Enfin, dans leur article Les Troubles visuo-spatiaux dans la dyspraxie : peut-on encore parler de
dyspraxie? Orianne Costini, Chrystelle Remigereau, Arnaud Roy, Sylvane Faure et Didier Le Gall
reviennent sur la définition et la description de la dyspraxie et des différents modèles théoriques de ce
trouble en insistant sur le fait qu’au-delà d’un simple débat de terminologie, la littérature internationale
propose différents niveaux de déficits sous-jacents aux troubles du développement gestuel, parmi lesquels
une atteinte des processus visuo-spatiaux. Cet article aborde en détail le rôle et le statut des troubles
visuo-spatiaux dans la dyspraxie et réexamine le concept et la nature de ce que l’on qualifie aujourd’hui
« dyspraxie visuo-spatiale ».
Les troubles neurovisuels sont invisibles, et souvent méconnus par les enfants eux-mêmes qui grandissent
sans savoir que leur vision est déficitaire. Il est donc nécessaire de mieux connaître ces troubles pour
mieux les dépister, mieux les prendre en charge, le plus précocement possible, mais également pour
améliorer le diagnostic différentiel avec les nombreux troubles des apprentissages décrits ces dernières
années. Une plus grande connaissance et reconnaissance de ces troubles devrait avoir un impact très
important non seulement sur la pratique clinique mais également sur l’approche plus fondamentale et
théorique du développement de l’enfant typique et atypique.
Les TSLO (troubles sévères du langage oral) chez l’enfant
Dossier coordonné par le Pr L. Vallée (Service de neuropédiatrie CHRU Lille)
Dans le champ des « troubles spécifiques du langage oral », il demeure une confusion sur ce
que recouvre le terme spécifique. La problématique est d’autant plus marquée en France que
coexiste le concept de « dysphasie ».
Historiquement, le terme « spécifique » dans son acceptation « sémiologique » a absorbé des
transpositions de la neuropsychologie adulte (modulariste, localisationniste). Au plan
« étiologique », le contenu du terme a évolué au fil de l’avancée des connaissances
scientifiques - notamment sur la paralysie cérébrale et les syndromes génétiques - et les
critères d’exclusion se sont précisés au-delà de la déficience intellectuelle et de la surdité.
L’entité clinique a donc pu englober des groupes cliniques très différents. Les termes
« spécifique » et « dysphasie » se sont donc chargés de beaucoup d’ambiguïtés et ne
recouvrent pas toujours strictement le même sens pour les cliniciens. Nous aborderons le
parcours de ces concepts dans une première revue de littérature intitulée : Troubles
spécifiques du langage oral (TSLO) : historique et problématique de la spécificité.
Dans un second article Troubles spécifiques du langage oral : spécificité et limites
étiopathogéniques, nous effectuons un état des lieux des critères d’exclusion garants du
concept et nous abordons les points de débats relatifs à chacun d’eux. Nous abordons
également les limites plus générales du concept. En effet, le terme même de spécificité pose
question. Il ne semble pas parfaitement décrire la réalité des troubles du neurodéveloppement
idiopathiques non responsables d’une déficience intellectuelle ou d’un trouble du spectre
autistique, et relativement circonscrits à la fonction langagière. Il délimite une condition
pathologique sur la base d’une inconnue : aucune cause n’est décelée au moyen des
techniques actuelles d’investigation étiologique, alors même que le substrat neurogénétique
est fortement suspecté. Il ne rend pas compte de la complexité des mécanismes
étiopathogéniques impliqués : gènes porteurs de vulnérabilité, possibles interactions entres
gènes, interactions très précoces avec l’environnement dans l’ontogenèse, impact
épigénétique sur la connectivité. Ce concept de spécificité ne prend pas en compte non plus
la complexité de la cascade des processus qui induisent cette sémiologie déficitaire du
langage oral : l’interaction entre les fonctions cognitives et la complexité des boucles et
réseaux engagés variablement au cours du développement. Il n’en demeure pas moins
véritablement nécessaire comme « outil de compréhension », et une caractérisation la plus
précise possible de ce concept apparaît indispensable.