les idéologies et la seconde guerre mondiale

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LES IDÉOLOGIES ET LA SECONDE
GUERRE MONDIALE
Le second conflit mondial (septembre 1939-septembre 1945) programma méthodiquement la destruction des hommes et de leurs espaces de vie. Il marque tout
le XXe siècle car il relaye les motivations et les rancœurs de la Grande Guerre et
sert d’appui au prolongement des rivalités idéologiques au moins jusqu’en 1989.
AUX ORIGINES DU CONFLIT
L’Europe perd de 1914 à 1918 l’équilibre de la Belle Époque et devient dépendante de ce
«nouveau monde» qui l’a sauvée en 1917. Elle est gênée par l’idéalisme du président Wilson,
par la Société des Nations qui prétend éradiquer la guerre et par la IIIe Internationale qui
annonce dès 1919 sa volonté de lutter contre l’impérialisme et le capitalisme. Elle est fragilisée par les traités de paix qui ont généré, chez les vaincus comme chez les vainqueurs, de
terribles frustrations, et par la crise de 1929 qui survient avant le retour à la stabilité.
Mais l’origine essentielle du conflit réside dans l’opposition idéologique entre les démocraties et les totalitarismes. La démocratie perd du terrain en Pologne (coup d’État du
maréchal Pilsudski en 1926), en Yougoslavie et en Roumanie (monarchies autoritaires), en
Espagne avec Franco, au Portugal avec l’Estado novo (coup d’État du général Gomes da
Costa en 1926) dominé par Salazar à partir de 1928, et même en France où l’antiparlementarisme et le fascisme font des émules, minant l’unité du pays.
q Préludes au conflit
Les Japonais occupent la Mandchourie en septembre 1931, quittent la SDN en 1933,
envahissent la Chine sans déclaration de guerre le 26 juillet 1937. En Afrique, Mussolini proclamé protecteur de l’islam, a achevé la colonisation de la Libye en 1931, et pour venger le
désastre d’Adoua (1896) prend Addis-Abeba (Éthiopie) en mai 1936.
En Espagne, le général conservateur Francisco Franco (1892-1975) engage la lutte
contre le Frente popular (forces de gauches) et, caudillo, devient maître absolu du pays en
1939 (entrée dans Madrid le 28 mars). L’annexion de l’Autriche par Hitler en mars 1938, le
dépeçage de la Tchécoslovaquie après la reculade des démocraties à Munich en
septembre 1938 excitent les bellicistes d’autant plus qu’après le pacte germano-soviétique
d’août 1939 Hitler, libéré du souci d’un double front, a désormais les mains libres à l’Ouest.
LE DÉROULEMENT DU CONFLIT
q Les succès de l’Axe
De septembre 1939 à novembre 1942, les forces allemandes, italiennes, japonaises
eurent presque toujours l’initiative militaire. La capitulation de la Pologne attaquée par
Hitler à l’Ouest et Staline à l’Est, dès le 27 septembre, l’invasion du Danemark et de la
Norvège en avril 1940, l’écrasement des Pays-Bas, de la Belgique, de la France en maijuin 1940 justifient la grandiose fête de la victoire célébrée par la propagande allemande le
19 juillet 1940. La bataille d’Angleterre d’août à octobre 1940 ne permet pas de réduire le
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Royaume-Uni mais la population civile et ses aviateurs sont meurtris ! La bataille de
l’Atlantique (blocus des îles britanniques) ne parvient pas à couper la liaison avec les ÉtatsUnis, mais que de rudes coups portés aux navires de ravitaillement alliés! Puis en 1941, les
victoires dans les Balkans, en Grèce, en Crète, en Russie après le déclenchement de l’opération Barbarossa le 22 juin 1941, désespèrent les démocraties, d’autant plus que le Japon
frappe à Pearl Harbor les Américains, sans déclaration de guerre, le 7 décembre 1941. Mais
la défaite navale japonaise à Midway (juin 1942), la résistance américaine à Guadalcanal
(août 1942-février 1943), la victoire de Montgomery à El Alamein (octobre 1942), le débarquement des Alliés en Afrique du Nord (novembre 1942) et surtout la capitulation de Von
Paulus à Stalingrad le 2 février 1943, font basculer l’espoir du côté allié.
q L’écrasement de l’Axe
De juillet 1943 à août 1944, les Occidentaux reprennent la Sicile, la Corse, l’Italie
(Rome est ville ouverte le 4 juin 1944), débarquent en Normandie en juin, en Provence
en août 1944. Paris est libérée le 25 août avec l’aide de Leclerc. Les Américains libèrent
la Nouvelle-Guinée et reprennent les Philippines. Les Soviétiques reconquièrent le
Donets (rivière d’Ukraine et de Russie), délivrent Léningrad (janvier 1944), envahissent
l’Europe centrale pendant l’été 1944.
Après une ultime contre-offensive allemande en décembre 1944 et l’utilisation désespérée des V1 et des V2 par Hitler, les Alliés franchissent le Rhin en mars 1945 et bombardent les villes allemandes. Soviétiques et Américains se lancent vers Berlin qui tombe en
avril 1945. Hitler se donne la mort le 30 avril. Les bombes atomiques américaines des 6
et 9 août 1945 sur Hiroshima et Nagasaki mettent un terme à la résistance nipponne.
LES BILANS
50 millions de victimes, d’énormes
destructions urbaines, de grosses difficulLes pertes civiles
tés financières, un grand trouble des
et militaires en millions
consciences à la suite des violences et
massacres de la guerre, de l’épuration, de
URSS : 20 • Pologne : 5 • Allemagne :
la découverte des camps de concentra5,6 • France : 0,6 • Royaume-Uni : 0,4
trion et des génocides nazis (mort de
• Italie : 0,4 • Yougoslavie : 1,5 • Chine :
6 millions de Juifs).
13,5 • Japon : 2,2 • États-Unis : 0,3.
Le procès de Nuremberg (20 novembre
• D’après W. Rings, Vivre avec l’ennemi,
Paris, 1981.
1945-1er octobre 1946) juge les criminels
nazis, les structures qui ont permis de telles
horreurs, fait émerger la notion de crime imprescriptible contre l’humanité et désacralise le
pouvoir des chefs et l’obligation pour les subordonnés d’exécuter tout ordre donné.
q Un nouvel ordre mondial
Géopolitiquement, l’Extrême-Orient retrouve à peu près ses frontières anciennes,
l’Europe est une nouvelle fois redessinée (l’Allemagne est occupée puis en 1949 divisée
en deux), et deux superpuissances dominent le monde : les États-Unis et l’URSS (c’est la
bipolarisation). Leurs conflits alimenteront l’histoire du deuxième XXe siècle.
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