherapy for early-stage breast cancer. J Clin
Oncol 26(29): 4739-45
70. Hillner BE, Ingle JN, Chlebowski RT, et al. (2003) American
Society of Clinical Oncology 2003 update on the role of
bisphosphonates and bone health issues in women with breast
cancer. J Clin Oncol 21: 4042-57
71. Holick MF, Matsuoka LY, Wortsman J (1989) Age, vitamin D, and
solar ultraviolet. Lancet 2: 1104-5
72. Holick MF, Siris ES, Binkley N, et al. (2005) Prevalence of vitamin D
inadequacy among postmenopausal North American women
receiving osteoporosis therapy. J Clin Endocrinol Metab 90: 3215-24
73. Holick MF (2007) Vitamin D deficiency. N Engl J Med 357: 266-81
74. Holm LE, Nordevang E, Hjalmar ML, et al. (1993) Treatment
failure and dietary habits in women with breast cancer. J Natl
Cancer Inst 85(1): 32-6
75. Holmes MD, Stampfer MJ, Colditz GA, et al. (1999) Dietary
factors and the survival of women with breast carcinoma.
Cancer 86: 826-35
76. Howard BV, Van horn L, Hsia J, et al. (2006) Low-fat dietary
pattern and risk of cardiovascular disease: the women’s health
initiative randomized controlled dietary modification trial. JAMA
295(6): 655-66
77. INCa/NACRe (2007) Alcool et risque de cancers. État des lieux
des données scientifiques et recommandations de santé
publique. INCa 60p
78. Irwin ML, Crumley D, MxTiernan A, et al. (2003) Physical activity
levels before and after a diagnosis of breast carcinoma: the Health,
Eating, Activity, and Lifestyle (HEAL) Study. Cancer 97(7): 1746-57
79. Jackson RD, LaCroix AZ, Cauley JA, McGowan J (2003) The
Women’s Health Initiative Calcium–Vitamin D Trial: overview
and baseline characteristics of participants. Ann Epidemiol
13(Suppl): S98–S106
80. Jackson RD, LaCroix AZ, Gass M, et al. (2006) Calcium plus
vitamin D supplementation and the risk of fractures. N Engl J
Med 354: 669-83
81. Jain MG, Ferrence RG, Rehm JT, et al. (2000) Alcohol and breast
cancer mortality in a cohort study. Breast Cancer Res Treat 64: 201-9
82. Kanis JA (1994) Assessment of fracture risk and its application
to screening for postmenopausal osteoporosis: synopsis of a
WHO report. WHO Study Group. Osteoporos Int 4: 368-81
83. Kroenke CH, Chen WY, Rosner B, Holmes MD (2005b) Weight,
weight gain, and survival after breast cancer diagnosis. J Clin
Oncol 23: 1370-8
84. Kroenke CH, Fung TT, Hu FB, Holmes MD (2005) Dietary patterns
and survival after breast cancer diagnosis. J Clin Oncol 23(36):
9295-303
85. Lahmann PH, Schulz M, Hoffmann K, et al. (2005) Long-term
weight change and breast cancer risk: the European Prospective Investigation into Cancer and Nutrition (EPIC). Br J
Cancer 93(5): 582-9
86. Lesperance ML, Olivotto IA, Forde N, et al. (2002) Megadose vitamins
and minerals in the treatment of non-metastatic breast cancer: an
historical cohort study. Breast Cancer Res Treat 76: 137-43
87. Lester JE, Dodwell D, Purohit OP, et al. (2008) Prevention of
anastrozole-induced bone loss with monthly oral ibandronate
during adjuvant aromatase inhibitor therapy for breast cancer.
Clin Cancer Res 14(19): 6336-42
88. Levine EG, Raczynski JM, Carpenter JT (1991) Weight gain with
breast cancer adjuvant treatment. Cancer 67(7): 1954-9
89. Lips P, Duong T, Oleksik A, et al. (2001) A global study of vitamin D
status and parathyroid function in postmenopausal women with
osteoporosis: baseline data from the multiple outcomes of raloxifene
evaluation clinical trial. J Clin Endocrinol Metab 86: 1212-21
90. Loi S, Milne RL, Friedlander ML, et al. (2005) Obesity and
outcomes in premenopausal and postmenopausal breast
cancer. Cancer Epidemiol Biomarkers Prev 14(7): 1686-91
91. Majed B, Moreau T, Senouci K, et al. (2008) Is obesity an
independant prognosis factor in woman breast cancer? Breast
Cancer Res Treat 111(2): 329-42
92. Makari-Judson G, Judson CH, Mertens WC (2007) Longitudinal
patterns of weight gain after breast cancer diagnosis:
observations beyond the first year. Breast J 13(3): 258-65
93. Mamounas EP, Bryant J, Lembersky B, et al. (2005) Paclitaxel
after doxorubicin plus cyclophosphamide as adjuvant chemotherapy for node-positive breast cancer: results from NSABP B28. J Clin Oncol 23(16): 3686-96
94. Martin M, Pienkowski T, Mackey J, et al. (2005) Adjuvant docetaxel
for node-positive breast cancer. N Engl J Med 352(22): 2302-13
95. Martı́n M, Rodrı́guez-Lescure A, Ruiz A, et al. (2008) Randomized
phase 3 trial of fluorouracil, epirubicin, and cyclophosphamide
alone or followed by paclitaxel for early breast cancer. J Natl
Cancer Inst 100(11): 805-14
96. McDonald PA, Williams R, Dawkins F, Adams-Campbell LL (2002)
Breast cancer survival in African American women: is alcohol
consumption a prognostic indicator? Cancer Causes Control 13: 543-9
97. McInnes JA, Knobf MT (2001) Weight gain and quality of life in
women treated with adjuvant chemotherapy for early-stage
breast cancer. Oncol Nurs Forum 28(4): 675-84
98. Meeske KA (2009) Risk factors for arm lymphedema following
breast cancer diagnosis in Black women and White women.
Breast Cancer Res Treat 113(2): 383-91
99. Mellemkjaer L, Friis S, Olsen JH, et al. (2006) Risk of second cancer
among women with breast cancer. Int J Cancer 118(9): 2285-92
100. Michaud LB, Goodin S (2006) Cancer-treatment induced bone
loss part 2. Am J Health-Syst Pharm 63: 534-46
101. Molassiotis A, Scott JA, Kearney N, et al. (2006) Complementary
and alternative medicine use in breast cancer patients in
Europe. Support Care Cancer 14: 260-7
102. Muss HB, Tu D, Ingle JN, et al. (2008) Efficacy, toxicity, and
quality of life in older women with early-stage breast cancer
treated with letrozole or placebo after 5 years of tamoxifen:
NCIC CTG intergroup trial MA.17. J Clin Oncol 26(12): 1956-64
103. Newman V, Rock CL, Faerber S, et al. (1998) Dietary supplement
use by women at risk for breast cancer recurrence. J Am Diet
Assoc 98: 285-92
104. Nguyen EJ, Kelly PJ, Sambrook PN (1996) Risk factors for
osteoporotic fractures: a summary of the literature and
statistical synthesis. Am J Epidemiol 144: 255-63
105. Nishio K, Niwa Y, Toyoshima H, et al. (2007) Consumption of soy foods
and the risk of breast cancer: findings from the Japan Collaborative
Cohort (JACC) Study. Cancer Causes Control 18(8): 801-8
106. Pierce JP, Natarajan L, Caan BJ, et al. (2007) Influence of a diet
high in vegetables, fruit, and fiber and low in fat on prognosis
following treatment for breast cancer: the Women’s Healthy
Eating and Living (WHEL) randomized trial. JAMA 298(3): 289-98
107. Pierce JP, Stefanick ML, Flatt SW, et al. (2007) Greater survival after
breast cancer in physically active women with high vegetable-fruit
intake regardless of obesity. J Clin Oncol 25(17): 2345-51
108. PNNS – Programme national nutrition–santé. Disponible sur : http://
www. sante-sports.gouv.fr/ (rubriquenutrition)etwww.mangerbouger.fr
109. Pritchard KI, Abramson BL (2006) Cardiovascular health and
aromatase inhibitors. Drugs 66(13): 1727-40
110. Raymond JS, Hogue CJR (2006) Multiple primary tumours in women
following breast cancer, 1973–2000. Br J Cancer 94: 1745-50
111. Reid DM, Doughty J, Eastell R, et al. (2008) Guidance for the
management of breast cancer treatment-induced bone loss: a
consensus position statement from a UK Expert Group. Cancer
Treat Rev 34(Suppl 1): S3–S18
112. Roche H, Fumoleau P, Spielmann M, et al. (2006) Sequential
adjuvant epirubicin-based and docetaxel chemotherapy for
node-positive breast cancer patients: the FNCLCC PACS 01
Trial. J Clin Oncol 24(36): 5664-71
113. Rock CL, Flatt SW, Natarajan L, et al. (2005) Plasma carotenoids
and recurrence-free survival in women with a histoty of breast
cancer. J Clin Oncol 23(27): 6631-8
114. Rock CL, McEligit AJ, Flatt SW, et al. (2000) Eating pathology and
obesity in women at risk for breast cancer recurrence. Int J Eat
Disord 27(2): 172-9
115. Rohan TE, Hiller JE, McMichael AJ (1993) Dietary factors and
survival from breast cancer. Nutr Cancer 20: 167-77
116. Saarto T, Vehmanen L, Blomqvist C, Elomaa I (2008) Ten-years
follow-up of 3 years of oral adjuvant clodronate therapy shows
significant prevention of osteoporosis in early-stage breast
cancer. J Clin Oncol 26(26): 4289-95
117. Sanchez L, Lana A, Hidalgo A, et al. (2008) Risk factors for
second primary tumours in breast cancer survivors. Eur J
Cancer Prev 17(5): 406-13
118. Saquib N, Flatt SW, Natarajan L, et al. (2007) Weight gain and
recovery of precancer weight after breast cancer treatments:
evidence from the Women’s Healthy Eating and Living (WHEL)
study. Breast Cancer Res Treat 105(2): 177-86
119. Saxe GA, Rock CL, Wicha MS, Schottenfeld D (1999) Diet and
risk for breast cancer recurrence and survival. Breast Cancer
Res Treat 53: 241-53
120. Tao MH, Shu XO, Ruan ZX, et al. (2005) Association of overweight
with breast cancer survival. Am J Epidemiol 163(2): 101-7
121. Thun MJ, Peto R, Lopez AD, et al. (1997) Alcohol consumption
and mortality among middle-aged and elderly US adults. New
Engl J Med 337(24): 1705-14
122. Toth MJ, Tchernof A, Sites CK, Poehlman ET (2000) Menopauserelated changes in body fat distribution. Ann N Y Acad Sci 904: 502-6
123. Trivedi DP, Doll R, Khaw KT (2003) Effect of four monthly oral
vitamin D3 (cholecalciferol) supplementation on fractures and
mortality in men and women living in the community:
randomised double blind controlled trial. BMJ 326: 469-72
RECOMMANDATIONS / RECOMMENDATIONS
727
ONCOLOG IE
728
124. US Preventive Services Task Force (2002) Screening for
osteoporosis in postmenopausal women: recommendations
and rationale. Ann Intern Med 137: 526-8
125. Van Halteren HK, Taal BG, van Tinteren H, van Leuwen FE (1995)
Risk factors for the development of oesophageal cancer as a
second primary tumour. Eur J Cancer 31A(11): 1836-9
126. Velicer CM, Ulrich CM (2008) Vitamin and mineral supplement
use among US adults after cancer diagnosis: a systematic
review. J Clin Oncol 26(4): 665-73
127. WCRF/AICR. Food, nutrition, physical activity, and the
prevention of cancer: a global perspective (2007) AICR,
Washington DC, 517p. Disponible sur : www.rapportalimentationetcancer.fr
128. Winer EP, Hudis C, Burstein HJ, et al. (2005) American Society of
Clinical Oncology technology assessment on the use of
aromatase inhibitors as adjuvant therapy for postmenopausal
women with hormone receptor-positive breast cancer: status
report 2004. J Clin Oncol 23: 619-29
129. Wu AH, Koh WP, Wang R, et al. (2008) Soy intake and breast cancer
risk in Singapore Chinese Health Study. Br J Cancer 99(1): 196-200
130. Wu AH, Pike MC, Williams LD, et al. (2007) Tamoxifen, soy, and
lifestyle factors in Asian American women with breast cancer.
J Clin Oncol 25: 3024-30
131. Zhang S, Folsom AR, Sellers TA, et al. (1995) Better breast
cancer survival for postmenopausal women who are less
overweight and eat less fat. Cancer 76: 275-83
Atteintes rhumatologiques douloureuses
induites par les traitements par antiaromatases
au cours du cancer du sein
Coordonnateur du groupe de travail : S. Perrot
Groupe de travail : R.-M. Javier, M. Othmann, M. Marty, F. Debiais, F. Laroche, S. Perrot, C. Tournigand
Résumé : Sept auteurs (cinq rhumatologues spécialistes de la douleur, issus du CEDR – Cercle d’étude
de la douleur en rhumatologie –, un rhumatologue
spécialiste de l’os et un cancérologue) se sont réunis
pour rédiger un texte consensuel sur les atteintes
rhumatologiques, hors ostéoporose, observées sous
antiaromatases (AA) prescrits pour cancer du sein, et
élaborer des recommandations. Les traitements par
AA au cours du cancer du sein sont à l’origine de
manifestations rhumatologiques de plus en plus
décrites, à type d’arthralgies ou de douleurs diffuses.
Ces complications ne sont pas exceptionnelles (entre
20 et 50 % des cas) et peuvent parfois conduire à
l’arrêt ou à une modification des traitements par AA.
La prise en charge de ces douleurs doit passer par
une analyse précise des symptômes, car plusieurs
tableaux rhumatologiques très différents peuvent
survenir et l’on devra dans tous les cas, au préalable,
éliminer des douleurs liées à une évolutivité du
cancer. Le traitement sera adapté au type de douleur,
allant si besoin jusqu’à une prise en charge multidisciplinaire associant un cancérologue et un rhumatologue. Les approches seront pharmacologiques
(antalgiques, anti-inflammatoires, corticoı̈des, antidépresseurs) et non pharmacologiques (kinésithérapie, physiothérapie, exercice physique).
Mots clés : Cancer du sein – Antiaromatase – Douleur –
Atteinte articulaire
Introduction
Le cancer du sein est le cancer de la femme le plus
fréquent ; en France, le nombre de nouveaux cas
estimés en 2000 est d’environ 42 000. L’hormonothé-
rapie fait partie intégrante des traitements médicaux
des patientes ayant un cancer du sein, utilisée en
situation adjuvante ou en situation métastatique.
Environ 70 % des cancers du sein invasifs présentent
des récepteurs aux estrogènes et/ou à la progestérone,
positifs au moment du diagnostic, permettant de définir
une hormonosensibilité. Pendant plus de 30 ans, le
tamoxifène est resté le traitement antiestrogène de
choix, que ce soit en situation adjuvante ou en situation
métastatique. Le tamoxifène inhibe de façon compétitive la fixation des estrogènes sur leur récepteur, mais il
possède également un effet estrogénique agoniste
partiel, pouvant être responsable de cancers de l’endomètre ou d’accidents thromboemboliques.
– Les inhibiteurs de l’aromatase de troisième génération ont été introduits plus récemment. Leur mécanisme d’action consiste à bloquer l’aromatase, enzyme
présente au niveau du tissu adipeux, du foie, du muscle,
du cerveau et du tissu mammaire. Les inhibiteurs de
l’aromatase bloquent l’enzyme, empêchant ainsi la
conversion de la testostérone et d’autres androgènes
en estrogènes ;
– on distingue deux types d’inhibiteurs de l’aromatase : les antiaromatases (AA) stéroı̈diens, et non
stéroı̈diens. Les AA stéroı̈diens réalisent une inhibition
compétitive et irréversible de l’enzyme (exemestane), et
les AA non stéroı̈diens réalisent une inhibition réversible de l’enzyme (létrozole, anastrozole). De nombreuses études ont démontré la supériorité des inhibiteurs
de l’aromatase sur le tamoxifène, en situation métastatique ainsi qu’en situation adjuvante (en ce qui concerne
la survie sans récidive dans cette dernière situation) ;
– chez les patientes ménopausées ayant des métastases et, chez qui, une hormonothérapie est indiquée,
les inhibiteurs de l’aromatase létrozole et anastrozole
sont recommandés en première intention. L’exemestane est indiqué en cas d’échec du tamoxifène ;
– en situation adjuvante, chez les patientes ménopausées, un inhibiteur de l’aromatase est indiqué soit
d’emblée (létrozole, anastrozole) pour une durée de
cinq ans, soit après deux ans de tamoxifène (exemestane). Il peut être recommandé à l’issue des cinq ans de
tamoxifène, chez les patientes ayant une atteinte
ganglionnaire (létrozole, anastrozole) [7].
Douleurs sous AA : fréquence, épidémiologie
La fréquence des manifestations articulaires survenant
sous AA est très variable dans la littérature depuis la
description princeps de Donnellan et al. en 2001, avec
des arthralgies survenant chez 16 % des 77 femmes
dans les deux mois suivant le début du traitement [12].
Deux types de données très différentes sont disponibles :
– au cours des essais cliniques visant à démontrer
l’efficacité des AA en traitement adjuvant du cancer du
sein, la prévalence des douleurs varie de 5,4 à 35,6 %,
principalement parce qu’il n’y a aucune recherche
systématique, ni évaluation de la douleur. Seules les
données musculosquelettiques recueillies comme événements indésirables sont disponibles pour les trois
molécules commercialisées. Sous létrozole, 5,6 %
d’arthrites, 21,3 % d’arthralgies et 11,8 % de myalgies
sont rapportées pour respectivement 3,5, 16,6 et 9,5 %
sous placebo, avec des différences statistiquement
significatives pour tous ces items [14]. Pour l’exemestane [6], 5,4 % d’arthralgies sont rapportées par rapport
à 3,6 % sous tamoxifène avec une différence statistiquement significative. Pour l’anastrozole dans l’étude
ATAC, à 68 mois, 35,6 % d’événements musculosquelettiques sont survenus sous anastrozole après un délai
moyen de 13,9 mois, et pour 10,6 %, il s’agit d’événements sévères, 2,1 % menant à l’arrêt du traitement [4] ;
– dans les quelques études transversales et les
études prospectives, les fréquences des douleurs
articulaires sont plus élevées, entre 47 % des cas dans
une étude transversale avec questionnaire systématique [8,9] et 45,4 % à 12 mois chez les 100 premières
patientes de l’étude prospective COBRA, évaluées
systématiquement par des échelles de douleur et de
qualité de vie et, si besoin, un examen rhumatologique
[15]. Ces douleurs articulaires ont débuté en moyenne
après 1,6 mois de traitement, avec une EVA de douleur
moyenne à 51 mm, allant dans 13 cas sur 100 jusqu’à un
arrêt de traitement pour toxicité articulaire.
Au total, la prévalence des manifestations articulaires survenant sous AA est proche de 45 % sans donnée
comparative entre molécules à ce jour.
Description des douleurs sous AA
Il existe peu de précision sur la symptomatologie et la
localisation exactes des manifestations rhumatologi-
ques douloureuses survenant sous AA, publications en
majorité issues de la littérature cancérologique, principalement centrées sur les problèmes oncologiques.
Les douleurs sont rapportées dans 23 à 61 % des cas
[8,9,23] et apparaissent ou s’aggravent dans un délai de
huit semaines en moyenne (2 semaines à 19 mois)
après le début des AA [1,23].
– Les signes fonctionnels les plus fréquents
[1,8,9,15,22] sont des arthralgies et myalgies avec
sensation de raideur articulaire pouvant s’améliorer
après des étirements, dérouillage matinal et impression de gonflement des doigts. De localisation le
plus souvent symétrique, touchant par ordre décroissant les mains (articulations interphalangiennes
proximales et métacarpophalangiennes des doigts)
et les poignets, les genoux, le rachis lombaire, les
épaules, et plus rarement le bassin avec les hanches,
les pieds et les chevilles [8,9,15,18,19]. Il existe
parfois des synovites et des ténosynovites [11,20],
voire d’exceptionnelles polyarthrites évoluant vers
une polyarthrite chronique d’allure rhumatoı̈de [21].
Les analyses biologiques sont le plus souvent
normales [15]. Il existe également des tableaux
douloureux, diffus et proches du syndrome fibromyalgique ;
– les diagnostics évoqués lors de ces atteintes
rhumatologiques sont nombreux : arthrose (des
genoux, des doigts en particulier rhizarthrose), doigts
à ressaut, canal carpien, bursite, trochantérite, tendinite
(coiffe des rotateurs, poignets, coudes), ténosynovite ou
syndrome fémoropatellaire [15,18,19] ;
– la sévérité des symptômes ne conduit que
rarement à l’arrêt du traitement par AA : dans 2 à 5 %
des cas pour l’étude ATAC [1], mais jusqu’à 20 % des
patientes pour d’autres auteurs [11]. Le plus souvent,
l’intensité est modérée ou moyenne, les atteintes sont
observées surtout au début du traitement et peuvent
céder après quelques semaines, en général après 3 à
18 mois d’AA [4,22].
Facteurs de risque de survenue
de douleurs articulaires liées à la prise
d’AA de troisième génération
Peu d’études spécifiques ont été conduites pour tenter
d’identifier d’éventuels facteurs de risque de survenue
de complications rhumatologiques sous AA.
L’âge, l’ethnie, le mode de survenue de la ménopause (naturelle versus chirurgicale), l’ancienneté de la
ménopause, le type d’AA et la durée de traitement par
AA ne semblent pas être des facteurs de risque prouvés
de la survenue de douleurs articulaires liées à la prise
d’AA de troisième génération [8,9]. Des données sur le
poids ont été publiées de façon contradictoire [8,9,21].
La prise préalable de tamoxifène ne paraı̂t pas être un
facteur de risque et pourrait même réduire le risque de
survenue de manifestations rhumatologiques [8,9,22],
au contraire d’un traitement hormonal substitutif
RECOMMANDATIONS / RECOMMENDATIONS
729
730
ONCOLOG IE
antérieur qui serait, pour certains, un facteur de risque
majeur [24].
De façon plus nette, une chimiothérapie préalable
expose à un risque plus important de complications
rhumatologiques avec un délai d’apparition des symptômes plus court [5], en particulier après la prise de
taxane [3,8,9]. Par contre, la radiothérapie préalable ne
serait pas un facteur de risque [24].
Physiopathologie des douleurs ostéoarticulaires
survenant sous AA
La physiopathologie précise des douleurs ostéoarticulaires induites par les AA de troisième génération n’est
pas précisément connue. Ces douleurs semblent être
liées à un effet de classe, quelle que soit la molécule.
Deux grands mécanismes physiopathologiques
peuvent être identifiés :
– un phénomène général de diminution du seuil de
la douleur par suppression de l’effet antinociceptif des
estrogènes (chute de leur taux circulant). Les estrogènes ont une action sur le système nerveux central de
modulation du système de la douleur : il existe un effet
de renforcement du système opioı̈de [10,13]. Les
estrogènes ont aussi une action sur les systèmes
dopaminergique et sérotoninergique centraux [16,26].
La chute brutale du taux d’estrogènes induite par le
traitement par AA modifie donc le système de transmission du message douloureux et peut induire des
douleurs diffuses ;
– un effet plus spécifique sur le cartilage par
suppression de l’effet trophique des estrogènes sur le
cartilage (liés à l’existence de récepteurs aux estrogènes
dans le cartilage) [8,9] et suppression de l’effet immunomodulateur de l’estradiol. Les douleurs articulaires
sous AA sont proches de celles observées lors de la
diminution des taux circulants d’estrogènes (lors de
la ménopause, lors de traitements par agoniste de la
gonadolibérine – leuprolide –, à l’arrêt de traitements
hormonaux substitutifs [13]), c’est ce que l’on appelle
« rhumatisme de la ménopause » ;
– un effet inducteur de pathologies auto-immunes :
les souris knock-out pour le gène de l’AA présentent des
signes de pathologie auto-immune lymphoprolifératives
[25], mais l’induction de pathologies auto-immunes chez
les femmes traitées par AA, ayant développé des
douleurs articulaires, est controversée [15,18,21,25].
L’inhibition estrogénique pourrait par ailleurs favoriser
localement au niveau articulaire la sécrétion de cytokines
pro-inflammatoires (IL-6, anti-TNF-a, IL-1b, IL-10) [13,18].
Conduite pratique du traitement par AA lors
de la survenue de manifestations rhumatologiques
Lors de l’apparition de douleurs sous AA, il conviendra
de faire une évaluation particulièrement approfondie du
type de douleurs et des manifestations associées. Le
premier élément est bien sûr d’éliminer une pathologie
évolutive néoplasique (métastases ?) ou inflammatoire
rhumatologique. Dans ce contexte, l’avis spécialisé du
cancérologue suivant la patiente, et éventuellement
d’un rhumatologue dans un deuxième temps, sera
nécessaire. Si l’on a éliminé toute pathologie néoplasique ou rhumatologique spécifique, on pourra évoquer
le diagnostic de douleurs liées au traitement par AA.
Les conditions de l’arrêt du traitement par AA seront
décidées d’un commun accord entre la patiente, son
cancérologue et un rhumatologue [27]. En présence de
douleurs importantes avec retentissement majeur sur la
qualité de vie, malgré une prise en charge médicamenteuse et non médicamenteuse, la discussion de l’arrêt du
traitement par AA se posera. Le traitement par AA est
habituellement prescrit pour une durée minimale de trois
à cinq ans. Si ce traitement est arrêté, il pourrait être
repris après un arrêt de deux à trois mois, soit avec la
même molécule, soit avec un autre AA (changement d’un
AA non stéroı̈dien vers un stéroı̈dien ou inversement). En
effet, pour certains auteurs, le changement de molécules
pourrait atténuer les symptômes [25]. En fonction du
risque de rechute évalué par l’oncologue, l’AA pourra
éventuellement être remplacé par du tamoxifène.
Ainsi, pour tout traitement par AA, il importera
d’expliquer aux patientes l’intérêt de maintenir le
traitement par AA pendant une durée suffisante, en
mentionnant les objectifs de ce traitement, ses inconvénients éventuels et la prise en charge possible des
complications éventuellement observées.
Approche non pharmacologique
des douleurs des AA
L’approche non médicamenteuse des douleurs, qu’elles soient directement ou non liées aux AA, est
indispensable, et il faut mentionner aux patientes
qu’elle peut être aussi efficace que les approches
médicamenteuses.
Plusieurs principes sont importants :
– prévoir des traitements physiques adaptés aux
types de douleurs : application d’agents physiques
froids ou chauds sur les articulations ou les zones
douloureuses, stimulation physique, ultrasons, etc. ;
– prescrire de la kinésithérapie, indispensable pour
éviter la désinsertion physique, avec proposition en
particulier de kinésithérapie de reconditionnement
musculaire ;
– proposer des orthèses nocturnes, notamment
pour le pouce, en cas de douleurs inflammatoires
touchant les extrémités ;
– conserver une activité physique avec si besoin,
prise d’antalgique avant l’activité physique ;
– expliquer des techniques de relaxation, d’hypnose, voire proposer une approche psychothérapique si
contexte de stress ou d’anxiété important ;
– envisager des mesures sociales d’adaptation du
travail et d’ergonomie dans le cas d’un retentissement
psychosocial important.
Tableau 1.
Les 13 recommandations AAA (algies sous antiaromatases)
1. Préalable : indication, bénéfice/risque des AAA
1.1. Les traitements par antiaromatase (AA) sont des traitements efficaces en situations
adjuvante et métastatique chez des patientes ménopausées ayant un cancer du sein
hormonodépendant.
2. Évaluation et information avant la mise en route des AAA
2.1. Les patientes doivent être informées de l’apparition ou aggravation possibles de douleurs
musculosquelettiques sous AA, survenant habituellement en début de traitement et pouvant
s’améliorer avec le temps.
2.2. Avant la mise sous traitement par AA, la recherche de douleurs et leur évaluation
(intensité, localisation…) doit être effectuée et indiquée dans le dossier clinique (pour
améliorer le suivi en cas de changement d’oncologue lors des visites).
3. Facteurs de risque des douleurs liées aux AA
3.1. Les douleurs survenant sous AAA ne dépendent pas de l’AA, de la radiothérapie
préalable, de l’âge, de l’ethnie ni du mode de survenue de la ménopause (naturelle ou
médicochirurgicale) mais peuvent être favorisées par des chimiothérapies préalables
(taxanes notamment).
4. Évaluation pendant le traitement par AAA
4.1. En l’absence de signe clinique inflammatoire, en cas de survenue d’arthralgies, myalgies,
tendinopathies, syndromes canalaires, aucun examen complémentaire biologique ou
radiologique n’est indispensable et un traitement symptomatique doit être prescrit.
4.2. En cas d’échec du traitement symptomatique ou en présence de signes inflammatoires
articulaires, un avis spécialisé rhumatologique est indiqué.
5. Généralités sur la prise en charge
5.1. Le traitement est une association de traitements pharmacologiques et non
pharmacologiques.
6. Prise en charge médicamenteuse et non médicamenteuse des douleurs ostéoarticulaires
sous AAA
6.1. Un traitement symptomatique par antalgiques de palier 1 doit être systématiquement
proposé pour soulager les douleurs induites par les AAA. Les antalgiques de palier 2 et les
AINS par voie générale seront proposés dans un deuxième temps selon le type de douleurs
et les comorbidités de la patiente.
6.2. Des gestes locaux de type infiltration pourront être envisagés, en évitant si possible le
membre supérieur du côté du sein opéré.
6.3. Dans les atteintes chroniques, même en l’absence de troubles thymiques, des traitements
tels que les antidépresseurs et/ou des antiépileptiques peuvent être proposés.
6.4. Les traitements physiques (application de chaud–froid, ultrasons…), l’exercice physique
à type de reconditionnement, l’éducation, le port d’orthèses de repos nocturne,
la relaxation et/ou l’hypnose peuvent être proposés.
7. Décision et modalités d’arrêts des AAA
7.1. La décision d’arrêt de l’AAA doit être prise d’un commun accord entre la patiente,
son cancérologue et le spécialiste consulté pour ces douleurs (rhumatologue),
après rappel du rapport bénéfice/risque.
7.2. Il n’y a pas lieu de privilégier la prescription d’une molécule particulière d’AA, il s’agit
d’un effet de classe. Dans le cas de douleurs, une rotation entre AA peut être proposée
(par exemple passage d’un AA stéroı̈dien à un non stéroı̈dien et inversement),
ou le passage au tamoxifène.
Approches pharmacologiques
des douleurs sous AA
Les stratégies de prise en charge des douleurs rhumatologiques survenant sous AA ne sont pas définies de
façon consensuelle [3,17], mais des recommandations
ont été proposées [5]. Les traitements pharmacologiques seront décidés après une analyse précise de la
sémiologie douloureuse, et le traitement devra être
adapté à la durée et à l’intensité des symptômes, au
besoin avec l’aide d’un rhumatologue.
Niveau de
preuve
Force de la
recommandation
1
A
1
A
1
A
2
B
4
C
Accord d’experts
4
C
4
C
Accord d’experts
Accord d’experts
Accord d’experts
2
B
1
A
Aucun essai thérapeutique spécifique n’a été conduit
pour étudier l’effet des traitements sur les manifestations rhumatologiques observées sous AA, mais on peut
actuellement conseiller les approches suivantes :
– les antalgiques de palier 1 ou 2 (dextropropoxyphène, codéine, tramadol) et les anti-inflammatoires
peuvent être utilisés dans la plupart des douleurs avec
leurs précautions d’emploi habituelles, en particulier chez
le sujet âgé ; le dextropropoxyphène ne sera peut-être
cependant plus disponible prochainement. Dans l’étude
ATAC, près de 90 % des patientes ont utilisé des AINS ;
RECOMMANDATIONS / RECOMMENDATIONS
731
732
ONCOLOG IE
– dans le cas de douleurs tendinomusculaires
chroniques diffuses associées à des troubles du
sommeil et de la fatigue, des antiépileptiques ou des
antidépresseurs peuvent être proposés à visée antalgique ;
– dans le cas de douleurs articulaires inflammatoires, avec ténosynovites des mains, un traitement par
faibles doses de corticoı̈des pourra être envisagé : 5 à
10 mg de prednisone au maximum de façon transitoire,
au maximum quatre semaines ;
– les antiarthrosique d’action symptomatique lente
peuvent éventuellement être proposés si des lésions
arthrosiques sont associées ;
– une ou plusieurs infiltrations de corticoı̈des pourront être réalisées, ainsi que l’application topique
d’AINS en cas de douleurs ou d’inflammation localisée,
en évitant si possible les gestes au membre supérieur
du côté du sein traité ;
– les bisphosphonates, utilisés pour la prévention
de l’ostéoporose liée aux AA pourraient également
avoir des effets sur les douleurs articulaires [2,28,29].
Conclusion
Les manifestations rhumatologiques survenant sous
AA sont de mieux en mieux décrites et connues. La
physiopathologie de ces atteintes est un champ
expérimental qui permet d’analyser les liens entre le
système hormonal, le système de la douleur et
l’appareil locomoteur. Treize recommandations précises sur la prévention, l’évaluation et la prise en charge
de ces douleurs ont été présentées en janvier 2009 dans
le cadre des recommandations de Saint-Paul de Vence
(Tableau 1).
Références
1. Baum M, Budzar AU, Cuzick J, et al. (2002) Anastrozole alone or in
combination with tamoxifen versus tamoxifen alone for adjuvant
treatment of postmenopausal women with early breast cancer:
first results of the ATAC randomised trial. Lancet 359: 2131-9
2. Boonen S, Haentjens P, Vandenput L, et al. (2004) Preventing
osteoporotic fractures with antiresorptive therapy: implications of
microarchitectural changes. J Intern Med 255: 1-12
3. Burstein HJ, Winer EP (2007) Aromatase inhibitors and arthralgias:
a new frontier in symptom management for breast cancer
survivors. J Clin Oncol 25: 3797-9
4. Buzdar AU, ATAC Trialists’Group (2006) Clinical features of joint
symptoms observed in the ‘Arimidex’, Tamoxifen, Alone or in
Combination (ATAC) trial. J Clin Oncol 2006 ASCO Annual Meeting
Proceedings 24 (18S): 551
5. Coleman RE, Bolten WW, Lansdown M, et al. (2008) Aromatase
inhibitor-induced arthralgia: clinical experience and treatment
recommendations. Cancer Treat Rev 34: 275-82
6. Coombes RC, Hall E, Gibson LJ, et al. (2004) A randomized trial of
exemestane after two to three years of tamoxifen therapy in postmenopausal women with primary breast cancer. N Engl J Med 350: 1081-92
7. Cours de Saint-Paul. Disponible sur : http://cours-saint-paul.fr/10/
recommandations/texte-integral.pdf
8. Crew KD, Grenlee H, Capodice J, et al. (2007) Prevalence of joint
symptoms in postmenopausal women taking aromatase inhibitors
for early-stage breast cancer. J Clin Oncol 25: 3877-83
9. Crew KD (2006) Effect of acupuncture on joint symptoms related to
adjuvant aromatase inhibitor therapy in postmenopausal breast
cancer patients. San Antonio breast cancer symposium 29th
annual meeting, December
10. Dawson-Basoa ME, Gintzler AR (1996) Estrogen and progesterone
activate spinal k-opiate receptor analgesic mechanisms. Pain 64:
169-77
11. Dent S, DiValentin T, Vandermeer L, et al. (2006) Long-term
toxicities in women with early-stage breast cancer treated with
aromatase inhibitors: data from a tertiary care center. Breast
Cancer Res Treat 100: S190(Suppl 1) [abstract 5057]
12. Donnellan PP, Douglas SL, Cameron DA, Leonard RC (2001)
Aromatase inhibitors and arthralgia. J Clin Oncol 19: 2767
13. Felson DT, Cummings SR (2005) Aromatase inhibitors and the
syndrome of arthralgias with estrogen deprivation. Arthritis
Rheum 52: 2594-8
14. Goss PE, Ingle JN, Martino S, et al. (2003) A randomized trial of
letrozole in postmenopausal women after five years of tamoxifen
therapy for early-stage breast cancer. N Engl J Med 349: 1793-802
15. Henry NL, Giles JT, Ang D (2008) Prospective characterization of
musculoskeletal symptoms in early breast cancer patients treated
with aromatase inhibitors. Breast Cancer Res Treat 111(2): 365-72
16. Josse RG (2007) Roles for estrogen in bone loss and arthralgia
during aromatase inhibitor treatment. Current Opinion in Oncology 19(Suppl 1): S1–S8
17. Khanduri S, Dodwell DJ (2008) Aromatase inhibitors and
musculoskeletal symptoms. The Breast 17: 78-81
18. Laroche M, Borg S, Lassoued S (2007) Joint pain with aromatase
inhibitors: abnormal frequency of Sjögren’s Syndrome. J
Rheumatol 34: 2259-63
19. Morales L, Pans S, Paridaens R, et al. (2007) Debilating
musculoskeletal pain and stiffness with letrozole and exemestane: associated tenosynovial changes on magnetic resonance
imaging. Breast Cancer Res Treat 104: 87-91
20. Morales L, Pans S, Verschueren K, et al. (2007) A prospective
study comparing clinical rheumatological findings and tenosynovial and synovial changes on magnetic resonance imaging of
breast cancer patients receiving adjuvant aromatase inhibitors or
tamoxifène. In: abstract 3053 presented at 30th annual meeting
Breast Cancer Symposium. San Antonio, TX. December 13-16
21. Morel B, Marotte H, Miossec P (2007) Will steroidal aromatase
inhibitors induce rheumatoid arthritis? Ann Rheum Dis 66: 557-8
22. Ohsako T, Inoue K, Nagamoto N, et al. (2006) Joint symptoms: a
practical problem of anastrozole. Breast Cancer 13: 284-8
23. Presant CA, Kelly C, Bosserman L, et al. (2006) Aromatase inhibitor
(AI)-associated arthralgie (A) and bone pain (BP): frequency and
characterization in clinical practice. J Clin Oncol. ASCO Annual
Meeting Proceedings, Part I. 2006; 24(18S): 6137
24. Sestak I, Cuzick J, Sapunar F, et al. (2008) Risk factors for joint
symptoms in patients enrolled in the ATAC trial: a retrospective,
exploratory analysis. Lancet Oncol 9: 866-72
25. Shim GJ, Warner M, Kim HJ, et al. (2004) Aromatase-deficient
mice spontaneously develelop a lymphoproliferative auto-immune
disease resembling Sjögren’s syndrome. Proc Natl Acad Sci USA
101(34): 12628-33
26. Smith YR, Stohler CS, Nochols TE, et al. (2006) Pronociceptive and
nociceptive effects of estradiol though endogenous opiod
neurotransmission in women. L Neurosci 26: 5777-85
27. Thomas R, Godward S, Makris A, et al. (2004) Giving patients a
choice improves quality of life: a multicentre, investigator-blind,
randomised, cross-over study comparing letrozole with anastrozole. Clin Oncol 16: 485-91
28. Thorne C (2007a) Clinical management of arthralgia and bone
health in women undergoing adjuvant aromatase inhibitor
therapy. Current Oncology 14(Suppl 1): S19–S28
29. Thorne C (2007b) Management of arthralgias associated with
aromatase inhibitor therapy. Current Oncology 14(Suppl 1): S11–S9
Cancer du sein et ostéoporose
Coordonnateur du groupe de travail : F. Debiais
Groupe de travail : F. Debiais, M. Tubiana, S. Perrot
Introduction
L’ostéoporose est une maladie diffuse du squelette,
caractérisée par une perte progressive de la résistance
osseuse, conduisant à une augmentation du risque de
fractures.
Ces fractures par fragilité osseuse surviennent
spontanément ou pour un traumatisme de faible
énergie telles qu’une chute de sa hauteur. Les fractures
ostéoporotiques les plus caractéristiques sont les
fractures du poignet, des vertèbres ou de l’extrémité
supérieure du fémur, mais tous les os peuvent être le
siège d’une fracture ostéoporotique sauf le crâne, les
doigts, les orteils et le rachis cervical et thoracique
au-dessus de T5.
La densitométrie, réalisée par absorptiométrie
biphotonique à rayons X à deux sites (rachis lombaire
et hanche), est la méthode de référence pour mesurer
la densité minérale osseuse (DMO). La définition de
l’ostéoporose de l’OMS utilise le T-score, écart entre la
densité osseuse mesurée et la densité osseuse théorique de l’adulte jeune de même sexe au même site
osseux. Le T-score, exprimé en écart-type, permet de
définir si la DMO est normale ou s’il existe une
ostéoporose ou une ostéopénie. La DMO est normale
si le T-score est supérieur à –1 ; il existe une ostéopénie
si le T-score est inférieur ou égal à –1, mais reste
supérieur à –2,5 ; et il existe une ostéoporose densitométrique si le T-score est inférieur ou égal à –2,5. En cas
de T-score inférieur ou égal à –2,5 et de fracture, il s’agit
d’une ostéoporose sévère.
La DMO n’est pas le seul déterminant de la résistance
osseuse, et les autres facteurs de risque de fracture
seront à évaluer lors d’une décision thérapeutique.
Les facteurs de risque à prendre en considération
pour l’estimation du risque de fracture sont, d’une part,
des facteurs indépendants de la DMO et, d’autre part,
des facteurs liés à la DMO [1].
Les mécanismes responsables d’une ostéoporose
chez les femmes ayant un cancer du sein sont multiples.
Ces effets osseux peuvent être aggravés par une
corticothérapie, par des carences en calcium et en
vitamine D pouvant être à l’origine d’une hyperparathyroı̈die secondaire et devant toujours être recherchées ou par la présence d’autres facteurs de risque
d’ostéoporose.
L’objectif de ces recommandations est de préciser
les situations où un risque osseux a été mis en évidence
chez la femme ayant un cancer du sein et de définir
celles où une prise en charge spécifique semble
justifiée, à partir de la littérature et des recommandations existantes.
Facteurs de risque à prendre en considération pour
l’estimation du risque de fracture
Facteurs indépendants de la DMO :
– âge ;
– antécédent personnel de fracture ;
– corticothérapie ancienne ou actuelle ;
– antécédent de fracture de l’extrémité supérieure
du fémur chez les parents du premier degré ;
– diminution de l’acuité visuelle ;
– insuffisance de masse corporelle (< 19 kg/m2) ;
– troubles neuromusculaires ou orthopédiques ;
– tabagisme ;
– mauvais état de santé ; plus de trois maladies
chroniques ;
– hyperthyroı̈die ;
– polyarthrite rhumatoı̈de ;
– cancer du sein ;
– augmentation du remodelage osseux : élévation
des marqueurs de résorption.
Facteurs liés à la DMO :
– ménopause précoce ;
– aménorrhée primaire ou secondaire ;
– immobilisation prolongée ;
– carence vitaminocalcique.
Relation entre masse osseuse et incidence
du cancer du sein
Études réalisées chez les femmes ostéoporotiques
Les premières publications mettant en évidence une
relation entre le degré de masse osseuse et l’incidence
du cancer du sein remontent au début des années 1990.
Ces séries consistaient en l’étude de patientes ostéoporotiques décelées selon des critères variés et suivis à
travers des registres de population enregistrant les cas
de cancer et la mortalité. Le nombre de cancers du sein
observé était rapporté au nombre de cancers attendu.
Une réduction de l’incidence du cancer du sein chez les
patientes ostéoporotiques a été mise en évidence dans
ces diverses études. Certaines populations étaient
définies par un antécédent de fracture caractéristique
de l’ostéoporose commune : avant-bras [58], fracture
du col fémoral [60]. Cette dernière étude porte sur une
population suédoise de 18 000 patientes avec un suivi
moyen de six ans : les cancers observés sont réduits en
nombre par rapport au nombre de cas attendus,
RECOMMANDATIONS / RECOMMENDATIONS
733
ONCOLOG IE
734
indépendamment de l’âge lors de la fracture, de la durée
de suivi et de la période de l’année.
Relation masse osseuse et sous-groupes
de cancer du sein
Les études plus récentes ont mesuré la masse
osseuse par densitométrie. Récemment, deux études
ont été publiées portant sur des populations ostéoporotiques qui sont les groupes témoins des études dites
MORE et CORE comparant des populations ostéoporotiques ou ostéopéniques traitées ou non par raloxifène.
L’étude de Burshell et al. montre un risque de cancer du
sein deux fois plus élevé pour le groupe ostéopénique
(3 829 cas) par rapport au groupe ostéoporotique
(3 836 cas), la masse osseuse étant appréciée par DEXA
à la hanche [14]. L’étude de Cauley et al., reprenant les
mêmes groupes témoins de MORE et de CORE, a l’intérêt
de rechercher la valeur prédictive de survenue d’un
cancer du sein, par la DMO à la hanche [15]. L’étude porte
sur 2 576 femmes ménopausées, 13 698 femmesannées de suivi et 61 cas de cancers incidents ; le suivi
moyen a été de 6,5 ans. Les auteurs concluent de même à
une différence significative après ajustement des groupes sur l’âge, l’âge à la ménopause et l’indice de masse
corporelle (IMC), ces derniers facteurs étant reconnus
comme influençant l’incidence du cancer du sein.
Une étude cas témoin [26] a porté sur des femmes ayant
eu un cancer du sein avec récepteurs hormonaux
positifs par rapport à un groupe témoin sans cancer :
la densité osseuse étudiée par DEXA au rachis lombaire
est plus élevée dans le groupe ayant eu un cancer du
sein, après ajustement sur l’âge, le nombre d’années
après la ménopause et l’IMC.
Études réalisées dans la population
générale ménopausée
Ces études portent sur des populations chez lesquelles
la densité osseuse a été mesurée avec des valeurs
obtenues regroupées par quartile ou tertile, et l’incidence du cancer du sein a été comparée dans chacun
des groupes formés.
L’étude de Framingham [75], portant sur 1 373 patientes recrutées entre 1967 et 1970, a bénéficié d’un
suivi médian de 22,1 ans. La mesure de la densité
reposait sur une radiogrammétrie de la corticale du
deuxième métacarpien. Quatre-vingt-onze cas de cancer du sein ont été observés ; l’incidence cumulative de
cancer du sein croı̂t par quartile de masse osseuse après
ajustement sur l’âge. L’étude multivariée, incluant
l’index métacarpien, la taille, l’IMC, l’âge, l’âge à la
première grossesse, le tabac, l’activité physique et la
prise de traitement hormonal de la ménopause (THS),
confirme la relation observée.
Les résultats sont identiques dans les études de
population basées sur la masse osseuse étudiée par
densitométrie : elles montrent une incidence augmentée de cancer du sein dans le quartile ou le tertile de
masse osseuse le plus élevé par rapport à la fraction la
plus basse. Ainsi, l’étude de Zmuda et al., portant sur
8 905 femmes de 65 ans ou plus, étudiées par absorptiométrie monophotonique (poignet, avant-bras et hanche) puis suivies en moyenne six ans et demi, montre
une différence significative [77]. L’étude de Seattle [12]
qui porte sur 8 203 femmes ménopausées ayant eu une
densitométrie par DEXA à la hanche et un suivi
moyen de 3,7 ans et l’étude de Rotterdam [69] avec
3 017 femmes ménopausées ayant eu une DEXA
lombaire et de la hanche et un suivi de 6,5 ans, ont
des conclusions identiques.
Dans l’étude de Zmuda et al., déjà citée, l’amplitude
du risque dans le quartile supérieur est majorée lorsqu’il
s’agit de tumeurs de stade avancé par rapport aux
tumeurs de stade I ou in situ [77]. De surcroı̂t,
l’amplitude du risque pourrait être majorée dans les
formes familiales [56].
Relation entre masse osseuse et incidence du cancer
du sein
Augmentation de l’incidence du cancer du sein
chez les femmes ménopausées ayant une masse
osseuse élevée (quartile ou tertile supérieur) après
ajustement sur l’âge, l’IMC et l’âge à la ménopause
(niveau 2, grade B)
Moindre incidence chez les patientes ostéoporotiques ménopausées (niveau 2, grade B)
Relation entre cancer du sein
et risque fracturaire
L’étude de Kanis et al. conclut à un taux élevé de
fractures vertébrales chez les femmes ayant eu un
cancer du sein [52]. Il s’agit d’une étude cas témoin avec
un groupe témoin de 776 patientes (25 % ayant eu un
THS). Il existe deux populations de patientes ayant un
cancer du sein. L’une porte sur 352 patientes ayant
un cancer du sein : au moment du diagnostic, la
prévalence des fractures n’apparaı̂t pas différente à
celle du groupe témoin. En cours de suivi (trois ans en
moyenne), le risque de fracture vertébrale apparaı̂t
multiplié par 2,8. L’autre groupe de 82 patientes ayant
un cancer du sein en rechute « non osseuse » a un
risque multiplié par 24,5 par rapport aux témoins.
Chez des femmes ayant eu un cancer du sein, en
particulier en rechute, des fractures vertébrales interprétées comme ostéoporotiques (en l’absence de
moyens modernes de détection) peuvent correspondre
à des métastases osseuses non reconnues, ce qui laisse
planer un doute sur les conclusions.
L’étude WHI [16] est une cohorte prospective de
5 298 femmes avec un antécédent de cancer du sein
suivi 5,1 ans et 80 000 témoins. Les fractures sont
enregistrées lors du contrôle annuel (les fractures de
hanche sont vérifiées). En prenant en compte les
fractures de hanche, de l’avant-bras et du poignet, il
existe une augmentation significative du risque de
30 % ; les fractures vertébrales n’apparaissent significativement plus fréquentes que parmi les patientes
ayant eu un cancer avant 55 ans. Après ajustement
sur l’âge, le risque de chute, les médications et les
comorbidités, l’augmentation du risque n’est plus que
de 15 %. La conclusion est qu’il y a bien un risque
augmenté de fractures après cancer du sein : le rôle de
l’absence de THS et des divers traitements dont
l’hormonothérapie antiestrogénique est probablement
en cause.
Relation entre cancer du sein et risque fracturaire
Prévalence des fractures : paraı̂t identique à celle de la
population témoin lors du diagnostic de cancer du sein
(niveau 3, grade C)
Augmentation des fractures si cancer du sein en rechute
(niveau 4, grade C)
Augmentation du risque fracturaire si antécédent de cancer
du sein (niveau 2, grade B)
Au total, il existe une relation entre la masse osseuse
et l’incidence du cancer du sein qui paraı̂t plus fréquent
chez les sujets ayant une masse osseuse élevée par
rapport à celle ayant une masse osseuse basse. Cela est
montré dans la population générale ménopausée ou au
sein de la population ostéopénique par rapport à la
population ostéoporotique. Une confirmation est
apportée par les résultats obtenus dans l’étude des
cohortes de femmes ostéoporotiques définies par des
antécédents de fracture ou par la mesure de la masse
osseuse, où l’incidence du cancer du sein est plus faible
que celle attendue.
Les patientes ayant une aménorrhée secondaire à la
chimiothérapie présentent une perte osseuse, de l’ordre
de 4 % à six mois, de 7 % à un an au niveau lombaire,
alors qu’il n’y a pas de perte osseuse significative
en l’absence d’aménorrhée. À deux ans, la perte est de
9,5 % au rachis et de 4,6 % au col fémoral en cas
d’aménorrhée [65].
Seule l’étude de Rodriguez-Rodriguez et al. [63] ne
montre pas de différence en fonction de l’aménorrhée.
Le rôle direct de la chimiothérapie adjuvante sur l’os
en préménopause ne paraı̂t pas démontré ; de surcroı̂t,
il n’y a pas d’étude dans la littérature testant cette
hypothèse chez la femme ménopausée recevant une
chimiothérapie seule.
Retentissement osseux de la chimiothérapie
Perte osseuse importante chez les patientes ayant une
aménorrhée secondaire à la chimiothérapie par rapport
à celles maintenant des menstruations (niveau 2, grade B)
Retentissement osseux des analogues de la Gn-RH
chez les femmes en préménopause
Il existe une perte osseuse importante chez les femmes
non ménopausées traitées par agoniste de la Gn-RH
[32,50,68]. Elle est de l’ordre de 10,5 % au niveau
lombaire et de 6,4 % au col fémoral à deux ans [32].
L’augmentation de l’incidence du cancer du sein
chez les femmes ayant une masse osseuse élevée paraı̂t
indépendante de l’IMC. L’hypothèse proposée est que
ces deux variables résultent de la durée globale
d’exposition aux estrogènes.
On note une réversibilité partielle de cette perte
osseuse, un an après l’arrêt de la goséréline, avec retour
de la fonction ovarienne, chez la majorité des patientes
[32].
Lorsque tous les facteurs associés à l’incidence du
cancer du sein sont pris en compte, on note que ce
facteur prédictif a une puissance faible, probablement
insuffisante pour établir des surveillances particulières
des populations à masse osseuse élevée.
Retentissement osseux des analogues de la Gn-RH
Perte osseuse importante avec les agonistes de la Gn-RH
(niveau 2, grade B)
Réversibilité partielle à l’arrêt de l’agoniste de Gn-RH lors de
la réapparition des règles (niveau 2, grade B)
Cancer du sein en préménopause
Retentissement osseux de la chimiothérapie
La chimiothérapie adjuvante (CMF, anthracyclines ou
taxanes) entraı̂ne une interruption des règles transitoire
ou définitive, d’autant plus fréquente que la patiente a
40 ans et plus [67].
Une perte osseuse significativement accrue a été
observée dans toutes les études de la masse osseuse
des femmes non ménopausées traitées par chimiothérapie adjuvante : étude cas témoin [11], études
prospectives [46,63,66,67] ou groupes témoins d’études
randomisées testant un médicament de la perte
osseuse [34,47,65,71].
La perte osseuse survient chez les patientes ayant eu
une interruption des règles ou une ménopause précoce,
alors qu’elle n’est pas observée chez les patientes
conservant un cycle menstruel [11,34,46,47,65,67].
Retentissement osseux du tamoxifène
chez la femme en préménopause
L’effet du tamoxifène sur la densité osseuse a été étudié
dans les études de prévention du cancer du sein et en
traitement adjuvant. Il varie selon l’état de la fonction
ovarienne.
L’étude de prévention de Powles et al., randomisée
en double insu, menée chez 179 patientes, montre une
réduction significative de la masse osseuse en préménopause, alors que celle-ci augmente chez les
femmes ménopausées [61].
Les études réalisées en cours de traitement adjuvant
arrivent à des conclusions identiques. En préménopause, le tamoxifène exerce un effet antiestrogénique
avec perte osseuse modérée. En l’absence d’étude
randomisée basée sur ce critère, cette conclusion
repose sur la convergence des résultats de plusieurs
études.
RECOMMANDATIONS / RECOMMENDATIONS
735
ONCOLOG IE
736
La densité osseuse a été mesurée dans un sousgroupe de patientes participant à une étude randomisée
concernant l’hormonothérapie adjuvante d’une durée
de deux ans : tamoxifène versus goséréline versus
goséréline + tamoxifène versus absence de traitement
[68]. Une perte osseuse lombaire modérée est constatée
dans le groupe recevant du tamoxifène et l’association
goséréline–tamoxifène, alors qu’elle est plus importante
dans le groupe recevant la goséréline seule.
L’étude prospective de Vehmanen et al. [70] porte
sur 111 patientes recevant une chimiothérapie adjuvante suivie, six mois plus tard, de tamoxifène en cas de
récepteurs positifs ou d’une absence de traitement en
cas de récepteurs hormonaux négatifs (groupe témoin).
L’effet du tamoxifène sur la masse osseuse (DMO
lombaire) était étudié en fonction du maintien ou non
d’un cycle. Les patientes non aménorrhéiques ont une
aggravation de la perte osseuse (à trois ans perte de
–4,6 % des valeurs initiales) par rapport au groupe
témoin qui a un gain minime (+0,6 %), alors que les
patientes aménorrhéiques sous tamoxifène ont une
perte osseuse réduite (–6,8 %) par rapport aux patientes
n’en recevant pas (–9,5 %).
Retentissement osseux du tamoxifène chez la femme en
préménopause
Perte osseuse avec le tamoxifène chez la femme non
ménopausée (niveau 2, grade B)
Retentissement osseux des hormonothérapies
combinées chez la femme en préménopause
L’association goséréline et anastrozole versus goséréline et tamoxifène a été étudiée chez la femme en
préménopause.
Dans l’étude rapportée par Gnant et al., étude
randomisée ouverte de phase III, la DMO a été étudiée
chez 404 patientes en préménopause [36,37]. Les
patientes recevaient du tamoxifène et de la goséréline
avec ou sans acide zolédronique (4 mg tous les
six mois) ou de l’anastrozole et de la goséréline avec
ou sans acide zolédronique. À trois ans, il existe une
perte osseuse significativement plus importante dans le
groupe anastrozole et goséréline (–13,6 % au niveau
lombaire) par rapport au groupe tamoxifène et goséréline (–9 % au niveau lombaire). Deux ans après l’arrêt de
l’hormonothérapie adjuvante, une récupération partielle de la perte osseuse est observée [36].
Retentissement osseux des hormonothérapies combinées
Perte osseuse plus importante avec l’association goséréline +
anastrozole versus goséréline + tamoxifène (niveau 1, grade A)
Clodronate
L’effet du clodronate oral a été évalué chez 148 femmes
en préménopause, traitées par six cycles de chimiothérapie [65]. Ces patientes ont été randomisées en un
groupe recevant 1 600 mg p.o. de clodronate par jour et
en un groupe témoin. La DMO a été mesurée initialement puis à un et deux ans. Une perte osseuse lombaire
et fémorale rapide est notée chez les patientes ayant
une aménorrhée après la chimiothérapie. À deux ans, la
perte est de 9,5 % au niveau lombaire et de 4,6 % au col
fémoral dans le groupe sans clodronate, alors qu’avec
le clodronate la perte est moins importante (–5,9
et –0,4 % à ces deux sites).
Les résultats de cette étude, après trois ans de
traitement (obtenus chez 73 femmes), confirment que le
clodronate réduit la perte osseuse lombaire (–3 % par
rapport à –7,4 % dans le groupe témoin), sans différence significative au niveau fémoral [71]. À cinq ans,
deux ans après la fin du traitement par BP, la différence
est encore présente au rachis lombaire (–5,8 versus
–9,7 %).
Une évaluation a également été effectuée, après un
suivi de dix ans, chez des patientes en préménopause
traitées par chimiothérapie et ménopausées, recevant
tamoxifène ou torémifène [64], montrant avec ce suivi à
long terme une diminution d’apparition d’une ostéoporose lombaire dans le groupe traité.
Le clodronate a également été utilisé en perfusion
(sept cycles de 1 500 mg), dans l’étude de Vehmanen
et al. [72], chez 45 femmes en préménopause recevant
une chimiothérapie adjuvante. Il n’a pas été retrouvé de
différence significative de la DMO lombaire, à six mois
et à un an, entre le groupe traité et le groupe témoin
dans cette étude.
Pamidronate
L’effet du pamidronate (60 mg i.v. tous les trois mois) a
été évalué versus placebo chez 40 femmes non
ménopausées traitées par chimiothérapie [34]. Deux
tiers des patientes dans chaque groupe ont également
reçu du tamoxifène à la fin de la chimiothérapie. La
moitié des patientes sont devenues aménorrhéiques
(11 patientes dans chaque groupe).
À un an sont notées globalement une augmentation
de la DMO lombaire de 1,9 % dans le groupe traité et
une diminution de 3,2 % dans le groupe placebo
(p = 0002). À la hanche, il existe une diminution de
DMO de 0,3 % dans le groupe traité et de 2,8 % dans le
groupe placebo (p = 0,08). Les différences aux niveaux
lombaire et fémoral sont significatives dans le groupe
ayant une aménorrhée et ne sont pas significatives dans
le groupe sans aménorrhée.
Efficacité des traitements sur la perte osseuse
en préménopause
Risédronate
Certains bisphosphonates (BP) administrés avec la
chimiothérapie adjuvante freinent significativement la
perte osseuse induite ou l’annulent.
Delmas et al. avaient montré un effet bénéfique du
risédronate pour prévenir la perte osseuse chez les
femmes ayant une ménopause induite par la chimio-
thérapie [25]. Cette étude porte sur un faible nombre de
patientes et utilise un schéma d’administration du
risédronate non classique avec huit cycles de 30 mg/j
de risédronate ou placebo tous les jours pendant deux
semaines puis dix semaines sans traitement.
Il n’a cependant pas été montré de prévention de la
perte osseuse par le risédronate (prescrit comme au
cours de l’ostéoporose postménopausique à la dose de
35 mg/sem) dans l’étude de Hines et al., récemment
publiée [48]. Cette étude, contrôlée en double insu
versus placebo, a été menée chez 216 patientes en
préménopause recevant une chimiothérapie adjuvante
(anthracyclines, taxanes, cyclophosphamide). Un
contrôle de la DMO a été effectué chez 170 patientes à
un an. Il n’a pas été retrouvé de différence en ce qui
concerne la perte osseuse lombaire entre les deux
groupes (perte osseuse de 4,3 % dans le groupe
risédronate et de 5,4 % dans le groupe placebo ;
p = 0,18). La perte osseuse à la hanche totale et au col
fémoral était également comparable dans les deux
groupes.
Acide zolédronique
Une étude randomisée multicentrique, en double insu,
a comparé l’effet d’une injection de 4 mg d’acide
zolédronique tous les trois mois versus un placebo
pendant un an, chez 101 patientes en préménopause
(âge moyen 42 ans) recevant une chimiothérapie pour
cancer du sein [47]. Les patientes recevant un placebo
ont eu une diminution significative de la DMO lombaire
à 6 et 12 mois (respectivement de 2,4 et 4,1 %) ; la DMO
à la hanche totale a diminué de 0,8 % à six mois et de
2,6 % à 12 mois. La DMO est, par contre, restée stable
chez les patientes recevant l’acide zolédronique.
Dans l’étude de Gnant et al., étude randomisée
ouverte de phase III, la DMO a été étudiée chez
404 patientes en préménopause [36]. Les patientes
recevaient du tamoxifène et de la goséréline avec ou
sans acide zolédronique (4 mg tous les six mois) ou de
l’anastrozole et de la goséréline avec ou sans acide
zolédronique. À trois ans, il existe une perte osseuse
significativement plus importante dans le groupe anastrozole et goséréline par rapport au groupe tamoxifène
et goséréline. La DMO est stable chez les patientes
recevant l’acide zolédronique et est augmentée à
cinq ans, deux ans après l’arrêt du traitement.
Cancer du sein chez la femme ménopausée
Efficacité des traitements sur la perte osseuse en
préménopause
Le clodronate (1 600 mg/j p.o.) diminue la perte osseuse de la
chimiothérapie (niveau 2, grade B)
Le pamidronate (60 mg i.v. tous les trois mois pendant un an)
prévient la perte osseuse de la chimiothérapie (niveau 2,
grade B)
Le risédronate (35 mg par semaine) n’empêche pas la perte
osseuse de la chimiothérapie à un an (niveau 1, grade A)
L’acide zolédronique (4 mg tous les trois mois) prévient la perte
osseuse de la chimiothérapie à un an (niveau 2, grade B)
L’acide zolédronique (4 mg tous les six mois) prévient la
perte osseuse lors des traitements par goséréline + anastrozole et goséréline + tamoxifène (niveau 1, grade A)
L’étude de Love et al., effectuée chez 140 patientes
recevant ou non du tamoxifène pendant deux ans, a
montré un gain de masse osseuse au rachis lombaire de
0,6 % par an, significatif par rapport à la perte osseuse
sous placebo de 1 % par an [55]. Par contre, il y a une
discrète perte osseuse au radius dans les deux groupes.
D’autres études prospectives, portant sur un petit
nombre de sujets, concluent de même au maintien ou à
l’augmentation de la masse osseuse lombaire et
fémorale [33,74,76].
L’existence d’une réduction des fractures avec le
tamoxifène prescrit en adjuvant n’est cependant pas
démontrée.
Dans une étude cas-témoin danoise, le risque de
fractures chez les femmes ayant été traitées par du
tamoxifène ou un inhibiteur de l’aromatase a été étudié
[73]. Il y avait 64 548 patientes ayant eu une fracture et
193 641 témoins ; alors que les inhibiteurs de l’aromatase sont associés à une augmentation du risque
fracturaire, l’utilisation de tamoxifène n’est pas associée
à une modification du risque de fractures.
Une autre étude cas-témoin canadienne [21], également publiée récemment, conclut à une réduction de la
survenue de fractures seulement chez les patientes en
cours de traitement par tamoxifène, mais non en cas de
traitement plus ancien.
Retentissement osseux du tamoxifène chez la femme
ménopausée
Maintien ou augmentation modérée de la DMO chez la
femme ménopausée (niveau 2, grade B)
Diminution de l’incidence des fractures chez les patientes en
cours de traitement ? (niveau 4, grade C)
Retentissement osseux du tamoxifène chez la
femme ménopausée
Retentissement osseux des inhibiteurs
de l’aromatase
L’étude de prévention de Powles et al., randomisée en
double insu, menée chez 179 patientes, qui a montré
une perte osseuse chez les femmes en préménopause,
retrouve chez les femmes ménopausées une augmentation moyenne annuelle de DMO de 1,17 % au rachis
(p < 0,005), de 1,71 % à la hanche (p < 0,001) et une
baisse non significative avec le placebo [61].
Anastrozole
Effet sur les fractures
L’étude ATAC, étude multicentrique randomisée, a
évalué l’efficacité de l’anastrozole chez 9 366 patientes
ménopausées ayant un cancer du sein : 3 125 patientes
RECOMMANDATIONS / RECOMMENDATIONS
737
738
ONCOLOG IE
ont reçu l’anastrozole seul, 3 116 patientes le tamoxifène et 3 125 patientes l’association de ces deux
molécules. L’analyse de la tolérance était également
un objectif principal de cette étude.
Les premiers résultats, publiés avec une médiane de
suivi de 33,3 mois [2], ont montré une augmentation du
nombre de fractures dans le groupe de patientes
traitées par anastrozole : 183 patientes sur 3 092
(5,9 %) avec anastrozole et 115 patientes sur 3 094
(3,7 %) avec tamoxifène (p < 0,0001).
Cette augmentation de fractures par rapport au
tamoxifène a été confirmée lors des résultats à plus long
terme de l’étude ATAC. Le nombre de fractures était, en
effet, de 219 sur 3 092 (7,1 %) avec l’anastrozole et de
137 sur 3 094 (4,4 %) avec le tamoxifène (p < 0,001)
après une médiane de suivi de 47 mois [3], et de 340 sur
3 092 (11 %) avec l’anastrozole versus 237 sur 3 094
(7,7 %) avec le tamoxifène (p < 0,0001) après une
médiane de suivi de 68 mois [6].
Il existe une augmentation significative du nombre
de fractures vertébrales : 45 sur 3 092 (1,5 %) avec
anastrozole et 27 sur 3 094 (0,9 %) avec tamoxifène
(p = 0,03), alors que le nombre de fractures de la hanche
et du poignet ne sont pas augmentées.
Il faut noter qu’il n’y a, cependant, pas eu de
recherche systématique de fractures vertébrales par
des radiographies de rachis, et que cette étude a été
effectuée non pas contre un placebo, mais contre du
tamoxifène.
Le taux annuel de fractures reste constant pendant
la durée du traitement de cinq ans ; l’augmentation du
risque de fractures avec l’anastrozole n’apparaı̂t pas la
sixième année [4]. Cela est confirmé par les résultats
publiés avec une médiane de suivi de 100 mois, ne
montrant pas d’augmentation du taux de fractures chez
les patientes ayant reçu l’anastrozole après les cinq ans
de traitement [5].
Les données de deux études prospectives multicentriques, randomisées ouvertes, ayant les mêmes critères d’inclusion (études ABCSG et ARNO 95), montrent
également un taux de fractures plus important avec
l’anastrozole. Dans ces études, après deux ou trois ans
de tamoxifène, les patientes recevaient l’anastrozole ou
poursuivaient le tamoxifène pendant trois ou deux ans
supplémentaires [49].
Le nombre de fractures est de 34 sur 1 602 (2 %)
avec anastrozole et 16 sur 1 597 (1 %) avec tamoxifène
(p = 0,015). Il est moins important que dans l’étude
ATAC, peut-être est-ce lié au traitement préalable par
tamoxifène.
Effets sur la DMO
Un sous-protocole de l’étude ATAC (étude randomisée
double insu multicentrique) a permis d’analyser, de
façon prospective, les modifications de la DMO lombaire et à la hanche totale à un, deux et cinq ans, et des
marqueurs du remodelage osseux chez 167 patientes
recevant anastrozole, tamoxifène et chez 39 femmes
témoins ; les patientes ostéoporotiques étaient exclues
[27,28].
Avec l’anastrozole, il existe une perte significative de
DMO lombaire et fémorale à un an (2,3 et 1,5 %
respectivement) et à deux ans (4 et 3,9 %). Avec le
tamoxifène est notée une augmentation significative de
DMO à un an (1,4 et 0,9 % respectivement) et à deux ans
(2,1 et 1,2 %), alors qu’il n’existe que des modifications
minimes à deux ans pour le groupe témoin.
Les modifications de la DMO à cinq ans sont les
suivantes :
– anastrozole (n = 57) : –6,08 % lombaire et –7,24 %
à la hanche ;
– tamoxifène (n = 51) : +2,77 % lombaire et +0,74 %
à la hanche ;
– témoins (n = 30) : +1,35 % lombaire et –2,81 % à
la hanche.
Un traitement pendant cinq ans par anastrozole est
donc associé à une perte osseuse au rachis lombaire et
à la hanche totale. Il existe, cependant, un ralentissement de la perte osseuse au rachis lombaire entre les
années 2 et 5 par rapport à la perte osseuse observée les
deux premières années.
Il faut noter qu’aucune des patientes ayant une DMO
normale initialement (T-score > –1) et ayant reçu anastrozole (n = 32) ou tamoxifène (n = 32) n’est devenue
ostéoporotique (T-score < –2,5) à cinq ans ; aucune
patiente avec un T-score initial supérieur à –1,5 n’a eu
un T-score inférieur à –2,5 lors du traitement. Un plus
grand nombre de patientes recevant l’anastrozole sont
devenues ostéopéniques (n = 14 ; 17 %) par rapport à
celles recevant le tamoxifène (n = 3 ; 3 %).
Cinq patientes ostéopéniques initialement sont
devenues ostéoporotiques : quatre avec anastrozole
(5 %) et une avec tamoxifène (1 %).
Les résultats de la DMO à six et sept ans dans cette
étude, soit deux ans après l’arrêt du traitement, sont
disponibles chez 24 patientes du groupe anastrozole et
29 patientes du groupe tamoxifène et ont été publiés
actuellement sous forme d’abstract [19].
L’augmentation de la perte osseuse observée
pendant la durée de traitement de cinq ans ne se
poursuit pas à l’arrêt du traitement. Une récupération
partielle de la perte osseuse lombaire et l’absence de
perte osseuse supplémentaire à la hanche sont observées pendant ce suivi entre cinq et sept ans. Il existe une
perte de l’effet protecteur du tamoxifène à l’arrêt du
traitement, entraı̂nant une perte osseuse modérée,
notamment à la hanche.
Cela est cohérent avec la réduction du taux annuel
de fractures observées à l’arrêt du traitement dans le
groupe anastrozole [5].
Dans une autre étude prospective ouverte de
cohorte menée chez 118 patientes traitées par anastrozole, les patientes non ostéoporotiques n’étaient pas
traitées et ont été comparées avec un groupe témoin de
114 femmes en bonne santé. Les patientes ostéoporotiques (n = 15) ont reçu un traitement par risédronate
hebdomadaire [20].
À un an, il existe une diminution de la DMO au rachis
(–3,3 ± 0,4 %) et à la hanche (–2,8 ± 0,4 %), dans le
groupe anastrozole non traité, significativement plus
importante que les témoins. Dans le groupe ostéoporotique traité, à un an, il existe une prévention de la perte
osseuse à la hanche et une augmentation significative
au rachis lombaire.
Les facteurs prédictifs de perte osseuse étaient en
analyse multivariée : une réponse antiestrogénique
marquée (taux indétectable d’estradiol à un an ou
diminution > 50 %) ; une ménopause récente.
Marqueurs du remodelage osseux
Il existe une augmentation du remodelage osseux avec
l’anastrozole.
Dans le sous-protocole de l’étude ATAC [28], il existe
une augmentation des marqueurs du remodelage
osseux avec l’anastrozole. À un an, cette augmentation
est de : +26 % pour CTX, +15 % pour NTX, +18 % pour
PINP, +20 % pour PAO. Avec le tamoxifène est, par
contre, notée une diminution des marqueurs : –56 %
pour CTX, –52 % pour NTX, –42 % pour DPD, –72 %
pour PINP, –16 % pour PAO. Les modifications sont plus
faibles dans le groupe témoin : –22 % pour CTX, –13 %
pour NTX, –9 % pour DPD, +2 % pour PAO.
Dans l’étude de Confavreux et al. est notée une
augmentation à un an de l’ostéocalcine de 36,6 et de
34,2 % du CTX [20].
Retentissement osseux de l’anastrozole
Incidence plus élevée des fractures avec anastrozole par
rapport au tamoxifène (études ATAC, ABCSG/ARNO)
[niveau 2, grade B]
Perte osseuse au rachis lombaire et à la hanche (sous
protocole ATAC) plus importante les deux premières années
(niveau 1, grade A)
Aucune des patientes ayant une DMO initiale normale
(T-score > –1) n’a présenté d’ostéoporose (T-score < –2,5)
[niveau 1, grade A]
Augmentation des marqueurs du remodelage osseux
(niveau 1, grade A)
Létrozole
Les premiers résultats rapportés par Goss et al. ont
montré une tendance à une augmentation du nombre
de nouveaux cas d’ostéoporose diagnostiqués chez les
femmes recevant le létrozole par rapport au placebo
[40].
Après une médiane de suivi de 30 mois [41] a été
mise en évidence une augmentation du nombre de
nouveaux cas d’ostéoporose rapportés par les femmes
recevant le létrozole (209 sur 2 572, soit 8,1 %) par
rapport au placebo (155 sur 2 577, soit 6,0 %)
[p = 0,003].
Il n’y avait pas de différence significative du nombre
de fractures cliniques dans les deux groupes de
patientes.
Il faut noter un arrêt prématuré de l’étude en raison
de l’augmentation de la survie sans rechute par rapport
au placebo. La définition de l’ostéoporose est mal
précisée, et il s’agit de diagnostics rapportés par les
patientes ; les fractures cliniques sous-estiment probablement les fractures vertébrales.
L’étude BIG 1-98 est une étude randomisée double
insu comparant pendant cinq ans : létrozole, tamoxifène, létrozole, puis tamoxifène et tamoxifène, puis
létrozole [7]. La tolérance était un objectif secondaire de
l’étude.
Après une médiane de suivi de 25,8 mois était notée
une augmentation du nombre de fractures cliniques
avec le létrozole (225 sur 3 975, soit 5,7 %) par rapport
au tamoxifène (159 sur 3 988, soit 4,0 %) [p < 0,001].
L’analyse des 4 932 femmes ayant eu cinq ans d’un
traitement continu par létrozole ou tamoxifène, dans
l’étude BIG 1-98 [17], confirme l’augmentation du
nombre de fractures dans le groupe létrozole.
Comme pour l’anastrozole, il faut souligner que
cette étude a été effectuée contre le tamoxifène, et que
l’absence de radiographies de rachis peut sous-estimer
les fractures vertébrales.
Effets sur la DMO
Un sous-protocole de l’étude MA-17 a permis d’évaluer
l’évolution de la DMO lombaire et fémorale chez 226
patientes (122 ayant reçu du létrozole et 104 du placebo)
ayant une DMO initiale avec un T-score supérieur à –2
[59].
À 24 mois, il existe avec le létrozole une diminution
de la DMO fémorale (–3,6 versus –0,71 % avec le
placebo ; p = 0,044) et de la DMO lombaire (–5,35
versus –0,70 % avec le placebo ; p = 0,008).
Effet sur les fractures
L’efficacité du létrozole a été évaluée au cours de l’étude
MA17, étude randomisée double insu contre placebo,
menée chez des patientes recevant après cinq ans de
tamoxifène soit létrozole (2 575 patientes), soit placebo
(2 582 patientes). La tolérance était un objectif secondaire de l’étude, et les données de tolérance concernent
les 4 299 premières femmes incluses dans l’étude.
Marqueurs du remodelage osseux
Dans cette même étude constituant un sous-groupe de
l’étude MA-17 [59] a été effectuée une mesure des
marqueurs de formation osseuse (PAO) et de résorption
(CTX sérique et uNTX) à 6,12 et 24 mois. Dans le groupe
létrozole est notée une augmentation du NTX à six mois
(p = 0,054), 12 mois (p < 0,001) et 24 mois (p = 0,016).
RECOMMANDATIONS / RECOMMENDATIONS
739
ONCOLOG IE
740
Retentissement osseux du létrozole
Augmentation du nombre de nouveaux cas d’ostéoporose
rapportés par les patientes recevant le létrozole par rapport
au placebo (étude MA-17) [niveau 2, grade B]
Augmentation du nombre de fractures cliniques avec le
létrozole par rapport au tamoxifène (étude BIG 1-98) [niveau 2,
grade B]
Perte osseuse au rachis lombaire et à la hanche chez les
patientes recevant le létrozole par rapport au placebo (sousprotocole MA-17) [niveau 1, grade A]
Augmentation de la résorption osseuse (sous protocole MA17) [niveau 1, grade A]
Exemestane
Effet sur les fractures
Dans l’étude IES (Intergroup Exemestane Study),
randomisée double insu, après deux ou trois ans de
tamoxifène, les patientes ont reçu soit deux ou trois ans
d’exemestane ou bien ont poursuivi la prise de
tamoxifène jusqu’à cinq ans. La tolérance était un
objectif secondaire de l’étude.
Après une médiane de suivi de 30,6 mois [22] est
rapportée une augmentation de l’ostéoporose dans le
groupe exemestane par rapport au tamoxifène
(p = 0,05). Il existe également une tendance à une
augmentation des fractures dans le groupe exemestane.
Cette augmentation de l’ostéoporose est confirmée
dans les données rapportées, avec une médiane de
suivi de 55,7 mois et une exposition moyenne à
l’exemestane de 30 mois, avec 169 patientes ostéoporotiques sur 2 320 (7,3 %) par rapport au tamoxifène
(128 patientes sur 2 338, soit 5,5 %) [p = 0,01] [23]. Le
nombre de fractures est plus élevé dans le groupe
exemestane (100 patientes sur 2 320, soit 4,3 %) par
rapport au tamoxifène (73 patientes sur 2 338, soit
3,1 %) [p = 0,03]. L’analyse de la tolérance sous et après
traitement retrouve l’augmentation de l’ostéoporose et
des fractures dans le groupe traité par exemestane avec
une augmentation significative de fractures vertébrales.
Comme pour les autres inhibiteurs de l’aromatase, il
faut souligner l’absence de définition précise de
l’ostéoporose dans le recueil des données, les fractures
cliniques pouvant sous-estimer les fractures vertébrales. Dans cette étude, les patientes étaient exclues en
cas de signes cliniques d’ostéoporose sévère.
Effets sur la DMO
Un sous-protocole de l’étude IES a précisé les effets
osseux dans un sous-groupe de 206 patientes (101
ayant reçu l’exemestane et 105 du tamoxifène) ayant
une DMO initiale avec un T-score supérieur à –2,5 DS
[18].
Avec le tamoxifène, il n’y avait pas de modification
significative de la DMO à 6, 12 et 24 mois. Avec
l’exemestane a été mise en évidence une diminution
rapide, les six premiers mois de la DMO, de 0,051 g/cm2
(2,7 % ; p < 0,0001) au rachis lombaire et de 0,025 g/
cm2 (1,4 % ; p < 0,0001) à la hanche totale ; cette baisse
de DMO se poursuit entre 6 et 12 mois et entre 12 et
24 mois avec l’exemestane, moins rapide cependant
avec une perte de seulement 1 % (p = 0,002) et 0,8 %
(p = 0,003) la deuxième année aux niveaux lombaire et
fémoral.
Aucune des patientes ayant une DMO normale
initialement (T-score > –1) et ayant reçu de l’exemestane ou du tamoxifène n’est devenue ostéoporotique
(T-score < –2,5) à 24 mois.
À noter, dans ce sous-groupe, l’absence de différence significative de l’incidence des fractures par
fragilité osseuse à 24 mois : trois dans le groupe
exemestane (3 %) et trois dans le groupe tamoxifène
(2,8 %).
Dans une étude randomisée italienne [38], menée
après deux ou trois ans de tamoxifène, 36 patientes ont
poursuivi ce même traitement, et 34 patientes ont reçu
de l’exemestane, la durée totale du traitement hormonal
étant de cinq ans. Les patientes avaient une DMO initiale
avec un T-score supérieur à –2,5 DS et n’avaient pas eu
de fracture les six mois précédents.
Avec le tamoxifène, il n’a pas été noté de modification significative de la DMO ; avec l’exemestane est
retrouvée une diminution progressive de la DMO
lombaire, significative dès 12 mois entre les deux
groupes. Au col fémoral, il existe une diminution avec
une différence significative entre les deux groupes à
18 et 24 mois. À la hanche totale, la différence est
significative à 18 et 24 mois entre les deux groupes. Au
corps entier, il existe une tendance à diminution dans le
groupe exemestane.
La mesure de la DMO lombaire et fémorale a
également été effectuée dans une étude norvégienne
randomisée double insu, effectuée chez 147 patientes
recevant de l’exemestane ou du placebo pendant deux
ans [54] ; ces patientes avaient une DMO initiale
correspondant à un Z-score supérieur à –2 DS.
Il existe une augmentation de la perte osseuse
annuelle plus importante avec l’exemestane au col
fémoral : 2,72 % par an versus 1,48 % par an avec le
placebo (p = 0,024) ; au niveau lombaire, la perte
osseuse annuelle est également plus importante, mais
non significative avec exemestane : 2,17 % par an
versus 1,84 % par an avec le placebo ; il faut, cependant,
noter que la perte osseuse est plus élevée dans le
groupe placebo que celle attendue à ce site.
Aucune patiente ayant une DMO initiale normale
n’a présenté une ostéoporose. Avec l’exemestane,
six patientes sur 28 (21 %) ayant une ostéopénie
lombaire initiale et trois patientes sur 27 (11 %) ayant
une ostéopénie fémorale sont devenues ostéoporotiques. Avec le placebo, cinq patientes sur 27 (18 %)
ayant une ostéopénie lombaire initiale et cinq patientes
sur 36 (14 %) ayant une ostéopénie fémorale sont
devenues ostéoporotiques.
À noter dans cette étude, la survenue de quatre
fractures dans le groupe aromasine et cinq dans le
groupe placebo.
Le suivi de ces patientes un an après les deux ans de
traitement par exemestane ou par placebo a été
rapporté par Geisler et al. [35].
Un an après la fin du traitement, il existe une
amélioration de la DMO lombaire des patientes ayant
reçu l’exemestane, et la perte osseuse fémorale est
stable. À 36 mois, il n’y a pas de différence significative au
niveau lombaire et au col fémoral entre les deux groupes.
Les résultats de deux autres études récentes menées
aux États-Unis et en Allemagne dans le cadre de l’essai
TEAM (The Tamoxifen Exemestane Adjuvant Multicentre), essai prospectif ouvert, randomisé et multicentrique, viennent d’être publiés. Une diminution
significative de la DMO a été notée entre le groupe de
patientes ayant reçu le tamoxifène (n = 89) ou l’exemestane (n = 78) aux niveaux lombaire et fémoral à
12 mois, avec un ralentissement de la perte osseuse à
24 mois, dans l’étude rapportée par Jones et al. [51].
Dans l’étude allemande, le tamoxifène entraı̂ne une
augmentation de la DMO lombaire de 0,5 % à six mois
par rapport aux valeurs initiales, se maintenant à un an ;
les patientes recevant l’exemestane ont eu une diminution de la DMO lombaire de 2,6 % à un an et une perte
supplémentaire de 0,2 % à un an ; la perte osseuse est
donc moindre entre six mois et un an [44].
Retentissement osseux de l’exemestane
Augmentation des cas d’ostéoporose chez les patientes
recevant l’exemestane par rapport au tamoxifène (étude IES)
[niveau 2, grade B]
Augmentation du nombre de fractures cliniques avec
l’exemestane par rapport au tamoxifène (étude IES)
[niveau 2, grade B]
Perte osseuse au rachis lombaire et à la hanche chez les
patientes recevant l’exemestane par rapport au tamoxifène
(sous-protocole de l’étude IES ; essai TEAM) [niveau 1, grade
A]Perte osseuse à la hanche chez les patientes recevant
l’exemestane par rapport au placebo (NS au rachis lombaire)
[54] (niveau 1, grade A)
Aucune patiente ayant une DMO initiale normale (T-score >
–1) n’a présenté d’ostéoporose (T-score <– 2,5) à 24 mois
(niveau 1, grade A)
Augmentation des marqueurs du remodelage osseux (niveau
1, grade A)
Comparaison des inhibiteurs de l’aromatase
Il n’y a pas de comparaison directe pour les fractures ou
la DMO.
Une étude randomisée simple insu contre placebo a
analysé l’évolution des marqueurs du remodelage
osseux [39], avec les trois inhibiteurs de l’aromatase
et du placebo, chez 84 femmes ménopausées en bonne
santé, prescrits 24 semaines.
Marqueurs du remodelage osseux
Ont été mesurés à 2, 4, 8, 12, 16, 20, 24 et
36 semaines les marqueurs de formation (PAO, PINP)
et de résorption (CTX sérique, uCTX, uNTX).
Dans le sous-protocole de l’étude IES [18], les marqueurs du remodelage osseux, de résorption (uNTX,
désoxypyridinoline et CTX sérique) et de formation
(PAO, ostéocalcine, PICP) ont été mesurés à 3, 6, 9, 12 et
24 mois.
À 24 semaines, il existe une augmentation du CTX
avec l’exemestane et le létrozole environ deux fois plus
importante que pour l’anastrozole ou le placebo et une
augmentation significative du PINP à 24 semaines
seulement dans le groupe exemestane.
Avec le tamoxifène, il n’a pas été mis en évidence de
modifications significatives des marqueurs de formation et de résorption ; avec l’exemestane, il existe une
augmentation du turnover osseux. Les marqueurs de
résorption sont plus élevés à 12 mois et les marqueurs
de formation entre 18 et 24 mois.
Dans l’étude randomisée ouverte, comparant l’effet
des trois inhibiteurs de l’aromatase sur les marqueurs
du remodelage osseux (PAO, PINP, CTXsérique),
menée chez 90 femmes en bonne santé avec DMO
normale rapportée par McCloskey et al., il existe une
augmentation des marqueurs avec les trois, sans
différence significative à 24 semaines [57].
Dans l’étude italienne [38], il n’a pas été retrouvé de
modification significative du CTX ou de PAO avec le
tamoxifène ; avec l’exemestane, une augmentation du
CTX est déjà présente à trois mois (30,2 % ; p < 0,05)
avec un maximum à 12 mois (105,2 % ; p < 0,001) ; il
existe une augmentation de PAO de 31,5 % à 12 mois
(p < 0,01) et 25,4 % à 24 mois (p < 0,05). La différence
entre les deux groupes est significative pour CTX après
trois mois et pour PAO à partir de neuf mois.
Lonning et al. retrouvent aussi une augmentation
significative du CTX et du NTX, du PAO, du PINP et de
l’ostéocalcine [54].
Dans l’essai TEAM, rapporté par Hadji et al. [45],
l’exemestane augmente les marqueurs de formation
osseuse (PAO, PINP, ostéocalcine) et de résorption
osseuse (CTX), alors qu’ils diminuent avec le tamoxifène.
Au total
Il existe une augmentation de la fréquence de l’ostéoporose chez les patientes ménopausées recevant un
inhibiteur de l’aromatase (niveau 1, grade A).
Il n’existe pas de comparaison directe entre les
différents inhibiteurs de l’aromatase sur la tolérance
osseuse.
Les modalités de recueil des événements fracturaires sont mal précisées, et l’incidence des fractures
vertébrales est certainement sous-évaluée.
Les différentes données dont nous disposons
incitent donc à identifier les patientes à haut risque
d’ostéoporose et à les prendre en charge.
RECOMMANDATIONS / RECOMMENDATIONS
741
742
Prise en charge en cas de traitement par
inhibiteur de l’aromatase
ONCOLOG IE
Conduite à tenir
Chez une patiente traitée par inhibiteur de l’aromatase,
il est important :
– de rechercher l’ensemble des facteurs de risque
d’ostéoporose qu’elle peut présenter ;
– de réaliser un examen ostéodensitométrique ;
– d’effectuer un bilan biologique en cas de DMO
basse.
La découverte d’une DMO basse n’est en effet pas
synonyme d’ostéoporose ; elle peut s’observer en cas
d’autres pathologies osseuses déminéralisantes telles
qu’ostéomalacie, hyperparathyroı̈die, myélome multiple, métastases osseuses.
Un bilan biologique minimum doit être effectué pour
éliminer, avec les données cliniques et éventuellement
d’imagerie, une étiologie autre qu’une ostéoporose. Il
comporte : numération formule sanguine, vitesse de
sédimentation, calcémie, phosphorémie, phosphatases
alcalines, créatinine, électrophorèse des protides, calciurie et créatinurie dès 24 heures. Peuvent être effectuées également un TSH et une parathormonémie. Le
dosage de 25-hydroxyvitamine D doit être effectué à la
recherche d’une insuffisance ou d’une carence en
vitamine D ;
– de corriger les éventuelles carences en calcium et
en vitamine D.
Les mesures hygiénodiététiques sont toujours
nécessaires, et cette étape est indispensable avant la
prise d’un BP. Ces carences sont fréquentes et peuvent
être à l’origine d’une hyperparathyroı̈die secondaire.
Il faudra donc évaluer les apports alimentaires en
calcium [31] et faire un dosage de 25-hydroxyvitamine
D ; un taux plasmatique de vitamine D de 75 nmoles/l
(30 ng/ml) est retenu comme valeur souhaitable [24].
L’administration de vitamine D peut se faire par
l’utilisation de vitamine D2 ou surtout de vitamine D3
soit en apports quotidiens (environ 800 UI/j), soit en
apports intermittents (par exemple 100 000 UI tous les
trois mois) et est à adapter en fonction du taux initial et
du contrôle du dosage de 25-hydroxyvitamine D ;
– de discuter un traitement par BP en fonction du
risque individuel.
Efficacité des BP sur la prévention de la perte
osseuse secondaire à un inhibiteur de l’aromatase
Risédronate
Les résultats de l’étude SABRE (Study of Anastrozole
with the Bisphosphonate RisedronatE) n’ont, dans
l’immédiat, été publiés que sous forme d’abstract [29].
L’effet de 35 mg/sem de risédronate a été évalué à un an
chez des patientes ayant un traitement par anastrozole.
Les patientes ayant un risque élevé avec un T-score
inférieur à –2 au rachis ou à la hanche ont reçu du
risédronate ; celles ayant un risque modéré (T-score <
–1 et ≥ –2 au rachis ou à la hanche) ont reçu du
risédronate ou du placebo ; et en cas de risque faible
(T-score ≥ –1 au rachis et à la hanche) était donné un
placebo.
Les résultats sont en faveur d’une prévention d’une
diminution de la DMO et d’une augmentation du
turnover osseux par le risédronate chez ces patientes
recevant l’anastrozole.
Dans une étude randomisée double insu contre
placebo de 12 mois, avec 12 mois d’extension [42],
87 femmes ménopausées après la chimiothérapie ont
reçu du risédronate 35 mg/sem ou du placebo pendant
deux ans.
Dans le groupe placebo, six patientes recevaient un
inhibiteur de l’aromatase, et 38 n’avaient pas d’inhibiteur de l’aromastase (mais 25 avaient du tamoxifène) ;
dans le groupe risédronate, cinq patientes recevaient un
inhibiteur de l’aromatase, et 38 n’avaient pas d’inhibiteur de l’aromatase (mais 22 recevaient du tamoxifène).
On retrouve 34 femmes avec risédronate et 38
femmes avec placebo ayant terminé l’étude à deux ans.
Une perte de DMO est notée dans le groupe placebo,
sauf au rachis ; une diminution de la DMO lombaire et
fémorale est retrouvée avec placebo et d’inhibiteurs de
l’aromatase ; il n’y a pas de modification de la DMO à la
hanche, et il y a une diminution de la DMO lombaire
avec le risédronate et d’inhibiteurs de l’aromatase ;
enfin, une augmentation à la hanche totale est notée
avec le risédronate sans inhibiteur de l’aromatase.
Il est cependant difficile de conclure, vu le faible
nombre de patientes et le caractère non homogène des
groupes, puisqu’un grand nombre de patientes avaient
non pas un inhibiteur de l’aromastase, mais du
tamoxifène.
Ibandronate
Une étude a été effectuée chez 131 patientes ménopausées traitées par anastrozole. Les 50 patientes ayant une
ostéopénie ont reçu de l’ibandronate 150 mg p.o. par
mois ou un placebo [53].
Après deux ans de traitement, il existe un gain de
masse osseuse avec l’ibandronate et une perte osseuse
avec le placebo. La différence est significative aux deux
sites lombaire et fémoral.
Acide zolédronique
Deux essais, Z-FAST (étude nord-américaine) et ZOFAST (étude internationale), ont évalué la prévention de
la perte osseuse chez les femmes ménopausées ayant
un cancer du sein et recevant du létrozole avec l’acide
zolédronique (4 mg tous les six mois pendant cinq ans).
Les patientes incluses dans l’étude avaient une DMO
avec un T-score supérieur à –2 et recevaient soit l’acide
zolédronique d’emblée ou secondairement en cas de
T-score inférieur à –2 ou de survenue de fracture clinique.
Les résultats de l’étude Z-FAST, à un an, portent sur
602 patientes [10]. L’acide zolédronique, prescrit
d’emblée, évite la perte osseuse. À un an, il existe une
diminution de la DMO significative dans le groupe ayant
un traitement différé par rapport au groupe recevant le
traitement de première intention.
Dans le groupe traité avec délai, plus de patientes
ayant une ostéopénie ont progressé vers une ostéoporose par rapport à celles du groupe traité (12 patientes
versus une patiente).
Il n’a pas été retrouvé de différence en termes de
fractures entre les deux groupes à un an.
Il faut souligner que dans cette étude, un grand
nombre de patientes ont une masse osseuse initiale
normale (72 % de patientes ayant un T-score > –1) ;
ainsi, seules 27,9 % des patientes du groupe traité
d’emblée et 28,2 % du groupe traité avec délai ont une
ostéopénie mineure ou modérée, les autres patientes
ayant une DMO normale.
Les résultats de l’étude ZO-FAST menée chez 1 065
patientes traitées par létrozole et recevant de l’acide
zolédronique immédiatement ou de façon retardée,
avec les mêmes critères d’inclusion, ont été également
rapportés à un an [13].
Dans cette étude, on note également que 30,5 et
31,1 % seulement des groupes traités, respectivement,
d’emblée ou de façon retardée ont initialement une
ostéopénie modérée (T-score entre –1 et –2) ; les autres
patientes ont une DMO normale.
À un an, la DMO lombaire est 5,7 % plus élevée
dans le groupe traité d’emblée par rapport au groupe
traité secondairement ; la DMO à la hanche totale est
3,6 % plus élevée dans le groupe traité d’emblée
par rapport au groupe traité secondairement
Les résultats à un an de ces deux études Z-FAST (nordaméricaine) et ZO-FAST (internationale) ont été poolés
[9]. Sur les 1 667 patientes, 30 % seulement ont
initialement une ostéopénie modérée (DMO entre –1
et –2 ), et 70 % des patientes ont une DMO normale.
À un an, la DMO lombaire est 5,2 % plus élevée dans le
groupe traité d’emblée par rapport au groupe traité
secondairement, et la DMO à la hanche totale est 3,5 %
plus élevée. Le taux de fractures est similaire.
Un plus petit nombre de patientes ont eu une
rechute de leur maladie dans le groupe traité d’emblée ;
cette notion importante sera à confirmer avec un plus
long recul, afin de voir si ces résultats concernant la
survie sans rechute sont significatifs.
Effet du dénosumab sur la perte osseuse secondaire
à un inhibiteur de l’aromatase
L’effet du dénosumab a été évalué au cours d’une
étude randomisée en double insu contre placebo chez
252 patientes, 127 patientes étant traitées par dénosumab (60 mg tous les six mois) et 125 patientes recevant
un placebo [30].
Étaient incluses les patientes ayant un T-score entre
–1 et –2,5.
Il existe une augmentation significative de la DMO
lombaire à un et deux, de 5,5 et 7,6 %, respectivement,
par rapport au placebo (p < 0,0001). Une augmentation
de la DMO a également été notée à la hanche totale, au
col fémoral, au corps entier et à l’extrémité inférieure du
radius.
Une diminution des marqueurs du remodelage
osseux est retrouvée.
Efficacité des BP et du dénosumab sur la perte osseuse
secondaire à un inhibiteur de l’aromatase
Risédronate : expertise en cours
Ibandronate (150 mg/mois) : augmentation de la DMO
lombaire et fémorale à deux ans (niveau 2, grade B)
Acide zolédronique (4 mg tous les six mois) : DMO lombaire
et fémorale plus élevée avec l’acide zolédronique prescrit
d’emblée par rapport à la prescription retardée (niveau 1,
grade A)
Dénosumab (60 mg tous les six mois) : augmentation
significative de la DMO à un et deux ans (niveau 1, grade A)
Efficacité des traitements sur les fractures
Il existe actuellement peu de données concernant
l’efficacité antifracturaire de ces traitements chez les
patientes recevant un inhibiteur de l’aromatase.
Au cours des études Z-FAST/ZO-FAST, à un an, le
taux de fractures est similaire. Rappelons, cependant,
qu’un grand nombre de patientes recevant ce traitement avait une DMO initiale normale.
Indication d’un traitement par BP
La décision d’un traitement est proposée en fonction de
la densitométrie, mais aussi de l’âge, de l’existence de
fractures par fragilité osseuse et des facteurs de risque
de fracture associés.
En 2006, l’Afssaps a actualisé les recommandations
concernant le traitement de l’ostéoporose postménopausique [1]. En cas d’antécédent de fracture chez une
femme ménopausée, un traitement est recommandé si
le T-score est inférieur à –2,5. S’il existe une ostéopénie,
un traitement n’est pas systématique, sauf en cas de
fracture du col fémoral ou de fracture vertébrale ; il est
discuté en cas de facteurs de risque associés. En
l’absence de fracture chez une femme ménopausée,
un traitement est discuté si le T-score est inférieur ou
égal à –3 ou à –2,5 avec la présence d’autres facteurs de
risque. En cas d’ostéopénie, il n’est pas recommandé
mais peut être discuté si le T-score est inférieur à –2, en
présence d’autres facteurs de risque de fracture.
Des propositions de prise en charge des patientes
recevant un inhibiteur de l’aromatase ont été faites dans
quelques études.
RECOMMANDATIONS / RECOMMENDATIONS
743
ONCOLOG IE
744
Reid et al. rapportent la position d’un groupe
d’experts anglais [62] et proposent un traitement par
BP en cas de T-score inférieur à –2 ou d’antécédent de
fracture vertébrale ; cette attitude est également proposée si la patiente est âgée de plus de 75 ans et a un ou
plusieurs facteurs de risque cliniques. Si le T-score est
compris entre –1 et –2, la DMO est remesurée à 24 mois,
et un traitement est proposé en cas de perte annuelle de
DMO supérieure à 4 % au rachis lombaire ou à la
hanche ou de DMO alors inférieure à –2.
Des recommandations belges préconisent un traitement par BP en cas de T-score inférieur à –2,5 ou de
fracture par fragilité, et chez les patientes ostéopéniques
en fonction de la sévérité de l’ostéopénie et de la
présence d’autres facteurs de risque [8].
Pour Hadji et al., un traitement par BP est indiqué
en cas de T-score inférieur à –2 [43]. Si le T-score est
supérieur ou égal à –2 et qu’il n’existe pas d’autre
facteur de risque, une mesure de DMO sera refaite un
à deux ans plus tard, et si la perte annuelle de DMO est
supérieure ou égale à 5 %, un traitement par BP doit
être discuté. Un traitement par BP sera également
discuté en cas de présence de deux de ces facteurs de
risque : un T-score inférieur à –1,5, un âge supérieur
à 65 ans, un IMC bas (< 20 kg/m2), un antécédent
familial de fracture de la hanche, un antécédent
personnel de fracture par fragilité après l’âge de
50 ans, une corticothérapie orale pendant plus de
six mois, un tabagisme actif ou passé.
Indication d’un traitement par BP en cas de traitement
par un inhibiteur de l’aromatase (Tableau 1)
– Si antécédent de fracture par fragilité osseuse
– Si DMO basse (T-score < –2,5)
– Si ostéopénie : à discuter en fonction de la
sévérité de l’ostéopénie et de la présence d’autres
facteurs de risque
Accord d’experts
Quand refaire une mesure de DMO ?
Les données des études concernant les inhibiteurs de
l’aromastase montrent l’absence de survenue d’une
ostéoporose en cas de DMO initiale normale. Une
ostéodensitométrie pourrait donc être réalisée seulement à la fin du traitement à cinq ans.
En cas d’ostéopénie (T-score entre –1 et –2,5) et en
l’absence de traitement, une mesure de la DMO pourrait
être refaite à un ou deux ans. Pour Reid et al., si le
T-score est compris entre –1 et –2, la mesure de la DMO
est refaite à 24 mois, et pour Hadji et al., tous les ans ou
les deux ans [43,62].
En cas de traitement par BP (car ostéoporose ou
ostéopénie et présence de facteurs de risque), un
contrôle de la DMO pourrait être effectué à la fin d’un
traitement par BP, soit entre trois à cinq ans de
traitement.
Tableau 1. Propositions de prise en charge des patientes recevant un inhibiteur de l’aromastase
Patientes commençant un traitement
par inhibiteur de l’aromatase
Mesure de la DMO
DMO ≤-2,5 T-score
ou
ATCD de fracture par
fragilité osseuse
- Mesures hygiéno-diététiques
- BP en l’absence de contreindication
- Mesure de DMO à la fin du
traitement par BP (et à discuter
éventuellement à 24 mois
en fonction des facteurs de risque
DMO entre –1
et – 2,5 T-score
- Mesures hygiéno-diététiques
- BP à discuter en fonction
de la sévérité de l’ostéopénie
et des autres facteurs de risque
dont : l’âge, les antécédents
de fracture du col chez les parents,
une acticothérapie actuelle
ou passée,
IMC ? 19 kg/m2
- Mesure de DMO à 1 ou 2 ans
si pas de traitement
DMO normale
- Mesures hygiéno-diététiques
- Mesure de DMO à 5 ans
Reid et al. et Hadji et al. conseillent une mesure de
DMO chez les femmes recevant un inhibiteur de
l’aromatase et traitées par BP tous les 24 mois [43,62].
Quand refaire une mesure de DMO ? (Tableau 1)
– Si DMO initiale normale : à cinq ans, à la fin du
traitement par inhibiteur de l’aromatase
– Si ostéopénie et pas de traitement par BP : à un
ou deux ans
– Si traitement par BP : à la fin du traitement par
BP ou peut être discutée à 24 mois en fonction des
facteurs de risque présentés
Accord d’experts
Conclusion
Les femmes traitées pour un cancer du sein ont un
risque accru d’ostéoporose. Une ménopause précoce
secondaire à une chimiothérapie et la prise d’un
inhibiteur de l’aromatase sont ainsi des circonstances
pouvant favoriser la survenue d’une ostéoporose.
Il est important d’évaluer ce risque et d’effectuer une
prise en charge de ces patientes.
Références
1. Afssaps (2006) Traitement médicamenteux de l’ostéoporose postménopausique. Recommandations de l’agence française de
sécurité sanitaire des produits de santé. Actualisation. Disponible
sur : www.afssaps.sante.fr
2. ATAC Trialists Group (2002) Anastrozole alone or in combination
with tamoxifen versus tamoxifen alone for adjuvant treatment of
postmenopausal women with early breast cancer: first results of
the ATAC randomised trial. Lancet 359: 2131-39
3. ATAC Trialists Group (2003) Anastrozole alone or in combination
with tamoxifen versus tamoxifen alone for adjuvant treatment of
postmenopausal women with early-stage breast cancer: results of
the ATAC trial 47 month’s efficacy update analysis. Cancer 98(9):
1802-10
4. ATAC Trialists Group (2006) Comprehensive side effect profile of
anastrozole and tamoxifen as adjuvant treatment for early-stage
breast cancer: long-term safety analysis of the ATAC trial. Lancet
Oncol 7: 633-43
5. ATAC Trialists Group (2008) Effect of anastrozole and tamoxifen
adjuvant treatment for early-stage breast cancer: 100-month
analysis of the ATAC trial. Lancet Oncol 9: 45-53
6. ATAC Trialists Group (2005) Results of the ATAC trial after
completion of 5 years ’adjuvant treatment for breast cancer.
Lancet 365: 60-2
7. BIG, the Breast International Group 1-98 Collaborative Group (2005)
A comparison of letrozole and tamoxifen in postmenopausal
women with early breast cancer. N Engl J Med 353: 2747-57
8. Body JJ, Bergmann P, Boonen S, et al. (2007) Management of
cancer treatment-induced bone loss in early breast and prostate
cancer: a consensus paper of the Belgian Bone Club. Osteoporos
Int 18: 1439-50
9. Brufsky A, Bundred N, Coleman R, et al. (2008) Integrated analysis
of zoledronic acid for prevention of aromatase inhibitor-associated
bone loss in postmenopausal women with early breast cancer
receiving adjuvant letrozole. Oncologist 13: 503-14
10. Brufsky A, Harker WG, Beck JT, et al. (2007) Zoledronic acid
inhibits adjuvant letrozole-induced bone loss in postmenopausal
women with early breast cancer. J Clin Oncol 25(7): 829-36
11. Bruning PF, Pit MJ, de Jong-Bakker M, et al. (1990) Bone mineral
density after adjuvant chemotherapy for premenopausal breast
cancer. Br J Cancer 61: 308-10
12. Buist DS, LaCroix AZ, Barlow WE, et al. (2001) Bone mineral
density and breast cancer risk in postmenopausal women. J Clin
Epidemiol 54: 417-22
13. Bundred NJ, Campbell ID, Davidson N, et al. (2008) Effective inhibition
of aromatase inhibitor-associated bone loss by zoledronic acid in
postmenopausal women with early breast cancer receiving adjuvant
letrozole: ZO-FAST study results. Cancer 112: 1001-10
14. Burshell AL, Song J, Dowsett SA, et al. (2008) Relationship
between bone mass, invasive breast cancer incidence and
raloxifene therapy in postmenopausal women with low bone
mass orosteoporosis. Curr Med Res Opin 24: 807-13
15. Cauley JA, Song J, Dowsett SA, et al. (2007) Risk factors for
breast cancer in older women: the relative contribution of bone
mineral density and other established risk factors. Breast Cancer
Res Treat 102: 181-8
16. Chen Z, Maricic M, Bassford TL, et al. (2005) Fracture risk among
breast cancer survivors: results from the Women’s Health
Initiative observational study. Arch Intern Med 165: 552-8
17. Coates AS, Keshaviah A, Tqhürlimann B, et al. (2007) Five years of
letrozole compared with tamoxifen as initial adjuvant therapy for
postmenopausal women with endocrine-responsive early breast
cancer: update of study BIG 1-98. J Clin Oncol 25: 486-92
18. Coleman RE, Banks LM, Girgis SI, et al. (2007) Skeletal effects of
exemestane on bone mineral density, bone biomarkers and
fracture incidence in postmenopausal women with early breast
cancer participating in the Intergroup Exemestane Study (IES): a
randomised controlled study. Lancet Oncol 8: 119-27
19. Coleman RE, on behalf of the ATAC Trialist’s Group (2008) Long-term
effects of anastrozole on bone mineral density: seven years results
from the ATAC trial. J Clin Oncol 26(15s part I of II): p 27s abstract 587
20. Confavreux CB, Fontana A, Guastalla JP, et al. (2007) Estrogendependent increase in bone turnover and bone loss in postmenopausal women with breast cancer treated with anastrozole.
Prevention with bisphosphonates. Bone 41: 346-52
21. Cooke AL, Metge C, Lix L, et al. (2008) Tamoxifen use and
osteoporotic fracture risk: a population-based analysis. J Clin
Oncol 26: 5227-32
22. Coombes RC, Hall E, Gibson LJ, et al. (2004) A randomised trial of
exemestane after tow to three years of tamoxifen therapy in
postmenopausal women with primary breast cancer. N Engl J
Med 350: 1081-92
23. Coombes RC, Kilburn LS, Snowdon CF, et al. (2007) Survival and
safety of exemestane versus tamoxifen after 2–3 years’ tamoxifen
treatment (Intergroup Exemestane Study): a randomised controlled trial. Lancet 369: 559-70
24. Cormier C (2006) Vitamine D et calcium. Rev Rhum 73: 846-51
25. Delmas PD, Balena R, Confravreux E, et al. (1997) Bisphosphonate
risedronate prevents bone loss in women with artificial
menopause due to chemotherapy of breast cancer: a double
blind, placebo-controlled study. J Clin Oncol. 15: 955-62
26. Douchi T, Yonehara Y, Kosha S, et al. (2007) Bone mineral density
in breast cancer patients with positive estrogen receptor tumor
status. Maturitas 57: 221-5
27. Eastell R, Adams JE, Coleman RE, et al. (2008) Effect of
anastrozole on bone mineral density: 5-year results from the
anastrozole, tamoxifen, alone or in combination trial (18233230). J
Clin Oncol 26: 1051-58
28. Eastell R, Hannon RA, Cuzick J, et al. (2006) Effect of an
aromatase inhibitor on BMD and bone turnover markers: 2-year
results of the anastrozole, tamoxifen, alone or in combination
(ATAC) Trial (18233230). J Bone Miner Res 21: 1215-23
29. Eastell R, Van Poznack C, Hannon RA, et al. (2007) The SABRE
(Study of Anastrozole with the Bisphosphonate RisedronatE)
study: 12 months analysis. J Bone Miner Res 22(Suppl 1): S113
RECOMMANDATIONS / RECOMMENDATIONS
745
ONCOLOG IE
746
30. Ellis GK, Bone HG, Chlebowski R, et al. (2008) Randomised trial of
denosumab in patients receiving adjuvant aromatase inhibitors
for non-metastatic breast cancer. J Clin Oncol 26: 4875-82
31. Fardellone P, Sebert JL, Bouraya M, et al. (1991) Evaluation of the
calcium content of diet by frequential self-questionnaire. Rev
Rhum Mal Osteoartic 58: 99-103
32. Fogelman I, Blake GM, Blamey R, et al. (2003) Bone mineral density
in premenopausal women treated for node-positive early breast
cancer with 2 years of goserelin or 6 months of cyclophosphamide,
methotrexate and fluorouracil. Osteoporos Int 14: 1001-6
33. Fornander T, Rutqvist LE, Sjöberg HE, et al. (1990) Long-term
adjuvant tamoxifen in early breast cancer: effect on bone mineral
density in postmenopausal women. J Clin Oncol 8: 1019-24
34. Fuleihan Gel-H, Salamoun M, Mourad Y, et al. (2005) Pamidronate
in the prevention of chemotherapy induced bone loss in
premenopausal women with breast cancer. J Clin Endoicrinol
Metab 90(6): 3209-14
35. Geisler J, Lonning PE, Krag LE, et al. (2006) Changes in bone and lipid
metabolism in postmenopausal women with early breast cancer
after terminating 2-year treatment with exemestane: a randomised,
placebo-controlled study Eur J Cancer 42: 2968-75
36. Gnant MF, Mlineritsch B, Luschin-Ebengreuth G, et al. (2008)
Adjuvant endocrine therapy plus zoledronic acid in premenopausal
women with early-stage breast cancer: 5-year follow-up of the
ABCSG-12 bone-mineral density sub-study. Lancet Oncol 9: 840-9
37. Gnant MF, Mlineritsch B, Luschin-Ebengreuth G, et al. (2007)
Zoledronic acid prevents cancer treatment-induced bone loss in
premenopausal women receiving adjuvant endocrine therapy for
hormone-responsive breast cancer: a report from the Austrian
Breast and Colorectal Cancer Study Group. J Clin Oncol 25: 820-28
38. Gonnelli S, Cadirni A, Caffarelli C, et al. (2007) Changes in bone
turnover and in bone mass in women with breast cancer
switched from tamoxifen to exemestane. Bone 40: 205-10
39. Goss PE, Hadji P, Subar, et al. (2007) Effects of steroidal and nonsteroidal aromatase inhibitors on markers of bone turnover in
healthy postmenopausal women. Breast Cancer Res 9: R52
40. Goss PE, Ingle JN, Martino S, et al. (2003) A randomised trial of
letrozole in postmenopausal women after five years of tamoxifen
therapy for early-stage breast cancer. N Engl J Med 349: 17931-802
41. Goss PE, Ingle JN, Martino S, et al. (2005) Randomised trial of
letrozole following tamoxifen as extended adjuvant therapy in
receptor-positive breast cancer: updated findings from NCIC CTG
MA-17. J Natl Cancer Inst 97: 1262-71
42. Greenspan SL, Brufsky A, Lembersky BC, et al. (2008) Risedronate
prevents bone loss in breast cancer survivors: a 2-year,
randomised, double blind, placebo-controlled clinical trial. J
Clin Oncol 26: 2644-52
43. Hadji P, Body JJ, Aapro MS, et al. (2008) Practical guidance for
the management of aromatase inhibitor-associated bone loss.
Ann Oncol 19: 1407-16
44. Hadji P, Ziller M, Kieback DG, et al. (2009) Effects of exemestane
and tamoxifen on bone health within the Tamoxifen Exemestane
Adjuvant Multicentre (TEAM) trial: results of a German, 12-month,
prospective, randomised sub-study. Ann Oncol 20: 1203-9
45. Hadji P, Ziller M, Kieback DG, et al. (2009) The effect of
exemestane or tamoxifen on markers of bone turnover: results of
a German sub-study of the Tamoxifen Exemestane Adjuvant
Multicentre (TEAM) trial. Breast 18: 159-64
46. Headley JA, Theriault RL, LeBlanc AD, et al. (1998) Pilot study of
bone mineral density in breast cancer patients treated with
adjuvant chemotherapy. Cancer Invest 16: 6-11
47. Herschmann DL, McMahon DJ, Crew KD, et al. (2008) Zoledronic
acid prevents bone loss in premenopausal women undergoing
adjuvant chemotherapy for early-stage breast cancer. J Clin
Oncol 26: 4739-45
48. Hines SL, Mincey BA, Sloan JA, et al. (2009) Phase III
randomised, placebo-controlled, double blind trial of risedronate
for the prevention of bone loss in premenopausal women
undergoing chemotherapy for primary breast cancer. J Clin
Oncol 27: 1047-53
49. Jakesz R, Jonat W, Gnant M, et al. (2005) Switching of
postmenopausal women with endocrine-responsive early breast
cancer to anastrozole after 2-years adjuvant tamoxifen: combined results of ABCSG trial 8 and ARNO 95 trial. Lancet 366: 455-62
50. Jonat W, Kaufmann M, Sauerbrei W, et al. (2002) Goserelin
versus cyclophosphamide, methotrexate and fluorouracil as
adjuvant therapy in premenopausal patients with node-positive
breast cancer. The zoladex early breast cancer research
association study. J Clin Oncol 20: 4628-35
51. Jones S, Stokoe C, Sborov M, et al. (2008) The effect of tamoxifen
or exemestane on bone mineral density during the first 2 years of
adjuvant treatment of postmenopausal women with early breast
cancer. Clin Breast Cancer 8: 527-32
52. Kanis JA, McCloskey EV, Powles T, et al. (1999) A high-incidence of
vertebral fracture inwomen with breast cancer. Br J Cancer 79: 1179-81
53. Lester JE, Dodwell D, Purohit OP, et al. (2008) Prevention of
anastrozole-induced bone loss with monthly oral ibandronate
during adjuvant aromatase inhibitor therapy for breast cancer.
Clin Cancer Res 14: 6336-42
54. Lonning PE, Geisler J, Krag LE, et al. (2005) Effects of exemestane
administered for 2 years versus placebo on bone mineral density,
bone biomarkers and plasma lipids in patients with surgically
resected early breast cancer. J Clin Oncol 23: 5126-37
55. Love RR, Mazess RB, Barden HS, et al. (1992) Effects of tamoxifen
on bone mineral density in postmenopausal women with breast
cancer. N Engl J Med 326: 852-6
56. Lucas FL, Cauley JA, Stone RA, et al. (1998) Bone mineral density
and risk of breast cancer: differences by family history of breast
cancer. Study of Osteoporotic Fractures Research Group. Am J
Epidemiol 148: 22-9
57. McCloskey EV, Hannon RA, Lakner G, et al. (2007) Effects of third
generation aromatase inhibitors on bone health and other safety
parameters: results of an open, randomised, multi-centre study of
letrozole, exemestane and anastrozole in healthy postmenopausal women. Eur J Cancer 43: 2523-31
58. Olsson H, Hägglund G (1992) Reduced cancer morbidity and
mortality in a prospective cohort of women with distal forearm
fractures. Am J Epidemiol 136: 422-7
59. Perez EA, Josse RG, Pritchard KI, et al. (2006) Effect of letrozole
versus placebo on bone mineral density in women with primary
breast cancer completed 5 or more years of adjuvant tamoxifen: a
companion study to NCIC CTG MA-17. J Clin Oncol 24: 3629-35
60. Persson L, Adami HO, McLaughlin JK, et al. (1994) Reduced risk of
breast and endometrial cancer among women with hip fractures.
Cancer Causes Control 5: 523-8
61. Powles TJ, Hickish T, Kanis JA, et al. (1996) Effect of tamoxifen on
bone mineral density measured by dual-energy X-ray absorptiometry in healthy premenopausal and postmenopausal women.
J Clin Oncol 14: 78-84
62. Reid DM, Doughty J, Eastell R, et al. (2008) Guidance for the
management of breast cancer treatment-induced bone loss: a
consensus position statement from a UK Expert Group. Cancer
Treat Rev 34: S3–S18
63. Rodriguez-Rodriguez LM, Rodriguez-Rodriguez EM, OramasRodriguez JM, et al. (2005) Changes on bone mineral density
after adjuvant treatment in women with non-metastatic breast
cancer. Breast Cancer Res Treat 93: 75-83
64. Saarto T, Vehmanen L, Blomqvist C, et al. (2008) Ten-year follow-up of
3 years of oral adjuvant clodronate therapy shows significant prevention
of osteoporosis in early-stage breast cancer. J Clin Oncol 26: 4289-95
65. Saarto T, Blomqvist C, Välimäki M, et al. (1997) Chemical
castration induced by adjuvant cyclophosphamide, methotrexate
and fluorouracil chemotherapy causes rapid bone loss that is
reduced by clodronate: a randomised study in premenopausal
breast cancer patients. J Clin Oncol 15: 1341-7
66. Schwartz AL, Winters-Stone K, Galluci B (2007) Exercise effects
on bone mineral density in women with breast cancer receiving
adjuvant chemotherapy. Oncol Nurs Forum 34: 627-33
67. Shapiro CL, Manola J, Leboff M (2001) Ovarian failure after
adjuvant chemotherapy is associated with rapid bone loss
68.
69.
70.
71.
72.
in women with early-stage breast cancer. J Clin Oncol 19:
3306-11
Sverrisdottir A, Fornander T, Jacobsson H, et al. (2004) Bone mineral
density among premenopausal women with early breast cancer in a
randomised trial of adjuvant endocrine therapy. J Clin Oncol 22: 3694-9
Van der Klift M, de Laet CE, Coeberg JW, et al. (2003) Bone
mineral density and the risk of breast cancer: the Rotterdam
Study. Bone 32: 211-6
Vehmanen L, Elomaa I, Blomqvist, et al. (2006) Tamoxifen
treatment after adjuvant chemotherapy has opposite effects on
bone mineral density in premenopausal patients depending on
menstrual status. J Clin Oncol 24: 675-80
Vehmanen L, Saarto T, Elomaa I, et al. (2001) Long-term impact of
chemotherapy-induced ovarian failure on bone mineral density
(BMD) in premenopausal breast cancer patients. The effect of
adjuvant clodronate treatment. Eur J Cancer 37: 2373-8
Vehmanen L, Saarto T, Ristelli J, et al. (2004) Short-term
intermittent intravenous clodronate in the prevention of bone
73.
74.
75.
76.
77.
loss related to chemotherapy-induced ovarian failure. Breast
cancer Res Treat 87: 181-8
Vestergaard P, Rejnmark L, Mosekilde L (2008) Effect of tamoxifen
and aromatase inhibitors on the risk of fractures in women with
breast cancer. Calcif Tissue Int 82: 334-40
Yoneda K, Tanji Y, Ikeda N, et al. (2002) Influence of adjuvant
tamoxifen treatment on bone mineral density and bone turnover
markers in postmenopausal breast cancer patients in Japan.
Cancer Lett 186: 223-30
Zhang Y, Kiel DP, Kreger BE, et al. (1997) Bone mass and the risk
of breast cancer among postmenopausal women. N Engl J Med
336: 611-7
Zidan J, Keidar Z, Basher W, et al. (2004) Effects of tamoxifen on
bone mineral density and metabolism in postmenopausal women
with early-stage breast cancer. Med Oncol 21: 117-21
Zmuda JM, Cauley JA, Ljung BM, et al. (2001) Bone mass and
breast cancer risk in older women: differences by stage at
diagnosis. J Natl Cancer Inst 93: 930-6
Dépression et cancer du sein
Coordonnateur du groupe de travail : S. Dauchy
Groupe de travail : F. Barruel, S. Dauchy, S. Dolbeault, A.-S. Le Bihan,
J.-L. Machavoine, M. Reich, W. Rhondali, P. Saltel
Diagnostiquer la dépression
dans le cancer du sein
Introduction
La dépression touche un certain nombre de femmes
atteintes de cancer du sein au fil du parcours de soin.
Fréquemment sous-évaluée, elle est de ce fait soustraitée. Les raisons en sont multiples, qu’il s’agisse
d’une sous-estimation des symptômes dépressifs par le
clinicien, d’une banalisation de leur présence dans le
contexte du cancer, d’une intrication de symptômes
dépressifs avec ceux qui sont liés au cancer et à ses
traitements, ou encore d’une difficulté pour le clinicien à
explorer les symptômes émotionnels [24,51,94] (niveau
de preuve 4). Outre le fait qu’il s’agisse alors d’une
souffrance psychique non prise en compte, alors qu’elle
peut s’avérer d’intensité majeure, cette situation a des
conséquences potentielles graves, du fait de son impact
sur la morbidité et la mortalité, par le biais de différents
mécanismes [14,72,144] :
– une détérioration de la qualité de vie ;
– une plus grande sensibilité à la douleur ;
– des troubles de l’observance au traitement [28],
voire un refus de traitement ;
– des difficultés à communiquer avec les soignants
et avec les proches ;
– un risque de suicide.
Elle entraı̂ne par ailleurs un surcoût médicoéconomique dont on commence à appréhender le
poids [23 Carlson 2004. Les conséquences potentielles lourdes de l’épisode dépressif représentent
donc une justification suffisante pour que ce diag-
nostic soit recherché chaque fois que l’on sera en
présence de symptômes ou de situations d’alerte
pouvant faire évoquer ce diagnostic (niveau de
preuve 3).
Prévalence
Prévalence de la dépression
L’association entre cancer et dépression a été observée
de façon répétée dans bon nombre d’études menées
dans différents pays. La prévalence de la dépression
dépend de la définition retenue ainsi que des outils
diagnostiques auxquels on se réfère. De fait, les chiffres
que l’on trouve dans la littérature sont parfois peu
contributifs, proposant des taux de prévalence, allant de
1 à 40 % d’une étude à l’autre [72,93,94]. Massie
rapporte une prévalence de symptômes dépressifs de
0 à 58 %, mais de 0 à 38 % pour la dépression majeure
[93]. La difficulté à déterminer ce taux doit être mise en
lien avec deux points principaux. D’une part, de
nombreuses études évaluent la prévalence d’entités
cliniques mixtes comportant diverses manifestations
psychopathologiques de nature dépressive, dont il n’est
pas toujours aisé d’extraire les données concernant
l’épisode dépressif majeur (EDM) exclusivement. Cela
est d’autant plus vrai qu’il existe une forte comorbidité
entre dépression et anxiété [72,93]. D’autre part, les
méthodes d’évaluation diagnostique sont diverses
selon que l’on recourt ou non à un réel outil diagnostique, et lorsque c’est le cas selon le choix d’outil qui
est effectué : système DSM, III, IV ou IV-R (Diagnostic
and Statistical Manual of Mental Disorders) ou à l’ICD10 (Classification internationale des maladies de l’Organisation mondiale de la santé), autre questionnaire
RECOMMANDATIONS / RECOMMENDATIONS
747
ONCOLOG IE
748
d’hétéro-, voire d’autoévaluation de la dépression. Une
première étude, qui fait date, mais qui est toujours citée,
a été menée en 1983 sur 215 patients hospitalisés ou
ambulatoires recrutés dans trois centres américains par
Derogatis et Morrow [40] et a identifié une prévalence
de 8 % de troubles affectifs majeurs (EDM et troubles
dysthymiques), alors que la prévalence des troubles de
l’adaptation avec humeur dépressive ou humeur anxiodépressive mixte s’élève à 32,1 %. Par la suite, des
données similaires ont été rapportées dans des études
ultérieures, telle l’étude belge menée par Razavi et
Delvaux [122] sur un groupe sélectionné au hasard de
patients présentant des diagnostics carcinologiques
divers. Dans la cohorte d’Europe du Sud, de Grassi
et al., 9 à 14 % des patients sont concernés par un
trouble dépressif [62]. Les taux de prévalence varient
selon la manière dont sont considérés les symptômes
somatiques et peuvent s’élever jusqu’à des taux de 13 à
26 % dans le contexte de la phase palliative [25,61].
Concernant plus spécifiquement le cancer du sein,
l’étude de Dausch et al. porte sur 207 femmes ayant
reçu un diagnostic récent de cancer du sein et retrouve
une prévalence de 18 % de troubles anxieux ou
dépressifs selon le DSM IV [38]. L’étude de Coyne et
al., portant sur 113 patientes en cours de traitement,
identifie un taux de prévalence de 9 % (IC 95 % :
[5–16 %]) à l’aide d’un entretien psychiatrique structuré
(SCID) [34]. L’étude australienne de Kissane et al.,
portant sur 303 patientes atteintes de cancer du sein à
un stade précoce et 200 patientes atteintes de cancer du
sein métastatique évaluées à l’aide d’un SCID, retrouve
un taux de 8 % (stade avancé) à 11 % (stade précoce)]
[80]. Globalement, ces études tendent à montrer que 8 à
9 % des patientes atteintes de cancer du sein relèvent
d’un diagnostic de dépression majeure au sens du
DSM-IV-R (alors que la prévalence des symptômes
s’élève à 25–30 % lorsque l’on étudie les troubles de
l’adaptation dans leur ensemble) [118]. Hegel et al. par
exemple identifient 11 % de patientes présentant une
dépression majeure au sein de 41 % de femmes en
détresse significative au moment du diagnostic de
cancer (niveau de preuve 4). Ce taux s’élève dans les
phases avancées du cancer (16 % selon l’étude de
Grabsch et al. [61], niveau de preuve 4). Il s’élève aussi
en présence d’un certain nombre de facteurs de risque
qui sont décrits au paragraphe suivant. Les taux de
prévalence varient également selon le moment de la
prise en charge : ainsi, la prévalence serait de 11 % au
moment du diagnostic de cancer du sein [66] ; de 16 %
au moment du traitement curatif ; de 8,6 % des femmes
à trois mois de la chirurgie pour un cancer du sein de
découverte récente [79] ; de 16 % pour les patientes
sous chimiothérapie [129]. On manque, en revanche,
d’études longitudinales qui permettraient d’obtenir un
profil plus précis de l’évolution de ces troubles
dépressifs au fil de la prise en charge du cancer. Par
ailleurs, on dispose de moins d’études permettant
d’appréhender la dépression chez les femmes en
rémission d’un cancer du sein. L’étude observationnelle
de Burgess et al. [19], portant sur 170 femmes atteintes
de cancer du sein localisé suivies pendant cinq ans,
identifie un taux de prévalence annuelle de troubles
anxiodépressifs, diagnostiques portés à l’aide du SCIC,
entretien diagnostique structuré se référant à la classification DSM – de 50 % pendant la première année, qui
diminuent à 25 % les années suivantes, pour aboutir à
15 % au bout de cinq ans. Le pic de prévalence est
de 33 % au moment du diagnostic et s’abaisse à 15 %
à un an.
On peut retenir globalement une prévalence des
symptômes dépressifs et anxieux chez les patientes
atteintes de cancer du sein de 30 à 50 % (niveau de
preuve 3). Cette prévalence est décroissante au fil du
temps ; cependant, les chiffres restent donc élevés en
période de rémission et à distance des soins du cancer.
Ainsi, les taux d’anxiété, de dépression ou de trouble
anxiodépressif sont deux fois supérieurs chez ces
femmes dans la première année suivant le diagnostic,
comparés à ceux observés en population générale
féminine ; pour rejoindre les taux en population
générale par la suite.
Prévalence du suicide
Malgré les fluctuations trouvées dans la littérature du
fait de problèmes méthodologiques et de définition, on
peut estimer que le risque de suicide en oncologie est
de 1,95 à 2,8 fois plus élevé que dans la population
générale [68,98] (niveau de preuve 2). Le désir de mourir
est présent chez 17 % des patients en phase avancée
d’un cancer. La demande du patient d’accélérer son
décès est fréquemment associée à un état dépressif, de
désespoir, un moindre soutien social, un état physique
très détérioré et un recours moindre à la spiritualité [24].
Le risque suicidaire doit toujours être évalué devant un
tableau de dépression. Le fait d’interroger le patient sur
la présence d’idéations suicidaires n’est pas considéré
comme un facteur favorisant le passage à l’acte et
doit être encouragé auprès des professionnels. Un
certain nombre de facteurs de risque de suicide sont
aujourd’hui identifiés [16,120] (niveau de preuve 2) :
Facteurs biologiques
– Temps : première année après le diagnostic [68] ;
avec un surrisque pour les deux sexes dans les trois
premiers mois, puis seulement pour les femmes entre 3
et 12 mois [164] ;
– site : tête et cou, poumon, gastro-intestinal, SNC
[98] ;
– stade : avancé ;
– symptômes : douleur, fatigue.
Éléments psychopathologiques actuels
Dépression, désespoir, delirium
Autres facteurs
– Sexe masculin [68] ; avec un risque relatif de 1,7
chez l’homme contre 1,4 chez la femme par comparaison avec la population générale danoise [164] ;
– antécédents familiaux de suicide et/ou de maladie
psychiatrique ;
ou secondaire aux traitements instaurés, ou à l’évolution du cancer. Une fois statué le moment de l’apparition du trouble dépressif par rapport au cancer et à ses
thérapeutiques, on peut distinguer les facteurs de
risque personnels et individuels, les facteurs sociaux,
les facteurs liés à la maladie cancéreuse ou aux
traitements, ou à une autre cause médicale.
– antécédents personnels de tentative de suicide ;
– trouble psychiatrique préexistant (abus de substance, trouble de la personnalité) ;
– perte récente (deuil par exemple).
Une seule étude américaine [137] s’est intéressée au
risque suicidaire de femmes en longue rémission d’un
cancer du sein et n’a pas retrouvé de différence
significative par rapport à la population générale. La
localisation mammaire ne représente donc pas particulièrement un site à risque accru de suicide : mais les
autres facteurs de risque potentiels restent valables, et il
importe de les avoir en mémoire dans la prise en charge
des patientes.
La dépression est fréquente mais reste sous-diagnostiquée dans le cancer du sein.
La prévalence des symptômes dépressifs et
anxieux chez les patientes atteintes de cancer du
sein est de 30 à 50 % (niveau de preuve 3).
La prévalence de l’EDM selon les critères du DSMIV-TR est plus faible, avec des fluctuations de taux
observé qui dépendent de la population étudiée
(hétérogénéité) et de la méthodologie utilisée (critères
diagnostiques, prise en compte des facteurs somatiques, outils utilisés) :
– tous cancers confondus : 5–6 % ;
– cancer du sein : 6–9 % (ambulatoire), 25–50 % si
stade avancé ou patiente hospitalisée (niveau de
preuve 4).
Le risque suicidaire est accru chez les patients
atteints de cancer par comparaison à la population
générale (RR : 1,9 à 2,8) [niveau de preuve 2], mais la
localisation mammaire n’apparaı̂t pas comme facteur
de risque en elle-même.
Facteurs de risque
En pratique clinique au quotidien, l’oncologue sera
vigilant sur les facteurs de risque prédictifs du développement de troubles dépressifs chez les patientes
atteintes d’un cancer du sein. Le dépistage de ces
facteurs de risque peut permettre la mise en place d’une
prise en charge précoce et éviter le développement de
troubles psychosociaux majeurs altérant la qualité de
vie des patientes [61] (niveau de preuve 2, grade B).
L’étude des facteurs de risque de dépression doit tenir
compte de la temporalité de survenue des troubles de
l’humeur eu égard à la maladie somatique : préexistante, contemporaine à la survenue du cancer du sein
Facteurs de risque personnels et individuels
Ils sont dominés par le jeune âge au moment du
diagnostic (15–54 ans) [32,120,160] et une histoire
personnelle marquée par des événements de vie
récents négatifs ou stressants (deuil, pertes successives) durant la période précédant le diagnostic ou
concomitante à celui-ci (niveau de preuve 3, grade C).
L’existence d’épisodes psychopathologiques antérieurs
personnels (dépression, tentative d’autolyse, toxicomanie, alcoolisme) ou familiaux (dépression, tentative
d’autolyse, suicide) sont un facteur de risque d’apparition de troubles dépressifs chez les femmes ayant
terminé un traitement de cancer du sein par radio ou
chimiothérapie [24,32] et de mauvaise adaptation aux
situations de récidive de cancer du sein [110] (niveau de
preuve 4, grade C). Certains traits de personnalité
peuvent prédisposer à la survenue d’états dépressifs
chez les patientes atteints de cancer du sein : tendance à
ne pas exprimer ses émotions, tendance à considérer
les événements de la vie comme incontrôlables et
inévitables, faible estime de soi et faiblesse du soutien
émotionnel [101,162], tendance au pessimisme (niveau
de preuve 4, grade C).
Facteurs de risque sociaux
Un statut marital précaire (seule, divorcée, séparée,
veuve) [139] (accord d’experts), un isolement social et
un niveau socioéconomique bas [36] (niveau de preuve
3, grade C), l’appartenance à une minorité ethnique
avec faible revenu [47] (niveau de preuve 2, grade B), un
manque de ressources sur le plan des relations
interpersonnelles [78] (niveau de preuve 4, grade C)
sont des facteurs de vulnérabilité dépressive.
Facteurs de risque biologiques liés à la maladie cancéreuse
ou à ses traitements
Le type de cancer et le stade de la maladie ne sont pas
en eux-mêmes des facteurs de risque ; cependant, le
type et le stade au moment du diagnostic (stade avancé
du cancer du sein ou métastatique, plutôt que local ou
locorégional) sont un facteur de risque (consensus
d’experts).
Les phases critiques de réaction dépressive et
d’effondrement dépressif sont l’annonce du diagnostic,
les périodes de rémission (persistance du doute par
rapport à la rechute ou la récidive), l’annonce de la
récidive ou de l’aggravation (métastases), l’entrée en
phase palliative (accord d’experts).
RECOMMANDATIONS / RECOMMENDATIONS
749
750
ONCOLOG IE
Il est à remarquer que les périodes de rémission
peuvent être un moment d’accalmie physique laissant
l’opportunité à des symptômes dépressifs d’émerger
en raison d’une diminution des mécanismes de
défense du patient jusqu’alors fortement mobilisés par
l’épreuve de la maladie.
La présence de symptômes physiques non contrôlés
(nausées, vomissements, fatigue, altération de l’état
général) [16] ou d’un lymphœdème [21] (niveau de
preuve 4, grade C) ou l’existence d’un autre handicap
associé (paralysie, stomie, trachéostome, incapacité
physique) [138] sont d’autres facteurs de risque (niveau
de preuve 4, grade C).
De façon plus spécifique, la présence de douleurs
physiques non contrôlées ou de métastases est un
facteur de risque prédictif majeur de survenue d’un
épisode dépressif (2 à 4 fois plus de risque) [26,148]
(niveau de preuve 2, grade B) et cela, indépendamment
de l’âge [58] (niveau de preuve 4, grade C). La douleur
chronique chez les patients favorise le développement
d’un syndrome dépressif et inversement, la présence
d’une dépression majore l’expérience de la douleur et
donc abaisse le seuil de tolérance à la douleur [24]
(accord d’experts).
C’est ainsi en lien avec la dépendance et l’altération
de l’état physique que la prévalence des symptômes
dépressifs augmente à des phases évoluées de la
maladie cancéreuse [17] (niveau de preuve 4, grade C).
La douleur, la fatigue et la dépression sont des
facteurs prédicteurs de détresse psychologique dans 68
à 72 % des cas [134] (niveau de preuve 4, grade C).
Facteurs de risque liés à une autre cause médicale
Les anomalies neurologiques (tumeur cérébrale primaire ou métastases cérébrales), endocriniennes
(hyper- ou hypothyroı̈die, insuffisance surrénalienne),
métaboliques (troubles ioniques : Na+, K+, Ca2+ ;
déficit en vitamines B12, folates) peuvent entraı̂ner
une dépression [15,24] (niveau de preuve 4, grade C).
Les risques dépressifs chez les femmes traitées à un
stade précoce du cancer du sein [9] (niveau de preuve 1,
grade A) ou à distance des traitements (cinq ans) [19]
(niveau de preuve 2, grade B) apparaissent plus liés à
des facteurs personnels de vulnérabilité qu’aux variables liées au cancer ou à ses thérapeutiques.
Le dépistage de la dépression chez les femmes
atteintes de cancer du sein passe en premier lieu par
l’évaluation des facteurs de risque de survenue des
troubles dépressifs. Cette démarche préventive s’intègre dans le cadre d’une globalité de la prise en charge
de la dépression parmi ce type de populations.
La prévalence de la dépression dans le cancer du
sein augmente en fonction des facteurs de risque
prédictifs retrouvés lors de l’anamnèse (niveau de
preuve 3, grade C)
Le dépistage et la prise en charge précoces des
facteurs de risque de dépression dans le cancer du
sein peuvent permettre de prévenir l’apparition ultérieure des troubles dépressifs (niveau de preuve 2,
grade B)
Les facteurs de risque de dépression dans le cancer
du sein sont essentiellement :
– la douleur (niveau de preuve 2, grade B) ;
Facteurs de risque liés aux traitements
Certains traitements sont associés à un risque de
dépression accru :
– les patientes en cours de traitement par chimiothérapie (vinblastine, procarbazine), immunothérapie
(IFN, IL-2) ou radiothérapie intracérébrale sont plus à
risque de développer un syndrome dépressif [24]
(accord d’experts) ;
– l’utilisation de corticostéroı̈des au long cours est
également un facteur de risque de dépression [12]
(niveau de preuve 2, grade B). Beaucoup d’études
restent contradictoires concernant l’effet dépressogène
du tamoxifène. À ce jour, cela n’est pas démontré dans
l’étude de cohorte rétrospective de Lee et al. [85] (niveau
de preuve 2, grade B). Le type de chirurgie utilisée chez
les patientes qu’il soit radical (mastectomie totale) ou
partiel (tumorectomie) n’est pas prédictif d’une augmentation de survenue d’épisodes dépressifs à 3 et
12 mois en postopératoire (21 % si mastectomie totale
versus 19 %, si mastectomie partielle dans l’étude de
Fallowfield et al. [50,85] (niveau de preuve 2, grade B).
La fin des traitements curatifs ou la fin des traitements et
la période de rémission sont des périodes à risque de
survenue d’épisodes dépressifs chez les patientes
atteintes de cancer du sein (consensus d’experts).
– le jeune âge et un statut marital précaire (seule,
divorcée, séparée, veuve) [niveau de preuve 3, grade C] ;
– l’isolement social (niveau de preuve 4, grade C) ;
– les antécédents psychiatriques de dépression
personnels ou familiaux (niveau de preuve 4, grade C).
Le dépistage et la prise en charge précoces des
facteurs de risque de dépression dans le cancer du
sein peuvent permettre de prévenir l’apparition ultérieure des troubles dépressifs (niveau de preuve 2,
grade B). Cette démarche préventive doit faire partie
de la prise en charge globale (accord d’experts).
La chirurgie radicale mammaire (mastectomie
totale) n’est pas plus un facteur de risque prédictif de
dépression que la chirurgie conservatrice (niveau de
preuve 2 ; grade B).
Les périodes à plus haut risque sont la première
année, après le diagnostic, lors de la rémission, la
récidive, en fin de vie (accord d’experts).
Comment faire le diagnostic de dépression ?
Quels symptômes ?
La prévalence de la dépression est inférieure à celle des
troubles psychopathologiques en général dans le
contexte du cancer, qui selon la définition et la modalité
diagnostique retenues peuvent concerner 25 à 40 % des
femmes atteintes de cancer du sein. L’objectif est ici
d’identifier les éléments clés qui permettent au cancérologue de repérer un trouble psychopathologique de
nature dépressive et d’orienter, le cas échéant, vers le
spécialiste de façon adéquate. Certains symptômes, tels
que les pleurs, sont facilement repérés par les cliniciens
et les équipes soignantes : pour autant, ils ne peuvent et
ne doivent pas être considérés comme des signes
évocateurs de dépression dans la mesure où il s’agit de
symptômes très peu spécifiques (consensus d’experts).
À l’inverse, d’autres symptômes, plus caractéristiques
de dépression, doivent être recherchés activement, car
ils représentent d’excellents signaux d’alerte en faveur
de ce diagnostic. Parmi eux, deux signes sont à retenir
car centraux dans la définition de la dépression,
l’humeur dépressive et la perte d’intérêt et/ou de plaisir
[93] (niveau de preuve 4).
Les signes évocateurs de dépression associent des
symptômes relevant de différents registres :
Humeur
– Humeur dépressive +++ ;
Ces manifestations somatiques accompagnent souvent
les signes psychiques. Elles doivent être différenciées
des symptômes physiques liés à l’affection cancéreuse
ou au traitement comme la fatigue, anorexie et/ou la
perte de poids, les troubles cognitifs ou du sommeil, la
baisse de la libido ; même si cette différenciation est
parfois extrêmement difficile à établir. Une étude
récente menée par Reuter et al. a montré que les
symptômes cognitifs sont moins prévalents chez les
patients atteints de cancer que les symptômes somatiques et émotionnels, et que la perte des intérêts est le
facteur le plus discriminant chez les patients avec ou
sans diagnostic d’un trouble affectif comorbide [126].
De plus, la baisse d’énergie et la fatigue ont montré
aussi une certaine valeur discriminante, en dépit d’un
possible chevauchement avec le cancer et le traitement
du cancer.
La dépression doit représenter un diagnostic d’élimination, ne pouvant être porté qu’après avoir écarté
les différentes causes physiques ou iatrogéniques
pouvant générer des symptômes d’allure dépressive
(exemple : asthénie sous opiacés, anorexie dans le
contexte de cancers digestifs, etc.).
Le diagnostic doit être syndromique et non pas se
limiter à une approche symptomatique pure [34].
– perte de l’intérêt et du plaisir (anhédonie) +++ ;
– sentiments d’impuissance ;
– désespoir ;
– sentiment d’inutilité ;
– culpabilité excessive ou inappropriée ;
– mauvaise estime de soi.
Volonté
– Aboulie avec ralentissement moteur (parfois
agitation) ;
– apathie.
Symptômes cognitifs
– Diminution de la capacité à penser et à se
concentrer ;
– détérioration de la mémoire ;
– pensées récurrentes autour de la mort (idéation
suicidaire).
Symptômes végétatifs et somatiques
– Anorexie et perte de poids (parfois augmentation
de l’appétit et prise de poids) ;
– troubles sexuels (perte de libido) ;
– fatigue et perte d’énergie ;
– troubles du sommeil (insomnie ou hypersomnie) ;
– autres symptômes somatiques (douleurs, troubles gastro-intestinaux, céphalées, tensions musculaires, etc.).
Quel cheminement diagnostique à partir d’un certain
nombre de symptômes « portes d’entrée » ?
Un certain nombre d’états psychopathologiques de
nature dépressive peuvent être observés chez la femme
atteinte de cancer du sein, et il s’agit de différencier la
tristesse « normale » de troubles adaptatifs à prédominance dépressive ou d’un EDM caractérisé.
Le diagnostic d’une maladie somatique grave telle
que le cancer, ainsi que les traitements associés
constituent une source de détresse pour le patient. La
question des pertes multiples qui y sont associées
(perte de l’état de bonne santé, de l’intégrité corporelle,
du statut social) ponctue le parcours de la maladie et
s’accompagne de la survenue fréquente de moments
dépressifs physiologiques. Les modalités adaptatives
du patient sont très diverses et peuvent fluctuer selon le
moment du parcours de soins. Cependant, si la tristesse
et les réactions de chagrin constituent des réactions
normales face aux crises causées par le cancer, telles
qu’elles sont décrites par la majorité des patients, il
importe de faire la distinction entre un état de tristesse
d’allure « normale », et un trouble dépressif caractérisé.
Le degré de sévérité est variable depuis les « troubles
de l’adaptation », jusqu’à des syndromes mixtes, tels
les syndromes anxiodépressifs, ou encore jusqu’à la
dépression majeure, ou « EDM » qui constitue la forme
la plus grave des troubles dépressifs.
Il en résulte que, du fait de la grande variété de ces
manifestations psychopathologiques qui se présentent
sous la forme d’un continuum entre adaptation normale
et trouble psychopathologique structuré, et dans le but
d’identifier correctement les besoins des patients et la
RECOMMANDATIONS / RECOMMENDATIONS
751
752
ONCOLOG IE
nécessité éventuelle d’interventions thérapeutiques, les
professionnels de santé doivent être capables de faire la
part entre des difficultés témoignant d’une adaptation
normale et des troubles dépressifs plus sérieux, qui
relèveront d’une prise en charge spécifique.
Jones a proposé pour modéliser l’installation des
troubles anxieux ou dépressifs ce schéma. Sur celui-ci,
on peut voir comme exemple une séquence type avec le
passage par des formes subsyndromiques [76].
Pour ce faire, et malgré leur caractère imparfait du
fait de l’origine souvent mixte (somatique et psychique)
des symptômes rapportés, on doit se référer aux
définitions données par le manuel de classification des
maladies mentales DSM-IV-R [3] (encart ci-après) ou
encore les critères de la CIM-10 (Classification internationale des maladies mentales) [163], les critères du
DSM-IV apparaissant les plus adéquats et les plus
diffusés. Le diagnostic d’EDM sera porté à partir du
moment où est identifiée la présence d’au moins de cinq
des symptômes mentionnés dans l’encart (encart
ci-après), dont l’humeur dépressive et la perte d’intérêt
ou de plaisir, qui doivent avoir été présents pendant une
même période d’une durée de deux semaines, et avoir
représenté un changement par rapport au fonctionnement antérieur.
– fatigue ou perte d’énergie presque tous les jours ;
– sentiment de dévalorisation ou de culpabilité
excessive ou inappropriée (qui peut être délirante)
presque tous les jours (pas seulement se faire grief ou
se sentir coupable d’être malade) ;
– diminution de l’aptitude à penser ou à se concentrer ou indécision presque tous les jours (signalée par le
sujet ou observée par les autres) ;
– pensées de mort récurrentes (pas seulement une
peur de mourir), idées suicidaires récurrentes sans plan
précis ou tentative de suicide ou plan précis pour se
suicider ;
– les symptômes ne répondent pas aux critères de
l’épisode mixte ;
– les symptômes induisent une souffrance cliniquement significative ou une altération du fonctionnement
social, professionnel ou dans d’autres domaines importants ;
– les symptômes ne sont pas imputables aux effets
physiologiques directs d’une substance (par exemple,
une substance donnant lieu à un abus, un médicament)
ou d’une affection médicale générale (par exemple,
hypothyroı̈die) ;
L’EDM se manifeste avec ou sans caractéristiques
psychotiques, et la présence de caractéristiques psychotiques est un signe de gravité. Le diagnostic d’EDM
doit être différencié d’autres troubles dépressifs qui ne
présentent pas le caractère constitué de l’EDM. Il peut
s’agir de troubles de l’adaptation à tonalité dépressive
ou mixte, anxieuse et dépressive.
– les symptômes ne sont pas mieux expliqués par
un deuil, c’est-à-dire après la mort d’un être cher, les
symptômes persistent pendant plus de deux mois ou
s’accompagnent d’une altération marquée du fonctionnement, de préoccupations morbides de dévalorisation,
d’idées suicidaires, de symptômes psychotiques ou
d’un ralentissement psychomoteur.
Critères DSM-IV-R de l’EDM
Comment différencier en contexte somatique
les symptômes psychologiques
des symptômes somatiques ?
– Au moins cinq des symptômes suivants doivent
avoir été présents pendant une même période d’une
durée de deux semaines et avoir représenté un
changement par rapport au fonctionnement antérieur ;
au moins un des symptômes est soit une humeur
dépressive, soit une perte d’intérêt ou de plaisir.
NB : ne pas inclure de symptômes qui sont manifestement imputables à une affection médicale générale, à
des idées délirantes ou à des hallucinations non
congruentes à l’humeur.
– Humeur dépressive, présente pratiquement toute
la journée presque tous les jours, signalée par le sujet
ou observée par les autres ;
– diminution marquée de l’intérêt ou du plaisir pour
toutes ou presque toutes les activités pratiquement
toute la journée, presque tous les jours (signalé par le
sujet ou observée par les autres) ;
– perte ou gain de poids significatif en l’absence de
régime, ou diminution ou augmentation de l’appétit
presque tous les jours ;
– insomnie ou hypersomnie presque tous les jours ;
– agitation ou ralentissement psychomoteur presque tous les jours (constaté par les autres) ;
Plusieurs approches sont décrites en cancérologie :
– inclusive où tous les symptômes sont pris en
compte qu’ils puissent être attribués ou non au cancer ;
– exclusive où les symptômes somatiques sont
systématiquement exclus des critères diagnostiques ;
– substitutive où ces mêmes symptômes somatiques sont substitués par d’autres symptômes affectifs
[48] ;
– alternative avec modification des critères diagnostiques : les critères usuels sont explicités et d’autres
symptômes affectifs sont proposés.
Dans les approches exclusives et substitutives, on se
centre uniquement sur les items émotionnels et
cognitifs. Ainsi, les éléments suivants doivent être
recherchés et feront l’objet d’une attention particulière :
humeur dépressive, anhédonie (perte d’intérêt, de
plaisir), sentiments d’impuissance et de désespoir
(helplessness–hopelessness), perte de l’estime de soi,
sentiments d’inutilité, d’indignité, de culpabilité, idées
suicidaires [93] (niveau 4b), désir de mort.
Toutefois, en pratique clinique, l’approche inclusive
reste la plus recommandée, pour éviter de sous-estimer
le diagnostic de cancer. Ces éléments seront utiles au
professionnel non expert pour repérer un trouble
dépressif et orienter vers un expert psycho-oncologue.
En revanche, ils ne sont en général pas suffisants pour
prescrire.
Suspecter le diagnostic devant les symptômes suivants :
– anhédonie ;
– sentiment d’impuissance et de désespoir ;
– idées suicidaires ;
– culpabilité ;
– refus ou mauvaise observance au traitement ;
– ou signes plus fréquents et moins spécifiques :
pleurs, irritabilité, trouble du sommeil, fatigue, anorexie.
Prendre en compte les symptômes associés :
– Fatigue, douleur, nausées, bouffées de chaleur.
Une politique de dépistage est-elle utile et laquelle ?
On doit distinguer la notion de dépistage individuel du
dépistage de masse. Le chapitre ci-dessous évoque les
principes d’organisation du dépistage de la dépression
au niveau d’une institution.
Devant la fréquence mais aussi devant l’hétérogénéité des manifestations psychopathologiques observées en cancérologie, une politique de dépistage est
prônée par de très nombreux auteurs. À partir de
l’identification d’un état de détresse, son objectif est de
faire la sélection des patients qui présentent une
détresse significative (repéré en fonction d’un seuil à
l’outil de dépistage utilisé) pour adresser ceux qui
relèvent de l’expertise psycho-oncologique vers les
spécialistes des unités de psycho-oncologie : psychologues, psychiatres ou infirmiers compétents en psychiatrie [138,161].
Un certain nombre d’outils ont été testés en pratique
clinique, avec des résultats indiquant des niveaux
satisfaisants de sensibilité et de spécificité. Aucun outil
de dépistage ne permet de faire le diagnostic positif
d’EDM, qui ne pourra être porté que par l’expert dans le
cadre d’un entretien clinique structuré, de type SCID
(Structured Clinical Interview for DSM Disorders).
Certains outils sont spécifiquement destinés à
évaluer les symptômes dépressifs :
– Brief Symptom Inventory-18 (BSI-18) ;
– Depression Subscale [165] ;
– Zung Depression Inventory [116] ;
– Beck Depression Inventory [88] ;
– CESD Center for Epidemiological Studies in
Depression Scale [159] ;
– Hamilton Rating Scale for Depression.
D’autres sont non spécifiques et évaluent plus
globalement la détresse émotionnelle :
– la HADS (Hospital Anxiety Depression Scale),
échelle d’anxiodépression en milieu hospitalier est la
plus utilisée en cancérologie [20,88,103,113,142]. Elle
est transposable à plusieurs sites tumoraux, facile à
administrer et peut facilement être utilisée en pratique clinique associée au thermomètre de détresse
émotionnelle (distress thermometer), afin d’analyser
plus en détails certains aspects de l’humeur de
patients qui présentent des symptômes de souffrance
psychique [73] ;
– le thermomètre de détresse est une échelle
visuelle analogique permettant d’évaluer l’état de
détresse du patient sur une échelle allant de 0 à 10,
reprenant le principe de dépistage de la douleur
physique en milieu somatique. Adapté en français, le
seuil de 3 a été identifié comme le seuil de détresse
significative permettant le meilleur compromis entre
sensibilité et spécificité [43].
Il existe de nombreuses discussions concernant la
valeur prédictive de ces différents outils, les seuils à
retenir, la manière de les utiliser dans une procédure de
dépistage systématique, le moment, etc. [8,72,161]. Un
certain nombre de travaux ont cherché à identifier la
combinaison d’outils de dépistage la plus favorable [2]
ou encore le meilleur moment pour y recourir [8]. Une
récente étude de Mitchell reprenant 38 études qui ont
utilisé diverses méthodes de dépistage de la détresse
(dont 19 au moyen du thermomètre de détresse),
portant sur près de 6 500 patients, a montré la
fréquence des faux-positifs [99] (niveau de preuve 2).
C’est pourquoi, le recours à un outil d’autoévaluation de
la détresse représenterait avant tout un moyen efficace
d’éliminer les non-cas et de se concentrer sur les
patients présentant une détresse significative. En
revanche, la réalisation de ce dépistage de manière
isolée, sans possibilité d’approfondissement de l’évaluation psychopathologique et selon la clinique, d’orientation en vue d’une prise en charge spécialisée n’est
pas efficace [51].
La littérature récente portant sur l’efficacité de la
démarche de dépistage en oncologie montre que les
outils simples de dépistage ont l’intérêt principal
d’éliminer les non-cas. En pratique, il est recommandé d’organiser dans les lieux de soins cancérologiques des politiques de dépistage en plusieurs
étapes, dont le recours à l’outil de dépistage d’un état
de détresse significatif ne représente que le premier
pas [18,51] (niveau de preuve 4). Le recours à un outil
d’autoévaluation de la détresse, telle l’échelle de
détresse psychologique, adaptation du thermomètre
de détresse des anglo-saxons [43,69] représenterait
un moyen efficace d’éliminer les non-cas et de se
concentrer sur les patients présentant une détresse
significative.
RECOMMANDATIONS / RECOMMENDATIONS
753
754
ONCOLOG IE
Le patient a tendance à minimiser ses symptômes
dépressifs, et le clinicien a tendance à ne pas les
repérer ou à les considérer comme symptômes
anxieux (accord d’experts).
Cela soutient le principe d’une politique de dépistage systématique de la dépression (accord d’experts).
Les modalités du dépistage organisé de la dépression doivent être adaptées aux ressources présentes
dans l’institution (recours à des questionnaires ;
présence de psychiatre et/ou psychologue, psychooncologue).
Un certain nombre d’outils de dépistage de la
dépression sont utilisés en cancérologie et permettent
de repérer les patients : HADS, BDI, DTS, ZUNG.
Ce dépistage devra être complété si besoin par un
entretien spécialisé.
Le traitement des patientes déprimées
atteintes de cancer du sein est-il efficace ?
Dépression et prise en charge globale
Reconnaı̂tre le diagnostic et évaluer l’ensemble
des symptômes
La discussion du diagnostic constitue le premier pan de
la prise en charge de la dépression. Une base
fondamentale du traitement de la dépression est
l’attitude thérapeutique du soignant, permettant au
patient dépressif de mieux comprendre la nature de
ses symptômes. La possibilité de communication et de
rencontrer une résonance chez l’interlocuteur est une
première expérience capitale et bénéfique pour le
dépressif, qui fait souvent déjà l’expérience de l’isolement lié à la honte, à la culpabilité (isolement tant par
rapport aux proches que par rapport au suivi médical)
[102].
La prise en charge de la dépression doit s’intégrer
dans une dimension globale, tant en ce qui concerne
l’état psychologique que l’état somatique associé. Ainsi,
il faut tenir compte des problèmes associés à la
personnalité du patient (comment a-t-il élaboré sa
maladie, comment vit-il avec elle ?), de son contexte
social du moment (sur quelles ressources psychosociales peut-il compter dans sa famille et son milieu
professionnel ?) et de ses comorbidités (douleur,
fatigue, nausées, troubles sexuels) [67]. Les problèmes
doivent être envisagés de la manière la plus ouverte et
objective possible. Il est utile d’explorer systématiquement la survenue et surtout la récurrence d’idées
suicidaires [120].
Il paraı̂t donc indispensable de prendre en charge
l’ensemble des symptômes. On ne peut pas traiter la
dépression chez un patient douloureux non pris en
charge [87]. De plus, il semble que réduire la prise en
charge de la dépression à la prise d’un médicament est
un réel écueil. La dépression s’inscrit dans un processus
évolutif d’adaptation permanente, et la prise en charge
pharmacologique ne représente qu’une partie de la
stratégie biopsychosociale à mettre en place. Il est
nécessaire et bénéfique d’impliquer le patient à tous les
temps de cette prise en charge [141]. Une fois le
diagnostic posé, il est capital de ne pas oublier l’étape
la plus importante : l’information et l’éducation du
patient. Mais l’ensemble de cette information ne va
pas pouvoir être délivré en un temps, un lieu et par une
seule personne. Le plus souvent, ce diagnostic sera
posé par le médecin traitant, l’oncologue référent, et
c’est l’ensemble des intervenants médicaux (dont le
psychiatre de liaison) et paramédicaux (psychologues,
infirmières à domicile, et autres) qui vont se relayer
pour répondre aux interrogations des patients. Comme
pour la douleur, la prise en charge de la dépression, doit
s’inscrire dans un projet de soin global et dans ce
contexte la notion de pluridisciplinarité prend toute sa
dimension [59].
Un dialogue autour des attentes respectives
de la patiente et du médecin
Il est important de ne pas négliger la spécificité de la
pathologie dépressive en cancérologie, ses facteurs de
risque, et l’objectif principal de sa prise en charge qui
est : l’amélioration de la qualité de vie. Avant de décliner
les possibilités thérapeutiques, il semble nécessaire de
préciser les contraintes et attentes du patient et de son
médecin dans la prise en charge de la dépression. La
relation thérapeutique s’initie au cours d’un colloque
singulier, et au cours des différentes rencontres avec le
patient, il est important de garder à l’esprit ses attentes
et de lui expliquer les modalités de la prise en charge.
Par exemple, lors de la mise en place d’un traitement
antidépresseur, l’attente première du patient sera de
pouvoir bénéficier de l’effet antidépresseur, alors que
pour les soignants, ce sera de disposer d’un traitement
présentant le minimum de toxicité.
Mais l’objectif principal de la prise en charge de la
dépression reste, aussi bien pour l’équipe soignante
que pour le patient, l’optimisation du traitement du
cancer.
Du fait de ce décalage entre attentes du patient et
attentes du médecin, il semble fondamental que le
dialogue patient–médecin tienne compte de ces écarts
et permette de les clarifier. La qualité du dialogue à cet
égard sera essentielle pour orienter la patiente si
nécessaire vers un psychologue ou un psychiatre.
Clusters « dépression/autres symptômes »
La grande variabilité clinique possible impose une
évaluation rigoureuse des cibles potentielles du traitement. En effet, les thérapeutiques doivent autant que
possible agir sur l’ensemble des symptômes présentés
par le patient : on traite un patient qui ressent des
symptômes dépressifs dans un contexte spécifique. Le
terme cluster fait référence à la notion d’ensemble, de
paquet, de groupe ou de compartiment. Il correspond
également à un agrégat spatiotemporel de symptômes.
La tendance actuelle consiste à identifier et traiter non
pas chaque symptôme de façon indépendante (exemple : dépression, douleur, fatigue) mais des clusters
type dépression–douleur–fatigue [96] ou dépression–nausées–bouffées de chaleur [64,97] (niveau de
preuve 4, grade C). Il n’existe pas d’étude examinant des
modalités de prise en charge combinée de ces clusters
[55].
Dans ces contextes de comorbidités, une collaboration pluridisciplinaire (collaborative care) permet une
prise en charge plus efficiente de ces symptômes [152]
(niveau de preuve 2, grade B).
Les différentes cibles du traitement peuvent être les
suivantes :
– symptômes dépressifs [51,53] :
La prise en charge de la dépression en cancérologie
peut ainsi faire appel à différents traitements, médicamenteux ou non.
Traitements médicamenteux
– Antidépresseurs : choix en fonction des comorbidités présentes et du profil des effets indésirables ;
– benzodiazépines et apparentés ;
– psychostimulants.
Traitements non médicamenteux
– Éducation/counselling ;
humeur, fonctions cognitives ;
– psychothérapie ;
appétit, sommeil, sexualité.
– soutien ;
– Idées suicidaires [1] ;
– autres symptômes associés : douleur, fatigue,
nausées, syndrome climatérique [77,83,105,116] ;
– qualité de vie ;
– observance : explication du traitement, des effets
indésirables, des adaptations secondaires [28,42] ;
– capacités d’adaptation [119] ;
– partenaire, entourage (avec comportement des
proches oscillant entre le harcèlement impatient et le
ménagement excessif) ;
– système immunitaire et neuroendocrinien [144].
Augmenter la survie ne représente pas une cible de
la prise en charge de la dépression. Déterminer sur quel
cluster de symptômes on cherche à agir permet
d’orienter le traitement, par les choix des différentes
molécules utilisées comme par l’orientation psychothérapeutique ou les prises en charge complémentaires
associées. Aucun algorithme d’aide à la prescription
des oncologues n’a fait ses preuves, mais la personnalisation de la prescription selon le type de symptomatologie présentée par le patient est apparue possible
[116]. Dans tous les cas, une bonne collaboration
oncologue–psychiatre–psychologue doit être structurée dans cette double prise en compte des difficultés
diagnostiques et du caractère bénéfique d’une association psychothérapie–traitement pharmacologique. Une
des spécificités de la dépression en oncologie est la
grande fréquence des comorbidités, et il est, de ce fait,
important de garder à l’esprit lors du choix de l’antidépresseur, que l’objectif est de traiter un patient et non
un symptôme. Cette possibilité d’utiliser un antidépresseur pour agir sur un cluster de symptômes ne doit pas
conduire à la prescription d’antidépresseurs pour
d’autres symptômes (excepté la douleur neuropathique) comme la fatigue, les difficultés d’adaptation.
En effet, une étude conduite par Stockler et al. avait
montré l’inefficacité de tels traitements en l’absence
d’un état dépressif majeur [150].
– psychodynamique ;
– cognitivocomportementale ;
– électroconvulsivothérapie/stimulation magnétique transcrânienne répétée : à réserver aux formes
résistantes et aux contre-indications absolues des
autres traitements.
Il est également important de donner des recommandations d’hygiène de vie ; en effet, une consommation
régulière et importante d’alcool est un facteur de risque
de la dépression, ainsi que l’absence d’activité physique
régulière. N’oublions pas la place de la prévention qui
doit s’inscrire elle aussi dans la prise en charge de la
pathologie cancéreuse.
Il est nécessaire et bénéfique d’impliquer le patient à
tous les temps de la prise en charge de la dépression
[141] (niveau de preuve 4, grade C).
Une base fondamentale du traitement de la
dépression est l’attitude thérapeutique du soignant,
permettant au patient dépressif de mieux comprendre
la nature de ses symptômes (accord d’experts).
Il est nécessaire d’explorer systématiquement les
symptômes associés et en particulier la douleur.
La prise en charge de la dépression doit s’inscrire
dans un projet de soin global, et dans ce contexte la
notion de pluridisciplinarité prend toute sa dimension
[59] (accord d’experts).
Efficacité des traitements médicamenteux
Les recommandations suivantes s’appliquent au traitement des EDM constitués. Ils ne concernent ni les
troubles bipolaires, ni la dysthymie, ni les simples
épisodes de tristesse passagère dont l’intensité ne suffit
pas à porter le diagnostic d’EDM.
Par ailleurs, le paragraphe suivant portant sur les
traitements médicamenteux concerne uniquement les
traitements antidépresseurs et psychostimulants.
RECOMMANDATIONS / RECOMMENDATIONS
755
756
ONCOLOG IE
Quelle efficacité sur les symptômes dépressifs ?
La prescription d’antidépresseurs est courante en
cancérologie, notamment en ce qui concerne la classe
des inhibiteurs de la recapture de la sérotonine.
L’efficacité de ces molécules pour le traitement des
épisodes dépressifs majeurs peut être considérée
comme établie [46], même si une polémique récente
autour des essais négatifs non publiés a insisté sur
l’importance de l’effet placebo dans le traitement de ces
affections, et l’importance de réaliser les études chez des
patients dont le diagnostic d’épisode dépressif est avéré.
Le rationnel scientifique spécifique à l’oncologie en
est cependant faible. En 2004, la revue de Fisch
dénombrait depuis le début des années 1970 seulement
14 études de traitement de la dépression impliquant
1 541 patients, ce qui revient dans l’ensemble à de petits
effectifs et des puissances statistiques faibles [53].
Aujourd’hui, on relève en cancérologie 20 études,
mais aucune n’a atteint un meilleur niveau de preuve,
et peu concernent des patients réellement déprimés, ce
qui limite les conclusions que l’on peut en tirer [51].
Cinq études randomisées seulement concernent des
patients réellement déprimés : trois contre placebo
[31,107,158] et deux comparant deux antidépresseurs
entre eux [70, 117]. Deux de ces études concernaient
des patientes atteintes de cancer du sein. Dans la
première étude [158], l’efficacité de la mianserine était
évaluée chez 55 patientes atteintes de cancer du sein et
présentant un niveau de symptômes dépressifs pathologiques à l’échelle HDRS. L’efficacité, évaluée en
nombre de répondeurs sur cette échelle non spécifique
des patients atteints de maladie somatique, était
supérieure dans le groupe traité par comparaison au
groupe placebo mais de façon faiblement significative
(niveau de preuve 2, grade B). Dans la seconde [107]
aucune différence significative n’a été mise en évidence
entre les groupes traités par desipramine, paroxetine ou
placebo ; mais cette étude a fait l’objet de nombre de
critiques méthodologiques (taux de sortie d’étude
majeur, évaluation par voie postale, etc.) (niveau de
preuve 4).
La majorité des études évaluent l’impact des antidépresseurs sur une symptomatologie physique ou
psychologique plus large, ce qui reflète en partie la
difficulté à faire le diagnostic de la dépression en
cancérologie et le poids des symptômes physiques de
celle-ci. Ainsi, six études ont été réalisées chez des
patients sélectionnés sur un niveau de détresse significatif [54,104,121] ; ou un autre symptôme (fatigue)
[54,104], ou symptomatologie globale [150]. Les résultats de ces études, s’ils restent limités en termes de
puissance statistique, confortent globalement l’efficacité antidépressive des molécules étudiées en mettant
en évidence une amélioration des scores des échelles
de dépression ou de qualité de vie significativement
plus importante dans le groupe traité que dans le
groupe placebo (niveau de preuve 2, grade B). Aucune
de ces études ne concerne cependant spécifiquement
les patientes atteintes de cancer du sein.
Cinq études ouvertes confortent cette idée de
l’impact potentiel sur d’autres symptômes que les
symptômes émotionnels. Ces études concernent soit
des patients réellement déprimés [63] (reboxetine), soit
des patients ayant une symptomatologie émotionnelle
mixte anxieuse et dépressive Theobald et al. [155]
(mianserin) ; Theobald et al. [156] (citalopram) ; Torta et
al. [157] (sertraline) ; Moss et al. [105] (bupropion) et ont
montré selon les molécules un effet sur la dépression,
mais également sur le sommeil, l’anxiété, la douleur, les
nausées (niveau de preuve 3, grade C).
Enfin, trois études ont été réalisées selon un modèle
préventif, dont une étude chez des patients recevant de
l’interféron, connu pour ses effets dépressogènes [106].
L’une des deux autres concerne des patientes sous
chimiothérapie atteintes de cancer du sein et traitées
systématiquement par paroxetine [130]. Cette étude
monocentrique a évalué l’impact de cette prescription
sur les symptômes dépressifs et la fatigue et montre
une amélioration significative du score de symptômes
dépressifs à la CES-D significativement supérieure au
placebo, mais n’a pas permis de mettre en évidence de
modification significative de la fatigue (niveau de
preuve 2, grade B).
Les traitements antidépresseurs sont potentiellement
efficaces en cancérologie (niveau de preuve 2, grade B).
La réponse symptomatique peut être évaluée sur
d’autres paramètres que les symptômes dépressifs.
Les antidépresseurs doivent être prescrits après
une démarche d’identification soigneuse de la symptomatologie dépressive.
Une administration préventive des antidépresseurs n’est pas plus justifiée en cancérologie qu’en
pratique courante ; l’existence de facteurs prédictifs
doit inciter par contre à une surveillance renforcée
(accord d’experts).
Iln’existepas nonplusd’élémentdepreuveenfaveur
d’une prescription devant un seul symptôme somatique
comme la fatigue (niveau de preuve 2, grade B).
D’autres études sont nécessaires pour arriver à un
niveau de preuve suffisant et devront concerner de plus
grands groupes, avec une évaluation large de la
symptomatologie évaluant les symptômes psychologiques, mais aussi fonctionnels et l’état cognitif. Une
évaluation d’impact pourrait également inclure l’état
des proches et l’adhésion aux traitements du cancer
[51]. La meilleure compréhension du rationnel de la
pathogenèse de la dépression en cancérologie imposerait également d’assortir ce type d’études d’une évaluation de la fonction immunitaire.
Tolérance et risques des traitements antidépresseurs en
cancérologie
Taux d’arrêt
Lorsque les études publiées rapportent le suivi des
effets indésirables des traitements, en particulier dans
les études versus placebo, ces taux restent identiques
statistiquement des effets indésirables sous placebo
[158]. Les taux d’arrêt dans les études en insu sont le
plus souvent entre 15 et 30 %, et supérieurs dans le
groupe placebo (arrêt pour inefficacité) (niveau de
preuve 2, grade B).
Effets indésirables
La tolérance des antidépresseurs est variable selon les
molécules considérées. Celle des antidépresseurs tricycliques est souvent médiocre, avec des effets indésirables qui en ont limité peu à peu la prescription
notamment chez ces patients (hypotension orthostatique, prise de poids, sédation, troubles du rythme
cardiaque, confusion, épilepsie, surdosages potentiellement mortels). La toxicité des inhibiteurs de la
recapture de la sérotonine est plus banale et souvent
limitée à des troubles spontanément résolutifs (céphalées, troubles gastro-intestinaux, troubles sexuels, etc.).
Une augmentation de l’anxiété est également possible
avec toutes les molécules. Des élévations tensionnelles
ont été signalées avec la venlafaxine et la duloxetine. La
mirtazapine et la mianserine sont fréquemment responsables de prise de poids et de somnolence, ces deux
effets pouvant être mal acceptés par des patientes en fin
de traitement déjà exposées à une prise de poids par
d’autres mécanismes (accord d’experts).
Syndrome sérotoninergique
Le risque de syndrome sérotoninergique est également
fréquemment cité. Il s’agit d’une stimulation sérotoninergique excessive qui se traduit par une incapacité à
rester en repos, une hyperréflexie, des tremblements,
des myoclonies, un dysfonctionnement du système
nerveux autonome, et à l’extrême des crises comitiales,
coma, décès. Ces effets sont non liés à un effet
idiopathique, mais à une interaction entre molécules
de même mécanisme, ou à un surdosage [13]. Il est
extrêmement difficile d’en préciser la fréquence, les
formes mineures n’étant probablement ni reconnues ni
encore moins signalées [13].
Risque suicidaire sous antidépresseurs
Ce risque est difficile à évaluer puisque l’existence
d’idées suicidaires fait partie des symptômes dépressifs, et donc des raisons pour lesquelles est prescrit un
traitement dont l’efficacité est par ailleurs retardée d’au
moins plusieurs jours. La revue de Möller [100] conclut à
un risque mineur, qui diminue de plus au-delà de l’âge
de 30 ans (niveau de preuve 2, grade B). En pratique, il
n’existe pas de limitation de prescription chez les
patients présentant des idées suicidaires ; mais ceux-ci
doivent toujours faire l’objet d’une attention renforcée,
notamment durant les premiers jours du traitement. Les
prescriptions médicamenteuses doivent le cas échéant
être de courte durée, et fréquemment réévaluées. Le
risque de passage à l’acte suicidaire (cf. infra) est l’un
des motifs principaux d’hospitalisation des patients
déprimés, quelle que soit leur prise en charge médicamenteuse. En tout état de cause, on préférera une
molécule peu stimulante (IRS pur) que l’on ne prescrira
que pour une durée brève (une semaine).
Cancérogenèse
Plusieurs études ont été consacrées à une hypothétique
cancérogenèse induite par les antidépresseurs soit en
cancérologie générale par un effet génotoxique [153],
soit en cancérologie du sein par un effet stimulant de
ces molécules sur la sécrétion de prolactine [22,29,57].
La revue de littérature de Coogan [30] inclut 12 études
cas-témoins et six études de cohortes et associe divers
types de recueil d’information (entretiens auprès des
patients et bases de données médicales). Elle conclut à
l’absence de lien épidémiologique entre prescription
d’antidépresseurs tant de type SSRI que tricycliques et
induction de cancers, les doutes sur certains sous-types
de médicaments ou certains sous-groupes de patientes
n’ayant pas été répliqués sur les plus grandes études
(niveau de preuve 2). Une vigilance est cependant
suggérée lors de l’utilisation prolongée (plus de dix ans)
de SSRI, le recul de mise sur le marché n’ayant pas
encore permis d’étudier ce risque au long cours (niveau
de preuve 1, grade A).
Réalisation de la prescription initiale
Il n’est pas indispensable que la prescription initiale soit
réalisée par un psychiatre, notamment, si on tient
compte de l’absence de psychiatres en nombre suffisant pour assurer la prise en charge de l’ensemble des
patients déprimés, et des réticences de certains d’entre
eux à consulter un spécialiste de santé mentale (accord
d’experts). Certains auteurs considèrent que cette
prescription initiale par un psychiatre serait néanmoins
utile pour améliorer le diagnostic et inscrire la prescription dans une alliance thérapeutique éventuellement
assortie d’une mobilisation psychothérapeutique plutôt
que l’ajout d’une simple prescription acceptée sur un
mode passif [114]. On peut également recommander,
s’il est possible, l’avis psychiatrique d’emblée pour les
patients présentant une schizophrénie, un trouble uniou bipolaire de l’humeur (maladie maniacodépressive),
un trouble grave de la personnalité, des idées suicidaires (accord d’experts).
Comment accompagner le traitement ?
L’information sur le diagnostic de dépression, la nature
du médicament antidépresseur prescrit, la survenue de
possibles effets indésirables est capitale afin d’éviter un
arrêt prématuré ou une mauvaise observance. On
préviendra également le patient du délai d’action sur
l’humeur dépressive de 15 jours à trois semaines, mais
de l’effet anxiolytique et favorable sur le sommeil
susceptible de survenir dès les premiers jours. Enfin,
on l’informera de la durée minimale du traitement de six
mois (accord d’experts).
La précocité de l’effet anxiolytique et hypnotique des
IRS survient suffisamment rapidement pour qu’une
RECOMMANDATIONS / RECOMMENDATIONS
757
ONCOLOG IE
758
prescription associée d’anxiolytique ou d’hypnotique
ne soit pas systématique (le cas échéant, il faudra la
limiter aux premiers jours de traitement si nécessaire)
[accord d’experts]. Il est important que le patient soit
revu entre une et deux semaines après cette première
consultation, pour s’assurer de la bonne tolérance et de
la bonne observance.
En cas de non-efficacité après trois semaines de
traitement à dose thérapeutique :
– s’assurer de la bonne observance du traitement ;
– majorer la posologie de l’antidépresseur en
s’assurant de la bonne tolérance et de l’absence d’effets
indésirables ;
– si après deux à trois semaines supplémentaires le
traitement demeure inefficace changer de classe
(accord d’experts).
L’arrêt du traitement sera décidé en accord avec le
patient après une durée minimale de six mois, si on
peut considérer la rémission psychologique comme
complète et si possible à l’écart d’une période de stress
majeur. La simple persistance d’une tristesse adaptée
dans une situation de difficultés médicales stables ne
doit pas faire prolonger indéfiniment un traitement, qui
a pour but de traiter la dépression et non d’empêcher
une réaction émotionnelle simple.
L’arrêt sera progressif sur quelques jours pour éviter
les syndromes de sevrage possibles, qui surviennent
immédiatement à l’arrêt et ne doivent pas être confondus avec une rechute dépressive, de survenue plus
tardive (plutôt quelques semaines ou quelques mois).
[70, 107,117] (niveau de preuve 4, grade C). En première
intention, il n’y a pas lieu d’associer deux antidépresseurs.
Le choix d’un antidépresseur est conditionné par
des facteurs individuels et liés au patient : les effets
indésirables du médicament, la tolérance (qui inclut
les effets indésirables potentiels avec d’autres
médicaments reçus ou prévisibles), la réponse à un
traitement antérieur, et les préférences du patient
[128].
On peut proposer les repères suivants (d’après Vidal
2007).
Insuffisance rénale ou hépatique
On considère qu’il n’y a pas de contre-indication aux
antidépresseurs en cas d’insuffisance rénale ou hépatique modérée, mais qu’un début de traitement à demidose est recommandé. En cas d’insuffisance hépatique
sévère, la prescription de tianeptine (stablon) et d’ixel
(minalcipran) reste possible.
Risque cardiaque
Les tricycliques sont à éviter, qui peuvent donner des
troubles de la conduction. S’ils sont indispensables,
l’avis spécialisé et l’ECG sont nécessaires. En cas de
trouble cardiaque sévère, on choisira de préférence la
mianserine. Les inhibiteurs de la recapture de la
sérotonine sont également utilisables, sachant que de
rares modifications du rythme cardiaque ont été
décrites avec ces derniers mais sans trouble de la
conduction.
Quand proposer une hospitalisation ?
Celle-ci peut être justifiée dans les situations suivantes
(accord d’experts) :
– risque suicidaire ;
– refus de soins, si s’installe une dépression sévère
de type mélancolique, éventuellement délirante ;
Adénome prostatique
Les tricycliques sont contre-indiqués. Le minalcipran
et la mirtazapine doivent être utilisés avec prudence.
Les inhibiteurs de la recapture de la sérotonine sont
autorisés, mais des troubles de la miction ont été
signalés.
– agitation ou anxiété extrême ;
– trouble psychotique.
L’hospitalisation est d’autant plus nécessaire qu’il
existe une carence de soins et de surveillance extrahospitalière (isolement ou indifférence sociale et
familiale). En attendant l’évaluation psychiatrique, on
organisera une surveillance renforcée du patient en
informant, autant que la déontologie le permet, la
famille. Une présence renforcée auprès du patient est
en effet un élément important de prévention du risque
de passage à l’acte.
Glaucome à angle fermé
Les tricycliques sont contre-indiqués. Éviter certains
inhibiteurs de la recapture de la sérotonine comme la
paroxetine, la venlafaxine, le Cymbalta qui peuvent
majorer les troubles. Prescription sans danger de
mianserine.
Hyponatrémie (patient dénutri, hypovolémique, etc.)
Si celle-ci n’est pas possible, une hospitalisation
sous contrainte peut être justifiée.
On sera très vigilant en cas de prescription d’inhibiteurs
de la recapture de la sérotonine, sachant que la
fréquence des hyponatrémies augmente avec l’âge du
patient et les coprescriptions médicamenteuses.
Quel produit choisir ?
Risque hémorragique
Il n’existe pas d’élément en faveur de la supériorité
d’efficacité d’un antidépresseur par rapport à un autre
Indépendamment des problèmes d’interactions médicamenteuses entre certains antidépresseurs et les
anticoagulants oraux, des syndromes hémorragiques
ont été décrits sous inhibiteurs de la recapture de la
sérotonine. Le plus souvent banaux (ecchymoses), ils
peuvent être sévères. Leur mécanisme est mal connu et
intéresserait la voie plaquettaire. Ils peuvent donc se
voir en l’absence d’anomalies des paramètres biologiques de la coagulation.
Comitialité (épilepsie connue, métastases cérébrales, sans
traitement anticomitial)
Aujourd’hui, l’antidépresseur de première intention en
cancérologie est un ISRS (inhibiteur spécifique de la
recapture de la sérotonine) [accord d’experts].
S’ils sont correctement prescrits, les antidépresseurs en cancérologie sont bien tolérés (accord
d’experts).
Les antidépresseurs n’augmentent pas le risque de
cancer du sein (niveau de preuve A, grade 1).
Le choix de la molécule se base sur la prise en
compte du profil d’action et de tolérance (effets
indésirables) [accord d’experts].
L’abaissement du seuil épileptogène est décrit avec
l’ensemble des antidépresseurs, sauf la tianeptine, que
l’on choisira en première intention dans ce cas.
Cependant, ce risque est peu important cliniquement,
surtout si le patient est sous traitement anticomitial (se
méfier dans ce cas des interactions éventuelles, cf.
infra).
Ce choix intègre également le risque d’interactions
médicamenteuses en fonction des traitements associés et des comorbidités : risque cardiaque, hyponatrémie, anticoagulants, comitialité, glaucome, etc.
(accord d’experts).
Syndrome parkinsonien
Afssaps 2008 : pas de prescription de fluoxetine ou
paroxetine si tamoxifène.
L’aggravation d’un syndrome parkinsonien préexistant
est possible avec tous les inhibiteurs de la recapture de
la sérotonine (surtout avec la paroxetine), même s’il
s’agit d’un effet rare. L’apparition de symptômes
extrapyramidaux est également possible, même en
l’absence de pathologie antérieure.
Troubles du sommeil importants
Préférer un produit sédatif : mianserine, mirtazapine.
Risque de prise de poids (possible avec tous les
antidépresseurs)
Préférer la fluoxétine.
Difficultés avec la voie orale
Certains produits existent sous forme buvable (ex. :
paroxetine, fluoxétine, citalopram) ou intraveineuse
(certains tricycliques, citalopram).
Risques d’interactions médicamenteuses
Les inhibiteurs de la recapture de la sérotonine sont des
substrats du Cyt p450 et peuvent s’accumuler chez les
métaboliseurs lents ou en cas d’inhibition de celui-ci.
Les IRS sont aussi des inhibiteurs du Cytp 450, de façon
variable suivant les molécules (sur des isoenzymes
différents). Le risque d’interaction est donc présent. Il
est dû autant à l’accumulation du substrat qu’à son
inefficacité s’il est sous forme de prodrogue inactive.
L’important est de connaı̂tre la possibilité d’interaction
et d’être vigilant. Chez les patientes atteintes de cancer
du sein, une interaction doit être connue : celle existant
entre le tamoxifène et les molécules potentiellement
inhibitrices du CYP2D6. En raison d’un risque de
diminution des taux de tamoxifène et de son métabolite
l’endotoxifene, la paroxétine et la fluoxetine sont ainsi
contre-indiquées (recommandations de l’Afssaps 2008).
L’hospitalisation peut se discuter, en cas de
vulnérabilité somatique ou de risque suicidaire essentiellement, ou encore si la dépression comporte des
caractéristiques psychotiques (accord d’experts).
Cas particulier : utilisation des psychostimulants
amphétaminiques
L’utilisation des psychostimulants comme antidépresseur reste controversée [82,135]. Pourtant, certains
auteurs [7] (niveau de preuve 3, grade C) suggèrent
que les patients âgés apathiques présentant un état de
retrait et les sujets souffrant de dépression secondaire à
une maladie organique représentent deux indications
privilégiées pour une prescription d’amphétamines
(niveau de preuve 3, grade C). Les psychostimulants
de type amphétamine, représentés par le méthylphénidate, pourraient ainsi représenter une alternative à la
prescription des antidépresseurs soit de manière isolée,
soit en association pour le traitement des troubles de
l’humeur des patients présentant une affection organique en général et néoplasique à un stade évolué en
particulier [71,132] (niveau de preuve 3, grade C), [143]
(niveau de preuve 2, grade B). Leur délai d’action rapide
(estimé entre 24 à 72 heures) et leur faible fréquence de
survenue d’effets indésirables liée à leur prescription
représentent des propriétés intéressantes dans la prise
en charge pharmacologique des troubles de l’humeur
des patients cancéreux, notamment par rapport au délai
d’action classique de deux à trois semaines des
antidépresseurs tricycliques ou sérotoninergiques. Les
posologies usuelles sont comprises entre 10 à 20 mg/j
en débutant par de faibles posologies comprises entre
5 à 10 mg/j à huit heures du matin, puis en répartissant
les doses le matin et le midi.
Dans le domaine de la cancérologie, des études
pilotes quoique portant sur de petits échantillons et quelques études randomisées concernant l’utilisation plus
particulièrement du méthylphénidate [71] (niveau de
preuve 2, grade B), [111] (niveau de preuve 4, grade C),
RECOMMANDATIONS / RECOMMENDATIONS
759
ONCOLOG IE
760
commencent à apporter la preuve de son innocuité, de
son intérêt et de son efficacité chez les patients atteints
de cancer [143] (niveau de preuve 2, grade B), en
particulier sur les symptômes associés tels que la fatigue
[65] (niveau de preuve 2, grade B). Le méthylphénidate
pourrait aussi être utilisé dans les dépressions observées dans les phases terminales de la maladie cancéreuse [90] (niveau de preuve 4, grade C). Cet auteur
obtient une réponse thérapeutique, au sein de son
échantillon de 26 patients, dans 46 % des cas, avec une
réponse significative dans 7 % des cas parmi ceux qui
décèdent dans les six semaines suivant l’introduction de
ce traitement (niveau de preuve 4, grade C).
Ainsi, les amphétamines apparaissent être un
traitement de seconde intention dans la prise en charge
pharmacologique des troubles de l’humeur au sein de
cette population. Ces molécules pourraient constituer
une alternative en cas de résistance ou d’intolérance au
traitement antidépresseur classique (tricyclique et/ou
SSRI) [125]. Pour certains auteurs [92], plus de 80 % des
patients dépressifs ayant un cancer répondraient
favorablement au méthylphénidate avec moins de
20 % de survenue d’effets indésirables (niveau de
preuve 2, grade B).
Le méthylphénidate s’avère également une stratégie
pharmacologique de recours chez un patient partiellement répondeur à un seul antidépresseur. En effet,
l’adjonction du méthylphénidate à un antidépresseur
déjà introduit, va potentialiser et booster l’effet antidépressif de l’antidépresseur comme les ISRS [151]
(niveau de preuve 4, grade C). L’association méthylphénidate/antidépresseur a été utilisée avec succès en
couplant au méthylphénidate, un ISRS [151] (niveau de
preuve 4, grade C). Les amphétamines et leurs dérivés
inhibent le métabolisme hépatique des antidépresseurs
tricycliques en agissant au niveau de l’hydroxylation
des microsomes hépatiques. Cela a pour conséquence
d’augmenter les taux plasmatiques de l’antidépresseur
et parfois de potentialiser son activité. Il importe donc
d’ajuster les doses de l’antidépresseur tricyclique et
d’utiliser le plus souvent de faibles doses (25 à 50 mg
par jour). Une étude rapporte l’utilisation de cette
association chez dix personnes âgées (cinq hommes,
cinq femmes) présentant un état dépressif majeur
résistant aux tricycliques seuls. Sept d’entre eux ont
vu leur état thymique s’améliorer significativement
[108] (niveau de preuve 4, grade C). Certains auteurs
[115] (accord d’experts) recommandent d’ajouter un
tricyclique quelques jours après le début d’un traitement par amphétamines dans le contexte de douleurs
cancéreuses associées à une dépression. Cela permettrait de prolonger et de potentialiser l’efficacité du
psychostimulant. L’utilisation en première intention des
antidépresseurs ISRS ayant supplanté les tricycliques,
une étude récente en double insu confirme l’action
potentialisatrice du méthylphénidate sur la réponse
antidépressive d’un sérotoninergique tel que le citalopram, plus particulièrement chez les personnes âgées
présentant souvent une résistance au seul traitement
antidépresseur [84] (niveau de preuve 2, grade B).
Mentionnons un autre psychostimulant non amphétaminique, le modafinil, utilisé dans certaines maladies
neurologiques telles que la narcolepsie qui pourrait à
l’avenir « concurrencer » le méthylphénidate avec des
indications similaires de prescription pour une meilleure tolérance. Des études randomisées doivent
encore être réalisées pour valider son utilisation.
In fine, au regard des échantillons de faible amplitude, il est, à l’heure actuelle, encore difficile de tirer des
conclusions définitives sur l’intérêt de l’utilisation du
méthylphénidate. Tout au plus, les études tendraient à
montrer le bien-fondé de leur prescription pour gérer
certains symptômes comme la fatigue, la somnolence
induite par les opiacés, l’humeur dépressive, et ce, dans
certaines situations spécifiques telles que les cancers en
phase avancée ou en phase terminale. Leur possible
impact sur l’amélioration de la qualité de vie de ces
patients pourrait augmenter l’arsenal thérapeutique de
la médecine palliative [90].
En France, ces molécules restent cependant d’utilisation complexe avec une délivrance très réglementée
(prescription initiale par un psychiatre ou un neurologue), car en 2009, elles n’ont toujours pas reçu l’AMM
pour être prescrites comme antidépresseur.
La prescription de psychostimulants (méthylphénidate, modafinil) reste aujourd’hui hors AMM dans la
dépression, et doit être assumée par un spécialiste.
Les psychostimulants seraient un traitement de
seconde intention dans la prise en charge pharmacologique des troubles de l’humeur chez les patientes
atteintes d’un cancer du sein (niveau de preuve 2,
grade B).
Les amphétamines telles que le méthylphénidate
représentent un traitement de recours dans la prise en
charge pharmacologique des troubles de l’humeur
chez les patientes atteints de cancer en phase avancée,
surtout si la fatigue y est associée (niveau de preuve 2,
grade B).
Ces molécules peuvent constituer une alternative à
l’emploi des antidépresseurs pour traiter la dépression
en phase terminale (niveau de preuve 4, grade C).
Psychothérapies
Une évaluation difficile
En psycho-oncologie et en pathologie mammaire, tout
comme en psychiatrie et en psychologie médicale, la
question de l’évaluation des psychothérapies et des
interventions psychosociales reste un sujet délicat. La
disparité des entités diagnostiques étudiées, des approches et des objectifs thérapeutiques, la formation et
l’expérience des thérapeutes et la multiplicité des
échelles d’évaluation, ainsi que la diversité des
moments étudiés au fil du parcours de soins, complexifient l’analyse et relativisent des résultats [11,81,149].
Rares sont les essais cliniques randomisés bien
conduits et reproductibles.
L’évaluation des prises en charge psychothérapeutiques dépend par ailleurs de la pathologie présentée
par les patients traités (détresse émotionnelle, symptômes ou syndromes dépressifs, anxieux ou mixtes, etc.).
La prise en charge des épisodes dépressifs majeurs par
la seule psychothérapie n’étant pas recommandée,
aucun essai publié chez des patientes atteintes de
cancer du sein ne concerne spécifiquement des patientes présentant un EDM. Les résultats ci-après, études ou
méta-analyses, impliquent des patientes prises en
charge pour des états psychologiques très divers, allant
de la proposition systématique à la sélection sur un
niveau de détresse émotionnelle élevé. Les revues de
littérature concluent donc prudemment sur les effets
des interventions psychosociales, en termes d’ajustement émotionnel, de peur et d’anxiété, de dépression,
de déni ou de répression des affects, etc. [11,131].
Si le bilan de ces études est globalement positif
[6,33,74,91,112], il est cependant pondéré par l’analyse
de différents problèmes méthodologiques qui en
amenuisent les conclusions : fréquence des petits
échantillons ; absence d’informations sur le contenu
précis des thérapies ou sur la formation du thérapeute ;
absence de description des procédures d’échantillonnage, recours à des outils d’évaluation standardisés et
spécifiques de la dépression dans le contexte du cancer.
De nombreuses pistes sont proposées en vue d’améliorer la qualité des études dans ce domaine de
recherche [74,75].
Approches psychothérapiques individuelles
pour des patientes atteintes d’un cancer du sein
L’évaluation des thérapies individuelles est, d’une
manière générale, rarement réalisée, tant il est vrai
que les items pertinents sont difficiles à sélectionner,
rendant la méthodologie trop hasardeuse. L’acte psychothérapique reste singulier, difficilement reproductible à l’identique, de par la formation et l’expérience du
thérapeute, d’une part, l’alliance thérapeutique (transfert), qui s’établit avec le patient d’autre part.
Les seules études que l’on pourrait signaler concernent des thérapies cognitivocomportementales : cellesci sont plus facilement reproductibles, car elles reposent
sur des techniques standardisées , directement applicables et évaluables avec des outils simples et validés
[72,112].
Trois méta-analyses ont été consacrées à l’évaluation de l’efficacité des thérapies cognitivocomportementales dans le traitement des symptômes dépressifs,
chez des femmes atteintes de cancer du sein :
– celles de Meyer et Mark [95] et Devine et Westlake
[41] (niveau de preuve 2) ;
– celle de Savard et al., ciblée sur des femmes
atteintes d’un cancer du sein métastasé (trois sessions
de thérapie cogniticocomportementale administrée à
trois semaines d’intervalle suivant la fin du traitement
[136] (niveau 3).
D’autres méta-analyses se sont focalisées sur
d’autres objectifs que la dépression :
– celle de Rehse et al. en 2003, menée sur 37 études
contrôlées, montre l’amélioration de la qualité de vie de
patients atteints de cancer, suite à leur participation à
une prise en charge thérapeutique de type cognitivocomportementale [124]. Fait intéressant, c’est la durée
de cette thérapie (supérieure à 12 semaines) qui
apparaı̂t avoir été la variable modératrice la plus
importante ;
– la méta-analyse de Tatrow et al., en 2006, évalue la
détresse et la douleur chez des femmes atteintes d’un
cancer du sein et traitées par des techniques de
thérapies cognitivocomportementales [154]. Les principaux résultats mentionnent que 62 à 69 % des patients
atteintes ayant suivi, en groupe, des techniques de TCC
auraient moins de détresse et moins de douleur que
celles des groupes témoins ; que les techniques
individuelles seraient plus efficaces que celles de
groupe pour la détresse mais pas pour la douleur et
que, enfin, la gravité du cancer n’influencerait pas les
résultats (niveau de preuve 2).
Soulignons le fait que ces travaux sont majoritairement le reflet de l’expérience des pays anglo-saxons,
telle la méta-analyse de Meyer qui recense 45 études
randomisées dont seules deux ont été menées en
Europe. L’efficacité des interventions de groupe en
culture française reste donc incertaine. En France par
ailleurs, les thérapies cognitivocomportementales
sont bien moins développées que dans les pays
anglo-saxons ; les psychothérapeutes, notamment en
psycho-oncologie, se réfèrent plus fréquemment à une
approche plus psychodynamique, phénoménologique
et/ou psychanalytique beaucoup moins facilement
quantifiable, mais pas forcément moins efficace.
Approches psychothérapiques groupales
pour des patientes atteintes d’un cancer du sein
L’intérêt majeur des groupes de malades réside dans la
facilitation à établir des liens, pour rompre l’isolement et
échanger des informations et des expériences. Le cadre
et le fonctionnement des groupes psychothérapeutiques sont très variables :
– leurs objectifs principaux peuvent différer : évaluation de la survie, de la qualité de vie ; diminution de
la détresse émotionnelle ;
– leurs références théoriques sont diverses : thérapies comportementales ou cognitives ; approche existentielle et phénoménologique, psychanalyse ;
– l’évaluation des groupes psychothérapiques est
donc, comme celle des prises en charge individuelles,
liée au type de technique utilisé ; elle dépend par
ailleurs de la psychopathologie présentée par les
patients traités (détresse émotionnelle, symptômes ou
syndromes dépressifs, etc.) ainsi que des cibles choisies
pour l’évaluation (paramètres psychologiques ou
médicaux).
RECOMMANDATIONS / RECOMMENDATIONS
761
762
ONCOLOG IE
Un impact sur la survie ?
À la fin des années 1980, une étude randomisée [145]
avait montré un doublement de la survie (36,6 mois/
18,9 mois) chez des femmes atteintes d’un cancer du
sein métastatique ayant participé, pendant un an, à un
groupe hebdomadaire de type existentiel, soutien et
expression des émotions. Ces résultats avaient eu un
grand retentissement, malgré des biais méthodologiques soulignés plus tard [56], notamment au niveau du
bras contrôle et du suivi des abandons. Cunningham et
al. [35] avaient ensuite alimenté la controverse avec les
résultats d’un essai randomisé, qui ne confirmaient pas
ceux de Spiegel et al. Par la suite, trois réplications
rigoureuses de l’étude de Spiegel et al. menées au
Canada par Goodwin et al. [60], en Australie, par
Kissane et al. [81] et aux États-Unis par Spiegel et al.
[147] n’ont pas confirmé cette espérance en termes de
survie, amenant chacune de ces études à se recentrer
sur des évaluations autour de l’anxiété, de la dépression, de la détresse émotionnelle et de la qualité de vie
(niveau de preuve 2).
Bien que de petite taille, un essai récent [5]
semblerait rouvrir cette controverse en montrant un
effet très significatif sur l’allongement de la survie de la
participation de patientes à une prise en charge
psychothérapeutique dès le début du traitement de
leur cancer. Mais cette prise en charge dite psychothérapeutique incluait un important volet éducationnel,
et l’analyse ne permet pas néanmoins de conclure à
quelle composante de la prise en charge est lié cet
impact médical.
Impact sur l’état psychologique
Une revue de littérature [140] (niveau de preuve 3), bien
qu’analysant en parallèle prises en charge individuelles
et collectives, avait permis de souligner des effets plus
favorables sur l’anxiété que sur la dépression ; effets
néanmoins amenuisés si l’on ne retenait que des essais
randomisés de bonne qualité, avec des effectifs supérieurs à 40 patients.
L’étude de Goodwin et al. [60] montre, avec une
évaluation par le Profile of Mood States (POMS), une
diminution significative des perturbations générales de
l’humeur, dont la tension–anxiété et la dépression–découragement, chez les femmes ayant participé,
pendant un an, au groupe hebdomadaire type soutien
expression des émotions (niveau de preuve 2).
Kissane et al. [81] ont démontré, dans leur étude
randomisée saluée comme de très bon niveau par
Coyne et al. [33], que les femmes après six mois de
participation au groupe thérapeutique se trouvaient
significativement améliorées en termes de dépression
(regroupant différentes entités : dépression majeure,
dysthymie, troubles mixtes anxieux et dépressifs)
comparativement aux groupes témoins ; le suivi ultérieur à 12, 18 et 24 mois ne montrerait pas de
différences significatives, mais tout de même le maintien de la tendance (niveau de preuve 2).
Pour Goodwin et al. [60] et pour Blake Mortimer et al.
[10], les malades initialement les plus déprimées
seraient celles qui profiteraient le plus des effets
thérapeutiques du groupe (niveau de preuve 2). La
tendance actuelle consisterait ainsi à recentrer la
proposition d’actions psychothérapeutiques sur des
patients sélectionnés sur un niveau de détresse significative.
Quelle prise en charge pour quelles patientes ?
Une réflexion et des études ont été engagées depuis
une vingtaine d’années pour définir le type de groupe
(psychoéducationnel, reposant sur une approche cognitive et/ou comportementale ou bien soutien–expression
des émotions, d’allure existentielle), sa durée, en
fonction de la population de malades à qui il s’adresserait de manière optimum. Si la participation à un groupe
vise à partager des expériences focalisées sur le cancer
et ses traitements et à se confronter à l’altérité (la
différence de site tumoral n’est pas un obstacle, au
contraire !), la clinique quotidienne nous montre que les
malades en cours d’un traitement adjuvant ou en
rémission n’ont pas les mêmes attentes et préoccupations que des patientes porteuses de métastases. Les
premières, souvent plus en quête d’informations médicales et pratiques (effets indésirables des traitements,
reconstruction mammaire, reprise du travail, etc.),
redoutent et supportent difficilement d’être confrontées
à des personnes en situation de récidive, comme cela
peut arriver fortuitement dans la vie courante ou à
l’hôpital ; les secondes, très assidues, peuvent aborder
au sein du groupe des questions existentielles, parfois
sur un mode assez cru, qui pourraient se révéler
insupportables à des personnes étrangères à la situation et/ou tenant à maintenir un certain degré de déni
ou de relégation.
Après les études princeps de Spiegel et al. [145] et
Fawzy et al. [52] et dans les années 1980, puis de
Cunningham et al. [35] dans les années 1990, un
consensus, rappelé au SOMPS 1997 [133], s’établissait
pour proposer des séances d’information et de communication au stade initial de la maladie et au début des
traitements, et réserver les groupes de soutien et
d’expression aux malades en évolution métastatique
(accord d’experts).
Une revue critique de la littérature de Edelman et al.
[44] tentera de comparer l’efficacité relative de chacune
de ces deux approches auprès de différentes populations de malades atteints de cancers. Elle conclura à une
supériorité relative des interventions psychoéducationnelles, en termes d’objectifs psychologiques mesurables, et elle concèdera un bénéfice supérieur apporté
par les groupes de soutien et d’expression pour
certaines catégories de malades, telles les patientes
atteintes de cancer du sein métastatique (niveau de
preuve 3).
L’effet paraı̂t également dépendre du moment
auquel ces psychothérapies sont proposées : un essai
randomisé multicentrique [27], conclura à l’inefficacité
d’un programme de 12 semaines, sur un mode soutien
et expression des émotions, pour faire diminuer la
détresse psychologique de femmes récemment prises
en charge pour un cancer du sein non métastatique ;
même les patientes repérées comme les plus en
détresse n’apparaissaient pas avoir été améliorées. Se
posait alors la question du mode d’intervention à ce
stade initial de la maladie, où il y aurait peut-être plus
une attente d’information et de pragmatisme que de
véritables préoccupations existentielles ? Une seconde
explication pourrait être liée à la brièveté de l’intervention, incompatible avec ce type d’approche existentielle ? Enfin, il faudrait s’interroger sur l’expérience de
thérapeutes de niveau différent.
recherche clinique efficace, on peut comprendre à quel
point la mise en place et la tenue de groupes de patients
reste difficile dans une pratique de routine, à l’hôpital ou
à l’extérieur ; la fréquentation des malades est directement liée au crédit et au soutien qu’apportent les
médecins oncologues au dispositif [89] (niveau de
preuve 4).
Quelles limites pour l’évaluation ?
Concernant l’indication à un groupe, il est préférable
de surseoir à l’intégration dans un groupe d’une patiente
présentant une anxiété généralisée et se montrant alors
trop vulnérable sur le plan émotionnel (perméabilité
à la problématique des autres, sur un mode d’identification labile). Un soutien psycho-oncologique individuel
devrait alors être proposé (accord d’experts).
Cunningham et al. [35] poseront la question de la limite
des essais randomisés, reposant sur des évaluations
psychométriques standardisées, qui ne permettent pas
d’expliquer les effets subtils et les bénéfices de ce qu’il
nomme « Thérapies psychologiques adjuvantes », de
niveaux différents, pour chacun des individus et pour
certains sous-groupes. Ils proposeront d’adjoindre des
études de cas, pour analyser les mécanismes en
profondeur et sortir de l’impasse de ces résultats
contradictoires.
Edmonds et al. [45] avaient déjà fait remarquer que
l’évolution et la maturation psychologique de malades
participant à des groupes au long cours se révélaient
plus accessibles à l’autoappréciation des sujets euxmêmes et au regard des thérapeutes que sensibles aux
échelles psychométriques comme le POMS ; cela, au
contraire des changements rapidement, observables et
mesurables, dans le cadre d’interventions brèves, de
type cognitivocomportemental.
La plupart des grandes études citées ont soulevé des
difficultés de participation : écart entre le potentiel et
les inclusions réelles, manque d’assiduité, abandon. La
randomisation d’une étude démarrée à Caen avait due
être cassée, faute d’intégration en nombre suffisant, se
trouvant transformée en un groupe prospectif qui se
tiendra pendant 28 mois. L’évaluation des 15 participantes, tous les trois mois, selon les critères de l’ICD-10
avait permis d’écarter la crainte d’un effet anxiogène et
déprimant, durable et caractéristique, imputable à la
participation à ce groupe confronté à l’aggravation et à
la disparition de certains de ses membres. Au contraire,
l’évolution du groupe avait permis d’appliquer le
processus de detoxify dying, littéralement « détoxifier
la mort » tel que décrit par Spiegel et al. [146], travail
d’élaboration psychologique autour de sa propre
finitude, même si cela s’accompagnait parfois de
réactions de détresse émotionnelle (tristesse, colère).
Par ailleurs, la majorité des participants concerne
une population de femmes atteintes d’un cancer du
sein, ce, même dans des groupes qui ne leur sont pas
spécifiquement dévolus. Enfin, si l’on considère que
pour de telles études cliniques, les malades sont incités
par leur oncologue, relancés, suivis par un service de
Quelles recommandations en pratique clinique ?
À l’instar de ce qui s’était déjà trouvé spécifié dans les
grandes études, il apparaı̂t important de distinguer des
groupes ouverts à des malades à un stade initial de la
maladie ou en rémission et des groupes de patient(e)s
en situation plus critique (accord d’experts).
Peu d’études ont évalué les psychothérapies
individuelles
Certaines psychothérapies ont pu montrer un
impact sur la qualité de vie, l’anxiété et la dépression
(niveau de preuve 2), mais pas sur la survie.
Les approches cognitivocomportementales sont
les plus faciles à étudier, du fait de leur méthodologie
structurée ; leur efficacité est démontrée.
Les patientes repérées comme les plus déprimées
en seraient les plus grandes bénéficiaires (accord
d’experts).
Des études complémentaires sont nécessaires afin
de mieux valider les indications et les techniques.
La formation et l’expérience du clinicien constituent des variables certes difficiles à maı̂triser, mais
déterminantes pour la mise en place et la garantie du
cadre thérapeutique.
Les groupes psychoéducationnels et/ou d’inspiration cognitivocomportementale s’adresseraient plutôt
aux patients en attente d’informations et d’échanges
(accord d’experts).
Les groupes de soutien et d’expression émotionnelle conviendraient plus aux malades en quête de
partage de leurs préoccupations existentielles, notamment en situation métastatique (accord d’experts).
Il existe un écart entre l’intérêt pour une participation à un groupe de malades, une intégration effective
et une participation régulière. Les indications et le
soutien des oncologues à l’égard de la démarche de
participation à un groupe apparaissent essentiels
(accord d’experts).
L’entretien préliminaire avec un psycho-oncologue
garantit la qualité de l’indication, tant pour le malade
que pour la cohésion du groupe (accord d’experts).
RECOMMANDATIONS / RECOMMENDATIONS
763
ONCOLOG IE
764
Si les patientes montrant des signes de dépression
sévère ne sont pas demandeuses et ne trouvent sans
doute pas l’énergie pour se déplacer et supporter la
rencontre, celles présentant une dépression moyenne
ou légère, des troubles mixtes anxieux et dépressifs,
des troubles de l’adaptation, ou bien encore un manque
de soutien psychosocial, trouvent souvent dans un
groupe un étayage affectif qui leur est bénéfique (accord
d’experts). Pour préserver la cohésion du groupe,
certaines personnalités pathologiques, notamment de
type égocentrique, manipulatrice et/ou paranoı̈aque,
devraient être écartées et plutôt être orientées vers des
prises en charges adaptées (accord d’experts).
Ces indications et contre-indications soulignent
l’importance et motivent l’entretien préliminaire obligatoire avec le psycho-oncologue, psychiatre ou psychologue clinicien, responsable du groupe (accord
d’experts).
Quand et comment orienter ?
Introduction
La qualité du relais vers le psychiatre et/ou le psychologue organisé par l’oncologue est clairement
déterminante pour la suite de la prise en charge [37].
Une proposition indiquée au mauvais moment ou
inadéquate dans sa formulation peut s’avérer être un
frein dans la prise en charge.
Au contraire, une proposition adaptée à la relation
avec la patiente constitue une dynamique favorable
pour l’ensemble de la prise en charge, renforce
l’expression de la patiente, son adhésion aux traitements, comme sa participation aux décisions thérapeutiques.
La pertinence du relais vers le psychologue ou le
psychiatre tient à la combinaison de multiples facteurs
relevant du moment choisi, du climat général de
l’entretien, de la manière d’aborder le sujet et de
l’écoute mutuelle instaurée comme de la qualité de la
relation de confiance, ainsi que de l’adéquation de
l’information délivrée.
Une orientation judicieuse favorise un accès plus
aisé au soutien psychologique parfois difficile et une
meilleure acceptation de la problématique dépressive.
Les nombreuses réticences, l’ignorance à propos de la
dépression et des effets du soutien psychologique, ainsi
que les nombreuses croyances ne suffisent pas toujours à ce que les patientes convaincues d’avoir besoin
de soutien engagent une démarche en ce sens.
L’orientation vers une prise en charge psychologique ou psychiatrique concerne les patientes pour
lesquelles une dépression est suspectée ou diagnostiquée, comme celles qui présentent des facteurs de
risque. Il faut cependant rappeler que l’indication des
psychothérapies excède la problématique de la dépression. Ainsi, l’orientation vers un soutien psychologique
doit systématiquement être proposée aux patientes en
situation de détresse psychologique, et les demandes
spontanées méritent toujours d’être prises en compte.
Quand orienter ?
Plusieurs types de situations peuvent déterminer
l’orientation vers un psychologue ou un psychiatre ;
celle-ci dépend, quoiqu’il en soit, en premier, des
ressources disponibles :
– simple demande de la patiente (plutôt un psychologue) ;
– facteurs de risque de dépression ou de détresse
psychologique (cf. supra) plutôt un psychologue ;
– en cas de dépression avérée, le premier traitement
antidépresseur peut être prescrit par un psychiatre s’il
en est un, ou un autre médecin ; il y a lieu d’associer au
traitement antidépresseur un travail de soutien psychologique qui peut être assuré selon les cas par le
psychiatre ou le psychologue ;
– résistance à un premier traitement antidépresseur, on orientera vers le psychiatre ;
– risque suicidaire avéré ou de délire, un avis
psychiatrique sera nécessaire (mais il s’agit d’une
situation d’urgence : cette nécessité d’avis psychiatrique ne doit pas faire retarder la prise en charge) ;
– existence de clusters : fatigue, douleur, bouffées
de chaleur. Là encore, on orientera vers un psychiatre.
Bien que l’engagement du patient soit nécessaire à
une prise en charge psychologique, il faut savoir
proposer une telle intervention en dehors d’une
demande spontanée de la patiente, lorsqu’elle apparaı̂t
nécessaire (recommandations nationales pour la mise
en œuvre du dispositif d’annonce du cancer dans les
établissements de santé).
Le bon moment pour orienter dépend tout autant du
besoin de la patiente (ressenti par elle et/ou estimé par
l’environnement) que de sa capacité à intégrer et
accepter la proposition de soutien psychologique ainsi
que de sa motivation à engager la démarche. Ainsi,
lorsque l’ensemble de ces facteurs ne coı̈ncide pas, il est
nécessaire de concevoir et proposer cette orientation
par étapes, au fur et à mesure du suivi, avec tact. La
manière de faire sera essentielle pour l’acceptation de la
démarche.
Comment aborder l’orientation vers le « psy » ?
– Une orientation claire de l’oncologue, qui définira
ses propres limites comme l’intérêt du soutien psychologique, aidera considérablement la patiente et
protègera l’oncologue d’affects envahissants [89] ;
La formation des cliniciens à la psycho-oncologie et aux
sciences humaines de manière plus large, est recommandée afin de leur permettre d’orienter en fonction
des éléments propres à chaque relation spécifique
[4,123]. On peut définir plusieurs étapes pour une
bonne orientation. Il faudra cependant évaluer selon la
relation avec la patiente et sa capacité à aborder le sujet,
la possibilité de traiter l’ensemble des étapes en une
fois, et l’intérêt de délivrer tout ou partie des informations disponibles. Les peurs et résistances peuvent en
effet nécessiter d’aborder le sujet en plusieurs fois ;
– il s’agit toujours d’initier le dialogue et d’aborder
les questions psychologiques en invitant la patiente à
dire comment elle se sent en ce moment, (NHMRC
Psychosocial Clinical Practice Guidelines) avec des
questions simples du style : « comment vous sentezvous en ce moment, émotionnellement… ? »
– il est important de relever dans le discours de la
patiente les aspects qui indiquent sa souffrance et de les
aborder clairement. Il est préférable de parler de notion
de souffrance avant même d’évoquer la notion de
dépression, de soutien psychologique, ou de psychologue/psychiatre, afin de ne pas effrayer (accord
d’experts). La patiente peut ainsi entendre la sensibilité
du médecin au regard de ses difficultés et se sentir
comprise, ce qui est favorable au processus d’acceptation de la proposition et accroı̂t le lien de confiance avec
le praticien.
– puis, il y a lieu d’approfondir et de permettre à la
patiente de s’exprimer plus précisément au sujet de
ses symptômes afin que le médecin reconnaisse ses
difficultés et qu’elle puisse les reconnaı̂tre aussi. Une
simple invitation de ce type est appropriée :
« Pouvez-vous m’en dire un peu plus sur les
perturbations/difficultés que vous ressentez ? ».
– à cette phase du dialogue, il y a lieu de dire à la
patiente qu’elle peut souffrir de dépression, ou d’évoquer le risque dépressif ainsi que l’utilité d’un dépistage
précis.
On peut le signifier ainsi : « Je pense que vous
souffrez peut-être d’une dépression, et je souhaiterais
demander l’avis d’un spécialiste ». Une telle formulation a l’avantage de positionner le rôle du psychologue
ou du psychiatre, de cadrer le rôle du cancérologue et
d’avancer en complémentarité.
– cet énoncé doit être suivi d’une information sur la
dépression et du recueil des réactions de la patiente.
Selon la dynamique de l’entretien, l’ordre entre ces
deux points variera.
Cette information sur la dépression est essentielle.
Guidée par la dynamique relationnelle, elle aide la
patiente à prendre ses décisions [39].
Plusieurs niveaux d’information sont possibles à
donner :
– il est légitime d’être triste dans le contexte d’une
maladie grave. La dépression n’est cependant pas une
simple tristesse, un état d’âme ou un «léger cafard »,
mais bien une maladie ;
– la dépression est caractérisée par des perturbations multiples de l’humeur qui se manifestent de
façon quasi constante et entraı̂ne une gêne permanente
physique et morale aux effets conséquents et invalidants ;
– cette maladie ne provient pas d’un facteur unique
mais résulte d’un ensemble de mécanismes de différente nature et imparfaitement connus. Ils sont d’ordre
biologiques, psychologiques et environnementaux. Il
existe des éléments déclencheurs de la dépression, et
des facteurs de risque ;
– la dépression se traite par le biais d’une prise de
médicaments et/ou d’un soutien psychologique ;
– le recours aux soins est indispensable ; la volonté
seule ne suffit pas pour agir sur cette maladie ;
– les raisons d’un recours au soutien médicamenteux et psychologique peuvent être les suivantes :
trouver de la compréhension face à sa souffrance,
réduire les symptômes et leurs conséquences, améliorer l’image de soi perturbée par le cancer du sein,
retrouver du sens à ce qui est vécu et s’engager dans
de nouveaux projets, prévenir la réapparition des
symptômes ;
– le soutien psychologique ne peut être efficace si la
patiente ne désire pas l’entreprendre,
– il est souvent important de proposer un soutien
psychologique aux proches de la patiente [127] ;
– les réactions de la patiente à l’énoncé du diagnostic ou de suspicion de dépression, comme de la
nécessité de dépistage et/ou de traitement, doivent être
abordées ;
Il s’agit de proposer à la patiente de dire sa réaction,
notamment les craintes qu’elle ressent. Une écoute
attentive permettra de connaı̂tre sa perception, de
réajuster le niveau d’information à tenir si nécessaire,
et d’identifier les réticences avec lesquelles il faudra
avancer.
– il est fondamental que les oncologues resituent la
prise en compte de la dépression dans son contexte. Ils
peuvent indiquer que le dépistage et la prise en compte
de la dépression font partie de la prise en charge globale
de la personne atteinte d’une maladie cancéreuse et
visent une meilleure qualité de vie. Ils peuvent également s’appuyer sur une éventuelle perturbation de
l’image corporelle : une dépression peut alourdir
considérablement la possibilité de restaurer cette
image. Il est par ailleurs judicieux qu’ils énoncent
clairement leurs limites de compétence en matière
d’accompagnement de la personne atteinte de dépression et disent en quoi.
– enfin, il s’agit d’aborder plus précisément l’orientation vers les professionnels existants et disponibles,
ce qui varie selon les lieux de pratique.
Il y a lieu de préciser l’orientation vers un psychiatre
et/ou un psychologue. S’il n’y a pas de psychiatre dans
la structure de soin, un psychologue clinicien peut aider
à la phase de diagnostic. Il s’agit d’indiquer des lieux de
consultation et/ou des noms. Ces données aident les
patientes à franchir un pas parfois difficile.
RECOMMANDATIONS / RECOMMENDATIONS
765
ONCOLOG IE
766
Il est intéressant de donner des indications sur les
différentes orientations psychothérapeutiques, si cela
est possible, ce qui aide les patientes à se préparer à la
démarche. Cependant, quelles que soient les méthodes
d’intervention, le soutien psychologique est avant tout
fondé sur une relation interpersonnelle. L’efficacité de la
démarche relève pour une grande part de la qualité de
cette relation dont la méthode est un support, comme
de la compétence du thérapeute. Il est judicieux de
discuter des a priori de la patiente par rapport aux psy :
concernant la folie, la durée, le coût, les peurs de
dépendance… Il s’agit ensuite de réajuster les informations [37].
Il est important de délivrer, si possible, une brochure
d’information sur le soutien psychologique et/ou sur la
dépression.
Situations spécifiques
– Si la patiente a conscience de son état dépressif :
la laisser en parler ;
l’inciter à dire la manière dont elle gère sa
souffrance (« et comment faites-vous ? ») ;
pointer les limites de cette gestion en constatant
un niveau de souffrance élevé malgré les éventuelles
actions entreprises ;
indiquer en quoi les compétences en psychooncologie sont adaptées à ce manque, complémentaires et intégrées dans la globalité de la prise en charge.
Préciser les limites de l’action de l’oncologue en ce
sens ;
informer à propos de la dépression ;
présenter la proposition de prise en charge à la
patiente (si cela n’est pas venu spontanément dans la
discussion), et voir ce qu’elle en pense ;
traiter des a priori par rapport aux psy si
nécessaire.
– Si la patiente n’a pas conscience de son état
dépressif :
inciter à parler des difficultés rencontrées. On
peut aider à cela avec une question du style : « y a-t-il
des choses difficiles pour vous en ce moment ? Le
sommeil est-il bon ?... » (en orientant vers la prise en
compte des aspects somatiques) ;
constater des signes de souffrance sur la base
de son discours et/ou de son comportement. Dire qu’ils
peuvent indiquer un état dépressif, et laisser la patiente
réagir à cette annonce ;
informer sur la dépression et les risques
dépressifs liés au cancer du sein ;
expliquer les risques de non-traitement de ces
symptômes et l’intérêt du traitement ;
discuter des a priori sur les psychologues et les
psychiatres.
– S’il existe une résistance à la proposition de
soutien psychologique :
dire que l’on comprend les hésitations ;
ne pas presser et proposer d’en reparler ;
identifier les raisons des résistances pour les
respecter et mieux orienter le dialogue ultérieur ;
insister sur les limites au soutien psychologique
de l’oncologue ;
évoquer la possibilité de rencontre ponctuelle
du psy qui « n’engage à rien » et la liberté de choix du
patient (sauf si HDT nécessaire) ;
veiller à conserver un espace de dialogue où
l’on s’intéresse aux souffrances de la patiente.
– S’il existe un refus du soutien psychologique :
dire que l’on comprend que ce soutien ne soit
pas souhaité, même si l’on pense que cela pourrait être
aidant ;
assurer que l’on va faire au mieux dans la prise
en charge ;
Psychologue ou psychiatre ?
Demande de la patiente (psychologue)
Dépression avérée (psychiatre et/ou psychologue)
Résistance à un premier antidépresseur, risque
suicidaire avéré ou délire (psychiatre)
Association syndromique (cluster) : fatigue, douleur, bouffées de chaleur (psychiatre)
Nécessité que coı̈ncident :
– les besoins de la patiente ;
– sa capacité à accepter la proposition de prise en
charge ;
– sa motivation à engager la démarche.
Quand ces facteurs ne coı̈ncident pas :
– réaliser une proposition par étapes, au fur et à
mesure du suivi ;
– évaluer la capacité de la patiente à aborder le
sujet ;
– demander à la patiente comment elle se sent ;
– évoquer la notion de souffrance psychique avant
de parler de dépression et/ou de psychologue ou de
psychiatre ;
– évoquer la suspicion de dépression : intérêt du
dépistage et de la rencontre avec le psychologue ou le
psychiatre ;
– expliquer au patient ce qu’est la dépression,
informer sur sa prise en charge, les limites de
compétences des oncologues et l’intérêt de la collaboration ;
– démystifier le « psy » et indiquer l’intérêt de la
prise en charge psycho-oncologique ;
– s’assurer de l’accord du patient.
Tristesse, douleur morale
et/ou absence de plaisir
Presque chaque jour
et presque toute la journée
et depuis au moins 15 jours
Pas tous les jours
ou pas toute la journée
ou moins de 15 jours
Moins de 3 autres
symptômes
3 autres symptômes
ou plus
Pas de diagnostic
d'épisode dépressif majeur
Diagnostic
d'épisode dépressif majeur
Pas de facteur
de gravité
Surveillance
Pas de problèmes
médicaux
Comorbidité somatique
rénale/hépatique
Citaopram 20 mg/j
Paroxetine 20 mg/j
Escitalopram 10 mg/j
Facteur de gravité
Avis spécialisé
Choix de la molécule
et adaptation posologique
Echec
3 semaines
Efficacité
Echec
1 - Vérifier l'observance
2 - Augmenter la dose
signaler malgré tout les limites existant pour les
soignants dans leur aide et dans leur efficacité ;
besoin d’aide dans ce cas pour assumer leur sentiment
d’impuissance et de culpabilité.
identifier les raisons du refus pour les respecter et
en reparler si possible ;
Comment faire le diagnostic d’ EDM et prescrire le
premier traitement : schéma simplifié.
indiquer la possibilité de consultations ponctuelles avec les psy sans vouloir convaincre absolument ;
proposer de reparler au moins de la situation
psychologique, de la souffrance, détresse… Penser à
l’intérêt des autres soutiens utiles de la personne relatifs
au domaine des soins de support (bénévoles, Espaces
Rencontre Information…) ;
penser tout particulièrement à l’utilité du soutien
psychologique pour les soignants dans ce cas de figure,
d’autant plus qu’ils ont le sentiment que la situation de
la patiente est difficile et ingérable pour eux. Ils auront
Références
1. Akechi T, Okamura H, Kugaya A, et al. (2000) Suicidal ideation in
cancer patients with major depression. Jpn J Clin Oncol 30(5):
221-4
2. Akizuki N, Yamawaki S, Akechi T, et al. (2005) Development of an
impact thermometer for use in combination with the distress
thermometer as a brief screening tool for adjustment disorders
and/or major depression in cancer patients. J Pain Symptom
Manage 29(1): 91-9
RECOMMANDATIONS / RECOMMENDATIONS
767
ONCOLOG IE
768
3. American Psychiatric Association (1994) Diagnostic and Statistical
Manual of Mental Disorders (DSM-IV), Fourth Edition, American
Psychiatric Association, Washington, DC
4. Anaes (2000) Recommandations pour la pratique clinique, « Suivi
psychologique des patientes ayant été traitées pour un cancer
du sein non métastasé », Paris,. Consulté sur : http://www.hegp.
bhdc.jussieu.fr/esper/doc/library/sein/kcSEIN002.pdf)5. Andersen BL, Yang HC, Farrar WB, et al. (2008) Psychologic
intervention improves survival for breast cancer patients: a
randomized clinical trial. Cancer 113(12): 3450-8
6. Andrykowski MA, Manne SL (2006) Are psychological interventions
effective and accepted by cancer patients? I. Standards and levels
of evidence. Ann Behav Med 32(2): 93-7
7. Arcand M, Hottin P (1993) Treatment of depression in the elderly.
The use of psychostimulants. Can Fam Phys 39: 2420-6
8. Arving C, Glimelius B, Brandberg Y (2008) Four weeks of daily
assessments of anxiety, depression and activity compared to a
point assessment with the Hospital Anxiety and Depression Scale.
Qual Life Res 17(1): 95-104
9. Bardwell WA, Natarajan L, Dimsdale JE, et al. (2006) Objective
cancer-related variables are not associated with depressive
symptoms in women treated for early-stage breast cancer. J
Clin Oncol 24(26): 2420-7
10. Blake-Mortimer J, Gore-Felton C, Kimerling R, et al. (1999)
Improving the quality and quantity of life among patients with
cancer: a review of the effectiveness of group psychotherapy.
Eur J Cancer 35(11): 1581-6
11. Boesen EH, Johansen C (2008) Impact of psychotherapy on
cancer survival: time to move on? Curr Opin Oncol 20(4): 372-7
12. Bolanos SH, Khan DA, Hanczyc M, et al. (2004) Assessment of
mood states in patients receiving long-term corticosteroid
therapy and in controls with patient-rated and clinician-rated
scales. Ann Allergy Asthma Immunol 92(5): 500-5
13. Boyer EW, Shannon M (2005) The serotonin syndrome. N Engl J
Med 352(11): 1112-20
14. Brédart A, Dolbeault S, Razavi D (2009) Psycho-oncology. In:
World Cancer Report 2008 of IARC (International Agency for
Research on Cancer) [à paraı̂tre en 2009]
15. Breitbart W, Se W (1998) Metabolic disorders and neuropsychiatric symptoms. In: JC Holland (ed). Psycho-oncology: Oxford
University Press, New York, pp. 639-53
16. Breitbart W (1995) Identifying patients at risk for, and treatment of
major psychiatric complications of cancer. Support Care Cancer
3: 45-60
17. Bukberg J, Penman D, Holland JC, et al. (1984) Depression in
hospitalized patients. Psychosom Med 46(3): 199-212
18. Bultz BD, Carlson LE (2005) Emotional distress: the sixth vital sign
in cancer care. J Clin Oncol 23(26): 6440-1
19. Burgess C, Cornelius V, Love S, et al. (2005) Depression and
anxiety in women with early breast cancer: five-year observational cohort study. BMJ 330(7493): 702
20. Carroll BT, Kathol RG, Noyes R Jr, et al. (1993) Screening
for depression and anxiety in cancer patients using the
Hospital Anxiety and Depression Scale. Gen Hosp Psychiatry
15(2): 69-74
21. Carter B (1997) Women’s experience of lymphedema. Oncol Nurs
Forum 24(5): 875-82
22. Chien C, Li C, Heckbert SR, et al. (2006) Antidepressant use and
breast cancer risk. Breast Cancer Res Treat 95(2): 131-40
23. Chiles J, Lambert M, Hatch A (1999) The impact of psychological
interventions on medical cost offset: a meta-analytic review. Clin
Psychol: Sci Pract 6(2): 204-20
24. Chochinov H (2001) Depression in cancer patients. Lancet Oncol
2(8): 499-505
25. Chochinov HM, Wilson KG, Enns M, et al. (1994) Prevalence of
depression in the terminally ill: effects of diagnostic criteria and
symptom threshold judgments. Am J Psychiatry 151(4): 537-40
26. Ciaramella A, et al. (2001) Assessment of depression among
cancer patients: the role of pain, cancer type and treatment.
Psychooncology 10: 156-5
27. Classen CC, Kraemer HC, Blasey C, et al. (2008) Supportive–
expressive group therapy for primary breast cancer patients: a
randomized prospective multicenter trial. Psychooncology 17(5): 438-47
28. Colleoni M, Mandala M, Peruzzotti G, et al. (2000) Depression
and degree of acceptance of adjuvant cytotoxic drugs. Lancet
356(9238): 1326-7
29. Coogan P, Strom B, Rosenberg L, et al. (2008) SSRI use and breast
cancer risk by hormone receptor status. Breast Cancer Res Treat
109(3): 527-3
30. Coogan P (2006) Review of 2000 the epidemiological literature on
antidepressant use and breast cancer risk. Expert Rev Neurother
6(9): 1363-74
31. Costa D, Mogos I, Toma T, et al. (1985) Efficacy and safety of
mianserin in the treatment of depression of women with cancer.
Acta Psychiatr Scand Suppl 320: 85-92
32. Costanzo ES, Lutgendorf SK, Mattes ML, et al. (2007) Adjusting to
life after treatment: distress and quality of life following treatment
for breast cancer. Br J Cancer 97(12): 1625-31
33. Coyne J, Hanisch L, Palmer SC, et al. (2007) Psychotherapy does
not promote survival (Kissane et al. 2007): now what? Psychooncology 16: 1050-2
34. Coyne JC, Palmer SC, Shapiro PJ, et al. (2004) Distress,
psychiatric morbidity, and prescriptions for psychotropic medication in a breast cancer waiting room sample. Gen Hosp
Psychiatry 26(2): 121-8
35. Cunningham AJ, Edmonds CV, Jenkins GP, et al. (1998) A
randomized controlled trial of the effects of group psychological
therapy on survival in women with metastatic breast cancer.
Psychooncology 7(6): 508-17
36. Dalton SO, Schüz J, Engholm G, et al. (2008) Social inequality in
incidence of and survival from cancer in a population-based
study in Denmark, 1994–2003: Summary of findings. Eur J Cancer
44(14): 2074-85
37. Dauchy S, Bendrihen N (2007) « Les questions que se posent les
cancérologues » In: La Psycho-oncologie. John Libbey Eurotext,
Paris
38. Dausch B, Compas BE, Beckjord E, et al. (2004) Rates and
Correlates of DSM-IV Diagnoses in Women Newly Diagnosed
with Breast Cancer. J Clin Psychol Med Settings 11(3): 159-69
39. Delvaux N, Brédart A, Razavi D (2002) Communication soignant–soigné. In: Razavi, Delvaux et al, Interventions psychooncologiques : la prise en charge du patient cancéreux, Masson,
Paris
40. Derogatis LR, Morrow GR, Fetting J, et al. (1983) The prevalence of
psychiatric disorders among cancer patients. JAMA 249(6): 751-7
41. Devine E, Westlake S (1995) The effects of psychoeducational
care provided to adults with cancer: meta-analyses of 116
studies. Oncology Nursing Forum 22(9): 1369-81
42. Dobscha SK, Corson K, Hickam DH, et al. (2006) Depression
decision support in primary care: a cluster randomized trial. Ann
Intern Med 145(7): 477-87
43. Dolbeault S, Bredart A, Mignot V, et al. (2008) Screening for
psychological distress in two French cancer centers: Feasibility
and performance of the adapted distress thermometer. Palliat
Support Care 6(2): 107-17
44. Edelman S, Craig A, Kidman AD (2000) Group interventions with
cancers patients: efficacy of psychoeducational versus supportive groups. J Psychosoc Oncol 18(3): 67-85
45. Edmonds CV, Lockwood GA, Cunningham AJ, et al. (1999)
Psychological response to long-term group therapy: a randomized trial with metastatic breast cancer patients. Psychooncology
8(1): 74-91
46. Einarson TR, Arikian SR, Casciano J, et al. (1999) Comparison of
extended-release venlafaxine, selective serotonin re-uptake
inhibitors, and tricyclic antidepressants in the treatment of
depression: a meta-analysis of randomized controlled trials. Clin
Ther 21(2): 296-308
47. Ell K, Sanchez K, Vourlekis B, et al. (2005) Depression, correlates of
depression, and receipt of depression care among low-income
women with breast or gynecologic cancer. J Clin Oncol 23: 3052-60
48. Endicott J (1984) Measurement of depression in patients with
cancer. Cancer 53(10 Suppl): 2243-9
49. Evans DL, Charney DS, Lewis L, et al. (2005) Mood disorders in the
medically ill: scientific review and recommendations. Biol
Psychiatry 58(3): 175-89
50. Fallowfield L, Hall A, Maguire GP, et al. (1990) Psychological
outcomes in women with early breast cancer. BMJ 301(6765): 1394
51. Fann JR, Thomas-Rich AM, Katon WJ, et al. (2008) Major
depression after breast cancer: a review of epidemiology and
treatment. Gen Hosp Psychiatry 30(2): 112-26
52. Fawzy FI, Fawzy NW, Hyun CS, et al. (1993) Malignant melanoma.
Effects of an early structured psychiatric intervention, coping,
and affective state on recurrence and survival 6 years later. Arch
Gen Psychiatry 50(9): 681-9
53. Fisch M (2004) Treatment of depression in cancer. J Natl Cancer
Inst Monogr (32): 105-11
54. Fisch MJ, Loehrer PJ, Kristeller J, et al. (2003) Fluoxetine versus
placebo in advanced cancer outpatients: a double blinded trial of
the Hoosier Oncology Group. J Clin Oncol 21(10): 1937-43
55. Fleishman S (2004) Treatment of symptom clusters: pain,
depression, and fatigue. JNCI Monographs 32: 119-23
56. Fox B (1998) A hypothesis about Spiegel et al.’s paper on
psychosocial intervention and breast cancer survival (see
comments). Psycho-oncology 7: 361-70
57. Fulton-Kehoe D, Rossing MA, Rutter C, et al. (2006) Use of
antidepressant medications in relation to the incidence of breast
cancer. Br J Cancer 94(7): 1071-8
58. Gagliese L, Gauthier LR, Rodin G, et al. (2007) Cancer pain and
depression: a systematic review of age-related patterns. Pain Res
Manage 12(3): 205-11
59. Gilbody S, Bower P, Fletcher J, et al. (2006) Collaborative care for
depression: a cumulative meta-analysis and review of longer
term outcomes. Arch Intern Med 166(21): 2314-21
60. Goodwin PJ, Leszcz M, Ennis M, et al. (2001) The effect of group
psychosocial support on survival in metastatic breast cancer. N
Engl J Med 345(24): 1719-26
61. Grabsch B, Clarke DM, Love A, et al. (2006) Psychological
morbidity and quality of life in women with advanced breast
cancer: a cross-sectional survey. Palliat Support Care 4(1): 47-56
62. Grassi L, Travado L, Moncayo FL, et al. (2004b) Psychosocial
morbidity and its correlates in cancer patients of the Mediterranean area: findings from the Southern European PsychoOncology Study. J Affect Disord 83(2–3): 243-8
63. Grassi L, Biancosino B, Marmai L, et al. (2004a) Effect of
reboxetine on major depressive disorder in breast cancer
patients: an open-label study. J Clin Psychiatry 65(4): 515-20
64. Gwede CK, Small BJ, Munster PN, et al. (2008) Exploring the
differential experience of breast cancer treatment-related symptoms: a cluster analytic approach. Support Care Cancer 16(8): 925-33
65. Hanna A, Sledge G, Mayer ML, et al. (2006) A phase II study of
methylphenidate for the treatment of fatigue. Support Care
Cancer 14(3): 210-5
66. Hegel MT, Moore CP, Collins ED, et al. (2006) Distress, psychiatric
syndromes, and impairment of function in women with newly
diagnosed breast cancer. Cancer 107(12): 2924-31
67. Hell D, Böker H, Marty T (2001) Traitement intégratif de la
dépression. Forum Med Suisse 19
68. Hem E, Loge JH, Haldorsen T, Ekeberg Ø (2004) Suicide risk in
cancer patients from 1960 to 1999. J Clin Oncol 22(20): 4209-16
69. Holland JC, Andersen B, Breitbart WS, et al. (2007) Distress
management. J Natl Compr Canc Netw 5(1): 66-98
70. Holland JC, Romano SJ, Heiligenstein JH, et al. (1998) A
controlled trial of fluoxetine and desipramine in depressed
women with advanced cancer. Psychooncology 7(4): 291-300
71. Homsi J, Nelson KA, Sarhill N, et al. (2001) A phase II study of
methylphenidate for depression in advanced cancer. Am J Hosp
Palliat Care 18(6): 403-7
72. Hopko DR, Bell JL, Armento ME, et al. (2008) The phenomenology
and screening of clinical depression in cancer patients. J
Psychosoc Oncol 26(1): 31-51
73. Ibbotson T, Maguire P, Selby P, et al. (1994) Screening for anxiety
and depression in cancer patients: the effects of disease and
treatment. Eur J Cancer 30A(1): 37-40
74. Jacobsen PB (2006) Lost in translation: the need for clinically
relevant research on psychological interventions for distress in
cancer patients. Ann Behav Med 32(2): 119-20
75. Jacobsen PB (2009) Promoting evidence-based psychosocial
care for cancer patients. Psychooncology 18(1): 6-13
76. Jones RD (2001) Depression and anxiety in oncology: the
oncologist’s perspective. J Clin Psychiatry 62(Suppl 8): 52–5
(discussion 56–7)
77. Kim H, Fisch M (2006) Antidepressant use in ambulatory cancer
patients. Curr Oncol Rep 8(4): 275-81
78. Kissane DW, Bloch S, Burns WI, et al. (1994) Perceptions of family
functioning and cancer. Psychooncology 3: 259-69
79. Kissane DW, Clarke DM, Ikin J, et al. (1998) Psychological morbidity
and quality of life in Australian women with early-stage breast
cancer: a cross-sectional survey. Med J Aust 17 169(4): 192-6
80. Kissane DW, Grabsch B, Love A, et al. (2004) Psychiatric disorder
in women with early-stage and advanced breast cancer: a
comparative analysis. Aust N Z J Psychiatry 38(5): 320-6
81. Kissane DW, Grabsch B, Clarke DM, et al. (2007) Supportive–
expressive group therapy for women with metastatic breast
cancer: survival and psychosocial outcome from a randomized
controlled trial. Psychooncology 16(4): 277-86
82. Kraus M, Burch EA (1992) Methylphenidate hydrochloride as an
antidepressant: controversy, case studies, and review. South
Med J 85(10): 985-91
83. Ladd CO, Newport DJ, Ragan KA, et al. (2005) Venlafaxine in the
treatment of depressive and vasomotor symptoms in women with
perimenopausal depression. Depress Anxiety 22(2): 94-7
84. Lavretsky H, Park S, Siddarth P, et al. (2006) Methylphenidateenhanced antidepressant response to citalopram in the elderly: a
double blind, placebo-controlled pilot trial. Am J Geriatr
Psychiatry 14(2): 181-5
85. Lee KC, Ray GT, Hunkeler EM, et al. (2007) Tamoxifen treatment
and new-onset depression in breast cancer patients. Psychosomatics 48(3): 205-10
86. Lee MS, Love SB, Mitchell JB, et al. (1992) Mastectomy or
conservation for early breast cancer: psychological morbidity.
Eur J Cancer 28A(8–9): 1340-4
87. Lloyd-Williams M, Dennis M, Taylor F, et al. (2004) A prospective
study to determine the association between physical symptoms
and depression in patients with advanced cancer. Palliat Med
18(6): 558-63
88. Love AW, Grabsch B, Clarke DM, et al. (2004) Screening for
depression in women with metastatic breast cancer: a comparison
of the Beck Depression Inventory Short Form and the Hospital
Anxiety and Depression Scale. Aust N Z J Psychiatry 38(7): 526-31
89. Machavoine JL (1999) « D’une collaboration possible oncologue–psychologue dans un centre de lutte contre le cancer ». La
Lettre du cancérologue 8(5)
90. Macleod AD (1998) Methylphenidate in terminal depression.
J Pain Symptom Manage 16(3): 193-8
91. Manne SL, Andrykowski MA (2006) Are psychological interventions effective and accepted by cancer patients? II. Using
empirically supported therapy guidelines to decide. Ann Behav
Med 32(2): 98-103
92. Masand P, Tesar G (1996) Use of stimulants in the medically ill.
Psychiatr Clin North Am 19(3): 515-47
93. Massie MJ (2004) Prevalence of depression in patients with
cancer. J Natl Cancer Inst Monogr (32): 57-71
94. McDaniel JS, Musselman DL, Porter MR, et al. (1995) Depression
in patients with cancer. Diagnosis, biology, and treatment. Arch
Gen Psychiatry 52(2): 89-99
95. Meyer TJ, Mark MM (1995) Effects of psychosocial interventions
with adult cancer patients: a meta-analysis of randomized
experiments. Health Psychol 14(2): 101-8
96. Miaskowski C, Aouizerat BE, Dodd M, Cooper B (2007) Conceptual
issues in symptom clusters research and their implications for
RECOMMANDATIONS / RECOMMENDATIONS
769
ONCOLOG IE
770
quality-of-life assessment in patients with cancer. J Natl Cancer
Inst Monogr (37): 39-46
97. Miaskowski C, Dodd M, Lee K, et al. (2004) Symptom clusters: the
new frontier in symptom management research. J Natl Cancer
Inst Monogr (32): 17-21
98. Misono S, Weiss NS, Fann JR, et al. (2008) Incidence of suicide in
persons with cancer. J Clin Oncol 26(29): 4705-7
99. Mitchell AJ (2007) Pooled results from 38 analyses of the
accuracy of distress thermometer and other ultra-short methods
of detecting cancer-related mood disorders. J Clin Oncol 25(29):
4670-81
100. Möller HJ (2008) Do SSRIs or antidepressant in general increase
suicidality? Eur Arch Psychiatry Clin Neurosci 258(Suppl 3): 3-23
101. Montazeri A, Jarvandi S, Haghighat S, et al. (2001) Anxiety and
depression in breast cancer patients before and after participation in a Cancer Support Group. Patient Educ Couns 45: 195-8
102. Montgomery C, Lydon A, Lloyd K, et al. (1999) Psychological
distress among cancer patients and informed consent. J
Psychosom Res 46(3): 241-5
103. Moorey S, Greer S, Watson M, et al. (1991) The factor structure
and factor stability of the hospital anxiety and depression scale
in patients with cancer. Br J Psychiatry 158: 255-9
104. Morrow GR, Hickok JT, Roscoe JA, et al. (2003) Differential
effects of paroxetine on fatigue and depression: a randomized,
double blind trial from the University of Rochester Cancer Center
Community Clinical Oncology Program. J Clin Oncol 21(24):
4635-41
105. Moss EL, Simpson JS, Pelletier G, et al. (2006) An open-label
study of the effects of bupropion SR on fatigue, depression and
quality of life of mixed-site cancer patients and their partners.
Psychooncology 15(3): 259-67
106. Musselman DL, Lawson DH, Gumnick JF, et al. (2001) Paroxetine
for the prevention of depression induced by high-dose interferon
alfa. N Engl J Med 344(13): 961-6
107. Musselman DL, Somerset WI, Guo Y, et al. (2006) A double blind,
multicenter, parallel-group study of paroxetine, desipramine, or
placebo in breast cancer patients (stages I, II, III, and IV) with
major depression. J Clin Psychiatry 67(2): 288-96
108. Naor S, Talmon Y, Guy N, et al. (1992) Combined tricyclic
antidepressants and ritalin in elderly depressives. Harefuah
123(7-8): 251–2, 307
109. NHMRC (National Health and Medical Research Council) (2000)
Psychosocial clinical practice guidelines: information, support
and counselling for women with breast cancer
110. Okamura M, Yamawaki S, Akechi T, et al. (2005) Psychiatric
disorders following first breast cancer recurrence: prevalence,
associated factors and relationship to quality of life. Jpn J Clin
Oncol 35(6): 302-9
111. Olin J, Masand P (1996) Psychostimulants for depression in
hospitalized cancer patients. Psychosomatics 37(1): 57-62
112. Osborn RL, Demoncada AC, Feuerstein M (2006) Psychosocial
interventions for depression, anxiety, and quality of life in
cancer survivors: meta-analyses. Int J Psychiatry Med 36(1):
13-34
113. Osborne RH, Elsworth GR, Sprangers MA, et al. (2004) The value
of the Hospital Anxiety and Depression Scale (HADS) for
comparing women with early onset breast cancer with
population-based reference women. Qual Life Res 13(1): 191-206
114. Pasquini M, Biondi M (2007) Depression in cancer patients: a
critical review. Clin Pract Epidemol Ment Health 3: 2
115. Passik SD, Breitbart W (1993) Psychiatric and psychological
approaches to cancer pain. In: Management of Cancer-Related
Pain (Edited by E. Arbit), Futura Publishing Co, Armonk-New
York, pp. 151-77
116. Passik SD, Kirsh KL, Theobald D, et al. (2002) Use of a depression
screening tool and a fluoxetine-based algorithm to improve the
recognition and treatment of depression in cancer patients. A
demonstration project. J Pain Symptom Manage 24(3): 318-27
117. Pezzella G, Moslinger-Gehmayr R, Contu A, et al. (2001)
Treatment of depression in patients with breast cancer: a
118.
119.
120.
121.
122.
123.
124.
125.
126.
127.
128.
129.
130.
131.
132.
133.
134.
135.
136.
137.
138.
139.
140.
comparison between paroxetine and amitriptyline. Breast
Cancer Res Treat 70(1): 1-10
Pirl WF (2004) Evidence Report on the occurrence, assessment
ant treatment of depression in cancer patients. JNCI 32: 32-9
Raison CL, Miller AH (2003) Depression in cancer: new
developments regarding diagnosis and treatment. Biol Psychiatry 54(3): 283-94
Rasic DT, Belik SL, Bolton JM, et al. (2008) Cancer, mental
disorders, suicidal ideation and attempts in a large community
sample. Psychooncology 17(7): 660-7
Razavi D, Allilaire JF, Smith M, et al. (1996) The effect of
fluoxetine on anxiety and depression symptoms in cancer
patients. Acta Psychiatr Scand 94(3): 205-10
Razavi D, Delvaux N, Farvacques C, et al. (1990) Screening for
adjustment disorders and major depressive disorders in cancer
in-patients. Br J Psychiatry 156: 79-83
Razavi D (2002) Interventions psycho-oncologiques : la prise en
charge du patient cancéreux, Masson, Paris
Rehse B, Pukrop R (2003) Effects of psychosocial interventions
on quality of life in adult cancer patients: meta-analysis of 37
published controlled outcome studies. Patient Educ Couns 50(2):
179-6
Reich MG, Razavi D (1996) Role of amphetamines in cancerology: a review of the literature. Bull Cancer 83(11): 891-900
Reuter K, Raugust S, Bengel J, et al. (2004) Depressive symptom
patterns and their consequences for diagnosis of affective
disorders in cancer patients. Support Care Cancer 12(12): 864-70
Riszk T, Poinsot R, Spire A, et al. (2007) Les proches de patients
atteints d’un cancer. Usure et temporalité, INCa
Rodin G, Lloyd N, Katz M, et al. (2007) The treatment of
depression in cancer patients: a systematic review. Support
Care Cancer 15(2): 123-36
Ronson A (2007) Neurotrophic theories of stress and neurobiology of antidepressants: applications in psycho-oncology. Bull
Cancer 94(5): 431-8
Roscoe JA, Morrow GR, Hickok JT, et al. (2005) Effect of
paroxetine hydrochloride (Paxil) on fatigue and depression in
breast cancer patients receiving chemotherapy. Breast Cancer
Res Treat 89(3): 243-9
Ross L, Boesen EH, Dalton SO, et al. (2002) Mind and cancer:
does psychosocial intervention improve survival and psychological well-being? Eur J Cancer 38(11): 1447-57
Rozans M, Dreisbach A, Lertora JJ, et al. (2002) Palliative uses of
methylphenidate in patients with cancer: a review. J Clin Oncol
20(1): 335-9
Saltel P (1997) Les groupes de soutien psychologique : la
situation en France. Cahiers d’oncologie 6(7): 232-5
Sarenmalm EK, Ohlen J, Odén A, et al. (2008) Experience and
predictors of symptoms, distress and health-related quality of
life over time in postmenopausal women with recurrent breast
cancer. Psychooncology 17(5): 497-505
Satel SL, Nelson JC (1989) Stimulants in the treatment of
depression: a critical overview. J Clin Psychiatry 50(7): 241-9
Savard J, Simard S, Giguère I, et al. (2006) Randomized clinical
trial on cognitive therapy for depression in women with
metastatic breast cancer: psychological and immunological
effects. Palliat Support Care 4(3): 219-37
Schairer C, Brown LM, Chen BE, et al. (2006) Suicide after breast
cancer: an international population-based study of 723,810
women. J Natl Cancer Inst 98(19): 1416-9
Schwartz L, Lander M, Chochinov HM, et al. (2002) Current
management of depression in cancer patients. Oncology
(Williston Park) 16(8): 1102–10 (discussion 1110, 1114–5)
Sellick SM, Crooks DL (1999) Depression and cancer: an
appraisal of the literature for prevalence, detection, and
practice guideline development for psychological interventions.
Psychooncology 8(4): 315-33
Sheard T, Maguire P (1999) The effect of psychological
interventions on anxiety and depression in cancer patients:
results of two meta-analyses. Br J Cancer 80(11): 1770-80
141. Simon D, Loh A, Wills CE, et al. (2006) Depressed patients’
perceptions of depression treatment decision-making. Health
Expect 10(1): 62-74
142. Smith AB, Wright EP, Rush R, et al. (2006) Rasch analysis of the
dimensional structure of the hospital anxiety and depression
scale. Psychooncology 15(9): 817-27
143. Sood A, Barton DL, Loprinzi CL, et al. (2006) Use of methylphenidate
in patients with cancer. Am J Hosp Palliat Care 23: 35-40
144. Spiegel D, Giese-Davis J (2003) Depression and cancer: mechanisms and disease progression. Biol Psychiatry 54(3): 269-82
145. Spiegel D, Bloom JR, Kraemer HC, et al. (1989) Effect of
psychosocial treatment on survival of patients with metastatic
breast cancer. Lancet 2(8668): 888-91
146. Spiegel D, Bloom JR, Yalom I, et al. (1981) Group support for
patients with metastatic cancer. A randomized outcome study.
Arch Gen Psychiatry 38(5): 527-33
147. Spiegel D, Butler LD, Giese-Davis J, et al. (2007) Effects of
supportive-expressive group therapy on survival of patients with
metastatic breast cancer: a randomized prospective trial.
Cancer 110(5): 1130-8
148. Spiegel D, Sands S, Koopman C, et al. (1994) Pain and
depression in patients with cancer. Cancer 74(9): 2570-8
149. Stanton AL (2005) How and for whom? Asking questions about
the utility of psychosocial interventions for individuals diagnosed with cancer. J Clin Oncol 23(22): 4818-20
150. Stockler MR, O’Connell R, Nowak AK, et al. (2007) Effect of
sertraline on symptoms and survival in patients with advanced
cancer, but without major depression: a placebo-controlled
double blind randomised trial. Lancet Oncol 8(7): 603-12
151. Stoll AL, Pillay SS, Diamond L, et al. (1996) Methylphenidate
augmentation of serotonin selective reuptake inhibitors: a case
series. J Clin Psychiatry 57(2): 72-6
152. Strong V, Waters R, Hibberd C, et al. (2008) Management of
depression for people with cancer (SMaRT oncolgy 1): a
randomised trial. Lancet 372(9632): 40-8
153. Tamim H, Boivin JF, Hanley J, et al. (2006) Risk of breast cancer
in association with exposure to two different groups of tricyclic
antidepressants. Pharmacoepidemiol Drug Saf 15(10): 689-97
154. Tatrow K, Montgomery GH (2006) Cognitive behavioural therapy
techniques for distress and pain in breast cancer patients: a
meta-analysis. J Behav Med 29: 17-27
155. Theobald DE, Kirsh KL, Holtsclaw E, et al. (2003) An open label
pilot study of citalopram for depression and boredom in
ambulatory cancer patients. Palliat Support Care 1(1): 71-7
156. Theobald DE, Kirsh KL, Holtsclaw E, et al. (2002) An open-label,
crossover trial of mirtazapine (15 and 30 mg) in cancer patients
with pain and other distressing symptoms. J Pain Symptom
Manage 23(5): 442-7
157. Torta R, Siri I, Caldera P, et al. (2008) Sertraline effectiveness
and safety in depressed oncological patients. Support Care
Cancer 16(1): 83-91
158. van Heeringen K, Zivkov M (1996) Pharmacological treatment of
depression in cancer patients. A placebo-controlled study of
mianserin. Br J Psychiatry 169(4): 440-3
159. van Wilgen CP, Dijkstra PU, Stewart RE, et al. (2006) Measuring
somatic symptoms with the CES-D to assess depression in
cancer patients after treatment: comparison among patients
with oral/oropharyngeal, gynecological, colorectal, and breast
cancer. Psychosomatics 47(6): 465-70
160. van’t Spijker A, Trijsburg RW, Duivenvoorden HJ (1997)
Psychological sequelae of cancer diagnosis: a meta-analytical
review of 58 studies after 1980. Psychosom Med 59(3): 280-93
161. Wedding U, Koch A, Röhrig B, et al. (2007) Re-questioning depression
in patients with cancer: contribution of somatic and affective
symptoms to Beck’s Depression Inventory. Ann Oncol 18(11): 1875-81
162. Wong-Kim EC, Bloom JR (2005) Depression experienced by
young women newly diagnosed with breast cancer. Psychooncology 14(7): 564-73
163. World Health Organization (1992) International Statistical
Classification of Diseases and Related Health Problems 10th
Revision (ICD-10)
164. Yousaf U, Christensen ML, Engholm G, Storm HH (2005) Suicides
among Danish cancer patients 1971-1999. Br J Cancer 92(6): 995-1000
165. Zabora J, BrintzenhofeSzoc K, Jacobsen P, et al. (2001) A new
psychosocial screening instrument for use with cancer patients.
Psychosomatics 42(3): 241-6
Interférence du cancer du sein sur la sexualité
Coordonnateur du groupe de travail : S. Mimoun
Groupe de travail : P.-A. Brioschi, S. Mimoun, M. Veluire, M. Zarca
Introduction
La prise en compte de la sexualité de personnes
malades traitées pour leur cancer, et de leurs partenaires, est trop fréquemment méconnue, voire ignorée par
de nombreux professionnels de santé. Néanmoins, ces
dernières années, ce sujet, qui importe beaucoup aux
personnes malades et à leurs partenaires, fait l’objet de
publications, d’études et de travaux scientifiques, de
rencontres et échanges entre professionnels notamment francophones.
Bien que de nombreux congrès, colloques ou
symposia aient eu lieu, il y a peu d’études avec niveau
élevé de preuves pour étudier la validité de ce qui est qui
est avancé. Ces manifestations témoignent de la prise
de conscience croissante de cet enjeu de société et des
réflexions menées sur les moyens à mettre en œuvre
pour répondre aux besoins des personnes malades et
de leurs partenaires (cf. Dossier « Sexualité et cancer
2005) [3].
Pour pouvoir évaluer l’interférence du cancer du
sein sur la sexualité, il faut :
– d’une part, pouvoir comparer celle-ci, avec celle
de la femme saine, qui n’a plus de sécrétion estrogénique, par exemple la femme ménopausée qui ne prend
pas de traitement hormonal substitutif. Quand il s’agit
d’une femme en préménopause, il est souvent nécessaire d’avoir une contraception. Outre le fait que les
hormones sont contre-indiquées, il n’y a pas de réel
consensus pratique pour les modalités de la surveillance oncologique. Les contraceptions suggérées
sont les stérilets non hormonaux et les spermicides
RECOMMANDATIONS / RECOMMENDATIONS
771
ONCOLOG IE
772
(éventuellement associés aux préservatifs, si l’on veut
renforcer leur efficacité). En cas de métrorragies, un
bilan avec une échographie pelvienne s’impose.
Rappelons-nous que dans ce climat oncologique où
les aménorrhées surviennent plus fréquemment, on ne
parlera de ménopause qu’après deux ans d’aménorrhée ;
– d’autre part, évaluer les rares études qui ont été
faites. Il faut qu’elles soient effectuées sur des échantillons suffisamment larges avec l’utilisation de questionnaires validés et standardisés avec comparaison à une
population de référence de femmes saines.
L’évaluation en question
Dans la majorité des enquêtes qui sont faites sur la
sexualité, on évalue la fréquence des rapports sexuels.
Néanmoins, il n’y a pas que la maladie qui intervient sur
la diminution de fréquence. D’autres facteurs existent,
telles que des difficultés d’érection du partenaire.
Pour évaluer la sexualité féminine dans des études,
il est recommandé aujourd’hui d’utiliser des questionnaires standardisés pour prendre en compte la satisfaction sexuelle globale, comprenant la fréquence des
rapports sexuels, l’excitabilité sexuelle, la lubrification,
l’orgasme, etc.
On tient compte par ailleurs des déterminants de la
sexualité féminine comme l’âge, l’état physique, psychique, gynécologique et hormonal, la perception de
l’image corporelle, l’éducation, l’état de santé du
conjoint, les facteurs socioculturels, etc.
En préambule, il faut mentionner que les facteurs
prédictifs d’une sexualité satisfaisante après cancer du
sein sont :
– une bonne perception de l’attractivité sexuelle ;
– l’absence de sécheresse vaginale ;
– l’absence de problèmes sexuels préexistants et
quelle qu’en soit la cause [11].
Les traitements du cancer du sein, chirurgie, chimiothérapie et hormonothérapie, radiothérapie sont susceptibles d’altérer la qualité de vie et la sexualité des
patientes à court [12] et/ou à long terme [1] avec des
nuances suivant les traitements (niveau de preuve 3).
Chirurgie
Les études sur la qualité de vie et la sexualité en rapport
avec le type de chirurgie sont contradictoires, mais les
rares études prospectives sur le sujet montrent que les
patientes ayant subi une mastectomie ont une plus
mauvaise image de leur corps et des scores de
fonctionnement sexuel plus faibles que les patientes
avec une tumorectomie, et ce, quel que soit l’âge, y
compris après 70 ans [4]. Cependant, les effets négatifs
de la mastectomie ont tendance à s’estomper avec le
temps [6] (niveau de preuve 3).
La recommandation est de privilégier les traitements
chirurgicaux conservateurs lorsqu’ils sont possibles.
Chimiothérapie
Les patientes ayant reçu une chimiothérapie dans le
cadre de leur traitement du cancer du sein ont globalement à court et à long terme une baisse de désir sexuel
trois fois plus important que les femmes n’ayant pas eu
de chimiothérapie ainsi qu’une diminution de la fréquence des rapports et une plus grande difficulté à
atteindre l’orgasme [1,6,15] (niveau de preuve 3).
La seule variable retrouvée dans toutes les études
concernant sexualité et cancer du sein avec chimiothérapie est « la sécheresse vaginale ». Celle-ci est le principal
facteur prédictif d’une sexualité satisfaisante, elle entraı̂ne une diminution de fréquence des rapports sexuels
ainsi que des dyspareunies [1] (niveau de preuve 3).
Les recommandations sont d’informer les patientes
de cet effet délétère et de conseiller des traitements
locaux de type lubrifiant. Ganz et al. ont montré qu’un
programme d’accompagnement des patientes sur la
sécheresse vaginale avec informations et conseils sur
l’utilisation des lubrifiants vaginaux améliore significativement la satisfaction sexuelle [5].
Traitements hormonaux
Les effets indésirables des traitements hormonaux
interagissent avec la sexualité. Les plus gênants sont
les troubles vasomoteurs, la sécheresse vaginale, les
dyspareunies, la baisse de la libido et les myalgies.
Les anti-aromatases et le tamoxifène n’ont pas les
mêmes retentissements sur la sexualité.
L’étude ATAC (arimidex versus TAM) montre une
différence significative sur la sécheresse vaginale (18,5
versus 9,1 %), sur la diminution de la libido (34 versus
26 %) et les dyspareunies (17,3 versus 8,1 %) [2].
L’étude STAR montre qu’à 60 mois, la fonction sexuelle
est meilleure dans la population TAM de façon
significative, mais la population TAM présente plus de
bouffées de chaleur et de métrorragies (significatif) [8].
Enfin, une dernière étude multicentrique randomisée en
double insu sur 1 614 patientes comparant exemestane
et tamoxifène montre, à 1 an, que l’exemestane donne
un peu moins de bouffées de chaleur (peu significatif) et
moins de leucorrhées (très significatif), mais beaucoup
plus de sècheresse vaginale (très significatif) ainsi que
des douleurs musculaires et osseuses (significatif) [7]
(niveau de preuve 1).
Au total, les études des inhibiteurs de l’aromatase
versus tamoxifène vont toutes dans le même sens :
– les inhibiteurs de l’aromatase provoquent des
myalgies et une sécheresse vaginale majeure entraı̂nant des dyspareunies ;
– le tamoxifène entraı̂ne des leucorrhées et des
bouffées de chaleur, mais la satisfaction sexuelle
globale est toujours meilleure sous tamoxifène.
La sécheresse vaginale étant le principal facteur
prédictif d’une bonne sexualité post cancer du sein, il
semble judicieux de mettre en balance les effets
indésirables des différents traitements hormonaux
suivant le stade du cancer et l’âge de la patiente, et
surtout d’en discuter avec elle, toutes les femmes
n’accordant pas la même place à la sexualité.
Prise en charge thérapeutique
des difficultés sexuelles
Il faudrait pouvoir aider la femme pour que le rapport
sexuel devienne d’abord moins désagréable pour elle.
Outre le fait que l’effet placebo est très important dans le
trouble fonctionnel qui accompagne toute difficulté
sexuelle (20 ou 40 %), se surajoute l’effet
pharmacologique…
Le soutien médicamenteux a surtout pour but :
– de réduire l’anxiété et l’appréhension de la
patiente (et éventuellement de son [sa] partenaire)
avant le rapport sexuel qu’elle vit comme une épreuve
(après la maladie, une longue période d’abstinence…) ;
– de diminuer l’inhibition, et le manque de
confiance en elle ;
– de faciliter autant que faire se peut le confort
sexuel des deux partenaires.
Quels sont les traitements possibles ?
Sécheresse vaginale
La sécheresse vaginale est améliorée chez une femme
ayant eu un cancer du sein par des lubrifiants
immédiats ou de longue durée (Monasens, Monagyn,
Replens, Sensilube, Ky, etc.) qui sont non hormonaux,
donc sans influence sur la maladie.
Il n’y a aucune étude sur l’impact des estrogènes
locaux dans cette population, ceux-ci restant contreindiqués bien que l’on n’ait pas de preuve scientifique
de leur effet délétère. Une étude sur 30 patientes [14]
existe sur le passage systémique des estrogènes locaux
(en l’occurrence le promestriène en ovule). Lors de cette
étude en double insu non randomisée, des ovules ou un
placebo ont été administrés pendant 40 jours et des
dosages plasmatiques de FSH, LH, E1 et E2 ont été
mesurés à deux reprises en début et fin de traitement
soit quatre fois. Les résultats ne montrent aucune
différence significative dans les variations hormonales
avant et après traitement. Le promestriène pourrait
donc être une alternative, mais les études de grande
envergure manquent (niveau de preuve 3 ou 4).
Quant aux phyto-estrogènes par voie vaginale, leur
utilisation ne peut être plus argumentée par manque
d’études de bon niveau de preuve ; l’Afssaps ayant
recommandé par ailleurs une vigilance accrue lors de
l’utilisation de ces produits per os pour les bouffées de
chaleur…
Les recommandations sont la nécessité d’une mise
en place d’études permettant de connaı̂tre l’impact sur
la maladie cancéreuse des œstrogènes locaux et leurs
passages systémiques. L’amélioration de la sexualité en
post cancer du sein serait grandement facilitée si ceuxci pouvaient être prescrits.
Par ailleurs, une autre piste d’exploration serait
l’utilisation du sildénafil, produit non hormonal, pour
améliorer la lubrification du fait de la vasodilatation
vulvovaginale chez les patientes ayant des troubles du
plaisir du fait de la sécheresse vaginale.
Bouffées de chaleur
– L’abufène est le seul produit non hormonal dont
l’AMM indique le traitement des bouffées de chaleur, ce
traitement n’étant pas contre-indiqué en cas de cancer
du sein ;
– les phyto-estrogènes sont employés en cas de
ménopause, mais même dans ce cas, l’Afssaps recommande une grande vigilance quant aux risques estrogéniques. En cas de cancer du sein, il semble prudent et
logique de ne pas en prescrire ;
– les IRS diminuent en moyenne de 50 à 60 % les
bouffées de chaleur (niveau de preuve 1) au prix de
quelques effets indésirables (études avec la venlafaxine, la paroxétine ou la luoxétine randomisées double
insu contre placebo). L’étude sur le citalopram et le
tamoxifène ne montre pas d’effet délétère de cette
association [9]. À noter que l’induction enzymatique des
IRS pourrait diminuer en théorie l’efficacité du tamoxifène sauf peut être avec la venlafaxine ;
– il existe quelques études avec l’acupuncture et
l’hypnose (études randomisées, mais caractère aveugle
très difficile à appliquer…) cliniquement des médecins
homéopathes disent utiliser des traitements, mais
aucune étude ne mentionne ces expériences ;
– à noter une étude pilote publiée dans le Lancet en
2008 sur le bloc du ganglion stellaire stellate ganglion
block sous scanner avec des résultats intéressant sur
une population ayant eu un cancer du sein [10] ;
– Femal (Serelys® en France), un remède extrait du
pollen, produit une réduction de 60 à 70 % les bouffées
de chaleur dans une étude randomisée [13] en double
insu contre placebo, mais sur un petit effectif (64
patientes) et avec des résultats à trois mois (niveau de
preuve 3). Ce médicament apparaı̂t prometteur et sans
effets indésirables lorsque les estrogènes sont contreindiqués ;
– l’arrêt de l’étude LIBERATE ne permet pas de
proposer la tibolone.
Peut-être que la mise en place de nouvelles études nous
permettra d’avoir des recommandations plus fiables et
plus précises afin de pouvoir aider la patiente et son (sa)
partenaire à vivre une sexualité la plus épanouie
possible pendant et après la maladie.
RECOMMANDATIONS / RECOMMENDATIONS
773
774
ONCOLOG IE
Recommandations
– Il est nécessaire de prendre en compte la
sexualité dans les algorithmes décisionnels et tenir
compte des effets indésirables des traitements sur la
sexualité (libido, bouffées de chaleur et trophicité
vaginale) ;
– actuellement, la sécheresse vaginale ne peut
être traitée de façon fiable que par des lubrifiants.
Cependant, les traitements les plus efficaces contre les
bouffées de chaleur et la sécheresse vaginale sont les
estrogènes par voie générale. Cela justifie l’initiation
d’études permettant de connaı̂tre le passage systémique des estrogènes locaux et d’études précisant
l’intérêt du sildénafil ;
– quelques pistes thérapeutiques existent contre
les bouffées de chaleur ;
– au vu de la différence d’effets indésirables sur la
sexualité du tamoxifène et des antiaromatases, il est
recommandé de discuter avec la patiente autour de
ces effets indésirables et de l’impliquer, si elle le
souhaite, dans la prise de décision la plus adaptée à sa
situation.
Références
1. Broeckel JA, Thors CL, Jacobsen PB, et al. (2002) Sexual
functioning in long-term breast cancer survivors treated with
adjuvant chemotherapy. Breast Cancer Res Treat 75(3): 241-8
2. Cella D, Fallowfield L, Barker P, et al. (2006) Quality of life of post
menopausal women in the ATAC (Arimidex, Tamoxifene, Alone or in
Combination) trial after completion of 5 years adjuvant treatment for early
breast cancer. Breast Cancer Research and Treatment 100(3): 273-84
3. (2005) Dossier « Sexualité et cancer ». Rev Fr Psychooncol 4(3):
139-206
4. Engel J, Kerr J, Schlesinger-Raab A, et al. (2004) Quality of life
following breast-conserving therapy or mastectomy: results of a 5year prospective study. The Breast Journal 10(3): 223-31
5. Ganz PA, Greendale GA, Petersen L, et al. (2000) Managing
menopausal symptoms in breast cancer survivors: results of a
randomized controlled trial. J Nat Cancer Inst 92(13): 1054-64
6. Ganz PA, Kwan L, Stanton AL, et al. (2004) Quality of life at the end
of primary treatment of breast cancer: first results from the moving
beyond cancer-randomized trial. J National Cancer Inst 96(5):
376-87
7. Jones SE, Cantrell J, Vukelja S, et al. (2007) Comparison of
menopausal symptoms during the first year of adjuvant therapy
with either exemestane or tamoxifen in early breast cancer. J Clin
Oncol 25: 4765-71
8. Land SR, Wickerham DL, Costantino JP, et al. (2006) Patientreported symptoms and quality of life during treatment with TAM
or raloxifen for Breast Cancer prevention. JAMA 295(23): 2742-51
9. Lash TL, Pedersen L, Cronin-Fenton D, et al. (2008) Tamoxifen’s
protection against breast cancer recurrence is not reduced by
concurrent use of the SSRI citalopram. Br J Cancer 99(4): 616-21
10. Lipov EG, Joshi JR, Sanders S, et al. (2008) Effects of stellateganglion block on hot flushes and night awakenings in survivors
of breast cancer: a pilot study. Lancet 9(6): 523-32
11. Meyerowitz BE, Ganz PA (1999) Sexuality following breast cancer.
J Sex Marital Ther 25(3): 237-50
12. Poinsot R, Bredart A, This P (2005) Impact sur la qualité de vie et
la sexualité du traitement hormonal chez les patientes atteintes
d’un cancer du sein. Rev Fr Psychooncologie 10(8): 765-71
13. Winther K, Rein E, Hedman C (2005) Femal, a herbal remedy made
from pollen extracts, reduces hot flushes and improve quality of
life in menopausal women, a randomized placebo controlled,
parallel study. Climateric 8: 162-70
14. Wolff JP, Cachelou R, Guéritée N (1982) Absence of systemic
hormonal effects in an estradiol-diether topically active on the
vaginal mucosa. Maturitas 4(4): 239-46
15. Young-McCaughan S (1996) Sexual functioning in women with
breast cancer after treatment with adjuvant therapy. Cancer Nurs
19: 308-19
Quand et comment préserver la fertilité ?
Coordonnateur du groupe de travail : P.-A. Brioschi
Groupe de travail : P.-A. Brioschi, S. Mimoun, M. Veluire, D. Zarca
Introduction
Depuis quelques années, on observe une augmentation
du nombre des patientes en âge de procréer et qui
présentent un cancer invasif de la glande mammaire.
On a également pu mettre en évidence que la maladie
est souvent plus agressive chez les patientes préménopausées avec un taux de rechute plus élevé [5]. Les
nouvelles stratégies diagnostiques et thérapeutiques
associées aux nouvelles molécules ont démontré une
grande efficacité chez ces patientes avec diminution de
la mortalité de 20 à 30 % [1,5]. Malheureusement,
certains traitements réputés efficaces présentent des
effets indésirables qui peuvent altérer, voire supprimer
la fertilité chez certaines patientes. Par ailleurs, de
nombreuses études ont établi que la grossesse survenant après un cancer du sein n’augmentait pas le
risque de récidive et ne péjorait pas le pronostic [10].
Lorsque le diagnostic de cancer du sein est
annoncé, l’attention est souvent portée exclusivement
sur l’objectif oncologique de la curabilité du cancer, les
traitements qui seront appliqués et les différents
problèmes de toxicité à court ou à moyen terme qu’ils
engendrent. La patiente choquée par le diagnostic, ainsi
que le médecin soucieux de l’action thérapeutique légitimement prioritaire éludent parfois la question de la
fertilité chez les patientes jeunes et en âge de procréer.
Depuis quelques années déjà, plusieurs groupes
multidisciplinaires (oncologues médicaux, gynécologues, spécialistes de la PMA, psychiatres, radiothérapeutes) ont étudié cette problématique et ont apporté des
solutions diverses dans les procédures de préservation
de la fertilité [7,9,14,15,18]. Des directives et recommandations ont été publiées et font déjà référence. Une des
grandes difficultés rencontrées est sans doute la relative
urgenced’application deces procédures « au quotidien ».
La clé de voûte de la réussite de la préservation de la
fertilité chez ces patientes est le réseau multidisciplinaire institué, rapide et facile à activer dans des
protocoles stricts et bien rodés.
% des patientes affectées < 45 ans
43 %
23 %
13 %
Préservation de la fertilité après cancer
du sein : pour quelles patientes ?
Pour les spécialistes qui suivent ces patientes avec un
cancer invasif et dans le cadre de la fertilité, deux
questions se posent. Quel est le nombre de patientes
affectées par une pathologie tumorale maligne et en
âge de procréer, notamment de moins de 40 ans ?
Quelles sont les patientes intéressées par des mesures
de préservation de la fertilité ?
Les cancers les plus fréquents chez la femme avant
40 ans sont le cancer du sein, les mélanomes, les cancers
du col de l’utérus, les lymphomes non hodgkiniens et les
leucémies [8]. Selon ces auteurs, aux États-Unis et au
Royaume-Uni, 4 % des cancers du sein surviendraient
avant l’âge de 40 ans. L’Observatoire national français
signale 5,3 % des cancers du sein dans la tranche d’âge
de 30–39 ans et 0,3 % avant 30 ans [3]. En Suisse, 6 %
des patientes avec cancer du sein ont moins de 40 ans, et
moins de 2 % ont moins de 30 ans [20].
Quant au nombre exact de patientes susceptibles
d’être intéressées par des mesures de préservation de la
fertilité, peu d’études répondent à cette question. Selon
des évaluations indirectes et divers avis d’experts, on
estime à 30–40 % des patientes de moins de 40 ans qui
seraient intéressées par des mesures de préservation
de la fertilité, donc 2–3 % du collectif total des patientes
avec cancer du sein. Ce nombre est beaucoup plus
élevé (13–18 %) si on y inclut les patientes de 40 à
45 ans (niveau de preuve 3) (Fig. 1).
Déclin de la fertilité lié à l’âge
Le nombre d’ovocytes diminue rapidement avec l’âge.
À la naissance, les ovaires contiennent 1–2 millions
Col
de l'utérus
Sein
Leucémie
10 %
8%
Ovaire
Utérus
Fig. 1.
Pourcentage de patientes de moins de 45 ans avec cancer
d’ovocytes. Leur nombre est de 300 000–500 000 à la
puberté, de 25 000 à 37 ans et de 1 000 en moyenne à
50 ans [2,6] (Fig. 2).
Cette chute du nombre des ovocytes est bien sûr
un facteur très important, mais il n’est pas le seul en
cause dans la diminution de la fertilité. En effet, de
multiples autres facteurs de risque, également liés à
l’âge, peuvent être impliqués dans la diminution
de la fertilité : les fibromes utérins, les pathologies
tubaires, l’endométriose, les interventions chirurgicales diverses sur les ovaires, le tabagisme, une
anamnèse familiale de ménopause précoce et des
traitements médicamenteux tels que les chimiothérapies [2,19].
Après un traitement de chimiothérapie, le risque
d’aménorrhée définitive varie selon le schéma thérapeutique et selon l’âge de la patiente. Classiquement,
la littérature rapporte les associations thérapeutiques
à haut risque d’aménorrhée définitive chez les
patientes de plus de 40 ans (CMF, CEF, CAF, etc.). Ces
mêmes traitements présentent un risque intermédiaire
d’aménorrhée si la patiente à moins de 40 ans et un
faible risque pour une patiente de moins de 30 ans [17]
(Fig. 3). Comme molécule isolée, on sait que la
vincristine, le méthotrexate et le fluoro-uracile présentent un très faible risque d’aménorrhée chimio-induite
(niveau de preuve 3).
106
Déplétion lente
105
Number of folliculaire
25,000
104
Déplétion rapide
103
102
0
10
20
30
Age (years)
Fig. 2.
Atrésie folliculaire par rapport à l’âge
40
50
RECOMMANDATIONS / RECOMMENDATIONS
775
776
Risque d'aménorrhée
Elevé (> 80 %)
ONCOLOG IE
Intermédiaire (20-80 %)
Bas (< 20 %)
Age
Schéma de chimiothérapie
> 40 ans
CMF, CEF, CAF (6 cycles)
30-39 ans
> 40 ans
CMF, CEF, CAF (6 cycles)
AC (4 cycles)
< 30 ans
< 40 ans
CMF, CEF, CAF (6 cycles)
AC (4 cycles)
Incertain
Consultation multidisciplinaire
spécialisée : option de
préservation de la fertilité
ART/Cryo-conservation/
Vitification de zygote et/ou
d'ovocyte
Taxanes, Trastuzumab
Adjuvant aromatase inhibitors for early breast cancer after chemotherapy-induced amenorrhea:
caution and suggested guidelines. Smith IE, Dowsett M, Yap YS, et al. J Clin Oncol 2006; 24:2444-7
Fig. 3.
Risque d’aménorrhée définitive chimio-induite
Chirurgie
Stratégie thérapeutique
Chimiothérapie
Radiothérapie
Fig. 5.
Les patientes qui présentent un cancer du sein doivent
recevoir une information complète dès le premier relais
médical spécialisé, qui comprend le diagnostic, le
traitement et ses effets indésirables, dont notamment
les risques d’aménorrhée définitive et donc d’infertilité
secondaire. Cette démarche initiale permettra de dépister rapidement les patientes intéressées par des
mesures de préservation de la fertilité dans le cadre
de leur traitement oncologique et, le cas échéant,
d’activer les protocoles mis en place.
Les différentes mesures de préservation de la
fertilité doivent être appliquées de principe avant les
traitements médicamenteux (chimiothérapie et hormonothérapie). Le temps est une des principales contraintes qui est d’autant plus importante si la décision
thérapeutique oncologique prévoit une chimiothérapie
néoadjuvante (Figs. 4–6). En effet, si la chimiothérapie
est programmée après l’intervention chirurgicale,
l’intervalle de temps permet plus facilement de synchroniser une ovulation et d’effectuer les prélèvements
projetés (accord d’experts).
Mesures de préservation de la fertilité
Les nouveaux développements des techniques de
cryopréservation ont modifié considérablement la
manière d’aborder ce problème jusqu’ici insoluble de
Mode d’application des mesures de préservation de la fertilité si
chirurgie première
Consultation multidisciplinaire
spécialisée : option de
préservation de la fertilité
ART/Cryo-conservation/
Vitification de zygote et/ou
d'ovocyte
Chirurgie
Chimiothérapie
Radiothérapie
Fig. 6.
Mode d’application des mesures de préservation de la fertilité si
chimiothérapie première
la préservation de la fertilité à la suite d’insuffisance
ovarienne chimio-induite. Il a fallu d’abord maı̂triser la
fécondation in vitro avec stimulation ovarienne, puis les
techniques de cryopréservation et de vitrification.
Actuellement, nous disposons principalement de trois
options :
– la cryopréservation d’embryon ;
– la cryopréservation d’ovocytes ;
1. Diagnostic
2. Mesures
d'urgence
3. Traitements
– la cryopréservation d’ovaire (Fig. 7) (niveau de
preuve 2).
Diagnostic :
Cancer du sein
Consultation multidisciplinaire
spécialisée : option de
préservation de la fertilité
Cryo-conservation
embryon, ovocyte
ou ovaire
Chirurgie
Chimiothérapie
Hormonothérapie
Radiothérapie
Fig. 4.
Décisions thérapeutiques oncologiques et mesures de préservation
de la fertilité
Cryopréservation embryonnaire
La cryopréservation embryonnaire est actuellement
considérée comme la méthode de choix dans les
mesures de préservation de la fertilité. En effet, la
technique de stimulation ovarienne et de FIV est
actuellement bien maı̂trisée et peut être effectuée en
deux semaines, depuis le premier jour des menstruations. Ce délai permet de planifier le traitement
oncologique sans retard nuisible. Chez les patientes
qui présentent une tumeur hormonosensible, la
Intervention
Definition
Comment
Consideration
Embryo
cryopreservation (S)
Harvesting eggs
vitro fertilisation
and freezing of
embryos for later
implantation
The most established
technique for fertility
preservation in women
•Requires 10-14 days of
ovarian simulation from the
beginning of menstrual cycle
•Outpatient surgical procedure
•Requires partner or donor sperm
Oocyte
cryopreservation (I)
Harvesting and
freezing of
unfertilized eggs
Small cases eries and cases
reports: as of 2005,
120 deliveries reported,
approximately 2% live births
per thawed oocyte (3-4 times
lower than standart IVF)
•Requires 10-14 days of
ovarian simulation from the
beginning of menstrual cycle
Ovarian
cryopreservation
and transplantation
Freezing of ovarian
tissue and
reimplantation after
cancer treatment
Cases reports: as of 2005,
two live birth reportes
•Not suitable when risk of
ovarian involvement is high
•Outpatient surgical procedure
Fig. 7.
Recommandations sur la préservation de la fertilité chez les patients atteints de cancer de l’American Society of Clinical Oncology, 2006
stimulation ovarienne peut être faite en association
avec le létrozole ou le tamoxifène [13].
Dès que la FIV est effectuée, on procède à la
congélation. Après une période initiale durant laquelle
la congélation lente programmée était la seule
méthode accessible, la technique de vitrification des
embryons, ovocytes et biopsies ovariennes représente
un progrès important dans la qualité de la cryopréservation.
La cryopréservation embryonnaire nécessite bien
entendu la présence d’un partenaire connu ou d’un don
de sperme. Du point de vue éthique et juridique, cette
contrainte soulève un certain nombre de problèmes
potentiels (à qui appartient l’embryon congelé, que se
passe-t-il en cas de séparation du couple, etc. ?). Ces
décisions sont plus difficiles à prendre pour les
patientes, car les délais de réflexion sont relativement
courts, et dans un contexte particulier de la maladie
tumorale.
Globalement, le taux de grossesse est de 25 à 30 %
[12]. Mais ces taux varient selon la cohorte d’âge des
patientes et selon les centres de prise en charge (niveau
de preuve 3).
Cryopréservation d’ovocytes
La technique de stimulation des ovaires est évidemment identique à celle utilisée pour la FIV, mais ici c’est
l’ovocyte seul, non fécondé, qui est cryopréservé. Cette
situation s’applique principalement aux patientes qui
n’ont pas de partenaire ou qui ne désirent pas impliquer
leur partenaire actuel. Certaines patientes préfèrent la
cryopréservation d’ovocytes à celle d’embryons pour
des motifs religieux, éthiques, ou personnels [9].
Cependant, diverses études ont démontré que l’ovocyte
congelé présente un risque plus élevé de détérioration
lors de la procédure de congélation, quelle que soit la
méthode employée [12].
Le taux de grossesse observé est globalement plus
faible (20–25 %) que chez les patientes qui ont bénéficié
d’une cryopréservation embryonnaire classique
(niveau de preuve 3).
Cryopréservation de tissu ovarien
La cryopréservation de tissu ovarien et implantation
ultérieure reste une méthode en investigation et pose
encore beaucoup de problèmes. L’avantage principal
est la facilité de prélèvement qui ne requiert aucun délai
et se fait par simple laparoscopie. Elle ne nécessite pas
de stimulation ovarienne ni la présence d’un donneur
de sperme.
Les follicules primordiaux tolèrent bien la congélation. Par contre, lors de la réimplantation, la phase
d’ischémie initiale et transitoire entraı̂ne la perte de plus
25 % des follicules primordiaux [11,16]. De nombreuses
investigations sont actuellement en cours pour améliorer les conditions de transplantations. La littérature a
relevé quelques succès avec naissance d’un enfant
vivant [4] (niveau de preuve 3).
Conclusions
Le cancer du sein est un des cancers les plus fréquents
chez la patiente en âge de procréer. Il nécessite
fréquemment des traitements adjuvants tels que des
chimiothérapies qui peuvent affecter la fertilité. Ce
risque est directement lié à l’âge de la patiente.
Le spécialiste qui prendra en charge la patiente doit
évoquer précocement ce risque thérapeutique. Cette
approche est d’autant plus importante que les progrès
des techniques de PMA et de la cryopréservation
d’embryon permettent d’obtenir des grossesses dans
plus de 30 % des cas.
L’application de ces mesures de préservation de la
fertilité doit se faire dans le cadre d’un réseau
multidisciplinaire. Il est important de s’assurer que la
priorité oncologique soit respectée, et que les mesures
de préservation de la fertilité ne désavantagent ni la
santé de la mère ni celle de l’éventuel enfant à naı̂tre.
RECOMMANDATIONS / RECOMMENDATIONS
777
778
ONCOLOG IE
Recommandations
– Les patientes en âge de procréer, et chez
lesquelles un diagnostic de cancer du sein est posé,
doivent rapidement être informées du risque d’insuffisance ovarienne chimio-induite et donc des problèmes de potentiels de la fertilité. Mais la priorité
demeure le traitement du cancer (grade B) ;
– les patientes intéressées par des mesures de la
préservation de la fertilité seront prises en charge
rapidement par une équipe multidisciplinaire (spécialiste de la MPA, oncologue médical, sénologue,
psychologue) bien rodée non seulement dans les
compétences, mais également dans le respect des
délais du plan thérapeutique (grade C) ;
– des protocoles de stimulation ovarienne peuvent être activés rapidement tant pour les tumeurs non
hormonodépendantes (grade B) que pour les tumeurs
hormonodépendantes (grade C).
Références
1. Aebi S (2005) Special issues related to the adjuvant therapy in very
young women. Breast 14: 594-9
2. ACOG, age-related fertility decline, Committee opinion, 2008
August; no 413
3. Cutuli B (2006) Modalité de découverte du cancer du sein en
France (2001–2004). Lettre du sénologue 32: 9-15
4. Donnez J, Dolmans MM, Demylle D, et al. (2004) Livebirth after
orthoptic transplantation of cryopreserved ovarian tissue. Lancet
364: 1405-10
5. EBCTCG: Early Breast Cancer Trialists’ Collaborative Group (2005)
Effect of chemotherapy and hormonal therapy for early breast
cancer on recurrence and 15-year survival. An overview of the
randomised trials. Lancet 365: 1687-717
6. Faddy MJ, Gosden RG, Gougeon A, et al. (1992) Accelerated
disappearance of ovarian follicles in mid-life: implications for
forecasting menopause. Hum Reprod 7: 1342-6
7. Helewa M, Levesque P, Provencher D (2002) Cancer du sein, grossesse
et allaitement. Directives cliniques de la SOGC. JOGC 111: 1-9
8. Jemal A, Murray T, Ward E, et al. (2005) Cancer statistics 2005.
Cancer J Clin 55(1): 10-30
9. Lee SJ, Schover LR, Partridge AH, et al. (2006) American Society of
Clinical Oncology recommendations on fertility preservation in
cancer patients. J Clin Oncol 24: 2917-31
10. Lobo RA (2005) Potential options for preservation of fertility in
women. N Engl J Med 353: 64-73
11. Meirow D, Fasouliotis SJ, Nugent D, et al. (1999) A laparoscopic
technique for obtaining ovarian cortical biopsy specimen for fertility
conservation in patients with cancer. Fert Steril 71(5): 948-51
12. Oktay K, Hourvitz A, Sahin G, et al. (2006) Letrozole reduces
estrogen and gonadotropin exposure in women with breast
cancer undergoing ovarian stimulation before chemotherapy.
J Clin Endocrinol Metab 91(10): 3885-90
13. Oktay K (2005b) Further evidence on the safety and success of
ovarian stimulation with letrozole and tamoxifen in breast cancer
patients undergoing in vitro fertilization to cryopreserve their
embryos for fertility preservation. J Clin Oncol 23(16): 3858-9
14. Oktay K (2005a) Options for preservation of fertility in women.
N Engl J Med 353(13): 1418-20
15. Plante M (2002) Le traitement du cancer permet désormais de
préserver la fécondité. JOGC 2: 118-20
16. Poirot C, Vacher-Lavenu MC, Helardot P, et al. (2002) Human
ovarian tissue cryopreservation: indications and feasibility. Hum
Reprod 17(6): 1447-52
17. Smith IE, Dowsett M, Yap YS, et al. (2006) Adjuvant aromatase inhibitors
for early breast cancer after chemotherapy-induced amenorrhea:
caution and suggested guidelines. J Clin Oncol 24: 2444-7
18. Sonmezer M, Oktay K (2004) Fertility preservation in female
patients. Hum Reprod Update 10(3): 251-66
19. Stearns V, Schneider B, Henry NL, et al. (2006) Breast cancer
Treatment and ovarian failure: risk factors and emerging genetic
determinants. Nat Rev Cancer 6: 886-93
20. Zaman K, Ambrosetti A, Prey L, et al. (2007) Cancer du sein chez
la jeune femme : traitements adjuvants et désir de grossesse. Rev
Med Suisse 3: 1298-304
La dyspnée en phase avancée du cancer du sein
Coordonnateur du groupe de travail : C. Ciais
Groupe de travail : C. Bouleuc, G. Chvetzoff, C. Ciais, M. Magnet, J. Otto, P. Poulain, S. Toussaint
Définition
– « La dyspnée est une expérience subjective
d’inconfort respiratoire. Cette expérience est le
résultat de différentes composantes : facteurs physiologique, psychologique, social et environnemental » (définition de l’American Thoracic Society)
[3,30] ;
– il n’existe pas de corrélation réelle entre l’intensité
de la dyspnée et les anomalies objectives de la fonction
pulmonaire, représentée par les éléments cliniques :
mesure du peak flow, saturation en O2, capacité vitale,
spirométrie [12,13,20].
Dans une étude, 60 % des patients dyspnéiques ont une
saturation en O2 supérieure à 90 % [19,20] :
– la dyspnée a des répercussions sur la vie
quotidienne pour de nombreux patients (marche,
travail, retentissement psychologique) [40,43]. Elle a
aussi souvent un fort impact sur la famille et les
soignants ;
– c’est un symptôme difficile à prendre en charge :
– difficulté pour le patient à le décrire ;
– difficulté pour les soignants à évaluer sa gravité.
L’écart entre la dyspnée ressentie et la dyspnée évaluée
par des proches ou des soignants extérieurs est plus
grand que pour la douleur [43] ;
– difficulté pour les soignants à le traiter. C’est un
symptôme sous-traité [40]. Un contrôle satisfaisant
symptomatique de la dyspnée est moins fréquent que
pour la douleur [12].
Tableau 1. Échelle de EORTC, spécifique pour dyspnée : LC 13 du QLQC 30 de l’ORTC
Auteur
Année
Lieu
Méthode d’évaluation
de la dyspnée
Nombre de patients
Prévalence de la
dyspnée (%)
Reuben
et Mor [39]
1986
Hospices et services
de soins conventionnels
Échelle verbale à 5
items (de non à
horrible)
1 754
Heyse-Moore
et al. [27]
1991
Échelle numérique
de 0 à 6
292
Grond
et al. [25]
1994
Service douleur
Symptômes présents/
absents
1 635, dont 155
cancers du sein
Desbiens
et al. [16]
1997
Centre de cancérologie
1 556
Bruera
et al. [10]
Dudgeon
et al. [19]
2000
Clinique de traitement de la
douleur et des symptômes
Centre de cancérologie
Échelle verbale à 4
items (non–légère–
modérée–sévère)
EVA de 0 à 10
49 % de l’ensemble
des patients
70 % durant les six
dernières semaines
de vie
45,3 % des patients
qui survivent plus
de 56 jours
78 % des patients le
dernier jour de vie
24 % de l’ensemble
des patients
28 % des patientes
atteintes d’un cancer
du sein
48 %
Vainio
et al. [45]
2001
1996
7 centres de soins
palliatifs
EVA de 0 à 10
EVA
Prévalence
Selon les études en cancérologie (Tableau 1), 21 à 79 %
des patients présentent une dyspnée [12,16,19,25,27,39,
45]. Ces études montrent une importante variation car :
– la population étudiée est hétérogène : type et
stade de cancer ;
– hétérogénéité des outils d’évaluation.
Prévalence de la dyspnée chez les patientes atteintes
d’un cancer du sein : peu d’études sont retrouvées.
L’incidence la plus élevée se trouve dans le cancer du
poumon, elle est non négligeable dans le cancer du sein.
En effet, ilexiste une différence significative de l’incidence
de la dyspnée selon le site primitif (p < 0,0001), cela ne
préjugeant en rien de l’intensité de la dyspnée [45].
Dans une étude de Dudgeon et al., 923 patients
cancéreux ont été inclus, dont 297 étaient porteurs d’un
cancer du sein. Cinquante et un pour cent de ces
patientes étaient dyspnéiques (échelle visuelle analogique [EVA] ≥ 3/10) [19].
Grond et al. [25] ont effectué une étude portant sur
1 635 patients en phase avancée, dont 155 étaient
porteurs d’un cancer du sein. Vingt-huit pour cent de ces
patientes étaient dyspnéiques.
135 patients en
phase avancée
923, dont 927 cancers
du sein
1 640, dont 186
cancers du sein
55 % (EVA ≥ 3)
49 % de l’ensemble
des patients
51 % des patientes
atteintes d’un cancer
du sein
20 % de l’ensemble
des patients
24 % des patientes
atteintes d’un cancer
du sein (46 % dans
du poumon)
La dyspnée est un facteur de mauvais pronostic. Elle
est plus fréquente dans les phases terminales [27,39].
L’European Association for Palliative Care (EAPC) a
identifié des facteurs significatifs de mauvais pronostic
en phase avancée de cancer : la dyspnée, ainsi que
l’anorexie cachexie, et les troubles cognitifs sont les
trois symptômes cliniques significatifs, indépendants
de mauvais pronostic [32] (recommandations de
grade B).
Facteurs associés
Anxiété
Dans plusieurs études [1,10,20,29], l’intensité de la
dyspnée est corrélée à l’intensité de l’anxiété. Il s’agit
d’une corrélation statistiquement significative :
p = 0,003 dans l’étude de Dudgeon et al., p = 0,001
dans une autre étude de Dudgeon et al. [10,20].
Cette corrélation est difficile à interpréter, l’anxiété
pouvant contribuer à la dyspnée mais pouvant aussi en
être la conséquence [10].
Fatigue
Il n’existe pas de corrélation évidente [1,10,20,29].
RECOMMANDATIONS / RECOMMENDATIONS
779
780
Évaluation
ONCOLOG IE
L’évaluation de la dyspnée est celle d’un symptôme et
non pas de la fonction respiratoire. Elle fait appel à des
échelles d’autoévaluation.
L’évaluation est importante car :
– la dyspnée est souvent sous-estimée par le corps
médical ;
– la dyspnée perturbe la qualité de vie chez de
nombreux patients ;
– une détection précoce permet une prise en charge
précoce.
Évaluation unidimensionnelle
C’est l’évaluation de l’intensité ressentie.
Outils
Dyspnea Numeric Scale (DNS)
Elle est cotée de 0 à 10, c’est une EVA. Elle est utilisée
par de nombreux auteurs [10,23,31]. Cette échelle a été
testée chez des patients avec un PS inférieur ou égal à 3.
Elle permet un suivi dans le temps et de juger de
l’efficacité des thérapeutiques. Le seuil de la dyspnée
est à 3/10. Il a été défini par rapport à des groupes
témoins de patients pour lesquels la dyspnée ne
représentait pas un problème clinique [1,10].
sein, qui est responsable d’environ un tiers des
pleurésies métastatiques [26,33]. Environ la moitié des
patientes atteintes de cancer du sein présentent au
cours de leur évolution un épanchement pleural [38].
Dans la majorité des cas, ces épanchements pleuraux
sont symptomatiques, seulement 25 % restent peu ou
pas symptomatiques. Le symptôme est une dyspnée
dans 96 % de cas, une douleur dans 56 % et une toux
dans 44 % [36]. Selon une série [21] de 105 patientes
atteintes d’un cancer du sein avec un épanchement
pleural métastatique, le délai moyen entre le diagnostic
de cancer du sein et l’apparition de l’épanchement est
de 41,5 mois (0 à 256 mois). La survie moyenne à partir
de la découverte d’un épanchement pleural est selon
trois études respectivement de six mois [38], 15,7 mois
[21] et 17 mois. Un nombre important de patientes vont
donc vivre longtemps avec leur épanchement pleural.
La meilleure prise en charge possible de celui-ci est
donc fondamentale pour maintenir leur qualité de vie :
– atteinte parenchymateuse pulmonaire ;
– lymphangite carcinomateuse ;
– obstruction bronchique ou trachéale (intrinsèque
ou extrinsèque) ;
– atteinte pariétale ;
– épanchement péricardique ;
– fractures costales.
En rapport indirect avec la tumeur
Verbal Rating Scale for dyspnea
C’est une échelle verbale qui propose comme item :
aucune, légère, modérée, sévère [6]. C’est une échelle
parfois plus facile à appréhender pour certains patients
que le DNS [18]. Sa sensibilité par rapport à l’efficacité
des traitements n’a pas été évaluée.
Évaluation multidimensionnelle
C’est une évaluation plus complète s’intéressant au
retentissement sur la qualité de vie.
Cancer Dyspnea Scale (CDS)
Selon Tanaka et al. [42], elle comporte 12 items
s’intéressant aux facteurs suivants :
– Cachexie ;
– anémie ;
– pneumopathie ;
– embolie pulmonaire ;
– hépatomégalie ;
– ascite, météorisme abdominal.
Liée au traitement
– Pneumopathie, ex. : radiothérapie ;
– épanchement pleural, ex. : taxotère ;
– cardiopathie, ex. : anthracyclines ;
– physique : marche, activités de la vie quotidienne,
travail (5 items) ;
– embolie pulmonaire, ex. : certaines hormonothérapies.
– psychologique : humeur, joie de vivre, anxiété
(4 items) ;
Indépendantes du cancer
– d’inconfort (3 items).
Cette échelle est validée chez le patient cancéreux
[42], et réalisable en deux minutes environ.
Étiologie
En rapport direct avec la tumeur
– Épanchement pleural métastatique : c’est une
cause très fréquente de la dyspnée dans le cancer du
– BPCO, insuffisance cardiaque ;
– obésité ;
– etc.
Les mécanismes sont le plus souvent multiples. Il faut
souligner le rôle important des muscles respiratoires :
rôle de la malnutrition responsable d’une fatigabilité de
ces muscles [10].
Ce phénomène pourrait expliquer la dyspnée chez
des patients pour qui aucune autre cause de dyspnée
n’est retrouvée. Une étude de Reuben et al. [39]
rapporte que la cachexie est la seule cause retrouvée
de dyspnée dans 24 % des cas.
Mesures générales
Conduite à tenir pour le diagnostic
– installation du patient : prendre son temps, position semi-assise, lit médicalisé ;
Évaluer l’intensité de la dyspnée et le vécu du
patient
– Les mots pour décrire : « respiration courte,
manque d’air, oppression, etc. » ;
– intensité et répercussions sur la qualité de vie : la
dyspnée intervient-elle pour des efforts importants
(monter les escaliers, porter des charges), pour des
actes quotidiens minimes (toilettes, déplacement
lit–fauteuil) ou dépendance totale (alitement permanent) ? Les outils d’évaluation (cf. chap. 4) trouvent ici
leur place.
Examen clinique
– Mesure de la fréquence respiratoire : cette mesure
est souvent négligée, mais pourtant d’une importance
capitale dans le suivi des thérapeutiques, notamment
des morphiniques. La fréquence respiratoire peut aussi
constituer un moyen de détection de la dyspnée ;
– cyanose, sueurs, tirage ;
– tachycardie.
Examens paracliniques
Les moyens doivent être adaptés à la situation du
patient ; deux facteurs à prendre en compte :
– l’espérance de vie du patient, son état clinique ;
– l’objectif de l’examen paraclinique : celui-ci permettra-t-il une action thérapeutique ?
Examens en première intention
Il s’agit de la mesure de la saturation en oxygène, de la
radiographie pulmonaire et de la numération formule
sanguine.
Examens à discuter
Ils concernent le scanner thoracique, la fibroscopie
bronchique, la gazométrie artérielle et l’échographie
cardiaque.
Traitement
Lorsque c’est possible, la cause de la dyspnée doit être
identifiée et traitée.
Nous n’aborderons pas les traitements spécifiques
du cancer, nous développerons par contre des techniques indiquées lors de certaines étiologies (épanchement pleural, obstruction bronchique).
Toujours applicables, elles demandent la participation
de toute l’équipe soignante et de la famille :
– pièce aérée ;
– ambiance calme, présence rassurante, explications.
Traitements particuliers de certaines causes
étiologiques
Épanchement pleural métastatique
Moyens thérapeutiques
Ponctions pleurales itératives. Une ponction pleurale
évacuatrice permet dans la majorité des cas une
amélioration rapide de la dyspnée. Elle est donc
indiquée en première intention, en urgence. Cette
amélioration est transitoire. En effet, l’épanchement va
récidiver dans 98 à 100 % des cas dans les 30 jours. De
plus, des ponctions répétées favorisent la formation
d’adhérences qui vont conduire à un cloisonnement de
l’épanchement ; rapidement, elles ne permettront donc
plus d’améliorer la dyspnée. Elles peuvent être également responsables d’autres complications iatrogènes
(pneumothorax, infection, hémorragie).
Talcalge pleural par thoracoscopie chirurgicale
vidéo assistée (TCVA). Il se fait sous anesthésie
générale. Cette technique permet si nécessaire la
réalisation de biopsies pleurales de bonne qualité, à
visée diagnostique ou permettant d’orienter le traitement (statut hormonal, HER2). Il permet un contrôle de
la cavité pleurale, d’évaluer l’extension de la maladie, de
détruire d’éventuelles brides, de vider la totalité du
liquide pleural, de répartir le talc de façon homogène
dans l’ensemble de la cavité pleurale sous contrôle de la
vue, de placer les drains également sous contrôle de la
vue. Ce geste nécessite en moyenne une hospitalisation
de sept jours [21,26,36]. Les taux de mortalité à 30 jours
rapportés dans la littérature sont très variables (3 à
24 %) et dépendent très probablement de la sélection
des malades. Les séries comportant une majorité de
cancer du sein ont les meilleures survies. Les taux de
mortalité peropératoire sont très faibles (< 0,5 %). Les
taux de complications postopératoires sont autour de
2 % [26,36]. Les complications les plus fréquentes sont
la fièvre et la douleur. Les détresses respiratoires
(SDRA) sont rares (8 %) mais graves (1 % de mortalité).
Les taux de succès rapportés dans la littérature varient
de 88 à 97 % [26,36]. Une série de 71 patientes atteintes
de cancer du sein rapporte un taux de réussite de 89 %
avec un suivi moyen de 22 mois. Cette série ne rapporte
aucun décès peropératoire, ni aucune complication perou périopératoire [26,36].
Talcage pleural par drainage percutané simple.
Ce geste est réalisé sous anesthésie locale au lit du
malade. Les taux de réussite publiés varient de 72 à 94 %.
RECOMMANDATIONS / RECOMMENDATIONS
781
ONCOLOG IE
782
Le temps moyen d’hospitalisation est de sept jours. Le
taux de complications pulmonaires est un peu inférieur.
– amélioration significative de la dyspnée après
cette évacuation ;
Une étude de Dresler et al. [17] a comparé ces deux
techniques de talcage. Quatre cent quatre-vingt-deux
patients ont été inclus dont environ 25 % sont des
cancers du sein. Les complications pulmonaires semblent un peu moins fréquentes dans le bras drainage
simple. Les taux de réussite semblent un peu moins
bons dans ce bras que dans le talcage par TCVA, en
particulier pour les cancers du sein et du poumon. La
durée d’hospitalisation moyenne est identique. Cette
technique est moins coûteuse.
– absence d’autres causes de dyspnée, en particulier absence de lymphangite (TDM thorax) ou d’obstruction bronchique (fibroscopie bronchique) ;
®
Cathéter pleural tunnellisé (PLeurX ). Ce geste est
réalisé sous anesthésie locale, dans une salle de bloc. Il
utilise un matériel spécifique PleurX®. L’évacuation du
liquide se fait ensuite régulièrement à domicile par le
patient lui-même ou une infirmière. Deux études
importantes ont été publiées. Une première de Warren
et al. [47] concerne 202 patients dont la moitié sont des
cancers du sein. Les complications infectieuses sont
rares (3,8 %) et, dans la majorité des cas, localisés au
point d’insertion. Le cathéter s’est bouché dans 4,8 %
des cas, mais plus rarement parmi les cancers du sein.
Le cathéter a pu être retiré chez 69 % des patientes
atteints de cancer du sein. Une récidive de l’épanchement est survenue chez 3,8 % des patients ; il n’a pas
nécessité de geste de drainage dans la majorité des cas.
Une seconde étude de Tremblay et al. [44] concerne
223 patients dont 20 % de cancer du sein. Dans cette
étude, on retrouve une disparition complète de la dyspnée
chez 53,3 % des patientes atteintes de cancer du sein.
Cathéter à chambre implantable (CCIP). Cette
technique n’est rapportée, à ce jour, que par une seule
équipe [15]. Leur expérience porte sur le suivi prospectif
de 26 patientes dont 22 sont porteuses d’un cancer du
sein. La pose était effectuée sous sédation. Le cathéter
est introduit par le troisième ou cinquième espace
intercostal sur la ligne axillaire moyenne, sous contrôle
d’un amplificateur de brillance. La chambre est placée
au niveau de la ligne axillaire moyenne, en regard des
10e, 11e ou 12e côtes. Les ponctions pleurales évacuatrices étaient ensuite réalisées à l’hôpital par un
médecin ou une infirmière en fonction de l’évolution
de la dyspnée. Tous les patients (96 %) ont eu une
amélioration partielle ou totale de leur dyspnée. Il n’a
été observé aucune complication au décours immédiat
de la pose, aucune hospitalisation en rapport avec une
complication, aucun dysfonctionnement à type d’obstruction définitive. Les auteurs concluent donc que
l’utilisation du CCIP pourrait être une alternative
thérapeutique intéressante dans la prise en charge
ambulatoire des pleurésies métastatiques.
Indications
– survie estimée supérieure à six mois ;
pas de contre-indication à une anesthésie générale ;
– nécessité de biopsies.
Talcage pleural par drainage simple :
– réexpansion complète du poumon après évacuation de l’épanchement par drainage ;
– amélioration significative de la dyspnée après
cette évacuation ;
– absence d’autres causes de dyspnée, en particulier absence de lymphangite (TDM du thorax) ou
d’obstruction bronchique (fibroscopie bronchique) ;
– survie estimée supérieure à trois mois.
Cathéter pleural tunnellisé (PleurX®) :
– absence de réexpansion du poumon après drainage ;
– espérance de vie estimée inférieure à trois mois.
CCIP. Trop peu de données à ce jour.
Obstruction bronchique
C’est une cause rare de dyspnée, mais dont le
diagnostic doit être fait, car il peut permettre une prise
en charge spécifique efficace. De plus, il s’agit souvent
de dyspnée aiguë dont la prise en charge est donc
urgente. En fonction de la cause de l’obstruction
bronchique (tumeur bourgeonnante endoluminale,
compression extrinsèque ou lésion mixte), plusieurs
techniques d’endoscopie interventionnelle peuvent être
utilisées. Les lésions bourgeonnantes peuvent être
traitées par résection laser assistée ou de plus en plus
souvent maintenant par thermocoagulation à haute
fréquence. Les compressions extrinsèques sont les
indications privilégiées des prothèses. Les prothèses
utilisées doivent être étanches pour limiter le risque de
récidive tumorale à travers la prothèse. Elles sont le plus
souvent en silicone, parfois métallique couverte. Souvent, la composante endoluminale doit être traitée
avant de mettre en place la prothèse. Ces techniques
sont réalisées le plus souvent sous bronchoscope rigide
sous anesthésie générale. Elles peuvent permettre de
passer un cap avant la mise en place d’un traitement de
fond (chimiothérapie, radiothérapie). Elles s’adressent à
des patients dont l’état général et le pronostic justifient
ces techniques lourdes.
Traitements symptomatiques médicamenteux
Talcage pleural par thoracoscopie chirurgicale vidéo
assistée (TCVA) :
Oxygénothérapie
– réexpansion complète du poumon après évacuation de l’épanchement par drainage ;
L’utilisation de l’oxygénothérapie chez les patients
atteints de cancer en phase avancée a été très peu
Tableau 2. O2 versus air
Auteur Année
Nombre
de patients
Traitement
Critère
d’inclusion
Évaluation
VAS
Résultat
Philip et al.
2006 [37]
51
VAS > 30
Au repos
Effet nul, pas de différence
significative entre air et O2
Bruera et al.
2003 [12]
33
28 cancers du poumon
8 cancers du sein
4 cancers colorectaux
31 cancers du poumon
31 métastases pulmonaires
14
À l’effort
(après 6 minutes
de marche)
Au repos
Effet nul, pas de différence
significative entre air et O2
Bruera et al.
1993 et Bruera
et al. 1993 [7,11]
Saturation
O2 >90 %
HB > 10
Saturation
O2 < 90 %
Booth et al.
1996 [4]
38
Au repos
Effet positif, pas de différence
significative entre air et O2
5 cancers du poumon
6 métastases pulmonaires
2 épanchements pleuraux
1 lymphangite
20 cancers pulmonaires
2 mésothéliums
16 autres cancers
étudiée : nous retrouvons quatre essais randomisés
en double insu (Tableau 2). Ce sont des études où
l’oxygène est étudié versus air. Le traitement est
instauré pendant une heure à la dose de quatre à cinq
litres par minute, puis la dyspnée est évaluée. Pour trois
des études, l’évaluation est effectuée au repos et pour
l’une d’entre elle, la dyspnée est évaluée à l’effort (après
six minutes de marche).
Dans deux études, nous ne retrouvons pas d’effet
bénéfique significatif, que ce soit avec l’oxygène ou
avec l’air. Dans l’étude de Booth et al. [4], nous
retrouvons la même efficacité de l’oxygénothérapie et
de l’air.
L’oxygénothérapie montre un effet bénéfique significatif par rapport à l’air dans l’étude de Bruera et al. [7],
qui évalue la dyspnée chez des patients au départ
hypoxiques.
Nous observons dans toutes ces études que la
saturation de l’oxygène augmente avec la supplémentation d’O2, comme nous pouvions nous y attendre.
Nous ne notons pas d’effet secondaire notable.
Il est difficile de tirer des conclusions de ces
quelques études incluant peu de patients.
Au total :
– En soins palliatifs, l’oxygénothérapie est controversée :
restriction des activités du patient ;
entrave de la communication ;
dépendance psychologique : le patient ne parvient plus à se passer d’oxygène même quelques
minutes, risque d’anxiété majeure si problème technique dans le fonctionnement de l’oxygénothérapie ;
Amélioration significative
de la dyspnée sous O2
Nous préconisons une approche individualisée, au cas
par cas, pour la prescription de l’oxygénothérapie
(accord d’experts).
Pas d’oxygénothérapie systématique. Les effets
délétères doivent être pris en compte, en balançant les
effets positifs pour chaque individu.
Il paraı̂t raisonnable de prescrire de l’oxygène pour
les patients dyspnéiques avec une saturation inférieure à 90 % (accord d’experts) et d’évaluer si
l’augmentation de la saturation en oxygène
s’accompagne d’un soulagement de la dyspnée.
Un essai peut être entrepris néanmoins chez les
patients avec une saturation normale.
Réévaluer la dyspnée et la tolérance de l’oxygène
régulièrement.
Nous n’avons pas assez de données pour définir un
débit, seule la clinique compte.
Morphinothérapie
Nous retrouvons six études randomisées entre 1993 et
2006 dont quatre en crossover (Tableau 3) [28].
Nous observons donc peu d’études, incluant peu de
patients (au total 256). Peu de cancers du sein. Les
études par voie orale et parentérale donnent des
résultats positifs. Les études par nébulisation ne montrent pas d’efficacité.
Le mode d’action de la morphine reste controversé.
Plusieurs mécanismes sont avancés :
– réduction de la sensibilité à l’hypercapnie ;
– diminution du rythme respiratoire, avec diminution d’hyperventilation et diminution d’espace mort ;
sécheresse buccale ;
– meilleure tolérance à la fatigue musculaire ;
risque de combustion ;
– réduction de l’anxiété ;
coût de l’oxygénothérapie à domicile ;
humidificateur bruyant et encombrant à domicile.
– amélioration de la fonction cardiaque avec vasodilatation et diminution de la précharge.
RECOMMANDATIONS / RECOMMENDATIONS
783
784
ONCOLOG IE
Tableau 3. Utilisation de la morphine
Auteur Année
Type
d’interventions
Nombre
de
patients
Nature
du cancer
EVA (0 à 100)
Effets
secondaires
Résultat
Bruera et al.
1993 [8]
Morphine s.c.
versus placebo
10
Cancer poumon, 7
Métastase
poumons, 3
Morphine s.c. ! my
EVA : 14
Placebo s.c. ! my
EVA : 32
Non reportés
Filshie et al
1996 [22]
Morphine nébulisation versus
placebo
79
Cancer poumon
ou métastase
poumon
Non reportés
Grimbert et
al. 2004 [24]
Morphine nébulisation versus
placebo
Morphine s.c.
versus morphine
nébulisation
12
Cancer poumon
ou métastase
poumon
Cancer pulmonaire, 7
Métastase
pulmonaire, 5
Nébulisation morphine
! variation EVA : 0,84
Nébulisation placebo
! variation EVA 0,64
Pas d’EVA
Échelle verbale
Amélioration
significative
de l’EVA
(45 minutes
après injection)
Pas d’amélioration significative
(60 minutes après
nébulisation)
Pas d’amélioration significative
Morphine s.c. ! EVA :
moyenne à 30
Morphine nébulisation
! EVA moyenne à 20
Sédation
Morphine à
différents dosages sous-cutané
et oral
33
+ 25 % de dose du traitement de fond ! EVA :
m! à 37 + 50 % de dose
du traitement du fond,
! EVA : m ! à 39
Non reportés
Bruera et al.
2005 [9]
Allard et al.
1999 [2]
12
Cancer poumon,
21
Cancer du sein, 6
Autres, 6
Non reportés
Pas d’efficacité
significative
Pas de différence
significative entre
sous-cutané et
nébulisation
Amélioration
significative
Pas de différence
entre les doses
Au total :
Nous pouvons retenir l’indication des opioı̈des
pour le soulagement de la dyspnée (accord d’experts).
Les doses sont à adapter par titration, selon la
tolérance et l’efficacité.
traitement. Pas de modification significative de la
saturation en oxygène sous morphine.
Les doses initiales recommandées sont les suivantes :
Nous retrouvons une seule étude étudiant l’effet d’une
benzodiazépine sur la dyspnée en phase avancée de
cancer.
– patients déjà sous morphine :
– dyspnée aiguë : 1/10e de la dose journalière ;
– dyspnée permanente : augmentation de 30 % de
la dose reçue ;
– patients naı̈fs de morphine :
– dyspnée aiguë : 5 mg p.o. ou 2,5 mg s.c. ;
– dyspnée permanente : 5 mg p.o. toutes les
quatre heures ou 2,5 mg s.c. toutes les quatre heures
ou 15 mg par 24 heures en i.v.
Ces doses sont à réadapter et à augmenter par
palier de 30 % selon la tolérance et l’efficacité. La
fréquence respiratoire est un élément important de
surveillance.
Benzodiazépines
La benzodiazépine utilisée est du midazolam pour
voie sous-cutanée [35]. L’auteur discerne trois groupes
qui comprennent chacun 30 patients :
– premier groupe : patients sous morphinique seul
en continu par voie sous-cutanée. Le midazolam est
administré au coup par coup en cas de crise dyspnéique
à la dose de 5 mg ;
– deuxième groupe : patients sous midazolam en
continu par voie sous-cutanée. La morphine est administrée en cas de crise, à la dose de 2,5 mg par voie
sous-cutanée ;
L’administration de morphine en nébulisation n’a
pas fait la preuve de son efficacité (accord d’experts).
– troisième groupe : patients sous morphine +
midazolam en continu en voie sous-cutanée. En cas
de crise, la morphine est administrée en plus par voie
sous-cutanée à la dose de 2,5 mg.
Nous notons peu d’effets secondaires. Les effets
indésirables retrouvés sont ceux couramment liés à
la prise de morphiniques (nausées, vomissements,
somnolence, constipation, etc.), mais aucun effet
indésirable vital n’a pu être mis sur le compte du
Il s’agit d’une étude en simple insu, le médecin ayant
connaissance du traitement utilisé. Aucun patient ne
recevait par ailleurs de l’oxygène ou une corticothérapie. L’évaluation est effectuée par EVA au bout de
24 heures de traitement, puis au bout de 48 heures.
Vingt pour cent des patients sont porteurs d’un cancer
du sein. Les meilleurs résultats sur le plan de l’efficacité
sur la dyspnée ont été obtenus dans le groupe qui
recevait l’association en continu de morphine + midazolam, avec un meilleur soulagement de la dyspnée et
moins de crises dyspnéiques.
Par ailleurs, nous notons plus d’effets secondaires
dans le groupe traité par morphine seule en continu et
moins d’effets secondaires dans le groupe traité par
morphine + midazolam en continu.
Au total, la seule étude qui s’intéresse au rôle du
midazolam en association avec la morphine montre des
effets bénéfiques sur la dyspnée supérieurs au traitement morphinique seul, sans augmentation de la
somnolence.
Nous savons que l’intensité de la dyspnée est corrélée
avec le degré d’anxiété. Il est donc logique de
préconiser particulièrement chez les patients anxieux,
un traitement par benzodiazépine (accord d’experts).
Le midazolam semble adapté. La dose efficace
s’obtient par titration, en commençant à la dose de
0,25 mg/h par voie sous-cutanée ou en intraveineux
(50 % chez les sujets âgés). Aucune autre benzodiazépine, notamment par voie orale, n’a été étudiée dans
ce contexte.
Corticostéroı̈des
Leur rôle semble intéressant lorsqu’il existe un syndrome obstructif. Nous ne retrouvons pas d’étude sur
l’efficacité de la corticothérapie par voie systémique sur
la dyspnée en phase avancée d’une pathologie cancéreuse. Néanmoins, ce traitement est utilisé en pratique
clinique très fréquemment, notamment dans les cas
suivants : syndrome cave supérieur, lymphangite carcinomateuse, bronchospasme, œdème laryngé, fibrose
pulmonaire.
Approches non pharmacologiques
Quelques études pilotes [5,14,34] se sont intéressées à
différentes méthodes, proposées le plus souvent par
des infirmières cliniciennes : exercices de relaxation,
contrôle d’exercices respiratoires, support psychosocial. Le but est d’augmenter la tolérance individuelle à
une fonction respiratoire restreinte. Les résultats sont
globalement encourageants en termes de score de
dyspnée, de score de qualité de vie (score OMS). Nous
recommandons aux infirmières et équipes soignantes
d’engager des démarches dans ce sens.
Une étude par acupuncture [46] a été retrouvée, ne
montrant pas d’efficacité supérieure au placebo.
Cas particulier : détresse respiratoire asphyxique
Il s’agit d’une situation aiguë à risque vital immédiat,
dans un contexte de phase terminale d’une pathologie
cancéreuse. Cette détresse respiratoire est considérée
comme un syndrome physique réfractaire, vécu
comme insupportable par le patient. La Société française d’accompagnement et de soins palliatifs (SFAP)
a émis des recommandations dans ce cas précis [41]
« la sédation en phase terminale pour détresse est la
recherche par des moyens médicamenteux, d’une
diminution de la vigilance pouvant aller jusqu’à la
perte de conscience, dans le but de diminuer ou de faire
disparaı̂tre la perception d’une situation vécue comme
insupportable par le patient, alors que tous les moyens
disponibles et adaptés à cette situation ont pu lui être
proposés et/ou mis en œuvre sans permettre d’obtenir
le soulagement escompté par le patient ».
La SFAP propose un protocole de sédation dans ces
cas extrêmes. Le médicament retenu est le midazolam,
administré par voie veineuse : midazolam à la concentration de 0,5 mg/ml :
– injecter 1 ml (0,5 mg) toutes les deux à trois
minutes jusqu’à obtention d’un score de 4 à l’échelle
de Rudkin ;
– noter le nombre de milligrammes nécessaires à
l’induction ;
– entretenir la sédation en prescrivant une dose
horaire égale à 50 % de la dose utile à l’induction, en
perfusion intraveineuse continue.
Il est capital de poursuivre les mesures d’accompagnement auprès du patient et de ses proches pendant la
sédation [41].
Références
1. Ahles TA, Ruckdeschel JC, Blanchard EB (1984) Cancer-related
pain. II. Assessment with visual analogue scales. J Psychosom
Res 28(2): 121-4
2. Allard P, Lamontagne C, Bernard P, Tremblay C (1999) How
effective are supplementary doses of opioids for dyspnea in
terminally ill cancer patients? A randomized continuous sequential
clinical trial. J Pain Symptom Manag 17(4): 256-65
3. American Thoracic Society. Dyspnea (1999) Mechanisms, assessment, and management: a consensus statement. American
Thoracic Society. Am J Respir Crit Care Med 159(1): 321-40
4. Booth S, Kelly MJ, Cox NP, et al. (1996) Does oxygen help dyspnea
in patients with cancer? Am J Respir Crit Care Med 153(5): 1515-8
5. Bredin M, Corner J, Krishnasamy M, et al. (1999) Multicentre
randomised controlled trial of nursing intervention for breathlessness in patients with lung cancer. BMJ 318: 901
6. Brown ML, Carrieri V, Janson-Bjerklie S, Dodd MJ (1986) Lung
cancer and dyspnea: the patient’s perception. Oncol Nurs Forum
13(5): 19-24
7. Bruera E, de Stoutz N, Velasco-Leiva A, et al. (1993) Effects of
oxygen on dyspnoea in hypoxaemic terminal-cancer patients.
Lancet 342(8862): 13-4
8. Bruera E, McEachern T, Ripamonti C, Hanson J (1993) Subcutaneous morphine for dyspnea in cancer patients. Ann Intern Med
119(9): 906-7
9. Bruera E, Sala R, Spruyt O, et al. (2005) Nebulized versus
subcutaneous morphine for patients with cancer dyspnea: a
preliminary study. J Pain Symptom Manag 29(6): 613-8
10. Bruera E, Schmitz B, Pither J, et al. (2000) The frequency and
correlates of dyspnea in patients with advanced cancer. J Pain
Symptom Manag 19(5): 357-62
11. Bruera E, Spachynski K, McEachern T, Hanson J (1993) Cognitive
failure in cancer patients in clinical trials. Lancet 341(8839): 247-8
RECOMMANDATIONS / RECOMMENDATIONS
785
ONCOLOG IE
786
12. Bruera E, Sweeney C, Willey J, et al. (2003) A randomized
controlled trial of supplemental oxygen versus air in cancer
patients with dyspnea. Palliat Med 17(8): 659-63
13. Carrieri VK, Janson-Bjerklie S, Jacobs S (1984) The sensation of
dyspnea: a review. Heart Lung 13(4): 436-47
14. Corner J, Plant H, A’Hern R (1996) Non pharmacological
intervention for breathlessness in lung cancer. Palliat Med 10:
299-305
15. Daniel C, Kriegel I, Di Maria S, et al. (2008) Using a pleural
implantable access system for the management of malignant
pleural effusions. Experience of Institute Curie. Rev Pneumol Clin
64(1): 8-14
16. Desbiens NA, Mueller-Rizner N, Connors AF, Wenger NS (1997)
The relationship of nausea and dyspnea to pain in seriously ill
patients. Pain 71(2): 149-56
17. Dresler CM, Olak J, Herndon JE 2nd, et al. (2005) Phase III
intergroup study of talc poudrage vs talc slurry sclerosis for
malignant pleural effusion. Chest 127(3): 909-15
18. Dudgeon DJ, Kristjanson L, Sloan JA, et al. (2001) Dyspnea in
cancer patients: prevalence and associated factors. J Pain
Symptom Manag 21(2): 95-102
19. Dudgeon DJ, Lertzman M, Askew GR (2001) Physiological
changes and clinical correlations of dyspnea in cancer
outpatients. J Pain Symptom Manag 21(5): 373-9
20. Dudgeon DJ, Lertzman M (1998) Dyspnea in the advanced cancer
patient. J Pain Symptom Manag 16(4): 212-9
21. Fentiman IS, Millis R, Sexton S, Hayward JL (1981) Pleural
effusion in breast cancer: a review of 105 cases. Cancer 47(8):
2087-92
22. Filshie J, Penn K, Ashley S, Davis CL (1996) Acupuncture for the
relief of cancer-related breathlessness. Palliat Med 10(2): 145-50
23. Gift AG (1989) Validation of a vertical visual analogue scale as a
measure of clinical dyspnea. Rehabil Nurs 14(6): 323-5
24. Grimbert D, Lubin O, de Monte M, et al. (2004) Dyspnea and
morphine aerosols in the palliative care of lung cancer. Rev Mal
Respir 21(6 Pt 1): 1091-7
25. Grond S, Zech D, Diefenbach C, Bischoff A (1994) Prevalence and
pattern of symptoms in patients with cancer pain: a prospective
evaluation of 1,635 cancer patients referred to a pain clinic.
J Pain Symptom Manag 9(6): 372-82
26. Hausheer FH, Yarbro JW (1985) Diagnosis and treatment of
malignant pleural effusion. Semin Oncol 12(1): 54-75
27. Heyse-Moore LH, Ross V, Mullee MA (1991) How much of a
problem is dyspnoea in advancer cancer? Palliat Med 5: 20-6
28. Jennings AL, Davies AN, Higgins JP, et al. (2002) A systematic
review of the use of opioids in the management of dyspnoea.
Thorax 57(11): 939-44
29. Kellner R, Samet J, Pathak D (1992) Dyspnea, anxiety, and
depression in chronic respiratory impairment. Gen Hosp Psychiatry 14(1): 20-8
30. LeGrand SB (2002) Dyspnea: the continuing challenge of palliative
management. Curr Opin Oncol 14(4): 394-8
31. Lush MT, Janson-Bjerklie S, Carrieri VK, Lovejoy N (1988) Dyspnea
in the ventilator-assisted patient. Heart Lung 17(5): 528-35
32. Maltoni M, Caraceni A, Brunelli C, et al. (2005) Prognostic factors
in advanced cancer patients: evidence-based clinical recom-
33.
34.
35.
36.
37.
38.
39.
40.
41.
42.
43.
44.
45.
46.
47.
mendations: a study by the Steering Committee of the European
Association for Palliative Care. J Clin Oncol 23(25): 6240-8
Martı́nez-Moragón E, Aparicio J, Sanchis J, et al. (1998)
Malignant pleural effusion: prognostic factors for survival and
response to chemical pleurodesis in a series of 120 cases.
Respiration 65(2): 108-13
Moore S, Corner J, Haviland J (2002) Nurse led follow-up and
conventional medical follow-up in management of patients with
lung cancer: Randomised trial. BMJ 325: 1145
Navigante AH, Cerchietti LC, Castro MA, et al. (2006) Midazolam
as adjunct therapy to morphine in the alleviation of severe
dyspnea perception in patients with advanced cancer. J Pain
Symptom Manag 31(1): 38-47
Neragi-Miandoab S (2006) Malignant pleural effusion, current and
evolving approaches for its diagnosis and management. Lung
Cancer 54(1): 1-9
Philip J, Gold M, Milner A, et al. (2006) A randomized, double
blind, crossover trial of the effect of oxygen on dyspnea in
patients with advanced cancer. J Pain Symptom Manag 32(6):
541-50
Raju RN, Kardinal CG (1981) One hundred twenty-two patients
with breast carcinoma and pleural effusion were analyzed for the
laterality of effusion and survival. Ipsilateral effusion occurred
in 83% of the patients. The median survival of these patients
was six months after the onset of effusion. Systemic therapy
is recommended even in the absence of other evidence of
metastases. Cancer 48(11): 2524-7
Reuben DB, Mor V (1986) Dyspnea in terminally ill cancer
patients. Chest 89(2): 234-6
Roberts DK, Thorne SE, Pearson C (1993) The experience of
dyspnea in late-stage cancer. Patients and nurses perspectives.
Cancer Nurs 16(4): 310-20
SFAP (2004) Recommandation de la Socié té franç aise
d’accompagnement de soins palliatifs. « La sédation pour
détresse en phase terminale ». Disponible sur : http://www.
sfap.org/content/view/108/53/
Tanaka K, Akechi T, Okuyama T, et al. (2000) Development and
validation of the Cancer Dyspnoea Scale: a multidimensional,
brief, self-rating scale. Br J Cancer 82(4): 800-5
Tanaka K, Akechi T, Okuyama T, et al. (2002) Prevalence and
screening of dyspnea interfering with daily life activities in
ambulatory patients with advanced lung cancer. J Pain Symptom
Manag 23(6): 484-9
Tremblay A, Michaud G (2006) Single-center experience with 250
tunnelled pleural catheter insertions for malignant pleural
effusion. Chest 129(2): 362-8
Vainio A, Auvinen A (1996) Prevalence of symptoms among
patients with advanced cancer: an International Collaborative
Study. Symptom Prevalence Group. J Pain Symptom Manag 12(1):
3-10
Vickers A, Feinstein M, Deng G (2005) Acupuncture for dyspnea in
advanced cancer: a randomized, placebo-controlled pilot trial.
BMC Palliat Care 4: 5
Warren WH, Kim AW, Liptay MJ (2008) Identification of clinical
factors predicting PleurX® catheter removal in patients treated for
malignant pleural effusion. Eur J Cardiothorac Surg 33(1): 89-94
Poursuivre ou non la chimiothérapie palliative
symptomatique pour les patients atteints
de cancer du sein métastatique
Coordonnateur du groupe de travail : C. Bouleuc
Groupe de travail : C. Bouleuc, G. Chvetzoff, C. Ciais, M. Magnet, J. Otto, P. Poulain, S. Toussaint
Introduction
thérapie en fin de vie en fonction de la culture des pays
plus que des pathologies :
Le cancer du sein métastatique est une des maladies les
plus chimiosensibles, pour laquelle les traitements
spécifiques permettent d’obtenir une longue survie. En
revanche, la poursuite d’une chimiothérapie qui n’est plus
efficace entraı̂ne plusieurs conséquences négatives :
– aux États-Unis, un taux de prescription de chimiothérapie est de 43 % au cours du dernier mois de vie et
de 20 % au cours des 15 derniers jours chez des patients
atteints de cancer du poumon [37] ;
– le patient peut subir inutilement des effets
secondaires délétères, ce qui va à l’encontre du principe
éthique de non-malfaisance ;
– au Portugal, sur tous types de cancers, on
retrouve 37 % de patients recevant une chimiothérapie
au cours du dernier mois de vie, et 21 % dans les 15
derniers jours [6] ;
– le désir de protection bienveillante qui motive la
non-révélation de l’échec du traitement peut avoir pour
corollaire l’isolement relationnel du patient, qui constate que la situation médicale s’aggrave sans explication médicale appropriée ;
– pour les soignants, l’administration de traitements inefficaces et toxiques est source d’un sentiment
d’échec et de culpabilité ;
– l’absence de communication autour de la gravité
du pronostic et de la chimiorésistance est un frein
important à la mise en place d’un projet de soins
palliatifs et d’un accompagnement de qualité (le projet
de soins reste focalisé sur une notion de guérison
entretenue par la chimiothérapie) ;
– pour la société, ces traitements inutiles engendrent
un surcoût, et il est montré que l’absence d’intégration du
pronostic sombre est l’élément qui détermine le plus la
demande de soins intensifs inappropriés pour les
patients suivis en cancérologie en phase avancée [46].
La définition de la chimiothérapie palliative n’est pas
univoque : pour la majorité des oncologues, c’est une
chimiothérapie administrée à un patient en phase
palliative, donc au stade métastatique (voire localement
avancé) dès la première ligne ; pour d’autres, il s’agit
plutôt d’une chimiothérapie dont le but est l’amélioration des symptômes et de la qualité de vie, sans
augmentation de la survie. Le but de ces recommandations est de mieux définir le bénéfice de la « chimiothérapie palliative symptomatique », soit au-delà de la
troisième ligne de traitement spécifique, d’analyser les
difficultés que rencontrent les médecins pour communiquer sur le pronostic et de proposer la mise en place
d’un consensus décisionnel sur la poursuite ou non de
la chimiothérapie palliative symptomatique.
Fréquence de la chimiothérapie en fin de vie
Plusieurs études récentes montrent des disparités
importantes dans la fréquence du recours à la chimio-
– en Finlande, on retrouve une prescription de
chimiothérapie chez 20 % des patientes atteintes de
cancer du sein métastatique au cours de leur dernier
mois de vie [2] ;
– en Corée, seulement 5,7 % des patients ont été
traités dans les 15 jours précédents leur décès [28] ;
– au Canada, 4,6 % de patients atteints de cancer du
poumon ont été traités dans les 15 jours précédant leur
décès [4].
Toutes ces études ont une méthodologie comparable et concernent des cohortes de patients décédés,
chez lesquelles, on analyse les traitements spécifiques
reçus dans les mois qui ont précédé le décès. En dehors
des décès toxiques liés aux traitements et leurs
conséquences, la cause du décès est l’évolution
tumorale, signifiant l’inefficacité de la chimiothérapie
dont l’indication devient alors rétrospectivement questionnable. Cette chimiorésistance est-elle prévisible ?
Évaluation de l’impact clinique
de la chimiothérapie palliative symptomatique
(à partir de la troisième ligne)
Impact sur la survie
Les résultats des traitements spécifiques semblent avoir
nettement augmenté ces dernières années. Dans une
étude française sur 343 patients traités entre 1987 et
1993, et 381 traités entre 1994 et 2000, la médiane de
survie est de 23 et 29 mois respectivement, avec un taux
de survie à trois ans de 27 et 44 % [1]. Cette augmentation de la survie n’est constatée que pour les tumeurs
ayant des récepteurs hormonaux positifs. Elle peut
s’expliquer par le développement de nouveaux médicaments de chimiothérapie (taxanes, vinorelbine,
gemcitabine, capécitabine), d’hormonothérapie (antiaromatases) ou de thérapeutiques ciblées (trastuzumab). Les progrès constatés dans les traitements de
RECOMMANDATIONS / RECOMMENDATIONS
787
ONCOLOG IE
788
support peuvent également y contribuer (bisphosphonates, facteurs de croissance hématopoı̈étiques, nouveaux antibiotiques, antalgiques et antiémétiques, etc.).
L’apparition de nouveaux traitements spécifiques
efficaces constitue le rationnel scientifique pour l’augmentation progressive du nombre moyen de lignes de
chimiothérapie reçues par les patients. Mais peu
d’études étudient l’impact d’un traitement spécifique
effectué au-delà de la troisième ligne, ni même l’ordre
successif optimal des diverses chimiothérapies possibles, et il n’existe pas de recommandations sur les
traitements spécifiques par la suite.
Une étude française rétrospective, qui analyse une
cohorte de 934 patientes atteintes de cancer du sein
métastatique, montre que la probabilité et la durée de
réponse à la chimiothérapie diminuent progressivement
avec le numéro de la ligne (Tableau 1) [15], et que
seulement cinq patientes sur les 934 de la cohorte
répondront à une chimiothérapie en cinquième ligne.
Dans ce cas, la question de la durée effectivement gagnée
et de la qualité de vie associée, et par conséquent de la
signification pour le patient de ce « gain », doit être posée.
Il n’y a pas d’étude randomisée dans le cancer du
sein métastatique qui compare une chimiothérapie audelà de la troisième ligne avec les meilleurs soins
palliatifs. Cela empêche donc de définir clairement
l’impact de ces traitements sur la survie. De tels essais
cliniques seraient éthiquement difficiles à mettre en
place. Les soins de support sont mis en place en même
temps que la chimiothérapie palliative dans le but
d’améliorer la qualité de vie ; par conséquent, la
compliance à cette chimiothérapie, lorsqu’elle est
jugée utile pour le patient, devrait être améliorée aussi.
Des essais randomisés existent comparant différentes chimiothérapies chez des patientes prétraitées. On
admet généralement par extrapolation, qu’une chimiothérapie démontrée supérieure à une autre en matière
de survie, le serait aussi, comparée à l’absence de
chimiothérapie, compte tenu du taux très faible de
décès toxiques réellement répertoriés. En deuxième et
en troisième lignes, il existe des essais qui démontrent
une augmentation de la survie en faveur de la
vinorelbine [27] et du docétaxel [38]. Le bénéfice en
termes de survie des chimiothérapies au-delà de la
troisième ligne est probablement minime ou nul [8].
Tableau 1. Résultat sur une étude rétrospective selon
Dufresne A. et al. [6]
Sur 934 patientes
Nombre de
patientes
RO
en %
DCM en mois
1re ligne
2e ligne
3e ligne
4e ligne
5e ligne
772
505
283
127
55
57
42
28
12
9
9,3
5,9
4,63
4,1
0,23
Nb : nombre ; RO : réponse objective ; DCM : durée de
contrôle de la maladie.
Liens entre le taux de réponse à la chimiothérapie,
la réduction des symptômes et la qualité
de vie liée à la santé
La qualité de vie liée à la santé est un concept
multidimensionnel, subjectif et dynamique dans le
temps, qui prend en compte le bien-être physique,
psychologique, social ainsi que les capacités fonctionnelles et les symptômes de la maladie [45]. L’évaluation
initiale de la qualité de vie est un facteur pronostique
puissant dans le cancer du sein métastatique, indépendant, en particulier de l’état général et de la réponse au
traitement, ainsi qu’un facteur prédictif de la réponse à
la chimiothérapie [13,16,31]. L’évaluation de la qualité
de vie au cours du traitement est particulièrement
importante dans les situations où le bénéfice attendu de
la chimiothérapie est nul [17], car elle permet d’analyser
la balance entre l’amélioration des symptômes liée à la
régression tumorale et les effets secondaires de la
chimiothérapie. Encore faut-il que les échelles de qualité
de vie utilisées permettent une exploration adaptée aux
patients qui ne guériront pas.
Les liens entre l’obtention d’une réponse antitumorale et l’amélioration de la qualité de vie sont maintenant bien établis dans les phases initiales, c’est-à-dire
lors des premières lignes de traitement [9,12,40,36].
L’amélioration de la qualité de vie est parfois plus
fréquente que la réponse à la chimiothérapie [19,35]. Ce
résultat pourrait, pour certains, s’expliquer par une
amélioration subjective liée à l’effet « placebo » de la
chimiothérapie ou à l’application des soins de support
associés. Il peut aussi se comprendre comme un
changement de référentiel du patient, directement
sous la dépendance d’interventions externes comme
la survenue d’un événement majeur de vie, qui fait que
les évaluations ultérieures de la qualité de vie ne sont
pas basées sur le même niveau, et donc ne sont plus
comparables entre elles. Ce phénomène est décrit sous
le terme anglo-saxon de response shift [42].
L’évaluation de la qualité de vie n’est pas seulement
utile dans les essais cliniques ayant pour but d’analyser
les effets de la chimiothérapie palliative. L’utilisation
d’un questionnaire QLQC-30 par le médecin en consultation entraı̂ne en soi un bénéfice direct pour le patient
[44] et permet parfois aux médecins de découvrir des
symptômes ou des difficultés psychosociales qu’ils
n’explorent pas systématiquement [14]. Les échelles
de qualité de vie ne sont pas adaptées à un patient en
situation palliative, et à ce point d’évolution du cancer.
Qui peut aujourd’hui affirmer que les échelles de qualité
de vie, présentées à un patient palliatif donné, sont bien
adaptées à sa situation et seront le reflet réel de ce qu’il
considère à cet instant même comme représentatif de
sa propre qualité de vie ?
Facteurs prédictifs de réponse à la chimiothérapie,
facteurs pronostiques palliatifs
Les facteurs pronostiques palliatifs retrouvés dans une
méta-analyse sur des patients en soins palliatifs (en
majorité atteints de cancers avancés) sont les suivants :
– l’estimation par le clinicien de l’espérance de vie ;
– des symptômes cliniques à type de syndrome
anorexie–cachexie ;
– dyspnée et troubles cognitifs ;
– des facteurs biologiques à type de polynucléose,
lymphopénie et augmentation de la CRP [26,32].
Antérieurement, Maltoni et al. ont établi un score
pronostique sur 34 points en fonction de l’estimation
clinique de la survie, l’indice de Karnofsky, le taux
de globules blancs et de lymphocytes [33]. L’application
de ce score sur une cohorte de 100 patients atteints de
cancers d’origine multiple dont la médiane de survie est
de 12 semaines permet de définir une probabilité de
survie à un mois de 97, 59 et 25 % respectivement pour
les patients ayant un score A, B et C [21].
Plus récemment, une équipe française a permis de
construire un score pronostique reposant sur l’indice de
Karnofsky, le nombre de sites métastatiques, le taux
sérique d’albumine et de LDH. Sur 177 patients atteints
de cancers métastatiques avec une espérance de vie
inférieure à six mois mais non agoniques (médiane
de survie de 58 jours), le score permet de différencier
trois groupes :
– un groupe avec une survie toujours inférieure à
deux mois ;
– un groupe avec un taux de survie de 25 % à
quatre mois ;
– un groupe avec un taux de survie de 80 % à
quatre mois [5].
Si l’on demande aux oncologues d’estimer la survie
des patients, on observe d’une manière générale que
ces derniers surestiment le pronostic des patients en
phase avancée, de l’ordre de 30 à 50 % [11,20].
Décision et annonce de l’arrêt
de la chimiothérapie
Difficultés des oncologues
Si la décision de l’arrêt de la chimiothérapie est
médicale, parler de fin de vie et de soins palliatifs n’est
pas aisé pour les oncologues, en particulier lorsque les
patients souhaitent continuer les traitements même
agressifs de chimiothérapie [39], mais aussi en raison
de leurs difficultés ressenties pour la mise en place de
projets de soins palliatifs. Sur 895 médecins membre de
l’ESMO, 88,4 % pensent que les oncologues doivent
coordonner le projet de soins en fin de vie de leurs
patients, mais seulement 42 % se sentent formés pour
le faire [10], et moins de 35 % collaborent avec une
équipe de soins palliatifs ou de psychologues.
En grande partie liée à un manque de formation,
cette difficulté de communication peut aussi avoir une
origine culturelle. Dans une étude interrogeant 228
oncologues, plus de 60 % des oncologues canadiens
pensent que leurs patients veulent être informés du
stade terminal pour seulement 26 % des Européens et
18 % des Sud-Américains [7].
Contenu de l’information lors des consultations
en phase palliative
Les oncologues énoncent fréquemment le pronostic en
termes de non-curabilité de la maladie, mais ils évitent
des informations pronostiques plus détaillées et l’utilisation de délais ou de statistiques et préfèrent s’exprimer par des métaphores décrivant l’impact émotionnel
sur le patient [22]. Ici, se pose donc le principe même
d’une information éclairée et des conditions éthiques la
permettant.
Les informations médicales données lors de consultations ayant pour but de discuter une chimiothérapie
palliative concernent surtout l’évolution de la maladie et
son incurabilité, mais peu l’arrêt possible de la chimiothérapie et l’existence d’une alternative [30,18], alors
que les informations pronostiques sont vagues ou
absentes [3,43].
Dans une étude où 16 cas cliniques de patients en
différentes situations palliatives sont présentés à 697
oncologues devant se déterminer sur le choix d’un
traitement spécifique ou non, l’âge du patient, son désir
de poursuivre la chimiothérapie et l’espérance de survie
sont les principaux paramètres déterminant le choix
thérapeutique [29].
Besoins d’information des patients
en phase métastatique initiale
Dans une étude australienne sur 126 patients atteints de
cancers métastatiques divers dont le diagnostic a été
porté dans les six mois, on constate que 80 % des
patients souhaitent une information sur la survie si elle
est à cinq ans, mais que seulement 60 % souhaitent
cette information si la survie est limitée à un an. Cette
différence peut être représentative de l’ambivalence des
patients : ils souhaitent vraiment connaı̂tre leur situation pronostique, mais de façon bien légitime, ils
préfèrent le savoir si ce sont de bonnes nouvelles. Dans
cette même étude, 35 % des patients demandent qu’on
leur parle de soins palliatifs et de mort au moment du
diagnostic, 25 % après que l’on ait vérifié qu’ils
souhaitaient vraiment en parler au préalable, et 10 %
que le problème ne soit jamais évoqué [23]. Cette
grande variabilité des demandes d’information souligne que des compétences spécifiques sont à acquérir
pour que les oncologues communiquent de manière
adaptée individuellement avec chaque patient. Les
mêmes auteurs australiens montrent que plus de
90 % des patients souhaitent que lors de l’annonce du
pronostic, l’oncologue ait une attitude réaliste, laissant
des questions ouvertes, reconnaissant le patient
comme un individu, expliquant la situation médicale,
vérifiant qu’il a bien compris, clarifiant ce qui peut être
fait ou non. Ils souhaitent aussi qu’il résume ce qu’il dit,
et qu’il leur annonce en premier les informations
pronostiques les concernant [24].
RECOMMANDATIONS / RECOMMENDATIONS
789
790
ONCOLOG IE
Besoins d’information pronostique
en phase palliative avancée
De nombreuses études montrent que les patients, plus
que le public général ou les soignants, souhaitent
recevoir une chimiothérapie palliative, même si celleci s’avère très toxique et même si la probabilité
d’obtenir un bénéfice clinique est mince, y compris s’il
ne s’agit que d’une amélioration de la qualité de vie sans
augmentation de la survie [34].
Si elle répond très souvent à une demande d’espoir
du patient, la prescription d’une chimiothérapie palliative sans discussion préalable crée un décalage éthiquement questionnable entre ce que l’oncologue et le
patient en attendront respectivement.
Si les patients ne sont pas informés au préalable et
de façon progressive du caractère incurable de la
maladie, des objectifs palliatifs de la chimiothérapie,
de l’épuisement progressif de l’efficacité des traitements et de l’installation concomitante d’une chimiorésistance globale, l’annonce de l’arrêt des traitements
sera incohérente sur un plan rationnel et sidérante sur
le plan émotionnel [45].
Recommandations sur l’information
pronostique et les modalités de décision
de la poursuite ou non de la chimiothérapie
palliative symptomatique
Toutes ces recommandations sont des accords
d’experts
Recommandations pour l’information
pronostique
L’information pas à pas, progressive et adaptée aux
capacités d’intégration psychique du patient doit être
la base de toute stratégie de communication entre le
médecin et son patient. Une stratégie de communication par connivence de ce type a été décrite par Helft
[25] dont les principes sont résumés dans le Tableau 2.
Recommandations sur les modalités
de la prise de décision de la poursuite
ou non de la chimiothérapie palliative
symptomatique
Staff médical (le plus souvent RCP
[réunions de concertations pluridisciplinaires] par
spécialités d’organe)
Le staff médical réuni le plus souvent en RCP
analysera les possibilités de poursuite de traitements
de chimiothérapies selon la situation médicale.
La première étape est une analyse scientifique qui
s’appuie sur les référentiels de bon usage du médicament (référence INCa, recommandations des sociétés
savantes). C’est la dimension scientifique et technique
de la décision et trois alternatives peuvent être
discutées :
– traitement spécifique avec trois niveaux possibles : le médicament proposé a une AMM, concernant
la maladie traitée, situation de prescription temporaire
ou situation thérapeutique d’exception ;
– inclusion du patient dans un essai clinique ;
– proposition de soins palliatifs exclusifs.
Réunion en staff de service ± équipe
de soins de support
L’analyse du besoin et du désir de poursuivre la
chimiothérapie du patient comprend l’évaluation par
les différents professionnels chacun dans leur
domaine de compétence de :
– l’intégration progressive par le patient de sa
situation médicale et de la compréhension de sa
maladie, et de son pronostic ;
– les symptômes actuels, les risques évolutifs ;
– le pronostic incurable et de l’espérance de vie ;
Tableau 2. La stratégie de connivence selon Helft [25]
Chronologie
Au fil du temps dans un climat de confiance
Au rythme du patient
Les symptômes émergent, le pronostic se précise
Accompagnement jusqu’au bout
Contenu
Place à l’incertitude honnête en respectant l’espoir du patient
Éviter les informations statistiques
Procéder par petites touches successives, sous-entendus et
communication non verbale
Anticipation d’événements négatifs probables, prévision
d’événements positifs peu probables
– la situation psychologique (état émotionnel,
troubles anxiodépressifs), et de la communication
avec les proches ;
– la situation sociofamiliale (rôle familial, profession), et spirituelle (croyance religieuse, priorités de vie).
L’intervention de différents professionnels auprès
du patient (professionnels de l’équipe d’oncologie,
professionnels des équipes de soins de support) dont
celle de soins palliatifs, dans le cadre d’une démarche
participative avec restitution narrative des professionnels concernés en réunion de synthèse est souhaitable
pour une bonne pratique en raison des éclairages
multiples qu’elles apportent sur le patient.
Consultation médicale d’annonce
Dans une deuxième étape, la décision finale de
poursuite ou d’arrêt de la chimiothérapie sera prise
en consultation dans le colloque singulier entre le
médecin référent et le malade.
Le médecin informe non seulement sur les bénéfices possibles ou attendus et les effets secondaires du
traitement proposé pour obtenir son consentement
réellement éclairé, mais il présente aussi les différentes alternatives thérapeutiques et aide le patient à se
prononcer en faveur de l’option choisie.
Aides décisionnelles et informationnelles
– Lorsque les effets secondaires d’une chimiothérapie palliative symptomatique sont importants avec
forte altération de la qualité de vie, celle-ci doit être
arrêtée ;
– lorsque les patients présentent un cancer métastatique avancé, chimiorésistant et d’évolution lentement progressive, l’arrêt de la chimiothérapie inutile
doit être proposé, même pour les patients qui ne sont
pas en fin de vie ;
– la justification de l’arrêt doit être basée sur la
chimiorésistance (et non en fonction de l’état général
qui laisse croire que l’on ne tente plus rien, alors qu’il
existe encore des médicaments actifs) :
rappeler que l’arrêt de la chimiothérapie
précédente va entraı̂ner l’amélioration de la qualité
de vie par suppression de la toxicité ;
affirmer clairement qu’une éventuelle chimiothérapie n’aurait aucun effet positif, mais probablement certains effets secondaires ;
ajouter que l’arrêt d’une chimiothérapie inefficace ne va pas provoquer l’accélération de l’évolution
de la maladie ;
– lorsqu’un patient est à nouveau en état physique
de recevoir une ligne de chimiothérapie, la décision de
la faire dépend fortement des informations pronostiques données ; toutes les alternatives thérapeutiques
doivent être présentées ;
– si la chimiothérapie palliative apporte un bénéfice psychologique par l’espoir qu’elle donne, une
alternative de prise en charge palliative sans chimiothérapie peut-elle aussi avoir le même impact ? La
possibilité d’une stabilisation spontanée du cancer ou
d’une évolution lentement progressive, pour une
durée limitée mais indéterminée, dans un cadre
médical organisé avec un contrôle optimal des
symptômes et un accompagnement, constitue une
réalité acceptable pour certains patients ;
– la pause momentanée de la chimiothérapie
représente parfois un compromis satisfaisant. Mais
pour les patients qui restent dans une attitude
agressive face à leur maladie, le délai d’attente d’une
récupération physique autorisant la reprise du traitement sera parfois source d’une grande détresse
psychique. La reprise d’un traitement auparavant
agressif peut être à l’origine d’une iatrogénie mortelle ;
– le besoin d’espoir doit être respecté. Certains
patients ne peuvent envisager de rester sans traitement spécifique, pour autant, une chimiothérapie
probablement inefficace peut-elle être poursuivie,
tout en adaptant la posologie afin d’éviter un risque
de toxicité ?
– La plupart des patients surestiment leur temps
de survie ; cela traduit un besoin vital d’espoir inhérent
à la nature de l’être humain ;
– participer à une recherche médicale peut être à
l’origine d’un nouveau sens à sa vie et accepter une
inclusion dans un essai clinique est pour certains
parfois source d’espoir ;
– l’arrêt des traitements spécifiques doit faire
place à un véritable projet d’accompagnement et de
soins palliatifs, incluant une prise en charge optimale
des symptômes, des besoins psychosociaux et
spirituels.
Conclusion
L’évaluation clinique de la chimiothérapie palliative
symptomatique au-delà de la troisième ligne dans le
cancer du sein métastatique est pauvre dans la
littérature médicale. L’effet sur la survie globale est
probablement dérisoire, mais l’obtention d’une réponse
objective peut aider l’amélioration des symptômes et de
la qualité de vie. Des facteurs pronostiques palliatifs
fiables et des échelles d’évaluation de la qualité de vie
adaptées manquent. Les difficultés d’annonce de l’arrêt
de la chimiothérapie ont plusieurs origines. Les cancérologues se disent concernés par le projet de soin en fin
de vie de leurs patients mais n’ont pas été suffisamment
formés pour établir seuls un projet de soins palliatifs.
Les informations données en consultation sur les buts
réels d’une chimiothérapie palliative sont insuffisantes.
Une information claire et loyale dans un climat de
confiance doit être simplement exprimée aux patients
dès la phase initiale de leur maladie métastatique.
Au fil du temps, une information honnête, laissant
place à l’espoir, utilisant la communication implicite et
non verbale, est l’objectif à atteindre, tout en s’adaptant
au cheminement de chacun.
Si la décision d’arrêter les chimiothérapies reste
médicale, elle est prise dans le colloque singulier entre
RECOMMANDATIONS / RECOMMENDATIONS
791
ONCOLOG IE
792
le médecin et son patient, après une réflexion faite en
multidisciplinarité. Au-delà de la troisième ligne, il faut
mettre en place les conditions d’un dialogue avec le
patient et ses proches sur la situation médicale actuelle,
le pronostic, les objectifs de la chimiothérapie et
l’alternative thérapeutique de soins palliatifs isolés.
Les décisions médicales ayant une part importante de
subjectivité doivent idéalement se partager, en particulier avec les soignants prenant en charge le patient dont
les équipes de soins palliatifs. La décision d’arrêt de
chimiothérapie est l’une des tâches les plus difficiles
pour un oncologue dans sa pratique quotidienne. La
qualité des échanges, l’information, la concertation en
collégialité vis-à-vis du patient et de ses proches sont les
garants d’une prise en charge éthique qui prime sur
toute autre considération quelle que soit la décision
prise.
14.
15.
16.
17.
18.
19.
20.
Références
1. Andre F, Slimane K, Bachelot T, et al. (2004) Breast cancer with
synchronous metastases: trends in survival during a 14-year
period. J Clin Oncol 22(16): 3302-8
2. Asola R, Huhtala H, Holli K (2006) Intensity of diagnostic and
treatment activities during the end of life of patients with
advanced breast cancer. Breast Cancer Res Treat 100: 77-82
3. Audrey S, Abel J, Blazeby JM, et al. (2008) What oncologists tell
patients about survival benefits of palliative chemotherapy and
implications for informed consent: qualitative study. BMJ 337:
a868
4. Barbera L, Paszat L, Qiu F (2008) End-of-life care in lung cancer
patients in Ontario: aggressiveness of care in the population and
a description of hospital admissions. J Pain Symptom Manage 35:
267-74
5. Barbot AC, Mussault P, Ingrand P, Tourani JM (2008) Assessing
two-months clinical prognosis in hospitalized patients with
advanced cancer. J Clin Oncol 26(15): 2538-43
6. Braga S, Miranda A, Foncesca R, et al. (2007) The aggressiveness
of cancer care in the last three months of life: a retrospective
single center analysis. Psycho-oncol 16(9): 863-8
7. Bruera E, Neumann CM, Mazzocato C, et al. (2000) Attitudes and
beliefs of palliative care physicians regarding communication
with terminally ill cancer patients. Palliat Med 14(4): 287-98
8. Cardoso F, Di LA, Lohrisch C, et al. (2002) Second and subsequent
lines of chemotherapy for metastatic breast cancer: what did we
learn in the last two decades? Ann Oncol 13(2): 197-207
9. Carlson RW (1998) Quality of life issues in the treatment of
metastatic breast cancer. Oncology (Williston Park) 12(3 Suppl 4):
27-31
10. Cherny NI, Catane R (2003) Attitudes of medical oncologists
toward palliative care for patients with advanced and incurable
cancer: report on a survey by the European Society of Medical
Oncology Taskforce on Palliative and Supportive Care. Cancer
98(11): 2502-10
11. Christakis N, Lamont E (2000) Extent and determinants of error in
doctors’ prognoses in terminally ill patients: prospective cohort
study. BMJ 320: 469-73
12. Coates A, Gebski V, Bishop JF, et al. (1987) Improving the quality
of life during chemotherapy for advanced breast cancer. A
comparison of intermittent and continuous treatment strategies.
N Engl J Med 317(24): 1490-5
13. Coates AS, Hurny C, Peterson HF, et al. (2000) Quality-of-life
scores predict outcome in metastatic but not early breast cancer.
21.
22.
23.
24.
25.
26.
27.
28.
29.
30.
31.
32.
33.
34.
International Breast Cancer Study Group. J Clin Oncol 18(22):
3768-74
Detmar SB, Muller MJ, Schornagel JH, et al. (2002) Role of
health-related quality of life in palliative chemotherapy treatment
decisions. J Clin Oncol 20(4): 1056-62
Dufresne A, Pivot X, Tournigand C, Facchini, et al. (2008) Impact
of chemotherapy beyond the first-line in patients with metastatic
breast cancer. Breast Cancer Res Treat 107(2): 275-9
Efficace F, Biganzoli L, Piccart M, et al. (2004) Baseline healthrelated quality-of-life data as prognostic factors in a phase III
multicentre study of women with metastatic breast cancer. Eur J
Cancer 40(7): 1021-30
Feld R (1995) Endpoints in cancer clinical trials: is there a need for
measuring quality of life? Support Care Cancer 3(1): 23-7
Gattellari M, Voigt KJ, Butow PN, Tattersall MH (2002) When the
treatment goal is not cure: are cancer patients equipped to make
informed decisions? J Clin Oncol 20(2): 503-13
Geels P, Eisenhauer E, Bezjak A, et al. (2000) Palliative effect of
chemotherapy: objective tumor response is associated with
symptom improvement in patients with metastatic breast cancer.
J Clin Oncol 18(12): 2395-405
Glare P, Virik K, Jones M et al. (2003) A systematic review of
physicians’ survival predictions in terminally ill cancer patients.
BMJ 327: 195-201
Glare PA, Eychmueller S, McMahon P (2004) Diagnostic accuracy
of the palliative prognostic score in hospitalized patients with
advanced cancer. J Clin Oncol 22(23): 4823-8
Gordon EJ, Daugherty CK (2003) “Hitting you over the head”:
oncologists’ disclosure of prognosis to advanced cancer
patients. Bioethics 17(2): 142-68
Hagerty RG, Butow PN, Ellis PA, et al. (2004) Cancer patient
preferences for communication of prognosis in the metastatic
setting. J Clin Oncol 22(9): 1721-30
Hagerty RG, Butow PN, Ellis PM, et al. (2005) Communicating with
realism and hope: incurable cancer patients’ views on the
disclosure of prognosis. J Clin Oncol 23(6): 1278-88
Helft PR (2005) Necessary collusion: prognostic communication
with advanced cancer patients. J Clin Oncol 23(13): 3146-50
Hortobagyi GN, Smith TL, Legha SS, et al. (1983) Multivariate
analysis of prognostic factors in metastatic breast cancer. J Clin
Oncol 1(12): 776-86
Jones S, Winer E, Vogel C, et al. (1995) Randomized comparison
of vinorelbine and melphalan in anthracycline-refractory advanced breast cancer. J Clin Oncol 13(10): 2567-74
Keam B, Oh DY, Lee SH, et al. (2008) Aggressiveness of cancercare near the end-of-life in Korea. Jpn J Clin Oncol 38: 381-6
Koedoot CG, De Haes JC, Heisterkamp SH, et al. (2002) Palliative
chemotherapy or watchful waiting? A vignettes study among
oncologists. J Clin Oncol 20(17): 3658-64
Koedoot CG, Oort FJ, de Haan RJ, et al. (2004) The content and
amount of information given by medical oncologists when telling
patients with advanced cancer what their treatment options are.
Palliative chemotherapy and watchful-waiting. Eur J Cancer
40(2): 225-35
Kramer JA, Curran D, Piccart M, et al. (2000) Identification and
interpretation of clinical and quality of life prognostic factors for
survival and response to treatment in first-line chemotherapy in
advanced breast cancer. Eur J Cancer 36(12): 1498-506
Maltoni M, Caraceni A, Brunelli C, et al. (2005) Prognostic factors
in advanced cancer patients: evidence-based clinical recommendations: a study by the Steering Committee of the European
Association for Palliative Care. J Clin Oncol 23(25): 6240-8
Maltoni M, Nanni O, Pirovano M, et al. (1999) Successful
validation of the palliative prognostic score in terminally ill
cancer patients. Italian Multicenter Study Group on Palliative
Care. J Pain Symptom Manage 17(4): 240-733
Matsuyama R, Reddy S, Smith TJ (2006) Why do patients choose
chemotherapy near the end of life? A review of the perspective of
those facing death from cancer. J Clin Oncol 24(21): 3490-6
35. McLachlan SA, Pintilie M, Tannock IF (1999) Third-line chemotherapy in patients with metastatic breast cancer: an evaluation
of quality of life and cost. Breast Cancer Res Treat 54(3): 213-23
36. Modi S, Panageas KS, Duck ET, et al. (2002) Prospective
exploratory analysis of the association between tumor response,
quality of life, and expenditures among patients receiving
paclitaxel monotherapy for refractory metastatic breast cancer.
J Clin Oncol 20(17): 3665-73
37. Murillo JR and Koeller J (2006) Chemotherapy given near the end
of life by community oncologists for advanced non-small cell lung
cancer. Oncologist 11: 1095-99
38. Nabholtz JM, Senn HJ, Bezwoda WR, et al. (1999) Prospective
randomized trial of docetaxel versus mitomycin plus vinblastine in
patients with metastatic breast cancer progressing despite
previous anthracycline-containing chemotherapy. 304 Study
Group. J Clin Oncol 17(5): 1413-24
39. Neff P, Lyckholm L, Smith T (2002) Truth or consequences: what
to do when the patient doesn’t want to know. J Clin Oncol 20(13):
3035-7
40. Ramirez AJ, Towlson KE, Leaning MS, et al. (1998) Do patients
with advanced breast cancer benefit from chemotherapy? Br J
Cancer 78(11): 1488-94
41. Ruszniewski M (1995) Face à la maladie grave. Édition Dunod
42. Sprangers MA (1996) Response-shift bias: a challenge to the
assessment of patients’ quality of life in cancer clinical trials.
Cancer Treat Rev 22(Suppl A): 55-62
43. The AM, Hak T, Koeter G, van der Wal G (2001) Collusion in
doctor–patient communication about imminent death: an ethnographic study. West J Med 174(4): 247-53
44. Velikova G, Booth L, Smith AB, et al. (2004) Measuring quality of
life in routine oncology practice improves communication and
patient well-being: a randomized controlled trial. J Clin Oncol
22(4): 714-24
45. Velikova G, Stark D, Selby P (1999) Quality of life instruments in
oncology. Eur J Cancer 35(11): 1571-80
46. Weeks JC, Cook EF, O’Day SJ, et al. (1998) Relationship between
cancer patients’ predictions of prognosis and their treatment
preferences. JAMA 279 (21): 1709-14
RECOMMANDATIONS / RECOMMENDATIONS
793
Téléchargement