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Alain Milon
Sénateur du Vaucluse
Je suis particulièrement heureux de vous accueillir au Sénat, au nom de son Président, Christian
Poncelet, dans cette salle Médicis. Permettez-moi d’abord de vous adresser en son nom des souhaits de
cordiale bienvenue pour ce colloque, « Société en mutation, santé mentale en crise », organisé par
l’Union nationale des cliniques psychiatriques privées (UNCPSY).
Parmi les domaines d’activité dans lesquels, à la demande du Président de la République, le Parlement
est intervenu avec force et détermination au cours de ces dernières années, celui de la santé vient en
première position. Ici même, il y a un an pratiquement jour pour jour, j’avais déjà, en ma qualité de
membre de la commission des Affaires sociales, ouvert les premières éditions des « Rencontres sociales
du Sénat ». Aujourd’hui, je me réjouis de la tenue de vos débats, la veille de la journée mondiale de la
santé mentale, date arrêtée par l’Organisation mondiale de la santé.
Dans le monde, 400 millions de personnes sont concernées par un trouble mental. Au niveau national,
il est à observer que de nos jours, presque un Français sur quatre souffre d’une de ces formes de
troubles et que ces types de maladies touchent de plus en plus de jeunes adultes et des personnes
âgées. Cela doit nous faire prendre conscience que ces maladies affectent la vie de bon nombre de nos
concitoyens de tous âges et de toutes conditions, qu’elles détériorent parfois leur qualité de vie et
mettent aussi souvent en danger leur insertion dans la société.
Peu de personnes souffrant de ces troubles osent en parler publiquement. La santé mentale relève de
l’intime, du secret, du tabou, et les préjugés ont la vie dure. Cela devient public lorsque l’expression du
trouble et de l’angoisse devient trop intense, quand sont perturbés la vie familiale, le milieu du travail
ou, plus généralement, la société. L’image du malade mental demeure aux yeux du grand public très
archaïque ; celui-ci reste une personne imprévisible, dangereuse, qui nécessite un placement en
établissement psychiatrique pour être suivie et soignée.
La société évolue et pourtant, les « malades mentaux » ont été les moins écoutés et les moins
considérés du système de soins pendant longtemps, tant il est vrai que le trouble psychique inquiète
toujours par son étrangeté, contribuant malheureusement à renforcer l’isolement de celui qui en
souffre. Montaigne n’écrivit-il pas en son temps : « On construit des maisons de fous pour faire croire
à ceux qui n’y sont pas enfermés qu’ils ont encore la raison » ? Or, tout changement profond en santé
mentale passe par un changement d’attitude de la société vis-à-vis de ces concitoyens.
Selon les chiffres de l’OMS, en vingt ans, nous passerons de 10 % à plus de 20 % de Français touchés
par au moins une pathologie mentale. Il est donc bon de rappeler à chacun qu’il peut être concerné de
près ou de loin par un trouble psychique. D’ailleurs, au cours de ces dernières années, le nombre de
personnes suivies a très considérablement augmenté, dans le dispositif tant public que privé.
Tout au long de cet après-midi, intervenants, médecins et spécialistes vont débattre au fil des trois
tables rondes programmées sur la situation, le traitement et le devenir de ces pathologies. Le colloque
est ainsi organisé autour des trois thématiques suivantes :
• « La psychiatrie : un miroir de notre société » ;
• « Changer notre regard sur les maladies mentales » ;
• « Santé mentale : un avenir en forme de défi politique ».