Les tests de provocation orale ont été développés les
premiers, il y a une quarantaine d’années mais avec
effectivement l’inconvénient d’être relativement chronophages
(hospitalisation d’un à deux jours), mais aussi d’être à risque de
déclencher parfois des réactions sévères. C’est en effet une
vraie exposition pleinement systémique. Ils sont à réserver aux
équipes rôdées à leur réalisation. Les patients ne doivent pas
avoir un asthme déstabilisé, leur VEMS basal doit être
supérieur ou égal à 70 % de sa valeur théorique et une voie
veineuse doit au préalable être mise en place. Ils sont contre-
indiqués si les symptômes ont été très sévères et dans ce cas on
préfèrera un test d’exposition nasale. Ils ne seront pas non plus
réalisés en cas pathologie sous-jacente sévère (cardiaque,
digestive, hépatique ou rénale), si une infection respiratoire est
survenue durant les quatre semaines précédentes, en cas de
grossesse en cours et en cas de prise de bétabloquant. Les
médicaments pouvant interférer, corticoïdes, bronchodilateurs
doivent autant que possible être réduits voire stoppés.
En cas de suspicion d’asthme à l’aspirine, on préfèrera donc
en première intention le test d’exposition bronchique car moins
à risque. Si la fonction respiratoire du patient ne le permet pas,
ce sera l’exposition nasale qui sera privilégiée. Son incon-
vénient est sa valeur prédictive négative plus faible que les
précédents, aussi en cas de négativité, il est souhaitable de le
confirmer. De la même façon, en cas de négativité d’un test
d’exposition bronchique si la suspicion persiste on pourra alors
avoir recours au test d’exposition orale [9,17]. Cette stratégie
par étape pourrait permettre de limiter le risque de réaction
grave lors des introductions orales.
Ainsi, en cas de suspicion d’un asthme à l’aspirine et chaque
fois que cette classe médicamenteuse sera indispensable au
patient ces explorations secondaires seront réalisées. En cas de
confirmation de l’asthme à l’aspirine, il faudra alors confirmer
l’innocuité de molécules alternatives telle le celecoxib là
encore au prix d’une réintroduction orale à doses progressives
et sous surveillance hospitalière. En effet, chez quelques
patients, cette molécule anti-Cox 2 peut induire le même effet
secondaire [5].
4. Conclusion
S’enquérir de la tolérance de l’aspirine et des autres AINS
par les patients asthmatiques fait partie de la prise en charge
habituelle de ces personnes. Mais faire un diagnostic d’asthme
à l’aspirine ne se résume pas à cette question. C’est d’abord
toute une histoire clinique qu’il faut savoir reconnaître au sein
de laquelle l’hypersensibilité non allergique à l’aspirine est un
des éléments, sachant que sa survenue n’est pas forcément
précoce. Les différents tests de réintroduction réalisés à titre
diagnostique sont maintenant bien codifiés. Ils permettent de
confirmer ou d’infirmer les cas douteux, mais aussi de
conseiller un patient qui a la nécessité de prendre un anti-
inflammatoire non stéroïdien.
Conflit d’intérêt
L’auteur n’a pas de conflit d’intérêt à déclarer.
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