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1939-1940 : la Manufacture d’Armes
de Tulle entre en guerre,
mobilisation et constructions
La mobilisation industrielle s’engage dès septembre 1939, mais en raison du départ au front d’une partie de
la main-d’œuvre et d’un équipement industriel vieillissant, la production n’atteint pas les objectifs attendus.
Afin de relancer l’activité, Raoul Dautry, Ministre de l’Armement, décide de faire appliquer aux usines françaises
de nouvelles techniques de gestion, d’employer des femmes, des chômeurs, des travailleurs des colonies et
de faire revenir du front 600 000 spécialistes.
Le 1er septembre 1939, les maires des communes françaises
sont avertis de l’imminence de la déclaration de guerre à
l’Allemagne. Jacques de Chammard, maire de Tulle, informe
la population que l’ordre de mobilisation débute le 2
septembre à partir de minuit.
(©Ville de Tulle)
L’apport de main d’œuvre féminine
pallie les départs au front des
ouvriers mobilisés. Deux femmes de
dos travaillent sur les chaînes de
production. (Collection APAT)
Un important programme de constructions militaires et civiles
Commencé en 1937, le programme de construction est étendu entre 1939 et 1940 pour adapter l’outil de
production de la MAT. Plusieurs grands travaux sont lancés dont la reconstruction et l’aménagement du
bâtiment 1, l’agrandissement de l’atelier central, la construction d’une gaine de tir de 200 m, ou encore celle de
l’atelier annexe à partir de novembre 1939, route de Cosnac à Brive, destiné aux chaines de canons 20HS404.
Pour régler la question du logement des ouvriers, le Ministère de l’Armement s’oriente vers la construction de
maisons individuelles. Dès 1940, 200 maisons sont construites par la municipalité à proximité du stade, dans
la prairie Mignaudet, à Roussolles et au Cloutiéroux. Parallèlement à ce programme, des réquisitions de terrains
permettent l’édification par la MAT, à partir du mois de mai, d’une cité ouvrière à Virevialle à Tulle et d’un camp
aux Chapélies à Brive.
Les spécialistes, tels les dresseurs de canons, sont
indispensables au fonctionnement de la MAT.
(Collection APAT)
Vue générale de la MAT depuis la côte de
Poissac en avril 1939. Au premier plan, la
reconstruction du bâtiment 1.
(Collection APAT)
Le 3 septembre 1939, la France et le Royaume-Uni déclarent la guerre à l’Allemagne. La mobilisation
est générale et concerne plus de 4 millions de Français qui rejoignent les centres mobilisateurs.
Dans le même temps, dans le cadre de l’effort de guerre, le Ministère de l’Armement tente de
s’organiser pour assurer le fonctionnement des usines françaises.
La mobilisation au cœur de la MAT
Au cours des premières semaines du conflit, la MAT n’est pas épargnée par les réquisitions d’hommes dont
l’absence perturbe l’organisation des services. Néanmoins, les effets des mesures engagées par le ministère
Dautry se ressentent dès le mois de novembre 1939 et les effectifs se montent, en avril 1940, à 4761 ouvriers dont
770 personnels de renforcement et 1112 femmes. Des mesures sont prises pour éviter que ces établissements
soient démunis de spécialistes indispensables à la mise en place d’une fabrication en temps de guerre. Certains
voient leur mise en appel différée à 45 jours pour diriger et former des équipes d’ouvriers de renforcement.
D’autres, les affectés spéciaux, sont rappelés du front et des dépôts pour 30 jours ou plus.
De nombreuses entreprises tullistes (Trarieux et Rogard, Pinardel, Lemaire, Veyres-Périé,etc.), prestataires
importants de la MAT, bénéficient du statut d’affecté spécial pour leurs employés et matériels. Face à la
méfiance des autorités militaires de la XIIIe région, notée le 22 avril 1940, le nouveau directeur Germain Pic se
justifie par l’importance de ces entreprises dans les constructions engagées à la MAT.