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L’ÉDITO
Dominique Vosters, Président
Pour un régulateur audiovisuel, prendre le pouls du secteur de la communication commerciale
s’impose de toute évidence. Le financement des chaînes de radio et de télévision à accès libre reste
significativement dépendant des recettes nettes de publicité. En 2013, 70,7 millions d’euros ont ainsi
alimenté les radios privées en réseau, ce qui a correspondu à 95% de leurs recettes totales1. La RTBF a
décroché 69 millions de recettes nettes, soit 21,32% du total de ses recettes2. Faute pour le CSA de
pouvoir encore exercer un contrôle sur les chaînes éditées par RTL, il est difficile d’apporter une
information comparable pour le principal acteur du marché publicitaire en TV.
Indirectement, une part de ces recettes publicitaires a contribué au financement de productions locales
indépendantes dans les secteurs du cinéma et de la fiction télévisuelle, comme de la radio.
Les investissements publicitaires en Belgique francophone portent essentiellement sur la télévision
33,79%), la presse écrite (31,68 %) et la radio (17,5 %), un média qui maintient une part de marché
exceptionnelle en comparaison de ce qui est observé sur les autres marchés européens. A défaut d’une
valorisation spécifique de l’audience relativement importante réalisée par les chaînes de télévision
françaises, et sous bénéfice d’inventaire pour ce qui concerne RTL, ces investissements alimentent le
paysage diversifié des médias audiovisuels de la Fédération Wallonie-Bruxelles.
En restant dans le monde audiovisuel au sens large, il faut constater que parmi les annonceurs classés
dans le top 30, tant en radio qu’en TV, figurent des opérateurs qui utilisent les médias classiques pour
conserver ou étendre leur clientèle d’abonnés à des offres comportant la fourniture de services de
télévision linéaire ou non linéaire ainsi que d’accès à Internet. Paradoxalement, ces investissements
contribuent à créer une concurrence sur le marché de la publicité au profit d’opérateurs qui
n’investissent plus nécessairement dans la production audiovisuelle en Fédération Wallonie-Bruxelles.
Toutes choses n’étant pas égales, il pourrait être intéressant d’observer sur le long terme l’évolution
quantitative et la répartition entre acteurs de la valeur créée par le public francophone belge en lien
avec la consommation de services audiovisuels. Ce n’est toutefois pas le propos de la présente
synthèse.
La transformation accélérée des communications électroniques entraîne le développement et la
modification de la consommation des contenus audiovisuels. La question du financement de la
production et de la diffusion de ces contenus se pose en d’autres termes. Un même contenu peut-être
consommé dans des univers technologiques différents. S’agissant de la communication commerciale,
le lien étroit qu’elle veut continuer à entretenir avec le public et le consommateur pris individuellement
subsiste. Les modalités sont parfois différentes. Il importe au régulateur d’observer les évolutions sur
ce point, d’adapter sa pratique avec pour objectif de soumettre à un même ensemble de règles des
acteurs se trouvant dans des situations identiques ou comparables.
1 CSA sur base des rapports annuels des éditeurs.
2 CSA sur base du rapport annuel de la RTBF.