AMBASSADE DE FRANCE AU GABON
SERVICE ECONOMIQUE DE LIBREVILLE
Finances publiques : une dégradation sensible de la situation financière
de l’Etat
Le contexte de tension budgétaire apparu mi-2013, dû au volume excessif des grands travaux
entrepris conjugué à la baisse des recettes pétrolières (-5%), ainsi qu’à une faible maîtrise des
finances publiques et à des détournements de fonds publics mis en évidence par un audit des
comptes publics lancé début 2014, reste d’actualité. Le budget 2014, qui s’affichait initialement à la
hausse (+6,2%), a dû être révisé à la baisse (-5,9%) et la loi de finances 2015, basée sur un baril à
80 US$/b, a fait, en cours d’année, l’objet d’une nouvelle loi de finances rectificative conduisant à
une contraction des dépenses supplémentaire sur la base d’un baril à 45$US. En 2016, l’hypothèse
retenue est celle d’un baril à 42$, ce qui conduira sans doute en cours d’année à une loi de finances
rectificative du fait de l’absence de remontée des cours.
Dans ce contexte, le budget 2016 repose sur des prévisions jugées optimistes. Le niveau des
recettes totales (2043,9 Mds XFA) est en hausse de 11,4%, tirées par l’augmentation attendue des
recettes hors pétrole (+11,5%), le gouvernement pariant sur une croissance soutenue de l’activité
des secteurs secondaires et tertiaires. La dépense enregistre une hausse de 4%, à 2152,2 Mds
FCFA : les dépenses d’investissement chutent de 6%, la baisse du financement sur ressources
propres étant plus accentuée (-43 3%), tandis que les dépenses courantes augmentent de 4,6%.
Les dépenses de personnel restent stables à 732 Mds FCFA absorbant plus du tiers des recettes
publiques. Les intérêts sur la dette publique progressent de 43,7% à 180,2 Mds FCFA. Le besoin
de financement pour l’année 2016 est estimé à 108,2 Mds FCFA.
L’accroissement des dépenses publiques et la baisse sensible des revenus pétroliers se sont
traduits par une augmentation rapide de la dette publique, qui a plus que doublé de 2012 à 2015,
passant de 20 à près de 40% du PIB
(au-delà du plafond national d’endettement de 35%), par une
chute des dépôts à la banque centrale, ainsi que par une accumulation importante des arriérés de
paiements tant sur le plan domestique qu’extérieur. Le FMI retient un ratio d’endettement de 43%
du PIB.
Ces contraintes budgétaires nouvelles ont conduit le Gabon à davantage se tourner vers l’extérieur
pour assurer le financement de ses projets d’investissement (75 % des dépenses en capital seraient
financés sur ressources extérieures en 2016). La dette publique gabonaise est ainsi constituée à
85% de dette extérieure, de moyen-long terme, principalement placée sur les marchés financiers ou
auprès d’institutions commerciales (63%).
Les comptes extérieurs se sont, par ailleurs, détériorés de manière
significative
En 2015, la balance des paiements afficherait un solde global déficitaire, du fait d’une forte baisse
des transactions courantes, ce, en dépit d’une amélioration substantielle du solde des mouvements
de capitaux qui passerait d’un solde déficitaire à un solde excédentaire du fait en grande partie d’une
diminution des sorties au titre des investissements.
La balance courante, après avoir enregistré un solde positif en 2014 (8,3% du PIB), enregistrerait
un déficit de 1,9 % du PIB. Sur les 6 premiers mois, le solde commercial à 710 Mds FCFA serait en
forte diminution (- 45,9%) par rapport à la même période de 2014, du fait notamment de la chute en
valeur des exportations (-23,6%) liée à la baisse des prix matières premières.
37,4% dans la LF 2016 (PIB 2014 : 18 Mds$ - source : banque mondiale)