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prises par le Conseiller ou par le Directeur de l’Aide à la Jeunesse envisagent prioritairement
à favoriser l’épanouissement du jeune dans son milieu familial de vie (art.9).
Définie dans un tel cadre légal, la procédure d’évaluation doit donc nécessairement
contenir une dimension téléologique et proposer, une fois posé le diagnostic, des stratégies de
régulation qui y sont adaptées. La démarche d’évaluation formative qui sous-tend ce
processus doit, en outre, être prioritairement réalisée au sein même de la famille explicitement
considérée comme le lieu privilégié d’épanouissement de l’enfant..
L’ensemble du Décret entend également favoriser la déjudiciarisation et la
désinstitutionnalisation de l’aide à l’enfance et à sa famille. Dans un tel paradigme, les
notions d’aide acceptée et d’aide négociée autour desquelles s’articule l’action des S.A.J.
(Services d’Aide à la Jeunesse) sont considérées comme autant de préalables aux mécanismes
d’aide contrainte qui peuvent être stimulés dans le contexte des S.P.J. (Services de Protection
Judiciaire). Cette manière de procéder suppose d’associer d’emblée la famille à l’ensemble
des évaluations qui la concernent.
Ci-après sera développé le cadre conceptuel à partir duquel sont envisagées les réalités du
vécu familial et les outils d’évaluation qui y sont associés. Ceux-ci prennent en compte le
contexte juridique particulier qui, à travers le Décret du 4 mars 1991 relatif à l’Aide à la
Jeunesse, donne à la démarche diagnostique sa nécessaire dimension d’évaluation formative.
C’est pour cette raison, notamment, que seront privilégiés les instruments dynamiques qui
prennent en compte l’évolution des familles dans le temps au détriment des outils statiques
qui permettent une évaluation sommative, mais ne prennent pas en considération la dimension
temporelle et fixent l’évaluation du vécu familial dans un moment donné. C’est aussi pour
répondre aux exigences du Décret que sera adapté le cadre conceptuel en privilégiant,
notamment, les notions de conscience pédagogique, de réflexivité individuelle et de
trajectoire, à travers lesquelles chaque membre du groupe familial est amené à participer au
travail d’évaluation qui le concerne.
En privilégiant la mise en œuvre des procédures de concertation dans le domaine de l’aide
à l’enfance, l’intervenant social est inévitablement amené à adapter ses pratiques en tenant
compte à la fois de la profonde complexités des situations et de leur caractère idiosyncratique.
(2) L’enjeu praxéologique
De nombreux auteurs (Darguenave, Garnier, 2003 ; Castel, 1995 ; Bilodeau, 2005)
dénoncent la « crise » de sens qui, d’une manière générale, affecte le travail social,
notamment lorsqu’il met en jeu des procédures d’évaluation. Cette «crise » paraît notamment