SEES / REVUE ECONOMIQUE ET SOCIALE > numéro 1mars 2008
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leur performance financière (Cetindamar et Husoy, 2007). En accordant plus d’attention
aux problèmes sociaux et environnementaux, les entreprises peuvent de plus créer un climat
de travail plus favorable et ainsi améliorer l’implication de leurs employés et diminuer leur
absentéisme. En Suisse, toutefois, malgré le fait que la plupart des chefs d’entreprises soient
conscients des responsabilités sociales et environnementales de leurs entreprises, l’adoption
des pratiques responsables est encore relativement limitée. En effet, selon le classement 2007
de Covalence, une société genevoise qui traque l’évolution de la réputation éthique des 200
plus grandes entreprises mondiales (Covalence, 2008), les grandes entreprises suisses ne
brillent pas par leur éthique. En termes de responsabilités sociales, aucune multinationale
helvétique ne figure dans le peloton de tête du classement. Les entreprises suisses les mieux
classées, Novartis et Roche, ne figurent respectivement qu’aux 35ème et 38ème rangs.
L’objectif de cet article est d’offrir une meilleure compréhension de l’adoption par les en-
treprises suisses de pratiques responsables vis-à-vis de leurs parties prenantes et visant à
améliorer leur performance financière et sociale. En nous basant sur la théorie des parties
prenantes (stakeholder theory) en termes de RS (Freeman, 1984; Maignan et Ferrell, 2003),
nous présentons différentes pratiques responsables vis-à-vis des parties prenantes (c.-à-d.,
les clients, les employés, les investisseurs, les fournisseurs, les collectivités locales et l’envi-
ronnement). De plus, nous mesurons quatre dimensions de la performance sociale des en-
treprises: la performance financière, la réputation de l’entreprise, l’implication des employés
et l’impact environnemental. Les résultats de l’enquête auprès de 244 cadres d’entreprises
localisées en Suisse offrent une meilleure compréhension de la relation entre la performance
sociale et l’adoption des pratiques de RS vis-à-vis des parties prenantes. De plus, afin de
mettre en place avec succès des pratiques en matière de RS, il est nécessaire de savoir quels
sont les facteurs organisationnels qui permettent ou freinent l’adoption de telles pratiques.
Les données recueillies permettent de mettre en évidence les cultures organisationnelles per-
mettant le mieux aux entreprises d’implanter les pratiques de RS qu’elles ont choisies.
MÉTHODOLOGIE
Afin de mieux comprendre la relation entre la culture organisationnelle, l’adoption des pra-
tiques en matière de RS envers les parties prenantes et la performance sociale des entreprises,
nous avons conduit une enquête par questionnaire auprès d’entreprises situées en Suisse.
Le questionnaire a été envoyé à un échantillon aléatoire de 1437 entreprises sélectionnées
parmi celles localisées en Suisse et ayant plus de 50 employés, figurant dans la base de don-
nées de «Dun & Bradstreet». Le questionnaire a été envoyé aux cadres les plus élevés de
l’entreprise (p. ex., président du conseil d’administration, directeur général) avec une lettre
d’introduction et une enveloppe-réponse affranchie. Les répondants intéressés à recevoir un
résumé des résultats étaient priés d’envoyer leur carte de visite dans une enveloppe séparée
afin de maintenir l’anonymat de leur réponse. Un rappel a été envoyé à toutes les entreprises
après trois semaines. Au total, notre échantillon est composé de 244 entreprises; le taux de
réponse est donc de 17%, ce qui est satisfaisant pour ce type d’enquêtes.
Les entreprises qui ont participé à cette étude ont les caractéristiques suivantes: 49 % sont
actives dans le secteur industriel, 38% sont actives dans les services et 13% ont une activité
du secteur primaire. 42% ont moins de 100 employés, 40% ont entre 100 et 999 employés
et 18% ont plus de 1000 employés. 72% sont des entreprises privées non cotées en bourse,