Fonctions de transfert anisotropes Goetz Bokelmann, PR & Guilhem Barruol, CR1 Résumé Une question fondamentale dans la compréhension de la dynamique du manteau est la localisation verticale des zones de déformations. C'est le cas dans l'étude de l'anisotropie sismique du manteau et de la déformation du système lithosphère-asthénosphère, mais également lorsque l'on souhaite aborder les problèmes de couplage croûte-manteau et de la présence de déformation dans la zone de transition ou dans le manteau inférieur. Cette question ne peut pas être abordée efficacement par le déphasage des ondes de cisaillement parce que cette technique classique n'a pas de résolution verticale. Pour résoudre ces problèmes, nous proposons un sujet de thèse focalisé sur l'élargissement des techniques de fonction de transfert aux données sismologiques anisotropes. Par l'analyse des phases sismiques arrivant dans la coda de l'onde P, la méthode classique des fonctions de transfert permet de retrouver la profondeur des interfaces où l'onde P a subit des conversions en ondes S. Nous proposons de généraliser cette technique à une Terre anisotrope pour déterminer simultanément la localisation des interfaces mais également l'anisotropie sismique dans les différentes couches. Comme dans les fonctions de transfert isotropes, les propriétés du sous-sol (des vitesses et des épaisseurs des couches) sont récupérées de la série des ondes converties après l’onde P et/ou avant l’onde S. La généralisation à la technique anisotrope de fonctions de transfert se fera dans un premier temps en supposant que le milieu a une symétrie d’anisotropie hexagonale. Nous développerons cet outil en utilisant des données acquises dans des observatoires à bas niveau de bruit qui devraient permettre d'identifier des phases de très faibles amplitudes et appliquerons ensuite cette technique à différentes cibles géodynamiques comme la plaque Eurasie et Pacifique. Pour la plaque européenne, nous essaierons de déterminer le type, la magnitude et la profondeur de l'anisotropie. Ceci permettra de distinguer les contributions 1) de l'écoulement dans l'asthénosphère et 2) de l'anisotropie gelée dans la lithosphère, et d'identifier le type d'anisotropie qui domine, dans le cas d'une plaque continentale 'lente'. Cette question de la nature de l'anisotropie a en effet été beaucoup discutée durant la dernière décennie sans atteindre de consensus. Nous proposons ensuite d'appliquer cette nouvelle technique à une plaque océanique rapide, en profitant des nombreuses données sismologiques acquises ces dernières années dans le Pacifique sud par l'expérience PLUME (Polynésian Lithosphere and Upper Mantle Experiment). Les mesures d'anisotropie obtenues par le déphasage des ondes S mais également par les modèles tomographiques en ondes de surface mettent en effet en évidence des déformations lithosphériques anciennes et une déformation actuelle du manteau liée au déplacement de la plaque à des profondeurs asthénosphériques. Les fonctions de transfert anisotropes permettront de quantifier ces différents effets, de les localiser verticalement, et donc de préciser les modes d'épaississement et d'entraînement des plaques océaniques. Insertion dans des projets nationaux ou internationaux, collaborations extérieures : projets SEADOME (« Seismic anisotropy, plate-driving forces and the motion of Europe ») de la Communauté Européenne (projet no. 003953, durée 1.9.2004-31.8.2006), le projet PLUME (Polynésian Lithosphere and Upper Mantle Experiment), ACI "jeune chercheurs" du Ministère de la Recherche et le projet DyETI (Anisotropie sismique et la déformation profonde de l’Europe, durée envisagée 2005-2007).