CADRE MACROECONOMIQUE DU GABON Généralités Situé en plein cœur d’Afrique Centrale, le Gabon s’étend sur une superficie de 267 667 Km2. Les pays limitrophes sont le Congo, le Cameroun, la Guinée Equatoriale et le Sao Tomé. Libreville est la capitale et les autres grandes villes sont Port-Gentil et Franceville. Avec une population de 1,640 millions d’habitants, soit une densité de 6,3 habitants/km2, 87,1% de la population est urbaine, le Gabon est l’un des pays les moins peuplés d’Afrique centrale. L’espérance de vie à la naissance est de 63,4 ans (en 2013), le taux de mortalité infantile de moins d’1 an s’établit à 39,1 pour mille (en 2013), le taux d’alphabétisation se situe à 82 % pour les 15 ans, le taux de prévalence du VIH/Sida est de 5,2 %. En 2014, le pays était classé dans la catégorie des pays à indice de développement humain moyen, au 112e rang sur 187 pays. Au cours des dernières années, grâce aux prix élevés du baril de pétrole qui ont permis l’augmentation significative des investissements publics, l’activité économique est restée solide puisque le produit intérieur brut (PIB) a progressé de 5,0 % en moyenne, notamment dans le secteur non pétrolier. Toutefois, le niveau élevé et l’accroissement rapide des dépenses budgétaires ont continué à exercer des pressions sur les finances publiques. S’agissant des comptes extérieurs, l’excédent du compte courant rapporté au PIB s’est progressivement réduit et la dette extérieure reste soutenable. Tableau 1 : Evolution des principales grandeurs macroéconomique du Gabon (%) PIB réel dont PIB pétrole Solde global/PIB (base engagements) Solde primaire hors pétrole1/PIB hors pétrole Compte courant/PIB Inflation 2012 5,5 - 4,4 2,6 -25,1 23,1 2,7 2013 5,6 - 0,9 1,8 -19,6 14,8 0,5 2014* 4,7 -1,9 2,9 -15,0 11,1 4,5 Sources : FMI * Estimation Au plan macroéconomique2, en 2014 l’activité économique a été moins vigoureuse qu’en 2013, à cause de la baisse de la production pétrolière. Les finances publiques sont restées sous pression, en raison de la contraction des recettes pétrolières. L’excédent courant s’est contracté et les tensions inflationnistes sont apparues. . Solde primaire hors pétrole = Recettes courantes hors pétrole – dépenses courantes (hors intérêts sur la dette publique) – dépenses en capital (hors celles financées sur ressources extérieures) – dépenses de restructuration – prêts nets 2 . Analyse réalisée à partir des informations du rapport intérimaire de surveillance multilatérale de la CEMAC, février 2014 1 Evolution de la production et de l’inflation en 2014 Ralentissement de l’activité L’activité a ralenti. Le PIB en volume a progressé de 4,7 % après 5,6 % enregistrés 2013. Cette évolution est imputable au fléchissement de la production pétrolière (-1,9 %), en dépit des efforts déployés par les sociétés pétrolières pour récupérer l’huile sur ces champs matures. A l’opposé, l’activité du secteur hors pétrole a maintenu sa trajectoire ascendante en progressant de 6,8 %, notamment dans les branches minières, les télécommunications, les transports, les industries agroalimentaires, les services aux particuliers et aux entreprises ainsi que le commerce. La branche BTP, qui pendant longtemps a bénéficié des retombées des investissements publics, s’est repliée faute de paiement. La demande intérieure est restée robuste, grâce aux dépenses publiques en capital et à une consommation des ménages assez vigoureuse dont les ressorts ont l’augmentation du revenu des ménages, en liaison notamment avec l’accroissement de la masse salariale des administrations publiques lié aux recrutement de nouveaux agents publics, mais aussi aux régularisations des situations administratives des fonctionnaires. Apparition des tensions inflationnistes L’inflation, mesurée par l’indice harmonisé des prix à la consommation des ménages, s’est établie à 4,5 % en moyenne annuelle, supérieure au seuil communautaire de 3,0 %. Cette évolution, défavorable au pouvoir d’achat des ménages, s’explique notamment par le relèvement des prix des produits alimentaires, des fonctions « logement, électricité et eau » et « transport », en dépit de la poursuite des mesures de défiscalisation de certains produits de première nécessité afin de lutter contre la vie chère. Détérioration des indicateurs des finances publiques En dépit de la baisse de 1,9 % des recettes pétrolières, les recettes totales de l’Etat ont légèrement progressé (+2,0 %) pour atteindre FCFA 2673,7 milliards contre FCFA 2621,7 milliards, grâce à l’augmentation des recettes hors pétrole (+5,8 %). L’amélioration des recettes non pétrolières est consécutive à la stabilisation de l’assiette l’impôt, à l’amélioration du recouvrement des recettes douanières et à la poursuite des réformes dans les administrations fiscales. Un effort d’ajustement budgétaire a été réalisé pour tenir compte de la baisse des recettes pétrolières. Ainsi, les dépenses totales, notamment les dépenses en capital, ont reculé de 15,0 % pour s’établir à FCFA 2 097,2 milliards contre FCFA 2468 milliards en 2013. De même, le Gouvernement a considérablement réduit la subvention aux carburant. Toutefois, les dépenses de salaire ont connu une augmentation de 28,9 % pour se situer à 712,9 milliards contre 552,8 milliards, en liaison essentiellement avec la poursuite des efforts déployés par le Gouvernement pour régulariser l’ensemble des situations administratives des agents de l’État, mettre aux normes les salaires des personnels des missions diplomatiques et poursuivre les recrutements dans les forces de défense et de sécurité. En conséquence, l’exécution budgétaire s’est traduite par un déficit budgétaire de base3 de 9,0 % du PIB contre 4,5 % enregistrés en 2013. En prenant en compte l’amortissement de la dette extérieure pour 237,9 milliards, le désengagement à l’égard du secteur bancaire et non bancaire de 583,4 milliards, et le manque à recouvrer pour les autres placements de 25,2 milliards, le besoin de financement de l’État s’est fixé à 270 milliards. Il a été couvert par la mobilisation de ressources extérieures en l’occurrence des prêts projets de 270 milliards. Dégradation de la balance des paiements et maintien de la viabilité de la dette Le solde des transactions courantes hors dons s’est réduit pour représenter 1,3 % du PIB contre 4,1 % du PIB en 2013, à cause de la réduction de l’excédent commercial et de la détérioration de la balance des services. Le compte de capital et d’opérations financières, déficitaire de FCFA 99,7 milliards en 2013 est devenu excédentaire de FCFA 286,4 milliards en rapport avec l’accroissement des investissements directs étrangers, particulièrement dans le secteur pétrolier. Les évolutions décrites ci-dessus ont induit un solde globale de paiements déficitaire de FCFA 172,4 milliards en 2014 contre un excédent de FCFA 251,8 milliards en 2013. Cet excédent a servi à augmenter les réserves officielles. Par ailleurs, depuis le remboursement par anticipation de sa dette publique au Club de Paris en 2008, le Gabon a considérablement réduit l’encours et le service de sa dette extérieure. La dette extérieure représente 90,0 % de la dette publique. Ces dernières années, l’Etat gabonais s’est endetté, principalement sur les marchés internationaux et dans la Zone CEMAC pour financer le Plan Stratégique Gabon Emergent (PSGE). Ainsi, la dette totale est passée de 16,7 % du PIB en 2008 à 27,7 % du PIB en 2014, loin du plafond prudent d’endettement de 35 % du PIB que le pays s’impose volontairement, alors que la norme communautaire et de 70,0 % du PIB. L’analyse de viabilité de la dette (AVD) du Gabon réalisée par le FMI et la Banque mondiale en 2014 a permis de mettre en évidence la soutenabilité de la dette de ce pays. En effet, sur la base des hypothèses retenues du cadre macroéconomique, il ressort que « la dette publique sera compatible avec des niveaux d’endettement respectant le plafond fixé par les autorités puisqu’ils atteignent 35,3 % du PIB en 2016 avant de diminuer progressivement à partir de 2017 »4 . Solde budgétaire de base = recettes totales (hors dons) – dépenses courantes - dépenses en capital sur recettes propres. C’est un critère de convergence multilatérale dans la CEMAC. 3 4. FMI, Gabon, Consultations de 2014 au titre de l’Article IV. Situation monétaire L’évolution des principaux agrégats monétaires du Gabon au 31 décembre 2014 a été marquée par une hausse des avoirs extérieurs nets5 et un recul du crédit à l’économie. Les avoirs extérieurs nets ont augmenté de 12,1% pour se situer à 1 248,2 milliards en décembre 2014. Cette situation est imputable à la hausse des avoirs extérieurs nets de la Banque Centrale qui atteignent FCFA 1143,4 milliards. en revanche, les crédits à l’économie ont reculé de 7,5 %, après deux années de forte hausse. Critères de surveillance multilatérale Le Gabon a respecté trois critères de surveillance multilatérale établis par la CEMAC : Solde budgétaire de base (> 0) : 9,0 % du PIB Taux d’inflation annuel moyen (< 3 %) : 4,7 % Encours de la dette publique totale rapporté au PIB nominal (< = 70 %); 24,5 % Arriérés de paiement (=0,0) ; pas d’accumulation d’arriérés de paiement extérieurs et intérieurs sur la gestion courante. Perspectives économiques pour 2015 Les perspectives macroéconomiques du Gabon pour l’année 2015 sont peu reluisantes, notamment en ce qui concerne les finances publiques et les échanges extérieurs. L’activité progresserait de 4,7 % comme en 2014, sous l’effet conjugué de la poursuite de la vigueur du secteur hors pétrole et du redressement de la production pétrolière. L’inflation se situerait en moyenne à 2,1 %, inférieure à la norme communautaire de 3,0 %. En revanche, s’agissant des finances publiques, le déficit budgétaire atteindrait 3,1 % du PIB contre 2,9 % du PIB en 2014. De même, en ce qui concerne les échanges extérieurs, l’excédent des transactions courantes de 1,3% enregistrés en 2014 deviendrait déficitaire à - 9,4% du PIB. Relations avec la BDEAC Les relations entre la BDEAC et le Gabon sont excellentes. En effet, depuis la reprise des financements en 2003, les concours de la BDEAC en faveur du Gabon se chiffrent à FCFA 209,250 milliards pour 27 opérations. Ils sont répartis comme suit : 5 Infrastructures Industrie et agro-industrie Télécommunications Finance Immobilier : 81,8 % : 14,1 % : 0,0 % : 2,4 % : 1,7 % . Avoirs extérieurs nets : créances ou engagements nets des institutions monétaires (Banque Centrale et banques) sur l’extérieur. Il s’obtient en déduisant des avoirs extérieurs bruts, l’ensemble des engagements extérieurs, y compris les engagements à moyen et long terme. Les projets du secteur privé représentent 67,7 % du volume d’approbations en faveur de ce pays.