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mesure de froment, 24 francs pour un sac de pommes de terre, 100 francs pour un
Ohmen (50 litres) de vin. Jacob Stiedel. Léonard Nebinger (né en 1794), qui fut
maire de Heiligenstein (Bas-Rhin), raconte de façon saisissante dans ses mémoires
cette année épouvantable2 :
1817 fut une année d'une invraisemblable cherté. Le quart de blé valait 150 francs.
Il y eut peu de vin et il était aigre. Huit jours avant les vendanges la neige tomba
jusqu'à la hauteur d'une moitié de chaussure, si bien qu'en grand nombre les ceps
se brisèrent et que de nombreux arbres sur le ban de la commune et dans la forêt
rompirent sous la neige. Cette année-là on ne put travailler le sol des vignes tant il
avait plu. Dans ce trimestre de disette un ohm de Klevener de 1811 valait 80
francs, un quarteau de blé 150 francs, un sac de pommes de terre 24 francs, une
mesure de haricots de 15 à 16 sous. Les paysans sur le marché n'arrivaient plus à
savoir ce qu'ils devaient demander, si bien que plus d'une fois, quand ils avaient
exagéré, les gens renversaient ce qu'ils avaient sur leur étalage et les pauvres, qui
se tenaient derrière eux le leur volaient, imités souvent par les gradés allemands
qui étaient encore dans la région3. Les pauvres allaient en forêt, dans les coupes,
cueillaient des herbes, les faisaient cuire, les hachaient comme du chou et les
mangeaient. Mais tout ce qu'on arrivait à manger cette année-là ne nourrissait
pas, si bien que les gens avaient encore faim une heure après. Bien des gens
périrent d'inanition dans les environs de Strasbourg et l'on trouva deux enfants
morts dans un champ de trèfles où ils avaient mangé de jeunes pousses.
D8 ETNA/SANTORIN
Etna : une des plus anciennes descriptions d’un hiver volcanique se trouve dans
les Vies de Plutarque : « Il y eut aussi l’obscurcissement de la lumière du soleil :
toute cette année-là, en effet, son disque resta pâle ; il n’avait aucun rayonnement
à son lever et ne produisait qu’une chaleur faible et languissante, l’air demeurait
ténébreux et lourd parce que la chaleur qui le traversait était trop faible, et les
fruits à demi-mûrs, se gâtaient et pourrissaient avant d’être parvenus à terme, à
cause de la fraîcheur de l’atmosphère. Marqua, avec le passage d’une comète,
l’imagination des contemporains. Conséquences climatiques de cette éruption et
effets sur les sociétés antiques très peu connus.
Santorin : on sait par ailleurs depuis peu que l'éruption fut plus puissante que ce
que l'on pensait auparavant. Ses conséquences sur les sociétés antiques restent du
domaine de la spéculation.