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domaine qui demande a être développé!; c'est en effet une composante indispensable à l'élaboration de
modèles géodynamiques intégratifs.
Quelques questions d'actualités:
√ Comment le manteau se déforme-t-il sous les zones orogéniques?
√ Existe-t-il un couplage entre la déformation du manteau et celle de la croûte? Dans l’affirmative,
quelles sollicitations la déformation du manteau impose-t-elle à la croûte? Ces sollicitations
peuvent-elles jouer un rôle dans l'activité sismique superficielle?
√ Comment la structure interne du manteau (hétérogénéité, anisotropie) influe-t-elle sur les propriétés
mécaniques et thermiques de la lithosphère, et donc sur son comportement tectonique? Le manteau
lithosphérique est-il en particulier caractérisé par une anisotropie mécanique susceptible
d'expliquer l'héritage structural souvent observé? Une telle anisotropie peut-elle influer sur la
déformation de la croûte superficielle et donc sur l'activité sismique?
√ Comment les grands réseaux de failles se forment-ils à l’échelle des continents? Affectent-ils le
manteau lithosphérique dans son intégralité? Sont-ils limités à la croûte ou à la partie sommitale du
manteau supérieur?
√ Les racines continentales (cratons, zones de subduction continentale), qui semblent atteindre
plusieurs centaines de kilomètres de profondeur, interagissent-elles - et si oui de quelle manière -
avec la convection mantellique?
√ Les interactions entre asthénosphère et lithosphère (panaches, rifts) déduites des observations
géochimiques influent-elles sur les propriétés sismiques ou mécaniques de la lithosphère?
√ Les hétérogénéites de vitesse révélées par la sismologie ne peuvent pas toutes être interprétées
comme des anomalies de température. La composition du manteau est aussi susceptible de modifier
de façon significative la propagation des ondes. Dans quels contextes géodynamiques, la
composition du manteau est-elle suffisamment modifiée pour rendre compte de certaines anomalies
observées dans les modèles tomographiques?
Quelles approches ?
Les questions mentionnées ci-dessus ne peuvent être traitées qu'à l’échelle de la lithosphère ou même,
pour certaines, du manteau supérieur. Les réponses sont évidemment aux interfaces entre tectonique,
sismologie, géochimie, pétrophysique et modélisation. Une approche pluridisciplinaire s'impose donc. En
conséquence, depuis que j'ai rejoint le Laboratoire de Tectonphysique, j'ai orienté mon activité de recherche sur
l'étude des déformations à l'échelle lithosphérique. Tout en continuant l'étude de la déformation de la croûte,
mais en glissant vers la croûte inférieure, j'ai consacré une partie importante de mon activité de recherche à la
déformation du manteau supérieur sous-continental et aux modifications des propriétés physiques qu'elle peut
entraîner.
Mon idée est que pour avancer sur ces questions, il faut être capable de changer d'échelle d'observation:
- À petite échelle, celle de l'agrégat cristallin, il est possible de caractériser les processus thermo-
mécanique en étudiant des échantillons de manteau remontés à la surface, soit par le volcanisme (xénolites), soit
par la tectonique (massifs de péridotites). Dans ce domaine, une interaction forte avec les géochimistes est
particulièrement enrichissante car leur approche permet de mettre en évidence des processus tels que la fusion
ou le métasomatisme et donc de préciser l'évolution géodynamique. À cette échelle, il est aussi possible de
caractériser les propriétés sismiques des agrégats et de les mettre en relation avec les processus tectoniques et
géochimiques qui ont affecté les roches, ce qui permet de faire un lien avec les observations à grande échelle.
- À grande échelle, la difficulté principale réside dans le fait qu’il est rare de pouvoir effectuer des
observations dans le manteau comme nous le faisons pour la croûte. Il faut donc mettre en œuvre des approches
permettant de réaliser une véritable étude structurale du manteau sous-continental. Les développements récents
en tomographie et en anisotropie sismique (mesure du déphasage des ondes de cisaillement) apportent des
quantités croissantes de contraintes sur la structure du manteau lithosphérique. La tomographie sismique peut
apporter des informations sur la géométrie, l’état thermique et la composition de la lithosphère continentale.
L’anisotropie sismique est essentiellement liée à l’orientation préférentielle de réseau de l’olivine développée en
réponse au fluage du manteau due aux évènements tectoniques (collision, rifting…) ou au mouvement actuel
des plaques. Elle nous renseigne donc sur la déformation subie par le manteau. Bien que d’interprétation
délicate, ces observations représentent autant de contraintes auxquelles tout modèle géodynamique doit
satisfaire. J'ai donc appris à caractériser l'anisotropie sismique d'une région (de l'instrumentation à la mesure) et