
Cholélithiase
Parmi les conséquences d’une perte pondérale
rapide figure la formation de lithiases biliaires.
Une étude prospective a donné une incidence des
lithiases biliaires d’environ 35%, six mois déjà
après bypass gastrique [14]. En Suisse, une cho-
lécystectomie est effectuée de routine lors d’une
intervention bariatrique à ciel ouvert, ou lors
d’une première intervention par laparoscopie en
cas de lithiase vésiculaire déjà présente.
En cas de suspicion de lithiase cholédocienne, il
est impossible de pratiquer une cholangiogra-
phie rétrograde (ERC) diagnostique-thérapeuti-
que en raison de la modification de l’anatomie.
Dans un tel cas, l’ERC peut se faire à travers un
canal transcutané dilaté menant à ce qu’il reste
d’estomac. Les techniques diagnostiques alter-
natives sont la cholangiographie par résonance
magnétique (MRC) ou la cholangiographie trans-
hépatique transcutanée (PTC).
Urolithiase
En raison de la malabsorption des graisses, les
acides gras libres lient le calcium libre dans la
lumière intestinale, qui ne peut ainsi se lier à
l’oxalate et en inhiber la résorption. Cette «hyper-
oxalurie intestinale» est encore accentuée par
la baisse de la métabolisation bactérienne de
l’oxalate dans la lumière intestinale, de même
que par le manque de vitamine B6et de thiamine
(vitamine B1). Le risque de lithiase urinaire
oxalique et de néphrocalcinose s’en trouve par
conséquent augmenté.
Pour la prophylaxie, il est recommandé de boire
beaucoup (de préférence de l’eau minérale riche
en calcium) et de restreindre les aliments riches
en oxalates (par ex. épinards, chocolat, rhu-
barbe, thé froid, côtes de bette, chou et noix).
Le cas échéant, une substitution de citrate de
calcium est également recommandée.
Stéatorrhée
Après les techniques malabsorptives, avec un
«common channel» qui en résulte à très court
terme (segment de grêle dans lequel les nutri-
ments sont en contact avec les sucs biliopancréa-
tiques) (fig. 3), une stéatorrhée peut se produire
en raison de la présence d’acides gras non digé-
rés dans la lumière intestinale. Elle peut la
plupart du temps être prévenue par le remplace-
ment des graisses alimentaires par des triglycé-
rides à chaînes moyennes mieux résorbables (ou
lipides MCT), ou par l’administration d’une spé-
cialité orale d’enzymes pancréatiques.
Chirurgie de l’obésité et grossesse
La chirurgie bariatrique augmente la fertilité des
patientes fortement obèses en âge de procréer,
qui présentent souvent une infertilité. Comme
une grossesse doit être évitée à la phase de perte
CABINET Forum Med Suisse 2007;7:578–582 581
résultant d’une hypertrophie des cellules des îlots
pancréatiques (ou nésidioblastose) avec hyper-
insulinémie postprandiale [9].
Sous-alimentation
Après des opérations bariatriques, en raison de
leurs composantes malabsorptives, la moins
grande résorption de calories, intentionnelle, est
inévitablement associée au risque d’une baisse
de la résorption intestinale de vitamines et d’oli-
goéléments [10, 11].
Une baisse de la résorption du fer est due en par-
tie au contournement des principaux segments de
sa résorption (duodénum et jéjunum proximal).
D’autre part, le fer alimentaire non au contact du
suc gastrique ne peut être réduit en sa forme
mieux résorbable. Il faut être attentif à une bonne
substitution de fer, surtout chez les femmes pré-
ménopausées courant un risque d’anémie.
Un manque de vitamine B12 résulte de l’achlorhy-
drie gastrique et de la sécrétion moins abondante
de facteur intrinsèque, responsables de la transfor-
mation de la vitamine B12 en sa forme résorbable.
La carence en acide folique est rare, généralement
imputable à l’absorption de moins de nourri-
ture. La principale étiologie d’une carence en
thiamine (vitamine B1) est le contournement
du duodénum (principal site de résorption de la
thiamine) secondaire au bypass gastrique. Les
vomissements multifactoriels peuvent encore
l’accentuer. Non diagnostiqué et non traité, le
manque de thiamine peut aller jusqu’au tableau
extrême de l’encéphalopathie de Wernicke (am-
nésie, ataxie, troubles de la motilité oculaire).
La diminution de la résorption des graisses, vou-
lue, comprend inéluctablement une diminution
de la résorption des vitamines liposolubles (A, D,
E et K). La diminution de la résorption duodénale
du calcium et le manque de vitamine D peuvent
provoquer une hyperparathyroïdie secondaire
avec risque accru d’ostéoporose [12].
Un manque d’oligoéléments tels que zinc, sélénium
et magnésium est rare et ne se voit pratiquement
que chez les patients ayant subi une diversion
biliopancréatique ou un bypass gastrique distal.
Les contrôles postopératoires portent sur les para-
mètres suivants: albumine, protéines, ferritine,
vitamine B12, acide folique, calcium (à corriger si
hypoalbuminémie), magnésium, phosphatase al-
caline (si augmentée, dosage de la parathormone
et du phosphore). Après diversion biliopancréati-
que et bypass gastrique distal, il faut en outre doser
les vitamines liposolubles A, D, E, le Quick comme
témoin de la vitamine K, le zinc et le sélénium.
Il est généralement recommandé de donner une
substitution à vie par une spécialité multivitami-
née avec sels minéraux et oligoéléments.
En fonction de leurs concentrations sériques, la
vitamine B12 et le fer doivent également être
substitués. Des études récentes insistent sur l’im-
portance de la substitution de vitamine D et de
calcium en prophylaxie de l’ostéoporose [13].