Chapitre IIA, page 5
Une IM aiguë est très souvent massive : la régurgitation d'un volume important de sang dans l'oreillette gauche
dont le volume est normal provoque une élévation importante de la pression (onde "v" géante), d'où le risque
d'OAP surtout si la fonction VG est altérée (cardiopathie ischémique). L'augmentation de pression dans l'OG se
transmet par voie rétrograde aux veines et aux capillaires pulmonaires et enfin aux artérioles pulmonaires.
L'hypertrophie de l'intima et de la media des vaisseaux pulmonaires élèvent les résistance vasculaires
pulmonaires et engendre une HVD.
2. DEGRE DE LA REGURGITATION
L'importance de la fuite mitrale dépend elle-même de sa cause mais aussi de la résistance à l'éjection du VG.
Ainsi, toute augmentation des résistances périphériques (HTA, administration d'un vasopresseur) accroît la
régurgitation : le sang s'écoule plus facilement du VG vers l'OG où la pression est relativement basse que du VG
vers l'aorte où la pression est élevée. Inversement, l'administration d'un vasodilatateur diminue le degré de la
fuite (Figure 6).
OG
VG
AORTE :120 / 75
OG: 20-30 mmHg
Aorte:
début éjection : 75 mmHg
pendant éjection: > 100 mmHg
AO
Figure 6 : Le sang s'écoule préférentiellement vers la cavité où règne la pression la plus basse c'est-à-dire l'OG.
Noter que dans cet exemple, la fraction régurgitée est de 50%.
3. INSUFFISANCE MITRALE FONCTIONNELLE
Elle est due à un défaut de coaptation des 2 valves de la mitrale créant un "orifice régurgitant", lui-même
secondaire à la dilatation du ventricule et de l’oreillette gauches et de l’anneau mitral. Elle s’atténue ou même
disparaît sous l’influence du traitement diurétique et vasodilatateur qui diminue le volume du VG, de l’OG et la
distension de l’anneau mitral.
C. CLINIQUE
1. LES SIGNES FONCTIONNELS
Ils sont la conséquence de l'hypertension capillaire pulmonaire : dyspnée d'effort de degré variable ou dyspnée
paroxystique.
Les IM de constitution lentement progressive sont habituellement longtemps bien tolérées.
A l'inverse, les IM de constitution brutale (Osler, rupture de cordages, rupture de pilier...) se traduisent par une
dyspnée d'effort rapidement croissante ou une IVG franche avec accès de dyspnée paroxystique nocturne voire
OAP. L'IM peut se révéler par une complication (Osler, fibrillation auriculaire).
2. LES SIGNES PHYSIQUES
- La palpation apporte des renseignements variables selon l'ancienneté et la sévérité de l'IM: choc de pointe en
place dans une IM légère, déplacé en bas et à gauche dans une IM ancienne et importante, ample si l'IM est
importante, récente et compensée. Un souffle systolique intense s'accompagne d'un frémissement.
- L'auscultation fait entendre un souffle typique de régurgitation, de siège apical, irradiant dans l'aisselle. Son
intensité est variable et grossièrement proportionnelle à l'importance de la fuite. Cependant, une IM de gros
volume avec insuffisance cardiaque sévère peut ne se traduire que par un souffle peu intense.
B1 est souvent diminué (car masqué par le souffle); B2 est augmenté d'intensité en cas d'IVG (augmentation
d'intensité de sa composante P2. La présence d'un B3 témoigne de l'importance de la fuite et celle d'un B4 du
caractère récent de la régurgitation.
- Signes d'IVG (crépitants) ou d'insuffisance cardiaque globale.
D. RADIOLOGIE
- Dilatation de l'OG (OAD avec opacification de l'oesophage), du VG (Face et OAG) dont l'importance varie
avec l'ancienneté et le volume de la régurgitation.
- Calcifications valvulaires mitrales en scopie ou ampli de brillance si l'IM est ancienne.
- Expansion systolique du contour postérieur de l'OG en scopie.
- Présence éventuelle de signes d'oedème pulmonaire.
- A un stade évolué : dilatation des cavités droites et OG ectasique.
E. ELECTROCARDIOGRAPHIE