Dans notre pays l’enseignement privé n’est pas
libre. Il est étatique et planifié. Il n’est qu’un
sous-traitant de l’enseignement public et de
plus un sous-traitant exploité et maltrai par
l’administration qui le tolère à grand’ peine.
Un incident passé presque inaperçu cette
semaine me pousse à vous alerter sur ce pro-
blème de soc, qui en dépit de sa gravi
semble n’intéresser plus grand monde
aujourd’hui.
Dans la nuit de mardi à mercredi, le Sénat a
vo un amendement à la loi de finances 2011
qui révèle, une fois de plus, la détresse et l’in-
justice qui frappent l’enseignement privé.
De quoi s’agit-il ? Le sénateur UMP Jean Claude
Carle s’est mis en tête de proposer le versement
de 4 millions d’euros à l’enseignement privé
sous contrat pour « sauver » 250 postes d’en-
seignants condams par le ministère à dispa-
raître.
L’affaire est liée à la cision hérque du gou-
vernement de supprimer quelques milliers de
postes d’enseignants. duction des penses
publiques oblige, d’ailleurs plus que tout autre le
mammouth a besoin d’être graissé. En dépit
des protestations véhémentes des syndicats, le
ministère a donc prévu 16 000 suppressions de
postes, dont 1.633 dans l’enseignement pri.
Une répartition « équitable » dit le ministre de
l’Education Nationale Luc Chatel.
Or cette belle équité se trouve menacée par les
nateurs, qui ramènent ce dernier chiffre de
1.633 à 1.383 : une nouvelle « faveur au pri »,
proteste la Fédération UNSA-Education
Nationale.
la nouvelle lettre
Directeur de la publication : J. GARELLO
Commission Paritaire : 0411G87909
ISSN : 1951-4727
N°1058 du 4 décembre 2010 Hebdomadaire 1,50 €
AU SOMMAIRE DU N°1058 :
EDITORIAL : L’enseignement privé n’est pas
libre pp. 1-2
CONJONCTURE : Nouveau miracle alle-
mand ? pp. 3-4
ACTUALITÉ : Les retraités veulent de l’ar-
gent, pas des haricots ! p. 5 - La Turquie
maillon faible de l’OTAN p. 6 - Cambriolage
chez Ségolène Royal p. 6 - La gastronomie
française, patrimoine de l’humanité p. 7 -
Jean Claude Trichet inspiré par Ben
Bernanke ? p. 7 - Keynésiens, Monétaristes
et Autrichiens face à la crise. p. 8.
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L’ENSEIGNEMENT PRIVE N’EST
PAS LIBRE
1
éditorial
L’affaire n’en restera pas là. Certes l’amende-
ment a été voté, au grand dam de Luc Chatel,
mais le ministre se promet bien de faire annu-
ler cette disposition par la prochaine commis-
sion mixte paritaire (sénateurs et dépus).
En quoi l’équité est-elle concernée ? C’est qu’il
existe un canisme qui lie obligatoirement
les effectifs des maîtres du pri à ceux du
public. Il est impossible de créer de nouvelles
classes dans le pri si le public n’en crée pas
au moins autant. Symétriquement si le public
supprime des postes, le pri doit en suppri-
mer en proportion.
Ainsi toute velléi du pri de se développer
est-elle stoppée à la base. Aujourd’hui le privé
scolarise plus de 2 millions d’enfants (17% du
total, et 40% dans le secondaire) et la pres-
sion des parents est telle que chaque année le
privé refuse quelque 80.000 inscriptions. On
comprend le choix des familles : le pri offre
une quali et une sécuri qui ont fui depuis
longtemps certains établissements publics. Il
est donc interdit au pri de concurrencer le
public. La concurrence pourrait pourtant amé-
liorer le public aussi, l’obligeant à évoluer et à
se libérer à son tour des carcans syndicaux et
bureaucratiques. Mais on préfère protéger le
monopole public.
Ce monopole ne se limite pas au nombre de
postes, à la création de classes ou d’établisse-
ments. Le privé « sous contrat d’association »
(90% de l’ensemble) - un contrat dont l’un
des contractants ne peut discuter les termes -
n’a pratiquement aucune autonomie :
Les enseignants, bien que choisis par les
établissements privés, sont des agents
publics, et tombent sous le contrôle dago-
gique de l’inspection académique ; ils ne peu-
vent être licenciés que par les autoris admi-
nistratives.
Le contle porte sur la conformité des
enseignements au programme établi par le
Ministère de l’Education Nationale. Le pri
n’est maître ni des matres enseiges, ni de
leur dotation horaire, et les diplômes sont des
diplômes d’Etat. Par exemple, si une école pri-
e se propose d’apprendre aux enfants à lire,
écrire et compter, ce projet dagogique est
insuffisant aux yeux de l’administration, qui
prescrit des occupations aussi futiles que dis-
tractives : initiation à l’art, découverte de la
vie, apprentissage citoyen et (bientôt) philo-
sophie, etc.
Le financement du privé sous contrat est
assu par les forfaits d’externat vers par
les conseils raux (pour le secondaire) et
les municipalis (pour le primaire). Mais le
complément cessaire (notamment pour les
immobilisations) est à charge des familles, ou
des propriétaires des établissements. La loi
(et le conseil constitutionnel) veille à ce que
les collectivis territoriales « n’avantagent
pas » l’enseignement privé. Un comble, quand
on sait que certaines familles payent à la fois
pour le public (en tant que contribuables) et
pour le privé titre volontaire). Malg tout
l’école privée accueille dans beaucoup de
quartiers et de milieux déshérités les enfants
de parents aux ressources très modestes. Les
écoles chrétiennes ont scolarisé les enfants
pauvres bien avant l’école publique.
Voilà donc un enseignement « libre » qui n’est
maître ni de son développement, ni de ses
programmes, de sa dagogie et de ses
diplômes, ni de son financement.
Cette situation, il est vrai, est le résultat de la
laïcité républicaine, qui veut soustraire les
enfants à tout conditionnement religieux ou
sectaire. Mais c’est aussi le sultat de l’ex-
ception française : l’éducation appartient à
l’Etat plutôt qu’aux parents, et tous les
enfants doivent être « égaux ». Aujourd’hui
c’est surtout l’égalité devant l’analphabé-
tisme, la paresse et la violence.
Ainsi notre pays tourne-t-il le dos à ce vaste
mouvement de privatisation et de concur-
rence qui s’est veloppé en Europe et en
Amérique depuis quelques anes. Quant aux
pays émergents, leur système éducatif s’ap-
puie sur des entrepreneurs d’écoles qui pour
50 dollars par an transmettent un savoir faire
et un savoir vivre à des millions de petits
Indiens qui deviendront des dizaines de mil-
liers d’ingénieurs et d’entrepreneurs.
En France, tout programme de gouvernement
devrait comporter à l’avenir un projet de libé-
ration de l’enseignement.
Jacques Garello
2
conjoncture
Le premier miracle allemand
Au lendemain de la guerre provoquée par l’ex-
pansionnisme nazi, l’Allemagne était un pays
totalement détruit sur le plan économique et
politique. Un pays occupé, à l’Est par l’armée
rouge, ce qui allait donner l’Allemagne de l’Est
communiste (RDA), à l’Ouest par les occiden-
taux avec les zones américaine, anglaise et
française qui allaient donner l’Allemagne fédé-
rale (RFA). Dans un pays détruit, les déséquili-
bres étaient considérables, entre une offre
inexistante et des besoins nombreux. Le conseil
donné par les occidentaux était simple : bloquer
les prix, pour éviter l’explosion inflationniste.
Les chrétiens démocrates allemands, et en par-
ticulier le responsable des questions écono-
miques, le futur chancelier Ludwig Erhard,
étaient d’une autre opinion : il fallait libérer les
prix. Ils ont aussitôt monté, mais cela a permis
de rendre aux prix leur rôle d’indicateurs de
rareté, donc d’incitateurs : l’offre a progressé, le
prix élevé étant une forte incitation à produire,
puisque cela permettait de dégager des profits.
Cette progression de l’offre a peu à peu calmé
les prix, réduit l’inflation, surtout avec la poli-
tique monétaire rigoureuse de la Bundesbank,
et la concurrence a fait le reste. Le miracle alle-
mand était né. Il n’avait rien de mystérieux,
mais tenait à la redécouverte du rôle du mar-
ché, des prix libres et de la concurrence. D’où
une croissance sans inflation, alors que la
France, avec des prix contrôlés par l’Etat,
connaissait plus d’inflation qu’une Allemagne
aux prix libres.
Il ne faut pas pour autant imaginer l’Allemagne
comme le champion du libéralisme. Il n’y a pas
eu au cours des dernières décennies l’équiva-
lent d’un Reagan ou d’une Thatcher. Les syndi-
cats jouaient un grand rôle et la cogestion exis-
tait plus ou moins. On parlait « d’économie
sociale de marché ». Mais ce libéralisme bien
limité ou tempéré contrastait avec le dirigisme
ou l’étatisme français, ou anglais jusqu’à l’arri-
vée de Margaret Thatcher. La différence venait
aussi du fait que tout le spectre politique admet-
tait l’économie de marché, depuis le fameux
congrès du parti social-démocrate allemand
(SPD) en 1959 à Bad-Godesberg, qui avait
abandonné toute référence au marxisme, et
accepté les principes du marché, même si
c’était un marché mâtiné de social-démocratie.
Le champion de la zone euro
Le monde a changé depuis cette époque, et
l’économie libérale a fait la preuve de sa supé-
riorité avec les pays émergents, comme le mon-
trent les indices de liberté économique.
Pourtant les pays développés en général, et la
zone euro en particulier, ont indiscutablement
des problèmes de croissance : celle-ci devrait
être en moyenne de 1,7% seulement cette
année 2010. L’Allemagne n’échappe pas à
cette langueur générale, mais ses résultats sont
bien supérieurs à ceux de l’ensemble de la
zone euro, et de la France en particulier.
C’est ainsi que pour 2010, la croissance du PIB
devrait être de 3,4%, soit le double de celle de
toute la zone et de la France en particulier. Les
cinq sages qui conseillent officiellement le gou-
vernement ont même rectifié ce chiffre à 3,7%.
Leur rapport s’appelle d’ailleurs « chances pour
une reprise stable ». Le contraste est saisissant
par rapport à 2009 le PIB avait reculé de
4,7%. Pour 2011, les prévisions sont moins opti-
mistes, mais ce sera au moins 2%.
Le chômage ne cesse de reculer et il est tombé
en dessous de la barre des trois millions en
octobre, du jamais vu depuis 1992 (il était de 5
millions quand Angela Merkel est arrivée au
3
On avait parlé de miracle allemand après la guerre, dans les années 1950. Cette économie, totalement
détruite au cours du conflit, avait connu une remarquable croissance, au point d’accéder au rang de pre-
mier exportateur mondial. En fait, il n’y avait aucun miracle, mais la simple application des principes
économiques du libre fonctionnement du marché.
En 2010, au sein d’une zone euro en stagnation économique, c’est encore l’Allemagne qui semble s’en
sortir le mieux. Nouveau miracle ? Tout simplement un peu plus de liberté économique que chez ses
voisins. Certes l’Allemagne est loin d’être un champion du libéralisme, mais, dans une Europe dominée
par l’interventionnisme, Berlin fait presque figure d’îlot de liberté. Cela suffit à faire la différence.
NOUVEAU MIRACLE ALLEMAND ?
conjoncture
pouvoir). Les prévisions font état d’une pour-
suite du recul du chômage en 2011, même si la
croissance était plus faible. Ceux qui travail-
laient à temps partiel ont recommencé déjà à
travailler à temps complet. L’Allemagne fait état
d’une pénurie de main d’œuvre dans certains
secteurs et on envisage un allongement de la
durée du travail : 45 heures pourraient même
devenir la norme selon certains chefs d’entre-
prise. De toutes façons la loi permet déjà de tra-
vailler jusqu’à 48 heures. Entre 300 000 et
500 000 postes ne trouvent pas preneurs…
Un vrai marché du travail et une ouverture
extérieure
Faut-il parler à nouveau d’un miracle allemand ?
En alité, il y a l’application de quelques
mesures simples. La question de l’emploi a été
réglée depuis longtemps, dès l’époque du
social-démocrate Schröder, par les mesures
telles que les quatre lois Hartz, qui ont donné de
la souplesse au marché du travail, réduit le coût
du travail, créé de la flexibilité, permis une
hausse de la population active, alors même que
la population globale diminuait. Les Allemands
ont simplement considéré que le marché du tra-
vail était…un marché. Et le coût de la main
d‘œuvre a augmenté de 2% en six ans contre
une moyenne de 18% ans dans l’Union euro-
péenne. La compétitivité est au cœur des préoc-
cupations allemandes.
Ensuite, il y a eu le choix allemand, toujours
maintenu (et encore rappelé au G20 par la
chancelière) de l’ouverture des frontières, du
refus du protectionnisme et de l’acceptation
totale de la mondialisation. Très compétitive,
l’économie allemande est toure vers les
demandes des pays dynamiques et notamment
des pays émergents. Toute l’intelligence de
cette situation est d’avoir misé sur la reprise
mondiale, indiscutable dans tous les pays émer-
gents et d’abord en Chine et en Inde : les excé-
dents extérieurs allemands connaissent de nou-
veaux records, au moment la France accu-
mule les déficits. Le vrai moteur de l’économie
allemande, ce sont les exportations (elles repré-
sentent 35% du PIB allemand). Les exportations
(en hausse de 15,3% cette année) tirent la crois-
sance. Cela implique de rejeter tout protection-
nisme, de jouer le jeu des échanges et de ces-
ser de se plaindre de l’euro fort : avec le même
euro, les Allemands sont en excédent et nous en
déficit.
Le refus du laxisme budgétaire
Enfin il y a le volet des finances publiques. Il est
admis par la vulgate keynésienne véhiculée par
les médias et la plupart des hommes politiques,
que la relance keynésienne de 2009 allait sau-
ver nos économies du désastre de la récession.
Un an plus tard, les pays, Europe en tête, pleu-
rent après les déficits excessifs, qui ont ruiné la
Grèce, puis l’Irlande, en attendant les autres.
Pour l’instant, on les règle à coup d’aides, c'est-
à-dire de nouvelles dettes, les pays plus solides
aidant les plus fragiles, en attendant que ces
nouvelles dettes les fragilisent à leur tour : on
soigne le mal par la mal.
Mais nos admirateurs de la secte keynésienne
persistent dans l’erreur : nos confrères titrent
presque tous, Monde en tête, que « les experts
redoutent que les plans de rigueur cassent la
relance », alors que c’est le laxisme monétaire,
puis budgétaire qui a provoqué la crise. Or qu’a
fait l’Allemagne ? Elle a refusé la relance mas-
sive pratiquée partout ailleurs. Résultat : cette
année, l’ensemble des déficits publics alle-
mands (y compris ceux des retraites et de l’as-
surance maladie) tombera à 2,4%, soit en des-
sous du critère de Maastricht. Un keynésien
peut-il expliquer comment, avec un déficit faible,
l’Allemagne a la plus forte croissance de la zone
euro, tandis que les pays à forts déficits comme
l’Irlande, la Grèce ou la France, ont la plus faible
croissance ? La crise de 2009 a été créée par le
laxisme monétaire ; et les déficits actuels par le
laxisme budgétaire. Si l’Allemagne s’en sort,
c’est parce qu’elle refuse ces politiques de
relance. Ajoutons que l’Allemagne, sans être un
pays de faible imposition, a par exemple un taux
d’impôt sur les sociétés de 29,4% contre 34,4%
en France, taux le plus élevé de l’Union euro-
péenne. Quant aux charges sociales, la diffé-
rence est de 9 points entre Allemagne et France.
Les entreprises allemandes s’en portent-elles
plus mal ? La protection sociale est-elle moindre
chez nos voisins ?
Faut-il parler de « modèle allemand » ? Sans
doute lAllemagne pourrait-elle faire mieux
encore si elle allait plus loin dans la voie du libé-
ralisme. Mais pour l’instant, et par comparaison
avec la France, l’Allemagne se contente d’ac-
cepter l’économie de marché et sa logique, la
concurrence et le libre-échange, la liberté des
prix et le marché du travail, le tout avec une cer-
taine rigueur budgétaire. L’Allemagne a rejeté
étatisme et keynésianisme.
Jean-Yves Naudet
4
actualités
Dans un article cent à La Tribune
(29 novembre) Alain Madelin vient de plaider
une fois de plus pour un système de retraites
par points, qu’il a expo en 2004 dans un
ouvrage rédigé avec Jacques Bichot. Dans cet
article il forme le vœu d’une « autre réforme »,
sachant très bien que celle qui a fait grand
bruit cette ane est un emplâtre sur la jambe
de bois de la partition. Bien évidemment,
nous formons aussi le même u ; n’ayant
cessé de contester une réforme qui ne remet
pas en cause le sysme par répartition et se
contente de « bricoler » rement quelques
paramètres du système, comme l’âge du
part à la retraite à taux plein.
Consensus en vue ?
Le système par points a le mérite d’être fami-
lier aux Français, car il existe pour les régimes
complémentaires ARRCO et AGIRC : les coti-
sations des salars leur donnent un certain
nombre de points, et la retraite compmen-
taire sera liquidée le moment venu en fonction
du nombre de points accumus.
On reconnaîtra aussi à Alain Madelin et
Jacques Bichot le rite d’offrir aux futurs
retraités la possibilide capitaliser des points,
soit en les achetant soit en prolongeant leur
riode de cotisation ; on s’achemine ainsi
vers une retraite à la carte, personnalisée et
responsable.
L’idée de la retraite par points fait donc
aujourd’hui son chemin, et pourrait réunir un
large consensus, de la part de certains syndi-
calistes (à la CFDT notamment) et de certains
socialistes (Jacques Attali, Thomas Piketty,
économiste du PS avec Michel Sapin). Alors,
pourquoi pas ?
C’est que Jacques Garello et Georges Lane,
(« Futur des Retraites et retraites du Futur »,
IREF, Librairie de l’Université Aix en Provence,
3 tomes 2008-2009) ont fait la démonstration
que la retraite par points est une tromperie, et
qu’elle détourne les esprits de la seule vérita-
ble et durable réforme : la transition vers la
capitalisation financière.
Tromperie
La tromperie est visible, il n’est qu’à relire ce
passage de l’article de La Tribune: « La valeur
d’un point serait déterminée en fonction des
recettes des caisses. Seul l’argent disponible
serait distrib ». C’est clair, et c’est drama-
tique : le retrai ne connaîtra le montant de
ses droits que le jour de son part, et il ne
touchera que l’argent disponible. Il aurait été
plus simple de dire : on ne peut rien vous dire
sur votre retraite, on fera pour le mieux, vous
aurez ce qui restera dans la caisse. Les points
accumulés s’assimilent ainsi à des haricots.
Sans doute certains auront-ils plus de haricots
que les autres, mais ce ne seront que des hari-
cots à valeur inconnue. Cette façon de traiter
le probme est propre à tous les systèmes
appelés en langage savant « à cotisations don-
es » : on sait ce que le cotisant doit verser,
mais on ne sait pas le bénéfice qu’il en tirera.
Par contraste un système « à bénéfices donnés »
engage l’assureur sur un montant don de
retraites (ou au moins sur un minimum).
La véritable transition
Elle consiste à capitaliser non pas des points
mais de l’argent. Ce qui veut dire que les coti-
sations sont versées à un fonds de capitalisa-
tion qui va gérer l’argent, le faire fructifier sur
dix, vingt ou quarante ans, chaque futur
retraité disposant d’un compte personnel (qu’il
peut d’ailleurs abonder au-delà des cotisations
versées) dont il connaîtra sans cesse la posi-
tion et le montant des retraites qu’il lui garan-
tira le jour venu. Le seul aménagement tech-
nique délicat est de gérer la transition de la
partition vers la capitalisation, car il n’est
pas question de faire perdre de l’argent à ceux
qui sont engas (malg eux) dans le sys-
me actuel : on va continuer à honorer les
droits acquis (ce que ne fera pas la Sécurité
Sociale) et peu à peu on va éponger cette
dette sociale. Ici des choix doivent être faits
entre une liquidation rapide (25 ans) du sys-
me par répartition ou par une lente extinc-
tion (pouvant aller jusqu’à 91 ans).
La capitalisation est à l’œuvre, au moins en
partie, dans plus de vingt pays. Pourquoi ce
succès ? D’une part, la capitalisation est d’un
rapport spectaculaire (placée à 4% l’an une
somme double de valeur en 14 ans et triple en
22 ans) ; d’autre part, l’argent placé est mis à
la disposition de l’économie, injec dans l’in-
vestissement, et accélère la croissance, alors
que dans la retraite par points, comme dans la
partition, l’argent sort du tiroir caisse aussi
vite qu’il y est ent.
Il est difficile de comprendre pourquoi les
meilleurs esprits continuent à écarter une telle
possibili, pour se replier sur des projets
purement factices. Ignorent-ils que l’ouverture
à la capitalisation signifie tout à la fois la re-
couverte de l’épargne, de l’effort personnel, de
la responsabili personnelle ? Le pays a grand
besoin de cette révolution libérale : faisons-la !
LES RETRAITÉS VEULENT DE L’ARGENT, PAS DES HARICOTS
L’idée de la retraite par points fait son chemin, mais débouche sur une impasse
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