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vie an d’éviter l’opération. Mais elle est
déterminée à se faire opérer. Son choix
initial se porte sur une sleeve, mais sa
tendance au RGO est incompatible avec
cette méthode. Elle opte donc pour un
bypass. Le danger de cette technique in-
vasive est les carences, qu’elle s’applique
à compenser en respectant rigoureuse-
ment la prise quotidienne d’une com-
plémentation en vitamines et minéraux.
Quant à l’alimentation, elle avait besoin
que « cela reste un plaisir ». «Le nutrition-
niste m’a dit : faites comme vous le sen-
tez. Testez le poivron (qu’elle adore), et si
au bout de quelques minutes, rien ne se
passe, vous pouvez continuer. » La viande
rouge, elle, ne passe pas. Une fois, elle a
subi un dumping, à cause de « la frite de
trop ». Un malaise dont elle se souviendra.
Alors, ses astuces personnelles, c’est de
se servir dans une petite assiette, qu’elle
ne nit jamais quand elle mange au res-
taurant, de se plier à des horaires et sur-
tout d’écouter plutôt son corps qui lui dit
stop que sa gourmandise.
Complications postopératoires
Elle a dû adapter sa garde-robe à ses 35 kg
en moins. « À la n de ma période obèse,
je ne portais presque que des tuniques
avec leggings, aujourd’hui j’ai bien plus de
choix ». Se sent-elle plus belle ? « Je ne sais
pas car je ne me suis jamais vue comme
j’étais. Je crois que mon apparence cor-
respond maintenant plus à ce que je suis
à l’intérieur. » Quand elle travaillait dans
un magasin de vêtements pour homme,
il lui arrivait de tomber nez à nez avec
un miroir et de se surprendre à saluer la
personne en face d’elle !
Des kilos qui s’accumulent sans qu’elle s’en
rende vraiment compte, c’est aussi ce qui
est arrivé à Anne-Sophie quand elle était
étudiante. Pour elle, se réaliser dans ses
études était une forme de libération vis-à-
vis de son entourage affectif, et elle était
prête à en payer le prix. Sédentaire, bou-
limique de travail, elle s’est retrouvée « en-
fermée dans une enveloppe corporelle qui
n’était pas son choix mais la conséquence
de ce choix ». C’est la seule de sa promo
à être parvenue, 4 ans plus tard, au titre
d’architecte d’intérieur designer en monu-
ments historiques. Elle a également gagné
25 kg. L’apparence physique n’a pas grande
importance pour elle mais lorsqu’elle a
commencé à travailler dans la presse mé-
dicale après un changement de cap profes-
sionnel et qu’elle a eu accès à l’information
concernant sa maladie, elle a pris la déci-
sion de passer par la chirurgie.
Après une bonne année de recherche,
elle a finalement opté en 2000 pour la
gastroplastie verticale Mason. Deux ans
et demi après sont apparus les premiers
problèmes postopératoires. Les agrafes
ont lâché ; on lui a proposé une autre
technique, celle de l’anneau gastrique.
Elle s’est également fait poser des im-
plants mammaires, nécessaires suite à
son importante perte de poids, qu’il a
fallu retirer il y a environ trois ans car ils
provenaient de la marque frauduleuse
PIP, et donc, dans le même temps des-
serrer l’anneau. S’en sont suivis 5 mois
et demi d’infection. Bravant toutes les
mises en garde, elle « ose » envisager une
grossesse, alors à 130 kg. « Mon envie
d’un enfant était telle que malgré mon
âge (43 ans), mes dix opérations et ma
maladie, j’étais convaincue de réussir à
tomber enceinte de manière naturelle. »
Aujourd’hui, son bébé se porte à mer-
veille, il est même un peu maigre ! Et elle,
qui vient de fêter joyeusement ses 45 ans,
pèse encore 35 kg de moins qu’avant sa
première opération. ■
❙Côté associations
■ CNAO, passeur d’infos
Le CNAO est un collectif
national qui regroupe les
22associations d’obèses
dans toute la France
et dans
les DOM-TOM.
Expert au sein
de différentes
commissions
de l’État, il se veut
« passeur
d’informations »
entre les patients et
les équipes
médicales. « Nous
souhaitons informer
le patient et le rendre
acteur », insiste Anne-Sophie
Joly, qui en est la fondatrice et
présidente. « Ma force mentale
m’a permis de toujours refuser
de me laisser envahir par la
cruauté des autres. Mais il y a
plein de personnes qui n’osent
pas, ne serait-ce que demander
de l’info. Alors j’ai ressenti
le devoir de leur en faciliter
l’accès et de leur offrir de la
compréhension. »
Depuis 7 ans, le CNAO organise
les Journées européennes,
qui auront lieu cette année
les 20 et 21 mai.
www.cnao.fr
Je me suis retrouvée
enfermée dans une
enveloppe corporelle.
Anne-Sophie
Maintenant, mon
apparence correspond à
ce que je suis à l’intérieur.
GérAldine
DR