Les mouvements verticaux affectant les marges divergentes sont liés à des processus
d’amincissement lithosphérique, d’isostasie, de flux de chaleur sous-jacent dans le manteau
terrestre, et de subsidence flexurale pendant la phase de rifting (syn-rift) opérant à des
longueurs d’onde différentes. Cette dynamique des mouvements verticaux perdure pendant la
phase de post-rift notamment liée à la flexure induite par l’érosion des épaulements de rift, le
poids des sédiments déposés sur la marge, le rééquilibrage thermique qui s’opère, mais aussi
des mouvements liés aux conditions limites (le ridge push par exemple) ou de la dynamique
du manteau sous-jacente (topographie dynamique liée à des plumes ou des retraits de slab) qui
peuvent déclencher une réactivation de la marge. Il existe des processus intrinsèques aux
marges que l’on devrait retrouver systématiquement sur chaque marge (avec des amplitudes
différentes selon les propriétés mécaniques de la marge) et des processus extrinsèques
symptomatiques du contexte régional. Ces aspects ont particulièrement progressé durant le
projet « Action-Marges » 2007-2011 que ce soit par imagerie géophysique, données de
terrain, analyse par stratigraphie séquentielle ou modélisations numériques. Néanmoins, la
variété des processus mis en évidence à l’heure actuelle (ne serait-ce que pour expliquer
l’amincissement crustal par exemple) rend difficile la description des processus à l’origine des
mouvements verticaux d’une marge uniquement à partir d’un état de « déformation finie » de
la lithosphère. Aussi une quantification 3D des mouvements verticaux et de leur évolution
au cours du temps peut apporter une contrainte géologique forte sur (i) la compréhension et
la cinématique des processus tectoniques et/ou mantelliques et (ii) les modélisations
numériques actuellement développées. Une estimation des caractéristiques spatiales et
temporelles de ces mouvements servira de base à la caractérisation des processus à leur
origine. L’atelier « Mouvements verticaux des marges passives» qui s’est tenu à Paris en Mai
2011, a fait cruellement ressortir deux points majeurs : la quasi-absence de quantification de
mouvements verticaux et la difficulté d’avoir un repère fiable dans le temps. Pour ce dernier
point, il est classiquement utilisé le niveau absolu de la mer (eustatisme), mais de nombreux
travaux récents montrent que les courbes publiées sont fausses (d’un facteur 2 pour leur
amplitude, dans certains cas extrêmes) et que le ou les processus à l’origine de ces variations
restent inconnu(s). Ces actions s’inscrivent pleinement dans le projet d’Action-Marges pour la
future période 2012-2015. Nous proposons deux aspects : 1) une quantification des
déplacements avec des marqueurs fiables, et 2) une quantification des variations spatiales du
niveau marin relatif, dans le but de définir la composante climatique des variations
eustatiques.
Quantification et marqueurs des déplacements verticaux
De nombreux marqueurs géologiques permettent d’apprécier le déplacement vertical
d’un point depuis la plus petite échelle (échelle d’une faille) jusqu’à la plus grande (échelle
d’une marge). Néanmoins, cette approche souffre de deux biais : (i) le mouvement calculé est
la plupart du temps relatif (par exemple une faille peut décaler deux marqueurs mais la
topographie régionale peut être en train de monter ou descendre, le signal est donc ici le
résultat de deux vecteurs vitesses (Fig. 1) et (ii) la vitesse calculée, notamment sur le long
terme, peut intégrer plusieurs évènements géologiques plus ou moins discrets que l’on ne peut
expliquer ou modéliser par un processus unique. Aussi l’utilisation de marqueurs relatifs
(pour déconvoluer le signal local notamment) et de marqueurs absolus est nécessaire pour
appréhender tout mouvement vertical, l’objectif idéal étant de pouvoir établir des cartes de
champ de vitesse qui renseigneront et contraindront fortement le processus responsable de la
dynamique verticale de la lithosphère et/ou du manteau sous-jacent.
Ces marqueurs peuvent être d’ordre (i) sédimentaire et/ou stratigraphique en pointant par
exemple sur le terrain ou par sismique la position du littoral, (ii) géomorphologique en
identifiant des surfaces repères comme des terrasses, des surfaces d’altération ou des surfaces