La psychologie positive : pourquoi l’enseigner ?
Evie Rosset
C’est quoi la psychologie positive ?
La psychologie positive est une science qui se consacre à l’étude de tous les
aspects positifs de la nature humaine, tels que la compassion, la coopération
et la créativité. Il s’agit d’un véritable changement de cap par rapport à la
psychologie traditionnelle de ces 60 dernières années qui a surtout mis
l’accent sur les faiblesses des individus plutôt que sur leur potentiel.
Agressivité, dépression, anxiété… L’étude de ce qui va mal chez l'être humain
est certes essentielle à la compréhension de la nature humaine, mais il est
bon de rappeler que ces aspects négatifs ne représentent qu'une moitié de
l’équation.
La psychologie positive s’intéresse à la question du bonheur, c'est vrai, mais
ce terme peut effrayer tant il est vaste et inaccessible. Il évoque
immédiatement une avalanche de smileys, de plaisirs superficiels ou de
pensées positives à la "méthode Coué". Cette association à la notion de
bonheur avec un grand « B » peut mener à occulter toute une partie du
champ d’investigation de la discipline, ce qui est regrettable. Il est également
essentiel de garder à l’esprit que la psychologie positive est une science
comme une autre, soumise aux mêmes exigences dans sa recherche
scientifique : avec des hypothèses à base de théorie (et non pas de l'intuition)
qui sont testées empiriquement, de préférence par les études randomisées en
double aveugle.
A quoi ça sert? Pourquoi l’enseigner?
Par principe d’abord, car il serait scientifiquement irresponsable de n’étudier
que la moitié de tout phénomène. Or il semble que nous ayons oublié
d’étudier ce qui peut-être intrinsèquement bon dans la nature humaine :
Pourquoi ressentons-nous de la compassion envers des personnes qui nous
sont inconnues ? Pourquoi sommes-nous à la recherche de challenges à
relever et qu’est ce qui nous pousse à persévérer face aux difficultés ?
Pourquoi nous sommes-nous impliqués dans nos carrières, dans notre
cheminement ? Pourquoi nous sentons-nous appelés à aimer, à rire et à faire
toutes ces bonnes choses qui donnent un sens à la vie ?
Ensuite, au niveau pratique, il est souvent plus facile d’améliorer les choses
en se concentrant davantage sur nos forces que sur nos faiblesses, tant au
niveau individuel que collectif. On a tendance à vouloir réparer ce qui est
abîmé ou brisé, au lieu de nourrir et faire grandir ce qui fonctionne. Prenons
par exemple, un enfant qui rentre de l’école avec un carnet de notes
globalement satisfaisant mais présentant un 8/20 en Maths et un 16/20 en
Histoire. Notre réaction classique en tant que parents ne serait-elle pas de
dire « Que s’est-il passé en Maths ? Comment pourrions-nous faire remonter
ta note ?». Mais ne pensez-vous pas qu’on gagnerait beaucoup à se
demander « Que s’est-il passé en Histoire ? Comment se fait-il que tu sois si
brillant dans cette matière ? Qu’est ce qui te motive tant à travailler ? Est-ce la
matière ? Le prof ? L’heure du cours ? Le fascicule associé ? » Il y a tant à
apprendre de ce qui fonctionne !
Si l’on se penche sur l’histoire de la médecine, on peut distinguer trois
périodes : d’abord, l’ère du traitement, ensuite, l’ère de la prévention -avec
l’arrivée de l’hygiène ou de la vaccination par exemple-, et enfin, nous voilà
aujourd’hui dans l’ère de la promotion de la santé. Chacune de ces étapes est
essentielle et je pense que nous suivons le même processus en psychologie.
Il importe également de se rappeler que la bonne santé mentale est bien plus
que l’absence de maladie mentale. Vous me pardonnerez cette dernière
analogie : si l’on constate une fuite dans un bateau, notre réaction première
sera évidemment de boucher la fuite pour éviter qu’il ne coule. Mais une fois
la fuite réparée, qu’obtient-on ? Un bateau qui ne coule pas. Si l’on veut faire
avancer le bateau, il faut hisser les voiles… La Psychologie Positive se
concentre sur les voiles.
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