REVUE MÉDICALE SUISSE
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16 décembre 2015
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créant alors une fermeture mécanique de l’angle irido-cornéen
puis une hypertonie intra-oculaire rapide appelées glaucome
aigu par fermeture de l’angle (cf. Glaucomes secondaires par
fermeture de l’angle).
Médicaments cholinergiques
Myotiques, ils peuvent causer un spasme accommodatif, créant
ainsi une «myopisation». Ces troubles réfractifs seront alors
ressentis en vision de loin mais celle de près sera elle aussi in-
habituellement modifiée pour le patient.
Diurétiques sulfamides et topiramate
Ils modifient l’hydratation et le volume de structures ocu-
laires (cristallin, corps ciliaires) entraînant des troubles ré-
fractifs rapides ou brutaux.
Morphiniques
Myotiques par action parasympathique centrale, ils provo-
quent par ailleurs peu d’autres troubles oculaires.
Corticoïdes
Que ce soit par voie systémique, mais aussi en inhalation,4,5 la
corticothérapie au long cours reste la principale pourvoyeuse
de cataractes dites «cortico-induites», à tout âge. La dose
cumulée semble être le principal facteur de risque, mais les
variabilités interindividuelles sont indéniables et nombreu ses.
Les corticoïdes topiques (collyres) peuvent eux entraîner rapide-
ment une hypertonie oculaire. (cf. Hypertonie oculaire). Par voie
nasale, ils ne semblent pas avoir de toxicité ophtalmologique.
Tous troubles réfractifs brutaux : suspecter une étiologie
médicamenteuse
Consultation ophtalmologique rapide (avant 2 semaines).
Mydriases pharmaco-induites tableau :
Consultation ophtalmologique en urgence, dès la moindre suspi-
cion de glaucome aigu par fermeture de l’angle (GAFA).
Corticothérapie au long cours
Surveillance annuelle : pression intra-oculaire, examen du cristal-
lin, des papilles optiques (cf. Glaucomes cortico-induits). OCT
maculaire (notre CT ophtalmologique ou Optical Coherence To
mography) si choriorétinite séreuse centrale (CRSC) (cf. Toxicité
rétinienne).
TOXICITÉ RÉTINIENNE
L’irréversibilité potentielle des rétinopathies toxiques médi-
camenteuses et l’absence habituelle de symptômes initiaux
en font un enjeu capital de dépistage.
Antipaludéens de synthèse APS
L’hydroxychloroquine (HCQ, Plaquenil) et le phosphate de
chloroquine (CQ, Nivaquine) peuvent avoir des conséquen-
ces rétiniennes sévères, justifiant ainsi un dépistage ophtal-
mologique régulier. Utilisés en première ligne de diverses
connectivites, les APS restent les composés les mieux tolé-
rés dans l’arsenal thérapeutique anti-inflammatoire exis-
tant. Cependant, leur toxicité rétinienne potentielle même
rare, focalisée dans la région maculaire, reste un enjeu de
surveillance au long cours. Responsables de baisses signifi-
catives de l’acuité visuelle, non réversibles, il faudra recher-
cher les signes préco ces d’attein tes rétiniennes durant toute
la durée du traitement. L’atteinte maculaire reste longtemps
asymptomatique et l’arrêt des APS et leur substitution dès
les premiers signes ophtalmologiques peuvent souvent per-
mettre une stabilisation maculaire. C’est un véritable enjeu
de dépistage.6
L’ophtalmologue établira, en collaboration étroite avec le pra-
ticien référent, une démarche de surveillance bien codifiée
(cf. ci-dessous). Le classique électrorétinogramme maculaire
(ERG multifocal) reste l’examen de référence en cas de lésions
maculaires suspectes ou avérées, ou si le champ visuel n’est
pas fiable (figure 5).
HCQ, Plaquenil : facteurs de risque de maculopathie aux APS 6,7
Durée de la prise > 5 ans, dose cumulée > 1000 g, dose journalière
> 400 mg ou > 6,5 mg / kg.
Facteurs de risque associés : âge > 60 ans, dysfonction rénale
ou hépatique, surcharge pondérale, rétinopathie préexistante.
Surveillance ophtalmologique annuelle au minimum, selon
l’atteinte rétinienne
Examen du fond d’œil, champ visuel, OCT-SD maculaire (tomo-
graphie maculaire) ± autofluorescence maculaire, ± ERGmf.
Action Médicaments
Mydriatiques A effet atropinique
• Atropine, scopolamine
• Neuroleptiques : phénothiazines, loxapine, pimozide
• Neuroleptiques antiémétiques à effet anti-H1
• Antidépresseurs imipraminiques
• Antihistaminiques anti-H1 : alimémazine doxylamine,
prométhazine
• Disopyramide
• Néfopam
• Antispasmodiques utilisés dans l’incontinence
urinaire par impériosités : trospium, flavoxate,
oxybutynine, solifénacine, toltérodine
• Antispasmodiques antalgiques : tiénomium, clidinium
• Bronchodilatateurs : ipratropium, tiotropium
• Antiparkinsoniens atropiniques : bipéridène,
trihexyphénidyle, tropatépine
• Mémantine
• Inhibiteurs de la recapture de la sérotonine
A effet sympathomimétique alpha
• Adrénaline et noradrénaline
• Vasoconstricteurs nasaux : oxymétazoline,
naphazoline, tuaminoheptane
• Hypotenseur artériel : midodrine
• Amphétamines : méthylphénidate, bupropion,
sibutramine
Levodopa
Blocage par effusion
des corps ciliaires
Topiramate
Tableau 1 Principaux médicaments avec risque
de fermeture de l’angle irido-cornéen
Risque de glaucome aigu par fermeture de l’angle (GAFA).
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