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IGAS, RAPPORT N°RM2012-115P 5
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[18] En revanche, une étude de bioéquivalence4, dont la méthodologie est définie par des normes
internationales, consistant à démontrer que les quantités de principe actif circulant dans le sang sont
comparables entre médicaments générique et princeps, est exigée. Cette méthodologie est
relativement complexe. La norme d’acceptation d’une étude de bioéquivalence est souvent
interprétée de façon erronée lorsqu’il est affirmé que la disponibilité plasmatique des principes
actifs des médicaments génériques peut varier dans des proportions de -20 % à +25 %. En fait,
cette variation de la concentration plasmatique du principe actif entre génériques et princeps varie
dans des proportions qui sont celles que l’on tolère pour les différents lots d’un même médicament
princeps ou générique, soit moins de 5 %.
[19] Pour certains médicaments dits à « marge thérapeutique étroite », la concentration
plasmatique du principe actif ne doit varier que dans des conditions faibles afin de ne pas
déséquilibrer le traitement du patient. Dans ces cas, la commission d’autorisation de mise sur le
marché qui évalue les dossiers des génériques de ces médicaments exige des niveaux de variations
de biodisponibilité du principe actif encore plus faibles que pour les médicaments qui ne sont pas à
marge thérapeutique étroite.
[20] Pour cette catégorie de médicaments, c’est plutôt l’acte de substitution d’un médicament
(princeps ou générique) par un autre (princeps ou générique) qui peut être source de déstabilisation
de l’état de santé du patient. La mission rappelle que la mention « non-substituable » apposée par le
médecin sur l’ordonnance a été conçue pour répondre à ce type de situation avec un maximum de
précaution. Le cadre juridique actuel permet donc de faire face à ce type de prescription. En outre,
la recommandation faite par la mission relative à la stabilité de la délivrance des médicaments
génériques aux patients chroniques doit être appliquée avec une particulière rigueur pour les
médicaments à marge thérapeutique étroite.
[21] Les excipients à effet notoire ont été présentés à tort au public comme un facteur de risque
spécifique supplémentaire des médicaments génériques. En réalité les excipients à effet notoire
sont utilisés dans la formulation de tous les médicaments, les princeps comme les médicaments
génériques. Ils appellent de la part des prescripteurs les mêmes précautions.
[22] La mission a procédé à une revue de la littérature médicale internationale concernant
l’efficacité et les éventuels effets secondaires des médicaments génériques afin d’évaluer la validité
des multiples affirmations que diffusent les adversaires ou les partisans du médicament générique.
Les travaux et études publiés démontrent globalement une absence de supériorité des princeps par
rapport aux médicaments génériques y compris pour les médicaments à marge thérapeutique
étroite.
[23] Les contrôles de la fabrication des médicaments génériques ne mettent pas en évidence de
risque accru concernant ces derniers par rapport aux médicaments princeps. Ils répondent à des
normes internationales strictes, identiques pour les médicaments princeps et génériques. Par
ailleurs, les sites de production, situés à plus de 95 % sur le territoire de l’Union européenne,
fabriquent à la fois des médicaments princeps et génériques.
[24] Les inspections des sites de production de médicaments génériques et princeps, qu’ils soient
situés en France, en Europe ou dans les pays tiers sont réalisées selon les mêmes fréquences et avec
le même référentiel. Le système d’information de l’agence nationale de sécurité des médicaments
et des produits de santé (ANSM) ne permettant pas d’établir des bilans qualitatifs, la mission n’a
pas pu exploiter les données d’inspection. Toutefois, un bilan partiel n’a mis en évidence aucune
anomalie critique mais les exploitants de médicaments génériques doivent améliorer leurs
procédures internes de pharmacovigilance.
4 La bioéquivalence correspond à l’équivalence des biodisponibilités. La biodisponibilité est la mesure de la vitesse et de
l’intensité de l’absorption par l’organisme de la substance active, à partir d’une forme pharmaceutique définie.