MESURES 790 - DECEMBRE 2006 - www.mesures.com 53
S
olutions
tres sont rares. Une mesure en ligne peut
être imposée au cas par cas par arrêté pré-
fectoral. Sur les Unités d’Incinérations
d’Ordures Ménagères (UIOM), l’obliga-
tion d’un contrôle journalier du COT peut
justifier l’installation d’un analyseur en
continu. D’une manière plus générale, un
suivi continu des rejets organiques rentre
dans le cadre d’une politique d’auto-sur-
veillance.
Dans l’industrie, comme il est le reflet direct
de ce qui sort de l’usine en terme de matière
organique, le COT est également un indica-
teur du bon fonctionnement d’un process.
Dans les secteurs de l’agroalimentaire, la chi-
mie-pétrochimie, la papeterie, le textile, il
peut ainsi révéler des pertes importantes de
matière, et être alors utilisé comme paramè-
tre d’alarme ou de régulation.
Oxydation à chaud, la plus efficace
Pour mesurer le COT en ligne, on retiendra
trois grandes méthodes. Les deux premières
relèvent du principe d’oxydation. Elles con-
sistent à oxyder toutes les matières organi-
ques en dioxyde de carbone (CO2) puis à
mesurer la quantité de CO2 ainsi produite.
L’oxydation à chaud est la méthode qui re-
produit le plus exactement la méthode de
référence en laboratoire (selon la norme
NF EN 1484). Il s’agit d’une oxydation ther-
mique à haute température (aux alentours
de 800-950 °C, voire jusqu’à 1 200 °C, selon
les analyseurs). A cette température, la com-
bustion de l’échantillon est complète. Quelle
que soit la composition de sa matrice orga-
nique ou inorganique, toutes les molécules
sont cassées. La mesure du CO2 est réalisée la
plupart du temps par sonde capteur infra-
rouge non dispersif (NDIR). Puisque, à si
haute température, tout est cassé, on peut
utiliser un système de prélèvement simplifié
et s’affranchir de filtration. La principale
contrainte provient alors du four. Celui-ci
s’encrasse rapidement. La présence de sels
minéraux formés au cours de la dégradation
peut être à l’origine aussi de fortes corro-
sions. Si des dispositifs de protection existent
(comme des pièges à sels), cette méthode
reste néanmoins la plus lourde en terme de
maintenance. D’autre part, pour intervenir
sur un four, il faut attendre que celui-ci re-
froidisse. Autant de temps perdu. Certains
constructeurs proposent alors un second
four de dépannage pour limiter les arrêts de
fonctionnement. Autre inconvénient de
l’oxydation thermique : la présence de bou-
teilles d’oxygène, qui impose des contraintes
de sécurité.
L’oxydation à chaud reste donc réservée à
des procédés chargés avec des molécules or-
ganiques complexes. Pour des effluents plus
propres, et afin de s’affranchir de ce four,
source d’ennuis, les fournisseurs d’analyseur
en ligne ont mis au point une oxydation à
froid. Il s’agit classiquement de casser les
molécules en couplant deux actions oxydan-
tes : un traitement par lampe aux ultraviolets
et une oxydation chimique (généralement
du persulfate de calcium). Par rapport à une
oxydation thermique, le traitement à froid
est un peu moins efficace (notamment sur
les molécules complexes ou les longues
chaînes de carbone). Elle est un peu plus
lente aussi (entre 5 à 8 minutes pour un
cycle de mesure) mais elle est beaucoup
moins salissante. Ces dernières années, des
améliorations ont été apportées sur l’optimi-
sation de cette oxydation pour en simplifier
le processus, améliorer son rendement, di-
minuer la consommation de réactifs. Par
ailleurs, les analyseurs sont dotés aujourd’hui
d’une régulation de débit. Le débit de l’ef-
fluent dans la cellule peut être adapté en
fonction de la concentration organique.
«
Ainsi, nous avons pu très fortement augmenter la
plage de mesure d’un même analyseur
», souligne
M. Schambel (Mesureo).
Méthode optique dite alternative
Enfin, la dernière méthode, la méthode op-
tique, est radicalement différente des deux
CONTRÔLE DE LA QUALITÉ DE L’EAU
Trois manières de mesurer le Carbone Organique Total
Méthode par oxydation chimique : le coût des consommables et
réactifs est estimé à environ 300 euros par an, pour une
utilisation permanente.
Oxydation thermique ou chimique, le savoir-faire du constructeur réside aussi dans le prélèvement afin de conserver la représentativité
de l’échantillon (Sick Maihak).
Mesureo