Al-Hassael M. M. Des sciences cognitives à l’intelligence humaine Esquisse et mise en pratique Des sciences cognitives à l’intelligence humaine Al-Hassael M. M. Des sciences cognitives à l’intelligence humaine Esquisse et mise en pratique © L’Harmattan, 2013 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com [email protected] [email protected] ISBN : 978-2-343-00256-9 EAN : 9782343002569 SOMMAIRE Avant-propos.................................................................... 13 Introduction ...................................................................... 15 Chapitre premier. De l’apprentissage à l’intelligence humaine : historique ......................................................... 21 Chapitre II. Résolution de problèmes en sciences cognitives : la problématique, sa formulation et sa justification ...................................................................... 31 I. Qu’est-ce qu’un problème dans la théorie cognitive ? .............................................................. 31 II. Caractéristiques des problèmes .............................. 34 III. Comment rendre compte du processus de résolution des problèmes ? ..................................... 36 IV. L’approche béhavioriste associationniste ............. 36 V. L’approche cognitiviste .......................................... 41 Chapitre III. Une solution pour sauver l’approche structurale : la thèse modulariste...................................... 55 I. Percevoir : est-ce une activité complexe ? ............... 62 II. La perception est-elle à la source de nos conduites ? .............................................................. 63 III. Sensation, perception ............................................ 64 7 Chapitre IV. De la perception de la forme à la perception des objets ........................................................ 67 I. Les systèmes en jeu dans la perception ................... 71 II. La réception sensorielle .......................................... 72 III. Le système perceptivo-cognitif de l’individu ....... 76 IV. Les différentes approches analysant la perception : de l’approche constructiviste à l’approche transactionnaliste .................................. 77 V. La perception et la notion de traitement de l’information ........................................................... 84 Chapitre V. L’approche cognitivisme computationnel et l’approche « traitement de l’information ..................... 87 I. Le cognitivisme computationnel, le système cognitif et le traitement de l’information................ 87 II. Le cognitivisme computationnel et le traitement de l’information : tentative de prise en compte des processus de résolution des problèmes ............ 87 III. Le cognitivisme computationnel et le traitement de l’information : le développement de concepts pour rendre compte des processus de résolution de problèmes et ses composantes ..... 94 IV. L’approche « traitement de l’information » et le développement des travaux sur la résolution des problèmes ......................................................... 99 Chapitre VI. Le connexionnisme, l’interactionnisme et la cognition « en contexte » et problématique de définition de la communication en psychologie cognitive ............................................................................ 105 I. Le connexionnisme ................................................ 105 II. L’interactionnisme et la cognition en « contexte »........................................................... 108 8 III. La problématique de définition de la communication en psychologie cognitive : de l’approche interactionniste « langues, langages,… » à l’investigation pluridisciplinaire de la psychologie ou de la psycholinguistique ..... 111 IV. Communication et interprétation : la prise en considération de critiques de la linguistique pragmatique .......................................................... 118 V. Le schéma de communication appliqué aux théories psychologiques et cognitives : la transmission de l’information ............................... 120 Chapitre VII. Psychologie et malgré tout : quelques questions cruciales restent en suspens ou peu étudiées . 125 I. Les relations entre les registres cognitifs et affectifs ................................................................. 125 II. Psychologie populaire et psychologie scientifique ........................................................... 130 III. Les relations entre la pensée et le langage .......... 133 IV. Les rapports entre cerveau et pensée................... 149 Chapitre VIII. L’homme est-il une machine à apprendre ? De l’apprentissage à la résolution de problèmes « en contexte » ? ........................................... 153 I. L’évolution de la place de l’apprentissage dans les théories psychologiques .................................. 154 II. La spécificité des processus d’apprentissage en question................................................................. 158 III. La mémoire : se souvenir, c’est reconstruire ...... 159 IV. L’organisation de la mémoire : les cinq mémoires selon Endel Tulving et les débats sur les modèles symboliques et connexionnistes ....... 162 9 V. L’évolution des compétences de l’homme dans la société ............................................................... 165 VI. La résolution de problème « en contexte » ......... 166 Conclusion ..................................................................... 173 Table des encadrés ......................................................... 179 Table des figures, schémas et tableaux .......................... 183 Références bibliographiques .......................................... 185 10 À Emilia AVANT-PROPOS « La dernière chose qu’on trouve en faisant un ouvrage est de savoir celle qu’il faut mettre la première. », Pascal, Pensées, IX, 30. Le même Pascal nous a pourtant fourni l’entrée en matière : « Donc toutes choses étant causées et causantes, aidées et aidantes, médiates et immédiates et toutes s’entretenant par un lien naturel et insensible qui lie les plus éloignées et les plus différentes ; je tiens impossible de connaître les parties sans connaître le tout, non plus que de connaître le tout sans connaître particulièrement les parties. » 13 INTRODUCTION La psychologie occupe dans l’Université une place singulière. Fille de la philosophie, elle a acquis son autonomie qui s’est traduit, en France, par la création, en 1947, d’une licence de psychologie et par celle de postes de chercheurs en psychologie au CNRS (Centre national de la recherche scientifique). Très curieusement, la psychologie est rattachée, au sein de l’Université, aux sciences de l’homme, en compagnie de la sociologie, de la linguistique, de la philosophie, de l’histoire…, alors qu’au CNRS elle a été pendant longtemps exclusivement rattachée aux sciences de la vie : biologie, psychophysiologie, neurophysiologie, éthologie… Ce n’est que depuis 1992 qu’elle fait l’objet d’une double tutelle des départements des sciences de l’homme et des sciences de la vie. Cet état de fait témoigne des difficultés que rencontre la psychologie pour se situer dans le champ scientifique et des tensions théoriques qui sont nécessairement les siennes. L’homme étant un être biologique dont la vie sociétale est importante, son étude suppose toujours une double référence. La psychologie se trouve ainsi située entre deux réductionnismes extrêmes, l’un se focalisant sur les contraintes d’ordre biologique et fonctionnel, l’autre sur celles d’ordre relationnel et social, contraintes qui régulent et conditionnent les activités humaines. L’originalité de la psychologie est de tenter une articulation entre ces deux approches, articulation qui n’est pas nécessairement présente au niveau d’études singulières mais qui résulte, de fait, de la confrontation de différentes approches. 15 Pour nous adresser à un public très large et aussi étudiants qui entreprennent des études de psychologie (soit pour en faire un métier, soit au titre d’une formation complémentaire), étudiants inscrits dans des formations professionnelles comprenant des enseignements de psychologie, étudiants en marketing, puisque le marketing, étudié au sein des universités et des grandes écoles, est aussi intéressé par la psychologie -, nous avons fait le choix d’organiser cet ouvrage à partir, d’une part, de défrichement des travaux contemporains, d’autre part, de questions fondamentales concernant l’homme : comment perçoit-il le monde, comment communique-t-il ? Comment apprend-il, raisonne-t-il, juge-t-il et décide-t-il ? Cependant, certaines questions importantes ne sont pas abordées, comme les phénomènes « parapsychologiques », soit parce qu’il s’agit d’un domaine largement négligé par la recherche, soit parce que nous avons choisi de ne pas traiter certains sujets bien étudiés par ailleurs (par exemple, les aptitudes manuelles et physiques, la construction de l’identité personnelle, ne sont évoquées que de manière incidente). En effet, l’être humain dont il est question dans ce livre est un être cognitif, homme ou femme, le plus souvent, délocalisé dans le temps et dans l’espace : c’est un être humain, au sens générique du terme, qui perçoit le monde pour en tirer des informations, un être qui communique préférentiellement par le langage, qui forme des connaissances, et les utilise, qui raisonne, qui juge et qui résout des problèmes. On aura reconnu ici des activités fortement valorisées dans notre société, souvent difficiles pour tout un chacun compte tenu de l’importance des enjeux économiques et politiques ; il suffit, pour s’en convaincre, de lire les annonces d’offres d’emploi ciblant la « gestion des ressources humaines », de « formation », d’« optimisation du potentiel humain », etc. 16 C’est à la construction (théorique et programmatique) de cet être humain cognitif que s’intéressent aussi ces pages ; elles visent à donner aux étudiants quelques clés conceptuelles et épistémologiques qui leur permettront de se repérer dans la multiplicité des approches qu’ils rencontreront, notamment en premier cycle. En effet, dès la première étape universitaire, l’enseignement de la psychologie se fait par la recherche. Très tôt, les étudiants sont invités à lire et à critiquer des travaux expérimentaux parus dans des ouvrages ou dans des revues spécialisées, écrits le plus souvent en langue anglais. Très vite, également, ils sont confrontés aux techniques d’observation et à l’analyse des données, qu’elles soient qualitatives ou quantitatives. En effet, en psychologie, il est fréquemment demandé aux étudiants d’établir des dossiers critiques sur tel ou tel sujet. Les différentes analyses (que nous proposons) se faisant à partir des questions générales évoquées précédemment, il en résulte une certaine redondance au cours de l’écriture, puisque certains thèmes classiques de la psychologie - l’apprentissage, le langage, la mémoire, la représentation des connaissances, la perception, l’intelligence, etc. - sont abordés dans différents chapitres. Nous avons donc signalé des renvois chaque fois qu’ils ont paru utiles. Le lecteur aura donc la possibilité de repérer des communautés et des différences d’approche, compte tenu du nombre d’auteurs ayant traité ces sujets. Cette pluralité, gênante pour qui aurait une représentation hégémonique du champ scientifique, nous semble pédagogiquement intéressante, puisqu’elle est susceptible d’aiguiser l’esprit critique des étudiants, inhérent à la pensée scientifique et aux démarches de recherche. C’est dans cette optique que nous avons préféré systématiser les approches plutôt que développer l’exposé 17 des données empiriques ; elles ne sont pas ignorées, mais ne sont retenues que dans la mesure où elles sont clairement établies et permettent d’avancer dans la problématisation d’un sujet. Afin de ne pas imposer aux lecteurs le recours constant à des dictionnaires, nous avons donné de nombreuses définitions, soit en bas de page, soit en dessous des encadrés, ce qui ne dispense pour autant de se reporter à certains ouvrages fort utiles comme le Dictionnaire de Psychologie de R. Doron et F. Parot (1991 et 2011), PUF, le Vocabulaire de sciences cognitives de O. Houdé, D. Kayser, O. Koening, J. Proust et F. Rastier (1998), PUF ou le Dictionnaire des sciences cognitives (2002), sous la direction de G. Tiberghien, Armand Colin, Le cerveau et la pensée : la révolution des sciences cognitives (2003), coordonné par J.-F. Dortier, Sciences Humaines éditions, L’homme cognitif (2005), sous la direction de A. WeilBarais, PUF. Parfois même, nous avons signalé l’origine des mots en langue étrangère et procédée à quelques rappels historiques. Néanmoins, le lecteur pourra rencontrer parfois quelques difficultés, en raison de la diversité des concepts en jeu. Bien que nous ayons tenté d’évacuer tout jargon inutile, il reste que la multiplicité des emprunts conceptuels faits par la psychologie oblige à les introduire, faute de quoi nous risquerions de leurrer les lecteurs - étudiants ou non - sur la discipline ellemême. Il est salutaire qu’ils se rendent rapidement compte que la psychologie universitaire est assez éloignée des conceptions intuitives qu’on peut en avoir et que l’accès à la profession de psychologue impose une formation intellectuellement très exigeante, ce que laissent peu présager tous les discours de vulgarisation « Psy » rencontrés dans les médias. Nous avons généralement placé les données d’expériences en encadrés, excepté lorsqu’elles sont 18 nécessaires à la compréhension du texte. Ces encadrés comprennent généralement des informations susceptibles de s’appréhender presque indépendamment du texte. On y retrouvera également des notes biographiques, des descriptifs de situations ou de dispositifs, des extraits de protocoles ou de grilles d’analyse, … Les approfondissements, les exemples particuliers, les indications d’ordre documentaire ainsi que les implications pratiques sont présentés en caractères plus petits. La bibliographie finale permettra d’avoir des conseils de lecture et de prolonger l’étude des sujets abordés. Nous avons volontairement privilégié les auteurs francophones, nombreux à être représentés dans les universités françaises fréquentées par les étudiants. C’est en lisant la « cognition » - comme vous vous apprêtez à le faire - que nous avons appris à examiner, avec modestie et prudence, les théories psychologiques. Dès lors, nous pouvons en transmettre l’enseignement. 19