Mars 2016 © DG Trésor
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SERVICE ECONOMIQUE DE LIBREVILLE
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Situation économique 2015
perspectives 2016
Confronté à l’effondrement des prix du pétrole qui affecte la croissance, les recettes budgétaires et
sa position extérieure, le Gabon doit accélérer la mise en œuvre de son plan de diversification de
l’économie (Plan stratégique Gabon émergent, ou PSGE), alors même que les ressources
domestiques se raréfient et que les financements extérieurs deviennent plus coûteux. De nouveaux
ajustements budgétaires pourraient s’imposer dans un contexte politique néanmoins moins
favorable du fait de la tenue des élections présidentielles en 2016. Les enjeux sont importants pour
le pays qui doit s’efforcer de trouver un second souffle.
Conjoncture : la chute des cours du pétrole induit une détérioration des
conditions macroéconomiques
Le Gabon a pris de plein fouet la baisse des prix matières premières et fait face au défi de la chute
des cours du pétrole. Les tensions sur les finances publiques et la baisse des prix du baril ont
fortement impacté l’économie en 2015.
Après 5 années de forte croissance de l’activité (6% en moyenne de 2010 à 2014), celle-ci a
nettement ralenti et devrait s’établir en terme réel autour de 4% (4,2% selon les autorités). La chute
des cours pétroliers apparait néanmoins partiellement compensée par une hausse de la production
et par le dynamisme du secteur non pétrolier (+4,8%), soutenu par une politique budgétaire contra-
cyclique dans laquelle les bailleurs de fonds jouent un rôle important. La croissance du PIB réel est
attendue à 4,6 % en 2016 (PLF). Le FMI est toutefois moins optimiste et prévoit une croissance de
l’activité de 3,2%. L’inflation devrait être nulle en 2015 (contre un taux de 4,2% en 2014).
Cette détérioration des prévisions économiques s’accompagne d’une augmentation des risques, le
principal, étant celui d’un ajustement budgétaire encore insuffisant pour répondre à la baisse des
prix du pétrole. Ainsi, si les dépenses prévues par les autorités devaient suivre la progression du
PIB non pétrolier ou si les prix du baril de pétrole étaient inférieurs de 5 USD au plus bas fixé par le
FMI dans son « World Economic Outlook », soit 25 USD en 2016, le gouvernement serait, selon le
FMI, dans l’obligation de réduire ses avoirs et d’augmenter de manière significative ses emprunts.
Des perspectives de croissance globale plus faibles et un resserrement des conditions d’emprunt à
l’extérieur feraient ainsi souffler sur l’économie gabonaise des vents contraires plus forts.
L’accumulation d’une dette intérieure depuis 2009, que les autorités chiffrent à 316,8 Mds FCFA
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au
31 décembre 2015 (474 M€), mais qui pourrait, en réalité, être beaucoup plus élevée, conjuguée
aux difficultés de trésorerie importantes générées par les arriérés, constitue une source de difficultés
croissantes pour les entreprises locales. A ceci se sont ajoutées en 2015 les réductions drastiques
de budget des compagnies pétrolières en raison de la chute du prix du baril.
Le classement 2014 du World Economic Forum attribue au Gabon le 106ème rang mondial et le
12ème rang africain. Standard & Poor’s a abaissé en janvier dernier la note souveraine du Gabon
de « B+ perspectives négatives » à « B ». Fitch Rating avait déjà abaissé en mai 2015 la note sur la
dette souveraine du Gabon de 2B- à B+ avec une perspective stable. Coface a dégradé aussi la
note du Gabon de B à C en début d’année 2016.
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LF 2016
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Finances publiques : une dégradation sensible de la situation financière
de l’Etat
Le contexte de tension budgétaire apparu mi-2013, au volume excessif des grands travaux
entrepris conjugué à la baisse des recettes trolières (-5%), ainsi qu’à une faible maîtrise des
finances publiques et à des détournements de fonds publics mis en évidence par un audit des
comptes publics lancé début 2014, reste d’actualité. Le budget 2014, qui s’affichait initialement à la
hausse (+6,2%), a dû être révisé à la baisse (-5,9%) et la loi de finances 2015, basée sur un baril à
80 US$/b, a fait, en cours d’année, l’objet d’une nouvelle loi de finances rectificative conduisant à
une contraction des dépenses supplémentaire sur la base d’un baril à 45$US. En 2016, l’hypothèse
retenue est celle d’un baril à 42$, ce qui conduira sans doute en cours d’année à une loi de finances
rectificative du fait de l’absence de remontée des cours.
Dans ce contexte, le budget 2016 repose sur des prévisions jugées optimistes. Le niveau des
recettes totales (2043,9 Mds XFA) est en hausse de 11,4%, tirées par l’augmentation attendue des
recettes hors pétrole (+11,5%), le gouvernement pariant sur une croissance soutenue de l’activité
des secteurs secondaires et tertiaires. La dépense enregistre une hausse de 4%, à 2152,2 Mds
FCFA : les dépenses d’investissement chutent de 6%, la baisse du financement sur ressources
propres étant plus accentuée (-43 3%), tandis que les dépenses courantes augmentent de 4,6%.
Les dépenses de personnel restent stables à 732 Mds FCFA absorbant plus du tiers des recettes
publiques. Les intérêts sur la dette publique progressent de 43,7% à 180,2 Mds FCFA. Le besoin
de financement pour l’année 2016 est estimé à 108,2 Mds FCFA.
L’accroissement des dépenses publiques et la baisse sensible des revenus pétroliers se sont
traduits par une augmentation rapide de la dette publique, qui a plus que doublé de 2012 à 2015,
passant de 20 à près de 40% du PIB
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(au-delà du plafond national d’endettement de 35%), par une
chute des dépôts à la banque centrale, ainsi que par une accumulation importante des arriérés de
paiements tant sur le plan domestique qu’extérieur. Le FMI retient un ratio d’endettement de 43%
du PIB.
Ces contraintes budgétaires nouvelles ont conduit le Gabon à davantage se tourner vers l’extérieur
pour assurer le financement de ses projets d’investissement (75 % des dépenses en capital seraient
financés sur ressources extérieures en 2016). La dette publique gabonaise est ainsi constituée à
85% de dette extérieure, de moyen-long terme, principalement placée sur les marchés financiers ou
auprès d’institutions commerciales (63%).
Les comptes extérieurs se sont, par ailleurs, détériorés de manière
significative
En 2015, la balance des paiements afficherait un solde global déficitaire, du fait d’une forte baisse
des transactions courantes, ce, en dépit d’une amélioration substantielle du solde des mouvements
de capitaux qui passerait d’un solde déficitaire à un solde excédentaire du fait en grande partie d’une
diminution des sorties au titre des investissements.
La balance courante, après avoir enregistré un solde positif en 2014 (8,3% du PIB), enregistrerait
un déficit de 1,9 % du PIB. Sur les 6 premiers mois, le solde commercial à 710 Mds FCFA serait en
forte diminution (- 45,9%) par rapport à la mêmeriode de 2014, du fait notamment de la chute en
valeur des exportations (-23,6%) liée à la baisse des prix matières premières.
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37,4% dans la LF 2016 (PIB 2014 : 18 Mds$ - source : banque mondiale)
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Une amélioration progressive est attendue à moyen terme d’une croissance des exportations hors
pétrole (principalement manganèse et bois transformé) de 64% de 2014 à 2020, qui peut paraître
optimiste au regard de la réduction de la demande de matières premières.
En Mds FCFA
2012
2014
6 mois 2015
Exportations totales
5729,9
4581,0 (- 7,6%)
1671,2
Importations totales
1634,2
1825,1 (+ 5,8%)
960,8
Balance commerciale
4095,7
2755,9 (- 14,8%)
710,4
Taux de couverture %
350
251
171
Source : Ministère de l’économie - BEAC
Secteur financier : une vulnérabilité accrue aux chocs
macroéconomiques
Si la taille des banques gabonaises semble exclure tout risque systémique, la détérioration des
perspectives de croissance et de la situation budgétaire est susceptible d’accroître la part de prêts
non performants de ces établissements (déjà passés de 2,8 % en juin 2012 à 8,4 % en novembre
2014, à cause des arriérés de paiement de l’Etat, avant de redescendre à 4 % en février 2015). Les
banques ne sont pas à l’abri de tout risque de contagion du ralentissement de l’activité pétrolière.
Le secteur bancaire public a rencontré de sérieuses difficultés, avec notamment la fermeture
temporaire de la Poste Bank en octobre 2015, difficultés en cours de traitement par les autorités
gabonaises. Le secteur de la microfinance a, par ailleurs, fait face récemment à une détérioration
importante de la qualité de ses actifs.
Développer le secteur non pétrolier demeure ainsi une priorité afin d’amortir l’impact de la chute des
cours, puis de la production de pétrole. Dans cette perspective, le Plan Stratégique Gabon
Emergent, adopté en 2011, qui recherche une meilleure gestion des ressources naturelles, le
développement des infrastructures et des ressources humaines et un repositionnement des activités
plus haut dans la chaîne de valeur, est une pièce essentielle du dispositif du gouvernement. La
dégradation de la situation financière de l’Etat est néanmoins un fort handicap et pèse actuellement
sur le climat des affaires.
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