Société en mutation, santé mentale en crise
Colloque organisé par les Cliniques psychiatriques de France
le lundi 9 octobre 2006, au Sénat (Paris)
SOMMAIRE
Les tables rondes et les échanges avec la salle ont éanimés par Jean-Luc Mouton, journaliste, directeur de forme.
Accueil 2
Alain Milon
Sénateur du Vaucluse
Introduction 4
Jacques Gayral
Président de l'UNCPSY
La psychiatrie : un miroir de notre société 5
Table ronde n°1
Docteur Pierre Décourt, psychiatre à la Clinique Stella (Hérault), Membre de la Société Psychanalytique de Paris,
Chargé de cours à l'Université René Descartes (Paris V)
Docteur Louis Masquin, Psychiatre, Président de la Clinique Belle Rive (Gard)
Docteur Olivier Lehembre, Psychiatre, Membre de la Société Psychanalytique de Paris
et vice-Président de la Fédération Française de Psychiatrie
Docteur Philippe Jeammet, Psychiatre, Chef de service à l’Institut Mutualiste Montsouris-Jourdan (Paris),
Membre de la Socié Psychanalytique de Paris et Professeur à l’Université Paris VI
Changer notre regard sur les maladies mentales 11
Table ronde n°2
Brigitte-Fanny Cohen, Journaliste à France2, chronique santé de Télématin,
et Psidente de l’Association des journalistes médicaux de la presse grand public (AJMED)
Patrick Coupechoux, journaliste
Docteur Richard Rechtman, anthropologue au CESAMES, Chef d’établissement de l’Institut Marcel Rivre
et Rédacteur en chef de L’Evolution Psychiatrique
Docteur Alain Nicolet, psychiatre de la Clinique Pen An Dalar, rale de san
Santé mentale : un avenir en forme de défi politique 17
Table ronde n°3
Denis Reynaud, secrétaire Général de l’UNCPSY et Directeur de la Clinique du Mont Duplan
Docteur Gérard Massé, psychiatre, Chef de service au Centre hospitalier Sainte-Anne
et chargé de la Mission nationale d’appui en sanmentale (MNASM)
Marie-Anne Montchamp, ancien ministre, Dépue UMP du Val-de-Marne
André Vantomme, sénateur PS de l’Oise, vice-Président du groupe socialiste
Conclusion 23
Jacques Gayral
Président de l’UNCPSY
Communiqué de presse 24
2
Accueil
Alain Milon
Sénateur du Vaucluse
Je suis particulièrement heureux de vous accueillir au Sénat, au nom de son Président, Christian
Poncelet, dans cette salle Médicis. Permettez-moi dabord de vous adresser en son nom des souhaits de
cordiale bienvenue pour ce colloque, « Société en mutation, santé mentale en crise », organisé par
l’Union nationale des cliniques psychiatriques privées (UNCPSY).
Parmi les domaines d’activité dans lesquels, à la demande du Président de la publique, le Parlement
est intervenu avec force et termination au cours de ces dernières années, celui de la santé vient en
première position. Ici même, il y a un an pratiquement jour pour jour, j’avais déjà, en ma qualité de
membre de la commission des Affaires sociales, ouvert les premières éditions des « Rencontres sociales
du Sénat ». Aujourd’hui, je me réjouis de la tenue de vos bats, la veille de la joure mondiale de la
santé mentale, date arrêtée par l’Organisation mondiale de la santé.
Dans le monde, 400 millions de personnes sont concernées par un trouble mental. Au niveau national,
il est à observer que de nos jours, presque un Français sur quatre souffre d’une de ces formes de
troubles et que ces types de maladies touchent de plus en plus de jeunes adultes et des personnes
âgées. Cela doit nous faire prendre conscience que ces maladies affectent la vie de bon nombre de nos
concitoyens de tous âges et de toutes conditions, qu’elles détériorent parfois leur qualité de vie et
mettent aussi souvent en danger leur insertion dans la socié.
Peu de personnes souffrant de ces troubles osent en parler publiquement. La santé mentale relève de
l’intime, du secret, du tabou, et les préjugés ont la vie dure. Cela devient public lorsque l’expression du
trouble et de l’angoisse devient trop intense, quand sont perturbés la vie familiale, le milieu du travail
ou, plus néralement, la société. L’image du malade mental demeure aux yeux du grand public très
archaïque ; celui-ci reste une personne imprévisible, dangereuse, qui nécessite un placement en
établissement psychiatrique pour être suivie et soignée.
La socié évolue et pourtant, les « malades mentaux » ont été les moins écoutés et les moins
considérés du sysme de soins pendant longtemps, tant il est vrai que le trouble psychique inquiète
toujours par son étrangeté, contribuant malheureusement à renforcer l’isolement de celui qui en
souffre. Montaigne nécrivit-il pas en son temps : « On construit des maisons de fous pour faire croire
à ceux qui n’y sont pas enfermés qu’ils ont encore la raison » ? Or, tout changement profond en santé
mentale passe par un changement d’attitude de la société vis-vis de ces concitoyens.
Selon les chiffres de l’OMS, en vingt ans, nous passerons de 10 % à plus de 20 % de Français touchés
par au moins une pathologie mentale. Il est donc bon de rappeler à chacun qu’il peut être concerné de
près ou de loin par un trouble psychique. D’ailleurs, au cours de ces dernières années, le nombre de
personnes suivies a très considérablement augmenté, dans le dispositif tant public que pri.
Tout au long de cet après-midi, intervenants, médecins et spécialistes vont battre au fil des trois
tables rondes programmées sur la situation, le traitement et le devenir de ces pathologies. Le colloque
est ainsi organisé autour des trois tmatiques suivantes :
« La psychiatrie : un miroir de notre société » ;
« Changer notre regard sur les maladies mentales » ;
« Santé mentale : un avenir en forme de défi politique ».
3
Ces trois moments d’échange permettront de dresser un tableau clinique des maladies mentales et
d’aborder la psychiatrie sous l’angle des dias. Il s’agit également, notamment au vu des
comparaisons avec les autres pays européens, de se demander comment pallier le manque de prise en
charge, l’absence d’une campagne de communication sur les pathologies mentales et le besoin d’une
meilleure coordination.
Des formes sont donc certainement nécessaires car le chantier est, j’en suis convaincu, immense.
Parler de santé mentale revient à parler de bien plus que de decine. Cest aussi se préoccuper
d’insertion et être attentif à l’accompagnement social des personnes conceres, mais aussi à celui de
leur entourage proche. Le champ de la santé mentale est donc particulièrement étendu : plus que tout
autre domaine de la santé, il recouvre une dimension à la fois individuelle et une dimension sociétale.
Médecin de formation, je peux vous assurer que je suis conscient du rôle et du travail de chacun
d’entre vous. Les cliniques psychiatriques constituent un complément fondamental du secteur public et
permettent aux patients d’exercer le libre choix de leur établissement, en garantissant un accueil et
des soins de qualité.
Je regrette personnellement que le Plan de santé mentale n’ait pas retenu les différents établissements
que vous représentez, mais je peux vous assurer quen ma qualité de parlementaire, étant rapporteur
pour avis de la mission « santé » lors de la loi de finances, je suis prêt à m’engager à vos côtés pour
faire entendre vos propositions, pour faire étudier vos revendications et faire remonter vos
inquiétudes. En effet, les quelque cent quarante établissements réunis dans l’Union nationale des
cliniques psychiatriques de France sont partie prenante du seau complexe des acteurs de la santé
mentale.
La santé mentale occupe une place considérable au sein de notre système de santé, du fait de la
fréquence des troubles, ainsi que d’une offre importante en équipements et en personnel. Je serai donc
très attentif à vos échanges au cours de ce colloque et vous souhaite à toutes et à tous une excellente
journée et de fructueux débats sur le sujet que vous avez souhaité aborder. Il s’agit notamment de
relever le double fi de la confrontation à la souffrance des patients et des ponses collectives
cliniques, dico-sociales et sociales, au profit de personnes le plus souvent vulnérables.
4
Introduction
Jacques Gayral
Président de l’UNCPSY
Merci Monsieur le Sénateur, pour votre accueil, votre capacité d’écoute et de compréhension. Vos
propos soulignent que vous avez pris conscience du défi majeur que constitue aujourd’hui la santé
mentale.
Je vous remercie de confirmer par votre présence votre intérêt pour le devenir de la psychiatrie de
notre pays. Cette préoccupation est partagée par de nombreux intervenants. C’est la raison pour
laquelle nous avons uni aujourd’hui des psychiatres et des soignants du privé et du public, des
directeurs d’établissement, des fonctionnaires, des représentants d’associations, des familles de
patients, des journalistes et des responsables politiques.
Par ailleurs, je dois concéder que nous formulons aujourd’hui trois inquiétudes majeures.
Nous sommes inquiets des défis médicaux qui s’ouvrent à nous
Nous devons nous préparer à faire face à une complexification des pathologies et à
l’accroissement du nombre de malades avec, en contrepoint, des moyens insuffisants et une
mographie médicale en baisse significative.
Nous sommes inquiets du regard que la société et les médias portent sur les maladies
mentales
Les maladies mentales sont trop souvent marginalisées, caricaturées, réduites à des faits divers
violents. L’inquiétude porte aussi sur les soignants, à qui l’on demande de prendre en charge les
faillances de notre socié.
Nous sommes inquiets du déficit de sensibilité politique face à tous ces défis
Nous sommes déçus de constater que le Plan de santé mentale annoncé l’an passé comporte plus
de paroles que d’actes. Pourtant, les chiffres et les réalités sont alarmants et méritent une vraie
mobilisation nationale au profit de la psychiatrie, comme il en existe pour le cancer, le handicap
ou la sécurité routière.
Les Cliniques psychiatriques de France veulent réagir vite, en étroite collaboration avec le ministère de
la Santé. Elles sont déterminées à jouer un rôle majeur dans la définition et l’orientation des réformes
à mener afin de pserver une offre de soins corente, efficace et diversifiée.
5
La psychiatrie : un miroir de notre société
Table ronde 1
I. Les maladies mentales aujourd’hui en France
Louis Masquin
L’objet de la psychiatrie n’est pas le trouble mental, mais l’être humain souffrant de trouble mental.
Comme la société, la psychiatrie a connu de profondes évolutions ces dernièrescennies.
Les psychoses retiennent encore l’attention des psychiatres, avec des évolutions très importantes : la
transformation radicale du devenir des patients, le veloppement de nouveaux diagnostics avec, en
particulier, celui des troubles bipolaires et entrées dans la psychose par la consommation de
drogues. Je rappelle qu’environ 30 % des Français sont concers par les troubles psychiques, qui sont
la deuxme cause d’arrêt de travail.
Deuxième cause d’invalidité après les maladies cardio-vasculaires, la dépression peut toucher tous les
âges et elle concerne 15 à 20 % de la population nérale. La dépression nous interroge à tous les
niveaux : médical, biologique, psychologique, sociologique et spirituel. L’évolution rapide du monde
dans tous les domaines, le bouleversement radical des repères sociaux et des valeurs, le poids de
l’individualisme, les profonds changements qui en sultent, font que l’être humain manque de repères
et de racines, vit parfois une profonde valorisation, une augmentation du sentiment d’insécurité et
une confrontation à une perte de sens que nous pensons être au cœur de la dépression.
Le suicide s’inscrit essentiellement dans ce contexte de pression. On plore ainsi entre 11 000
et 12 000 suicides par an. Chez les personnes âgées, 80 % au moins des gestes suicidaires surviennent
ainsi dans un contexte dépressif et l’on sait le drame du suicide chez les jeunes.
L’angoisse est partout aujourd’hui. Il y a une explosion de la demande « psy » et l’on attend de nous
que nous répondions dans l’urgence. La consommation de psychotropes est très importante. En 2004,
la Sécurité sociale a payé 315 millions d’antalgiques et 122 millions d’hypnotiques et de
tranquillisants. Encore que prescription ne veuille pas dire consommation. Est-ce à dire que les
Français ont mal, sont mal et/ou qu’ils vont mal ?
Par ailleurs, il est certain que les changements de repères structurants pour l’être humain se reflètent
encore au niveau des troubles de la personnalité avec augmentation des troubles de type borderline,
diagnostic fréquemment retenu aujourd’hui.
Enfin, il convient de mentionner un autre changement : la place du malade par rapport à sa maladie.
Autrefois très passif et sommé de suivre ce qui lui était imposé, il est devenu un partenaire et, si
possible, l’acteur de son traitement. La cessité de l’information est aujourd’hui un truisme et il faut
aller plus loin dans l’implication du patient.
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